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paracha de la semaine

KORAH

25 JUIN 2011

23 SIVAN 5771

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:40

23:06

Lyon

21:17

22:35

Marseille

21:05

22:19

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

KORA’H ETAIT POURTANT INTELLIGENT

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Kora’h ben Yitz’har ben Kehat ben Lévi prit… » (16, 1)

Il faut comprendre quelle est la racine de ce qui a poussé Kora’h à s’opposer à Moché et à la Chekhina. Kora’h n’était pourtant pas un homme simple, il faisait partie de la tribu de Lévi, qui avait été choisie pour porter l’Arche d’alliance. Les Sages ont dit que l’Arche portait ceux qui la portaient. Et Kora’h avait la chance de porter l’arche, donc c’était quelqu’un de supérieur, alors comment en est-il arrivé à une attitude aussi basse ?

A qui a-t-il osé s’attaquer ? A Moché le « berger fidèle », qui s’était entièrement dévoué toute sa vie pour le peuple d’Israël, lui qui d’un geste de la main avait amené des plaies terribles sur l’Egypte, lui qui avait fendu la mer, lui qui en élevant les mains avait vaincu Amalek, et fait sortir de l’eau d’un rocher en le frappant de son bâton. Kora’h savait tout cela, et il savait qu’il n’était rien par rapport à Moché. Alors comment s’est-il lancé dans une guerre contre Moché et Aharon dont les résultats étaient connus d’avance ?

Les kabbalistes ont écrit au nom du Ari zal que les dernières lettres des mots tsaddik katamar yifra’h (le juste fleurira comme le palmier) forment le mot Kora’h, pour nous dire que dans l’avenir, Kora’h s’élèvera et servira dans le Temple comme Cohen gadol, et s’il mérite un tel niveau, c’est une preuve que c’était dès le début un homme d’une grande élévation. Comment n’a-t-il pas craint les résultats épouvantables de cet antagonisme et a-t-il réussi à rallier à lui deux cent cinquante personnes, chefs de tribunaux, et tout cela par le lachon hara et la médisance sur Moché Rabbeinou, le serviteur de Hachem, et Aharon HaCohen ? Le verset dit : « Moché entendit et se prosterna », et la Guemara (Sanhédrin 109) explique qu’on le soupçonnait d’adultère ! C’est donc effrayant de voir jusqu’où arrivait la bassesse de ces gens. Cela ne fait que renforcer la question : qu’est-ce qui a poussé Kora’h à se conduire ainsi ?

Rachi écrit sur le verset « Cela suffit, enfants de Lévi » : « Pourquoi Kora’h, qui était intelligent, s’est-il lancé dans cette bêtise ? Parce que son œil l’a trompé. Il a vu qu’une grande dynastie descendait de lui, Chemouël qui est considéré comme l’égal de Moché et Aharon ensemble, et il s’est dit : je serai sauvé à cause de lui. Ses descendants ont compté vingt-quatre équipes de garde, qui prophétisaient tous par l’esprit saint. Il s’est dit : est-il possible que toute cette grandeur descende de moi et que je me taise ? C’est pourquoi il a comploté pour obtenir cette dignité. »

Il faut beaucoup réfléchir à la leçon que nous donne Rachi en disant « son œil l’a trompé ». Quelqu’un qui est corrompu par l’orgueil qui est en lui et l’amour de soi qui est implanté en son cœur peut voir des choses et les déformer, et les transformer de vérité en mensonge, en croyant que c’est la vérité. Combien est grande la force de cette corruption, la force de ces défauts abominables, pour pouvoir pousser à lutter contre les grands du monde, les élus de Hachem, et sentir que c’est une guerre de mitsva pour l’amour du Ciel ! Et pourquoi ? Parce que « son œil l’a trompé », il a vu le prophète Chemouël sortir de lui, or Chemouël vaut autant que Moché et Aharon ensemble.

Apparemment, si on réfléchit avec droiture et logique, au contraire, si on tient à l’honneur de Chemouël, plus on augmentera et glorifiera l’honneur de Moché et Aharon, plus l’honneur et la grandeur de Chemouël augmenteront, puisqu’il avait vu par l’esprit saint que Chemouël vaut autant que Moché et Aharon ensemble. Et inversement, plus on portera atteinte à leur grandeur en les rabaissant, plus on rabaissera l’honneur de Chemouël. Mais « son œil l’a trompé », l’orgueil et la vanité qui étaient en lui ne lui ont pas permis de regarder la vérité sur l’honneur de Chemouël qui allait sortir de lui, il a regardé son propre honneur : si Chemouël doit sortir de moi, alors moi, Kora’h, je dois recevoir la gloire et les honneurs.

