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paracha de la semaine

KEDOCHIM

30 Avril 2011

26 Nissan 5771

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Quel était le but de Rabbi ‘Akiva ?

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Nous nous trouvons actuellement entre Pessa’h et Chavouot, période où a lieu la hiloula de Rabbi Chim’on bar Yo’haï, ainsi que celle de Rabbi Meir Ba’al HaNes, tous deux Tannaïm. Penchons-nous à cette occasion sur la personnalité de leur grand maître : le saint Tanna Rabbi ‘Akiva.

Le Rambam rapporte (Chapitre 11 Hilkhot Melakhim, halakha 3) que Rabbi ‘Akiva était le bras droit du chef Ben Kouziba et soutenait que celui-ci était le Machia’h. Nos Sages affirment en effet que malgré les réserves de la majorité des autres maîtres de la génération, il continuait d’interpréter le verset « un astre (kokhav) s’élance de Ya’akov » (Bemidbar 24, 17) par « Kouzba s’élance de Ya’akov » et déclarait lorsqu’il le voyait : « Voici le Machia’h ! »

Ceci demande à être expliqué : comment Rabbi ‘Akiva, supérieur à Moché Rabbeinou selon Bemidbar Rabba (19, 6), pouvait-il considérer Bar Kokhba comme étant le Machia’h, alors qu’il se conduisait mal et reniait la Providence individuelle ? De surcroît, il « portait ses armes » et le déclarait « Machia’h » ! Il faudrait saisir le sens exact du terme « porter ses armes », car c’est justement là que se situe la singularité de la relation entre Rabbi ‘Akiva et Bar Kokhba.

Nous allons tenter de le comprendre à la lueur de ce qui est écrit dans Pessa’him (49b). Rabbi ‘Akiva disait : « Lorsque j’étais un ignorant, je proclamais : ‘Qu’on me livre un Sage et je le mordrai comme un âne !’ » Ses élèves lui ont alors répliqué : « Rabbi, il aurait fallu dire ‘comme un chien’ ! » mais il a expliqué : « Le chien mord sans briser l’os, alors que l’âne mord en brisant l’os. » Pourquoi Rabbi ‘Akiva développait-il alors une telle haine contre les Sages d’Israël, au point de vouloir leur infliger la morsure d’un âne qui laisse des traces ?

En réalité, il estimait que ces hommes, en ne faisant pas le nécessaire pour le rapprocher de la Torah et la lui enseigner, étaient en partie responsables de son état d’ignorance. C’est pourquoi il éprouvait tant d’animosité à leur égard. En effet, il est dit que si l’on voit des hommes incultes qui pèchent abondamment, on peut en attribuer la faute aux maîtres de leur génération qui n’agissent pas suffisamment auprès des ignorants. De plus, une telle attitude entraîne haine gratuite et ruptures.

Ainsi, lorsque la fille de Kalba Savou’a lui a apporté son soutien, il est parti grâce à elle étudier la Torah et a pu devenir un grand Sage. Il s’est alors attaché à aider les autres et à les ramener aussi vers le bon chemin. Nos Sages rapportent d’ailleurs plusieurs épisodes illustrant sa grandeur (Kala Rabbati, 2) : il avait pris sous son aile un orphelin (fils d’un impie), l’avait éduqué et lui avait enseigné la Torah jusqu’à que celui-ci grandisse et puisse dire kaddich pour son défunt père. Le kaddich avait alors permis d’annuler le mauvais décret qui pesait sur ce dernier. Une autre fois, Rabbi Tarfon lui avait donné quatre mille dinars d’or afin de s’acheter un ânon, mais Rabbi ‘Akiva, qui était aussi encaisseur d’œuvres de bienfaisance, avait préféré distribuer cette somme aux pauvres.

Nous voyons donc qu’il était de nature à être bon et à donner de la tsedaka. De même que notre maître Moché s’est sacrifié pour l’ensemble d’Israël [que ce soit pendant l’esclavage en Egypte, lors de leurs pérégrinations dans le désert ou quand il est monté au ciel et a été confronté aux anges qui ne voulaient pas céder la Torah au peuple d’Israël (Chabbat 88b)], de même Rabbi ‘Akiva, qui provenait d’une étincelle de Moché, a combattu les Romains qui voulaient déposséder les bnei Israël de la Torah et la leur faire oublier.

Rapprocher les égarés

Rabbi ‘Akiva a décelé en Bar Kokhba également cette disposition à aider autrui : il a constaté que ce dernier faisait tout pour rassembler le peuple d’Israël contre l’ennemi, qu’il tentait de transformer la haine gratuite, à l’origine de la destruction du Temple, en amour gratuit. Mais il était par ailleurs conscient que ce dernier ne respectait pas les mitsvot et agissait avec beaucoup d’impiété, notamment lorsqu’il avait coupé les doigts de ses soldats en leur infligeant un défaut physique (Eikha Rabba 2, 4). Cependant, Rabbi ‘Akiva a agi selon les paroles du Tanna Rabbi Yéhouchoua ben Pera’hya (Avot 1, 6) : « Donne à tous le bénéfice du doute. »

Ainsi, il a plaidé pour Bar Kokhba en supposant que son mauvais comportement n’était dû qu’à l’influence des Romains, et puisque celui-ci désirait les combattre, il fallait le soutenir dans cette mission. En effet, après sa victoire, leur influence sur les bnei Israël disparaîtrait de fait, et il reviendrait lui aussi dans le droit chemin, car une mitsva en entraîne une autre (ibid. 4, 2). Inévitablement, quand Bar Kokhba aurait ouvert « une ouverture aussi petite que le chas d’une aiguille, le Ciel lui ouvrirait des portes d’une largeur à laisser passer des chars » (Chir Hachirim Rabba 5, 3). En commençant par faire une petite mitsva, on en vient à accéder à un niveau élevé et on peut même atteindre l’état « d’astre », qui est une étincelle de Ya’akov Avinou.

C’est pourquoi Rabbi ‘Akiva lui attachait le verset « un astre s’élance de Ya’akov » (Bemidbar 24, 17). De même que tout juif descendant de Ya’akov a la capacité de s’élever et d’atteindre un niveau supérieur, de même le chemin pris par Bar Kokhba devait potentiellement lui permettre de s’amender et de s’améliorer. Rabbi ‘Akiva a donc minimisé l’attitude alors incorrecte de Bar Kokhba et s’est davantage attardé à sa volonté de lutter contre l’ennemi qui cherchait à priver le peuple d’Israël de sa Torah, combat qu’il fallait évidemment soutenir. En se maintenant aux côtés de Bar Kokhba, Rabbi ‘Akiva voulait pouvoir lui prodiguer des conseils et l’encourager à lutter non seulement contre l’ennemi extérieur mais également contre son mauvais penchant.

Nous apprenons de cette attitude une leçon fondamentale : lorsque nous voyons un juif qui réussit, alors même s’il se trouve éloigné du judaïsme, nous ne devons pas le dédaigner mais au contraire tenter de l’en rapprocher et « porter ses armes », c’est-à-dire de le détourner de tous les comportements et mauvais traits de caractère auxquels il s’était attaché afin qu’il revienne dans le bon chemin, et remplace ses anciennes habitudes par les voies de la Torah, chargées de bénédiction. L’aspiration de Rabbi ‘Akiva était donc de battre les Romains, d’unir le peuple d’Israël et par ce mérite, de rétablir l’ancienne splendeur sous la tutelle du Machia’h.

LES PAROLES DES SAGES

Le paiement du salaire en son temps

L’injonction qui apparaît dans notre paracha : « Que le salaire du journalier ne reste point par devers toi jusqu’au lendemain » est répétée dans Devarim avec encore plus de vigueur : « Le jour même, tu lui remettras son salaire, avant que le soleil se couche; car il est pauvre, et il attend son salaire avec anxiété. Crains qu’il n’implore D. contre toi, et que tu ne sois trouvé coupable. »

Déjà dans les premières générations, les grands d’Israël menaient inlassablement le combat afin que personne n’exploite ses employés, attitude inconvenante et intolérable pour D.

Il est écrit dans « Séfer Ha’Hassidim » : « Ceux qui retiennent le salaire d’un employé, qui achètent aux non-juifs un objet volé, qui utilisent des instruments d’idolâtrie, leurs bougies, leurs bijoux et leurs outils, qui refusent de payer leur contribution à la communauté : leur argent est mis en anathème. D. décrète que cet argent sera perdu quelle que soit la personne qui le détiendrait. C’est pourquoi on fera attention à ne pas se trouver en possession d’un tel bien… »

Une trace de vol

L’histoire de Rabbi Avraham Galanti, l’un des grands sages de Tsfat qui s’est rendu auprès du Ari zal afin de lui demander une réparation pour son âme, est bien connue. Au début, le Ari n’a pas voulu satisfaire sa requête : « Qui suis-je pour vous prescrire un tikoun, vous qui êtes si grand en Torah ? » lui a-t-il dit. Mais suite à l’insistance de Rabbi Avraham, le Ari zal a observé son front et lui a dit : « Je discerne sur votre front une trace d’une minime faute de vol. » Rabbi Avraham est resté stupéfait. Il est rentré chez lui éploré et attristé, s’est revêtu d’un cilice, s’est assis par terre et a éclaté en sanglots tout en faisant un scrupuleux examen de conscience.

Rabbi Avraham était propriétaire d’un atelier de tissage et de filature. Il a alors immédiatement rassemblé tous ses ouvriers et leur a demandé de vérifier leurs comptes afin de déterminer s’il leur devait encore une quelconque somme d’argent. Ils ont répondu unanimement que tout l’argent qu’ils percevaient de chez lui était accompagné d’une telle bénédiction qu’ils n’avaient jamais eu besoin de contrôler leurs salaires.

Rabbi Avraham leur a alors répliqué : « Maintenant, j’ai compris ! Je suis coupable de vol parce que vous avez reçu vos rémunérations sans rigueur et sans vérification. Désormais, si vous vous engagez à être pointilleux avec moi au sujet des salaires tant mieux, sinon je préfèrerais que vous abandonniez l’entreprise car je ne veux pas entrer au Guéhénom à cause de mon atelier. »

Puis il a poursuivi : « A présent je dois réparer mes actes passés. Je poserai devant vous cette bourse d’argent et chacun y prendra ce qu’il désire puis déclarera en toute sincérité : « J’ai reçu tout ce que le patron me devait, et s’il me devait davantage, je l’en considère entièrement quitte. » »

Les travailleurs lui ont immédiatement accordé leur pardon et aucun d’entre eux n’a pris le moindre centime… à l’exception d’une vieille dame qui s’est penchée à terre pour retirer de la bourse deux pièces.

C’est alors que le Ari zal lui a révélé : « Cette femme-là était une tisseuse expérimentée et aurait dû percevoir un salaire plus élevé que les autres employés, au lieu de quoi elle a été payée comme tout le monde. Le Ciel s’est montré sévère avec vous car il ne convenait pas d’agir ainsi. Mais maintenant que cette erreur est réparée, la trace de vol qui était inscrite sur votre front a été effacée.

Nous tirons d’ici une grande leçon morale : si à cause de cette légère négligence un soupçon de vol s’est inscrit sur le front de cet homme pieux et saint, combien de fautes doivent être inscrites sur le front de celui qui vole ou abuse son prochain ! Comment un tel homme peut-il se tenir et prier devant D. ?

Cette faute raccourcit les jours

L’auteur du merveilleux livre « Kav Hayachar » rapporte des paroles encore plus explicites (Chapitre 14) :

On affirme dans le Zohar que quiconque retient le salaire d’un travailleur sera sévèrement puni. Chaque ouvrier aspire ardemment à la rétribution de son labeur, et retenir son salaire revient à séquestrer l’âme de ce travailleur et celle des membres de sa famille. Un homme qui agirait ainsi verrait s’éloigner de lui et s’évanouir toute la prospérité qui lui était a priori destinée. Tout cela car il a retenu le salaire d’un employé et que cette faute raccourcit les jours de la vie, que D. préserve.

Ce texte du Zohar est un avertissement important : il n’y a pas de plus grande profanation du nom de D. que de laisser un employé (fût-il non-juif) demander sa rémunération en pleurant et en suppliant son employeur. Il attend son salaire pour l’effort qu’il a fourni et la peine qu’il s’est donnée et pourtant son patron fait mine de ne pas l’entendre, le renvoie… et le fait revenir… avant de lui remettre son dû ! La punition survient très rapidement pour quiconque agit ainsi : ses biens seront perdus et voués à la disparition. Même s’il vit convenablement dans le moment présent, il n’aura finalement ni bien-être ni réussite, il arrivera dans le monde à venir totalement démuni et on n’aura pas pitié de lui. En plus de tout ce que nous venons de citer, cette transgression amène encore de nombreuses autres punitions. C’est pourquoi nous devons être très attentifs à ne pas trébucher et tomber dans cette faute de retenir le salaire d’un travailleur.

