Chabbat Chouva : Une influence sur toute l’année

Dans nos sources, on peut lire différents appels au repentir (Hochéa 14:2-3) : « Reviens Israël jusqu’à l’Eternel ton D. (…) Munissez-vous de paroles et revenez au Seigneur ! » Et encore (Devarim 30:2) : « tu reviendras vers l’Eternel ton D. »

Or, nous savons que la période la plus appropriée à la techouva et à la prière est celle des dix Jours de repentir, dont le Chabbat Chouva est le point culminant. En effet, la sainteté du Chabbat renforce la foi de l’homme, racine de la techouva et, à ce titre, le Chabbat Chouva est un jour d’introspection et de repentir. Si l’homme jouit habituellement le Chabbat des délices propres à ce jour, le Chabbat Chouva est dévolu à la techouva, à la remise en cause personnelle.

Pourtant, on peut se demander en quoi les dix Jours de techouva sont particuliers. Ne peut-on se repentir tout au long de l’année ? En outre, en quoi le Chabbat Chouva est-il supérieur à tous les autres Chabbat de l’année qui, eux aussi, peuvent être consacrés à la techouva ? En résumé, quelle est la spécificité de cette période, répondant au principe : « Cherchez le Seigneur pendant qu’Il est accessible » (Yechayahou 55:6) ?

De plus, pourquoi l’insistance de la formule : « revenez jusqu’à l’Eternel » ? Lorsqu’un Juif se repent, il est évident que sa techouva atteint jusqu’au trône de gloire (Yoma 86b), car les portes des larmes et de la techouva n’ont jamais été closes et restent ouvertes pour l’éternité (Berakhot 32b ; Cho’her Tov 65:4a ; Zohar I 132b). Pourquoi donc souligner l’évidence ?

On peut par ailleurs s’interroger sur le sens, apparemment imprécis, du verset : « Armez-vous de paroles ». De quoi l’homme doit-il s’armer pour se repentir ?

Une autre question se pose également sur le premier jour de l’année. A Roch Hachana, le Maître du monde demande aux enfants d’Israël (Roch Hachana 16a) : « Récitez devant Moi les malkhouyot (passages de la prière de Roch Hachana évoquant la Royauté divine) afin d’établir Mon règne sur vous ». Autrement dit, au jour du jugement, les enfants d’Israël couronnent le Créateur, proclamant Son règne absolu.

Toutefois, nous mentionnons le règne divin tout au long de l’année, au quotidien, notamment à travers les cent bénédictions journalières instituées par nos Sages (Mena’hot 43b). En effet, toutes les bénédictions débutent par la tournure : « Béni sois-tu Eternel, Roi du monde ». Nous proclamons la souveraineté de D. toute l’année, pourquoi le faire plus particulièrement à Roch Hachana ?

De fait, l’établissement du règne divin autour du calendrier dépend du couronnement de Roch Hachana, dont il est la prolongation.

Tel est en vérité le sens de l’ordre divin : « Récitez devant Moi les malkhouyot [à Roch Hachana] afin d’établir Mon règne sur vous [tout au long de l’année] ». Le sacre du Créateur caractérisant le jour du jugement s’ancre ainsi en nous de façon durable.

De même, la sonnerie du Chofar à Roch Hachana nous marque pour toute l’année, comme il est écrit (Chemot 19:19) : « Le son du Chofar allait en s’amplifiant, Moché parlait et l’Eternel lui répondait par un son. » En d’autres termes, le son du Chofar pénètre le cœur de chaque Juif – dont Moché est le représentant –, qui peut alors prononcer des paroles de Torah et éviter de commettre une faute. Face à l’effort divin – la parole de Moché –, D. répond, soutenant l’homme dans sa démarche, d’après le principe : « Qui vient se purifier est aidé d’en Haut » (Chabbat 104a ; Yoma 38b) et conformément à la promesse divine : « Ouvrez-Moi une brèche de la largeur d’un chas d’aiguille et Je vous ouvrirai une porte assez large pour laisser pénétrer des chars. »

Ce principe s’applique également à la techouva : lorsque l’homme se repent lors des dix Jours de techouva, cet élan se prolonge et a un impact sur toute l’année.

