La techouva, un don du Ciel
« Reviens Israël jusqu’à l’Eternel ton D., car tu as trébuché dans ta faute ! »
(Hochéa 14:2)
Dans nos sources, la grandeur et la spécificité de la techouva sont largement mises en avant. Cadeau de choix, elle émane directement de la Bonté et de la Miséricorde divines, en faisant fi de toute logique.
Rabbénou Yona, l’un des plus grands spécialistes dans ce domaine, introduit ainsi son Chaaré Techouva par l’éloge du repentir : « L’une des bontés du Créateur envers Ses créatures consiste à leur avoir aménagé une voie pour s’élever de la tourbe de leurs actes et de la trappe de leurs péchés pour sauver leurs âmes de l’abîme et se soustraire à Sa colère. Dans Sa grande bonté et Sa droiture, Il leur a enseigné et souligné l’importance de revenir à Lui, sachant qu’ils commettraient une faute à Son encontre. Car Il connaissait leur penchant, comme il est dit (Tehilim 25:8) : “L’Eternel est bon et droit, aussi montre-t-Il aux pécheurs le [droit] chemin.” Même si ceux-ci ont péché sans vergogne et se sont rebellés, même s’ils se sont rendus coupables de trahison, Il ne leur ferme pas les portes de la techouva, comme il est dit : “Enfants d’Israël, revenez à Celui dont vous êtes si profondément séparés !” (Yechaya 31:6) et (Yirmyahou 3:22): “Revenez, enfants rebelles ! Je guérirai vos égarements.” »
Le Messilat Yecharim approfondit également ce concept. Il explique en substance que, d’après la stricte justice, le fauteur devrait être puni aussitôt après avoir commis une faute sans aucun délai, outre le fait que le châtiment en soi devrait laisser libre cours à la fureur divine, comme le mériterait quiconque contrevient à la parole divine. Plus même, le péché devrait être irréparable, car comment l’homme pourrait-il redresser ce qu’il a tordu, lorsque le mal est déjà fait ? L’un a tué, l’autre a commis l’adultère, poursuit ce grand Maître. Comment réparer l’irréparable ? Peut-il rayer le mal de la réalité ? Pourtant, l’attribut de Miséricorde est déterminant, permettant que soit donné au pécheur un temps de latence, qu’il ne soit pas exterminé aussitôt après avoir péché, que la punition elle-même n’aille pas jusqu’au bout et que, par bonté absolue, la possibilité de techouva soit donnée aux pécheurs. A telle enseigne que l’éradication de la volonté soit considérée comme l’annulation de l’acte, bonté qui, conclut le Messilat Yecharim, dépasse de loin le cadre de la stricte justice.
Dans le même esprit, penchons-nous sur cet autre enseignement de nos Maîtres (Yerouchalmi Maccot 2:6) : « On a demandé à la Sagesse : “Quelle est la punition du fauteur ?” “Les fauteurs, le mal les poursuit”, a-t-elle répondu. “Quelle est la punition du fauteur ?” a-t-on ensuite demandé à la Prophétie. Sentence impitoyable : “La personne qui faute doit mourir.” A la même question, la Torah a choisi de répondre : “Qu’il apporte un sacrifice et il sera absous.” Enfin, comme on pourrait s’y attendre, le Saint béni soit-Il affirma : “Qu’il fasse techouva et il sera absous.” » Nos Sages voient une allusion à cette opportunité dans l’affirmation (Tehilim 36:7) : « Aux hommes et aux bêtes Tu es secourable, Eternel ! » C’est dire que, dans Sa grande miséricorde, le Saint béni soit-Il Se contente de la techouva du fauteur, le sauvant, ainsi que l’animal destiné au sacrifice, de la mort.
Le Hadrakha Yechara, se basant sur une analyse du ‘Hida, rapporte cette célèbre question, qui préoccupe déjà les premiers Maîtres : comment la techouva peut-elle être efficace, alors que l’on sait qu’une simple pensée dans le cœur peut déjà être suffisante ? C’est ce que semble indiquer un passage de Guemara (Kiddouchin 49b), qui cherche à décider de la validité d’un mariage accepté par une femme à condition que l’époux, soit comme il l’a promis, tsaddik. Même s’il ne tient pas parole, le mariage ne peut être annulé, car il était alors peut-être habité par des pensées de techouva. En d’autres termes, lorsque l’homme prend la résolution de modifier son comportement, c’est déjà une techouva. De même, un aveu oral peut rendre une démarche de techouva effective. Donc, à priori, si l’homme trébuche en paroles ou en pensée, ces égarements peuvent être corrigés par une intention de repentir ou un aveu. Mais, comment, lorsqu’il a commis une faute en actes, une bonne pensée pourrait-elle suffire pour annuler la faute ?
