EKEV 20 AOUT 2011 20 AV 5771 |
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La grandeur de la modestie
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« En récompense de votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir, Hachem votre D. sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu’Il a juré à vos pères. » (Devarim 7, 12)
Les maîtres du moussar expliquent que l’expression « véhaya ékev » ( « ékev » veut dire talon) signifie que l’homme doit se rabaisser et devenir humble devant Hachem et devant la Torah. Par ce biais, la Torah pourra résider en lui, et le Nom de Hachem S’associera au sien, comme il est dit : « La Torah ne se maintient que chez celui qui se rabaisse pour elle. » Cette qualité d’effacement et de modestie est celle du Saint Béni Soit-il, car le fait même qu’Il soit patient et ne se hâte de châtier les fauteurs montre à toutes les créatures combien Il est modeste. C’est à ce propos qu’il est écrit : « Tu suivras Ses voies », que nos Sages expliquent comme une injonction à l’homme de s’attacher aux qualités de Hachem, en adéquation avec le principe : « De même Que Hachem est..., tu devras l’être toi aussi. » Donc comme Hachem est modeste, il nous incombe d’acquérir cette extraordinaire qualité et de nous attacher à elle.
Louer Son Nom
Le Midrach cite un épisode connu au sujet du roi Chelomo, qui souhaitait faire entrer l’arche sainte par les portes du Temple. A cause d’une erreur de calcul, les portes étaient trop étroites et l’arche n’a pas pu passer. Devant cette difficulté, il a immédiatement lu le verset : « Élevez, ô portes, vos frontons pour qu’Il entre, le Roi de gloire », mais malgré cette lecture, les portes sont restées immobiles. Non seulement elles ont refusé de s’ouvrir, mais elles ont voulu l’écraser, croyant qu’il parlait de lui même quand il citait le verset : « Que vienne le Roi de gloire ! » Ce n’est qu’après avoir lu la fin du verset : « Qui est ce Roi de gloire ? C’est Hachem... », que les portes ont cessé de le menacer.
Mais même une fois leur colère apaisée, car elles avaient compris qui était ce Roi, elles ont encore refusé de s’ouvrir, jusqu’au moment où le roi Chelomo a cité le verset suivant : « Souviens toi des bienfaits de David Mon serviteur. » Alors, les portes se sont ouvertes toutes grandes, et l’arche sainte a pu passer et rejoindre sa place au Beit Hamikdach. Le roi Chelomo a mérité que les portes s’ouvrent devant lui en évoquant son père David, parce que cela représentait un abaissement devant lui. C’est ce qui a prouvé aux portes que sa pensée, lorsqu’il parlait du « Roi de gloire », était sincèrement orientée vers Hachem dans le but de Lui adresser des louanges (car s’il avait été orgueilleux, il ne se serait pas effacé devant son père David).
A la lumière de ce qui vient d’être dit, on peut comprendre pourquoi le roi Chelomo, qui était l’homme le plus intelligent, n’a pas fabriqué les portes en tenant compte du fait qu’il fallait faire entrer l’arche sainte dans le Saint des Saints, plutôt que d’avoir recours au miracle de voir s’agrandir l’entrée du Temple !
Il faut expliquer qu’en fait, cette attitude a été provoquée par la providence divine. Hachem a voulu qu’il confectionne une entrée trop petite pour qu’il en vienne à cette négociation, afin d’être amené à parler de son père David. Ce dialogue entre le roi et les portes nous apprend une leçon de morale, à savoir combien il est important pour l’homme de s’attacher à la modestie et à l’humilité. Si le Roi Chelomo, le plus intelligent de tous les hommes, s’est abaissé en évoquant son père, à plus forte raison nous, qui sommes petits, devons-nous adopter ce comportement.
