Ki Tavo 17 SEPTEMBRE 2011 18 ELLOUL 5771 |
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Le panier des bikourim nous rappelle les bontés de Hachem
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Lorsque vous viendrez dans le pays que Hachem ton D. te donne en héritage, que vous en hériterez et que vous vous y installerez, tu prendras des prémices du fruit de la terre que tu apporteras de la terre que Hachem ton D. t’a donnée, tu les mettras dans un panier et tu iras vers l’endroit où Hachem ton D. aura choisi de faire résider Son nom. » (Devarim 26, 1-3)
On sait parfaitement combien est grande la force du mauvais penchant, au point qu’il essaye de faire entrer l’orgueil dans le cœur de l’homme, pour le chasser du monde. En effet, les Sages ont enseigné (Avot 4, 21) que la jalousie, le désir et les honneurs chassent l’homme de ce monde. De cette façon, non seulement il perd ce monde-ci, mais il perd également le monde à venir, car le Saint, béni soit-Il déteste tout orgueilleux, ainsi qu’il est écrit (Michlei 16) : « Tout orgueilleux est en abomination à Hachem. »
Or lorsque les bnei Israël ont été sur le point d’entrer en Erets Israël, le pays où coulent le lait et le miel, dont il est dit (Devarim 8, 9) : « Tu n’y mangeras pas le pain avec parcimonie, tu n’y manqueras de rien », le Saint, béni soit-Il a craint que la richesse ne provoque de l’orgueil et qu’ils n’oublient leur Créateur, ainsi qu’il est écrit (ibid. 32, 15) : « Yéchouroun a engraissé et regimbe, tu étais trop gras, trop replet, trop bien nourri, et il abandonne le D. Qui l’a créé. »
C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il leur a rappelé qu’ils ont été des esclaves en Egypte pendant quatre cents ans, ainsi que le fait que la terre d’Israël leur ait été donnée n’était pas du tout dû à leur mérite, mais à celui des saints Patriarches, Avraham, Yitz’hak et Ya’akov, qui ont servi Hachem avec dévouement en s’effaçant eux-mêmes. Par conséquent, ils n’ont pas de quoi s’enorgueillir, en particulier du fait que le pays leur a été donné en cadeau avec la condition que les bnei Israël étudient la Torah et observent les mitsvot, sans quoi le Saint, béni soit-Il le leur reprendrait, et les exilerait de leur terre.
Il se rappelle la générosité des pères
Ceci se trouve en allusion dans le verset (Devarim 26, 1). Les mots « ki tavo » (quand tu viendras) ont la valeur numérique de quatre cent trois. Le chiffre quatre cents représente les années de l’esclavage en Egypte, ainsi qu’il est écrit (Béréchit 15, 13) : « Car tes descendants seront étrangers dans un pays qui n’est pas à eux et ils les asserviront et les persécuteront pendant quatre cents ans », et le chiffre trois représente les trois Patriarches, à qui le Saint, béni soit-Il a promis le pays après l’exil d’Egypte.
C’est pourquoi Hachem a ordonné d’amener les bikourim (prémices) au Temple, et de dire le passage (Devarim 27, 5-6) : « Mon père était un araméen errant, il est descendu en Egypte (…) et les Egyptiens nous ont fait du mal, nous ont persécutés et nous ont imposé de durs travaux », ainsi ils n’oublieraient pas leur passé lorsqu’ils étaient esclaves en Egypte, ni le fait qu’ils n’avaient hérité du pays que par le mérite de la vertu de leurs saints ancêtres, et à condition qu’ils observent la Torah et les mitsvot. Et s’il en est ainsi, tout ce qu’ils avaient à présent était uniquement un cadeau gratuit.
C’est pourquoi ils venaient au Temple avec un panier en main, pour remercier de tout le bien que leur avait accordé Hachem, Qui les a fait entrer dans le pays de leurs ancêtres, ainsi qu’il est écrit (ibid. 26, 8, 10) : « Hachem nous a fait sortir d’Egypte d’une main forte (…), Il nous a amenés dans ce pays, un pays où coulent le lait et le miel, et maintenant voici que j’ai apporté les prémices du fruit de la terre que m’a donnée Hachem, etc. » Du fait qu’ils remerciaient D. de tout le bien qu’Il leur avait fait, ils n’en venaient pas à des pensées d’orgueil et ne s’imaginaient pas être à l’origine de leur réussite.
C’est donc là l’un des moyens que la Torah donne à l’homme pour qu’aucun orgueil ne rentre en lui, lui faisant ainsi perdre son monde. En général, quand quelqu’un s’enrichit et qu’il a l’esprit occupé de ses affaires, il se met à étudier de moins en moins. Plus il est riche, plus il diminue son étude. Et quand il s’éloigne des paroles de la Torah, l’orgueil vient certainement remplir le vide créé par la diminution de l’étude de la Torah. Alors, il risque d’avoir de mauvaises pensées.
