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Rabbi Meir Sim’ha Hacohen • Le Or Samea’h

Rabbi Klonimos Kalman HaCohen était un grand talmid ‘hakham et un marchand respectable. Sa maison, dans la ville de Baltrimants, était largement ouverte à tous les invités qui passaient. Un jour il accueillit le gaon Rabbi Méïr Sim’ha de Tiktin, qui resta chez lui quelques mois. Quand il prit congé de Rabbi Klonimos Kalman, il lui donna la bénédiction qu’il lui naîtrait un fils qui éclairerait Israël par sa Torah. En 5603 (1843) naquit à Rabbi Klonimos un fils auquel il donna le nom du gaon en question, Méïr Sim’ha, et la bénédiction de ce tsadik s’accomplit.

Depuis son enfance il était déjà connu comme un enfant prodige. Quand il avait treize ans, un célèbre gaon, qui avait apporté avec lui un manuscrit qu’il avait préparé pour l’impression, se trouva invité chez son père. Le jeune Méïr Sim’ha observa le manuscrit et ajouta des remarques à chaque pages. Au début, quand l’auteur apprit ce que le jeune homme avait fait, il le gronda et lui fit honte. Mais quelle ne fut pas sa surprise quand il se mit à parcourir son livre et à lire les remarques, qui s’avéraient merveilleuses ! Il demanda pardon au jeune garçon et l’embrassa sur la tête.

A dix-sept ans il se maria dans la ville de Byalistok. Sa femme faisait du commerce, et il étudiait la Torah jour et nuit. Il devint rapidement connu comme l’un des plus grands de sa génération.

Quand le gaon Rabbi Réouven mourut à Dvinsk, Rabbi Méïr Sim’ha devint Rav de la ville. Il dirigea les bnei Israël de Dvinsk pendant quarante ans. Il était aimé et chéri de tous les milieux.

Il faisait bon accueil à tout ben Torah, leur disant des paroles de Torah et les encourageant à continuer à étudier et à devenir des rabbanim. Il leur donnait également l’ordination. Quand on lui demandait pourquoi il distribuait si généreusement des ordinations, Rabbi Méïr Sim’ha répondait avec un sourire : « Ces jeunes gens qui viennent passer l’examen veulent une ordination de la main du Rav de Dvinsk. Et je suis sûr que désormais, ils continueront à étudier avec une grande assiduité pour être dignes de ce titre. » De cette façon, Rabbi Méïr Sim’ha éleva une génération de grands rabbanim.

Il était dévoué à sa communauté, qu’il poussait avec un grand amour à observer la Torah et les mitsvot. Pendant la Première guerre mondiale, quand la plupart des habitants de la ville s’enfuirent pour sauver leur vie et qu’il ne restait que les pauvres, il resta avec eux, et lorsqu’on le supplia de quitter la ville, il répondit :

– Tant qu’il restera neuf juifs dans la ville, je serai le dixième pour former un mynian…

Et il ajoutait :

– Les balles ont une mission particulière, et chaque bombe a une adresse spécifique…

Un jour, un juif vint le trouver en pleurant pour lui raconter que les médecins ne connaissaient pas de remède à sa maladie, et lui disaient qu’il allait mourir dans six mois. « Ne vous en faites pas, le consola le Rav, vous avez au moins la promesse des médecins que vous allez vivre six mois, est-ce que moi je suis sûr de vivre jusqu’à demain ? » (Entendu du gaon Rabbi Moché ‘Hevroni, Roch Yéchivah de ‘Hevron).

On raconte que dans l’une des petites villes des environs de Dvinsk, le fils d’un Rav avait une petite boutique à proximité d’une église. La servante du prêtre, une jeune fille, venait à la boutique pour faire ses courses.

Un jour, on apprit que la jeune fille avait fauté… et elle accusait le fils du Rav qui avait cette boutique. Elle l’assigna en justice. Le jeune homme ne savait que faire. Son père lui conseilla de s’adresser à Rabbi Méïr Sim’ha et de lui demander conseil.

Quand il entendit l’histoire, il lui dit : « Je vous conseille d’avouer devant les juges que vous êtes le père de l’enfant, et que vous êtes prêt à prendre l’enfant qui naîtra et à l’élever comme un juif. »

Le conseil de Rabbi Méïr Sim’ha stupéfia le fils du Rav, mais ses paroles étaient sacrées pour lui, et il suivit ce conseil.

Or il y eut une surprise, qui parut miraculeuse aux yeux de nombreuses personnes. Quand la jeune fille entendit, au Tribunal, que l’accusé était prêt à prendre l’enfant et à l’élever comme un juif, elle éclata en larmes amères et s’écria : « Malheur ! Je n’accepterai jamais que l’enfant d’un saint homme grandisse comme un juif ! ». Alors le secret fut dévoilé, à savoir que le père de l’enfant était le prêtre chez qui la jeune fille était servante (entendu du gaon Rabbi Ya’akov Kaminetski, et lu dans le livre du Rav Rabiner).

En 5666 (1906), on lui proposa de devenir Rav de Jérusalem. Quand les habitants de la ville l’apprirent, ils poussèrent de grands cris et ne le laissèrent pas partir.