« Pourquoi vous érigez-vous en chefs de l’assemblée de Hachem ? » Les mauvais traits de caractère ont le pouvoir de faire pencher le cœur du positif vers le négatif, et c’est la faiblesse qu’avait Kora’h : la poursuite des honneurs et la jalousie sont ce qui l’ont poussé à vouloir acquérir la gloire pour lui-même et à contester Moché et Aharon.

Il en va ainsi de toute cette contestation : on voit que « son œil l’a trompé » et qu’il n’a pas mérité d’avoir un regard clair.

Kora’h dit à Moché : « Toute la communauté est entièrement sainte, pourquoi vous érigez-vous en chefs ? » Kora’h est intéressé à ce que tout le monde soit chef, car tout le monde en est digne, alors pourquoi vous, Aharon et Moché, vous érigez-vous en chefs ?

Apparemment, c’est une question parfaitement stupide. N’importe qui sait parfaitement que pour qu’il y ait une discipline et un ordre exemplaire chez le peuple d’Israël, il faut nécessairement qu’il y ait une autorité officielle qui ait le pouvoir, autrement chacun ferait ce qui lui passerait par la tête. Comme l’ont raconté les Sages, lorsque le prophète Eliahou et Rabbi Yéhochoua ben Lévi sont allés dans une synagogue de riches où on ne les a pas traités avec respect, Eliahou leur a donné la bénédiction : « Puisse la volonté de D. être que vous soyez tous à la tête », et c’est la plus grande malédiction qu’on puisse donner à une communauté. C’est exactement quelque chose de ce genre que Kora’h voulait instaurer chez les bnei Israël. C’est uniquement parce que son œil l’avait trompé, l’amour des honneurs et la jalousie aveuglent les yeux des sages et déforment les paroles des justes.

Par ailleurs, nous voyons la fermeté et le courage de Moché, dont la Torah témoigne : « L’homme Moché était le plus humble des hommes de la terre. » Bien qu’on l’ait soupçonné d’adultère, bien que deux cent cinquante hommes, chefs de tribunaux, se soient soulevés contre lui, il cherche encore le moyen d’apaiser cette contestation et de faire régner la paix, ainsi qu’il est dit : « Moché envoya appeler Datan et Aviram. » Rachi cite la Guemara (Sanhédrin 110) qui apprend de ce passage qu’on ne doit pas entretenir un conflit, car c’est Moché qui les recherchait pour les apaiser par des paroles de conciliation, et Aharon, le saint de Hachem, était avec lui pour faire régner la paix, lui dont il est dit qu’il « aimait la paix et poursuivait la paix ». C’est la différence abyssale qu’il y a entre Moché et Aharon d’une part et Kora’h et sa clique d’autre part, lui dont il est écrit « Kora’h prit », il s’est pris lui-même d’un côté. Et le Targoum dit « Vayitpaleg Kora’h », Kora’h s’est séparé, il s’est séparé des tribus d’Israël et a provoqué une scission en Israël.

Voyez quel châtiment considérable Kora’h s’est amené sur lui-même et sur sa bande ! Le Saint béni soit-Il avait créé une bouche à la terre dès les six jours de la Création : « La terre ouvrit sa bouche et les avala, eux et leurs maisons, tous les hommes et tous les biens. » Nos Sages ont dit que même un objet appartenant à Kora’h qui se trouvait dans la poche de quelqu’un d’autre, même si ce dernier ne faisait pas partie de la bande de Kora’h, devait être avalé par la terre. La terre a alors ouvert sa bouche à côté de cet homme, qui ne comprenait pas ce qu’on lui voulait, puisqu’il ne faisait pas partie de la bande de Kora’h, et une peur terrible l’a envahi, jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il avait dans sa poche un souvenir qu’il avait reçu de Kora’h (car pour rassembler la communauté contre Moché et Aharon, Kora’h avait distribué toutes sortes d’objets en vue de faire des élections). Immédiatement, il l’a sorti de sa poche et la terre l’a avalé. Si bien qu’il ne resta aucun souvenir de Kora’h ni de ses biens, et nos Sages ont dit : « Voyez quelle est la puissance de la dissension ! Au Tribunal céleste on ne punit qu’à partir de l’âge de vingt ans, mais dans cette dissension, même les bébés ont été avalés par la terre, ainsi qu’il est dit : « leurs femmes, leurs enfants et leurs bébés », si bien qu’il n’est absolument rien resté d’eux.

On connaît les paroles des Sages selon lesquelles jusqu’à maintenant, Kora’h crie en disant : « Moché est vérité et sa Torah est vérité. » J’ai pensé expliquer que de cette gorge dont s’élevait une voix pour semer la zizanie et soulever des doutes contre Moché, Aharon et la communauté de Hachem, cette même voix s’élève à présent en repentir depuis les profondeurs du Guéhénom, comme l’ont dit les Sages : « Ceux qui ont été avalés avec Kora’h crient des profondeurs de la terre : « Moché est vérité et sa Torah est vérité, et c’est nous qui sommes des menteurs. » » Mesure pour mesure, Moché est vérité et sa Torah est vérité. Mais à l’exception de cette voix, tout ce qu’il a fait sortir de sa bouche a été perdu, pour nous enseigner la gravité de la dissension.

LES PAROLES DES SAGES

La « controverse désintéressée » existe-t-elle ?

« Afin que personne ne subisse le sort de Kora’h et de sa faction » (17, 5)

La révolte de Kora’h et de son assemblée, qui constitue le thème central de notre paracha, a nourri pour des générations l’idée de « dispute intéressée », comme point de référence pour les autres différends qui n’ont malheureusement pas épargné le vignoble de la maison d’Israël.

Ceci est à opposer aux controverses entre Hillel et Chamaï qui étaient, quant à elles, destinées à perdurer car elles étaient « lechem chamayim », totalement désintéressées.

Mais qu’est-ce qu’une controverse « lechem chamayim » ? Quelqu’un peut-il attester que telle ou telle querelle à travers les générations a eu lieu pour le Nom divin ?

Le gaon Rabbi Yéhonathan Eibeschütz éclaire ce sujet et déclare dans son livre « Yéarot Devach » qu’il ne peut exister de dispute « lechem chamayim ». Sans ambiguïté ! Voici ses propres termes : « En résumé, nos Sages ont défini la ‘controverse désintéressée’ par l’exemple de Hillel et Chamaï. Il n’en existe pas d’autre. N’écoutez pas votre mauvais penchant, car aucune controverse, quelles qu’en soient les modalités, n’est « lechem chamayim ». Le gaon Rabbi Zéev Tchetchik, l’un des grands érudits de Jérusalem, a transmis à son fils les paroles suivantes (propos rapportés intégralement dans le livre Torat Zéev) : « Si tu veux vivre une existence heureuse, traverser la vie en paix et dans la sérénité, fais extrêmement attention à la chose suivante : n’aborde jamais, ne serait-ce qu’une seule fois, le sujet de l’opposition entre les ‘hassidim et les lituaniens. J’ai rencontré au cours de ma vie toutes sortes de personnes, et je me suis rendu compte à quel point ce sujet était sensible. J’ai connu un ‘hassid de grande valeur tout comme un éminent lituanien, mais tous deux sont tombés dans ce piège. Le lituanien a d’ailleurs vécu une fin difficile, que D. nous en préserve.

Si l’on ne peut parler ici de sagesse, reconnais au moins l’expérience. Ne te mêle pas et éloigne-toi à mille lieues de tout ce qui se rapporte à ce sujet, et de tout ce qui ressemble un tant soit peu à des « systèmes de pensée ». Alors tu pourras suivre ton chemin en toute confiance et le bien sera avec toi, maintenant et plus tard. »

J’ai mon propre ‘paquet’

On raconte dans le livre « HaMeorot Haguedolim » comment le ‘Hafets ‘Haïm a une fois évité l’éclatement d’une grande querelle dans sa ville. Après la révolution russe, en l’an 5668, des hommes du peuple se sont installés à Radin et y ont fondé une nouvelle « ‘Hevra Kadicha » en face de celle qui existait déjà, ce qui aurait pu engendrer une grande dispute.

Le Chabbat qui a suivi cet événement, lors de l’office du matin, Rabbi Israël Meir Hacohen s’est adressé à l’assemblée des fidèles.

« Mes chers frères ! Si l’on m’avait proposé deux mille roubles pour venir faire un discours, je n’aurais pas accepté. J’ai vieilli et chaque heure m’est précieuse. Pourtant je vois une nécessité à m’adresser à vous. Je vis ici depuis plus de cinquante ans et je me souviens de tous ceux qui ont fréquenté cette synagogue à l’époque : un tel et un tel etc. Où sont-ils tous aujourd’hui ? Il ne reste d’eux que des pierres tombales au cimetière. La plupart d’entre vous n’étaient pas nés, et ceux qui alors étaient enfants comptent à présent parmi les personnes âgées. Puissions-nous vivre tous longtemps, mais au bout du compte nous finirons tous au même endroit et nous serons alors obligés de rendre des comptes sur notre comportement ici-bas.

Or sachez-le, mes chers frères ! La discorde est une chose très grave, pouvant faire perdre à quelqu’un le mérite de toutes les mitsvot qu’il a pu accomplir. Je suis persuadé qu’après cent vingt ans, face à la crainte du jugement, chacun tentera de s’accrocher à la moindre bouée pour être sauvé, et déclarera alors : ‘Il y avait dans notre ville un juif du nom de Israël Meir, considéré comme érudit, qui a tout vu et s’est pourtant tu.’ C’est pourquoi je vous supplie de ne pas mentionner mon nom. J’ai déjà mon propre ‘paquet’ et je n’ose pas imaginer comment je traverserai le jugement. Comment pourrais-je porter encore la responsabilité des autres ? »

En parlant, Rabbi Israël Meir a éclaté en sanglots et tout son corps s’est mis à trembler de peur. Les présents, ébranlés par le souffle de ces paroles, ont décidé de mettre fin immédiatement à la nouvelle confrérie. Par la même occasion, ils se sont engagés à ne percevoir de personne des frais d’enterrement durant trois ans et à accomplir ainsi cette précieuse mitsva de bienfait de manière désintéressée, comme il se doit.

Il est interdit d’en parler

Evoquons un autre sujet douloureux, lié à l’épisode de Kora’h et de ses partisans :

L’idée de querelle et toutes les paroles proférées à ce sujet finissent par détruire toutes les bonnes parcelles du vignoble de D. En effet, il est impossible de ne pas être ébranlés face à des gens qui se considèrent comme orthodoxes et qui osent parler contre les grands de Torah qui craignent D.

Lors de l’oraison funèbre que le gaon Rabbi Tsvi Greinhowitz a prononcé à la mémoire de son fils, l’éminent jeune homme Chemouël Yoël, il a raconté s’être rendu chez le gaon Rabbi Aharon Leib Steinman pour savoir sur quels points éveiller la collectivité.

Rav Steinman lui avait répondu qu’il fallait renforcer le ‘monde’ au sujet de deux choses essentielles : être assidu dans l’étude de la Torah et s’éloigner de toute controverse.

Lors de l’oraison funèbre, Rabbi Greinhowitz s’est étendu sur ce sujet : il a dit que le mauvais penchant nous séduit en avançant l’argument que « parler d’une dispute ne la crée pas ». En effet, celle-ci existe déjà et je ne fais que « m’intéresser » à certains détails : qu’a dit celui-ci ? Qu’a répondu celui-là ?

Où est le mal… ?

Rav Steinman a donc voulu dire que, même de cela, nous avons l’obligation de nous éloigner. Il faut savoir, ajoute Rav Greinhowitz, que les polémiques entre les grands de la Torah ne nous concernent pas. Il est interdit de prononcer ne serait-ce qu’un mot à ce sujet, et quiconque le fait porte atteinte à l’âme du judaïsme orthodoxe et à sa propre âme.

GARDE TA LANGUE

Assourdir son prochain par de bruyants saluts

Nous devons nous attacher à ne pas faire à autrui d’éloges qui pourraient lui engendrer une perte, comme par exemple un invité qui sortirait dans les rues de la ville et crierait sur tous les toits qu’Untel a fait preuve de bonté en lui procurant nourriture et boisson et en se dérangeant beaucoup pour lui. En entendant cela, tous les démunis se tourneraient vers cet homme de bonté et épuiseraient toutes ses richesses. C’est pourquoi il est dit (Proverbes 27, 14) : « Assourdir de grand matin son prochain par de bruyants saluts, c’est comme si on lui disait des injures. »

[‘Hafets ‘Haïm]

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Quiconque méprise son maître finira par mépriser D.

