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paracha de la semaine

Chemini

26 Mars 2011

20 Adar II 5771

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

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20:01

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19:47

Marseille

18:38

19:41

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

La grandeur de Nadav et Avihou

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Il est écrit (Vayikra 10, 1-2) : « Les fils d’Aharon, Nadav et Avihou, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu, sur lequel ils jetèrent de l’encens, et apportèrent devant D. un feu profane sans qu’Il le leur eût commandé. Un feu s’élança de devant Hachem et les dévora, et ils moururent devant Lui. »

Pour quelle raison Nadav et Avihou sont ils morts ? Nos Sages nous livrent plusieurs explications à ce sujet. Dans Sanhédrin 52a nous trouvons : alors que Moché et Aharon marchaient, suivis de Nadav et Avihou, suivis de tout Israël, Nadav a dit à Avihou « Quand ces deux vieillards vont-ils mourir, que nous puissions enfin devenir les maîtres de la génération ? » D. leur a alors répondu « Nous verrons qui enterrera l’autre ! »

Par ailleurs, il est écrit (Erouvine 63a) : les fils d’Aharon ne sont morts que parce qu’ils ont enseigné la loi en présence de leur maître Moché. On explique encore (Vayikra Rabba 20, 8) que les enfants d’Aharon sont morts pour avoir commis quatre fautes : pour être rentrés dans le saint des saints, lieu réservé au grand prêtre ; pour avoir offert un sacrifice qui ne leur avait pas été prescrit ; pour avoir apporté un feu étranger ; et pour ne pas s’être concertés. Egalement parce qu’ils ne s’étaient pas mariés (sur place, verset 10).

Nous constatons que Nadav et Avihou ont commis plusieurs erreurs, et du fait de leur grandeur et de leur sainteté, ces failles ne pouvaient rester sans conséquences. En effet, il ne sied pas à de grands personnages comme eux de porter de tels défauts.

Cependant, nous devons comprendre comment toutes ces raisons fournies par nos Maîtres peuvent s’accorder avec le témoignage de la Torah : « Je serai sanctifié par ceux qui Me sont proches » (Vayikra 10, 3). Nos Sages expliquent ainsi ce verset (Sifra Chemini Aleph) : « Moché a dit à Aharon : ‘Mon frère ! Au Sinaï on m’a confié que Hachem sanctifierait ce Temple par le biais d’un grand homme. Je pensais que ce serait par toi, ou par moi. Mais maintenant je sais qu’ils sont plus grands que nous deux puisque c’est par eux que le Temple a été sanctifié.’ » Plus loin, Moché ordonne : « Vos frères, toute la maison d’Israël, pleureront ceux qu’a brûlés Hachem » : s’il en est ainsi, comment dire de personnes si saintes qu’elles ont failli?

Evidemment, Nadav et Avihou étaient éminemment saints. D’ailleurs, leur fin en témoigne. Tous leurs actes étaient accomplis de manière désintéressée. Ainsi, toutes leurs actions (leur entrée ivres dans le Sanctuaire, le feu étranger qu’ils ont apporté, leur décision de ne pas se marier, leurs ‘paroles désobligeantes’ à l’égard de Moché et Aharon), poursuivaient un but unique : ils voulaient enseigner aux bnei Israël que s’ils désirent se rapprocher de Hachem, réussir à L’aimer de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur pouvoir, ils doivent être attentifs au respect des mitsvot, qu’elles soient faciles ou difficiles, afin de parvenir à un état d’abnégation. Or il n’y a qu’un moyen pour cela : s’investir dans la Torah et maîtriser ses mauvais penchants.

Pourtant, il n’existe pas d’homme qui puisse affirmer être proche de D. et aimé par Lui. En effet, même si l’on s’investit dans la Torah jour et nuit, une seule déficience dans notre service divin peut entacher celui-ci, a fortiori si les manquements sont nombreux, et à combien plus forte raison encore si ces fautes concernent les relations avec autrui, que même Yom Kippour ne rachète pas sans l’accord de la personne lésée (Yoma 85b). Il se trouve alors qu’on est loin de Hachem, même si l’on connaît la Torah et qu’on accomplit de bonnes actions.

Ainsi Nadav et Avihou ont vu que malgré la faute du Veau d’Or, la techouva des bnei Israël avait été acceptée, D. leur avait donné les Deuxièmes tables de la loi et le Sanctuaire avait été édifié. Ils savaient aussi que le huitième jour, la gloire de Hachem se dévoilerait aux yeux de tout Israël et qu’Il résiderait parmi eux, comme il est dit (Chemot 25, 8) « Ils Me construiront un Sanctuaire, et Je résiderai parmi eux. » Nos Sages expliquent à ce sujet (Bamidbar Raba 2, 3) : il est dit ‘parmi eux’ et non ‘en lui’ (le Sanctuaire), afin de signifier que l’essentiel de la présence divine est pour Israël. C’est-à-dire que l’endroit qu’ils consacreront à Sa résidence sera au sein de chaque personne, et ceci, grâce à la Torah et aux mitsvot.

Ils ont alors pensé qu’il fallait enseigner aux bnei Israël comment agir lorsque la présence divine se serait dévoilée dans le Sanctuaire, puis de là en eux-mêmes. S’ils désiraient ardemment se rapprocher de D., dans l’esprit de « Hachem, la Torah et Israël ne font qu’un » (Zohar 8, 3, 73), ils devaient s’efforcer d’être intègres dans leur service divin, sans aucune tache qui puisse faire écran entre eux et la présence de Hachem.

Ils ont aussi voulu transmettre au peuple que, selon la grandeur de chacun, les manques peuvent engendrer des dommages irréversibles si l’on ne veille pas à s’en débarrasser rapidement. En effet, parfois la présence divine refuse de résider dans le cœur d’un juif plein de carences, notamment s’il s’agit d’un grand homme. Alors, au lieu de le protéger, la Torah peut devenir susceptible d’engendrer pour lui la punition, D. préserve.

Ainsi, Nadav et Avihou, par certains de leurs actes, ont implanté en eux-mêmes une fragilité, de sorte que la présence divine venue résider dans le cœur de chaque ben Israël n’a pas pu supporter ces manquements, et vu leur grandeur, les a punis. En effet, il ne convient pas de se rapprocher de Hachem tout en étant rempli de défauts et de vices qui ne peuvent pas s’accorder avec l’esprit de la Torah.

De leur exemple, les bnei Israël comprendront qu’ils doivent tout d’abord se soucier de remédier à leurs failles afin d’être capables d’aimer Hachem de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur pouvoir. Alors seulement la Torah pourra les protéger et ils mériteront la présence divine parmi eux.

Nous déduisons de tout cela que le but visé par Nadav et Avihou en apportant un feu étranger était d’être punis afin que les bnei Israël entendent et voient Hachem. S’il en est ainsi, on peut considérer qu’ils se sont sacrifiés pour l’ensemble d’Israël, comme il est dit : « Je serai sanctifié par Mes proches » (Vayikra 10, 3). A partir de leur exemple, tous les bnei Israël ont compris que posséder certains défauts peut entraîner la perte de tout le bénéfice acquis par l’investissement dans la Torah, au point, D. préserve, de pouvoir mériter la mort, particulièrement si l’on est érudit. Ainsi, quiconque recherche la proximité avec Hachem, doit se soucier de L’aimer de toute son âme en s’investissant dans la Torah et en accomplissant les mitsvot avec toute son énergie et non dans l’indolence.

LES PAROLES DES SAGES

Les grands devant la vérité

« Moché entendit, et il approuva. » (Vayikra 10, 20)

Nos Maîtres enseignent dans le midrach que Moché a proclamé dans tout le camp : « Je me suis trompé dans la halakha, et mon frère Aharon est venu et m’a appris ! » (Vayikra Rabba 13, 1). La Guemara explique au sujet du verset « Moché entendit, et il approuva » qu’il a reconnu son erreur sans chercher à la dissimuler pour éviter l’humiliation. Au lieu de prétexter « Je n’ai pas entendu », il a avoué « J’ai entendu et j’ai oublié ! »

Cette noble qualité d’aveu de la vérité caractérise tous les Sages d’Israël, à travers les générations. Reconnaître la vérité, même lorsque cela nous est pénible et source de honte et d’humiliation, distingue la personne et la place sur de hauts sommets.