GARDE TA LANGUE

A plus forte raison devant des non-juifs

L’interdiction du lachon hara s’applique même si on parle mal de quelqu’un devant des juifs, et à plus forte raison si c’est devant des non-juifs. Dans ce cas, c’est une faute beaucoup plus grave, car outre le fait qu’on insulte un juif et que de cette façon on profane l’honneur de D., on provoque aussi beaucoup de mal pour cette personne. En effet, si on rapporte quelque chose de mal à un juif, il ne va pas le croire immédiatement, mais si on parle d’un juif devant un non-juif, en disant qu’il est malhonnête ou quelque chose de ce genre, l’autre le croira immédiatement et fera circuler cette rumeur, ce qui lui causera beaucoup de tort.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Le salut d’Israël ne dépend que des larmes

« Tout homme qui maudira son père et sa mère sera certainement mis à mort »

Les Sages ont dit (Tan’houma Kedochim 15) : « Voyez combien la mitsva de respecter son père et sa mère est chère au Saint béni soit-Il : Il ne réduit pas la récompense de celui qui l’accomplit, que ce soit un juste ou un méchant. D’où le savons-nous ? D’Essav le méchant, à qui D. a donné tant d’honneur parce qu’il respectait son père. Rabbi Elazar dit : « Essav le méchant a versé trois larmes, l’une de son œil droit, l’autre de son œil gauche, et la troisième est restée attachée à son œil et n’a pas coulé. Quand cela ? Lorsque Yitz’hak a béni Ya'akov. Et voyez combien de paix lui a donné le Saint béni soit-Il ! » Les Sages ont encore dit (Yilamdeinou Béréchit 126) : « A cause de trois larmes qu’a versées Essav, Israël a subi trois guerres, ainsi qu’il est dit (Téhilim 80, 6) : « Tu les a nourris d’un pain de larmes, tu les a abreuvés de larmes triples. » » Il est encore dit dans le Zohar (II 12b) que la délivrance d’Israël ne dépend que des larmes. Quand il aura totalement payé les larmes versées par Essav devant son père, ces larmes qui ont fait descendre les bnei Israël en exil, quand le mérite de ces larmes sera terminé, ils sortiront de l’exil, et c’est ce qui est écrit (Yirmiyahou 31, 8) : « Ils reviendront avec des larmes et de touchantes supplications. » Réfléchissons : nous savons qu’Essav n’accomplissait pas cette mitsva honnêtement, par conséquent il n’était pas digne qu’il lui soit donné toute cette récompense. De plus, le Saint béni soit-Il juge Israël à cause de ses larmes ! La réponse est qu’au moment où Essav a versé ces larmes devant son père Yitz’hak, la stricte justice est venue dire : « Maître du monde, est-ce que par hasard ce méchant pleure et verse des larmes à cause d’un mitsva qu’il n’a pas pu accomplir ? Il ne pleure qu’à cause de la récompense et des bénédictions que Ya'akov lui a prises, et dans ce cas, il pleure et souffre à cause d’une récompense matérielle ! Ce n’est donc pas juste envers les bnei Israël, qui aspirent aux mitsvot de la même façon que ce méchant aspire à la récompense des mitsvot ! »

Quand le Saint béni soit-Il a entendu cela, Il lui a donné une récompense, et les bnei Israël ont été dispersés chez les peuples du monde à cause de cela. Ils n’en sortiront pas avant que les larmes de ce méchant ne se soient noyées dans les larmes d’Israël. Et elles ne disparaissent pas avec les larmes qui viennent de la douleur, car celles-ci ont pour cause les mauvais décrets, mais uniquement dans les larmes qui coulent des yeux sur la douleur de la Chekhina, ainsi qu’il est dit (Baba Metsia 59a) : Depuis le jour où le Temple a été détruit, les portes de la prière ont été fermées, en accord avec le verset (Eikha 3, 8) : « Même si je crie et appelle au secours, Il ferme tout accès à ma prière. » Or bien que les portes de la prière aient été fermées, les portes des larmes n’ont pas été fermées, ainsi qu’il est dit (Téhilim 39, 13) : « Ecoute ma prière, Hachem, et prête l’oreille à mon cri, ne sois pas sourd à mes larmes. »

