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Le « Maguid Hayerouchalmi », Rabbi Chabtaï Youdalevitz Zatsal

Rabbi Chabtaï Youdalevitz zatsal, le « Maguid HaYérouchalmi », comme beaucoup le surnommaient, était un homme aux dons multiples. C’était un grand gaon dans tous les domaines de la Torah. Il mêlait à son service de Hachem le travail auprès de la communauté, et la propagation du feu de la Torah dans toutes les couches du public. Sa grande bibliothèque comprenait des milliers de livres, et il a témoigné sur lui-même : « Je ne donne pas une place dans l’armoire à un nouveau livre avant de l’avoir parcouru ! » Il avait une grande érudition dans tous les domaines de la Torah, et en particulier les midrachim des Sages. Il touchait également à la kabbala. Il y avait dans sa bibliothèque plus de deux cents livres de kabbala, et tous usagés. Les recueils qui se présentaient sous forme brochée, il les reliait avec amour et les insérait dans la bibliothèque.

Il avait en réserve des milliers d’explications qu’il avait écrites, et que dans sa grande humilité il n’avait pas publiées, car il avait consacré l’essentiel de sa vie à travailler pour le grand public et à faire connaître la Torah au peuple d’Israël.

La voix de Rabbi Chabtaï Youdalevitz zatsal a résonné dans les rues de la ville pendant des dizaines d’années. Il est intéressant de noter qu’il ne préparait pas ses discours. Ils venaient spontanément d’un cœur frémissant. Sa voix agréable fascinait tous ceux qui l’entendaient et leur transmettait la connaissance et la crainte de Hachem. En cas de besoin s’échappait de lui une voix puissante, une voix qui menait le combat de Hachem ! Rabbi Chabtaï commençait à parler avec des plaisanteries, d’une voix de basse. Il préparait le cœur de ses auditeurs, et le moment venu, sa voix s’élevait en un cri…

Dans sa voix tonitruante se mêlaient beaucoup d’intonations, dont la plus marquante était la cordialité. Les décibels élevés ne pouvaient éteindre l’amour qui se dissimulait dans ses paroles. « Je ne suis pas capable d’entendre les pleurs d’un enfant », confiait-il sur lui-même, et sa famille a témoigné que plus d’une fois, des choses insignifiantes l’émouvaient et lui faisaient monter des larmes aux yeux.

« Un jour, des touristes d’Amérique sont arrivés à Méa Chéarim», a raconté Rabbi Chabtaï, « pour Ticha BeAv ». Ils s’étonnaient de ce que tout le monde pleurait. On leur a raconté que le grand Temple avait été détruit.  « Et le Temple n’avait pas d’assurance ? » ont demandé les touristes. « Non », fut la réponse. « Alors il y a vraiment de quoi pleurer », ont conclu les touristes. Alors, la voix de Rabbi Chabtaï s’est élevée : « Ne soyez pas comme un cheval, comme un mulet qui ne comprend pas ! » Il ne parlait pas du tout des touristes américains, mais s’adressait bel et bien au petit « touriste américain » qui se cache dans notre cœur. Où est la véritable douleur sur la destruction du Temple ?

Il ne demandait pas de rémunération pour ses homélies, même pas les frais de transport. Un jour, quelqu’un lui téléphona pour l’inviter à parler dans un mochav lointain. Il prit l’autobus qui le mena à la route principale, près du mochav, et de là il dut aller à pied. C’était un grand effort pour lui, mais il arriva là-bas et se mit à faire un discours enflammé dans la synagogue locale. Quand il eut terminé son discours, personne ne lui dit « c’est moi qui ai invité le Rav ». Plus encore : personne du mochav ne lui proposa de l’accompagner jusqu’à la station d’autobus. Il rentra à la maison exactement comme il était venu.

La victoire de la mezouza

Rabbi Chabtaï était très intelligent. Une grande partie de son brio et de ses pointes ont été adoptés par la communauté, au point qu’on ne sait plus d’où proviennent ces perles. Un grand Rav de Tsfat lui avait demandé d’apaiser une discussion qui avait éclaté entre des conjoints. Il s’agissait d’une femme qui avait fait techouvah alors que son mari n’avait pas encore fait cette démarche. Ils décidèrent d’essayer de continuer à vivre ensemble. Une discussion se développa entre eux à propos de la mezouza. Le mari estimait que cela « enlaidissait » la maison et n’était pas disposé à céder. Rabbi Chabtaï se tourna vers le mari et lui expliqua que certes, il n’était pas obligé d’accéder à tous les désirs de sa femme, mais que ce serait humain de sa part d’accepter au moins « un compromis ». Que proposait-il ? demanda le mari. Rabbi Chabtaï lui expliqua : « A droite de la porte il y aura la mezouza, et à gauche non ! » Le mari fêta sa victoire partielle et on posa la mezouza à la grande joie de tout le monde…

Face au chien menaçant

Les veilles de Chabat, il sortait avec d’autres personnes pour encourager les propriétaires des boutiques à fermer avant l’arrivée de la nuit. Ce groupe était formé de grandes personnalités, sous l'égide de Rabbi Dov Soloveitchik zatsoukal. Ceux qui mettaient en garde sur le Chabat réussissaient en général, jusqu’à ce qu’un jour ils rencontrèrent un adversaire sous la forme d’un coiffeur qui refusait de fermer sa boutique et incitait également les autres boutiquiers à se révolter. Les avrekhim savaient que s’ils cédaient au coiffeur, ils perdraient leur influence, ce nouvel Amalek menaçait de refroidir tout le monde ! Ainsi toutes les semaines, ils continuèrent à se poster en face de la boutique.

Un vendredi, le coiffeur décida de se débarrasser d’eux une bonne foi pour toutes, il lança sur les avrekhim un chien dangereux et se tint en souriant sur le seuil de sa boutique. Plusieurs avrekhim s’enfuirent, mais Rabbi Chabtaï ordonna à l’un d’eux (Rabbi Avraham Kaufmann) de rester avec lui. Quand le chien s’approcha, Rabbi Chabtaï se faufila à côté de lui, l’attrapa par les mâchoires et le tailla en pièces ! Rabbi Chabtaï a raconté qu’ensuite, une partie des commerçants l’appelaient « héros », et une partie l’appelait « le fou », mais en tous cas les boutiques étaient fermées.

Ce vendredi-là, le coiffeur ne ferma pas non plus sa boutique, il s’était enfui longtemps avant d’avoir pu le faire. Des témoins oculaires ont raconté que des clients s’étaient enfuis du salon de coiffure à moitié rasés, au tiers ou au quart…

Qu’est ce que la fente ?

Il a raconté l’histoire suivant à l’un de ses proches :

Un jour, on l’avait invité à prendre la parole dans une synagogue du quartier de Ramot  à Jérusalem. Il s’y rendit et fit un beau sermon sur le sujet de la cacherout des aliments, et il commença en citant le verset « Et le porc, parce qu’il a le pied corné et le sabot bien fendu… il est impur pour vous », et à partir de là, il mêla, à son habitude, de la morale et des histoires. Après son sermon, le bedeau vint le trouver et s’étonna : « Pourquoi avez-vous parlé de ce sujet, est-ce que les avrekhim ici sont suspects de manger des nourritures interdites ? » Rabbi Chabtaï répondit avec surprise : « Mais c’est vous qui m’avez demandé de parler de cela ! »

Il s’avéra que le bedeau lui avait demandé d’encourager le public dans le domaine de la pudeur et de protester contre la « fente » qui s’était répandue chez les femmes, des femmes d’avrekhim. Il avait fait allusion dans ses paroles à l’expression du verset « bien fendu », mais Rabbi Chabtaï ne connaissait pas du tout l’existence de ce phénomène et avait compris le bedeau au sens propre… Après être rentré, Rabbi Chabtaï demanda à sa famille avec étonnement : « Est-ce que vous avez entendu parler de quelque chose qui s’appelle une fente ? »

 

 
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