Chabbat Hol Hamoêd Pessah 23 Avril 2011 19 Nissan 5771 |
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L’HOMME A LE POUVOIR DE RENDRE LE BIEN PLUS FORT QUE LE MAL
(par Rabbi David Hanania Pinto Chlita)
Les Sages ont dit que les bnei Israël en Egypte étaient plongés dans les 49 portes de l’impureté, et que Hachem les a fait sortir rapidement afin qu’ils n’atteignent pas la cinquantième porte. Par ailleurs, nous trouvons des enseignements qui contredisent celui-ci, et nous montrent combien les bnei Israël étaient grands et méritants en Egypte. En effet, les Sages ont dit qu’ils ont été délivrés par le mérite de plusieurs choses : ils n’ont pas changé leurs noms, leur langue ni leurs habits, ils ne se sont pas livrés à la débauche, ils n’ont pas révélé leurs secrets, ils n’ont pas dit de lachon hara, n’ont pas renoncé à la circoncision, etc. Les bnei Israël se sont donc renforcés dans leur sainteté pour faire Sa volonté, en conservant tous ces principes du judaïsme !
De plus, l’accomplissement de ces mitsvot montre justement le judaïsme des bnei Israël. Alors que lorsque la spiritualité de quelqu’un décline et qu’il s’égare, la première chose qu’il fait est de changer son aspect extérieur en se rasant, en changeant de vêtements et en adoptant une autre langue pour oublier son passé, afin de se couper du judaïsme, les bnei Israël, même dans leur grande déchéance, ont continué à préserver un aspect juif en ne se mêlant pas aux goyim, ce qui se trouve en allusion dans le verset « Et voici les noms des bnei Israël qui sont venus en Egypte, avec Ya'akov ils sont venus, chacun avec sa famille » (Chemot 1, 1). « Et voici les noms », ils avaient gardé leurs noms juifs. « Qui sont venus en Egypte », bien qu’ils soient venus en Egypte ils n’ont pas imité la façon de s’habiller des Egyptiens. « Chacun avec sa famille », sans révéler leurs secrets et en gardant la même langue que dans la famille. Le Ba’al HaTourim ajoute : Israël HaBaïm, le premières et les dernières lettres forment le mot mila (circoncision), ett Ya'akov ich, les dernières lettres forment le mot Chabat, car c’est par ce mérite qu’ils ont été sauvés. Par conséquent, il est difficile de comprendre comment d’un côté ils ont conservé ces principes, alors que de l’autre ils se sont séparés de Hachem au point d’arriver à la cinquantième porte de l’impureté. Et même s’ils se sont repentis le Chabat HaGadol, comment ensuite sont-ils de nouveau tombés dans les quarante-neuf portes de l’impureté au point qu’il ait fallu se dépêcher de les faire sortir d’Egypte, ainsi qu’il est écrit « ils ne purent pas s’attarder » ? Ils auraient dû rester attachés à Hachem par des chaînes d’amour ! Il faut également comprendre ce qu’ont dit nos Sages, « les bnei Israël sont montés armés (‘hamouchim) d’Egypte », c’est seulement un cinquième (‘hamech) qui est monté, et les autres sont morts pendant les trois jours de l’obscurité. Ceux qui sont restés étaient donc des tsadikim, par conséquent, comment étaient-ils plongés dans les quarante-neuf portes de l’impureté ? Surtout selon ce qu’ont dit les Sages, que l’ange tutélaire de l’Egypte avait plaidé devant Hachem : « ceux-ci sont des idolâtres et ceux-là sont des idolâtres », est-ce possible ? Ceux qui étaient restés étaient des tsadikim, alors comment l’ange de l’Egypte les a-t-il accusés devant Hachem ? Et s’ils se sont repentis, comment ont-ils réussi en un temps tellement court à s’élever au point d’arriver jusqu’au quarante-neuf portes de la pureté et de recevoir la Torah, et encore auparavant d’offrir le sacrifice de Pessa’h ? D’où ont-ils puisé la force et la volonté de s’élever de leur impureté pour arriver jusqu’à la sainteté ?