Voici quelques lignes de la lettre que les habitants de Dvinsk envoyèrent à Jérusalem :

« … Nous les enfants de la diaspora, qui sommes ici en Russie dans la ville de Dvinsk, nous nous élevons contre la rumeur qui est venue à nos oreilles que les habitants de Jérusalem méditent de nous prendre notre maître et de nous plonger dans l’obscurité… Ce n’est pas seulement nous qui serions détruits ainsi mais toute la diaspora, car c’est lui qui dirige et répond à toutes les questions de quiconque cherche la parole de D…. Gardez-vous, enfants de Jérusalem, de faire une telle chose… »

Toute sa vie il vécut dans une grande pauvreté, et refusait d’accepter des cadeaux. L’argent qu’il recevait par la poste, il le renvoyait à l’expéditeur, et si l’adresse manquait il le distribuait en tsedakah.

Il acquit une renommée mondiale par son ouvrage Or Samea’h sur le Rambam. Dès que ce livre fut publié, on commença à l’appeler « le Or Samea’h ».

Il fut très heureux d’entendre que son livre avait été bien accueilli par les érudits et les yéchivot et qu’on l’étudiait nuit et jour. Le gaon Rabbi Yitz’hak Ya’akov Rabinowitz, le Rav de Poniewitz, a raconté : « Un jour, quand je l’ai rencontré et que nous avons discuté de propos de Torah qu’il avait publiés dans son livre Or Samea’h, comme j’avais beaucoup de questions sur ce qu’il écrivait, il me dit : je voudrais que l’un des grands de notre génération publie un livre sur le Rambam rempli d’observations sur le mien, car je sais que le merveilleux Ketsot Ha’Hochen ne s’est répandu que grâce au gaon de Lissa qui a fait des quantités d’observations dessus dans son Netivot HaMichpat. »

Il a également écrit Mechekh ‘Hokhmah sur la Torah, qui a été publié après sa mort.

J’ai entendu d’un Rav qui se tenait à son chevet quelques jours avant sa mort que Rabbi Méïr Sim’ha avait en mains le manuscrit de Mechekh ‘Hokhmah et disait à tous ceux qui se trouvaient là : « Sachez que je ne suis pas venu en ce monde à cause de Or Samea’h. Ce dont le monde a besoin en ce moment, c’est Méchekh ‘Hokhmah. » Le livre parut au cours de la première année qui suivit sa mort (5687).

Méchekh ‘Hokhmah est un trésor de commentaires et d’explications, où il se dévoile comme un penseur exceptionnel.

Au bout de nombreuses années, on a découvert dans Méchekh ‘Hokhmah (sur Lévitique 26, 44) qu’il avait prévu l’Holocauste, et qu’il annonçait prophétiquement la tragédie des juifs d’Allemagne qui prenaient Berlin pour Jérusalem…

Ses livres sont réimprimés périodiquement, et la Torah de Rabbi Méïr Sim’ha se fait entendre dans les yéchivot et les maisons d’étude.

En 5726 (1966), quarante ans après sa mort, on découvrit miraculeusement des commentaires sur le Talmud. On pensait qu’avec l’Holocauste, les manuscrits avaient été perdus et n’existaient plus, mais la providence en avait décidé autrement, et voulait que sa Torah reste pour les générations à venir. Du Ciel, on avait décrété que la Torah de Rabbi Méïr Sim’ha était marquée du sceau de la vérité.

Le gaon Rabbi ‘Haïm Stein, Roch Yéchivah de Telz à Cleveland, a raconté ce qu’il a entendu de son oncle le gaon Rabbi Na’hum Baruk Ginsburg, Rav de Yanova en Lituanie, auteur de l’ouvrage Mekor Baroukh.

Un jour, le Rav avait rendu visite à Rabbi Méïr Sim’ha, et l’avait trouvé très joyeux. Il lui avait dit qu’il venait de comprendre une chose merveilleuse qui était certainement la vérité de la Torah. En somnolant, il avait vu en rêve que dans l’armée céleste se trouvaient tous les grands du monde et qu’ils discutaient entre eux du fait qu’il manquait en ce moment dans le monde de la Torah quelqu’un qui atteindrait la vérité. Le Rachba se leva et dit que dans la ville de Dvinsk il y avait un Rav qui étudiait et atteignait la vérité plus que lui-même. Moi, continua-t-il, quand on m’a posé une question sur la façon de s’exprimer de la Guemara (‘Houlin 22), j’ai répondu que c’était une erreur d’impression et qu’il fallait l’enlever. Le Rav de Dvinsk a expliqué le passage sans rien changer au texte, et a dit : le texte de la Guemara est exact. (Introduction au livre Mekor Baroukh ; la même histoire a été racontée dans des termes un peu différents par le Rav Moché ‘Hevroni).

Le 4 Elloul 5686 (1926), à l’âge de quatre-vingt trois ans, son âme pure et claire sortit et monta aux Cieux. Le gaon Rabbi Yossef Rozin, le Rogatchover, Rav des ’hassidim de Dvinsk, ordonna qu’on place dans la tombe le shtender sur lequel il avait étudié toute sa vie.

 

 
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