Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Eliezer Zusha Portugal Le Admor De Skulen

Le mercredi 21 Av 5742 (18 août 1982), le gaon et tsadik Rabbi Eliezer Zusha Portugal, le Admor de Skulen, fut rappelé à Dieu. Il avait à sa mort quatre-vingt cinq ans. Des myriades de gens participèrent à l’enterrement, qui se déroulait dans le quartier juif de Williamsburg à Brooklyn. Près de son beith midrach, de célèbres Admorim et rabbanim prononcèrent des oraisons funèbres. Tous ceux qui parlèrent rendaient hommage au Admor en disant : « Il était le père des orphelins, un pilier de générosité, il restait de l’ancienne génération, un tsadik sur lequel le monde repose. »

Le Rabbi de Skulen – c’est le nom sous lequel il était connu dans le monde entier. On ne connaissait pas son véritable nom. On savait seulement qu’en Roumanie il y avait un juif qu’on appelait le Rabbi de Skulen, qui recherchait les enfants d’Israël qui avaient survécu et étaient orphelins de guerre, pour les sauver de l’extermination spirituelle. Il les adoptait et les élevait comme s’ils étaient de sa famille, et se dévouait pour eux afin qu’ils restent des juifs respectueux de la Torah et des mitsvot.

Il ne se passa pas longtemps avant qu’on le connaisse dans le monde entier comme le « père des orphelins », et l’un des dirigeants du sauvetage des juifs. Tout le monde, grands et petits, le respectait. Il était aimé des élèves des yéchivot, des bnei Torah et de la masse du peuple, au milieu de qui il allait comme une légende vivante.

Rabbi Eliezer Zusha est né aux environs de 5657 (1897) du gaon et tsadik Rabbi Israël Avraham Portugal, qui fut Rav de plusieurs communautés en Russie. A la fin de ses jours, il était Rav de la ville de Skulen en Roumanie. Son père était déjà âgé à sa naissance, et il se consacra à lui et lui insuffla sa Torah et sa sagesse. A la mort de ce dernier, il était encore jeune, il avait dix-huit ans, mais malgré son âge tendre, les habitants de la ville le choisirent pour prendre la place de son père, car tout le monde voyait déjà qu’il était né pour la grandeur.

Avec sa nomination comme Rav, Rabbi Eliezer Zusha se consacra de tout son cœur et de toute son âme aux affaires de la ville, et se fit une renommée dans tous les environs. Il n’était pas simplement Rav de la ville, mais aussi berger de la communauté, et il était aimé de tous. Les juifs aimaient et respectaient leur dirigeant et Rav pour sa grandeur en Torah, la bonté de son cœur et son amour d’Israël, un amour immense pour tout juif, qu’il soit riche ou pauvre, talmid ‘hakham ou parmi les plus simples du peuple.

Le Rav de Skulen était doué de nombreuses qualités qu’il mettait au service de son travail saint, en particulier son intense sens de la musique. Tel le « chantre aimable d’Israël », il a composé de nombreuses mélodies que l’on chante avec ferveur jusqu’à aujourd’hui, s’attachant ainsi le cœur de centaines de jeunes, qui lui durent d’être demeurés intègres et craignant Dieu, et de construire des foyers irréprochables.

Quand il était jeune homme, on découvrit en lui une tendance à l’action. Il s’intéressait à tout ce qui touchait la communauté et aspirait à agir en faveur des valeurs saintes d’Israël. Il se consacra en particulier à l’éducation, fondant des écoles religieuses pour les enfants d’Israël.

Il resta à Skulen une vingtaine d’années, jusqu’à ce que les notables de la ville de Tchernovits viennent le trouver pour lui demander de venir dans leu ville, qui était un grand centre juif. Là, les rabbanim de la ville lui donnèrent la responsabilité de tout ce qui touchait à l’éducation religieuse. Le Rav de Skulen se consacra à ce travail de tout son cœur et de toute son âme, car son amour pour les enfants d’Israël était sans bornes, et tout son souci était l’éducation de la jeune génération. Dans ce poste, il trouva une satisfaction spirituelle et obtint une grande réussite.

Il a beaucoup agi pendant les années de sa vie, mais le plus beau fleuron de cette intense activité fut le dévouement qu’il montra pendant les années de la Deuxième guerre mondiale et celles qui suivirent. Il était célèbre comme le premier dans le domaine de la sauvegarde, il ne craignait rien, et il était prêt à tout moment à donner sa vie pour n’importe quel juif.

