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Rabbi Na’houm Weidenfeld • Le Rav De Dombrova

Trois fils naquirent à Rabbi Ya’akov, le Rav de Harimlov. L’aîné, Rabbi Yitz’hak, prit la place de son père Rabbi Ya’akov comme Rav de Harimlov. Le deuxième, Rabbi Na’houm, fut Rav de Dombrova. Et le troisième, Rabbi Douberish, fut Rav de Tchibin, et à la fin de sa vie, Roch Yéchivah de « ‘Hayé Olam » et « Kokhav Ya’akov » à Jérusalem.

Tous furent aimés, grands, saints, et s’efforcèrent toujours de faire la volonté de leur Créateur. Ils furent célèbres dans le monde pour leur intelligence et leur personnalité. Ils étaient nobles, avaient de belles qualités de caractère et une extraordinaire humilité. Le plus remarquable d’entre eux, plus grand que ses frères, fut Rabbi Na’houm, le Rav de Dombrova. Dombrova était une petite ville sans glorieux passé rabbinique, mais connue du monde entier parce qu’elle abritait le gaon Rabbi Na’houm. Qui parmi les juifs de Pologne n’avait pas entendu parler du Rav de Dombrova ?

Rabbi Na’houm est né à Harimlov en Galicie orientale en 5634 (1874). Dès sa petite enfance, il se fit remarquer comme un enfant prodige. Le gaon de Sokhotchov, Rabbi Avraham, imprima dans son livre Avnei Nezer une réponse remplie d’affection et d’admiration à Rabbi Na’houm quand il avait à peu près treize ans.

Chez Rabbi Na’houm, le génie était allié aux qualités les plus extraordinaires. Il aimait tout homme d’Israël et la souffrance du prochain le touchait au cœur. Il voulait toujours aider les autres et se comportait avec tout le monde avec politesse et finesse.

En 5650, alors que Rabbi Na’houm avait quinze ans, il arriva à Harimlov un incident qui bouleversa les habitants de la ville. L’un des riches avait un séfer Torah ancien qui avait été écrit par le saint Rabbi Aharon Leib de Premischlan, disciple du Ba’al Chem Tov. Le séfer Torah était important pour la ville, si important qu’on ne le faisait sortir de l’Arche pour y lire que deux fois dans l’année, à Yom Kippour et à Sim’hat Torah. Un jour on trouva quelque chose de douteux dans le séfer, et une question se posa sur sa validité. Ce fut une grande peine pour le riche qui le possédait, et pour les habitants de la ville qui étaient tristes et mélancoliques.

La chose toucha profondément le jeune Na’houm, qui avait quinze ans. Il se cacha dans sa chambre et écrivit une longue et profonde réponse pour montrer que d’après la halakhah, il y avait lieu d’estimer que le séfer Torah était valide. La réponse fut envoyée aux grands de la Torah, à Rabbi Yitz’hak Schmelkish, le Rav de Lvov, et à Rabbi Chalom Mordekhaï Schwadron, le Rav de Brejan. Ils estimèrent que Rabbi Na’houm avait raison, et ratifièrent sa décision, sans savoir que c’était un jeune homme de quinze ans qui avait éclairci la halakhah.

En 5657 mourut son grand-père, le père de sa mère, le gaon Rabbi Chabtaï HaCohen Rappoport, Rav de Dombrova, et on reçut immédiatement à sa place avec tous les honneurs son petit-fils le jeune Rabbi Na’houm, qui n’avait que vingt-trois ans. Il resta quarante-trois ans à ce poste, jusqu’au jour où les Nazis détruisirent la ville.

Rabbi Na’houm était très jeune quand il succéda à son grand-père, mais il se fit immédiatement aimer de sa communauté par sa Torah, sa sagesse et la bonté de son cœur. Les années passèrent, et il devint l’un des plus grands rabbanim de son temps, l’un des génies de la génération qui prenaient des décisions halakhiques en Israël. La petite ville devint un point de mire où arrivaient des milliers de personnes pour poser des questions et demander conseil. Il n’éluda jamais les questions difficiles. Il répondait à tout le monde à sa façon, avec gentillesse, bonne volonté et amour. De nombreuses communautés s’adressèrent à Rabbi Na’houm pour qu’il devienne leur Rav, mais il refusa. Il préféra rester dans la petite communauté à laquelle il était attaché de tout son cœur et de toute son âme.

