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Rabbi Moché Idan, de Djerba

Né a Djerba le, 1842, Rabbi Moché Idan fut, sans conteste, l’un des plus grands Cabalistes de son temps, doublé d’un poète et d’un grammairien hors-pair. Son père, Rabbi Kalifa Idan, avait eu comme disciples la plupart de ceux qui allaient devenir les leaders spirituels de Djerba. Pour avoir une idée de sa sagesse, il suffit de citer l’éloge qu’en fit Rabbi Massoud Cohen Elhaddad, de la Yéchiva Beth-El de Jérusalem, à l’occasion de sa visite à Djerba. A l’issue de ses rencontres avec Rabbi Moché Idan, ses hôtes lui demandèrent ses impressions. Rabbi Massoud leur répondit : «Rares sont ceux qui, dans le monde, ont atteint son niveau en Kabbale, et même en Erets Israël».

Dans la préface de ses ouvrages, Rabbi Moché Idan apposa en guise de signature les mots suivants :  «Celui qui se contente de très peu, le serviteur de l’Eternel Moché Idan». En effet, malgré ses immenses connaissances en Torah révélée et cachée, Rabbi Moché manifestait une humilité proverbiale et, ne voulant pas être certain de la perfection de sa piété, jugeait bon de s’imposer quantité de jeûnes.

Comme nous l’avons dit plus haut, Rabbi Moché Idan était l’auteur de nombreux ouvrages. Parmi eux, «Torat Moché», «Tif-éréte Moché» et «Cha’choua’ Mitzva», contenant des commentaires sur la Torah, la Kabbale et les Mitsvot. Ces dernières, dans «Cha’choua’ Mitzva», sont énumérées et expliquées sous la forme d’un long poème.

Voici quelques récits concernant ce Tsaddik.

Un jour qu’il enseignait à la Yéchiva de Gabés, une femme vint lui demander de lui écrire une lettre. Rabbi Moché lui répondit qu’il ne pouvait, ce jour-là, lui rendre service, étant occupé et «salarié». La femme ne comprit rien à ses explications. Pire encore: elle crut qu’il avait injuriée et alla se plaindre de lui auprès du Gabaï, l’administrateur de la synagogue. Celui-ci lui demanda:

- Peut-être vous souvenez-vous exactement des paroles du Rav ?

- Oui, répondit la femme. Il m’a traité de «salariée»!

Le Gabaï s’empressa de lui expliquer qu’il n’y avait là, à D. ne plaise, aucune injure. En fait, Rabbi Moché lui avait dit qu’étant lui-même «salariée», il était donc redevable de son temps, voire de la moindre minute, à la Yéchiva. Une fois libéré de ses obligations, il se ferait sans doute un devoir de lui rédiger sa lettre. Le Gabaï ajouta :

- Allez donc chez lui, ce soir, à la maison, et je suis certain qu’il vous aidera de bon coeur.

Rassurée, la femme se rendit compte qu’il s’agissait là d’un simple malentendu de sa part, alla chez Rabbi Moché le soir même et ressortit avec la lettre tant désirée.

La scène suivante se passait dans un café de Gabès. L’un des consommateurs, un non-juif, lança à la cantonade : «Il n’y en a pas deux au monde comme Rabbi Moché Idan!». Et comme on lui demandait la raison de ce compliment, il raconta ceci :

- Ce matin, à l’aube, nous avons entendu des cris provenant de la plage. Nous nous rendîmes aussitôt sur les lieux, pour voir un homme qui, enfoncé à mi-corps dans le sable, n’arrivait pas à bouger, et encore moins à se libérer.

Nous lui demandâmes : «Que t’est-il arrivé ?». Il nous répondit en indiquant du doigt Rabbi Moché Idan qui, comme à son habitude, était venu s’immerger dans la mer, et ajouta : «Cet homme-là nous dérange tous les matins, en venant se plonger dans la mer. J’ai eu alors l’idée, pour le dissuader de revenir, de lui prendre ses vêtements qu’il laisse au bord de l’eau. Mais voilà qu’après m’en être emparé, je me suis retrouvé figé au sol et, comme vous le voyez, incapable de bouger. Je vous en supplie, faites moi une faveur. Essayez de me détacher de là!».

Pendant ce temps, le Rabbin continuait à se baigner tranquillement, et l’on voyait bien que, ce faisant, il était en pleine ferveur et ne se rendait compte de rien. Nous nous approchâmes alors de lui pour lui expliquer la mésaventure de cet individu. Le Rabbin nous répondit : «Il n’a qu’à reposer les vêtements à leur place, et il pourra s’en aller». L’homme s’exécuta et sa paralysie disparut comme par enchantement. Il prit aussitôt ses jambes à son cou et, malgré tous nos appels, il préféra ne pas se retourner.

Voici, à présent, un extrait de son ouvrage: «Tif-éréte Moché» :

- Il existe deux vertus auxquelles chacun doit s’attacher. Tout d’abord, le respect d’autrui, dont nos Sages ont dit «L’arrogant est voué à l’Enfer, mais le respect d’autrui mène au Jardin d’Eden». Celui qui possède cette vertu vit parmi les Justes, dont on dit qu’ils sont vivants même après leur mort. Celui-là ne sera pas prompt à commettre des fautes. Nos Sages ont cité le mot du Prophète «Chouvou!» (Revenez!) dont les lettres inversées donnent «Bochou» (Ayez honte de ne pas respecter autrui!). Ayez honte, disent-ils, des mauvaises voies que vous avez pu emprunter, et ainsi vous mériterez le Gan Eden et vous vivrez éternellement, comme il est dit dans la Prophétie : «Pourquoi donc devriez-vous mourir, Enfants d’Israël ?».

La seconde vertu à laquelle il convient de s’attacher est l’humilité, dont tant de Sages ont déjà fait l’éloge, en donnant pour modèle Moïse lui-même. Bien qu’il eût mille qualités, celle que retient la Torah à son crédit est précisément l’humilité : «Or l’homme Moïse était fort humble, plus que tous les humains de la terre». Nos Sages ont écrit aussi que, dans l’histoire d’Israël, trois justes ont vu leur humilité reconnue : Avraham, David et Moïse. Or, les initiales de leurs prénoms donnent le mot Adam (Homme). J’ai moi-même cité cette maxime sacrée «L’orgueil de l’Homme finira par l’humilier». Nul doute donc qu’il suffit de se remémorer l’humilité de ces trois Justes pour réduire son coeur à la raison et échapper ainsi à l’orgueil».

Rabbi Moché Idan rendit son âme au Créateur le 4 Elloul 1894, à l’âge de 52 ans.

Adapté de l’hébreu par Jacques BENAUDIS.

 

 
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