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Rabbi Yehochoua Leib Diskin • le Rav de Brisk

Aux portes de la ville de Jérusalem, sur une belle montagne, se tient un bâtiment grand et imposant, qui abrite des enfants orphelins. Cette maison est connue sous le nom de Beith Hayétomim Diskin. Qui fut l’homme dont cette institution porte le nom ?

Il a fait énormément pour les enfants d’Israël en Erets-Israël et pour la colonie juive en terre sainte.

Notre maître Rabbi Yéhochoua Leib Diskin est né le 10 Kislev 5579, du gaon Rabbi Binyamin, qui fut Rav de Horodna, puis de la ville de Lomza.

Dès son enfance, Yéhochoua Leib était connu comme un enfant prodige, qui émerveillait tout son entourage par l’acuité de son intelligence, sa merveilleuse compréhension, sa force d’assiduité et sa crainte du Ciel. On raconte qu’il lui suffisait de regarder un petit peu un mur de briques pour pouvoir dire le nombre des briques. A neuf ans, il entendit raconter que son père était un tsaddik, alors il décida en son cœur de marcher sur les traces de son père le tsaddik, et il acquis ses belles qualités.

Quand il eut dix-huit ans, son père l’appela et lui dit : « Mon fils, aujourd’hui tu as dix-huit ans. Le moment est venu que tu prennes sur toi totalement le joug du royaume des Cieux ! » Ces paroles simples de son père pénétrèrent dans son cœur et y firent une impression puissante qu’il n’oublia plus jamais.

A l’âge de vingt-cinq ans, après le décès de son père, il fut appelé à le remplacer dans la ville de Lomza. Déjà alors, il était connu comme un génie extraordinaire, expert dans tous les domaines de la Torah. Tous les grands de la Torah l’appréciaient énormément.

Rabbi ‘Haïm Halévi Soloveitchik comptait quatre grands d’Israël qui rappelaient les Richonim, à savoir Rabbi Yéhochoua Leib Diskin, son père, Rabbi Yossef Dov Soloveitchik, le Malbim et Rabbi Israël de Salant (entendu de Rabbi Yossef Dov Soveitchik, le Rav de Boston).

Par nature, c’était un homme de vérité, très ferme dans ses opinions. Il ne se laissait pas impressionner par les riches ni les violents, et n’avait peur de personne. Le verset « Ne craignez personne » l’éclairait dans toutes ses démarches et sa façon de vivre.

En devenant Rav à Lomza, il apprit que l’un des membres de la communauté de la ville avait l’intention d’ouvrir sa boutique le Chabath, en vertu d’une permission qu’il s’était donnée à lui-même de le faire faire par un non-juif. Cet homme était très riche, très honoré et très tenace. Le Rav n’hésita pas un instant, se dépêcha de courir chez le riche et se mit à le réprimander.

« – Idiot, méchant, être grossier, tu veux donc profaner le saint Chabath ? – Notre maître, balbutia le riche, est-ce que j’ai déjà fait quelque chose ? – Quoi ! tonna le Rav fermement, est-ce que je vais attendre que tu profanes le nom de Dieu en public ? Je ne bougerai pas d’ici, cria-t-il de toute sa voix, jusqu’à ce que tu fasses un serment au Dieu d’Israël de ne pas ouvrir ta boutique le Chabath ! »

Au bout de peu de temps, le Rav fut renvoyé de la ville.

Il se mit alors à errer de ville en ville sans trouver de repos à son esprit tumultueux. Il fut Rav de villes grandes et importantes : Mezritch, Kovna, Chklov, et enfin Brisk (en Lituanie).

A Brisk non plus il ne trouva pas de repos. L’un des insolents de cette ville lui tendit un piège qui lui valut d’être emprisonné en Russie. L’avocat qui devait le défendre invita le Rav à venir discuter avec lui de son jugement. Ils parlèrent pendant plus de deux heures, et pendant tout ce temps-là Rabbi Yéhochoua Leib resta les yeux fermés. L’avocat, étonné, lui demanda pourquoi il ne le regardait pas.

C’est une halakhah, répondit le Rav, qu’il est interdit de regarder le visage d’un homme mauvais, et vous m’avez dit que vous n’observiez pas la Torah et les mitsvoth. L’avocat fut stupéfait et dit : « Je suis certain que le Rav est pur de toute faute et que l’accusation contre lui est mensongère. Un homme qui se conduit selon sa vérité sans se laisser impressionner même par celui dont dépend son jugement, il est clair pour moi qu’il ne peut faire aucun mal. »

Rabbi Yéhochoua Leib fut déclaré innocent, mais condamné à quitter le pays. Il se réjouit de ce verdict, qui lui permettait de réaliser son idéal en partant pour Erets-Israël.

