DEVARIM 6 AOUT 2011 6 AV 5771 |
|
La réprimande de Moché : la Torah et l’unité vainquent le mauvais penchant
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
Au début de la paracha, nous trouvons les paroles de remontrance de Moché envers les bnei Israël à travers le nom des lieux où ils avaient irrité D., et il leur a dit que même s’ils avaient fauté, ils pouvaient faire techouva. Et si la remontrance entre dans le cœur de l’homme, cela peut lui permettre de se repentir, ainsi qu’il est dit (Hochea 14, 3) : « Prenez avec vous des paroles et revenez vers Hachem. » Mais Moché a fait des remontrances aux bnei Israël par allusion pour leur honneur (Sifri), et en y réfléchissant, nous pouvons découvrir ce qui se cache de reproches dans ces allusions :
« Au-delà du Jourdain » insinue que le repentir est utile pour tout le passé du pécheur et toutes ses mauvaises actions, car la valeur numérique du mot « Yarden » (Jourdain), en comptant le mot lui-même, est la même que celle de « ra » (mauvais), c’est-à-dire que la techouva est utile pour tout ce qui est « ra ». « Bemidbar » (dans le désert, mais le mot midbar évoque la racine de « daber », parler) insinue que le repentir est utile pour toutes les paroles vaines que l’on a prononcées.
« Ba’arava » (dans la plaine) est formé des mêmes lettres que « ba’avera » (dans la faute), ce qui signifie que la techouva est utile pour toutes les fautes, « en face de Souf », allusion à un bon conseil sur la façon de ruser avec le mauvais penchant : lui rappeler le jour de la mort, comme ont dit les Sages (Berakhot 5a), qui est la fin (« Sof ») de tout homme. Nos Sages ont enseigné que d’évoquer le jour de la mort permet à l’homme de toujours rester droit envers Hachem son D.
Quand on réfléchit à tout cela, on se mettra automatiquement à accomplir les mitsvot, qui s’appellent des fruits, et on laissera derrière soi tout ce qui est sans importance. C’est cela « entre Paran [qui évoque « peri », le fruit] et Tofel [qui évoque les choses « tefelim », sans importance].
En fin de compte, quand quelqu’un se repent, le mauvais penchant n’est toujours pas fatigué, et cherche encore à le tuer (Kidouchin 30b, Kala 2a). En revanche, le bon penchant le pousse à faire des mitsvot. Donc l’homme se trouve au milieu, et doit surmonter tous les obstacles pour rester blanc et pur sans aucune faute. Même s’il a transgressé beaucoup de choses, ce qu’il a fait délibérément se transforme en mérites lorsqu’il se repent par amour (Yoma; Baba Metsia), et « si vos fautes sont comme la pourpre, elles deviendront blanches (lavan) comme la neige » (Yéchaya 1, 18). C’est cela « et Lavan ». C’est seulement ainsi qu’on méritera de s’installer dans les cours (« ‘Hatserot ») de la maison de Hachem dans le monde à venir, c’est cela « et ‘Hatserot ». On y recevra la récompense de son travail, et c’est cela « Di Zahav » (l’or).
On peut aussi expliquer de cette façon : si l’on veut triompher du mauvais penchant et rester blanc (lavan), il faut suivre le conseil des Sages (Souka ; Zohar) : « Si ce perfide t’attaque, attire-le au beit hamidrach, et ce sont les « ‘Hatserot » (cours) qui permettent d’entrer dans les cours de Hachem, alors on arrivera à « Di Zahav (litéralement : l’or) », à tout ce qui est bon, une abondance de bénédiction et de réussite accordée par le Créateur du monde.