On peut l’expliquer d’après ce qu’on écrit les ba’alei hamoussar, qu’en chaque homme il y a des forces cachées qui s’éveillent en lui au moment où il commence à reconnaître le Créateur. C’est ce qu’ils disent. Et à mon humble avis, cette force cachée en l’homme est l’âme, une étincelle divine, prise sous le Trône de gloire, qui aide l’homme à se transformer de mauvais en bon. Même quand l’homme est plongé dans l’impureté, il ne se détache pas totalement de Hachem, mais il reste encore un fil qui les relie, comme l’ont dit les Sages : « Même les plus vides qui sont en toi sont remplis de mitsvot comme une grenade de grains. » Et même si ces mitsvot ne sont pas pour l’amour du Ciel, quand on les fait fût-ce dans un but intéressé, on finit par arriver à les faire pour l’amour du Ciel. Or si au moyen d’une seule mitsva l’homme se transforme de mauvais en bon, à plus forte raison avec de nombreuses mitsvot (comme les grains d’une grenade) ! Alors, toutes les fautes qu’il a commises pendant sa vie se transforment en mérites.
D’après cela, on comprend parfaitement comment ils ont dit « nous ferons et nous écouterons », bien qu’ils aient été plongés dans les quarante-neuf portes de l’impureté. Ils en ont puisé la force dans cette force cachée qu’il y a en tout juif, qui vient de son bon côté et qu’il lui suffit de réveiller. Ainsi, nous comprendrons ce qu’ont dit les Sages : « Si cet ignoble te rencontre, traîne-le au Beit HaMidrach. » Comment l’homme, qui est de chair et de sang, peut-il traîner le mauvais penchant, qui est un ange de feu, au Beit HaMidrach ? La réponse est qu’au moment où l’homme désire vaincre le mauvais penchant s’éveille en lui une force cachée dans son cœur. Au moyen de cette force, il réussit à vaincre le mauvais penchant, bien qu’il soit de feu, et il réussit également à le traîner au Beit HaMidrach.
On raconte que Rabbeinou Israël Salanter a dit : Comment peut-on évaluer les forces endormies en l’homme ? Nous pouvons le constater dans la réalité. Si l’homme a un fils et un élève, un fils qui ne suit pas les voies de son père, qui suit ses pulsions et ne veut pas étudier la Torah ni observer la tradition de nos pères, et qu’il cause beaucoup de douleur à son père, alors que son élève lui donne jour après jour beaucoup de satisfaction, pose des questions à bon escient, répond en accord avec la halakhah et possède parfaitement toute la Torah de son maître, le Rav a beaucoup de joie de son élève et il est attaché à lui exactement comme un père à son fils. Si nous demandons qui cet homme aime le plus, son fils ou son élève, la réponse est évidemment qu’il aime plus son élève. Mais que se passera-t-il si un incendie éclate tout à coup au milieu de la nuit quand tout le monde dort dans la maison, le père, le fils et l’élève ? Le père se lève affolé de son sommeil et court pour sauver – qui court-il pour sauver ? Son fils… car l’amour du fils est endormi au plus profond de son cœur, et ressort dès qu’il y a une épreuve. Mais pour que l’homme sente les forces qui sont endormies en lui, et les éveille pour les actualiser, il doit accomplir au moins une petite mitsva. Comme l’ont dit les Sages (Chir HaChirim Raba 5, 3) : « Faites-Moi une ouverture de la taille du chas d’une aiguille, et Je vous ferai une ouverture où des charrettes pourront passer. » Alors s’accomplira l’enseignement des Sages (Chabat 104a) : « Celui qui vient se purifier, on l’aide. » Qui l’aide ? Ces forces spirituelles. Il est certain que sans elles, l’homme ne pourrait pas surmonter son mauvais penchant, car la force de l’influence du yetser est très grande, puisque tout son but est d’enfoncer l’homme dans l’impureté. Il le guette sans cesse pour le faire fauter, et il se tient même entre deux portes du cœur (Berakhot 61a). Il reste caché dans le cœur de l’homme pour le faire fauter, c’est pourquoi c’est seulement avec l’aide du Ciel pour utiliser ses forces spirituelles cachées que l’homme pourra se purifier.