En 5638, notre maître arriva aux portes de Jérusalem. Tous les grands de Jérusalem l’accueillirent avec des honneurs considérables, et dirent de lui : un lion est arrivé de Babylone.

Il resta à Jérusalem pendant vingt et un ans. Il fonda la yéchivah « Ohel Moché » et y donna des cours merveilleux, et fixa également des cours avec des personnalités exceptionnelles sur le traité Zeraïm, le lois qui dépendent de la terre. On travaillait avec beaucoup de profondeur, au point qu’en un mois entier on n’arrivait à étudier qu’un seul chapitre.

Ses disciples ont raconté que lorsqu’ils avaient parfois des difficultés à comprendre le texte de Rabbi Ovadia de Bartenora (un commentateur de la Michnah, parmi les pionniers de l’installation en Erets-Israël au XVIème siècle), le Rav de Brisk avait l’habitude de dire : « Nous sommes obligés d’expliquer les paroles du Rav dans ces halakhoth, car il était à Jérusalem comme le Rav du lieu. » Au moment de la sécheresse à Jérusalem, il envoya un minyan de talmidei ‘hakhamim prier sur la tombe de Rabbi Ovadia de Bartenora sur les pentes du mont des Oliviers (tiré du livre « Bétouv Yérouchalayim »).

Le Rav aida beaucoup ceux qui construisirent les premières colonies en Erets-Israël. En 5541, ayant appris que le village de Peta’h Tikva allait être détruit, il soutint de toutes ses forces ceux qui s’y installaient. Grâce à son aide, le village se développa et devint une grande ville.

Le Rav de Brisk était un tsaddik d’une grande hauteur, dont les moindres gestes étaient fondés sur la halakhah. Il était attentif à tout ce qui concerne la religion, comme l’observance du Chabath, la cacherouth et la che’hitah, l’éducation et la pudeur.

Son influence sur le grand public était très grande, Dieu le faisait réussir dans toutes ses voies et toutes ses actions, et jamais il ne fut la cause de quelque chose qui n’était pas correct.

On raconte qu’une fois, il écrivait chez lui un acte de divorce. Tout à coup, il s’arrêta d’écrire. Le lendemain, on s’aperçut que la femme avait menti, que cet homme n’était pas son mari, mais qu’elle l’avait amené à la place de son mari. Sa famille lui demanda : « Le Rav ne croit pas au miracle, mais y a-t-il un miracle plus grand que cela ? »

Il répondit : « Ce n’est pas un miracle, mais l’intelligence que Dieu a donnée à l’homme de pouvoir déduire une chose d’une autre. Le couple qui est venu pour divorcer avait un petit chien. Au moment de l’écriture, j’ai vu que le chien allait et venait de l’homme à la femme. Je me suis étonné ! Comment est-il possible que le chien soit familier avec les deux ? Ils se sont certainement séparés avant le divorce parce qu’ils ne s’entendaient pas, et le chien est resté chez l’un d’eux. Si le chien était chez elle, pourquoi court-il vers lui, et si c’est son chien à lui, pourquoi vient-il vers elle ? J’en ai déduit qu’ils mentaient. J’ai compris qu’il n’était pas son mari, qu’il n’y avait aucun désaccord entre eux, et que le chien était familier avec les deux, c’est pourquoi j’ai arrêté d’écrire l’acte de divorce. Ensuite il s’est avéré que mes soupçons étaient fondés. »

Son disciple Rabbi Zera’h Braverman raconte : « Un jour, mon maître m’a envoyé à l’un des grands de Jérusalem pour lui faire des remontrances en son nom. » Comme Rabbi Zera’h était un tsaddik, il lui était difficile de le faire. Le Rav de Brisk, ayant appris que son disciple hésitait à y aller, se leva, lui prit la main et le conduisit au tiroir de sa table, qu’il ouvrit devant lui, et il lui montra des livres de moussar qu’il étudiait tous les jours. Il lui donna à comprendre qu’il ne devait pas croire qu’il faisait même la plus petite chose sans bien la peser, et que cette fois-ci aussi il avait bien pesé la démarche dont il l’avait chargé.

Mais c’est dans l’éducation qu’il investit toutes ses forces. Il tenait absolument à ce qu’on n’y introduise aucune modification, et qu’aucune culture étrangère ne pénètre dans les écoles. Quand il apprit que la mission anglaise volait des âmes d’Israël, et surtout des enfants pauvres et affamés, il fonda une institution pour ces enfants délaissés, et c’est l’abri des orphelins qui s’appelle Beith HaYétomim Diskin jusqu’à aujourd’hui.

Rabbi Yéhochoua Leib vécut longtemps. A l’issue du Chabath, le soir du 29 Tévet 5658, la flamme perpétuelle du grand Beith Midrach de Lomza s’éteignit, et au même moment, son âme pure le quitta à Jérusalem.

 

 
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