Le Gaon Rabbi ‘Haïm Faladji, Rav de la ville d’Izmir, se distinguait par cette qualité : il s’attachait à la vérité dans son étude comme dans les autres domaines de la vie. Dans son testament (« testament fait du vivant »), il annonce : « Si un sage avisé trouvait dans mon livre une difficulté ou une contradiction, s’il recherche la vérité en toute modestie, je n’en serais absolument pas contrit et je n’en éprouverais aucune vexation car telle est la voie de la Torah. Si cette difficulté concerne une décision rabbinique, notamment s’il y a lieu d’interdire une chose que j’avais autorisée, que celui qui la repère n’ait pas honte de publier la correction, pour qu’à D. ne plaise on n’en vienne pas à trébucher sur un interdit, car la vérité est ce qu’il y a de plus précieux pour nous. J’ai l’habitude de dire que j’aspire intensément à la recherche de la vérité. Or en me trompant, j’échoue dans l’établissement de cette vérité et alors mon gain serait annihilé par ma perte.

De même, que mes fils ne soient pas freinés par l’honneur qu’ils me doivent. Si quelqu’un énonce une vérité, on devra la lui reconnaître même si son avis s’oppose au mien. Aussi, mes enfants devront poursuivre la façon de faire de leur père. Mes fils, ne soyez pas étonnés de cette mise en garde qui peut vous sembler inutile. Au contraire, elle est nécessaire car j’ai constaté que lorsqu’un Rav décède et que son successeur vient à interdire ce que le Rav défunt autorisait, cela provoque souvent des animosités…. Pour ma part, n’agissez pas ainsi : il ne convient pas pour le Rav qui repose dans le monde de la vérité que l’on tranche selon son enseignement si celui-ci n’est pas conforme à la halakha. En effet, dans le monde futur, il n’y a ni haine, ni jalousie ni concurrence comme dans ce monde de futilités. »

Deux fois

Dans « Seder Hadorot », on décrit Rabbeinou Ya’akov, le frère du Rachbam, appelé « Rabbeinou Tam », comme un grand sage, connu pour la justesse de sa compréhension et n’ayant pas d’égal dans la dialectique et dans la reconnaissance de la vérité. Il a composé plusieurs recueils dont ‘Séfer Hayachar’ et ‘Séfer Hapessakim’.

Rabbi ‘Haïm de Volozhin était très attaché à l’enseignement du Gaon de Vilna et avait adopté sa méthode d’étude, qui se voulait particulièrement authentique. Il n’a donc pas eu honte de proclamer et de déclarer publiquement avoir oublié une « souguia ». En effet, dans ses Responsa « ‘Hout Haméchoulach » (17), il écrit : « Un ami qui a bien compris le sujet m’a corrigé, car il a trouvé que je m’étais trompé. Je n’avais effectivement pas pris en considération la ‘souguia’ en question, alors qu’elle intervenait dans le sujet que nous traitions. »

Dans une lettre que le ‘Hatam Sofer a adressé à un Rav qui essayait de contredire ses paroles, il écrit (« ‘Hout Haméchoulach » p.102) : « Je me dois de préciser les sources à partir desquelles je tranche la halakha, de sorte que, si une personne étudie le sujet après moi et trouve une inexactitude, je puisse me reprendre en affirmant : je me suis trompé en tranchant ainsi ! En effet, nul n’est infaillible ! C’est pourquoi je dois expliciter mes raisons et mes motifs… mais si je me suis trompé, je me dois de rectifier. »

Le Rav poursuit: « Grâce à D., en l’espace de quarante ans, cela ne m’est arrivé qu’à deux occasions. Une fois, le Gaon Rabbi Zalman Margaliot m’a repris car j’ai voulu déduire du Tossefot de la fin de « Bamei Madlikin » qu’il fallait écrire dans un « guet » le nom du pays. Il m’a corrigé et j’ai ‘reconnu mon erreur’. A présent, j’ai eu le mérite d’étudier le sujet du ‘loulav volé’, je me suis penché sur la question et j’ai constaté que mon aveu n’était pas justifié et que mon premier avis était le bon.

J’ai également été en désaccord avec le Gaon Rabbi Chmouël au sujet d’une excommunication et je me suis rangé à son avis. Mais finalement, la halakha correspondait bien à ma première opinion. Excepté ces deux situations, je n’ai pas connu d’autres cas similaires et j’en remercie Hachem… »

Qu’en est-il de la vertu de vérité ?

Voici ce que l’on raconte à propos de Rabbi Israël Salanter, fondateur du mouvement du Moussar : au début de sa carrière, alors qu’il commençait à prodiguer des cours à Vilna, il impressionnait par sa perspicacité tous les érudits de la ville qui s’émerveillaient de son génie. Beaucoup de grandes personnalités venaient écouter ses explications sur la Torah et étaient stupéfaites et fascinées par cette étoile montante du judaïsme. Malgré tout se sont levés quelques opposants qui voulaient flétrir l’image de ce maître brillant. Qu’ont-ils fait ? Ils ont désigné un érudit à l’esprit particulièrement vif pour tenter de réfuter les paroles de Rabbi Israël, en s’appuyant sur des références peu connues du Talmud de Babylone et de Jérusalem. Mais le Rav, par son génie, lui a rogné les ailes et ce dernier n’a plus osé se confronter à lui.

Une fois, ce contradicteur qui venait régulièrement pour l’irriter, a lancé une question ardue et importante en plein cours. Rav Israël a écouté, réfléchi, puis a reconnu qu’il y avait dans cette question une objection à ses paroles. Il a quitté l’estrade. Plus tard, Rav Israël a révélé à ses élèves qu’à ce moment-là, cinq arguments qui réfuteraient la remarque de l’homme lui étaient venus à l’esprit. Ils étaient convaincants, mais Rav Israël savait que son raisonnement ne serait alors pas au service de la vérité, puisque c’est le contradicteur qui avait raison. C’est pourquoi il s’est abstenu de répondre et est descendu de l’estrade.

Rav Israël a poursuivi : « Ne croyez pas que cet aveu a été facile. De nombreuses considérations par rapport à l’honneur de la Torah, à ma notoriété… m’ont traversé l’esprit pour me convaincre que je pouvais repousser cette objection même avec une explication non conforme à la vérité de la Torah. Mais je me suis secoué et raisonné : « Israël, Israël ! N’enseignes tu pas le Moussar ? Que fais tu de la vertu d’intégrité ? » J’ai alors immédiatement reconnu la vérité et j’ai quitté l’estrade. »

GARDE TA LANGUE

Lever la main contre la Torah

La faute de celui qui dénonce un juif aux autorités est insupportable, car cela le fait entrer dans la catégorie des délateurs, qui ont le même statut que l’impie (apikoros), ceux qui renient la Torah et ceux qui nient la résurrection des morts. Le Guéhénom a une fin, mais eux n’ont pas de fin. C’est pourquoi tout juif doit se garder soigneusement d’une telle chose. Celui qui transgresse, c’est comme s’il avait blasphémé et levé la main sur la Torah de Moché.

(‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

C’est une joie pour Hachem quand un juif Le recherche

Nos Maîtres ont dit (Bemidbar Rabba 12, 9) que pendant tous les sept jours de l’inauguration, Moché montait le Sanctuaire et le démontait tous les jours, deux fois par jour. Il le faisait grâce à des miracles, comme le dit le Midrach (Tan’houma Pekoudei 11). Comme ils avaient fini le travail du Sanctuaire, les bnei Israël attendaient que la Chekhina vienne y résider. Ils allèrent trouver les « sages de cœur », en leur disant : « Montez vous-mêmes le Sanctuaire, et la Chekhina viendra résider parmi nous. » Ils voulurent le monter et n’y réussirent pas Ils allèrent trouver Betsalel et Oholiav et leur dirent : « Venez monter le Sanctuaire que vous avez fabriqué ! » Ils ont commencé à le monter et n’y sont pas arrivés ; tous les bnei Israël se sont alors adressés à Moché, en lui disant : « Moché notre Maître, nous avons fait tout ce que tu nous as dit de faire, pourquoi est-ce qu’il ne tient pas ?

Moché avait de la peine, jusqu’à ce que le Saint béni soit-Il lui dise : « Comme tu as souffert de ne pas avoir participé à la construction du Sanctuaire, les sages n’ont pas pu le monter, afin que tout Israël sache que si ce n’est pas par toi, il ne peut pas tenir, il ne tiendra jamais, il ne peut être érigé que par toi. » Moché a répondu : « Maître du monde, je ne sais pas l’ériger ! » Il lui a dit : « Fais ce que tu peux, tu auras l’air de le monter et il tiendra tout seul, et J’écrirai que c’est toi qui l’as monté. »

Combien ces paroles du Midrach sont merveilleuses ! Si le Saint béni soit-Il avait aidé Moché à ériger le Sanctuaire pendant tous les sept jours, pourquoi a-t-il douté pendant toute cette période, en se disant : peut-être que la Chekhina va descendre aujourd’hui sur le Sanctuaire, et peut-être que non ? Comme D. l’aidait, c’était une grande preuve que la Chekhina allait y résider ! On peut peut-être objecter que D. lui avait dit : « Je demeurerai au milieu d’eux », et que bien qu’Il l’ait aidé à monter le Sanctuaire, en fin de compte Il ne tenait pas parole et ne venait pas y résider ? Pour expliquer ce point, je voudrais rappeler le verset « Glorifiez-vous de Son saint Nom, que se réjouisse le cœur de ceux qui cherchent Hachem » (Téhilim 105, 3). Le saint Juif de Peschis’ha zatsal a expliqué que même si l’homme n’est pas arrivé très haut dans le service de D., s’il est encore en train de chercher et de douter de quelle est Sa volonté, cela même, le fait de Le chercher, doit amener en lui la joie. C’est là-dessus qu’il est dit : « Que se réjouisse le cœur de ceux qui cherchent Hachem ! » Non pas « ceux qui trouvent Hachem » mais « ceux qui cherchent Hachem », ce qui nous enseigne que c’est une joie devant D. quand un juif Le recherche.

Moché se conduisait de cette façon. Malgré ses doutes quant à la descente de la Chekhina, parce qu’il ne savait pas clairement si la faute du Veau d’Or leur avait été pardonnée ou non, il n’a cependant pas désespéré et a continué à ériger le Sanctuaire pendant tous les sept jours, au cas où la Chekhina serait tout de même descendue. Comme D. lui avait dit de faire un Sanctuaire en Son honneur, et que la Chekhina l’aidait à le monter, il savait qu’il devait le faire, et que c’était la volonté de D. Mais il n’avait aucune certitude que D. allait faire résider Sa Chekhina même s’Il l’aidait à monter le Sanctuaire, car Hachem aide aussi ceux qui Le cherchent, même s’ils ne L’ont pas encore trouvé. Et il ne craignait pas d’avoir pesé sur les bnei Israël au cas où la Chekhina ne serait pas descendue, car il savait qu’il faisait la volonté de D. Bien qu’il ne l’ait monté que dans le doute, quand un juif fait la volonté de D., même sans être absolument certain que c’est Sa volonté, c’est une grande joie pour Lui, et Il l’aide. Quand D. a vu que Moché et Israël s’occupaient d’ériger le Sanctuaire dans le doute, Il S’est réjoui et les a aidés. Quand le huitième jour est arrivé, et que Moché a senti une grande joie en D., il a immédiatement su qu’aujourd’hui, la Chekhina allait descendre, et il a tout de suite dit aux bnei Israël : Aujourd’hui, Hachem va Se montrer à vous.

A LA SOURCE

Une joie éternelle

« Toute la communauté s’approcha et se tint devant Hachem » (9, 5)

Tout le monde s’est approché avec joie et s’est tenu devant Lui.

Cela ressemble à un roi qui s’était fâché contre sa femme et l’avait renvoyée de chez lui. Au bout de quelque temps, il l’a pardonnée et a accepté qu’elle revienne chez lui. Immédiatement, elle a tout mis en œuvre pour le servir, au point que c’était trop.

De même, les bnei Israël, quand ils ont vu que D. avait accepté de pardonner leur faute, se sont tous approchés avec joie et se sont tenus devant Lui. C’est là-dessus qu’il est dit : « Toute la communauté s’approcha et se tint devant Hachem. »

(Torat Cohanim)

Enseigner la halakha

« Les fils d’Aharon, Nadav et Avihou, prirent chacun leur encensoir » (10, 1)

Rabbi Eliezer dit : ils n’ont été coupables que d’avoir enseigné la halakha devant leur maître Moché (on le tire du verset : « les fils d’Aharon le cohen ont mis un feu sur l’autel », ils ont dit : même si le feu descend du ciel, c’est une mitsva d’en apporter d’une source humaine.) Or quiconque enseigne la halakha devant son maître est passible de mort.

Un certain élève de Rabbi Eliezer avait enseigné une halakha devant lui. Rabbi Eliezer a dit à sa femme, Ima-Chalom : « Celui-ci ne va pas finir l’année. » En effet, il mourut.

Après sa mort, les Sages rentrèrent chez lui et lui dirent : « Rabbi ! Es-tu prophète ? » Il leur répondit : « Je ne suis ni prophète ni fils de prophète, mais j’ai reçu de mes maîtres l’enseignement selon lequel quiconque enseigne la halakha devant son maître est passible de mort. »

(Torat Cohanim)

Deux « teamim »

« Approchez-vous, portez vos frères » (10, 4)

Pourquoi le mot « Kirvou » (approchez-vous) porte-t-il deux « teamim » ?

Cela nous enseigne que deux fois, le Saint béni soit-Il a dit à Mishaël et Eltsaphan de faire sortir Nadav et Avihou, parce qu’ils avaient peur de s’approcher, c’est pourquoi il y a deux « teamim » sur ce mot.

(Leka’h Tov)

La bonté de Hachem

« Ces choses sont impures parmi tous les reptiles » (11, 31)

Que nous enseigne l’expression « ces choses » ? Le roi David a dit : « Celui qui fait ces choses ne trébuchera jamais » (Téhilim 15, 5). Et quand Rabban Gamliel lisait ce verset, il pleurait et disait : « Qui pourrait faire toutes ces choses ? »

Mais quand Rabbi Akiva lisait ce verset et les versets dans Yé’hezkel : « Qui ne mange pas sur les montagnes (…) celui-là est un juste » (Yéh’ezkel 18, 6 sq.), il ne pleurait pas, mais riait.

Rabban Gamliel dit à Rabbi Akiva : « Pourquoi est-ce que je pleure et toi tu ris ? » Il répondit : « Regarde ce qui est écrit à la fin du passage concernant les reptiles impurs : ‘ Ne vous rendez pas impurs par toutes ces choses.’ Est-il possible qu’on ne se rende impur que par la totalité d’entre elles ? Même d’en toucher une seule le moins du monde rend déjà impur ! Or qu’est-ce qui est plus considérable, la bonté de Hachem ou les catastrophes ? La bonté de Hachem est le double de cinq cent fois plus considérable que les catastrophes ! Si l’on touche un insecte même le moins du monde, on devient déjà impur comme si on les avait touchés tous, alors la bonté ne veut-elle pas que si on a fait une seule bonne chose, c’est comme si l’on avait fait toutes les mitsvot ?

De même qu’il est écrit ‘ces choses’ à propos des insectes et de l’impureté, et si on en a touché un, c’est comme si on les avait touchés tous, de même il est écrit que celui qui fait ‘ces choses’ (les mitsvot) ne trébuchera jamais, s’il en fait même une seule, c’est comme s’il les avait faites toutes. Rabban Gamliel lui dit : ‘Tu m’as consolé, Akiva, tu m’as consolé !’ »

(Midrach Téhilim)

Les fils mâles

« Pour séparer entre l’impur et le pur… si une femme engendre et donne naissance à un mâle » (11, 47)

Pourquoi ce verset se trouve-t-il à proximité de la parachat Tazria ?

Rabbi ‘Hiya bar Abba a dit au nom de Rabbi Yo’hanan : Celui qui fait la havdala sur du vin à la sortie du Chabbat aura des fils mâles, ainsi qu’il est écrit : « pour séparer entre l’impur et le pur », et tout de suite après : « si une femme engendre et donne naissance à un mâle ».

(Traité Chevouot 18b)

LA PRIERE

Rabbeinou Yona écrit dans le « Séfer Hayira » : « On viendra à la synagogue et on dira en entrant : ‘Je viens vers Ta maison, par Ta grande bonté etc.’ Puis on s’installera à sa place. On s’assiéra et on s’attardera un tant soit peu avant d’ouvrir la bouche. On tentera de saisir devant Qui on se tient et Qui entend ses paroles. Alors on sera empli de peur et de crainte, saisi de frissons et de tremblements, puis on débutera sa prière. »

Le Rambam écrit dans « Hilkhot Tefila » : « Comment parvenir à se concentrer ? Il faut détourner son cœur de toutes les pensées et avoir conscience que l’on se tient vraiment face à la présence divine. C’est pourquoi il y a lieu de rester assis quelques instants avant de commencer la prière afin de mieux orienter son cœur. Puis on priera avec sérénité et en implorant D., et non comme quelqu’un qui porte un fardeau puis s’en débarrasse et s’en va. Les premiers ‘hassidim se préparaient pendant une heure avant de commencer la prière. »

Les livres portant sur la crainte du ciel tentent de comprendre ce que le Rambam entend par ‘quelques instants’. Rav Wolbe estimait que ‘cinq minutes’ représentait une durée déjà importante et que quiconque s’arrête pendant une ‘vraie’ minute, reste assis à sa place en silence, concentré sur lui-même et sur la prière qu’il s’apprête à faire, constatera miraculeusement quelle influence cette minute peut avoir sur son service.