Quand les Russes quittèrent la ville de Tchernowits et que les Allemands la conquirent, ils donnèrent l’ordre que quiconque abriterait un soldat russe en répondrait de sa vie. Tout à coup, le Rav entendit parler de trois soldats juifs, que personne ne voulait abriter chez soi. Il les fit venir et les cacha dans son grenier, et lui-même leur apportait de la nourriture tous les jours, jusqu’à ce que les Russes reconquièrent la ville. A ce moment-là il y avait chez lui quarante orphelins qui dormaient dans la largeur du lit, alors que le Rav et la rabbanit dormaient par terre.

Une femme a raconté l’histoires suivante sur le dévouement du Rav : En Roumanie, son mari était gauchiste dans ses opinions politiques, et membre du Hachomer Hatsaïr. On l’emprisonna sous l’accusation d’espionnage. Il est impossible de décrire l’aide et le soutien que le Rav accorda à cette femme. Non seulement cela, mais il réussit également à libérer le mari de prison et à le faire partir en Erets Israël. La bonté du Rav poussa l’homme à revenir à Dieu, et aujourd’hui c’est un juif qui observe la Torah et les mitsvot. De temps en temps ils venaient rendre visite au Rav pour lui demander sa bénédiction et le remercier de sa bonté.

Tel était le Rav. Il se conduisait modestement avec tout le monde. La sagesse illuminait son visage, et de son langage doux, il rapprochait les cœurs de la Torah et de la crainte du Ciel. Il était aimé de tous ceux qui entraient en contact avec lui, par sa délicatesse et sa noblesse naturelles.

A la fin de la guerre, il se mit immédiatement à fonder des institutions pour les orphelins de l’Holocauste. Il sauva des milliers d’orphelins. Lui-même personnellement faisait vivre quelque trois cents d’entre eux, qui l’appelaient tous « Abba ». Presque tous s’installèrent en Erets Israël et sont restés des juifs pratiquants.

Il eut souvent l’occasion de rencontrer des gens qui lui rappelaient toujours qu’ils étaient des gendres du Rav, et l’appelaient leur beau-père. Ensuite, j’ai appris qu’il n’avait pas eu de filles du tout. Alors j’ai compris le secret : c’étaient des orphelines qui étaient considérées comme ses filles, et que le Rav avait mariées à des gens qui étaient considérés comme ses gendres.

A cause de ces activités, le Rav connut des persécutions, à la fois des Allemands et des Russes. Plus d’une fois sa vie s’est trouvée en danger, un jour on l’a même emmené pour l’exécuter, et il a été sauvé des Allemands par miracle. Les Russes aussi l’ont emprisonné plusieurs fois. Mais malgré tout cela, il n’a jamais interrompu sa tâche sacrée.

En 5720 (1960), il est arrivé en Amérique, et a fini par s’installer dans le quartier de Williamsbourg, où il a établi son beith midrach. Il l’avait à peine ouvert qu’une foule commença à venir le trouver pour entendre la Torah de sa bouche. Très rapidement, sa maison devint un centre d’attraction, et beaucoup de monde se présentait tôt à sa porte pour lui demander conseil et écouter ses prières. Il priait avec un enthousiasme extraordinaire, très longuement. On disait : « Celui qui n’a pas vu prier le Rav de Skulen n’a jamais vu une prière. » Celui qui n’a pas entendu à ce moment-là la mélodie qui s’échappait et montait dans une profonde concentration sur la prière, n’a jamais vu comment une âme peut s’attacher à l’amour de son Créateur.

En Amérique non plus le Rav ne se reposa pas, mais il travailla de toutes ses forces pour sauver des juifs qui étaient emprisonnés. Il fonda également en Erets Israël un réseau d’éducation appelé ‘Hessed LeAvraham, qui compte aujourd’hui plus de cinquante institutions. Le Admor de Skulen est allé très souvent en Erets Israël et a surveillé de près le développement des institutions d’éducation qu’il y avait fondées. Et jusqu’à ses derniers jours, il s’est occupé de sauver des juifs, de promouvoir l’éducation selon la Torah et d’accomplir des actes de générosité.

Pendant son enterrement, son fils, qui le remplaçait, lut son testament, dans lequel il appelait tous ses amis à poursuivre la sainte tâche à laquelle il avait consacré son âme.

Le cercueil fut enterré sous condition dans le cimetière de Vijnitz à Monsey, pour qu’il soit possible de l’enterrer à Jérusalem après la première année.

Sa grande activité et ses bonnes actions transmettront le nom du Admor de Skulen aux jours lointains.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan