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paracha de la semaine

MATOT

23 JUILLET 2011

21 Tamouz 5771

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:25

22:43

Lyon

21:04

22:17

Marseille

20:53

22:03

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

La délivrance à venir est proche de nous

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

A cause de nos nombreuses fautes, nous nous trouvons encore aujourd’hui dans un amer exil, et le Machia’h n’est pas encore venu nous délivrer. C’est pourquoi nous devons prendre le deuil d’Erets Israël et de Jérusalem. Et chacun a le devoir de se sentir relié à Erets Israël, dont il est écrit (Bemidbar 11, 12) : « Les yeux de Hachem ton D. sont constamment sur elle, du début de l’année jusqu’à la fin de l’année. » S’il en est ainsi, même si nous nous trouvons ailleurs, nos yeux sont constamment tournés vers Erets Israël, car alors nous attirons à nous la lumière et l’abondance que le Saint, béni soit-Il épanche sur elle.

Les Sages ont dit (Ta’anit 30b) : « Quiconque prend le deuil de Jérusalem mérite de voir sa construction », car Erets Israël et Jérusalem ont été punies à cause de nous. En effet, nous avons péché envers Hachem, et à cause de nous Hachem a détruit Jérusalem. Au lieu de nous punir nous, Il a déversé Sa colère sur du bois et de la pierre (Eikha Rabba 4, 14). Par conséquent, la réparation et la construction du bois et des pierres ne dépend que de nous, de nos actes et de notre repentir. C’est pourquoi nous devons prier le Saint, béni soit-Il de reconstruire rapidement Jérusalem, et qu’elle ne soit plus détruite.

Malgré tout cela, il ne faut surtout pas croire que si la délivrance tarde à venir, c’est peut-être que Hachem a négligé Jérusalem. Jamais de la vie ! Le verset dit (Zekharia 1, 17) : « Il choisira de nouveau Jérusalem. » C’est-à-dire que oui, les non-juifs habitent Jérusalem, et veulent même la conquérir pour eux-mêmes, c’est pourquoi ils pensent peut-être que Hachem a négligé Jérusalem, et qu’elle n’appartient pas au peuple d’Israël. Le verset vient nous dire à ce propos : « Il choisira de nouveau Jérusalem », le Saint, béni soit-Il choisira Jérusalem et ne l’abandonnera jamais. Même si nous sommes encore loin d’elle et que nous croyons qu’elle est loin de nous, ce n’est pas vrai, elle est proche de nous, et la délivrance aussi est proche de nous, car le Machia’h attend de pouvoir venir nous sauver. Bien qu’il tarde, malgré tout nous attendons chaque jour sa venue. Nous devons l’attendre en améliorant nos actions et notre conduite.

Il est vrai que le monde commence déjà à rentrer dans le désespoir. Tant d’années se sont écoulées, pourquoi le Machia’h ne vient-il toujours pas ? Mais nous ne devons pas désespérer. Dans les générations précédentes, deux tsaddikim ont osé demander au Machia’h quand il viendrait. C’étaient le Tanna Rabbi Yéhochoua ben Lévi (Sanhédrin 98a, Yalkout Chimoni 95, 852), et le saint Ba’al Chem Tov. Le Machia’h leur a répondu : « Aujourd’hui, si vous écoutez Ma voix » (Téhilim 95, 7). C’est-à-dire que le Machia’h attend déjà depuis de nombreuses années de venir nous délivrer, mais tout dépend uniquement de nous, non de lui.

Nous avons également entendu dire que de nombreux tsaddikim ont voulu amener le Machia’h, et en avaient la possibilité, comme le ‘Hozé de Lublin, qui s’était concerté avec plusieurs autres tsaddikim comme Rabbi Mendele de Riminow et Rabbi Israël de Kojnitz, l’auteur de « Avodat Israël ». Mais la justice divine s’est interposée et ne l’a pas permis. De plus, ils sont morts peu de temps après. Tout cela pourquoi ? Parce que la venue du Machia’h ne dépend pas d’un individu, mais de la communauté. C’est un devoir pour tous les juifs de faire tous les efforts possibles pour hâter la gueoula et amener le Machia’h. Tous les juifs doivent aspirer à sa venue, et alors seulement il viendra, c’est pourquoi il a dit à Rabbi Yéhochoua ben Lévi : « Aujourd’hui si vous écoutez Ma voix », au pluriel, et non « si tu écoutes » au singulier, car la venue du Machia’h dépend de l’ensemble de la communauté. Mais cela signifie écouter vraiment, sans faux prétextes, sans hypocrisie pour préserver les apparences extérieures sans le vouloir vraiment, car la voix de Ya'akov se fera entendre dans son désir d’amener le Machia’h.

Je viens d’acheter un nouvel appartement

Tant que le peuple d’Israël se trouve encore en exil, et que tous les goïm veulent Jérusalem, cela signifie que la voix de Ya'akov dans l’étude de la Torah n’est pas parfaite. C’est pourquoi la venue du Machia’h tarde. Un certain juif m’a dit une fois : « Je ne veux pas que le Machia’h vienne maintenant. » Et pourquoi ? lui ai-je demandé. Il m’a répondu : « Parce que je viens juste d’acheter un nouvel appartement et je n’ai pas encore eu le temps d’en profiter du tout »… ce qui veut dire que la voix de Ya'akov n’est pas parfaite, c’est pourquoi l’exil se prolonge indûment. Mais cet exil est l’épreuve qui permet de voir si nous avons réparé ce qui nous incombait. Nous sommes-nous améliorés en vue de la venue du Machia’h ? De plus, personne ne doit penser qu’aujourd’hui nous avons déjà un Etat, donc que nous sommes déjà délivrés de l’exil et qu’il n’y a plus aucune raison d’attendre le Machia’h. C’est un mensonge absolu. Nous nous trouvons en exil, et tous les peuples veulent nous exterminer et nous prendre Jérusalem, qui n’est toujours pas libérée. C’est seulement quand le Machia’h la libérera que Jérusalem sera libre, ainsi que tout le peuple d’Israël.

Comment peut-on donc hâter la gueoula? Le Zohar dit (parachat VaEt’hanan) que l’étude de la Torah rapproche la délivrance. Le mot Machia’h est formé des mêmes lettres que « Yisma’h » (« il se réjouira »), car il viendra seulement par la Torah, qui réjouit le cœur, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 19, 9) : « Les ordres de Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur », et également (Esther 8, 16) : « Il y eut pour les juifs lumière, joie et exultation ». En effet, « ora » (la lumière), c’est la Torah (Méguila 15) et c’est seulement par cette lumière et cette joie de la Torah que viendra le Machia’h. Mais nous devons savoir que ce n’est pas uniquement par la Torah qu’il viendra, mais aussi grâce à l’unité, comme nous le trouvons chez les bnei Israël, qui étaient unis avant le don de la Torah comme un seul homme avec un seul cœur (Mekhilta Yitro 19). C’est pourquoi ils ont pu annuler le mauvais penchant, et ont été dignes de rentrer en Erets Israël. Ils ont aussi pu mériter qu’Erets Israël ne soit jamais détruite, et puisse attendre une délivrance totale. Mais que faire si leurs fautes ont provoqué, quand ils ont fabriqué le Veau d’Or, et qu’ils se sont élevés les uns contre les autres ? Alors, l’unité a été endommagée, et le mauvais penchant est revenu demeurer à l’intérieur des bnei Israël.

LA PARABOLE ET SA LEÇON

La prophétie de Bil’am n’a été retranscrite que pour l’honneur d’Israël

« Et Bil’am, fils de Bé’or, qu’ils firent périr par le glaive » (Bemidbar 31, 8)

Notre paracha traite principalement de la « guerre de mitsva » menée par Israël contre Midian : D. a ordonné à Moché d’exercer sur les Midianim la vengeance des enfants d’Israël, car « ils sont intervenus dans une querelle qui ne les concernait pas ». Lors de cette guerre, ils ont tué Bil’am « par le glaive » ainsi que les cinq rois de Midian.

Il y a lieu de comprendre pourquoi Bil’am l’impie, qui a eu le mérite de prononcer une bonne prophétie pour le peuple juif et même de voir celle-ci écrite dans la Torah, a subi une mort violente, par une épée impure, et pourquoi sa requête personnelle « puisse ma fin ressembler à la leur ! » n’a pas été accordée.

De plus, pourquoi le texte précise-t-il que Bil’am est mort par l’épée ? Rachi apporte un merveilleux éclairage à ce sujet :

« Il s’est dressé contre Israël en échangeant son savoir-faire contre le leur. En effet, Israël ne peut vaincre que par sa bouche, au moyen de la prière et de la supplication, et lui s’est saisi de leur savoir-faire pour les maudire ‘par sa bouche’. Par conséquent, eux aussi ont échangé leur savoir-faire contre celui des nations, lesquelles se présentent l’épée à la main, comme il est écrit : ‘Et tu vivras par ton épée.’ »

Il ne connaissait pas les coutumes des prières

L’ouvrage « Od Yossef ‘Haï » explique longuement pourquoi la prophétie de Bil’am a été rapportée dans la Torah : ce n’était certainement pas pour le glorifier, mais afin que les nations du monde n’aient pas de doutes concernant les bienfaits que D. réservait aux bnei Israël. En effet, malgré les prédictions de Moché et d’autres prophètes d’Israël sur l’avenir du peuple, les nations auraient toujours pu prétendre que, du fait de leur appartenance à ce même peuple juif, ces prophètes avaient exagéré les promesses afin de réjouir leurs semblables.

Mais dès lors que l’un des leurs prophétise en bien sur Israël, l’argument des nations s’effondre. Ainsi, la prophétie de Bil’am a été retranscrite non pas pour son propre honneur mais pour la gloire d’Israël.

La preuve en est que sa requête personnelle (« puisse ma fin ressembler à la leur ! ») ne lui a pas été accordée. Nous comprenons donc bien que toute sa prophétie n’a été écrite que pour la renommée d’Israël.

Illustrons cette notion par une parabole. Un homme ignorant qui habitait une ville de France ne se rendait à la synagogue que rarement, le Chabbat ou les jours de fête. Même lorsqu’il y allait, il arrivait tard, à l’heure de la lecture du Chema. Ainsi, il ne connaissait pas bien les usages des offices d’Israël.

Ayant atteint l’âge du mariage, cet homme a épousé une femme intelligente, sachant prier et étudier, et ils se sont installés dans une ville d’Espagne. La première semaine, il s’est dit : « Il serait bon que j’aille prier en communauté ce Chabbat, car ‘c’est en grande pompe que Le Roi est glorifié’. » Il est arrivé à la synagogue au moment où l’officiant lisait les versets « Hachem Melekh Hachem Malakh Hachem Yimlokh Léolam Vaed (D. règne, D. a régné et D. règnera à tout jamais) ». Comme c’est l’usage, toute l’assemblée s’est levée d’un même élan et, surpris, il a pensé que tout le monde se levait en son honneur…

Il est entré et s’est installé à l’endroit du heikhal où se trouve l’Arche Sainte, du côté du « Mizra’h ». Il s’est assis à la place d’honneur, celle du président de la synagogue qui n’était pas encore arrivé.

Quelques minutes plus tard, le bedeau est venu lui expliquer discrètement que ce siège était réservé au président de la communauté. Puis il l’a conduit vers les places des fidèles. A contrecœur, il a rejoint le reste de l’assemblée. Puis au bout de quelques instants le président est arrivé, et à sa grande surprise, l’ensemble des fidèles ne s’est pas levé en même temps pour l’honorer…. mais l’un se levait… et l’autre s’asseyait… Il s’est alors réjoui d’avoir reçu plus d’égards que le président, car pour l’accueillir, lui, tous s’étaient levés ensemble… A l’issue de la prière, notre ami est allé raconter à sa femme que les fidèles lui avaient témoigné plus d’honneur qu’au président, mais que le bedeau de la synagogue, en revanche, avait été irrespectueux en lui demandant de se déplacer.

Son épouse, qui était clairvoyante, l’a questionné : « Dis-moi, quand tu es allé t’asseoir parmi les fidèles, se sont-ils à nouveau levés à ton passage ? » Suite à sa réponse négative, sa femme lui a expliqué : « Alors il est clair que la première fois aussi, l’assemblée ne s’était pas levée pour t’honorer mais seulement pour réciter les versets ‘Hachem Melekh Hachem Malakh Hachem Yimlokh Leolam Vaed’ debout, comme c’est l’usage. »

Cette histoire est comparable à la situation de Bil’am : cet impie pensait que sa prophétie avait été transcrite dans la Torah dans le but de l’honorer. Afin de révéler son erreur et de montrer à tous que seul l’honneur d’Israël était recherché, D. a fait en sorte de ne pas exaucer la requête personnelle de Bil’am (« puisse ma fin ressembler à la leur ! »). De la même manière, en faisant remarquer à son mari que l’assemblée ne l’avait pas honoré la seconde fois, l’épouse lui a fait comprendre que la première fois non plus, les gens ne s’étaient pas levés pour lui mais uniquement pour glorifier D. et chanter « Hachem Melekh ».

GARDE TA LANGUE

Il est interdit d’habiter dans un quartier de médisants, et à plus forte raison de s’installer parmi eux et de les écouter parler, même si on n’a pas l’intention d’accorder un quelconque crédit à leurs paroles, car on tend tout de même l’oreille pour entendre.

 (‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Quand la bénédiction repose-t-elle sur nos biens ?

« Or, les enfants de Réouven et ceux de Gad possédaient de nombreux troupeaux, très considérables » (32, 1)

Si une personne court trop après l’argent, de sorte que ce dernier devienne une forme d’idolâtrie (Iguéret Hakodech à la fin du livre « No’am Elimelekh »), et qu’elle réalise une transaction commerciale au moment où elle devrait étudier la Torah, le verset la considère comme ayant profité de l’argent et de l’or d’un service idolâtre. Expliquons cela ! Si une personne se fixe une heure d’étude quotidienne et qu’une affaire se présente à elle, elle ne devra pas renoncer à son étude pour s’occuper de cette affaire. Une telle attitude relèverait de l’interdit « Tu ne dois pas apporter une abomination dans ta demeure » : elle devra laisser attendre cette occasion, quitte à en perdre le bénéfice, et ne pas repousser l’étude de la Torah. En effet, il est préférable d’abandonner un gain éphémère que de perdre la vie future.

De même, il ne faudra pas prétendre : « Je donnerai plus de tsedaka grâce à cette affaire. C’est dans le but de faire de la charité que j’ai interrompu mon étude. » En réalité, la maison d’étude a été désertée pour s’occuper d’une transaction et non pour faire de la tsedaka ! C’est pourquoi D. déclare : « Je ne veux pas de cet argent. » Il a été gagné au détriment de l’étude de la Torah. C’est comme si cette richesse avait été volée : elle est mise en anathème et est objet de dégoût au même titre que l’argent et l’or provenant de l’idolâtrie. En effet, celui qui agit ainsi privilégie sa vie matérielle, et délaisse non seulement la vie éternelle mais également Hachem qui aspire en permanence à notre étude. A ce sujet, le texte dit (Isaïe 50, 10) : « Qui, parmi vous, craint Hachem, est attentif à la voix de Son serviteur, a marché dans les ténèbres sans voir luire aucune lumière ? » et les Sages expliquent (Berakhot 6b) : « Quiconque a l’habitude de venir à la synagogue et n’y est pas venu un jour, D. s’enquiert de lui, car il est dit ‘Qui, parmi vous, craint Hachem, est attentif à la voix de Son serviteur, a marché dans les ténèbres sans voir luire aucune lumière ?’ S’il est parti pour une activité de mitsva, il ‘verra luire’ la lumière. Mais s’il est parti pour une activité facultative, il n’en profitera pas. » La Guemara rapporte la suite du verset : « ‘Qu’il ait confiance dans le Nom de D.’ » Pour quelle raison n’aurait-il pas de lumière ? Parce qu’il aurait dû avoir confiance dans le Nom de D., mais ne l’a pas fait. »

Quiconque agit ainsi, conscient d’être au service de son argent plutôt que de son Créateur, ne verra pas la bénédiction reposer sur cette richesse, de la même façon qu’il n’existe pas de bénédiction sur ce qui est mis en anathème par D. et qu’Il a en dégoût. Même s’il pense en faire profiter un pauvre, aucun de nous n’est habilité à changer la parole de D., et si néanmoins quelqu’un imagine pouvoir la contourner comme l’a fait Chaoul, D. finira par l’abhorrer.

Dans le même esprit, la Guemara nous enseigne (Pessa’him 50b) : « Quiconque travaille la veille de Chabbat ou d’un jour de fête à partir de l’heure de min’ha, ou bien dès la sortie du Chabbat, des fêtes ou de Yom Kippour, ou encore à tout moment où cela comporte un soupçon de transgression, ne verra jamais un signe de bénédiction germer de ce travail-là. » Pourquoi ? Parce qu’il a pensé gagner sa vie en manquant de droiture, si bien que l’argent acquis de cette manière ne sera pas béni.

A LA SOURCE

« Il ne peut violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir » (30, 3)

Dans son livre « Ets Hada’at Tov », Rabbeinou ‘Haïm Vital donne de ce verset une interprétation allusive :

« Il ne peut violer sa parole », il s’agit de celui qui ne tient pas de propos légers, comme a pu s’en glorifier Rabban Yo’hanan ben Zakaï (Soucca 28a) : « Je n’ai jamais tenu de propos légers. »

La récompense d’une telle personne sera que « tout ce que profère sa bouche, Il (D.) l’accomplira », comme il est dit : « Tu décrèteras et cela s’accomplira pour toi », D. agit avec l’homme ‘mesure pour mesure’.

« Mille (elef) par tribu, mille pour chacune des tribus d’Israël » (31, 4)

Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad explique dans son livre « Od Yossef ‘Haï » :

Les dernières lettres des mots de la phrase « Ki Malakhav Yetsavé Lakh » (Youd, Vav, Hé, Khaf) : « Car à Ses anges Il a donné mission (de te protéger en toutes tes voies) » forment le nom ‘Youhakh’, apte à protéger des dangers du chemin. Ces mêmes lettres sont les initiales des mots de la halakha « Ya’hid Vérabim Halakha Kerabim (S’il y a un individu face à un groupe, la loi suit la majorité) » que l’on nomme aussi ‘Youhakh’ et par laquelle on accompagne le départ d’un voyageur.

De même, le nom « Kalakh » (Kaf, Lamed, Khaf) protège les voyageurs. La lettre ‘Kaf’ fait référence au mot « Ki (car) » et ‘Lakh’ est extrait du terme « Malakhav (Ses anges) » comme l’a dit notre maître le Ari zal.

La somme des valeurs numériques de ces deux noms (Youhakh et Kalakh) est le nombre 111, qui se trouve être aussi la valeur numérique du mot « elef  (alef, lamed et pé) ».

Ce verset : « Mille par tribu… » vient demander à Moché de répandre sur chaque tribu l’influence de la protection de ces deux noms dont la valeur numérique est celle de « elef ».

Grâce à cela, « mille (hommes) pour chacune des tribus d’Israël », qu’ils en soient dignes ou non, « seront envoyés au combat », et assurés que ni le Satan ni le malheur n’auront de prise sur eux.

« Or, les enfants de Réouven et ceux de Gad possédaient de nombreux troupeaux » (32, 1)

Nos Maîtres ont enseigné dans le midrach la chose suivante : Deux grands sages ont existé, l’un faisant partie du peuple juif et l’autre idolâtre, A’hitofel chez Israël et Bil’am pour les nations du monde. Mais les deux ont disparu.

De même, deux hommes forts ont vécu, l’un dans le peuple juif et l’autre parmi les nations du monde : Chimchon pour Israël et Goliath pour les autres peuples. Mais les deux ont disparu.

Deux grandes fortunes ont également vu le jour, l’une dans le peuple d’Israël et l’autre chez les nations du monde : respectivement Kora’h et Haman. Mais les deux ont disparu.

Pourquoi donc ? Parce que leurs possessions ne leur venait pas de D., mais qu’ils se les sont appropriées.

Ainsi, les fils de Gad et de Reouven étaient riches, ils possédaient de grands troupeaux, ils chérissaient leurs biens et ils se sont installés en-dehors de la terre d’Israël. C’est la raison pour laquelle ils ont été les premiers de toutes les tribus à être exilés. Pourquoi cela ? Parce qu’ils se sont désolidarisés de leurs frères pour s’occuper de leurs biens. D’où le sait-on ? Du verset « Or, les enfants de Réouven possédaient de nombreux troupeaux. »

« Les enfants de Gad et ceux de Réouven répondirent en ces termes: ‘Ce que Hachem a dit à tes serviteurs, ils le feront exactement.’ » (32, 31)

Durant tout le dialogue des enfants de Gad et de Réouven avec Moché, ces deux tribus se sont adressées à lui à la deuxième personne dans les termes « comme mon maître Moché a ordonné » ou « comme mon maître a parlé » etc. Pourtant ici, ils ont employé la troisième personne : « Ce que Hachem a dit à tes serviteurs ». Comment expliquer ce changement de langage ?

L’auteur de « Méchekh ‘Hochma » répond, selon l’avis des Chéïltot, qu’un messager n’exprime généralement pas toutes les « phrases de conditions », c’est-à-dire par exemple énoncer la condition à la forme positive avant de la doubler de son expression à la forme négative... Or, en entendant Moché leur exprimer les conditions concernant leur héritage au-delà du Jourdain (selon leur requête particulière) en respectant toutes les règles nécessaires, les enfants de Gad et de Réouven ont compris qu’il ne jouait pas ici le rôle de messager, mais que c’était la Chekhina qui s’exprimait à travers lui.

C’est pourquoi à la fin ils ont utilisé l’expression « Ce que Hachem a dit à tes serviteurs » : D. s’adressait à eux à travers la bouche de Moché, et ceci n’entrait plus dans le cadre de « quand mon maître a parlé » mais exigeait l’emploi de « Ce que Hachem a dit à tes serviteurs. »

Par allusion

« Si il les annule »

La Guemara déclare qu’une annulation de vœu doit être réalisée devant un individu expérimenté. En l’absence d’un tel homme, on procèdera à l’annulation devant trois hommes simples.

En voici une allusion : les initiales du nom « Moché » (Mem, Chin, Hé) forment la phrase : « Moum’hé Chéyafer Neder (un homme avisé qui annulera un vœu). » S’il n’y en pas, trois hommes simples le feront.

[Or Tsadik]

« Il l’appela Nova’h, de son propre nom »

Le livre « Yalkout Reouveni » explique que les lettres du terme « lah (traduit par l’) » sont les initiales des mots « Lachon Hara ».

« Nova’h » est composé des mêmes lettres que « Nava’h » (aboyer) pour signifier que quiconque tient des propos diffamatoires est considéré comme un chien (qui aboie).

UNE VIE DE TORAH

Dans son livre « Derekh ‘Haïm », le Maharal cite les paroles du Midrach (Midrach Rabba Kohélet, paracha 9, chapitre 10) : « Zivdi ben Lévi désirait voir la face de Rabbi Yéhochoua ben Lévi. Celui-ci lui est alors apparu en rêve et lui a montré des personnes aux visages levés et d’autres aux visages baissés. Rabbi Zivdi ben Lévi lui a demandé ce que cela représentait. Il lui a répondu : ‘Les hommes à la tête haute sont ceux qui ont étudié la Torah durant leur vie, alors que ceux qui baissent la face se sont présentés dans le monde d’en haut sans Torah.’ »

Le Maharal explique que les personnes armées de Torah n’éprouvent pas de honte à se trouver dans le monde futur, qui est si singulier, puisque la Torah les accompagne. En revanche, ceux pour qui la Torah n’est pas familière ont honte de se tenir au milieu des secrets suprêmes et ‘distincts’. Ces personnes ne sont que des « corps », puisque la Torah ne les accompagne pas. C’est la raison pour laquelle leurs visages sont baissés, à l’image de quelqu’un qui se sentirait mal à l’aise entouré d’hommes saints et supérieurs, car seule la Torah donne une réelle existence à l’homme. Leurs visages bas reflètent une ‘non-existence’, car une personne est reconnue par son visage : celui-ci représente la réalité de l’être.

Ils ont compris qu’il s’agissait du traité ‘Haguiga

L’histoire suivante, extraite du Midrach Tan’houma, est rapportée dans le livre « Menorat Hamaor » (3, 8, 3, chapitre 5) :

Un homme pieux avait coutume de s’isoler et d’étudier le traité ‘Haguiga. Il en avait examiné tous les détails et l’avait approfondi plusieurs fois, jusqu’à le maîtriser parfaitement. Il s’est livré à cette tâche durant toute sa vie et ne connaissait aucun autre traité du Talmud.

Un jour, l’âme de cet homme qui vivait seul l’a quitté, et personne n’a été informé de ce décès. Une ‘femme’ est alors venue, elle s’est tenue auprès de sa dépouille et s’est mise à pleurer, à se lamenter puis à crier et à gémir si fort qu’elle a rassemblé une foule de personnes.

Elle s’est adressée à eux en ces termes : « Prenez le deuil pour cet homme pieux, enterrez-le et honorez sa sépulture. Ainsi vous mériterez la vie éternelle, car ce tsaddik m’a honorée durant toute son existence et grâce à lui je n’ai été ni oubliée ni abandonnée.

Toutes les femmes se sont alors jointes à elle, ont pris un deuil grand et intense pendant que les hommes s’occupaient du linceul et de l’enterrement. Il a été inhumé avec les plus grands honneurs.

