Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi David Borenstein • Le Admor De Sokhotchov

Les ‘hassidim de Sokhotchov étaient différents des autres : à Sokhotchov, on mettait l’accent sur l’étude de la Torah. Le premier Admor de la dynastie de Sokhotchov fut Rabbi Avraham, à l’esprit vif et intelligent, célèbre pour ses grands ouvrages Avnei Nézer et Eglei Tal. Il disait : La seule façon d’arriver à la ‘hassidout, c’est l’étude de la Torah. Du beith midrach du gaon de Sokhotchov sont sortis des grands de la Torah et des rabbanim en vue. Pendant quarante ans, Rabbi Avraham a dirigé les ‘hassidim de Sokhotchov, jusqu’à un âge avancé. Son fils le Admor Rabbi Chemouël, connu parmi les ‘hassidim polonais pour ses livres Chem MiChemouël, prit sa place. Et le troisième et dernier Admor fut Rabbi David, le fils aîné de Rabbi Chemouël.

Rabbi David est né le 1er Elloul 5636 (1876) dans la ville de Nachelsk en Pologne. Depuis sa plus tendre enfance il fut élevé par son grand-père le Avnei Nézer. Le grand-père aimait son petit-fils David et voyait en lui son héritier spirituel et le continuateur de sa voie. Une fois David fut malade, et le grand-père s’occupa de lui en prenant le plus grand soin qu’il reçoive ses médicaments et se repose absolument. Un malade est dispensé de toutes les mitsvot de la Torah, dit-il, à l’exception d’une seule, « Prenez bien soin de vos âmes ».

Alors qu’il avait onze ans, son grand-père témoigna sur lui qu’il connaissait parfaitement la quatrième partie du Rambam, et il dit de lui : « Mon âme est attachée à son âme. »

Plus il grandissait, plus il se rapprochait de son célèbre grand-père. Il étudiait avec grande assiduité dans la yéchivah de son grand-père. On raconte qu’un jour, la lampe s’éteignit dans sa chambre une nuit de Chabat à minuit, et qu’il sortit dans la rue avec sa Guemara en main (il y avait un erouv dans la ville) pour chercher un endroit où il y avait de la lumière. Il trouva un réverbère et se tint dessous jusqu’à l’aube, sans ressentir ni le froid ni la pluie. Cela lui valut un sérieux refroidissement et il tomba malade.

A l’âge de quinze ans, il épousa la fille de l’un des plus grands ‘hassidim d’une petite ville proche de Lodj. Mais le gaon de Sokhotchov ne permit pas à son petit-fils de quitter son beith midrach. Il resta dans son appartement jusqu’à sa mort.

Rabbi David avait 33 ans quand son illustre grand-père Rabbi Avraham mourut. Il allait plongé dans la tristesse sans trouver de repos à son âme. Cette séparation lui fut très difficile. Il quitta Sokhotchov et fut nommé Rav à Wichigrod. En continuant la voie de son Rav et grand-père, il ouvrit une yéchivah où des centaines de jeunes étudiaient jour et nuit, selon la méthode d’étude de Sokhotchov. Il ne se passa pas longtemps avant que son nom soit connu comme celui de l’un des grands et des enseignants de la Torah à son époque.

Son séjour à Wichigrod ne fut pas très long. Il souffrit beaucoup de dirigeants orgueilleux et hautains. Il était très résolu et n’avait peur de personne. Le verset « Ne craignez aucun homme » guidait ses pas dans tous les domaines de la vie, et à cause de ce trait de caractère il fut obligé de quitter Wichigrod et d’accepter un office à Tomashov. Mais il y resta peu de temps. Avant qu’il ait eut le temps d’ouvrir sa yéchivah et de construire sa maison dans cette ville, son père, le Admor Rabbi Chemouël, mourut. Pendant l’enterrement de son père, tous les ‘hassidim de Sokhotchov le couronnèrent troisième Admor de Sokhotchov.

Rabbi David établit son beith midrach à Pavianits, près de Lodj. Les ‘hassidim le traitaient avec honneurs et admiration. Il bâtit une splendide yéchivah dans la ville de Lodj et devint actif dans tous les domaines de la vie publique. Il fut également choisi comme membre de l’Assemblée des grands de la Torah d’Agoudat Israël. Il dirigea les ‘hassidim de Sokhotchov pendant quatorze ans, de 5686 à 5700.