GARDE TA LANGUE
La parole est d’argent, mais le silence est d’or
Le mauvais penchant trompe l’homme en lui racontant des histoires. Il lui dit qu’il n’a pas la force de s’empêcher de dire du lachon hara, or c’est une erreur. Si l’homme n’avait pas la force de l’éviter, le Saint béni soit-Il n’aurait pas écrit dans Sa Torah plusieurs interdictions et obligations, Il l’aurait écrit comme s’il s’agissait simplement d’une bonne habitude, et nous dirions que cela ne concerne que les grands d'Israël. Mais nous constatons que l’homme a la force de l’éviter s’il y fait seulement attention et s’efforce de parler le moins possible, car une abondance de paroles entraîne la faute.
Quand l’homme a un procès, il répond le plus brièvement possible, sachant que toutes ses paroles vont être examinées. Il s’efforce donc de ne rien dire qui puisse lui nuire. Il doit en être ainsi de toutes les paroles qu’il prononce : qu’il n’en perde même pas une seule ! Il doit donc faire très attention à ce qu’il dit, car en fin de compte il devra répondre de chaque parole.
(Zakhot LeMyriam, 3)
A LA LUMIERE DE LA FETE
Qui a fait des miracles à nos pères en ces jours-là et en ce temps-ci
Pendant tout le temps que Moché parlait avec Paro, il ne demandait que de laisser partir les bnei Israël pour trois jours dans le désert pour offrir un sacrifice à Hachem, afin que les bnei Israël deviennent libres par la parole de Hachem, et ne soient pas des esclaves libérés par Paro. Quand ils sont sortis, Paro savait qu’ils n’avaient pas l’intention de revenir, et que Hachem, Qui leur avait fait de tels miracles en Egypte, les nourrirait également dans le désert. Mais il se disait en son cœur : ils n’ont demandé que trois jours, et c’est comme si j’avais en main un document contre eux ! Il leur a donc envoyé des espions pour qu’ils lui rapportent ce qu’ils faisaient. Et les bnei Israël ne les ont pas empêchés de venir avec eux.
Le 18 Nissan, qui était un dimanche, les bnei Israël se sont mis à préparer leurs affaires et à charger leurs bêtes pour sortir. Les espions que Paro avait envoyés avec eux leur dirent : « Vos jours de liberté sont terminés, c’est pour vous maintenant le moment de revenir en Egypte, car vous avez dit : Nous irons pendant trois jours de marche. » Les bnei Israël leur ont répondu : « Quand nous sommes sortis, est-ce que nous sommes sortis avec la permission de Paro ? Nous sommes sortis la main haute ! » Les espions leur ont dit : « Que vous le vouliez ou non, vous finirez par obéir aux ordres du royaume ! » Les bnei Israël les ont frappés, en ont tué quelques-uns, blessé d’autres, et ceux qui sont restés sont partis raconter à Paro que Moché avait dit aux bnei Israël : « Revenez en arrière, vers l’Egypte, pour que Paro ne dise pas que vous vous êtes enfuis, mais qu’il vous rattrape près de son pays, et s’il a le pouvoir de s’y opposer, qu’il s’y oppose ! » Moché a sonné du chofar, jusqu’à ce qu’ils reviennent devant Pi Ha’Hirot, à un jour et demi de l’Egypte. Quand il a sonné, ceux qui manquaient de foi ont commencé à s’arracher les cheveux et à déchirer leurs vêtements, parce qu’ils croyaient que maintenant Moché allait les ramener en Egypte, jusqu’à ce qu’il leur dise : « Il m’a été dit par D. que vous êtes des hommes libres ! Le fait que nous retournons, c’est pour tromper les Egyptiens. » Les espions sont venus trouver Paro et lui ont raconté que le peuple s’était enfui. Paro a pris son char et son peuple avec lui, ils ont poursuivi les bnei Israël et les ont rattrapés au campement de Pi Ha’Hirot, auprès de la mer. La septième nuit de Pessa’h, au début du 21 Nissan, qui était un mercredi, ils sont descendus dans la mer, et au matin ils sont montés de la mer et ont vu la grande main que Hachem avait déployée sur les Egyptiens, alors Moché et les bnei Israël ont chanté cette chira.
(Séfer HaTodaa)
La perle du Rav
Comment les bnei Israël ont-ils réussi à conserver leur spécificité en Egypte ?