On peut encore donner une explication qui suit la kabbala. Les lettres « védi » (dans l’expression « véDi Zahav ») ont la valeur numérique de 21, et le Nom de D. « E-hyeh » vaut également 21. C’est par ce Nom que D. est apparu aux bnei Israël (Chemot 3, 14). Mais eux ont fait un Veau en or (zahav), et ils ont dit : « Voilà ton D, Israël » (ibid. 32, 4). C’est pourquoi Moché les a réprimandés en allusion, et leur a dit : « Védi » (la même valeur que le Nom de D.), vous l’avez changé pour « Zahav », et vous devez vous en repentir. De plus, il n’y a aucune mitsva qui ne contienne le Nom de Hachem. Or on sait que le mot « mitsva » est formé des mêmes lettres que le Tétragramme, car les lettres « mem tsadik » devienne « youd – hé » en atbach, donc avec les lettres « vav – hé », cela forme le Tétragramme, si bien que celui qui échange la mitsva, qui contient le Nom de Hachem, dont la valeur numérique est la même que « VéDi », contre de l’or (zahav), à savoir ce monde-ci, a échangé son Créateur contre de l’or. Son châtiment est grand, et il doit immédiatement se repentir totalement. D’après cela, nous comprenons le contenu de Tou BeAv (le 15 Av), qui vient immédiatement après la parachat Devarim et Ticha BeAv, et qui est, comme on le sait, la réparation de beaucoup de fautes, dont également celles qui sont évoquées par Moché dans ses remontrances.
Les Sages ont dit : Il n’y a pas de plus grande fête pour Israël que le 15 Av. Or c’est difficile : peut-on dire que le 15 Av soit meilleur que Roch Hachana ou Chavouot, par exemple ?
On peut expliquer que c’est justement le 15 Av où la joie a été totale, car même les filles des riches sortaient avec des vêtements blancs empruntés pour ne pas humilier celles qui n’avaient pas les moyens (Ta’anit). Il y avait un éveil d’en bas dans le domaine des relations entre les hommes, dans l’unité et la paix, et cela provoque, comme on le sait, un éveil d’en-haut, qui entraîne un épanchement sur le monde entier dans une abondance de bénédiction et de paix.
Ce n’est pas le cas pour les autres fêtes, qui ne contiennent pas de notion d’égalité entre le pauvre et le riche : chacun célèbre la fête à sa façon chez lui, c’est pourquoi de ce point de vue là, ce n’est par comparable au 15 Av. Donc le 15 Av marque l’unité, laquelle mène à toutes les bonnes choses, et à la réparation des actes. On peut réparer ainsi tout ce qui est contenu dans les remontrances de Moché.
On peut encore expliquer pourquoi c’est justement le 15 Av qui a été fixé pour cela et non un autre jour, et aussi que cinq choses soient arrivées aux bnei Israël à ce moment-là, comme l’ont dit les Sages. Que représente cette date ?
A mon humble avis, il y a eu au mois d’Av plusieurs catastrophes. Cela a commencé dès l’époque des explorateurs, qui ont pleuré la nuit du 9 Av sans nécessité, à la suite de quoi Hachem leur a fixé des pleurs pour toutes les générations. Le Temple a été détruit à cause de trois fautes principales et de la haine gratuite, c’est pourquoi il convient que ce soit justement pendant ce mois que Hachem fasse des miracles et des merveilles pour les bnei Israël, pour que nous puissions revenir à Lui et nous faire pardonner, et alors Il épanchera sur nous toute sa bonté.
Effectivement, Hachem a donné la guérison avant le coup, et le 15 Av, les hommes de la génération du désert ont cessé de mourir. Alors, tous les bnei Israël ont vu que Hachem avait pardonné, c’est pourquoi ils ont également plus tard pardonné la tribu de Binyamin, donc ils ont retrouvé l’unité.
Pourquoi justement le 15 ? Quinze est la valeur numérique du nom « youd – hé », et on sait que ce nom fait allusion à la paix et à la Chekhina, comme le disent les Sages : si l’homme (ich) et la femme (ichah) le méritent, la Chekhina est entre eux, car le mot « ich » contient un youd et le mot « ichah » contient un hé. Alors il y a la paix et la Chekhina, et dans le cas contraire, si on enlève le Nom « youd – hé » il reste les lettres « aleph chin », qui forment le mot « ech » (feu), alors un feu les dévore.
Donc comme le 15 est le Nom qui exprime la paix, Hachem l’a choisi justement pour montrer aux bnei Israël qu’Il est leur père, donc ils se sont aussi montré l’un à l’autre l’unité et la paix, car le pauvre recevait du riche et le riche allait chez le pauvre, ils ont ainsi réparé la faute de la haine gratuite.
On peut dire de façon allusive que cela évoque le 15 Av lui-même, car les mots « ‘hamicha assar mena’hem Av » (le 15 Av) ont la même valeur numérique que les mots « Yom a’hdout véahava leIsraël » (jour d’unité et d’amour pour Israël ».
C’est ce qui figure en allusion dans les remontrances de Moché : étudier la Torah, et se conduire dans l’unité et l’amour entre l’un et l’autre, alors il est possible de réparer tout le passé, et de se repentir vraiment totalement. On peut dire aussi par les valeurs numériques que cela se trouve en allusion dans les remontrances de Moché.
En effet, les mots « elé hadevarim acher diber Moché » (voici les paroles que Moché a prononcées) ont exactement la même valeur que les mots « a’hdout, otsar haberakhot » (l’unité est un trésor de bénédictions). Et les mots « elé hadevarim acher diber Moché el kol Israël » (voici les paroles que Moché a prononcées pour tout Israël) ont la même valeur numérique que les mots « HaTorah véa’hdout nitsa’hon hayetser hara » (la Torah et l’unité sont une victoire sur le mauvais penchant). C’est seulement par ces paroles que l’on peut vaincre le mauvais penchant et arriver au 15 Av, qui est un jour de fête pour Israël.
Hommes de foi - Histoires des justes de la famille Pinto
Il viendra chez lui faire le kiddouch sur du vin
Les saints Rabbi Avraham Coriat, Rabbi ‘Haïm Pinto et Rabbi David ben ‘Hazane avaient l’habitude d’étudier ensemble, de manière régulière. Ces tsaddikim, dont les initiales des noms formaient le mot « E’had », composaient l’unique et exceptionnel tribunal de Mogador.
Rabbi ‘Haïm et Rabbi David avaient coutume, en chaque veille de Chabbat, d’approfondir le commentaire du Alchikh sur la paracha. Afin de ne pas rompre cette habitude immuable, ces deux Rabbanim ont convenu que celui qui serait appelé en premier par le tribunal céleste reviendrait se dévoiler à son ami pour étudier avec lui la paracha et le commentaire du Alchikh.
Il en a donc été ainsi lorsque Rabbi David ben ‘Hazane est décédé en premier. Le Chabbat suivant sa disparition, Rabbi ‘Haïm attendait comme convenu Rabbi David, mais celui-ci tardait à venir. Le Rav Pinto a donc fait appel à son assistant, lui demandant de se rendre chez la veuve de Rabbi David ben ‘Hazane et de lui demander pourquoi son mari ne venait pas étudier le Alchikh avec lui.
Le serviteur a d’abord cru avoir mal entendu, mais Rabbi ‘Haïm a réitéré sa demande. Puis il a compris qu’il s’agissait de choses dépassant son entendement et il est allé satisfaire la requête de son maître. La veuve l’a accueilli, et en entendant sa demande, est restée stupéfaite : « Comment sait-il que mon mari se trouve à la maison ? » a-t-elle questionné.
La nuit même, Rabbi ‘Haïm a su ce qui s’était passé : Rabbi David ben ‘Hazane s’est révélé à lui et lui a raconté avoir promis à son épouse de venir faire le kiddouch sur du vin tous les vendredis soirs (comme c’était le cas chez Rabbeinou Hakadoch) et qu’il ne pouvait donc pas se trouver à deux endroits simultanément. Il a également ajouté que dès ce jour, il se dévoilerait à lui en état d’éveil, tandis qu’à sa femme, qui avait révélé le secret, il n’apparaîtrait qu’en rêve.
HISTOIRE VECUE
On rassemble les débris
Un jour, un homme rebelle a demandé à Rabbi Yossef Dov de Brisk par provocation :
« Pourquoi les juifs prennent-ils le deuil durant la période séparant le 17 Tamouz du 9 Av et le jour du 9 Av lui-même ? Cela ne peut rien changer à la situation ! »
Le Rav lui a répondu : « Je vais vous l’expliquer à l’aide d’une parabole : imaginez qu’un incendie se déclare dans une ville et détruise de nombreuses maisons. Si un habitant quitte sa maison brûlée sans se préoccuper de ce qui s’y est passé, abandonnant même les objets épargnés par l’incendie, nous considérerions tous qu’il n’a pas l’intention d’y retourner pour la reconstruire. En revanche, celui qui se donne de la peine, recherche ses objets au milieu des tas de cendres, ramasse minutieusement chaque brique épargnée et nettoie l’emplacement de sa maison, a très certainement l’intention de la reconstruire bientôt.
Il en est de même pour nous, a conclu Rav Yossef :
Tant que nous prenons le deuil pour la destruction de Jérusalem et pour l’incendie de notre sainte et glorieuse maison, nous pouvons être assurés de sa reconstruction prochaine et de nos jours… »
Se soucier de la souffrance de son père
On trouve un écrit pénétrant du gaon Rabbi Eliezer Papo, auteur de « Pélé Yo’ets », sur la douleur que nous devons ressentir pour la destruction du Temple. Voici ce qu’il dit :
« La destruction du Temple, qui a eu lieu par nos grandes fautes, doit nous affliger non pas parce que nous sommes exilés, languissants et désorientés. Nous devons surtout prendre le deuil pour la souffrance que ressent D., car elle est immense ! Cela ressemble à un fils qui aime son père mais qui l’a mis dans une telle colère que ce dernier l’a abandonné. Si le fils aime sincèrement son père, il n’est pas tant préoccupé par les « coups » qu’il a reçus que par la colère et la souffrance que son père ressent. »
Ce jour-là
Rabbi Raphaël de Varchid, à l’instar d’Aharon le cohen, « aimait la paix et la poursuivait ». Il consacrait une partie importante de son temps à rétablir la paix entre les hommes ainsi qu’au sein des ménages.
Une fois, il s’est rendu chez un couple le jour même du 9 Av pour réconcilier quelqu’un et son épouse.
Ses élèves, surpris, l’ont questionné : « Rabbi, était-il vraiment impossible de repousser cette intervention au lendemain du 9 Av ? »
Rabbi Raphaël leur a répondu : « C’est à cause de la haine gratuite que le Temple a été détruit. A la date de cette destruction, nous devons nous appliquer encore davantage à restaurer la paix et à multiplier l’amour gratuit au sein des bnei Israël… »
Le plaisir sera immense
Des ‘hassidim ont un jour demandé à Rabbi Lévi Yitz’hak de Berditchev, le défenseur du peuple juif :
« Rabbi, lirons-nous encore le livre d’Eikha lorsque la délivrance complète aura eu lieu ? »
« Bien sûr, leur a-t-il répondu, nous ferons même, pour sa lecture, la bénédiction de Chée’héyanou ! »
« Comment cela sera-t-il possible ? » se sont-ils étonnés.
Il a alors expliqué :
« Après la délivrance, nous le lirons d’une autre manière. Voici sa nouvelle lecture : ‘Hélas ! Comme elle est assise solitaire’ : jusqu’à présent la ville était solitaire, mais désormais ‘si puissante parmi les provinces’ car Jérusalem a retrouvé ses jours de gloire. ‘A été rendue tributaire’ : toutes les nations lui versent un tribut… »
Le tsaddik a continué ainsi à détailler et à interpréter les autres versets d’Eikha, en ajoutant : « Ainsi, nous lirons toute cette Méguila avec une nouvelle signification et ce sera un réel bonheur.
Sans la moindre souffrance
Le saint Rabbi d’Apte était toujours très affecté par les malheurs des personnes de son peuple.
Un jour à la maison d’étude, ce Rav pleurait amèrement sans discontinuer. Rabbi Zoucha d’Anipoli est arrivé sur ce fait et les ‘hassidim lui ont demandé de bien vouloir identifier la raison de ces lamentations.
A l’interrogation de Rabbi Zoucha, le Rabbi d’Apte a répondu : « Je vois les malheurs que va vivre notre peuple avant la venue du Machia’h et cette souffrance sera si difficile à porter ! Voilà pourquoi je pleure. »
Rabbi Zoucha lui a répondu : « Il est écrit dans le Zohar : « Une peine infligée par D. n’est jamais supérieure à ce que peut supporter l’homme. »
Mais le Rav d’Apte a crié tout en pleurant encore : « Est-ce que Rabbi Zoucha sait ce qu’un juif peut supporter ? »
Puis il s’est ravisé et a conclu : « Nous sommes croyants, fils de croyants. D. peut nous délivrer sans nous infliger la moindre souffrance ! »
Nous mériterons de nombreux bienfaits
Rabbi Yossef ‘Haïm de Bagdad, auteur de « Ben Ich ‘Haï », a expliqué comme suit le psaume 123 : « Chant des degrés. Quand Hachem ramena les captifs de Sion. »
« Ceux qui sèment dans les larmes, récolteront dans la joie » : ceux qui prennent le deuil et pleurent la destruction du Temple mériteront d’assister à la consolation de Jérusalem.
« C’est en pleurant qu’on s’en va » : celui qui, sur le chemin entre son domicile et la maison d’étude prie, pleure et souffre pour l’exil d’Israël et la douleur de la Chekhina « reviendra avec des transports de joie ». « Bo (reviendra) » est composé des lettres de « Av » inversées : D. transformera ce mois de Av en moment d’allégresse.
« En portant ses gerbes » : dans l’avenir, nous mériterons de nombreux bienfaits en compensation de tous les malheurs subis en ce mois d’Av.
GARDE TA LANGUE
Ils profiteront de tous les bienfaits
Si un père avertit toujours ses enfants de ne médire de personne (non plus que d’injurier ou tromper), et les habitue à un tel comportement, alors cette attitude sera ancrée en eux et ils parviendront aisément à se maintenir dans cette sainte qualité. Grâce à cela, ils pourront mériter la vie future et tous les bienfaits.
(‘Hafets ‘Haïm)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
« Puisque Moché a expliqué cette (haZot) Torah en disant… »
Dans la Guemara (Mena’hot 53b) nos Sages font remarquer que le terme « zot » désigne la Torah, comme il est écrit « Voici (VéZot) la Torah… » Par ailleurs, on retrouve souvent dans le Zohar que la Chekhina (présence divine) est nommée « Zot » (III 62, 1). Par amour pour ces saintes paroles, je vais les rapporter textuellement : « Lorsque Ya’akov a voulu que ses fils soient bénis par le nom de D. ‘méhémnouta’, qui caractérise la royauté de la Chekhina, le verset conclut : ‘Les tribus d’Israël sont au nombre de douze et voici (zot)….’ Ce dernier mot évoque la présence divine qui s’était jointe à eux pour que les bénédictions puissent effectivement se réaliser. » Rapportons un autre passage qui m’est très cher et que je livrerai à nouveau, fidèlement (III 297, 2) : « Rabbi Abba voit dans le verset ‘celle-ci (zot) aussi se trouvait avec eux’ la preuve de l’amour infini de D. pour les bnei Israël : bien qu’ils soient responsables de leur propre relégation, la présence divine ne les a jamais abandonnés. Que l’on ne pense pas qu’ils sont livrés à eux-mêmes dans leur exil, puisque ‘celle-ci (la Chekhina) se trouve avec eux.’ C’est le sens du verset ‘Elle est restée avec eux dans la terre de leurs ennemis.’ » Cela ressemble à un roi qui s’est fâché contre son fils et l’a envoyé vivre dans un pays lointain. En apprenant cela, la reine s’est exclamé : « Puisque le roi a chassé mon fils et que celui-ci a dû partir dans une contrée lointaine, je ne l’abandonnerai pas : soit nous resterons ensemble dans cette terre éloignée, soit nous reviendrons tous les deux au palais ! » Puis un jour, le roi a envoyé chercher la reine, mais il ne l’a pas trouvée, car elle s’était exilée avec son fils. Il a alors décidé : « Puisque la reine est aussi partie, que les deux reviennent ! » De la même manière, quand D. s’enquerra de la reine (la présence divine), Il la cherchera en premier lieu, puis pour la ramener vers Lui, Il délivrera également Ses enfants. C’est ce qui est dit dans le verset « et enfin, J’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël etc. » (A l’origine D. avait cherché la Chekhina, et pour elle, Il avait libéré Ses enfants.) « Pour quelle raison ai-Je écouté leur cri ? Si l’on peut dire, pour la reine que J’ai voulu retrouver. »
A la lumière de cette explication allusive, voici l’interprétation du verset « Puisque Moché a expliqué cette (zot) Torah » : grâce à l’étude de la Torah que l’on dénomme ‘zot’, vous mériterez de profiter de la présence divine appelée également ‘zot’.
A LA SOURCE
Afin qu’ils n’entendent pas
« Ce sont là les paroles que Moché adressa à tout Israël » (1, 1)
« A tout Israël » signifie que tous les bnei Israël entendaient la voix de Moché qui portait sur une distance de douze miles.
Rabbi Elazar Hakapar pense plutôt que la précision « à tout Israël » apporte une limitation. En effet, seuls les bnei Israël ont pu entendre la voix de Moché, alors que celle de Bil’am avait empli le monde entier lorsque ce dernier les avait bénis. A son sujet, il est dit : « Assourdir de grand matin son prochain par de bruyants saluts, c’est comme si on lui proférait des injures » (Proverbes 27, 14). Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Afin que toutes les nations du monde l’entendent bénir Israël.
En revanche, seuls ceux qui se trouvaient au sein du camp d’Israël pouvaient entendre Moché, afin que les nations ne puissent pas être témoins des réprimandes adressées au peuple.
[Devarim Rabba]
Choisissez l’esprit judicieux
« Choisissez parmi vous, dans vos tribus, des hommes sages, intelligents et éprouvés » (1, 13)
« Intelligents » : La lettre « beit » représente l’intelligence, qui est indispensable à toute créature. En effet, sans elle, le monde ne pourrait se maintenir ne serait-ce qu’une heure, comme il est dit : « Choisissez parmi vous, dans vos tribus, des hommes sages, intelligents et éprouvés. »
Lorsque D. a ordonné à Israël « Mes fils, choisissez parmi vous des hommes intelligents et établissez-les en tant que chefs », Moché s’est rendu dans les demeures d’Israël à la recherche de tels hommes, sans succès, comme il est dit : « Et je désignai les principaux de vos tribus, hommes sages et éprouvés », mais des hommes « intelligents », il n’en a pas trouvé.
Ceci nous enseigne que la compréhension (bina) est plus importante pour D. que toute la Torah. En effet, même si une personne connaît la Torah, les Prophètes, les Ecrits, qu’elle étudie la Michna, le Midrach, les lois et les Aggadot, la tradition orale, les rajouts, les maximes, les « ma’amadot » et tout l’ordre de la Création mais qu’elle est dépourvue de compréhension, sa Torah n’a aucune valeur, comme il est dit : « l’intelligence (bina) de ses gens intelligents se voilera » (Yéchayah 29, 14).
[Otiyot Derabbi Akiva]
Sans compte déterminé
« Chefs de dizaines, soit commissaires de vos tribus » (1, 15)
Pourquoi a-t-il précisé « de vos tribus » uniquement au sujet des commissaires ?
Parce qu’il y avait un compte défini de juges, « commandants de centuries, de cinquantaines et de dizaines » alors que les commissaires pouvaient eux, être recrutés en fonction des besoins.
