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Rabbi Chabtaï Hacohen • Le Chakh

L’année où notre maître Rabbi David Halévi, auteur du Taz, qui était âgé et dirigeait la Yéchivah de Lvov, fit sortir son livre Tourei Zahav (Taz) sur le Choul’han Aroukh Yoré Déa, à Vilna, un jeune homme de vingt-quatre ans, qui s’appelait Rabbi Chabtaï, écrivait lui aussi un livre sur le Choul’han Aroukh Yoré Déa – Sifteï Cohen (Chakh). Le plus surprenant est que l’ouvrage du jeune Rav fut bien accueilli. jusqu’à nos jours, Siftei Cohen est devenu une source halakhique pour tout ce qui concerne les lois alimentaires.

Un jour, le jeune Rabbi Chabtaï, auteur du Chakh, et le vieux Rabbi David, auteur du Taz, se rencontrèrent. Rabbi Chabtaï demanda à Rabbi David : “ Je vous en prie, expliquez-moi comment vous procédez, à quel moment est-ce que vous étudiez et à quel moment est-ce que vous écrivez vos commentaires ? ” Le Taz lui répondit : “ J’ai l’habitude d’étudier la nuit et de formuler mes remarques, et le lendemain, à la yéchivah, j’expose mes idées devant mes étudiants, et je les note par écrit. ”

“ Et moi, lui répondit le Chakh, je fais tout à fait autrement. Toute la journée j’étudie et j’élabore mes commentaires, la nuit je les écris, et le lendemain je vérifie soigneusement ce que j’ai écrit la veille, j’efface beaucoup de choses, et je ne garde que le meilleur et le plus vrai. ”

Le Taz se leva, l’embrassa sur la tête et lui dit : “ Je suis sûr que votre livre, Siftei Cohen, sera utilisé pour prendre des décisions halakhiques. ”

Rabbi Chabtaï est né en 1621 à Amstibio, où son père, Rabbi Méïr, était Rav. Dès son plus jeune âge, il émerveillait tous ceux qui le connaissaient par sa mémoire et la vivacité de son intelligence, et son père commença à lui enseigner la Torah. On raconte que vers l’âge de cinq ans, alors qu’il était au ‘Héder avec les autres petits garçons de son âge et que tout le monde revoyait la parachah de la semaine, Hayé Sarah, avec le commentaire de Rachi, quand on arriva à l’histoire d’Eliezer le serviteur d’Abraham, qui racontait aux parents de Rivka : “ je suis arrivé aujourd’hui à la source ” (Genèse 24, 42), les enfant répétèrent à leur Rav ce que dit Rachi : “ Aujourd’hui je suis parti et aujourd’hui je suis arrivé, ce qui nous enseigne que le chemin s’est raccourci de façon miraculeuse ”. Un enfant se leva et demanda :

– Comment Eliezer a-t-il raconté devant les parents de Rivka une histoire aussi bizarre, peut-être qu’ils ne vont pas le croire ?

L’instituteur ne savait que répondre. Alors, le petit ChabtaÎ se dressa et répondit :

– Quelques versets plus haut (verset 36), on parle de ce qu’a raconté Eliezer : “ Sarah la femme de mon maître a donné un fils à mon maître... et il lui a donné tout ce qui lui appartient ”, et Rachi dit qu’il leur a montré un document faisant foi de cette donation. D’après ce document, qui avait été écrit le jour même, Eliezer pouvait prouver qu’il était effectivement arrivé de façon miraculeuse...

Avant même l’adolescence, il avait acquis une profonde connaissance du Talmud et des commentateurs. Son père l’envoya à Tiktin étudier chez l’auteur de Maguinei Chelomo. Ensuite, il étudia également dans la grande yéchivah du Rav Heschel de Cracovie, et Rabbi Wolf, petit-fils du Rema, qui habitait Vilna, le prit pour gendre et assura tous ses besoins matériels. Rabbi Chabtaï s’installa à Vilna pour se consacrer entièrement à la Torah. A l’âge d’une vingtaine d’années, il se joignit au Beit Din de Rabbi Moché Lima, auteur de ‘Helkat me’hokek, et c’est à la même époque qu’il rédigea son immense Siftei Cohen sur le Choul’han Aroukh Yoré Déa, à l’âge de vingt-quatre ans.

Dans son introduction, il écrit :

“ Honnêtement, j’ai investi un travail absolument considérable... sans laisser place au sommeil pendant des années... j’ai examiné chaque cas de tous les côtés, ni une fois ni deux, mais plutôt cent et une fois. ”

Dix-huit des plus grands rabbanim de la génération donnèrent leur accord à l’impression de l’ouvrage. Il rédigea également un deuxième volume de Siftei Cohen sur le Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat.

Ses œuvres firent une grande impression dans le monde, et très rapidement les rabbanim se mirent à les utiliser pour prendre des décisions halakhiques, réalisant ainsi les paroles du verset : “ Les lèvres du cohen [Siftei cohen] conserveront la connaissance, et on demandera la Torah de sa bouche ” (Malakhi 2, 7).

On raconte l’histoire suivante :

Une fois, Rabbi Chabtaï eut un conflit financier avec l’un des notables de Vilna, et ils acceptèrent tous deux de présenter leurs arguments devant l’un des plus grands rabbanim de la génération, qui se trouvait loin de Vilna, et ne connaissait pas du tout le Chakh. Ils se mirent d’accord sur le Rav de Novardok, qui était célèbre par son érudition et sa droiture. Avant de partir pour comparaître devant lui, Rabbi Chabtaï, auteur du Chakh, revint sur tous les passages du Talmud et des commentateurs, et parvint à la décision qu’il avait raison. Quand ils arrivèrent à Novardok et présentèrent leur cas au Rav, il décida que le Chakh avait tort, et donna raison à l’autre personne. Le Chakh fut stupéfait d’entendre cette décision, car à son avis elle n’était pas conforme à la halakhah, et il demanda au Rav qui l’avait donnée de lui en expliquer les raisons.

Il alla vers sa bibliothèque, en sortit le livre siftei Cohen sur le ‘Hochen Michpat, qui était sorti un an auparavant, et montra au Chakh qu’il avait basé sa décision sur l’avis exprimé par ce nouveau livre... alors le Chakh se fit connaître comme l’auteur de cet ouvrage, et dit : “ Combien sont grandes les paroles des Sages : l’homme ne se donne jamais tort ! ”

Beaucoup de légendes se sont créées autour de la  personnalité du Chakh, et elles témoignent de la grande admiration que lui portait le peuple. L’une d’elles raconte qu’un jour, le Chakh se promenait, plongé dans ses pensées, et rempli de paroles de Torah, et ne sentit pas qu’il s’approchait du bord d’un flanc escarpé, qu’un profond abîme s’étendait à ses pieds, et qu’il n’y avait qu’un cheveu entre lui et la mort. Au moment où il arriva au bord du précipice et voulut continuer son chemin, il lui arriva un miracle, la  montagne qui était en face se rapprocha, et le Chakh passa sans encombre...

 

 
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