Pendant ce temps l’inconnue pleurait et gémissait encore… On lui a demandé quel était son nom et elle leur a répondu : « Je m’appelle ‘Haguiga. » Après l’enterrement, la femme a disparu. Alors tout le monde a compris qu’il s’agissait en réalité du traité ‘Haguiga qui avait pris l’apparence d’une dame et qui était venue au moment du décès de cet homme fidèle pour le soutenir, le pleurer et l’enterrer avec respect, car il l’avait toujours étudié avec beaucoup d’application.

Si tel est le sort d’un homme pieux qui n’a étudié qu’un seul traité, a fortiori pouvons-nous imaginer celui d’une personne qui étudie beaucoup de Torah, l’enseigne aux autres et forme de nombreux élèves…

La joie de tous

L’Admour Rabbi ‘Haïm de Zanz réservait un grand honneur à un certain élève. Celui-ci a une fois signalé qu’il ne méritait pas tant d’égards, en mentionnant l’enseignement de nos Sages selon lequel si on accorde des honneurs à quelqu’un en pensant qu’il a étudié deux traités, ce dernier a le devoir de faire savoir qu’il n’en connaît qu’un seul. Le Rav de Zanz lui a répondu : « C’est vrai, mais il y a lieu de préciser combien d’égards reviennent à celui qui a étudié un seul traité ! »

Quand un disciple de la yéchiva de Rabbi Réouven Feinstein (fils de Rabbi Moché Feinstein) terminait un traité, Rabbi Moché participait au Siyoum : lorsque l’élève concerné entrait, Rabbi Moché se levait en son honneur et incitait les autres élèves à faire de même. Lorsque certains étudiants terminaient tout le Chass, Rabbi Moché se levait et les embrassait tant il était heureux ! A propos, citons ici les paroles de Rabbi Moché lui-même telles qu’il les a écrites dans son livre « Iguerot Moché » : « La joie d’un Siyoum ne concerne pas uniquement ceux qui terminent le traité, mais tous les étudiants en Torah. Tous les Sages sont de toute façon emplis de joie quand un jeune rabbin termine (son cycle) même s’il n’est pas leur élève, car la joie de l’étude de la Torah, même d’une seule personne, est la joie de tous les érudits. »

A ce sujet, le gaon Rabbi Mikhel Yéhouda Lefkowitz a écrit :

« Chaque individu qui étudie la Torah maintient toute la Création et insuffle de la force et de la vie pour l’existence du monde entier. C’est pourquoi son étude appartient à tout Israël et la joie de son Siyoum est celle de tous. »

D’un bout à l’autre

La gaon Rabbi Aharon Kotler faisait toujours très attention à étudier chaque traité jusqu’à la dernière page. Lorsqu’il est arrivé au traité Nazir, des événements successifs sont survenus et l’ont empêché de terminer l’étude de ce traité. A cette période-là, il a mérité de rencontrer le ‘Hafets ‘Haïm. Lors de leur conversation, ce dernier lui a soudain dit : « Quand on entreprend l’étude d’un traité, il faut la poursuivre jusqu’à la dernière page. Par exemple, si l’on commence Nazir, il faudra le faire d’un bout à l’autre… »

Le Rav Kotler a ajouté dans son livre « Likoutei Amarim » (Chapitre 6) : « Lorsque nous arriverons au tribunal céleste, on nous dira ‘Lève-toi et récite la Torah que tu as apprise ; lève-toi et récite la Michna que tu as apprise.’ On nous montrera d’abord toute la Torah que nous avons étudiée durant notre vie. Puis, on nous mettra face au Talmud que nous avons approfondi, et notre âme se réjouira beaucoup de constater l’étendue de nos acquis. Mais combien serons-nous secoués ensuite de remarquer que chaque étude est pavée de trous : il manque tel traité dans ce Séder, et tel traité dans cet autre Séder… Dans certains traités, plusieurs chapitres et pages sont restés manquants car nous avions voyagé quelques jours sans les rattraper…. De quoi aurons-nous l’air alors ? Notre pauvreté sera mise à nue devant toute la cour céleste, que ce soit dans le domaine de la Torah écrite, de la Michna, de la Guemara… et nous serons incapables de répondre aux questions qui nous seront posées. Notre honte atteindra des sommets lorsque le tribunal céleste nous interrogera sur le Yérouchalmi et les Midrachim et que nous resterons sans réponse, car nous ne les avons jamais étudiés. Combien notre cœur souffrira alors… »

 

 
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