Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Chemouël Halévi Klein, Auteur du Ma’hatsit Hachékel

Il était déjà tard dans la nuit. Rabbi Moché Sofer, le principal disciple de Rabbi Nathan Adler, rabbin de la ville de Boscowitz en Moravie, étudiait la Torah dans le grenier de la maison de son maître, séparé par une simple cloison d’une petite synagogue qui se trouvait également dans le grenier. Tout à coup, dans le silence de la nuit, on entendit un murmure bizarre dans la synagogue. Au bout d’un moment, Rabbi Moché identifia le son des clochettes de la couronne ornant le rouleau de la Torah qui se trouvait dans l’Arche sainte. C’était une couronne d’une rare beauté, entièrement faite d’or pur, que son maître avait apporté avec lui à Boscowitz. C’était le seul bien qu’il possédait, l’ayant héritée de ses ancêtres.

Il craignit de rentrer dans la synagogue brusquement, de peur d’être attaqué par l’intrus, et décida de rester à sa place et d’attendre en silence, les yeux fixés sur la porte de la synagogue. Il espérait ainsi pouvoir démasquer le voleur.

Au bout d’un moment on entendit des pas feutrés qui se rapprochaient de la porte. Parut d’abord une main qui tenait un grand sac. Même de l’intérieur du sac, on distinguait clairement le son de la couronne. Immédiatement après parut la silhouette du voleur lui-même, qui s’enfuit rapidement par les escaliers qui conduisaient vers l’extérieur. Les yeux de Rabbi Moché Sofer sortirent presque de leur orbite quand il le vit. Il s’écroula sur une chaise, de peur que ses forces ne l’abandonnent. Quelques mois seulement auparavant, Rabbi Nathan Adler avait été nommé rabbin du lieu. Comme à son habitude, il se rendit à Boscowitz humblement et en silence, et les dignitaires n’apprirent son arrivée qu’une fois qu’il se trouvait déjà dans la ville. Le même jour, les gens de la ville lui firent un accueil honorifique, puis tout le monde l’accompagna au Beith Midrach central. Là, Rabbi Nathan rencontra un vieil homme penché sur ses livres et totalement absorbé dans son étude, au point qu’il ne s’aperçut pas du tout de l’entrée du nouveau rabbin et de sa suite. Sans mot dire, Rabbi Nathan s’approcha du vieillard, lui tendit la main pour le saluer, et au bout d’un moment les deux étaient déjà plongés dans une conversation de Torah animée. Le nouveau rabbin découvrit qu’il avait devant lui un homme de génie, d’une immense érudition dans tous les domaines de la Torah. Au cours de leur conversation, le vieillard exprima une idée intéressante. « Excusez-moi, mais j’ai trouvé exactement la même chose dans le Ma’hatsit Hachékel ! », dit Rabbi Nathan à son interlocuteur. Le vieillard sourit légèrement et répondit : « Effectivement, j’ai noté cette opinion dans mon Ma’hatsti Hachékel, à telle page ». « Etes-vous donc le célèbre Gaon Rabbi Chemouël Klein ? » s’étonna Rabbi Nathan, et il serra de nouveau la main du vieillard dont il venait de découvrir l’identité. Depuis lors s’était nouée entre eux une puissante amitié. Or l’homme qui s’éloignait furtivement de la synagogue avec la couronne en or dans un sac n’était autre que Rabbi Chemouël Klein, auteur du Ma’hatsit Hachékel !

Rabbi Moché Sofer ne savait que faire tant il était embarrassé de ce dont il avait été témoin. Il décida d’attendre jusqu’à au matin pour bien peser la situation. Le soleil était à peine levé que des coups énergiques se firent entendre à la porte de la maison de Rabbi Nathan Adler. Des gendarmes armés s’excusèrent de leur intrusion de si bon matin, et expliquèrent que d’après un renseignement qu’ils avaient eu, le rabbin cachait dans sa maison des objets de grande valeur, et que la loi les obligeait à vérifier la chose sans aucun délai.

A cette époque, tous les citoyens devaient donner tous les objets de valeur qu’ils possédaient à l’Etat, qui était alors en guerre avec la France. Garder chez soi des bijoux ou des objets précieux était considéré comme un crime sévèrement puni. Les habitants de la maison, qui s’étaient entre temps réveillés, connaissaient parfaitement l’existence de la couronne d’or et avaient donc de sérieuses raisons de se faire du souci. Quand les gendarmes grimpèrent au grenier, ils se mirent à trembler. Seul Rabbi Moché, qui commençait à faire le lien entre tous les détails, savait qu’en fait il n’y avait aucune raison de s’en faire. Il voyait maintenant parfaitement que le vieux Rabbi Chemouël Klein avait sauvé son maître d’un lourd châtiment par son « vol » de la veille. Malgré tout, un mystère demeurait même pour lui. Quand les policiers ouvrirent la porte de l’Arche Sainte et n’y trouvèrent rien non plus, les habitants stupéfaits se mirent à respirer. Mais une fois qu’ils eurent quitté les lieux, une grande question se posa d’elle-même, bien susceptible d’éveiller les soucis : où était passée la couronne ?

Stupéfaits, Rabbi Nathan Adler et sa famille écoutèrent de la bouche de Rabbi Moché Sofer la solution partielle de l’énigme.

Moins d’une heure plus tard apparut à la porte Rabbi Chemouël Klein lui-même. Il tenait à la main le sac où se trouvait la couronne, et rendit le « vol » à ses propriétaires avec un large sourire sur les lèvres. A présent, tout le monde attendait le fin mot de l’énigme. Il s’avéra que l’existence de cette couronne d’une rare beauté, qui était connue de beaucoup de monde, était arrivée aux oreilles de l’un des citoyens de la ville. Cet homme avait dénoncé son propriétaire à la police. La veille, tard dans la nuit, le Rav Chemouël Klein l’avait appris d’un ami personnel qui était proche de la police locale. D’un côté, il ne voulait pas effrayer le Rav et sa famille, mais par ailleurs il craignait que tout retard ne soit fatal. Il décida donc d’agir seul avec toute la rapidité possible. Ses soupçons s’avérèrent fondés, et son geste rapide et courageux avait sauvé le Rav d’une grave infraction à la loi...

Sa Hilloula est célébrée le 28 Adar

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan