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Rabbi Avraham Yehochoua Heschel, le Admor de Kopitchinitz

Le lundi 16 Tamouz mourut subitement Rabbi Avraham Yéhochoua Heschel, le Admor de Kopirchinitz. La triste nouvelle se répandit rapidement, et des milliers de personnes affluèrent à son beith midrach, à Borough Park, Brooklyn. Les plus grands des rabbanim et des Admorim, des Rachei Yéchivot et leurs élèves et des juifs de tous les milieux marchaient la tête baissée derrière le cercueil et l’accompagnèrent en silence sur la route de sa dernière demeure, à Jérusalem.

Qui était ce Rabbi, qui était estimé et porté aux nues par tout le monde ? Apparemment, il était très célèbre et aimé de toutes les couches de la population, mais en réalité il était également caché, célèbre et caché en même temps.

Le Admor Rabbi Avraham Yéhochoua est né en 5648 (1888) du Admor de Kopichinitz, Rabbi Yitz’hak Méïr, dans la ville d’Huchiatin, une petite ville de Galicie sur la rivière Zabruts, qui sépare l’Autriche de la Russie.

Il apprit l’essentiel de sa Torah de son père, et dès sa jeunesse il se distingua par la bonté de son cœur et par ses bonnes actions. Quand il arriva à la majorité religieuse, on lui attribua un grand appartement selon la coutume de la maison de Rijine, que le jeune Avraham Yéhochoua transforma en maison d’accueil pour les invités. Tout voyageur et tout indigent trouvait chez lui un lieu de repos, et c’est lui-même qui les servait. Son père, le Rabbi de Kopichinitz, voyant que son fils était né pour la grandeur, se consacra à lui et l’éduqua à son futur rôle. Il se faisait également aider de lui pour tout ce qui se passait dans la ville, et tout ce qui concernait le klal Israël. Et il disait toujours : On peut faire confiance à mon fils Avrahamiv, il a l’habitude de ne rien faire sortir de ses mains qui ne soit parfaitement en ordre.

Quand éclata la Première guerre mondiale, le Admor de Kopichinitz, Rabbi Yitz’hak Méïr, s’enfuit avec sa famille à Vienne, la capitale de l’Autriche. Vienne était alors remplie de juifs réfugiés qui avaient fui la Russie, et dont beaucoup souffraient de la faim et de l’indigence. Rabbi Avraham Yéhochoua travailla avec dévouement pour aider tout un chacun, et son nom devint dans toutes les bouches une légende vivante.

En 5696 (1936), son père Rabbi Yitz’hak Méïr mourut, et Rabbi Avraham Yéhochoua fut couronné Admor à sa place. En peu de temps, le jeune Rabbi de Kopichinitz devint très célèbre dans le monde ‘hassidique, et beaucoup de gens venaient le trouver pour lui demander son aide et ses conseils.

En 5699 (1939), Rabbi Avraham Yéhochoua Heschel partit en Amérique et s’installa dans une banlieue de New York.

Au bout de peu de temps, sa maison devint un centre vers lequel tout le monde se tournait. Tout juif qui avait un malheur s’adressait au Rabbi de Kopichinitz, versait devant lui l’amertume de son cœur, et le Rabbi bienveillant aux yeux pleins de miséricorde et de pitié le consolait et l’aidait de tout son pouvoir.

Toute son apparence reflétait une noblesse particulière, des manières royales dans le style traditionnel de Rijine, et en même temps il se montrait amical envers tout juif avec lequel il entrait en contact.

Il accomplissait son travail communautaire sans rien demander en retour. Il se tenait toujours dans les coulisses, son nom ne figurait pas en public, il n’avait aucune fonction officielle, et pendant toute sa vie il a fui les honneurs. Mais tout le monde savait que le Admor de Kopichinitz prenait part à tout ce qui concernait la communauté, et de nombreuses institutions importantes furent fondées sur son initiative.

Quand on organisa le ‘Hinoukh Atsmaï (« éducation indépendante »), et qu’on eut besoin d’argent, le Admor de Kopichinitz investit toutes ses forces et tous ses efforts dans cette tâche sacrée. Sans tenir compte de sa santé chancelante et son âge très avancé, il se mit à la tâche avec des forces surhumaines pour fonder en Erets Israël des écoles parfaitement conformes aux exigences de la Torah.