A LA SOURCE

« Soyez saints, car Je suis saint, Moi Hachem votre D. » (19, 2)

Beaucoup de gens commettent l’erreur de penser, a dit un jour Rabbi Israël Salanter, que la sainteté ne concerne que les choses spirituelles. Mais dans la parachat Kedochim, la Torah fixe les conditions nécessaires pour atteindre la sainteté : « Ne volez pas, ne reniez pas et ne mentez pas », « ne maltraitez pas le prochain, ne dérobez pas », « ne commettez pas d’injustice dans un jugement », c’est de toutes ces choses que dépend la sainteté, « car je suis saint, Moi Hachem votre D. », dans le Ciel, pour ainsi dire, Je suis saint. Et si J’exige de vous la sainteté, c’est dans les choses matérielles, dans les transactions, le travail, le commerce, les relations avec autrui.

Voici ce qui est dit dans le traité Pessa’him (104a) : Pourquoi appelait-on Rabbi Mena’hem ben Simaï « fils du saint » ? Parce qu’il ne regardait jamais une pièce de monnaie. Sa sainteté portait donc sur des questions d’argent…

« Chacun craindra son père et sa mère, et vous observerez mes Chabbats » (19, 3)

On raconte sur Rabbi Alexander Ziskind de Horodna zatsal, auteur de « Yessod VéChorech HaAvoda », qu’avant de faire toute mitsva, il disait trois fois « lechem yi’houd », pour la mitsva elle-même, pour honorer son père et pour honorer sa mère. En effet, il est écrit dans le Zohar que chaque mitsva et bonne action que fait l’homme cause de la satisfaction et de l’honneur à ses parents dans le monde de vérité.

Dans le Zohar, il est dit à propos de la mitsva : « Respecte ton père et ta mère » (parachat Yitro) que les bonnes actions, c’est cela qui s’appelle respecter son père et sa mère !

« Ce qui reste jusqu’au troisième jour sera brûlé » (19, 7)

Rabbi Ra’hamim Melamed Hacohen zatsal, dans son livre « Kissé Ra’hamim », interprète ce verset comme une allusion à une viande qu’on a laissée trois jours après l’abattage sans la tremper dans l’eau et sans la saler, et qu’il est devenu interdit de cuire, parce que le sang s’est coagulé à l’intérieur, a été absorbé et a séché, et ne peut plus sortir par salage, mais uniquement en le grillant sur le feu.

Le verset dit à ce propos : « ce qui reste jusqu’au troisième jour »   la viande qui est restée sans être mouillée ni salée jusqu’au troisième jour a le statut de « sera brûlée », il n’y a plus d’autre moyen que de la griller sur le feu.

« Tu ne maltraiteras pas ton prochain et tu ne voleras pas, tu ne laisseras pas le salaire du journalier jusqu’au lendemain » (19, 13)

La signification des ordres évoqués dans ce verset et dans le suivant, où il est dit « Ne maudis pas un sourd et ne place pas un obstacle devant un aveugle » a suscité l’étonnement du gaon Rabbi Yehonathan Eibeschütz zatsal. Voici ce qu’il répond :

L’ordre « Tu ne maltraiteras pas ton prochain » désigne le fait de ne pas payer immédiatement son salaire à quelqu’un qui travaille à l’heure, et quiconque transgresse cette interdiction en arrive à l’interdiction de « Tu ne voleras pas. » Comment ? Du fait que « Tu ne laissera pas le salaire d’un journalier jusqu’au lendemain matin », car le maître de maison qui se préoccupe de ses employés se souvient à temps de les payer, mais s’il tarde et ne les paye pas à temps, il risque d’oublier et de transgresser « Tu ne voleras pas. » Le salarié se dira alors en lui-même que son patron a l’intention de le voler et il le maudira. Ainsi, l’employé transgressera l’interdiction de ne pas maudire un sourd, et de son côté, le patron qui a provoqué cette malédiction transgresse : « Ne place pas d’obstacle devant un aveugle. »

« Ne place pas d’obstacle devant un aveugle » (19, 14)

Un avrekh ben Torah qui étudiait depuis de longues années est entré un jour chez le Roch Yéchivah Rabbi Yéhouda Tsadka zatsal, pour lui demander de bien vouloir l’examiner sur les lois de ‘Hochen Michpat dans le Choul’han Aroukh, et de lui donner un diplôme de « semikhat ‘hakhamim ».

Le Roch Yéchivah accepta, et lui fixa un rendez-vous où il lui ferait subir un examen, comme il le demandait.

Quand vint le moment de l’examen, l’avrekh arriva chez le Rav, et encore avant de se mettre à discuter avec lui, le Roch Yéchivah lui exposa une petite demande : qu’il veuille bien lui prêter une certaine somme d’argent. Celui-ci s’empressa de le faire, pour accomplir le désir du tsadik, il sortit immédiatement de son portefeuille la somme qui lui avait été demandée, et la donna au Roch Yéchivah avec une joie visible.

Immédiatement, le Rav lui dit : « Cela suffit, l’examen est déjà terminé. » Quand il exprima son étonnement, il lui suggéra indirectement qu’il avait oublié une halakha explicite du Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat dans les lois sur le prêt, où il est dit : « Il est interdit de prêter sans témoins même à un talmid ‘hakham, et quiconque prête sans témoins transgresse « ne place pas d’obstacle devant un aveugle »…

UNE VIE DE TORAH

« Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles sur l’argile et la brique, par des corvées rurales, outre les autres labeurs qu’ils leur imposèrent tyranniquement. » (Chemot 1, 14)

Le Zohar nous livre une explication de ce verset selon le sens caché de la Torah en établissant un parallèle avec l’étude.

« Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles (‘kacha’) : il s’agit des questions difficiles rencontrées dans le texte (kouchia). « Sur l’argile (‘homer) » renvoie aux raisonnements du type « a fortiori (kal va’homer) ». « Et la brique (‘lévénim’) » désigne l’éclaircissement (‘liboun’) en matière de halakha. « Par des corvées rurales » : il s’agit de l’étude des baraïtot (michnaïot ne figurant pas au recueil officiel). « Outre les autres labeurs qu’ils leur imposèrent tyranniquement » : ce sont les difficultés de la Torah que le prophète Elie élucidera.

Indépendamment du sens simple du texte, les Sages d’Israël nous ont révélé par ce verset la voie qui mène à la Torah, et qui n’est pas celle de l’abondance et du plaisir. L’Admor de Gour (Beit Israël, Chavouot 712) écrit : « La Torah ne subsiste que chez celui qui la fait précéder de souffrances… et pour soumettre le mauvais penchant, il suffit de lui déclarer que l’on étudie uniquement parce qu’on en a reçu l’ordre. » Quiconque n’éprouve pas le désir de s’adonner à la Torah doit fournir un effort particulier au départ pour s’y engager malgré tout car ensuite « ceux qui y ont goûté ont mérité la vie (la vraie vie). » De plus, la récompense vient en grande partie pour l’effort fourni afin de dépasser cette absence d’attirance pour l’étude.

Rabbi ‘Haïm Vital, disciple du saint Ari, disait à propos de son maître : même lorsqu’il approfondissait une halakha avec des compagnons d’étude, je l’ai vu se montrer fort comme un lion jusqu’à s’épuiser et transpirer intensément.

Je lui ai alors demandé : « Pourquoi investissez vous autant d’énergie ? » Il m’a répondu : « Car c’est en cela que consiste la véritable étude : briser les écorces que constituent les difficultés de la halakha et qui en empêchent la compréhension. C’est pourquoi nous devons peiner et y consacrer toutes nos forces (‘léhatich koa’h’). La Torah est en effet appelée ‘touchia (intelligence, sagacité)’ car elle affaiblit celui qui l’étudie. C’est la raison pour laquelle il convient de dépenser son énergie et de s’épuiser en étudiant la halakha. »

Je n’en ai pas envie non plus !

Un sage important s’est une fois rendu chez le Steipler en lui avouant qu’il n’éprouvait pas le désir d’étudier la Torah. Celui-ci a alors élevé la voix et s’est écrié : « Que croyez-vous ? Que j’en éprouve le désir, moi ? Mais alors quoi ? Je sais simplement que nous en avons le devoir ! Tout comme nous avons l’obligation de consommer de la matsa le soir du Séder sans prétexter ne pas en avoir envie, nous avons aussi celle d’étudier la Torah… et plus encore, sans Torah nous ne sommes même pas considérés comme des êtres humains ! »

Par ailleurs, un homme érudit proche du Steipler a raconté que ce dernier s’était un jour plaint en sa présence qu’il lui était difficile d’étudier, puis qu’il avait immédiatement ajouté « Mais nous sommes obligés ! » et s’était immédiatement remis à son étude avec application.

