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Le Gaon Rabbi Shlomo Moutsafi

Le jeune Salomon Moutsafi était âgé de neuf ans lorsqu’il sortit furtivement de la maison de ses parents pour l’enterrement du géant de la génération, le père de la diaspora de Babylonie, Rabbeinou Yossef ‘Haïm, le « Ben Ich ‘Haï ».

Près des mottes de terre, il s’engagea à étudier la Torah avec assiduité et à se conduire avec piété et abstinence. Ses parents, constatant son comportement extrême, tentèrent de le modérer, mais il resta sur ses positions.

Sa biographie rapporte son extraordinaire persévérance à s’attacher aux livres saints, jour et nuit. Pour réussir à se réveiller pendant la nuit pour étudier, le jeune garçon attachait une corde à sa main qu’il reliait de l’autre côté au verrou de la porte. Ainsi, lorsque son père se levait au milieu de la nuit pour étudier et qu’il tirait la porte, sa main était tirée aussi et il se réveillait.

Au bout de deux semaines, ayant remarqué ce qu’il faisait, son père l’empêcha de continuer. Mais le jeune Salomon trouva une autre méthode : il attacha à sa main une corde qu’il fit passer par la fenêtre vers l’arrière de la maison. Puis il demanda à son compagnon d’étude de passer près de chez lui et de tirer la corde. Ainsi, ils se rendaient tous deux a la maison d’étude et y étudiaient secrètement, (et brillamment), jusqu’au lever du jour.

Il acquit la majorité de ses connaissances auprès du kabbaliste ‘Hakham Yéhouda Petayah. Après avoir fini de lui enseigner le Talmud avec les Arba Tourim, le ‘Hakham lui donna le livre ‘‘Ets ‘Haim’’ et lui demanda d’en étudier un chapitre chaque semaine, sur lequel il l’interrogerait le Chabbat suivant.

Il prétendit en vain qu’il était encore trop jeune, et dès lors, il ne quitta plus son Rav : ils se plongeaient ensemble dans l’étude classique, et secrètement, ils consacraient chaque jour quelques heures à l’approfondissement de la Torah cachée.

Lorsque son père tomba malade et que sa situation financière se dégrada notablement, Rabbi Salomon se mit à travailler comme aide du riche Mena’hem Daniel, membre du Sénat irakien et dirigeant de la communauté juive de Bagdad. Daniel, témoin de la réussite du ‘Hakham Salomon, lui réserva une pièce dans son bureau pour gérer sa comptabilité, et lui proposa de diriger ses affaires en-dehors du continent.

Rabbi Salomon apprit l’anglais, le turc et le français, puis il fut nommé directeur général et comptable principal, alors qu’il passait huit heures à étudier la Torah et huit heures à travailler au bureau. Il avait un mérite particulier, car en chaque début de mois il donnait un salaire complet au directeur de la yéchiva « Midrach Beit Zilka » pour un des avrekhim, sans que celui-ci sache d’où provenait la somme.

A la fin de l’année 5695, après s’être occupé du « Beit Mena’hem », il quitta Menah’em Daniel pour s’associer au ‘Hakham Yéhouda Petayah, qui s’était installé en Erets Israël un an auparavant.

Il refusa tous les cadeaux envoyés par le riche Mena’hem Daniel, car il ne voulait pas profiter d’une chose pour laquelle il n’avait fait aucun effort.

Il arriva qu’un jour, à Jérusalem, Rabbi Salomon soit emprisonné parce qu’il avait violé le couvre-feu. C’était dans la période où, sous le gouvernement britannique, les habitants vivaient dans la terreur constante entre un couvre-feu et le suivant, et il s’était rendu de chez lui à la synagogue en compagnie d’un élève, sans savoir qu’un couvre-feu avait été décrété sur la ville.

Tout à coup, une voiture de police britannique bondit dans leur direction. Les Anglais les arrêtèrent, et après un court interrogatoire, les emmenèrent au camp Chanler. Là-bas, Salomon trouva plus de trois cents prisonniers qui se tenaient dans un même enclos sans bouger.

« Est-il possible, s’écria-t-il, que vous restiez assis là à ne rien faire ? C’est une occasion unique de faire quelque chose ! » Immédiatement, il rassembla tout le monde et s’improvisa ministre-officiant : pendant trois heures, il leur fit la morale, et ils récitèrent des seli’hot, le tikoun ‘hatsot et des prières pour la paix du peuple d’Israël. Les officiers britanniques étaient interloqués par cette scène étrange de résidents du camp priant ensemble et se lamentant vers leur père céleste.

Dès la fin de la prière, les officiers s’empressèrent de libérer Salomon, ainsi qu’une grande partie des prisonniers, en s’exclamant : « Nous ne voulons plus de vous ici ! »

Une fois rentré chez lui, Rabbi Salomon confia à sa femme inquiète : « As-tu entendu ? Ce n’est pas en vain qu’on m’a arrêté aujourd’hui ! Le Ciel avait prévu que j’aille au camp Chanler. »

Vers minuit, un mardi de l’année 5735, après avoir récité, avec concentration comme à son habitude, la bénédiction « Chéhakol Nihya Bidvaro », il se coucha du côté droit, dit le Chéma et rendit son âme au Créateur avec sainteté et pureté.

 

 
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