Les Sages ont dit : « Par le mérite de trois choses les bnei Israël ont été délivrés de l’Egypte, ils n’ont pas changé leurs noms, ni leur langue ni leurs vêtements. » Ils ont également dit que par le mérite des femmes vertueuses de cette génération-là ils ont été sauvés de l’Egypte. Apparemment, il faut comprendre comment les bnei Israël ont réussi à conserver leur spécificité en Egypte, et comment les Egyptiens ne les en ont pas empêchés, mais se sont contenté de les asservir. Nous trouvons que Haman voulait tuer tous les juifs, ainsi qu’il est écrit : « Haman chercha à exterminer tous les juifs de tous les royaumes d’A’hachvéroch », et chez les Grecs on trouve qu’ils ont voulu déraciner la religion juive, en disant aux bnei Israël « Ecrivez sur la corne du bœuf que vous n’avez pas de part au D. d’Israël. » Seuls les Egyptiens n’ont pas tué, n’ont pas non plus déraciné la religion des bnei Israël, et n’ont pas du tout essayé de les empêcher d’accomplir ces trois mitsvot. Comment est-ce possible ?
Trois sortes d’ennemis se sont levés contre les bnei Israël : il y a les ennemis qui veulent tuer, ceux qui veulent seulement extirper la religion, et ceux qui se moquent de la religion d’Israël. Quel est le pire ? C’est celui qui raille et se moque de tous ceux qui observent la Torah et les mitsvot. En effet, l’ennemi qui veut tuer cause des tourments une seule fois, ainsi que l’ennemi qui veut extirper la religion, mais ce n’est pas le cas de celui qui se moque de ceux qui observent la Torah et les mitsvot : il les persécute jour après jour, et ils vivent constamment à l’ombre de la mort, ce qui est une longue souffrance. C’est ce que les Egyptiens ont fait aux bnei Israël. Ils ne les ont pas empêchés de conserver leur spécificité mais ils se moquaient d’eux continuellement, et il n’y a rien de pire. Seulement les bnei Israël étaient forts, ainsi que l’ont dit les Sages, et bien que les Egyptiens aient continué à se moquer d’eux jour après jour, ils ont tout de même continué à accomplir tout ce qui était en leur possibilité.
Un défenseur
Il y a une grande signification à toutes les minuties dont les bnei Israël ont l’habitude en ce qui concerne le nettoyage de la maison et des ustensiles en vue de Pessa’h. Elles éveillent de grands mérites pour les bnei Israël et annulent toutes les mauvaises pensées de leurs ennemis. Rabbi Lévy Yitz’hak de Berditchev, quand il voyait la veille de Pessa’h les femmes occupées au nettoyage et à la cachérisation de la maison et des ustensiles, en grattant, frottant, lavant et rinçant, disait comme l’on dit au moment de la sonnerie du chofar à Roch Hachana : « Puisse être Ta volonté que les anges formés par tout ce travail montent devant le Trône de Gloire et parlent en notre défense »… c’est-à-dire que toutes ces préparations créent des anges défenseurs pour Israël…
Une barrière de chaque côté
La fête de Pessa’h est entourée d’un grand nombre de barrières, de même qu’en Egypte les bnei Israël ont observé des barrières et des limites, en ne changeant pas leur langue et en se gardant de la débauche, même s’ils ne faisaient pas attention aux principes de base de la Torah, puisque « ceux-ci sont des idolâtres et ceux-là sont des idolâtres ». Il est aussi dit qu’ils ont transgressé la circoncision, mais c’est par le mérite des barrières qu’ils ont été sauvés d’Egypte. L’existence des bnei Israël en exil, le fait qu’ils ne s’assimilent pas aux peuples qui les entourent, dépend uniquement de ces barrières et de ces limites qui augmentent et renforcent leur séparation. Nous constatons que dans l’exil de Babylonie, bien que les bnei Israël aient observé les principes de la Torah, ils n’ont pas fait attention aux barrières et ils ont changé leur langue, « il y en avait parmi eux qui parlaient l’Assyrien », et leurs noms, et en fin de compte ils se sont assimilés, ils ont épousé des femmes étrangères et ils se sont complètement fondus dans les peuples des autres pays. C’est cela la force des barrières et des limites : elles protègent l’existence du peuple et amènent la délivrance.
(Méchekh ‘Hokhma)
Il est digne de félicitations
Un homme très pauvre, qui était également très inculte, s’enrichit tout à coup et devint un personnage important. Il employa des précepteurs privés pour faire de lui un homme instruit. Un jour, il perdit sa fortune et redevint aussi pauvre qu’auparavant. Malgré tout, il célébrait tous les ans l’anniversaire du jour où il s’était enrichi, et en faisait un jour de fête. On lui demanda pourquoi il se réjouissait, alors qu’il était redevenu pauvre. Il répondit : « Certes, j’ai perdu mon argent, mais les connaissances et l’éducation que j’ai acquises grâce à ma richesse me resteront toujours, il me convient donc de fêter le jour où je me suis enrichi. » Si nous nous réjouissons d’être sortis d’Egypte, que nous fêtons et racontons la gloire de Hachem jusqu’à aujourd’hui, bien que nous soyons retournés en exil et que nous ayons de nouveau été asservis sous des jougs étrangers, c’est un signe que l’essentiel de notre joie est que la sortie d’Egypte a fait de nous un peuple de prédilection et que nous avons mérité de recevoir la sainte Torah, qui nous est restée même alors que nous sommes en exil. C’est essentiellement de cela que nous nous réjouissons : que les niveaux spirituels que nous a donnés la sortie d’Egypte, nous ne les perdrons jamais. C’est pourquoi « quiconque raconte beaucoup », même à l’époque d’un sombre exil, c’est un signe que « il est digne de félicitations », car il montre par là que sa joie est spirituelle, qu’il est heureux de la Torah et du service de Hachem que nous avons mérités grâce à la sortie d’Egypte à jamais.
(Divrei Chaoul)
Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi
Quelle est la raison pour laquelle nous appelons cette fête « Pessa’h », alors que partout dans la Torah elle s’appelle « ‘hag hamatsot » ? On sait que Hachem Se glorifie sans cesse des qualités d’Israël, alors que les bnei Israël se glorifient des qualités de Hachem. Comme l’ont dit nos Sages : « Qu’est-il écrit dans les tefilin du Maître du monde ? Qui est comme Ton peuple Israël un peuple unique sur la terre » (Berakhot 6), et les bnei Israël, de leur côté, disent : « Ecoute, Israël, Hachem Notre D., Hachem est Un ». Or le mot Pessa’h évoque la louange de Hachem, « Qui a passé par-dessus (passa’h) les bnei Israël et a sauvé nos maisons. » Alors que ‘hag hamatsot évoque la louange des bnei Israël, qui ont suivi Moché dans le désert sans même prendre de provisions de route.
C’est pourquoi Hachem appelle cette fête dans la Torah ‘hag hamatsot, pour évoquer la louange des bnei Israël, alors que les bnei Israël l’appellent Pessa’h, pour évoquer la louange de Hachem.
(Kedouchat Lévi)
Cette matsa que nous mangeons
C’est pourquoi cette fête s’appelle dans la Torah et dans la prière ‘hag hamatsot et non ‘hag haPessa’h : on offrait le sacrifice de Pessa’h la veille de Pessa’h, et on n’avait le droit de le manger que jusqu’au milieu de la première nuit, c’est pourquoi on l’appelle du nom de la mitsva qui s’applique à toute la fête et pas seulement dans les premières heures de la fête…
(Dover Chalom)
LA RAISON DES MITSVOT
Le septième jour de Pessa’h
Le septième jour de Pessa’h est le jour où il a été fait des miracles à nos Pères sur la mer. La Torah dit de lui (Chemot 12) : « Le septième jour sera pour vous une convocation sainte, vous n’y ferez aucun travail. » Dans la plupart des endroits où sont évoqués dans la Torah les ordres sur le premier jour de Pessa’h, il s’y ajoute une évocation de la sortie d’Egypte. Mais à l’ordre de fêter dans la sainteté le septième jour de Pessa’h ne s’ajoute nulle part une évocation du miracle qui s’est produit ce jour-là, le miracle de la mer. De même, quand la Torah rapporte le miracle lui-même, dans la parachat Bechala’h, il n’y a aucune évocation du jour où s’est produit le miracle, et aucune évocation non plus d’un devoir de le fêter. Certes, il est déjà rappelé ailleurs qu’aucune fête n’a été donnée à Israël pour se réjouir de la chute de ses ennemis, mais uniquement du salut qui a été accordé aux bnei Israël. En effet, le Saint béni soit-Il ne Se réjouit pas de la chute des méchants, et les bnei Israël ne font pas non plus de réjouissances à ce propos. C’est pourquoi la mitsva du dernier jour de Pessa’h a été donnée aux bnei Israël avant qu’ils sachent que ce jour-là les Egyptiens allaient se noyer dans la mer. C’est pourquoi même ensuite, la Torah cache le rapport entre la sainteté de cette fête et le passage de la mer des Joncs.
L’essentiel de la joie des bnei Israël en ce jour est dans la chira que Moché et les bnei Israël ont dite par l’esprit saint. Ils ont mérité que leur chant soit fixé dans la Torah à jamais, et le Saint béni soit-Il et toutes Ses armées ont écouté ce chant.
Les bnei Israël ont l’habitude de rester éveillés toute la nuit du septième jour de Pessa’h, ou la plus grande partie de la nuit, et d’étudier la Torah. Ils vont de la Torah aux Prophètes et des Prophètes aux Hagiographes, de la Torah écrite à la Torah orale, et ils complètent par les paroles du Zohar en ce qui concerne le passage de la mer. On appelle ce programme d’études « tikoun », parce que les bnei Israël n’ont pas mérité de parfaire leur délivrance cette nuit-là, qu’il leur soit fait un grand miracle, et qu’ils chantent une chira qui soit fixée à jamais dans la Torah. Ils ont besoin pour cela de parfaire leur foi en Hachem et en Son serviteur Moché. Chaque année, cette nuit-là est propre à ce perfectionnement de l’âme dans la foi en Hachem et dans Sa Torah. Et quiconque vient se purifier, on l’aide du Ciel en cette nuit, une aide beaucoup plus grande qu’à l’ordinaire.
Echet ‘Hayil
Elle a renoncé à sa propre opinion en faveur de celle de son mari
Quand le beau-père de Rabbi El’hanan Wasserman mourut, les dirigeants de la communauté lui demandèrent de prendre sa place, en lui promettant de lui payer un bon salaire mensuel. Rabbi El’hanan n’était pas attiré par cette proposition, mais son épouse la rabbanit Mikhle exigea absolument qu’il prenne le poste qu’avait laissé son père. Elle estimait qu’à ce moment-là, dans leur maison de Baranowitz, les jeunes enfants menaient une vie de pauvreté qui les mettait en danger, tout bonnement à cause de la faim. D’abord, Rabbi El’hanan refusa absolument cette proposition : comment se séparerait-il de la yéchivah, comment allait-il tout à coup devenir rabbin, ce pour quoi il n’avait aucune inclination ? Mais son épouse refusait obstinément de céder, jusqu’à ce qu’elle lui dise un beau jour qu’elle avait décidé d’aller chez le ‘Hafets ‘Haïm à Radin pour lui demander son avis, et ce qu’il déciderait, c’est ce qu’ils feraient. Quand le cocher rentra, la rabbanit vit Rabbi El’hanan debout dans un coin en train de sangloter, tout cela parce qu’il craignait que le ‘Hafets ‘Haïm lui ordonne de quitter la yéchivah. A ce spectacle, elle changea immédiatement d’avis, paya le cocher, le renvoya et n’en parla plus.
(Or El’hanan)
A LA LUMIERE DE LA HAFTARA
« La main de Hachem est venue sur moi » (Yé’hezkel 37)
Fils d’homme, est-ce que ces ossements desséchés vont revivre ?
Dans le Kouzari, le Sage répond aux questions du roi des Khazars sur un sujet basé sur les versets de la haftara de la semaine. Le roi lui a demandé s’il est exact de dire que depuis la destruction du Temple et l’exil d’Israël de sa terre, le peuple d’Israël est devenu un corps sans souffle vital, qui se flétrit au point qu’il n’a plus aucune chance de revenir à sa glorieuse situation antérieure. Le Sage lui répond : Depuis que nous sommes partis en exil, nous ne sommes pas dignes même du titre de corps, car nous sommes comme des ossements desséchés, comme les ossements desséchés qu’a vus Ye’hezkel. Mais malgré tout, ne crois pas que nous soyons vraiment comme un objet mort. Israël entre les nations est comme le cœur au milieu des membres du corps, il ressent les maladies plus qu’eux, mais c’est justement ce fait qui témoigne de ce que le cœur est le membre le plus essentiel de tous. Il est sujet à toutes sortes de maux qui le frappent sans cesse, à causes de diverses situations comme les soucis, l’angoisse, la peur et les dangers. Sa constitution se modifie continuellement, il oscille entre le surplus et le manque, il souffre d’une mauvaise alimentation, parfois il est blessé par un mouvement, une fatigue, ou toute autre chose provoquée par le corps. L’influence de tout cela se fait sentir sur le cœur, alors que les autres membres ne sont pas sensibles à ce genre de facteurs, ils restent tranquilles à leur place. La réalité est que certes, nous sommes plongés dans le malheur et la misère, alors que le monde entier est dans le repos et la sérénité, parce que nous sommes très sensibles à la maladie de la faute. Les malheurs et les épreuves qui nous accablent ont pour but de nous purifier, de nous nettoyer de la saleté de la faute, et ils rendent notre âme apte à servir D. et à accomplir les mitsvot de la Torah. Par le mérite de la purification de notre peuple et de son amélioration, l’humanité toute entière reçoit l’influence bénéfique de Hachem.
TES YEUX VERRONT TES MAITRES
Rabbi Ye’hezkel Lewinstein zatsal
Le gaon et tsadik Rabbi Ye’hezkel Lewinstein zatsal, que tout le monde appelait « le machguia’h », a enseigné la Torah et la crainte du Ciel pendant des dizaines d’années dans les yéchivot de Klotzk et Mir en Pologne, et de Mir et Poniewitz en Erets Israël. Tous ses cours traitaient de la façon de faire pénétrer la foi dans le Créateur du monde. Quand il parlait de la foi, on pouvait sentir que Rabbi Ye’hezkel ressentait les choses qu’il disait de façon concrète. On raconte que le ‘Hazon Ich zatsal dit un jour qu’il y avait trois machgui’him qui faisaient pénétrer la foi en Hachem chez le peuple d’Israël, le gaon et tsadik Rabbi Eliahou Eliezer Dessler zatsal (Mikhtav MeEliahou), le tsadik Rabbi Eliahou Lopian zatsal (Lev Eliahou), et le tsadik Rabbi Ye’hezkel Lewinstein zatsal (Or Ye’hezkel). Le ‘Hazon Ich les décrivait ainsi : Chez le Rav Dessler, on pouvait atteindre la foi par l’intellect, parce que ses cours pénétraient jusque dans les profondeurs des paroles des Sages. Chez Rabbi Eliahou Lopian, on pouvait atteindre la foi par le cœur, parce que ses cours étaient dits avec beaucoup d’émotion et une mélodie qui brisait le cœur. Alors que chez Rabbi Ye’hezkel, on pouvait sentir la foi avec les mains… le machguia’h de Poniewitz avait perdu sa mère à 5 ans, et son père s’était remarié. Quand il arriva à la bar mitsva, son père voulut le confier à un fleuriste pour qu’il vende des fleurs. En vérité, il mérita d’apporter des fleurs de crainte du Ciel d’agréable odeur dans le cœur de centaines et de milliers de personnes. Rabbi Ye’hezkel racontait comment il avait déjà travaillé et gagné de l’argent, mais une fois, quand il alla au mikvé une veille de Chabat, on lui vola tout son argent, et alors il se dit que si c’était un argent qu’on pouvait voler en une seule fois, cela ne valait pas la peine de perdre du temps à cela. Il avait donc décidé d’aller à la yéchivah de Kelem auprès du Saba de Kelem zatsal. Et il avait mérité d’être à la yéchivah de Radin auprès du ‘Hafets ‘Haïm zatsal.
HISTOIRE VECUE
Tu raconteras à ton fils en ce jour
Dans le Talmud Torah Ets ‘Haïm à Jérusalem, on arriva à l’étude d’un passage difficile de la Guemara. L’instituteur se donnait beaucoup de mal pour expliquer le problème, quand tout à coup il s’aperçut que deux enfants jouaient entre eux. Les enfants s’aperçurent que l’instituteur les avait vus, parce qu’il se mit très en colère, et ils comprirent pourquoi il était en colère. Ils eurent peur de lui. Alors l’instituteur ferma la Guemara et sortit de la classe. Au bout de quelques minutes, il revint et continua à enseigner ce passage comme si de rien n’était. A la fin du cours, alors qu’ils allaient sortir en récréation, l’instituteur appela les deux enfants qui avaient joué et leur demanda s’ils savaient qu’ils avaient fait quelque chose de mal. Ils répondirent : oui. L’instituteur leur demanda s’ils savaient qu’ils méritaient une punition. Ils répondirent : oui. Il leur dit que leur punition serait de recevoir des coups (qu’ils reçurent effectivement). Les enfants demandèrent alors : nous comprenons que nous méritons des coups, mais pourquoi ne pas nous les avoir donnés tout de suite, quand vous avez vu que nous étions en train de jouer ? Il leur répondit : « A ce moment-là, j’étais très en colère contre vous. Je me donne tellement de mal pour expliquer un problème et pendant ce temps-là vous êtes en train de jouer ! J’ai senti que si je vous donnais des coups, ce serait pour calmer ma colère et non pour vous éduquer. Je suis sorti de la classe pour me calmer, et alors seulement je suis rentré. Maintenant que je ne suis plus en colère, je peux vous frapper pour vous éduquer ! »
LES ACTES DES GRANDS
La grandeur de la Torah
Rabbi Yo’hanan allait de Tiveria à Tsippori et Rabbi ‘Hiya son élève était avec lui. Rabbi Yo’hanan vit une vigne, et dit à Rabbi ‘Hiya : « Tu vois cette vigne ? Elle était à moi et je l’ai vendue tant. » A ce moment-là, Rabbi ‘Hiya bar Aba pleura et lui dit : « N’as-tu rien laissé pour ta vieillesse ? » Il lui répondit : « Est-ce une petite chose à tes yeux que j’aie vendu une chose qui a été créée en six jours pour acheter une chose qui a été donnée en quarante jours ? Le monde entier et tout ce qu’il contient a été créé en six jours, mais la Torah a été donnée en quarante jours. » Rabbi Tarphon mangeait des figues de son verger. Son métayer le trouva et lui donna un grand coup, car il ne savait pas que c’était Rabbi Tarphon, il croyait que c’était un voleur qui était venu prendre des fruits sans la permission du propriétaire. Rabbi Tarphon ne lui révéla pas qui il était, se taisant sous les coups. Mais quand ils se firent trop forts, au point qu’il se sentit en danger, il se dit à lui-même avec un soupir : « Malheur à toi, Rabbi Tarphon ! » Le métayer lui dit : « Etes-vous Rabbi Tarphon ? » Il répondit oui. Le métayer s’arracha les cheveux et se mit à crier et à pleurer. Pourquoi Rabbi Tarphon ne lui avait-il pas révélé immédiatement qui il était ? Pour ne pas utiliser l’honneur de la Torah. De là les Sages ont dit que quiconque utilise la couronne de la Torah n’a pas de part dans le monde à venir. Rabbi Yo’hanan ben Amram apprit de lui. Un jour, pendant des années de disette, Rabbeinou HaKadoch ordonna qu’on ouvre les greniers de blé et de nourriture et qu’on les distribue aux pauvres. Que fit-il ? Il proclama : « Que rentrent tous ceux qui connaissent l’Ecriture, la Michna, les halakhot et les Aggadot, et que les ignorants ne rentrent pas, car tous les malheurs viennent dans le monde à cause d’eux, parce qu’ils n’ont pas voulu étudier la Torah. » Rabbi Yonathan ben Amram rentra. Rabbi lui dit : « Possèdes-tu de la Torah ? » Il répondit non, il lui dit : « Alors que puis-je faire pour toi ? » Rabbi Yonathan ben Amram répondit : « Rabbi, nourrissez-moi comme un chien et comme un corbeau. » Après lui avoir donné, Rabbeinou HaKadoch se mit à le regretter, en disant : « Malheur à moi, qu’ai-je fait, j’ai donné du pain à un ignorant ! » Rabbi Chimon bar Rabbi lui dit : « Peut-être est-ce ton élève Yonathan ben Amram, qui n’a jamais voulu profiter de l’honneur de la Torah ? » On vérifia, et on trouva que c’était lui. A ce moment-là, il dit : que tout le monde rentre…
(Kala, ch. 2)