Un jour, dans une réunion en faveur du ’Hinoukh Atsmaï, comme les participants ne donnaient pas autant qu’on le leur demandait, le Rabbi se leva, et d’une voix pleine de larmes il s’adressa ainsi aux auditeurs : « Ecoutez, mes chers amis, vous êtes encore jeunes, mais moi j’ai vieilli et je sens que ma fin est proche. Que vais-je répondre au jour du jugement, quand on me demandera ce que j’ai fait pour le ‘Hinoukh Atsmaï ? On peut sauver tellement d’enfants pour qu’ils marchent dans les voies de la Torah et de la tradition ! » Et en parlant, il poussait de gros sanglots. Ses paroles qui sortaient d’un cœur pur rentrèrent dans le cœur des auditeurs, et sur place on ramassa une grosse somme d’argent.

Son dévouement pour la construction de mikvés tient une place à part. Il dépensa tout son argent pour construire des maisons de purification, en particulier en Erets Israël, dans les nouvelles colonies dont les habitants étaient pauvres et n’avaient pas les moyens de construire un mikvé. Il ne connaissait aucun repos avant d’avoir trouvé les fonds nécessaires, et il construisit de nouveaux mikvés dans tous les coins de la Terre Sainte.

A cause de son travail communautaire, que ce soit pour le ‘Hinoukh Atsmaï ou pour les mikvés, le Rabbi se rendait souvent en Erets Israël, et beaucoup de monde venait le trouver pour lui demander ses conseils et son aide.

Une fois, alors qu’il était en Erets Israël, un juif entra chez lui en se plaignant de son destin amer, et tout en racontant son histoire, il mentionna en passant au Rabbi qu’il n’avait même pas de chapeau pour Chabat. Le Rabbi le consola, lui parla doucement, l’encouragea pour qu’il ne tombe pas dans le désespoir, et tout en parlant il lui tendit son chapeau de feutre neuf. Le juif refusa et ne voulait pas le prendre. Le Rabbi lui montra qu’il avait deux chapeaux. Le juif sentit que le Rabbi lui donnait le chapeau neuf et gardait le vieux pour lui. Il demanda au Rabbi de lui donner le vieux chapeau. Le Rabbi l’embrassa et lui dit : « Ecoute, mon cher, j’ai deux chapeaux, un pour ce monde-ci et un pour le monde à venir. Le chapeau que je t’ai donné est le chapeau du monde à venir, est-ce que tu voudrais que dans le monde à venir je porte un vieux chapeau… »

Un jour un incendie éclata dans l’une des yéchivot de la banlieue de la ville, et on avait besoin d’un endroit pour étudier. Un Rav de la yéchivah vint lui demander la permission d’étudier avec ses élèves dans son beith midrach. Le Rabbi se fâcha et dit presque avec colère : « Est-ce que c’est à moi que vous devez demander ? Est-ce que le beith midrach m’appartient ? Au contraire, il est à vous, pour en faire tout ce que vous voudrez. Je vous demanderai une seule chose, c’est de me donner à moi aussi le droit de l’utiliser. »

Il se donnait beaucoup de mal pour l’observance du Chabat, parcourant lui-même les rues de New York pour supplier les commerçants de fermer boutique pendant le jour du Chabat. Il parlait doucement, avec un accent de noblesse, et ses paroles faisaient grande impression. Il ordonnait toujours aux juifs qui sortaient pour avertir les profanateurs du Chabat de fermer leur boutique, de ne pas crier et de ne pas se mettre en colère, mais de parler doucement et de dire des choses qui sortent du cœur. Quand on organisa une société pour l’observance du Chabat dans divers quartiers, il la soutint financièrement et par ses conseils.

Il vécut une vie active jusqu’à son dernier jour. Le lundi 16 Tamouz, le Rabbi quitta ce monde, et avec lui s’en alla l’un des grands Admorim qui avaient influencé la génération. Que son mérite nous protège, nous et tout Israël.

 

 
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