De même, lorsqu’un homme fait techouva au cours du Chabbat Chouva, situé entre Roch Hachana et Yom Kippour, en faisant l’effort particulier de se remettre en question et de s’amender, tous les Chabbat de l’année en sont influencés. Ainsi, toute l’année est-elle marquée du sceau de la techouva des dix Jours de repentir, et notamment du Chabbat Chouva.

A ce titre, le Chabbat est particulièrement prédisposé à la techouva, à laquelle il pousse l’homme. Ainsi, Adam Harichon, après avoir commis une faute, se repentit au cours du premier Chabbat (Beréchit Rabba 22:28), qu’il exalta à travers son « Cantique, chant pour le jour du Chabbat » (psaume 92). Il décida alors de se séparer de sa femme pendant cent trente ans (Erouvin 18b). Ainsi, le Chabbat suscite-t-il la techouva tout au long de l’année, le pouvoir du Chabbat Chouva étant à cet égard démultiplié.

Pour répondre à nos questions posées d’entrée de jeu, il est certes possible de se repentir tout au long de l’année, les portes des larmes et de la techouva n’ayant jamais été closes (Ekha Rabba 3:15). En outre, comme le disent nos Sages (ibid. ; Yalkout Chimoni Tehilim §789) : « Pourquoi la techouva est-elle comparée à la mer ? Parce que de même que la mer est toujours ouverte, les portes de la techouva le sont constamment. »

Toutefois, cette démarche de techouva demande un très gros investissement personnel, et l’homme doit généralement y parvenir seul. Une exception : la période de techouva, au cours de laquelle l’homme bénéficie dans ce travail de l’aide divine. Car celle-ci est particulièrement propice à la techouva, outre le fait qu’elle a une influence sur toute l’année. De même que Rabbi affirme, relativement à Yom Kippour que l’essence de ce jour apporte l’expiation, ces jours sont par essence favorables au repentir.

Servir D. sans questions

A la lumière de ces explications, nous pouvons à présent comprendre le sens de l’appel : « reviens Israël jusqu’à l’Eternel ton D. » et : « munissez-vous de paroles » (Hochéa 14:2-3).

Le terme ad (jusqu’à) a la même valeur numérique que lama (« pourquoi »). Cela nous donne une indication fondamentale quant à la teneur de la techouva, qui doit essentiellement porter sur toutes ces interrogations déplacées, sur toutes ces récriminations, petites ou grandes, masquées par des « pourquoi ». « Pourquoi D. m’a-t-Il fait cela ? » Car tous ces points d’interrogations, toutes ces questions – ou remises en question – du comportement divin sont à la source de nombreuses fautes et peuvent même mener à l’apostasie, et c’est sur ce point que doit se concentrer notre repentir.

Cela permet aussi de répondre à la question de savoir pourquoi les justes doivent aussi faire techouva. On pourrait croire que les grands justes, en particulier, n’ont aucune faute à se reprocher et ne pas comprendre sur quoi porterait leur techouva.

On pourrait répondre, pour aller dans le sens de la Guemara (Chevouot 39a ; Sanhedrin 27b) que le peuple juif est solidaire et forme une seule entité, toutes les âmes étant liées les unes aux autres. Dès lors, quand un Juif faute, le tsaddik doit aussi se repentir car, comme l’explique aussi le Rachach, la racine de son âme est liée à celle du fauteur.

Mais, sans aller jusque là, on peut tout simplement avancer que le tsaddik peut lui aussi se rendre coupable de fautes infimes : « Il n’est de juste sur terre qui fasse le bien sans jamais faillir. » (Kohélèt 7:20) Aussi l’appel à la techouva s’adresse-t-il aussi aux justes, qui, fût-ce pour d’infimes manquements, sont soumis à cette obligation au même titre que tous les autres Juifs.

Plus même, nos Maîtres vont jusqu’à affirmer que si le Tout-Puissant jugeait les justes rigoureusement, ils ne pourraient faire face à un tel jugement et aux reproches qu’ils mériteraient. C’est ce que l’on dit au sujet des Patriarches, et cela s’applique donc certainement à tous les justes.