Les soucis vinrent avec la célébrité. On s’adressait à lui de tous les coins du monde. Si un conflit éclatait à propos d’une rabbanout ou de quoi que ce soit d’autre, on s’adressait immédiatement au Rav de Dombrova.

En 5667 (1907) arrivèrent en Galicie des nouvelles de Jérusalem sur des désordres dans le « Collel de Galicie » pour les pauvres d’Erets Israël. On réunit une grande assemblée de rabbanim de Galicie, et Rabbi Na’houm fut choisi à l’unanimité pour aller en Erets Israël rétablir la situation. Avec beaucoup d’intelligence, il réussit avec une rapidité stupéfiante à tout remettre en ordre de la meilleure façon possible.

En Erets Israël, il fut accueilli avec de grands honneurs par les rabbanim et les grands du pays, et se lia en particulier avec le vieux gaon Rabbi Ya’akov David, le Ridbaz, qui était Rav de Safed. Il aida le Ridbaz dans sa lutte contre les autorisations qui avaient été données aux paysans d’Israël de vendre leurs champs aux Arabes pendant l’année de chemittah, ce qui leur permettait de travailler leurs terres. Il écrivit aussi une brochure intitulée « Michméret LéHabayit » qui fit grande impression dans le monde rabbinique en Erets Israël et à l’étranger.

Le Rav de Dombrova ne se contenta pas de clarifier l’interdiction de travailler pendant la chemittah. En rentrant chez lui, il s’empressa de ramasser de grosses sommes d’argent pour aider les paysans qui observaient la Chemittah, allant lui-même d’une ville à l’autre pour ramasser de l’argent dans ce but. Il disait : « Il est très facile d’interdire, mais nous devons veiller à ce que les juifs puissent observer l’interdiction et surmonter l’épreuve. »

Partout, son passage devint un événement important. Son apparition faisait grande impression. Son visage était rempli de charme et de lumière. Il dominait le peuple de toute sa stature. Il trouvait toujours le mot juste. Il ressentait dans son cœur la catastrophe qui s’approchait, et voyait le désespoir qui s’emparait des masses. Pendant ces jours-là, il parla beaucoup de la foi et de la confiance en Dieu. Il consolait les juifs et leur parlait au cœur. C’est ainsi que le gaon de Dombrova se préparait aux jours de l’Holocauste qui approchait.

Le 16 Elloul 5699 (1939), les Nazis entrèrent en Pologne. Dombrova fut conquise. Les Nazis s’abattirent sur les juifs de la ville, tuant, massacrant et torturant. Rabbi Na’houm fut obligé de s’enfuir. Après quarante-trois ans d’activité sur les lieux, il dut prendre son bâton de pèlerin. Il allait traverser la frontière soviétique, quand la police nazie frontalière le rattrapa, fouilla ses affaires, trouva ses tefilin et les jeta par terre. Sans crainte, Rabbi Na’houm les releva et les embrassa. Les maudits saisirent de nouveau les tefilin et les jetèrent à terre. Le Rav se tenait en silence, pâle comme de la craie, jusqu’à ce qu’on le renvoie de là par la force au-delà de la frontière russe.

Cet outrage envers la sainteté le toucha au cœur. Aucun son ne sortit de ses lèvres, mais quand il arriva dans la petite ville de Chiniouva, il rendit son âme pure à son Créateur. Rabbi Na’houm est mort d’apoplexie.

Ses fils, ses gendres, ses filles et ses brus furent tués et assassinés par les Nazis. Personne ne resta en vie. Les écrits du gaon, ses responsa, ses commentaires sur tout le Talmud, de Babylone et de Jérusalem, furent également perdus. Mais son image merveilleuse et rayonnante est restée vivante aux yeux de ses élèves et de ses nombreux admirateurs. Son nom brillera à jamais dans l’histoire des rabbanim d’Israël des dernières générations.

 

 
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