[Léka’h Tov]
Annulation de serment
« Nous nous détournâmes ainsi de nos frères, les enfants d’Essav… du chemin de la plaine, d’Eilat et d’Etsion Gaver. Changeant de direction, nous traversâmes le désert de Moav. » (2, 8)
Rabbi Yossi bar ‘Hanina voit dans ce verset même les raisons pour lesquelles les enfants d’Essav ne sont pas tombés entre nos mains.
« ( Nous nous détournâmes) du chemin de la plaine » : nous n’avons pas suivi les plaines de D.
« D’Eilat » : nous n’avons pas prêté attention aux malédictions (eilotkha) et aux serments de la Torah.
« D’Etsion Gaver » : nous avons trompé (‘atsinan) D. en affirmant : « Tout ce qu’a dit Hachem, nous le ferons et nous le comprendrons » (Chemot 24, 7), sans tenir notre promesse.
« Changeant de direction… » : c’est pourquoi nous avons été asservis aux royaumes étrangers.
[Midrach Téhilim]
Lettres amicales
« Et j’envoyai, du désert de Kdemot, une députation à Si’hon » (2, 26)
Plus haut, nous trouvons le verset : « Israël envoya des députés » (Bemidbar 21, 21). Ce n’est pourtant pas Israël mais plutôt Moché qui a envoyé cette délégation ! En effet il est dit « Et j’envoyai, du désert de Kdemot, une députation à Si’hon. »
En réalité, voyant que D. avait décrété qu’il n’entrerait pas en Israël, Moché a attribué au peuple l’envoi de messagers.
Autre explication : pourquoi est-il écrit plus haut : « Israël envoya des députés », alors qu’ici il est dit : « Et j’envoyai une députation » ?
Nos Sages répondent : ils ont envoyé deux missives : l’une proposant la paix et l’autre menaçant de guerre. La seconde était celle de Moché.
Mais Rech Lakich répond : que D. nous en garde ! Les bnei Israël ne se sont pas opposés à Moché. Ils ont envoyé une seule et même lettre, qui débutait par des paroles de paix et se poursuivait avec une menace de guerre. En effet, Israël a dit à Si’hon : « Je suis, moi, tout à la paix, et quand je la proclame, eux ne méditent que la guerre » (Téhilim 120, 7). D. a assuré : « Par votre vie, vous hériterez leur terre dans la paix », comme il est dit (ibid. 37, 11) : « Tandis que les humbles auront le pays en partage et se délecteront dans une paix parfaite. »
[Midrach Tan’houma]
Le lit d’Avraham
« Soixante villes formant tout le district d’Argov » (3, 4)
Og est Eliezer, et la plante de ses pieds mesurait quarante miles. Avraham pouvait le cacher dans la paume de sa main. Une fois, Avraham s’est fâché contre Og, et de peur, celui-ci a perdu une dent. Avraham l’a prise et en a fait un lit en ivoire dans lequel il dormait.
D’autres disent qu’il l’a utilisée pour fabriquer une chaise où il s’est assis durant le restant de ses jours. Qui l’avait donné à Avraham ? Nimrod. Puis Og est venu et a construit soixante villes dont la plus petite était d’une hauteur de soixante miles, comme il est dit « soixante villes formant tout le district d’Argov. »
[Massekhet Sofrim]
LA PRIERE
Le gaon Rabbi ‘Haïm Zaïd de Bnei Brak, un des conférenciers importants de l’organisation « Arakhim », a raconté une histoire dont il a été témoin récemment : il se trouvait dans la salle d’embarquement de l’aéroport Ben Gourion. Les hôtesses invitaient déjà les voyageurs à rejoindre l’avion qui devait décoller quelques minutes plus tard. Tous les passagers se sont levés de leur place et ont commencé à se diriger vers l’avion.
Dans cette salle se trouvait une jeune fille qui, à ce moment même, faisait la ‘amida. L’ensemble des voyageurs avait embarqué, tandis qu’elle continuait à prier avec calme et sérénité comme si de rien n’était. Quelques personnes se sont approchées d’elle et lui ont fait remarquer que si elle ne se dépêchait pas elle pourrait retarder l’avion, mais à leur grande stupéfaction, elle a continué à prier comme si tout cela ne la concernait pas. Elle était en train de prier devant le Roi, qui pourrait la déranger !