Or, si les justes doivent se repentir, combien à plus forte raison cela nous incombe-t-il à notre piètre niveau. Naturellement, l’homme a tendance à demander « pourquoi » : « Pourquoi de telles souffrances s’abattent-elles sur moi ? », « Pourquoi ai-je de tels problèmes financiers ? », « Pourquoi est-ce que je faute ? », « Pourquoi D. m’envoie-t-Il de si lourdes punitions ? » Quand ses questions ne portent pas sur ses propres maux, l’homme s’interroge sur les souffrances d’autrui : « Pourquoi cet érudit, qui craint tellement D., subit-il de tels tourments ? » Chacun, à son niveau, peut poser des questions sans fin.

Or, souvent, ces questions émanent d’un sentiment de découragement, bien loin d’une véritable réflexion sur la justice divine, infaillible : « Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même » (Devarim 32:4). Le Tout-Puissant est caractérisé par la Justice et la Vérité, et c’est pourquoi Il est qualifié de « Juge de Vérité ».

De ce fait, « si l’homme se voit accablé de souffrances, qu’il examine ses actions », expliquent nos Maîtres (Berakhot 5a). Par l’introspection, l’homme doit parvenir à trouver et comprendre la racine de ses maux, se repentir et cesser de poser ses questions, en un mot, arrêter de se plaindre et de récriminer.

Car ce petit jeu des questions est très risqué. En effet, l’homme reste parfois avec ces interrogations sur le cœur. Or, tant qu’il n’a pas trouvé de réponse à sa question, d’explication, il conserve des doutes et peut en arriver à remettre en question la parfaite justice divine, en disant, à D. ne plaise : « Il n’est ni justice ni juge » (Yoma 72a). De là, « une faute en entraînant une autre » (Avot 4:2 ; Tan’houma Tetsé 1), l’homme se dégrade de plus en plus sans s’en apercevoir. Or, tout a commencé avec un petit « pourquoi », oublié par la suite.

Car tel est le stratagème du mauvais penchant : il fait oublier à l’homme ses fautes et lui suggère aussitôt : « Accomplis telle mitsva et tu arrangeras tout ». L’homme pense alors avoir vraiment réparé ses erreurs quand ce n’est pas le cas : tant qu’il n’a pas déraciné sa faute initiale, elle subsiste.

Même un homme juste et droit, s’il lui est arrivé de commettre un soupçon de faute ou ce qui n’en est peut-être même pas une, n’est pas à l’abri de ce type de questions-griefs. Et c’est ainsi que d’une ombre de faute, il peut en arriver, de faute en faute, à de très graves péchés, jusqu’à ce que la mesure soit comble. Et pourtant, il n’en est pas conscient et pense qu’il est resté un très grand juste, un homme plein de crainte du Ciel.

Donnons un exemple. Un tsaddik se lève tôt le matin pour la prière et, en chemin vers la synagogue, la pluie se met à tomber et il est vite trempé jusqu’aux os. Il se demande alors : « Pourquoi est-ce juste maintenant qu’il pleut ? » Mais il continue sa route et parvient enfin au lieu de prières, mouillé de la tête aux pieds. Là, il se met à étudier et à prier.

A première vue, il ne semble pas qu’il ait commis une faute mais, si l’on y regarde de plus près, il est coupable d’une faute infime, de s’être demandé pourquoi il pleuvait au moment précis où il se rendait à la synagogue. D’une certaine manière, il a remis en question la justice divine. Il aurait dû immédiatement réaliser que, si la pluie se mettait à tomber à cet instant précis et qu’il était ainsi trempé, même si elle lui échappait, il devait y avoir une bonne raison, car D. ne laisse rien au hasard. Comme le dit le plus sage des hommes (Michlé 11:31) : « Voyez, le juste obtient le prix [de ses œuvres] sur terre : combien plus encore l’impie et le pécheur ! »

Ainsi, l’homme oublie toutes ces petites pensées, il ne les regrette pas et ne prend la peine de comprendre en quoi il n’a obtenu que ce qu’il a mérité. Il reste donc dans cet esprit contestataire, même s’il n’a pas consciemment l’intention de récriminer contre D.

Cette tendance n’épargne pas plus les tsaddikim que les personnes les plus simples. « Pourquoi est-ce que je suis tombé ? », « Pourquoi mon habit s’est-il déchiré ? », « Pourquoi est-ce que j’ai mal partout ? »… autant de questions qu’on est souvent amené à se poser, autant de doléances, autant de doutes qui s’infiltrent insidieusement dans notre esprit et peuvent finalement nous amener à l’apostasie, à prétendre, à D. ne plaise, que le jugement de D. n’est pas juste.

De ce fait, il est interdit de poser des questions de ce type, mais il faut croire que D. dirige le cours des évènements pour le bien individuel, car « n’est-ce pas de la bouche de l’Eternel qu’émanent les maux et le bien ? » (Ekha 3:38) Il faut d’ailleurs bénir pour le mal comme pour le bien (Berakhot 54a).

Ne pas se plaindre, mais toujours dire : « Ça aussi est pour le bien » (Taanit 21a ; Sanhedrin 28b), tel doit être notre mot d’ordre. Nous devons réaliser que « tout ce que le Miséricordieux fait, Il le fait pour le bien » (Berakhot 60b), et ne pas demander pourquoi, pour ne pas en arriver à se plaindre. Il faut donc développer une conscience aiguë que tout vient de D., sans laisser la moindre place au hasard.

Nous voyons dans la Torah que même Moché Rabbénou en arriva à se poser des questions. « Pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi m’as-Tu envoyé ? » (Chemot 5:22), demanda-t-il ainsi. Ces préoccupations étaient en fait un effet de sa grande miséricorde face aux souffrances de ses frères, trait de caractère témoigné même vis-à-vis du bétail (cf. Chemot Rabba 2:2), lui valant ainsi ce rôle de berger.

On comprend certes que de pures intentions sous-tendaient ces doléances de Moché, mais néanmoins, du fait qu’il ne rectifia pas le tir, il fut immédiatement puni, et D. lui dit (ibid. 6:1) : « Maintenant tu verras ce que Je ferai à Paro (…) ». « Tu verras, ce qui va arriver maintenant à Paro, mais tu ne verras pas ce qui arrivera aux rois des sept nations lorsque Je conduirai Israël sur sa terre », sous-entendait-Il, nous explique Rachi, Guemara à l’appui (Sanhedrin 111a). Cet épisode nous démontre clairement, si preuve en était, que le fait de demander « pourquoi » est en soi une faute, en cela qu’on remet en question la conduite du Créateur.

En vérité, les fautes trouvent leur racine dans ce sentiment de mécontentement, dans ces plaintes sur chaque chose, petite ou grande, griefs qui amènent à renier D. et à de très graves fautes.

Pour cette raison, le prophète nous lance l’appel : « Reviens Israël jusqu’à l’Eternel ton D. » – le terme « jusqu’à » étant de même valeur que le mot « pourquoi ». Autrement dit, il faut dans un premier temps se repentir de toutes les questions et doléances, conscientes ou non, exprimées à l’égard de D. Car même si on ne perçoit pas la contestation implicite, cela peut amener à des fautes encore plus graves.

Dans un deuxième temps, « munissez-vous de paroles ». En d’autres termes, il faut fournir des réponses à toutes ces questions et revenir à D. En effet, la techouva est, d’un point de vue sémantique, double : il s’agit tant d’une réponse, d’une solution, que du repentir à proprement parler. Car lorsqu’on donne des réponses à toutes ces interrogations, on peut vraiment revenir à D. et se rapprocher de Lui et s’y attacher. A ce stade, il n’y a plus de questions, plus de griefs.

Une ouverture pour ceux qui souhaitent se repentir

En allant plus avant, nous allons tenter de comprendre pourquoi cet appel à la techouva fut lancé précisément par le prophète Hochéa. Comme nous le savons, il était un descendant de Reouven, fils de Yaakov, l’un des premiers repentis de l’Histoire. Comme l’affirment nos Sages (Beréchit Rabba 82:12), « Reouven est l’aîné de la techouva. » En effet, il s’était demandé pourquoi son père avait déplacé sa couche dans la tente de Bilha (cf. Chabbat 55b) et avait voulu, pour l’honneur de sa mère, remédier à la situation. Comme l’expliquent les commentateurs, à la tête desquels le Targoum Yonathan, il se rendit ainsi coupable d’une très légère faute.

Il aspirait certes à défendre l’honneur de Léa, sa mère, mais cependant eut tort, comme le fit remarquer son père (Beréchit 49:4) : « impétueux comme l’onde, tu as perdu ta noblesse ». Or, quel est le point de départ de cette déchéance, qui lui fit perdre ses prérogatives d’aîné ? Le fait d’avoir, à tort, posé des questions, exprimant ainsi ses griefs.

Cependant, du fait qu’il regretta sa faute, eut le courage de la reconnaître (Sota 7b), se couvrit de cendre et d’un cilice, se mortifia et se repentit (Beréchit Rabba 84:18 ; Bamidbar Rabba 13:17), il eut le mérite que son petit-fils, Hochéa, lance le premier appel à la techouva.

En outre, ce prophète exprima avec force l’idée que nous n’avons pas de questions à poser sur D., méritant, ainsi qu’en témoignent nos Maîtres (Pessa’him 87a), d’être le premier et le plus grand des quatre prophètes qui vécurent à son époque.

Pourtant, dans ses Psaumes (22:2), David Hamelekh a « l’audace » de demander : « Mon D., mon D., pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Pourquoi ce roi ne fut-il pas lui aussi puni ?

En approfondissant ce verset, la réponse apparaît de façon évidente. Le doux chantre d’Israël nous éclaire la voie à suivre, nous montre l’état d’esprit à avoir. En effet, même s’il ne comprenait pas, même s’il demande « pourquoi ? » ; il précède l’interrogation de l’appel « Mon D., mon D. », signifiant ainsi : « Même si cela m’est difficile, même ainsi, je sais que tout vient de D. à Qui je reste lié ». La réponse à sa question est donc sous-entendue d’emblée, dès l’introduction de celle-ci, tout vient de D. et on ne saurait remettre en cause Sa conduite.

Si tout homme acceptait toujours ses souffrances sans poser de questions, sans protester, il n’en arriverait pas à commettre une faute. Mais, du fait que l’homme est habitué à poser des questions, il risque de porter atteinte à sa foi en D., et c’est pourquoi il lui faut avant tout réparer ces questions qu’il a pu oublier et savoir, à l’instar de David Hamelekh, que tout vient de D. Tel est le secret du repentir et de la proximité retrouvée vis-à-vis de D.

Cela posé, le verset (Devarim 30:6) : « Et l’Eternel ton D. circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance », prend un nouveau sens. On notera ainsi que le verbe oumal (« et Il circoncira ») a la même valeur numérique que le fameux lama (pourquoi). C’est-à-dire que si l’homme aspire à se repentir de ses questions, D. l’aide – « Celui qui désire se purifier est aidé d’en-Haut » (Chabbat 104a ; Yoma 38b) –, lui fournit des réponses à toutes ses interrogations, et il peut ainsi se repentir de façon absolue.

De façon générale, il faut savoir que tout vient de D., dont la justice est parfaite. Le ‘Hazon Ich reçut un jour un visiteur abondant en questions sur la Shoah : pourquoi était-elle arrivée ?... Le Rav Karelits lui répondit par une métaphore : « Celui qui n’est pas spécialiste en couture ne peut comprendre le travail du tailleur. Lorsqu’il voit comment celui-ci coupe un tissu en morceaux, il pense avoir affaire à un fou, en train de réduire en pièces son ouvrage. Et pourtant, il devrait comprendre que de ces pièces sortira un nouvel habit. De même, nous devons être persuadés que toute la conduite de D. est juste et parfaite, et que Ses comptes et actes nous échappent complètement. Si nous avions la possibilité de les comprendre, nous percevrions combien tout est juste.