J’ai pensé poser une autre question sur ce Midrach. Pourquoi le roi Chelomo a-t-il choisi de ne mentionner devant les portes que les bienfaits de son père David, ce qui a manifestement provoqué leur ouverture ? L’explication en est que durant toute son existence, le roi David s’est constamment dévoué à autrui, en aidant les bnei Israël en toutes circonstances et à tout moment. Nos Sages disent que les mains de David étaient toujours pleines de sang, car pendant toute sa vie il a statué sur le sang (de nidda) des femmes afin de pouvoir les déclarer pures pour leur mari. De même, il se faisait un profond souci sur la situation matérielle du peuple d’Israël. Lorsqu’il constatait que les bnei Israël étaient en difficulté matérielle, il leur apprenait à s’aider mutuellement.
Nous déduisons de là qu’il se distinguait par cette qualité de bonté, grâce à la grande modestie qui l’animait, car il se sentait investi d’une mission en tant que dirigeant du peuple d’Israël, celle de se soucier de tous ses besoins, sans se sentir supérieur aux autres par sa fonction privilégiée.
Les bienfaits de David
Nos Sages nous ont enseigné : « Le monde tient sur trois choses : la Torah, le service de D. et la bienfaisance. » Cela signifie que la base et le fondement du monde dépendent de la Torah, du service des sacrifices (remplacés aujourd’hui par la prière) et de la bienfaisance. Selon cet adage, on comprend plus aisément pourquoi les portes n’ont accepté de s’ouvrir que lorsqu’elles ont entendu parler de David, car le roi Chelomo a construit le Temple, où il y avait la Torah puisque l’arche sainte contenait un Séfer Torah et les morceaux des Tables de la loi brisées, c’était aussi le lieu du service des sacrifices, il ne manquait donc plus que le troisième pilier, qui est celui de la bonté.
Le roi Chelomo, dans sa grande modestie, a compris son erreur et n’a pas hésité à la reconnaître en public, c’est pourquoi il a évoqué le troisième pilier, qui est celui de la bonté représenté par le roi David. Lorsque les portes ont constaté que le roi avait reconnu son erreur et parlé de son père David qui symbolise le pilier de la bonté, elles se sont tout de suite ouvertes largement. Le Temple repose donc, en fin de compte, sur les trois piliers qui constituent la base du monde.
LES PAROLES DES SAGES
Un grand principe dans le service de Hachem
« Ton cœur s’enorgueillira et tu oublieras Hachem ton D. Qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage » (Devarim 8, 14)
La réprimande sur l’humilité, écrit Rabbi Moché de Coucy, auteur du Smag, j’en parle en public dans des cours de moussar, mais je n’avais pas eu l’intention de la compter comme une interdiction faisant partie des 613 mitsvot. Le Rambam ne l’évoque pas non plus dans son compte des interdictions. Et quand je suis arrivé là dans mon livre « Séfer Ha mitsvot », j’ai vu qu’on m’appelait en rêve en me disant : Tu as oublié l’essentiel : « Prends garde à ne pas oublier Hachem ton D. ! »
Le lendemain, à mon réveil, j’y ai réfléchi, et je me suis aperçu que c’est un grand principe de la crainte de D. Je l’ai donc rédigé ainsi, avec l’aide de Celui qui donne la sagesse aux sages, dans la rubrique des interdictions : « Prends garde à ne pas oublier Hachem ton D. » – c’est une mise en garde aux bnei Israël contre le fait de s’enorgueillir, lorsque le Saint, béni soit-Il leur envoie un bienfait, en se disant qu’ils ont gagné tout cela par leur travail, sans en être reconnaissants à Hachem à cause de leur orgueil. Ensuite, j’ai consulté le traité Sota (5) et j’ai trouvé que c’est une Guemara explicite : « D’où avons-nous une mise en garde aux orgueilleux ? Rabbi Na’hman bar Yitz’hak dit : « Et tu oublieras Hachem ton D. » Partout où on trouve les expressions « pen » (de peur que) ou « al » (ne … pas), il s’agit d’une interdiction de la Torah » (Smag, Lavin, 64). Le Smag ajoute dans son introduction : « Hachem Elokim sait que je ne mens pas en ce qui concerne les visions, Hachem sait que je ne les ai évoquées dans ce livre que pour que les bnei Israël se renforcent dans la Torah et le moussar. »
Le ‘Hida parle dans « Chem HaGuedolim » d’un homme grand en sagesse et en crainte du Ciel, qui avait reçu la tradition d’un grand Rav, lequel l’avait reçue des anciens, selon laquelle dans la génération de Rabbi Yossef Caro vivaient trois rabbanim dignes de rédiger un ouvrage comme le « Beit Yossef », qui aurait rassemblé tous les dinim en donnant leurs sources jusqu’à la décision halakhique, et qui sont : Rabbi Yossef Taïtchek, Rabbi Yossef Bar Lev et Rabbi Yossef Caro.
Du Ciel, on décida que ce serait Rabbi Yossef Caro qui le rédigerait, parce qu’il dépassait les autres par son humilité exceptionnelle, et parce qu’il se dégageait de ses ouvrages l’habitude de ne pas dire de mal de ceux qui arrivaient à des décisions halakhiques différentes des siennes, et le fait que son enseignement était celui d’un homme pieux et généreux.
On raconte le même genre de choses sur le saint Ora’h ‘Haïm, Rabbeinou ‘Haïm ben Attar, que son mérite nous protège, qui s’abaissait en se considérant comme de la poussière. Dans l’introduction à son livre « ‘Hefets Hachem », il écrit : « Nul ne sait mieux que moi aujourd’hui combien je comprends peu de choses ; je suis un petit moustique dans la sagesse de la Torah… je suis comme un récipient dans lequel une pièce qui tinte fait beaucoup de bruit parce qu’il est vide, et moi, le jeune dépourvu de toute sagesse, qu’ai-je à venir à la Cour du roi et à y rentrer comme les grands pour expliquer les paroles de la Guemara ? »
Le ‘Hida parle également de la grandeur de l’humilité : J’ai entendu d’un vieux Rav qu’il avait une tradition selon laquelle à l’époque de Rabbi Chelomo Louria, le Maharchal, son beit midrach se trouvait au-dessus d’une boutique de légumes, dont le propriétaire s’appelait Reb Avraham. C’était un homme modeste et tranquille, qui ne se disputait jamais avec personne. Cette boutique lui servait aussi d’appartement, et une nuit le Maharchal se leva et entendit que Reb Avraham étudiait une souguia très profonde, et l’expliquait en long et en large. Il sentit à partir de ce moment-là que le modeste Reb Avraham était un grand homme. Que fit-il ? Il envoya quelqu’un lui poser une question très difficile dans la Guemara. Quand le messager arriva, Reb Avraham lui répondit qu’il était un ignorant et ne savait pas pourquoi on lui posait ce genre de question. Le Maharchal ne se le tint pas pour dit, et lui envoya de nouveau son messager. Après de nombreuses supplications et un ordre de la part du Rav, Reb Avraham ouvrit la bouche et fit entendre des explications extraordinaires de sagesse et d’érudition. Il posa seulement de son côté une condition, que le Maharchal garde son secret et ne le révèle jamais à qui que ce soit. Depuis lors, le Maharchal échangeait avec lui des propos profonds sur les secrets de la Torah, sans que personne se doute de rien.
En 5233, lorsque le Maharchal fut sur le point de quitter ce monde, il ordonna avant sa mort qu’on nomme Rav de la ville de Lublin Reb Avraham le marchand de légumes, car personne n’était plus grand que lui ! Le testament du Maharchal ne fut exécuté qu’après d’innombrables supplications. Le ‘Hida termine en disant : « Celui qui a un cœur en apprendra combien l’humilité et la modestie sont un moyen d’arriver à la Torah et à la sagesse pour des motifs purs, car sa Torah proclame sur lui que c’est un homme élevé, et Hachem épanche le bien sur celui qui marche dans la droiture. »
Qu’est-ce que l’humilité ? demande Rabbi Tsvi Kioudnower, dans son livre « Kav HaYachar », et il répond : Je vais vous donner un exemple. Rabbi Mena’hem fils de Rabbi Avraham Galanti m’a raconté qu’un jour, il portait sur son épaule un sac de farine qu’il avait acheté au marché, et Rabbi Chelomo Chaguig est arrivé derrière lui, a pris le sac de Rabbi Mena’hem, et lui a ordonné impérativement de ne pas le porter. Toutes les protestations de Rabbi Mena’hem selon lesquelles ce n’était pas selon l’honneur de Rabbi Chelomo, qui était grand en Torah et de surcroît très riche, n’ont servi à rien. Rabbi Chelomo a refusé de l’écouter, et il a lui-même apporté le sac jusque chez Rabbi Avraham. Il continue à raconter :
Un jour, Rabbi Avraham Galanti est allé dans le village Ein HaZeitim, il y a acheté une jarre et l’a remplie d’eau douce du puits du village. En chemin, il a rencontré Rabbi Messod le ‘hassid, qui lui a dit : « Rabbi, donnez-moi un peu d’eau car j’ai soif. » Immédiatement, Rabbi Avraham lui a tendu sa cruche pour le faire boire. Après avoir goûté à l’eau, Rabbi Messod lui a arraché la cruche et l’a amenée chez Rabbi Avraham. De même tous ses élèves, quand ils voyaient Rabbi Avraham à une distance d’une quinzaine de mètres, se levaient devant lui, et quand il s’approchait d’eux, ils lui embrassaient la main, en disant : nous voudrions être étalés sous vos pieds dans le monde à venir. Car Rabbi Avraham était très pieux et très humble, et il nous mettait toujours en garde qu’il y ait toujours entre nous la paix et l’amitié, l’amour et la fraternité. Que son mérite nous soutienne, avec tout Israël !
GARDE TA LANGUE
Même si l’on n’a rien fait
Le « Séfer ‘Hassidim » écrit : Si l’on se trouve en compagnie de gens, qu’il se produit quelque chose de répréhensible, et qu’on ne sait pas qui a fauté, il faut dire « c’est moi qui l’ai fait », même si l’on n’a rien fait du tout.
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Par la bénédiction, on en vient à la crainte de D.
Les Sages trouvent la source de l’obligation du birkat hamazon de la Torah dans le verset « Tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras Hachem ton D. pour le bon pays qu’Il t’a donné » (Berakhot 20a). Il faut comprendre la raison pour laquelle la Torah a écrit le din du birkat hamazon tout de suite après le verset qui parle de « ma force et la puissance de ma main », et le rapport qu’il y a entre les deux. On peut l’expliquer par ce que dit le Rambam dans les Hilkhot Berakhot (1, 3) : « Les Sages ont institué de nombreuses bénédictions sous une forme de louanges, de remerciements et de demande, pour se rappeler sans cesse le Créateur, bien qu’on n’ait tiré aucun profit de quelque chose et qu’on n’ait pas fait de mitsva. » Cela nous montre que les Sages ont institué des bénédictions essentiellement pour que l’homme se rappelle le Créateur, c’est pourquoi la mitsva de birkat hamazon se trouve à côté de ce sujet, car au moment où les bnei Israël rentreront en Erets Israël et trouveront devant eux une grande abondance, le Saint, béni soit-Il a craint qu’ils ne Le rejettent. Comme l’ont dit les Sages (Berakhot 32a) : « Le lion ne rugit pas quand il a mangé de la paille mais quand il a mangé de la viande. » Et du fait qu’ils diront une bénédiction avant et après chaque prise de nourriture, ils n’oublieront pas leur Créateur, et ne commettront pas l’erreur de dire : « Ce sont ma force et la puissance de ma main qui sont à l’origine de cette richesse. » De plus, du fait que l’homme prononce chaque bénédiction avec concentration, il accomplit en lui-même le verset (Téhilim 16, 8) : « J’ai placé Hachem constamment devant mes yeux », et il en vient à la crainte du Ciel, car nos Maîtres ont enseigné (Mena’hot 43b) qu’on doit dire cent bénédictions par jour, ainsi qu’il est écrit (Devarim 10, 12) : « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que Hachem ton D. demande de toi » ; Rachi explique : il ne faut pas lire « ma » (qu’est-ce que) mais méa (cent). Du fait de dire des bénédictions, on en vient à la crainte du Ciel.
A LA SOURCE
Dans l’avenir
« Hachem ton D. gardera Son alliance » (7, 12)
Que signifie « gardera » ? Rabbi Chemouël bar Na’hman a dit : Tout ce que les bnei Israël mangent en ce monde-ci est uniquement dû aux bénédictions de Bilam le mauvais, mais les bénédictions des Patriarches leur sont gardées pour le monde à venir, ainsi qu’il est dit : « Hachem ton D. gardera », Il les gardera pour le monde à venir.
(Devarim Rabba)
Une bénédiction complète
« Il bénira le fruit de ton ventre et le fruit de ta terre »
Comment les bénira-t-Il ?
Certains ont cinq ou dix enfants, et n’ont pas de quoi les nourrir. Le Saint, béni soit-Il a dit : Moi Je ne suis pas comme cela, mais Je bénis par les enfants et Je bénis par les fruits, pour qu’on ait de quoi les nourrir.
(Devarim Rabba)
Une créature légère
« Hachem enverra aussi le frelon » (7, 20)
Pourquoi a-t-Il envoyé justement le frelon ?
Les Sages ont dit : Quand le Saint, béni soit-Il a envoyé le bourdon devant les bnei Israël pour tuer les Amorréens, voyez ce qui est écrit : « J’ai exterminé devant vous les Amorréens, qui étaient hauts comme les cèdres et vigoureux comme des chênes, et J’ai anéanti leurs fruits dans les airs » (Amos 2, 9).
Le frelon rentrait dans les yeux des Amorréens, y déposait son venin, et ils tombaient morts. Car le Saint, béni soit-Il a l’habitude de déléguer ses décrets par de petites choses envers tout ce qui s’enorgueillit vis-à-vis de Lui. Il leur a envoyé une créature légère pour leur faire comprendre que leur force ne représente absolument rien. Dans l’avenir, le Saint, béni soit-Il châtiera les nations par de petites choses, ainsi qu’il est dit : « En ce jour, Hachem appellera en sifflant la mouche qui est sur le bord du fleuve de l’Egypte et l’abeille qui est en Assyrie » (Yéchayah 7, 18).
(Bemidbar Rabba)
Une prière complète
« Je me suis prosterné devant Hachem » (9, 18)
Que signifie « Je me suis prosterné » ? Rabbi Berakhia et Rabbi ‘Halabo disent au nom de Rabbi Chemouël bar Na’hmani : Moché n’a laissé aucun coin du Ciel sans y avoir prié, ainsi qu’il est dit : « Je me suis prosterné devant Hachem. » Beaucoup de prophètes et de tsaddikim ont prié devant le Saint, béni soit-Il, mais le verset n’utilise le terme « se prosterner » que pour Moché. Pourquoi cela ? Parce qu’il agissait différemment de tous les autres hommes. Comment ? Quelqu’un peut se tenir pour prier pendant une heure ou deux, ou si c’est un grand tsaddik, un jour entier.
Mais Moché a prié pendant quarante jours et quarante nuits.
Le Saint, béni soit-Il a dit aux anges du service : Je le compare à vous, ainsi qu’il est dit : « Bénissez Hachem, vous Ses anges, héros puissants qui obéissez à Sa parole » (Téhilim 103, 20), c’est Moché, qui éclairait l’obscurité pour les bnei Israël, et leur transmettait les paroles du Saint, béni soit-Il.