Le pilote, apprenant qu’une passagère était encore en train de prier dans le terminal, a décidé d’attendre quelques minutes : peut-être aurait-elle bientôt fini…
Mais voyant les minutes s’écouler tandis qu’elle continuait sa prière, il a décidé de fermer les portes de l’avion et de décoller.
« Toute compagnie aérienne se doit de respecter les horaires. Nous ne pouvons pas ruiner notre réputation à cause d’une jeune fille qui n’a pas la notion du temps » a estimé le pilote.
L’avion a commencé à rouler au sol en vue du décollage, quand soudain de la fumée est apparue, émanant de la cabine de pilotage. Evidemment, on a tout de suite arrêté l’avion, évacué les passagers et fait venir les techniciens afin de détecter l’origine de cette fumée. Ceux-ci ont passé tout l’appareil au crible et, étonnamment, ils ne parvenaient pas à en définir la source.
Ces techniciens professionnels, sans se décourager, ont poursuivi leurs vérifications sans toutefois localiser un quelconque dysfonctionnement. Un tel problème n’avait pas eu lieu depuis de nombreuses années.
Ils ont malgré tout poursuivi leur travail consciencieusement et ont renforcé tous les systèmes de l’avion avant d’annoncer au pilote : « Tout est normal, vous pouvez poursuivre le vol. »
C’est ainsi que le haut-parleur a invité une seconde fois les voyageurs à monter dans l’avion. Le Rav Zaïd, comptant parmi les passagers, a pris sa valise et a soudain croisé la jeune fille qui marchait avec ses bagages vers la sortie de l’aéroport.
N’étant pas au courant de l’incident survenu à l’avion, elle avait compris qu’on ne l’avait certainement pas attendue et c’est pourquoi elle rebroussait chemin.
Le Rav lui a relaté les derniers événements et a ajouté et que si elle le voulait, elle pouvait à présent se joindre à eux. La jeune fille s’en est bien sûr réjouie et est montée à bord.
Durant le vol, un des stewards s’est installé près du Rav Zaïd et a évoqué ce qui s’était passé avec la jeune fille ainsi que la présence de fumée dans la cabine du pilote avant le décollage.
« Comment expliquez-vous tout cela ? » a-t-il demandé. Sans tarder, le Rav a répondu qu’il voyait évidemment là l’œuvre de la providence divine : « On a remarqué au Ciel combien elle était prête à sacrifier pour la prière et D. lui a permis de monter dans l’avion… »
Le steward qui n’était pas pratiquant, a écouté ces paroles avec un grand intérêt. Voyant que c’était un moment favorable, le Rav lui a proposé de venir écouter des conférences de l’organisation « Arakhim » pour renforcer sa foi et son judaïsme.
Il a accepté et au bout de plusieurs mois, il avait beaucoup progressé dans sa pratique des mitsvot et était devenu un véritable ba’al techouva.
Quelques mois plus tard, il a contacté le Rav Zaïd pour lui demander un service précis : « On m’a proposé une jeune fille en chidoukh. Pourriez-vous vérifier pour moi certains détails à son sujet ? » Entre-temps, il s’est avéré qu’il s’agissait de la jeune fille qui avait longuement prié à l’aéroport…
Quelques jours plus tard, cette rencontre s’est concrétisée…
Ceux qui ont suivi ce chidoukh ont raconté que la jeune fille avait eu du mal à trouver la personne qui lui convenait et avait donc pris l’habitude de prier longuement devant D. et de Le supplier de l’aider à trouver son conjoint.
Son investissement dans la prière était si grand que même le fait de manquer l’avion ne l’inquiétait nullement. Elle n’a même pas cherché à peser le pour et le contre et a continué à prier avec ferveur, suite à quoi elle a trouvé son conjoint.