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paracha de la semaine

VAET’HANAN

13 AOUT 2011

13 AV 5771

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

20:54

22:05

Lyon

20:36

21:44

Marseille

20:28

21:33

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

La grandeur de la prière en terre d’Israël

Rabbi David Hanania Pinto Chlita

« J’implorai Hachem à cette époque, en disant […] Ah ! Laisse-moi traverser, que je voie cet heureux pays qui est au delà du Jourdain, cette belle montagne, et le Liban ! » (Devarim 3, 23-25)

Les paroles de nos Sages sont bien connues à ce sujet : le terme « j’implorai (vaet’hanan) » a la valeur numérique de cinq cent quinze, allusion aux cinq cent quinze supplications que Moché a adressées à D. afin qu’Il lui permette d’entrer en terre d’Israël. Mais D. lui a répondu : « Assez ! Ne Me parle pas davantage à ce sujet. »

Ce si grand nombre de prières laisse mesurer à quel point il tenait à cœur à Moché que D. pardonne sa faute et l’autorise à entrer en Terre Sainte. Pourquoi y tenait-il tant ? En réalité Moché, berger fidèle, désirait ardemment accomplir les mitsvot liées à la terre d’Israël : jachère, prélèvements et dîmes, intronisation d’un roi sur Israël etc. C’est parce que ces mitsvot n’étaient réalisables qu’en Israël que Moché a tant insisté auprès de D. et L’a supplié de satisfaire sa requête. La volonté de Moché était en fait d’accéder à la perfection, et ceci passait par l’accomplissement des commandements ordonnés par D. Quiconque ne pratique pas toutes les mitsvot de la Torah ne peut pas atteindre cet état idéal. Ainsi, chacun de nous doit constamment se donner les moyens d’atteindre ce niveau, en réalisant toujours plus de mitsvot. Nous comprenons donc mieux pourquoi Moché a tant imploré D. de le laisser entrer en terre d’Israël.

C’est la raison pour laquelle les juifs habitant ailleurs se tournent dans cette direction pour prier, afin de créer un lien avec la terre choisie par D. La prière se dirige vers Eretz Israël, atteint le Mur occidental et monte directement vers D., comme l’a dit notre père Ya’acov : « Ceci n’est autre que la maison de D. et c’est la porte du ciel. » Mais Moché ne voulait pas parvenir à la perfection par un intermédiaire : il désirait établir un lien direct avec D. et souhaitait voir sa prière monter aux Cieux à partir d’Eretz Israël, sans devoir emprunter des chemins détournés.

De nos jours, pour notre grand malheur, le peuple juif est exilé et doit s’attacher à D. à travers les mitsvot qui lui restent. Evidemment, il incombe à chacun de nous de demander que la paix règne sur notre terre et de prier abondamment pour que Hachem envoie la bénédiction et la sérénité dans le royaume de la maison de David et nous reconstruise le Temple. Prendre le deuil pour notre Beit Hamikdach est un moyen d’exprimer à Hachem que sa perte nous est douloureuse, et cela peut agir auprès de Lui et hâter la délivrance, bientôt et de nos jours.

Par grand amour pour Ses enfants

A l’époque du Temple, les prières du peuple d’Israël montaient directement aux cieux et produisaient leur effet, sans obstacles ni accusateurs. Mais de nos jours, depuis sa destruction, nous devons demander avec insistance que nos prières soient agréées. Un fils qui demande une faveur à son père naturel n’est pas comparable à celui qui adresse une requête à son beau-père. Le premier verra sa demande satisfaite avec facilité et bienveillance, tandis que la supplique du second ne sera pas forcément acceptée. Même si c’est le cas, ce ne sera qu’après beaucoup d’insistance, puisque le beau-père ne ressent aucune obligation envers ce garçon qui n’est pas son enfant. Il a simplement un devoir envers la femme qu’il a épousée. Il en est de même pour le peuple d’Israël : tant que le Beit Hamikdach était solidement établi, les bnei Israël méritaient de voir leurs prières exaucées avec facilité et d’une manière naturelle. Mais depuis sa destruction, nous devons prier abondamment avant d’être entendus, car l’attribut divin de rigueur est plus actif et les accusateurs sont à l’œuvre.

Moché a tant insisté parce qu’il voulait adresser au moins une prière à partir de la Terre Sainte. Mais D. a refusé car Il savait que si Moché entrait en Israël et demandait à ce que le Temple ne soit pas détruit, cela aurait suffi pour qu’il en soit ainsi. En réalité, Hachem savait que les bnei Israël allaient plus tard éveiller Sa colère, et Il ne voulait pas devoir S’en prendre à leurs personnes et les exterminer. Il préférait pouvoir la déverser sur le bois et les pierres. Puisque la prière de Moché en Terre Sainte ne pouvait qu’être agréée, D. n’aurait pas pu détruire le Temple et aurait été contraint de s’en prendre au peuple juif. Or Il aime Son peuple ! C’est pourquoi Il a fait en sorte que Moché n’entre pas en Israël. De même, Il ne voulait pas que le maintien du Beit Hamikdach dépende uniquement de la prière de Moché, car dans ce cas, tous les membres du peuple se seraient déchargés de cette responsabilité, ne se seraient pas sentis impliqués et auraient pensé que seule la prière de Moché en terre d’Israël avait le pouvoir de faire subsister le Temple. Mais puisque Hachem aspire à ce que chaque juif se sente personnellement responsable du maintien du Temple et agisse en conséquence, Il a empêché Moché d’entrer en Israël.

Quiconque médite ces paroles y verra un principe fondamental qui met l’accent sur la grande importance de la prière en terre d’Israël. En effet, Moché a adressé cinq cent quinze supplications afin d’y entrer, et malgré tout il n’a pas été exaucé. En revanche, une seule prière faite en terre d’Israël (pour que le Temple ne soit pas détruit), aurait été immédiatement entendue. C’est pourquoi D. a refusé de le laisser pénétrer dans ce pays. Tout ceci nous enseigne la force d’une prière en terre d’Israël : nous avons par conséquent l’obligation et le mérite d’en profiter et de prier convenablement pour la délivrance finale.

HISTOIRE VECUE

D. ne saurait-Il pas te procurer la chose la plus simple ?

 « Garde-toi d’oublier Hachem, qui t’a tiré du pays d’Egypte » (Devarim 6, 12)

Le Maguid Rabbi Reouven Karlenstein raconte l’histoire suivante, qui s’est déroulée il y a quelques générations. Tous les mois, les ‘hassidim d’un certain village se rendaient chez leur Rabbi dans la grande ville voisine. Un cocher juif les y conduisait mais ne rentrait jamais avec eux auprès du Rabbi. Il séjournait dans une petite auberge et priait dans la synagogue des « hommes simples ». Une veille de Chabbat, à leur arrivée dans la ville, les ‘hassidim lui ont fait remarquer: « Nous laissons notre famille et nous entreprenons un si long voyage dans le seul but de passer un Chabbat à l’ombre du Admour et de profiter de sa proximité. Rentrez donc vous aussi avec nous, au moins une fois l’an. Cela vaut la peine. Puisque vous vous trouvez déjà là, il serait dommage de ne pas saisir cette chance. » Mais le cocher a rejeté la proposition : « Que peut faire le Rabbi pour ma misérable vie, pour ma femme malade ou pour mes enfants qui ont faim ? Il va poser la main sur ma tête ! Est-ce cela qui va me sortir de ma vie d’épreuves ? » Il n’est donc pas entré.

Une fois cependant, après beaucoup d’insistance, il a accepté d’être reçu par le Rabbi. Il s’est attardé auprès de lui un long moment, mais à sa sortie personne ne lui a rien demandé.

De retour dans la voiture, les ‘hassidim ont discuté entre eux : l’un disait avoir vraiment profité à Seouda Chelichit, l’autre confiait que les paroles de Torah du vendredi soir l’avaient fortement marqué… Le cocher est alors intervenu : « C’est moi qui tiré le plus d’avantage de cette visite. Ecoutez…

Lorsque je me suis trouvé avec le Rabbi, il m’a demandé de lui décrire mon programme quotidien. Je lui ai répondu que cela dépendait du travail qui se présentait à moi chaque jour : ‘Un jour sans travail je me lève le matin, je vais prier avec le minyan puis je participe à un cours de Michna, après quoi je reste à la maison d’étude pour lire des Psaumes. Ensuite je rentre à la maison, je prends un petit-déjeuner et je me repose un peu. L’après-midi je vais écouter un cours sur « Ein Yaacov » avant de faire min’ha puis arvit… et la journée passe ainsi.

Le jour où il y a du travail ? Je me lève tôt le matin, je graisse les roues de ma charrette pour prévenir, à D. ne plaise, tout accident sur le chemin, et à six heures trente précises j’attends le client devant son domicile. En chemin, s’il est possible de s’arrêter sur le côté de la route, je mets les tefilin pour lire le Chema puis je les range… et sinon, je fais ma prière à notre lieu de destination.’

Le Rav m’a alors demandé : ‘Pourquoi n’iriez-vous pas prier avec un minyan avant de chercher vos clients… vers sept heures trente par exemple, après l’office ? Et si malgré tout, un client vous appelait la veille, vous lui préciseriez vouloir prier à la synagogue avant de prendre la route.’

‘Mais j’aurais moins de clients’ lui ai-je répondu en soupirant.

Le Rabbi a levé les yeux au ciel et m’a dit : ‘Je vais vous raconter une petite histoire :

Un certain cocher qui travaillait dur pour gagner sa vie et se trouvait constamment sur les routes gardait dans sa poche quelques dizaines de roubles. Il transportait sur lui une bourse de pièces d’or, un porte-monnaie de pièces d’argent et un autre contenant de nombreuses petites pièces de cuivre. Un jour, alors qu’il était en déplacement, le Chabbat approchait et le cocher a réalisé qu’il n’arriverait pas chez lui à temps. Il s’est arrêté en chemin dans un petit bourg juif et a demandé l’hospitalité au Rav de ce village. Celui-ci l’a accueilli avec joie alors que les derniers préparatifs du Chabbat se poursuivaient. Soudain, le cocher s’est souvenu qu’il avait de l’argent dans les poches et a couru derrière le Rav qui se dirigeait déjà vers la synagogue afin de lui demander où il pourrait cacher son bien. Le Rav a rebroussé chemin, a pris les pièces, les a comptées et les a cachées quelque part. Puis ils se sont rendus ensemble à la synagogue.

Durant Kabbalat Chabbat, des craintes ont commencé à poindre dans le cœur du voiturier : ‘Qu’ai-je fait de confier mon argent à un inconnu ? Il s’agit de tout mon salaire… qui sait ?’ ‘L’argent ! L’argent !’ lui criait son cœur, mais il ne pouvait rien faire à présent. Durant tout l’office d’arvit il était très tourmenté. Il s’est assis au repas du Chabbat l’air maussade et sans appétit. On a servi du poisson qu’il a refusé de manger, en prétextant : ‘Je n’y ai pas droit.’ On lui a alors proposé : ‘Peut-être préférez-vous un plat lacté ?’, mais il a déclaré : ‘Non merci, je ne me sens pas bien. Je n’ai pas faim.’ Ainsi s’est passée la journée du Chabbat, dans la crainte et l’inquiétude.

Dès la sortie du Chabbat, il a accouru chez son hôte en demandant : ‘Mon argent, s’il vous plaît !’

‘Une minute ! Nous parlerons de l’argent après l’office d’arvit.’

Après arvit, il a demandé avec fébrilité mais encore délicatement : ‘Mon argent, s’il vous plaît.’

‘Patience, faisons d’abord havdala’ lui a répondu le Rav.

Il était près de perdre l’âme. Après la havdala, le Rav a sorti la bourse de pièces d’or et les a comptées sur la table : ‘Voici la somme que vous m’avez confiée.’

Puis il a apporté le porte-monnaie de pièces d’argent et le lui a remis. Le cocher en a versé le contenu sur la table (afin de vérifier que le Rav n’avait rien pris). Après avoir fini de compter, il était rempli de joie : là non plus, il ne manquait rien.

Le Rav a enfin sorti le sac de pièces de cuivre. Le cocher l’a renversé lui aussi pour en compter le contenu mais le Rav s’est alors exclamé :

‘Cela suffit, c’en est assez ! N’avez-vous rien dans le crâne ? J’aurais eu la possibilité de voler des pièces d’or et d’argent et je ne l’ai pas fait, pensez-vous que je risque de vous dérober de simples pièces de cuivre… ?’’

S’adressant à moi, l’Admour a conclu : ‘Cher cocher ! Vous êtes un homme juif, D. prend votre âme pour la nuit et vous rend intégralement le gage au matin. Vos yeux s’ouvrent, vos jambes peuvent se mouvoir, vos mains bougent et vous pensez que la chose la plus facile (la subsistance), D. ne saurait vous la procurer ?’ »

GARDE TA LANGUE

Ce n’est pas moi

Imaginons qu’une chose incorrecte ait été faite et que Reouven vienne questionner Chimon en disant : « Qui a agi ainsi ? » Même si Chimon comprend que Reouven le soupçonne de cet acte, il ne doit pas en dévoiler l’auteur, même s’il en a été lui-même le témoin. Il répondra simplement : « Ce n’est pas moi qui ai fait cela. »

(‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Voici comment l’homme peut être délivré des ruses du mauvais penchant

« Vous les attacherez en signe à votre bras et ils seront des totafot entre vos yeux. »

Le Tour écrit sur la pose des tefilin (Ora’h ‘Haïm 25) : « On aura l’intention en les mettant que le Créateur nous a ordonné de mettre ces quatre parachiot, qui contiennent l’unicité de Son Nom et la sortie d’Egypte, sur le bras, et sur la tête en face du cerveau, pour que nous nous rappelions la sortie d’Egypte avec les miracles et les merveilles qu’Il a faits pour nous, et qui montrent Son unicité, le fait qu’Il est unique dans Son univers, et qu’Il a la puissance et le pouvoir, parmi les êtres supérieurs et les êtres inférieurs, de faire d’eux ce qu’il Lui plaît. »

Nos Sages disent également dans la Guemara (Berakhot 61a) que le mauvais penchant ressemble à une mouche installée entre les deux entrées du cœur. Ils ont encore dit (Souka 52a) : « J’écarterai de vous celui qui vient du nord (tsafon) » (Yoël 2, 20) – c’est le mauvais penchant qui est caché (tsafoun) et se tient dans le cœur de tout homme. » Pour quelle raison le mauvais penchant est-il appelé « tsafoun » ? Parce qu’il rentre dans le cœur de l’homme petit à petit, puisqu’il ne peut pas s’adresser à lui directement en lui disant : « Voici où est le service de D., mais toi, va servir une idole », car de cette façon, l’homme ne l’écouterait pas. De même, il ne peut pas venir vers l’homme pour le pousser à commettre des fautes graves, car il ne l’écouterait certainement pas, mais il commence par de toutes petites choses, jusqu’à lui dire en fin de compte : « Va servir une idole. » Les Sages ont dit (Chabbat 105b) : « Celui qui déchire ses vêtements dans sa colère, celui qui brise des objets dans sa colère et celui qui gaspille son argent dans sa colère, qu’ils soient à tes yeux comme des idolâtres. En effet c’est l’art du yetser hara, qui aujourd’hui te dit ‘fais ceci’, et demain ‘fais cela’, jusqu’à ce qu’il te dise : ‘va servir une idole’, et alors on lui obéit. »

Pour que l’homme puisse être sauvé des ruses du mauvais penchant, le Saint, béni soit-Il a dit aux bnei Israël : Je vous ordonne d’accomplir une mitsva facile, grâce à laquelle vous serez sauvés du mauvais penchant, qui se trouve dans le cœur. De quelle mitsva s’agit-il ? C’est la mitsva de tefilin, dont on met l’un sur le bras en face du cœur, pour soumettre le mauvais penchant qui s’y trouve, et l’autre sur la tête pour qu’il ne rentre pas par le cœur pour monter ensuite dans la tête, car le yetser hara ne peut pas commencer à rentrer par la tête pour pousser l’homme à commettre des fautes graves, mais il rentre d’abord dans le cœur pour le pousser à des choses qui lui paraissent sans grande importance, en cachant à l’homme sa véritable intention. Il lui dit qu’il néglige seulement des mitsvot, aujourd’hui il lui dit : « néglige cette mitsva-ci », demain il lui dit : « néglige cette mitsva-là », jusqu’à finir par lui dire : « va commettre toutes les fautes que la Torah interdit. »

Je dis que c’est la raison pour laquelle la première paracha du Chema est écrite dans VaEt’hanan, car le mot « VaEt’hanan » a la même valeur numérique que « Roch yad » (tête, bras), pour nous enseigner que l’homme n’est délivré du mauvais penchant que du fait qu’il prie Hachem de l’en délivrer, comme l’ont dit les Sages (Berakhot 32b) : « La prière est plus efficace que les bonnes actions. En effet, personne n’a été plus grand que Moché dans les bonnes actions, et pourtant il n’a été entendu que grâce à la prière. » Ils ont également dit (Nida 70b) que les habitants d’Alexandrie ont demandé à Rabbi Yéhochoua ben ‘Hanania ce que peut faire l’homme pour devenir sage. Il leur a répondu : « Qu’il étudie beaucoup et fasse peu de commerce. » Ils ont dit : « Beaucoup se sont comportés ainsi, et cela ne leur a servi à rien ! Mais on doit implorer la miséricorde de Celui à qui elle appartient. »

A LA SOURCE

Ne la laisse pas passer

« Observer les mitsvot de Hachem votre D. » (4, 2)

Le mot « mitsvot » est toujours écrit dans la Torah avec un seul « vav ». Pourquoi ?

De même qu’il est interdit de laisser reposer la pâte de la matsa de crainte qu’elle fermente, il est interdit de tarder à accomplir une mitsva qui se présente [c’est pourquoi on écrit mitsvot avec un seul vav, comme matsot].

(Midrach ‘Hasserot VéYétérot)

Le droit à la vie

« Et vous qui êtes attachés à Hachem votre D. êtes vivants » (4, 4)

Est-il donc possible de s’attacher à la Chekhina, alors qu’il est écrit : « Car Hachem ton D. est un feu dévorant » ?

Mais quiconque marie sa fille à un talmid ‘hakham et fait du commerce avec des talmidei ‘hakhamim, les aidant ainsi à gagner de l’argent, pour que cela leur donne du temps libre pour étudier la Torah, il est dit d’eux : « Vous êtes tous vivants aujourd’hui », par votre attachement aux talmidei ‘hakhamim vous mériterez de vivre.

Quant à celui qui fait profiter des talmidei ‘hakhamim de ses biens, l’Ecriture le lui compte comme s’il s’était attaché à la Chekhina.

(Ketoubot 111)

Avec une physionomie avenante

« Comme me l’a ordonné Hachem ton D. » (4, 5)

Que signifie « comme me l’a ordonné » ?

Rabbi Yitz’hak a dit : Si quelqu’un connaît les paroles de la Torah, qu’il n’en prive pas les autres juifs, mais les enseigne avec une physionomie avenante. En effet, Moché dit : « Vois, je vous ai enseigné des lois et des statuts comme me l’a ordonné Hachem mon D. » Que signifie « comme me l’a ordonné Hachem ? » De même que Lui m’a enseigné, moi aussi je vous enseigne. Ainsi, vous aussi vous enseignerez.

(Midrach ‘Hadach)

Ils sont proches et ils fixent

« Car qui est un grand peuple qui a un D. proche de lui » (4, 7)

Pourquoi est-il dit : « proche » (krovim) sous une forme plurielle ? Rabbi Yo’hanan a dit : Quand les anges du service se rassemblent devant le Saint, béni soit-Il pour dire : quand est Roch Hachana ? Et quand est Yom Kippour ? Il leur répond : « C’est à Moi que vous le demandez ? Moi et vous, allons au Tribunal terrestre ! » D’où le savons-nous ? Du fait qu’il est écrit : « qui a un D. proche de lui ». Il n’est pas écrit « qui a une nation proche » mais « qui a un D. proche », Lui et toute Sa suite (d’où le pluriel) se rapprochent d’Israël.

Rabbi Yo’hanan a enseigné : « Le Saint, béni soit-Il a dit : avant que ce peuple devienne le Mien, c’étaient « les fêtes de Hachem », désormais ce sont les fêtes « que vous proclamerez ». Il ne faut pas lire « otam » (elles, les fêtes) mais « atem » (vous), les fêtes sont données entre les mains des bnei Israël pour qu’ils les fixent. »

(Devarim Rabba)

Réouven en premier

« C’étaient Betser dans le désert, dans le plat pays appartenant à la tribu de Réouven » (4, 43)

Pourquoi a-t-il mis de côté les villes de refuge d’abord dans le domaine de Réouven ?

Le verset dit : « L’homme doit à l’usage de la parole le bien dont il jouit (Michlei 12, 14). Rabbi Samlaï enseigne : « C’est Réouven le premier qui a entrepris de sauver une vie, ainsi qu’il est écrit : « Réouven leur dit : ne versez pas le sang. » C’est pourquoi on a mis de côté des villes de refuge en premier dans le territoire de Réouven, ainsi qu’il est dit : « Betser dans le désert, dans le plat pays appartenant à la tribu de Réouven ».

(Devarim Rabba)

LA PRIERE

Cette histoire extraordinaire a été racontée par un homme pieux qui a certainement eu une petite part dans son dénouement. Cet homme a appris qu’on avait diagnostiqué une maladie grave chez le fils d’un de ses collègues du Collel. Il raconte : « J’ai été très affecté par la nouvelle, car l’enfant malade n’avait même pas encore dix ans et que son père, qui étudiait de façon si assidue jusqu’à l’arrivée de cette terrible annonce, ne parvenait plus à le faire tant il était pris par sa douleur. Je me suis alors assis quelques instants pour réfléchir : Comment puis-je venir en aide à cette famille touchée par le malheur ? Suis-je médecin ? Non ! Ai-je les moyens de financer pour eux les grandes dépenses induites par les soins ? Non plus ! Ai-je alors le droit de croiser les bras et de ne rien faire ? Non, cela non plus n’est pas possible !

Alors, que suis-je en mesure de faire ? Prier pour eux du fond du cœur, cela j’y suis certainement apte, et c’est même une mitsva. Avant d’entamer le long chemin de prière en faveur de la guérison de l’enfant, j’ai essayé de me renforcer sur le sujet de la prière en général, je me suis bien répété que, comme tout le monde le sait, une prière n’est jamais vaine, qu’elle produit toujours un effet et qu’il n’est évidemment pas permis de baisser les bras et de désespérer.

Après cela, et durant plusieurs mois, j’ai continué à prier avec une intense ferveur. J’ai pleuré et supplié D. d’avoir pitié de mon ami, ce grand érudit, et d’envoyer la guérison à son fils.

Jour après jour j’ai prié ainsi. Pendant les vacances je suis allé sur les tombes des tsaddikim dans le nord du pays pour épancher mon cœur devant le Saint béni Soit-Il.

Enfin, que dire ? Un jour, mon ami a accroché une carte sur le tableau des annonces du Collel. Il nous invitait tous à un repas qu’il organisait pour exprimer sa reconnaissance à D. qui avait envoyé la guérison à son fils. Dans le texte de l’annonce, il louait et célébrait Hachem pour l’avoir aidé à sortir de ce terrible malheur qui avait touché sa famille.

J’ai aussi participé à cette réception et j’ai entendu ce que notre hôte a dit et répété avec insistance, à savoir que les premiers diagnostics ne laissaient augurer aucune chance de rémission, et certainement pas une guérison aussi rapide. Cette amélioration était un vrai miracle envoyé par le Ciel. J’ai alors pensé : ‘Qui sait ? Qui sait ? Il est vrai que d’un côté, on ne doit jamais attribuer une délivrance à sa propre prière, mais d’un autre côté, je sais de manière claire avoir prié pour l’enfant avec un cœur pur et une intention authentique. Et alors… peut-être ai-je aussi une part dans ce rétablissement.

Si toute prière produit un effet, j’ai certainement aussi une part dans la délivrance de cet ami et de sa famille ! Et cette part, c’est ma prière quotidienne pour l’enfant, au cours de laquelle j’ai supplié D. de bien vouloir lui faire recouvrer la santé.’ »

« Nous sommes tenus de croire que la prière a la force de nous sauver des malheurs et des détresses. Si notre foi est sincère, nous sommes assurés d’être délivrés rapidement » (Barekhi Nafchi).

Rabbi Ye’hezkel Lewinstein, de mémoire bénie, machguia’h de la yéchiva de Poniewitz, traitait souvent dans ses interventions de l’importance et de la valeur d’une prière faite avec concentration. Il expliquait qu’une bonne prière exige qu’on adopte une attitude de soumission, mais aussi qu’elle est indissociable de la conviction que tout provient de D. et dépend de Lui. Il abondait en références de nos Sages et de livres saints à ce sujet.

Il apportait toujours de nouvelles notions pour améliorer la compréhension et l’approfondissement de la prière ainsi que des paroles d’éveil… Lorsque lui-même priait, son visage exprimait la crainte et le saint respect de celui qui se tient devant Le Roi. Aussi, secrètement, il pleurait pendant sa prière.

Avant la prière, Rabbi Ye’hezkel se préparait en renforçant sa foi et en méditant des paroles de moussar. On raconte qu’il arrivait toujours à la synagogue avant l’heure, afin de pouvoir se préparer convenablement et avec concentration.

Les vingt minutes consacrées à la yéchiva à la lecture des Pessoukei Dezimra ne lui suffisaient pas. Il avait l’habitude de dire que méditer les mots de la prière permettait de percevoir la providence divine dans le monde. Quiconque l’entendait prier pouvait ressentir combien les versets de la prière « vivaient » dans sa bouche. Dans le recueil de ses cours (Or Ye’hezkel, lettre 142), il insiste auprès de ses élèves : « Combien ce moment est propice pour que chacun encourage son prochain. La situation du monde et l’heure incitent l’homme à dire ‘Dormeurs, réveillez-vous de votre torpeur !’ » Les jugements de D. sont redoutables, et qui sait ce que chaque jour peut nous réserver. L’essentiel est de renforcer la foi et la vigilance en participant aux trois prières quotidiennes avec sincérité et concentration, puisque la prière doit justement nous permettre d’accéder à la foi et à la vigilance. »

Les actes du Rav étaient bien sûr en harmonie avec ses paroles : il s’attachait à prier, au minimum en comprenant, en écoutant et en prononçant chaque mot un à un distinctement. On trouve parfois des personnes qui prient longtemps et qui, en apparence, se balancent avec ferveur, se concentrent avec effort mais dont, en réalité, les pensées s’égarent dans toutes les directions.

Il évoquait aussi les paroles du Kouzari (3, 5) : « L’homme pieux ne récite pas la prière d’une manière mécanique et routinière comme un étourneau, mais chaque mot traduit une pensée et est prononcé avec attention. L’heure de la prière devient le cœur et la pulpe de sa journée tandis que les autres moments sont comme les étapes qui l’y acheminent. Il aspire à s’en rapprocher parce qu’il ressemble alors aux êtres spirituels, et s’éloigne des bêtes. Les trois moments de la prière sont la pulpe de sa journée et de sa nuit. »

Il exigeait de ses disciples une préparation particulière à la prière. Un jour, alors que ceux-ci revenaient des funérailles d’un homme important et étaient las de leur longue marche, il leur a fait servir une collation avant de les laisser entamer la prière : il n’est pas bon de prier en état de fatigue !

Hommes de foi

Histoires des justes de la famille Pinto

Comme une colombe qui roucoule

Rabbi ‘Haïm Pinto était, comme nous le savons, l’élève du gaon Rabbi Ya’acov Bibas, dont il a hérité la fonction d’enseignant et de Rav après le décès de ce dernier. On raconte, à ce sujet, que Rabbi ‘Haïm a une fois ressenti une entrave importante dans son service divin.

Du fait qu’il était homme à se concentrer très intensément, il percevait le moindre élément autour de lui qui manquait de sainteté et cela perturbait sa concentration dans l’étude.

Il a fait part de ce souci à Rabbi Yéhouda Rosso, qui l’a immédiatement emmené sur le tombeau de son maître, le tsaddik Rabbi Ya’acov Bibas. Dès leur arrivée près du tombeau, une sorte de colombe blanche est sortie de la tombe et a disparu. Rabbi Yéhouda a alors expliqué le phénomène à Rabbi ‘Haïm :

« Apparemment, un dibbouk et un esprit d’impureté faisaient obstacle à ta concentration dans le service divin. Ce dibbouk, qui est « créé » par les explications de Torah que tu as produites par toi-même, cherchait à affaiblir ta force dans la Torah. A présent, le mérite de ton maître t’a soutenu et ce dibbouk t’a quitté à travers cette tombe, sous l’aspect d’une colombe blanche afin que tu ne sois pas effrayé. »

Pourquoi la colombe était-elle précisément blanche ?

« Je ne le sais pas », nous a répondu Rabbi David ‘Hanania Pinto. « Je pourrais peut-être dire ce que j’ai entendu de la bouche du tsaddik Rabbi Meir Pinto quelques semaines avant son décès : d’une part, l’assemblée d’Israël est comparée à une colombe, et d’autre part, la couleur blanche symbolise la sainteté. Lorsque l’assemblée d’Israël se lie à D., elle est comparable à une colombe qui roucoule. Peut-être alors que lorsqu’un homme est victime d’un dibbouk, la colombe roucoule, et lorsque celui-ci le quitte, elle devient blanche. Dans le cas contraire, l’assemblée d’Israël reste toujours dans la peine.

 

 
Table de matière
 

 

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