Son amour pour Erets Israël ne connaissait aucune limite. Il s’y rendit deux fois, une fois en 5685 (1925) et une deuxième fois en 5695 (1935). Il parlait avec douleur du fait qu’il ne pouvait pas s’installer dans notre saint pays, parce que la communauté des ‘hassidim de Pologne ne lui permettait pas de les abandonner. Il encourageait ses ‘hassidim à s’installer en Erets Israël et certains de ses fils le firent également. De Pavianits il passa à Lodj qui était proche, où il resta jusqu’au début de la Deuxième guerre mondiale. C’est là que l’atteignirent les assassins nazis.

A Roch Hachanah 5700 (1940), les Nazis entrèrent dans la ville de Lodj, la deuxième plus grande communauté juive d’Europe. Ils s’abattirent sur les juifs comme des bêtes féroces. Une peur terrible tomba sur un quart de million de  juifs, habitants de Lodj. Ils enlevaient les enfants et les vieillards et les faisaient travailler comme des forçats. De bouche à oreille passaient des nouvelles terrifiantes sur des actes de barbarie inimaginables : ici on assassinait des juifs, là on les enterrait vivants, on profanait les synagogues, on déchirait des sifrei Torah.

Et voici que le bruit se répandit que les Nazis étaient entrés chez le Rabbi de Sokhotchov. On raconte qu’ils l’ont torturé, lui ont coupé la barbe et les péoth et lui ont avili le visage. Le rabbi est resté ferme. Il a continué comme d’habitude à étudier, à prier et à encourager tous les juifs pour qu’ils ne désespèrent pas. Pendant ces jours-là, il a beaucoup parlé en public et a raconté ceci :

Mon grand-père, auteur de Avnei Nézer, m’a raconté une fois que dans sa jeunesse, il se trouvait dans la ville de Kotzk, où vivait Rabbi Mena’hem Mendel, quand il tomba malade et fut obligé de garder le lit. C’était la veille de Yom Kippour, et les médecins lui interdirent d’étudier et de prier pendant toute cette nuit-là. Imaginez-vous : Mon grand-père à Kotzk sans étudier ni prier la nuit de Kol Nidrei ? Mais, racontait-il, je ne me suis pas attristé, au contraire, je me suis dit en moi-même : Toute ma volonté n’est que de faire la volonté du Créateur, et si le Créateur veut que je ne prie pas et que je n’étudie pas, je ferai Sa volonté… Si le Créateur veut que nous vivions comme cela, nous vivrons comme cela… Le Admor Rabbi David acceptait ce décret avec amour.

Les ‘hassidim virent que les Nazis avaient entendu parler du Admor et savaient où il vivait. Ils n’eurent aucun repos avant de réussir à le faire passer à Varsovie. Il resta deux ans dans le ghetto de Varsovie, où il continua à vivre de la même façon, encourageant les juifs et leur parlant au cœur. Pendant ces jours sombres, le Rabbi était comme un phare pour tous les déprimés et tous les opprimés, jusqu’à ce qu’un beau jour il eut une crise cardiaque et que son âme monta au Ciel. Il mérita d’être enterré dans un cimetière juif. D’après ce qu’on sait, l’enterrement du Admor Rabbi David de Sokhotchov, auteur de ‘Hasdei David, fut le dernier qui eut lieu dans le ghetto de Varsovie. Il mourut le 5 Kislev 5703 (1943). A l’enterrement, qui eut lieu tôt le matin, au moment où les juifs sortaient au travail, participèrent des milliers de juifs. Mais seules dix personnes avaient le droit de sortir au cimetière, qui était en dehors du ghetto. Quand les juifs présents au moment de l’enterrement rentrèrent au ghetto, ils racontèrent que le Rabbi avait été enterré près du Rav de Varsovie, le gaon auteur de ‘Hemdat Chelomo. Son épouse la rabbanit, ses fils et ses filles, ses gendres et ses petits-enfants, tous furent assassinés par les Allemands avec les juifs de Varsovie.

Pendant sa vie, le Rabbi avait beaucoup écrit, et de nombreux livres de lui sont restés en manuscrit. Mais la plupart ont été détruits et il ne reste que quelques pages manuscrites. Ses ‘hassidim en Erets Israël les ont imprimées sous le nom de ‘Hasdei David.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan