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Rabbi Moché Kalfon Hacohen

A l’âge de quarante ans, Rabbi Chalom Hacohen eut le bonheur d’avoir un fils qui naquit de façon miraculeuse. Le jour de sa Mila, une foule énorme se pressait pour partager sa joie. La coutume voulait que celui qui avait tardé à avoir des enfants, «vende» le nouveau né. Rabbi Chalom Hacohen «vendit» symboliquement l’enfant contre quelques pièces, à Rabbi Moché Idan, qui était un très grand Sage et un Cabaliste réputé, afin qu’il fût considéré comme son fils. L’enfant reçut le nom de Moché Akiba Réouven. Sa mère lui ajouta le nom de «Kalfon» pour une raison connue d’elle seule.

Dés sa plus tendre enfance, on pouvait reconnaître l’extraordinaire sainteté de cet être dont la soif de Torah n’avait pas de limite. Son père l’envoya étudier auprès de Rav Yossef Berrebi. A dix huit ans, il commença à étudier les Dinime de Chéhita. Il ne tarda pas à être nommé comme responsable de la Chéhita pour la ville de Zarzis.

Les condition de la Chéhita étaient extrêmement difficile dans cette ville. Il n’y avait pas encore d’abattoir et la Chéhita de la volaille comme du gros bétail se faisait dans les champs, en plein soleil.

Rabbi Moche Kalfon ne résista pas à cette épreuve et tomba gravement malade. Il fut contraint de rester au lit plusieurs mois, ses yeux furent touchés, et sa vue fut atteinte. De retour à Djerba, sa ville natale, il ne pouvait plus se pencher sur ses livres. Il en souffrit beaucoup et voyagea avec sa mère pour chercher à soigner sa vue.

A son retour, à l’âge de vingt et un ans, il se maria et se replongea dans ses chères études. Il est étonnant de voir, malgré les recommandations des médecins, combien d’ouvrages et d’articles il écrivit. La lumière de la Torah éclairait ses yeux malades.

Il était encore jeune lorsqu’on lui demanda de siéger au Tribunal Rabbinique de Djerba. Il avait du mal à accepter de prendre sur lui de telles responsabilités. Il aimait plutôt étudier la Torah discrètement. Un jour, il rêva qu’une main était pointée vers lui, et lui ordonnait de quitter le Beït Hamidrach, et de rejoindre ses futurs collègues au Tribunal Rabbinique.

Jamais il ne rechercha les honneurs ni la richesse, et n’accepta d’ailleurs qu’un tout petit salaire. Tout le monde, même les musulmans, disaient sa louange et l’on racontait partout combien il aimait la paix, et combien son jugement était toujours droit et juste.

On raconte de nombreuses histoires à propos de personnes qui voulurent lui désobéir ou lui manquer de respect, et qui furent malheureusement frappées ou averties en rêve, et qui vinrent lui demander pardon en tremblant.

Un jour un homme qui avait été déclaré coupable eut envers lui un comportement insolent. A peine eut-il tourné le dos à Rabbi Moché qu’il fut frappé de cécité et eut bien du mal à rentrer jusque chez lui. «Malheur à moi» soupira -t-il «Qu’ai-je fait d’être insolent envers Rabbi Moché !» Dès lors, il apprit à respecter les Hakhamim. Quelques années plus tard, ce même homme fut à nouveau convoqué devant Rabbi Moché. Cette fois encore, il eut du mal à accepter la sentence. Rabbi Moché tenta un arrangement, mais cet homme s’entêta et resta sur ses positions.

«Non mon fils, ne continue pas à te rebeller» lui dit Rabbi Moché. «Je te conseille de ne point refuser, sache que c’est ton bien que je recherche».

«Certainement Rabbi», répondit cet homme «je sens encore dans ma chair la punition que tu m’as infligé il y a plusieurs années lorsque je t’avais désobéi».

«D. m’en préserve ! « s’écria Rabbi Moché «Je n’ai aucun pouvoir de punir ! Qui accorde la parole à l’homme, et qui lui donne la vue...?! N’essayons pas de comprendre les décrets divins !» Pourtant, Rabbi, mes yeux s’étaient bien éteints en sortant de cette pièce...

C’était en 1943, la situation des juifs de Tunisie était très difficile. Les nazis avaient envahi l’Afrique du Nord, ils voulaient appliquer là aussi la «Solution Finale» telle qu’ils la pratiquaient en Europe conquise. Des milliers de juifs furent sauvés grâce à l’action efficace de Rabbi Moché Kalfon Hacohen. La fin de la guerre approchait. La vile de Djerba était encore assiégée; les habitants juifs de la ville souffraient terriblement. Voici qu’approchait la fête de Pessah. Le blé était rationné. Il était interdit de l’acheter chez les paysans, on ne pouvait en obtenir que selon les quantités fixées par le gouvernement. Comment allait-on se procurer la farine pour faire les Matsot ?

Hachem n’abandonne jamais les Enfants d’Israël. Avant même que le problème ne fût posé, D. avait déjà posé les jalons pour une solution heureuse. A cette époque, dans la garnison française de Djerba servait l’aumônier militaire israélite, Rabbi Levy Itshak Rabinovitch. Celui-ci s’était pris d’une grande affection pour Rabbi Moché Kalfon.

Un jour, l’aumônier sentit que Rabbi Moché avait le coeur gros. «Qu’avez-vous Rabbi ?» lui demanda t-il, «Il me semble que les soucis ne vous laissent pas de repos!»

Rabbi Moché Kalfon lu fit partager son angoisse : «Pessah est à notre porte, et les fidèles n’ont pas assez de blé pour les besoins de la fête».

«Je vais y songer» lui répondit l’aumônier, «peut être réussirai-je à convaincre le gouvernement français d’être généreux».

Rabbi Moché bénit l’aumônier et lui souhaita de réussir dans son entreprise. Rabbi Levy arriva rapidement au camp militaire, et présenta sa demande au gouverneur. Il lui expliqua que les juifs célébraient prochainement la fête de Pessah et que pour ce faire, ils avaient besoin d’une importante quantité de blé.

«Bien !» répondit le gouverneur «Mais je souhaite que le Rabbin se présente lui-même et je lui remettrai les autorisations nécessaires».

Rabbi Moché apprit la nouvelle avec joie, et ne tarda pas à se rendre au camp militaire. Cette année-là, les juifs de Djerba ne manquèrent point de Matsot !

 

 

 
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