Ainsi, à l’époque de la Meguila d’Esther, lorsque celle-ci, parmi les autres jeunes filles, fut conduite de force dans le palais royal, tous pensèrent certainement qu’un bien dur décret s’abattait sur eux et durent se poser bien des questions. Mais la suite des évènements démontra clairement que tout est pour le bien et que D. avait ainsi dirigé le cours des évènements pour sauver son peuple de Haman l’impie.

De même, un Rav avait perdu une jeune enfant. En proie à une intense douleur, il se rendit chez le Rabbi de Kotsk, restant muet devant ce Saint. Celui-ci l’interrogea aussitôt sur le sens d’un passage de Guemara, et le Rav de lui répondre. « Pourtant, si l’on admet que c’est là le sens de ce passage, comment comprendre tel passage de Tossefot ? », continua le grand Maître. Et le Rav s’efforça une fois de plus de trouver une explication logique qui résolve la contradiction. Et ainsi, de fil en aiguille, le Rav parvint à trouver réponse à toutes les questions de son maître. Ce dernier s’interrompit alors et lui dit à brûle-pourpoint : « S’il en est ainsi, si tout s’explique et tout est juste, les décisions de D. aussi le sont et nous n’avons rien à y redire. » Le Rav endeuillé se pénétra du profond message de ces mots et éprouva un sentiment de consolation.

A nos doutes et questions, D. a des réponses et des explications toute prêtes, rendant ainsi possible une techouva absolue. Or, le moment privilégié pour percevoir ces réponses est celui des dix Jours de repentir, et plus particulièrement du Chabbat Chouva, catalyseur du repentir de toute l’année.

Résumé

 •En quoi la période des dix Jours de repentir, au nombre desquels le Chabbat Chouva, est-elle si particulièrement adaptée à la techouva ? Que signifient « reviens Israël, jusqu’à l’Eternel ton D. » et « munissez-vous de paroles » ? A Roch Hachana, nous récitons les malkhouyot pour pouvoir couronner le Créateur toute l’année, car ce jour, et le son du Chofar qui y résonne ont un impact sur toute l’année. Ensuite, les dix Jours de techouva, et notamment le Chabbat Chouva ont une influence permettant de se repentir toute l’année, car les portes du repentir ne sont jamais closes.

 •« Reviens, Israël, jusqu’à (ad) l’Eternel ton D. » Le terme ad a la même valeur numérique que lama (pourquoi), pour souligner que les fautes proviennent toutes de questions et de doutes, faute infime que l’on a pu parfois reprocher même à des justes. Or, le plus léger péché peut mener aux plus lourdes transgressions. Toutes ces questions découlent de l’absence de techouva, sous l’effet du mauvais penchant. Cependant, il faut savoir que tous ces points d’interrogation débouchent irrémédiablement sur l’apostasie, quel que soit notre niveau de départ. De ce fait, il faut répondre à ces questions d’une part, et cesser d’en poser de l’autre, car tout vient de D. Tel est le sens de l’impératif : « munissez-vous de paroles », autrement dit, ne pas récriminer mais trouver des réponses à nos questions, se persuader que tout est pour le bien et se repentir.

 •Nous avons vu que même Moché Rabbénou fut puni lorsqu’il osa dire : « Pourquoi as-Tu fait du mal ? » Si David Hamelekh demanda : « Pourquoi m’as-Tu abandonné », il introduisit sa question d’un « Mon D., mon D. », démontrant ainsi sa foi en D., sa conscience que tout vient de Lui. Dès lors, il pouvait se repentir et prétendre à l’assistance divine – « Et l’Eternel ton D. circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance ». Nous avons rapporté l’exemple du ‘Hazon Ich et du Rabbi de Kotsk, qui répondirent à ceux qui demandaient « pourquoi ? ». Ils soulignèrent que tout vient de D. et que Sa justice est parfaite. L’homme qui se repent de toutes ces questions et y répond pourra aisément se rapprocher de D. et y adhérer. Le moteur de cette « révolution » : les dix Jours de techouva et leur point d’orgue : Chabbat Chouva, dont l’influence se ressent toute l’année.

 

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