C’est justement ce qui fait la grandeur de la techouva, de laquelle nos Maîtres n’ont laissé de s’émerveiller (cf. Berakhot 34b) : « A la place où les repentis se tiennent, les justes parfaits ne peuvent accéder. » Comment est-ce possible ? L’homme peut certes réparer ses actes et se repentir complètement, mais de là à dépasser le juste parfait ?!
La réponse est me semble-t-il qu’en nous donnant la techouva, D. nous a fait un cadeau inestimable. Plus même, il a ajouté à ce don un bonus extraordinaire : le fait que la techouva, même par une simple pensée, reste toujours efficace.
Et pour cause : le mauvais penchant redoute à l’extrême que l’homme ne se réveille de l’insouciance dans laquelle il est plongé et décide de se repentir. Lorsqu’il découvre la plus petite étincelle de pureté dans le cœur de celui-ci, il se met sans retard à le combattre de toutes ses forces afin de le détourner de la voie du repentir. Alors que fait D., au même moment pour soutenir l’homme dans sa démarche ? Il s’empresse d’accepter ces étincelles de techouva qui ont commencé à s’élever dans le cœur de l’homme, même s’il ne s’agit que d’une vague pensée et que le repentir n’a pas encore été mené à bien. Il décide de considérer cet embryon de techouva comme un véritable repentir. Lorsque le Satan constate que le repentir du fauteur – même en pensée – a été agréé, il baisse les bras et délaisse sa victime, conscient que, dès l’instant où le Saint béni soit-Il a accepté sa techouva, Il aidera cette personne et lui fournira une énergie considérable pour s’élever encore davantage et franchir un nouveau palier dans sa techouva. C’est ainsi qu’en partant d’une pensée de techouva, il parviendra aussi à un repentir effectif – l’amendement et l’amélioration de ses actes. Le Satan sait alors que tout effort pour convaincre cet homme de pécher est alors superflu et voué à l’échec, car celui-ci ne se laissera pas entraîner dans ses mailles et ne l’écoutera pas, du fait de l’assistance divine dont il jouit. Ce soutien est l’effet d’une extraordinaire Bonté divine afin de lui permettre de se débarrasser du mauvais penchant et d’empêcher ce dernier d’entraver cette techouva naissante. Puissions-nous tous avoir le mérite de nous réveiller et de revenir à D. ! Puisse naître en nous la volonté de nous améliorer et de redresser nos actes et puisse le Très-Haut agréer notre repentir ! Amen.
Résumé
•La grandeur et la spécificité de la techouva, sont qu’elles émanent directement de la Bonté divine et semblent échapper à la logique. Rabbénou Yona, dans son Chaaré Techouva, en fait l’éloge et précise que le Créateur a aménagé une voie pour ses créatures, afin qu’elles reviennent à Lui.
•Le Messilat Yecharim explique que, d’après la stricte justice, le fauteur devrait être puni immédiatement après la faute. Toutefois, D. lui laisse le temps et fait en sorte que la punition n’aille pas jusqu’au bout.
•Nos Maîtres nous enseignent que la question fut posée à la Sagesse et à la Prophétie de savoir quelle punition devait recevoir le fauteur. Les réponses furent sans appel. La Torah fut plus nuancée et quant au Créateur, il affirma : « Qu’il fasse techouva et il sera absous ».
•Le Hadrakha Yechara, se basant sur le ’Hida, pose cette question qui tourmenta déjà les premiers Maîtres : comment la techouva peut-elle agir alors qu’une simple pensée peut déjà être déterminante?
•C’est là la grandeur de la techouva. D. y a ajouté un bonus extraordinaire : le fait que même une pensée la rende effective.
•Car chaque étincelle allumée dans le cœur de l’homme provoque la réplique immédiate du Satan pour l’éteindre. Alors D. accepte immédiatement ces prémices annonciateurs comme une techouva véritable, réduisant à néant les assauts de ce détracteur.
•Ainsi doté de forces décuplées, cadeau du Créateur, l’homme concrétisera sa pensée en un repentir effectif.