La Torah atteste que Moché était « extrêmement humble, plus que toute autre personne sur terre ». Cela nous enseigne qu’il ne blâmait pas les bnei Israël même lorsque ces derniers le méritaient. C’est pourquoi tout le peuple apprenait la Torah directement de sa bouche et lui-même n’avait pas nommé de juges (dayanim), comme il est dit (Chemot 18, 13) : « Moché s’assit pour rendre la justice au peuple et le peuple se tint debout autour de Moché, du matin jusqu’au soir. » En voyant cela, Yitro a pressenti les conséquences et lui a aussitôt déclaré : « Tu succomberas certainement, et toi-même, et ce peuple qui t’entoure. » Comme nous allons le voir, la Haggada (Mekhilta Amalek 2) explique l’idée de Yitro. Rabbi Yéhochoua explique : « Ils te déconsidèreront et te feront tomber », et Rabbi Eleazar HaModa’i affirme pour sa part : « Ils vont t’affaiblir et te dénigrer comme un figuier dont les feuilles tombent. » Ainsi, puisque Moché n’avait pas tendance à réprimander les bnei Israël, ceux-ci le considéraient comme un homme du même rang qu’eux et ne lui accordaient pas assez d’égards. C’est pour cette raison que Kora’h a réussi à réunir autour de lui de nombreux membres du peuple pour se rebeller contre Moché et le déconsidérer.

Plus encore, d’après les livres saints (Derachot Ketav Sofer du mois de Tevet), la punition que Moché a reçue lors de l’épisode de Mei Meriva (l’interdiction d’entrer en Israël) était due uniquement à l’expression qu’il avait employée en s’adressant au peuple : « Ecoutez, je vous pris, ô rebelles ! » (Bemidbar 20, 10), or le mot « na » (je vous prie) marque toujours une demande (Berakhot 9a), si bien que ne leur ayant pas parlé fermement et ne les ayant pas réprimandés au moment opportun, il a été puni. Aharon était également un homme d’une grande humilité. Nos Sages rapportent dans ‘Houline (89a) les paroles de D. : « Bien que J’aie octroyé une grandeur à Moché et à Aharon, ils se sont exclamés ‘Et nous, que sommes nous… ?’ (Chemot 16, 7). » Nos maîtres racontent aussi (Avot DeRabbi Nathan 12) qu’Aharon cherchait à instaurer la paix entre les hommes : lors d’une querelle, il allait faire l’éloge de l’une des parties chez l’autre et inversement, jusqu’à rétablir le sentiment de paix entre ces deux amis. La proximité que Moché et Aharon avaient avec le peuple a provoqué l’erreur d’évaluation de Kora’h et de ses partisans.

Ces rebelles ne respectaient pas leurs maîtres comme ils respectaient Hachem et n’accomplissaient donc pas le précepte : « Crains ton maître comme tu crains D. », ceci à cause de l’extrême humilité de Moché et Aharon. Ainsi, à propos du verset « Kora’h a pris », Rachi explique (Bemidbar 16, 1) : « Il s’est pris lui-même pour passer de l’autre côté, pour se séparer de la communauté et se rebiffer contre la prêtrise. » Que signifie « passer de l’autre côté » ? Y avait-il deux côtés ? En réalité, il a voulu se mesurer à Moché et Aharon, comme si ces derniers étaient d’un côté de la balance et que lui se plaçait de l’autre, les deux parties étant égales et aucune n’étant plus importante que l’autre. En réfléchissant ainsi, il a renié la Torah et D. En effet, nos maîtres ont attesté (Sanhédrin Yérouchalmi 10a) : « Kora’h était un renégat qui proclamait que la Torah n’était pas d’origine divine. » Comment a-t-il pu en arriver là ? Tout simplement, parce que quiconque renie son maître en vient à renier Hachem et quiconque méprise son maître finit par mépriser D.

A LA SOURCE

A fortiori

« Kora’h, fils de Yitshar, forma un parti » (16, 1)

Rabbi Lévi s’interroge : pourquoi Kora’h s’est-il opposé à Moché ?