Surveillez-le bien !

L’épouse du sage Salman Moutsafi a relaté que l’un des rabbanim de la yéchiva était un jour venu lui révéler : « A plusieurs reprises, votre mari a étudié durant de nombreuses heures sans prendre de pause, au point de s’évanouir en pleine étude. A chaque fois je l’ai aidé à reprendre connaissance, mais une fois il a même vomi du sang. Je suis donc venu vous en informer afin que vous fassiez attention à sa santé. »

J’ai une réponse !

On raconte au sujet du Admor Rabbi Méïr Ye’hiel Halévy d’Ostrovtsa que déjà dans son jeune âge, il était si perspicace que ses maîtres d’école ne parvenaient pas à lui enseigner. Il est donc parti dans une yéchiva destinée à des garçons plus âgés dans laquelle étudiaient les jeunes gens les plus vifs de Pologne, qui, cependant, n’avaient pas pris la mesure de l’excellence du jeune Méïr Ye’hiel.

Une fois, alors qu’ils étaient plongés dans une souguia et que tous débattaient sans pouvoir la comprendre, ils l’ont envoyé acheter une « boisson », comme avaient l’habitude de le faire les ‘hassidim. Sur le chemin du retour, préoccupé par la difficulté de la souguia, il s’est heurté à un mur, la bouteille qu’il tenait s’est brisée le blessant ainsi à la main. Il perdait beaucoup de sang mais il ne sentait rien…

Puis soudain, il a trouvé une explication merveilleuse à la souguia ! En pleine hémorragie et tout excité, il a fait irruption dans la maison d’étude, tenant le haut de la bouteille brisée, et s’est exclamé : « J’ai une réponse ! »

Il était une fois un homme pieux…

Un homme pieux avait installé une maison d’étude dans son appartement, il y priait chaque jour avec ses disciples et révisait avec eux leur michna. Cet homme-là ne quittait jamais sa demeure et n’allait jamais au marché de la ville. Un jour cependant, il a demandé à ses élèves : « Accompagnez moi aujourd’hui au marché s’il-vous-plaît, je voudrais m’y promener. » Ils lui ont répliqué : « Maître, le marché n’est pas un lieu de promenade ! Il est rempli de commerces et une multitude de personnes s’y bousculent… la promenade n’est agréable que dans les champs. » Mais il a insisté : « Je veux malgré tout aller au marché aujourd’hui. C’est là-bas que je veux me promener et non à la campagne. » Ils sont donc partis tous ensemble.

Alors qu’ils approchaient du marché, ils ont aperçu un groupe de six hommes : chacun de ces ouvriers, ruisselant de sueur, portait sur son épaule un grand et lourd fardeau. Le Rav et ses disciples se sont alors tenus de côté pour laisser passer les portefaix qui portaient ces grandes charges, provenant de la douane et destinées à leurs patrons, commerçants au marché.

Le Rav s’est adressé à ses élèves : « Nous pouvons apprendre beaucoup de ces portefaix qui portent de lourdes charges. A cause de ces dernières, ils ruissellent de sueur, ils doivent se courber, et leurs os sont écrasés. Tout ceci pour dix sous. Pourtant, nous voyons bien qu’ils ne périssent pas sous le poids de ces fardeaux, ils ne s’affaiblissent pas à cause de l’effort, leurs os ne se brisent pas puisqu’ils sont capables de recommencer trois ou quatre fois par jour, puis le lendemain, et ainsi de suite… ils sont en bonne santé et leur énergie est toujours aussi vive. Ainsi mes amis, vous n’épuiserez certainement pas vos forces en vous adonnant à l’étude de la Torah. Même si vous restez devant moi pendant six heures consécutives, même si vous êtes sous le soleil qui vous fait transpirer, quel que soit l’effort que vous fournirez pour la Torah, votre labeur n’atteindra pas la moitié de celui de ces travailleurs. De plus, si pour un salaire de dix sous on peut se fatiguer à ce point, a fortiori le peut-on pour acquérir la Torah dont la récompense est éternelle, extraordinaire et gigantesque, qu’aucun œil n’a jamais vu ! »

(« Ben Ich ‘Haï »)

 

 
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