(Midrach Téhilim)
L’eau en premier
« Un pays de cours d’eau » (10, 7)
On apprend de là que l’eau les précédait partout où ils allaient. Quand ils sont arrivés à Eilim, l’eau les y avait précédé, ainsi qu’il est dit : « Ils sont arrivés à Eilim et à Eilim il y avait douze sources d’eau » (Chemot 15, 26). Ici aussi, l’eau les avait précédés à Yotvata.
(Leka’h Tov)
Ceux qui font Sa volonté
« Les yeux de Hachem ton D. sont constamment sur elle » (11, 12)
Un verset dit : « Les yeux de Hachem ton D. sont constamment sur elle », et un autre verset dit : « Il regarde la terre et elle vacille, Il touche les montagnes et elles fument » (Téhilim 104, 32).
Comment ces deux versets peuvent-ils se concilier ?
C’est que lorsque les bnei Israël font la volonté de D., « Les yeux de Hachem ton D. sont constamment sur elle », et ils ne subissent aucun mal, mais quand ils ne font pas Sa volonté, « Il regarde la terre et elle vacille. »
(Sifri)
LA MEMOIRE DU JUSTE EST UNE BENEDICTION
En souvenir du grand tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto Zatsal
A l’approche de la hilloula du saint et pur tsaddik, habitué aux miracles, Rabbi Moché Aharon Pinto, que son mérite nous protège, le père de notre Maître et Rav Rabbi David ‘Hanania chelita, nous publions en son honneur un certain nombre de coutumes et d’histoires de miracles, telles que nous les avons entendues de la bouche de Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, des coutumes et des histoires de miracles qui s’attachent à la personnalité et au nom du tsaddik, que son mérite nous protège. Une grande noblesse familiale qui brille de l’éclat d’une pierre précieuse dans la couronne de la famille Pinto. Dans cette chaîne de fils après fils, génération après génération d’hommes justes, pieux, saints et purs, le tsaddik Moché Aharon a mérité de rayonner comme le rejeton d’une dynastie de talmidei ‘hakhamim, qui obtenaient des miracles et des délivrances, et qui ont épanché sur le peuple d’Israël la gloire de leur sainteté et de leur pureté. Rabbi Moché Aharon a incarné dans sa puissante personnalité l’image du juif pur et saint, qui se met entièrement au service de Hachem. « Aimé en haut et chéri en bas » (Aloul Lema’ala Véne’hmad Lemata, acronyme : « Elloul », le mois de son décès).
Rabbi Moché Aharon, que son mérite nous protège, s’est fait tout particulièrement connaître par le mérite de la perfection de son service de D., et par le fait extraordinaire qu’il avait pris sur lui de s’enfermer dans sa chambre pendant quarante ans, sur l’ordre de son père le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège. Pendant ces quelques dizaines d’années, il a étudié la sainte Torah avec une assiduité inimaginable pour le cerveau humain. Là, entre les quatre murs de sa petite chambre, il s’est élevé dans des degrés de sainteté et de pureté sans aucune commune mesure avec le monde extérieur, sans se soumettre aux besoins du corps et de la matière, si bien que tous ses comportements et tous ses désirs étaient uniquement consacrés au service de D.
« Attire-moi vers toi, courons ! »
Il y a environ trente-cinq ans, quand notre Maître Rabbi David ‘Hanania chelita a commencé à organiser des hilloulot en l’honneur du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto à Essaouira (plus connue sous le nom de Mogador), la famille de Rabbi Chelomo Assaraf zal a été la première qui a aidé par tous les moyens. Les membres de la famille venaient à Essaouira pour réjouir et danser, alors que pendant plusieurs années, la hilloula s’était tenue uniquement à Casablanca.
On raconte à propos d’Elkana, le père du prophète Chemouël, qu’il montait à Jérusalem pour les fêtes, qu’il proclamait le Nom de Hachem en public, et que par ce mérite il a eu comme fils le prophète Chemouël. La même chose a eu lieu dans la famille Assaraf, grâce à qui les gens se sont mis à venir à la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, à Essaouira. Certes, par ce mérite, des membres de la famille ont connu plusieurs saluts extraordinaires, comme nous allons le raconter ci-dessous. Et notre Maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita a été témoin de ce miracle hors du commun.
La femme de Rabbi Chelomo Assaraf n’avait que deux enfants, des fils, et pendant de nombreuses années elle avait souhaité une fille. Le tsaddik Moché Aharon Pinto, que son mérite nous protège, lui avait donné sa bénédiction et lui avait promis qu’elle aurait une fille, et c’est effectivement ce qui s’est produit : au bout d’un an, cette femme a eu une fille. Une servante qui travaillait chez la famille Assaraf était présente au moment où le tsaddik l’avait bénie. Or cette jeune fille n’avait pas encore trouvé de mari. Elle entendit que le tsaddik donnait la bénédiction d’une fille à sa maîtresse, alors elle est entrée chez lui et lui a demandé de prier pour elle. Il lui a donné la bénédiction qu’elle allait trouver son conjoint. Cette servante n’était pas juive, mais elle aussi avait foi en la puissance du tsaddik. « Le tsaddik décrète, et le Saint, béni soit-Il accomplit », des sentiments d’éveil l’ont menée à lui demander de lui trouver un conjoint. Et de là, fait remarquer notre Maître chelita, nous pouvons faire un raisonnement a fortiori : si cette servante, qui fait partie des nations, est capable de faire confiance aux bénédictions et aux prières, à plus forte raison un juif, qui a le mérite des ancêtres, peut certainement s’éveiller spirituellement s’il le désire, ainsi qu’il est dit : « Attire-moi après toi, courons ». Si une servante non-juive écoute, à combien plus forte raison un juif peut écouter et se renforcer dans la foi. Quand Rabbi Moché Aharon a entendu sa requête, il lui a dit : « Je prierai pour toi qu’avec l’aide de D., ce mois-ci tu trouves le conjoint qui te convient. » Et effectivement ! Ce mois-là même, la servante se fiança, et elle se maria quelques mois plus tard, comme le tsaddik le lui avait promis. C’est ce qui est dit : « Il fera la volonté de ceux qui Le craignent. »
« Que désires-tu ? »
Un certain juif marocain avait une ânesse qui était sur le point de mettre bas. Il savait d’avance qu’elle allait donner naissance à un mâle, et qu’alors il allait devoir accomplir la mitsva très rare du rachat du premier-né de l’âne.
Cet homme se présenta avec un grand respect chez le Rav Moché Aharon pour lui proposer d’acheter l’ânesse, afin qu’il puisse accomplir cette mitsva. Celui-ci sourit et lui dit : « Quel rapport y a-t-il entre moi et cette ânesse ? » Quand il lui répondit que le but de cette vente était que le Rav puisse mériter cette rare mitsva, il accepta de l’acheter. Un peu plus tard, l’ânesse donna naissance à un mâle. Le Rav Moché Aharon accomplit la mitsva avec une immense joie, et prépara un grand repas de fête en l’honneur de la mitsva. Au milieu du repas, il se tourna vers le juif qui la lui avait procurée pour lui demander : « Que désires-tu ? » Profitant de l’occasion, il répondit : « Rabbi ! Je voudrais avoir un enfant. » Le tsaddik réfléchit un peu puis il lui donna la bénédiction qu’il aurait dix garçons. La bénédiction du tsaddik s’accomplit pleinement : ce juif eut dix fils en bonne santé, et aujourd’hui il vit en Israël, à Dimona.
De l’eau vive
Voici une autre histoire extraordinaire, susceptible de nous enseigner la foi dans les Sages : Madame Akoun de Paris était stérile depuis de nombreuses années. Dans son malheur, à la sortie du Chabbat elle alla chez Rabbi Moché Aharon pour lui demander sa bénédiction qu’elle mérite d’avoir des enfants. Il l’écouta, puis lui demanda de venir le trouver à la sortie du Chabbat suivant. A la sortie du Chabbat suivant, la femme revint chez lui pour recevoir sa bénédiction. Rabbi Moché Aharon lui donna une bouteille d’eau, sur laquelle il prononça la bénédiction qu’elle aurait des enfants. La bénédiction du tsaddik se réalisa effectivement très vite. Au bout de plusieurs années, le fils qui était né de cette bénédiction a eu lui aussi besoin d’une bénédiction pour avoir une descendance. Un jour, Madame Akoun rencontra Rabbi David ‘Hanania chelita, et lui dit : « J’ai entendu que vous étiez le fils du tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto. Le fils qui m’est né grâce à la bénédiction de votre père zatsal a lui aussi besoin que lui soit accordée une descendance.
Rabbi David bénit son fils qu’il ait une descendance sainte par le mérite de la prière de son père le tsaddik Rabbi Moché Aharon. Au bout de quelque temps, on vint annoncer à notre Maître que cet homme avait eu des enfants en bonne santé.
Par le mérite de mes saints ancêtres
Rabbi Moché Aharon était un bon ami de Rabbi A. Na’hmani de Nazareth. Ce juif était paralysé depuis de nombreuses années et n’avait pas eu d’enfants. Quand Rabbi Moché Aharon s’installa en Erets Israël, il alla rendre visite à son ami. Quand il arriva chez lui, il s’aperçut qu’il était sur un fauteuil roulant avec la tête baissée vers le sol. Il se mit à pleurer de douleur et de pitié pour son ami à qui il était arrivé une chose pareille, et voulut intercéder par sa prière et lui donner la bénédiction d’une guérison totale.
Quand la femme de Rabbi A. Na’hmani s’aperçut que c’était un moment très particulier, elle voulut profiter de ce temps de miséricorde et de grâce, s’approcha du tsaddik et lui dit : « Rabbi Moché ! Priez pour que j’aie un enfant ! » Il lui répondit : « Comment puis-je prier pour que vous ayez un enfant alors que votre mari est paralysé dans un fauteuil roulant ? Je vais d’abord prier pour que votre mari guérisse de sa paralysie, et ensuite je prierai pour que vous ayez un enfant. »
La femme répondit : « Rabbi, pourquoi avez-vous besoin de donner deux bénédictions, donnez-moi une seule bénédiction, et ainsi vous en épargnerez une… » Rabbi Moché Aharon lui demanda comment. Elle répondit : « Si vous priez pour une descendance, alors automatiquement le Saint, béni soit-Il enverra la guérison à mon mari et il ne sera plus paralysé. »
Rabbi Moché Aharon regarda Rabbi A. : « Par le mérite de mes saints ancêtres, le Saint, béni soit-Il te donnera une descendance, et dans un an tu auras un fils. » Quelques mois passèrent, et la bénédiction du tsaddik s’accomplit dans sa totalité : Rabbi A. Na’mani se leva de son lit de douleur et se mit à marcher comme n’importe qui. Sa femme eut un fils au bout d’un an, et Rabbi Moché Aharon alla à Nazareth pour être le sandak et s’assoir sur la chaise du prophète Eliahou.
Qui me domine ? Le tsaddik !
Le jour de la hilloula de Rabbi Moché Aharon Pinto, de grands miracles se sont produits, et tous les juifs qui sont arrivés sur le tombeau du tsaddik et ont prié Hachem par son mérite ont connu la délivrance, tant est grand le pouvoir des tsaddikim devant Hachem, au point qu’il est dit : « Le tsaddik décrète et le Saint, béni soit-Il accomplit. » Comme en témoigne le Saint, béni soit-Il en disant : « Qui Me domine ? Le tsaddik ! En effet, Je prends un décret, et il l’annule. »
Nous possédons de nombreux témoignages de personnes qui ont vu la délivrance en priant par le mérite du tsaddik et ont eu des enfants, en particulier le jour de la hilloula, qui a lieu le 5 Elloul, et nous savons que les tsaddikim sont plus grands dans leur mort que dans leur vie.