Kora’h pensait : « Je suis le fils de Yitshar, c’est-à-dire de l’huile. » En effet, dans le verset (Devarim 7, 13) « ton vin et ton huile, les produits de ton gros et de ton menu bétail, dans le pays qu’Il a juré à tes pères de te donner », « tiroch » désigne le vin tandis que « yitshar » signifie « huile ». Or, l’huile flotte au-dessus de n’importe quel liquide. De plus, il est écrit (Zacharie 4, 14) : « Ce sont les deux hommes consacrés par l’huile (littéralement, les deux fils de l’huile), qui se tiennent auprès du Maître de toute la terre ! » Mais l’huile engendre-t-elle des enfants ? En réalité, il s’agit d’une allusion à Aharon et David qui ont été oints par l’huile d’onction afin d’être élevés respectivement à la prêtrise et à la royauté. Kora’h s’est alors écrié : ceux-ci ont pu accéder à la prêtrise et à la royauté par simple onction ! Pourquoi moi, qui descends de l’huile (Yitshar) ne pourrais-je pas être oint et devenir cohen et roi ? C’est pourquoi il s’est révolté contre Moché.

 [Bemidbar Rabba]

Ils étaient mêlés à tout

« Kora’h, fils de Yitshar, fils de Kehat, fils de Lévi, forma un parti avec Dathan et Aviram, fils d’Eliav » (16, 1)

Qui étaient ‘Dathan et Aviram’ ?

Ces hommes ont été des impies aussi bien dans leur jeune âge que dans leur vieillesse : en Egypte, Moché avait dû fuir à cause d’eux jusqu’à ce que Hachem le rassure en lui certifiant « tous ceux-là sont morts » (Chemot 4, 19), ce qui signifiait qu’ils avaient perdu leurs richesses ; plus tard, ils avaient porté atteinte à Moché et Aharon en les importunant avec des paroles ; par ailleurs, ils avaient gardé des provisions de manne et étaient sortis en glaner le Chabbat, comme il est dit : « N’écoutant point Moché » (ibid. 16, 20) : enfin, ils étaient à présent les partisans de Kora’h.

Rabbi Chim’on ben Yo’haï dit : imputons à l’impie tout ce que nous pouvons lui imputer.

[Midrach Aggada]

La souffrance des hommes riches

« Est-ce peu que tu nous aies fait sortir d’un pays ruisselant de lait et de miel, pour nous faire mourir dans ce désert » 16, 13)

Dathan et Aviram qualifiaient la terre d’Egypte de « pays ruisselant de lait et de miel » car ils s’y étaient enrichis.

[Léka’h Tov]

Sans aucune pitié

« Si ces gens meurent comme meurent tous les hommes; si la commune destinée des hommes doit être aussi la leur (ce n’est pas D. qui m’a envoyé) » (16, 29)

Les enfants ont davantage de chance de pouvoir sauver leurs parents par leurs mérites que l’inverse… les mérites des enfants peuvent épargner le Guéhénom aux parents mais la réciproque n’est pas vraie. Alors pourquoi Kora’h, qui avait des fils justes, n’a-t-il pas été sauvé par le mérite de ces derniers ?

En réalité, Moché Rabbeinou avait demandé à Hachem de ne pas faire bénéficier Kora’h de la miséricorde qu’Il accorde habituellement aux hommes, mais de le juger avec rigueur, comme il est dit : « si ces gens meurent comme meurent tous les hommes... »

Que signifie « la commune destinée des hommes » ? Bien qu’il ait des fils tsaddikim, qu’il ne soit pas sauvé grâce à eux. Mais d’où sait-on qu’il avait des enfants justes? Car il est dit : « Quant aux fils de Kora’h, ils ne périrent point » (Bemidbar 26, 11).

[Michnat Rabbi Eliezer]

La sagesse des femmes

« La terre ouvrit son sein » (16, 32)

Lorsque la terre était sur le point de s’ouvrir pour dévorer On, ce dernier était assis sur son lit. Son épouse a alors saisi le lit et s’est exclamée « Maître du monde ! Il a déjà juré par Ton grand Nom de ne plus jamais participer à une rébellion ! Or Ton nom est toujours vivant et établi, Tu pourras toujours le punir s’il ne respecte pas son serment ! » Puis elle a dit à son mari : « Lève-toi et sors ! » Il lui a répondu : « J’ai honte de Moché Rabbeinou », mais elle a rétorqué : « Je viendrai avec toi ! » Elle est sortie et est allée à la rencontre de Moché. Arrivée à son niveau, elle s’est mise à crier et à pleurer. Moché a demandé : « Qui est cette femme ? Est-elle mêlée à un litige ? » On lui a alors expliqué : « C’est la femme de On, et voilà ce qui s’est passé etc. » Moché s’est rendu à l’entrée de sa maison et a déclaré « On fils de Pelet ! Sors ! », puis il lui a assuré : « D. te pardonnera. »

 [Midrach Aggada]

Mesure pour mesure

« Ils descendirent, eux et tous les leurs, vivants dans la tombe » (16, 33)

Comment sont-ils descendus ?

La terre s’est d’abord fendue selon l’épaisseur de chacun, puis selon la taille de leurs pieds, puis selon celle de leurs jambes, de leurs cuisses, de leur ventre et enfin de leurs épaules.

Ils descendaient petit à petit, la terre les ‘étranglait’ et eux s’écriaient « Moché est vérité et sa Torah est vérité ! »

 [Léka’h Tov]

LA PRIERE

Le livre « Néfech Ha’Haïm » (2, 11) exprime une nouvelle idée sur l’intention à mettre dans les prières que nous disons tous les jours, à savoir que toute la différence entre la prière de Roch Hachana et celle de toute l’année est uniquement dans la formulation des mots que nous prononçons, mais l’intention est la même, tournée uniquement vers les besoins de la spiritualité, pour que le monde soit remis en ordre pour Son royaume, et pas du tout à cause de nous ou de nos propres besoins.

Cela demande à être expliqué. De deux choses l’une : si les intentions sont les mêmes, alors pourquoi les Sages ont-ils changé la formulation de façon si radicale ?

On peut l’expliquer par une parabole. A quoi est-ce que cela ressemble ? A un ministre qui gouvernait un grand pays, dont toute la fortune venait du commerce qu’il faisait de toutes sortes de matériaux de construction. Tous les maçons achetaient chez lui du bois, des pierres, du ciment et tous les autres matériaux dont ils avaient besoin.

Ce ministre était un homme bon, qui faisait beaucoup de bien aux habitants du pays, entre autres l’un des maçons les plus experts, que le ministre avait pris sous sa protection et fait entrer chez lui dès son enfance, si bien qu’aujourd’hui il était devenu le maçon en chef du pays. Un jour, ce dernier vint trouver le ministre avec une proposition. Après avoir réfléchi sur tous les bienfaits qu’il lui avait accordés, il voulait à son tour faire quelque chose pour lui et lui construire un magnifique palais. Naturellement, le ministre se réjouit de cette idée, et lui dit de prendre tous les matériaux nécessaires dans ses entrepôts pour construire le palais à son idée.

A partir de ce jour-là, il venait tous les jours aux entrepôts du ministre avec une liste de ce qu’il lui fallait, et tous les serviteurs du ministre s’empressaient de le servir. L’un lui apportait du bois, l’autre des pierres, le troisième de vitres, un autre des portes, qu’il prenait, puis il s’en allait sans rien payer.

Naturellement, les autres acheteurs étaient stupéfiés de voir comment à chaque fois qu’il entrait, on les délaissait pour venir le servir. Il recevait tout sans rien dire, rien qu’en tendant la liste de ce qu’il lui fallait, et il n’avait rien non plus à payer. Ce qui n’était pas le cas pour eux : ils devaient tout payer comptant, et immédiatement, sans aucun délai, jusqu’à ce qu’ils apprennent qu’il construisait pour le ministre un appartement luxueux. Alors, ils comprirent que c’était parfaitement convenable.