Nous sommes conditionnés par le rythme de la vie moderne où tout doit aller vite. Nous prolongeons suffisamment les repas ou les causeries amicales mais pour cha’harit, nous sommes pressés : chacun doit se rendre à son travail, l’un ici, l’autre là. Nous parvenons difficilement à faire une prière posément et une seule minute de ‘gagnée’ nous paraît précieuse. Ainsi, nous devons lutter et faire un réel effort pour consacrer cette minute de ‘pause’ avant la prière. Mais nous ne devons en aucun cas y renoncer !

Tirer la leçon des employés de « La Brinks »

Une leçon extraordinaire est rapportée par le Rav Zilberstein, dans le livre « Touvkha Yabiou » : Il m’est arrivé d’avoir l’occasion de me rendre à l’hôpital « Tel Hachomer » pour y accompagner un malade. Alors que nous patientions dans le service concerné, deux jeunes gens armés, au regard dur, sont soudain entrés dans la salle. Pistolets à la main, ils se sont approchés des personnes présentes, nous demandant de nous retirer.

Leurs expressions sévères ne laissaient aucune place au doute : l’ordre de s’éloigner était univoque et il n’y avait pas à discuter. Bien évidemment, je me suis levé et je me suis mis de côté tout en les observant.

Il s’est rapidement avéré qu’il s’agissait d’employés de la société « La Brinks », chargée des transferts de fonds de la banque centrale d’Israël vers les différentes agences bancaires du pays. En l’occurrence, ces deux jeunes gens armés changeaient la caisse du distributeur automatique de billets qui était mis au service des patients de l’hôpital.

Soudain, j’ai assisté à une scène inattendue. Alors qu’ils étaient occupés à changer la caisse, un homme s’est approché de l’employé armé, lui a tapé dans le dos affectueusement tout en l’interpellant chaleureusement : « Aharon ! Bonjour, comment vas-tu ? »

C’était, semble-t-il, un ami proche de longue date.

L’employé de « La Brinks » n’a pas répondu à ce salut. Il a repoussé son ami, lui a fait signe de s’éloigner immédiatement, lui signifiant qu’il était à présent occupé à une mission importante et que, malgré leur amitié, il n’était pas question de discuter de tout et de rien à ce moment-là. Quiconque n’était pas présent à cet instant ne peut imaginer la difficulté et la tension de celui qui doit à chaque instant assurer avec son arme la sécurité des convoyeurs de fonds.

En ce moment, on ne bavarde sous aucun prétexte !

Ce n’est qu’après avoir vidé la caisse qu’il s’est approché de son ami, s’est excusé de n’avoir pas pu s’interrompre et l’a salué à son tour.

J’ai alors pensé : quelle leçon édifiante on peut tirer de cette situation ! Lorsqu’un juif vient à la synagogue épancher son cœur devant D., n’est-il pas en mission ? S’il en est ainsi, pourquoi répond-il volontiers et avec joie à son ami qui vient prendre de ses nouvelles, alors qu’il est en pleine prière ?

Le devoir qui incombe au fidèle pendant sa prière aurait-il moins de valeur que celui de l’employé de la société « La Brinks » ? Pourquoi ce sérieux qui apparaît sur le visage du convoyeur de fonds n’apparaît-il pas sur les nôtres pendant la prière, ou quand on étudie la Torah alors qu’on acquiert des mérites inestimables, qui valent plus que des milliers de deniers d’or et de pierres précieuses ?

Même les Pessoukei Dezimra doivent être prononcés comme on compte des pierres précieuses !

Pourquoi avons-nous pris l’habitude de tant banaliser les discussions futiles pendant l’étude de la Torah et au sein des quatre coudées sanctifiées de la synagogue ? Est-ce parce que nous n’avons pas conscience de la valeur de la prière ?

Se rendre compte de la grandeur de son propre rôle durant la prière et se comporter en conséquence procure de grands mérites, qui intercèdent en notre faveur devant le Trône céleste et apportent une abondance de bienfaits et de miséricorde même lors d’une période difficile comme celle que nous vivons actuellement.

 

 
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