Il en va de même pour nous. Le Saint béni soit-Il nous a enjoint d’élever nos concepts à Roch Hachana vers le but de la création, car Il nous a créés pour Sa gloire. Nous devons prendre sur nous le joug du Royaume des Cieux et nous assujettir uniquement à Son service, Lui construire une maison en bas pour Sa gloire, et organiser le monde autour de la notion de Son royaume : « Dites devant moi les « malkhouyot » pour Me faire Roi sur vous. » Quand nous le faisons vraiment avec l’intention pour ce soit pour Son grand Nom, Il se réjouit de nous. Ainsi qu’il est dit : « Que la gloire de D. soit à jamais, que Hachem Se réjouisse de Ses œuvres. » Et le Saint béni soit-Il nous dit : « Je vous ouvre Mon entrepôt qui contient la descendance, la vie et la nourriture, pour que vous puissiez Me servir dans le repos et la santé du corps. »

Il est dit dans le sidour du gaon de Vilna, à la fin de l’Introduction : L’enseignement selon lequel « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » signifie que lorsque toutes mes demandes et tout mon intérêt seront tournés vers mon bien-aimé, alors « mon bien-aimé est à moi », Il répond à ma prière et épanche Sa bénédiction sans aucune limite. Ensuite de cela, nous venons chaque jour avec une liste de toutes les forces qui nous sont nécessaires pour faire Sa volonté et Le servir de tout cœur, et immédiatement Il nous donne tout ce dont nous avons besoin, car il va sans dire que ce que nous demandons chaque jour provient de la proposition que nous Lui avons faite à Roch Hachana : tout mettre à Son service.

(Olat Tamid)

JE SUIS PRIERE

Alors, La prière est acceptée

Nos Sages ont parlé avec beaucoup d’insistance sur l’importance d’avoir une place fixe à la synagogue, en disant : « Quiconque fixe une place à la prière, ses ennemis tombent devant lui, le D. d’Avraham vient à son aide, et il s’appelle un homme pieux et humble qui fait partie des disciples d’Avraham. »

Et les décisionnaires ont écrit qu’on doit toujours avoir une place fixe à la synagogue et n’en changer sous aucun prétexte, alors, la prière est acceptée.

On ne doit surtout pas avoir une attitude légère vis-à-vis de quelque chose qui figure dans le Choul’han Aroukh en tant que devoir, et il est interdit de le modifier si ce n’est pour un besoin particulier.

(« Or’hot Yocher » de Rav ‘Haïm Kaniewsky chelita)

LES FIDELES

Une bénédiction totale

Monsieur Samy Gabaï de Casablanca veillait à arriver tous les ans à la Hilloula de Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège. En 5763, il était debout auprès de la tombe, en pleurant toutes les larmes de son corps parce qu’il était déjà marié depuis longtemps et qu’il n’avait toujours pas d’enfant. Les fidèles, qui sentaient sa grande douleur, lui donnèrent la bénédiction de mériter d’avoir un enfant, et de revenir à la Hilloula l’année suivante en étant père. L’année suivante, il arriva à la Hilloula comme à son habitude, et quand il sortit du cimetière, il se tourna vers notre Maître chelita pour lui demander sa bénédiction, ce qu’il accepta volontiers : « Nou, D. merci il y a eu une conception, et la bénédiction que vous a donnée tout le public à côté du tombeau du tsaddik a été acceptée. » Monsieur Samy le confirma, mais il demanda : « Pourquoi est-ce que toute la bénédiction ne s’est pas réalisée totalement, puisqu’on m’avait dit que je reviendrais ici en étant père, et cela ne s’est pas encore réalisé ! La preuve en est que je suis ici à Mogador et que ma femme se trouve à Casablanca, à une distance de cinq cents kilomètres ! »

« Connaissez-vous la date hébraïque aujourd’hui ? » demanda-t-il à Samy.

« Oui, aujourd’hui est le Chabbat 25 Elloul. » « Et donc, reprit notre Maître chelita, qui sait, peut-être que votre femme est en train de donner naissance. Car si une sainte communauté a prié à côté du tombeau du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, sa prière est forcément acceptée jusqu’au bout. » Entre temps, le public qui était arrivé à la Hilloula continuait avec enthousiasme à s’élever spirituellement dans les prières de Chabbat suivies de Seouda Chelichit. Ses amis parlèrent avec lui du contenu de ce qui s’était dit entre lui et notre Maître chelita, et ils lui dirent aussi « Mazal tov ! » A la sortie du Chabbat fut publiée à grand bruit la nouvelle que la femme de Sami avait accouché d’un fils, à exactement trois heures de l’après-midi, au moment où tous ses amis lui avaient dit « Mazal Tov ». Cela a provoqué un très grand Kidouch Hachem, d’autant plus qu’il s’agissait apparemment de juifs simples dont la bénédiction à côté de la tombe du tsaddik avait provoqué des miracles et des merveilles.

 

 
Table de matière
 

 

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