A cause de nos nombreuses fautes, aujourd’hui nous n’avons plus le Temple, et c’est le lieu où réside le tsaddik qui prend un peu sa place. Le tsaddik est comme le cohen gadol qui y officie. Et quand l’homme apprend du tsaddik quelle est la voie droite dans le service de Hachem, c’est comme s’il avait apporté un sacrifice au Temple.
De plus, quand on apporte un cadeau au tsaddik et qu’on voit comment il se comporte, en faisant tout de façon totalement désintéressée, on sent le cœur fond en soi, on devient un autre et on se repent totalement. Alors, c’est comme si l’on avait apporté les bikourim au Temple, comme l’ont dit les Sages (Ketoubot 105b) : « Quiconque apporte un cadeau à un talmid ‘hakham, c’est comme s’il avait offert les bikourim. »
S’attacher au tsaddik
C’est ce que dit le verset : « Quand vous entrerez dans le pays que Hachem ton D. te donne », c’est-à-dire tu te souviendras que le pays n’est à toi qu’à la condition que tu suives la voie des Patriarches et que tu n’oublies pas le fait que tu as été étranger pendant quatre cents ans. En effet, le pays n’est pas à toi mais toute la terre est à Moi, et Je l’ai donné à vos ancêtres et à leur descendance après eux, à condition que vous ne tombiez pas dans l’orgueil à cause de la richesse que vous donnera ce pays, et que vous n’en veniez pas à vous sentir maîtres de votre propre réussite.
Et par-dessus tout, on peut apprendre de ce passage que si l’on a été pauvre et qu’on s’est enrichi, on doit se rappeler qu’on a été pauvre et que c’est seulement grâce à la miséricorde de D. et par le mérite des Patriarches qu’Il nous a fait ce cadeau gratuit. C’est pourquoi on n’a aucune raison de se gonfler d’orgueil et de vanité. En effet, de même que Hachem a enrichi, Il peut aussi reprendre la richesse si on ne se comporte pas correctement.
Car à cause de l’abondance de bien accordé par D. à l’homme, le mauvais penchant tente de faire entrer dans son cœur la pensée qu’il a acquis cette richesse grâce à son intelligence, ou qu’il a « réussi », c’est pourquoi il en est arrivé à cette situation brillante. Mais du fait qu’on fréquentera sans cesse le tsaddik, pour être guidé par lui sur la bonne voie, on évitera de se gonfler d’orgueil, et on restera toujours humble devant Hachem.
HISTOIRE VECUE
« Hachem ouvrira pour toi Son bon trésor » (Devarim 28, 12)
Le Rambam écrit : « Jamais on ne devient pauvre parce qu’on a donné de la tsedaka, cela ne provoque rien de mal ni aucun dommage, ainsi qu’il est dit (Yéchayah 32, 17) : « l’œuvre de la tsedaka sera la paix », celui qui fait de la tsedaka et se montre généreux avec les autres non seulement n’y perdra rien, mais on lui ajoute encore des bienfaits » (Hilkhot Matnot Aniïm 10, 2). Voici une belle histoire, qui a le pouvoir de nous concrétiser la façon dont Hachem récompense ceux qui Le craignent. Elle a été racontée par le Maguid Rabbi Chelomo Lewinstein chelita, au nom de Rabbi Israël Zückerman.
Les entreprises d’un homme d’affaires honorable rencontraient des difficultés. Dans cette adversité, il s’adressa à un ami pour lui demander un prêt important. L’ami, qui avait beaucoup d’agent ainsi qu’un grand cœur, accepta de le lui accorder, mais il craignait qu’à cause de sa situation il ne puisse pas lui rembourser le prêt. Il posa donc la condition que deux garants signent, comme c’est l’habitude. Mais l’emprunteur objecta qu’il ne pouvait trouver des garants, pour la simple raison que la condition essentielle pour sortir de cette crise était que tout cela reste absolument secret. S’il s’en allait chercher des garants, cela se saurait rapidement, la rumeur ne tarderait pas à arriver à ceux avec qui il faisait des affaires, et ils cesseraient d’avoir le moindre commerce avec lui. Après tout, qui a envie de traiter avec des personnes endettées et au bord de la faillite ?
Cet argument paraissait logique, mais dans la pratique le prêteur avait du mal à faire sortir une telle somme en échange d’une reconnaissance de dette qui n’était soutenue par aucun garant.
En dernière instance, l’homme dit à son ami : « Regarde, des garants humains je ne peux pas t’en procurer, mais j’ai une excellente garantie absolument sûre : le Saint, béni soit-Il sera le garant de ma dette ! Qu’en penses-tu ? »
Le prêteur fut surpris de cette idée originale. Il réfléchit un peu, et au bout d’un instant répondit : « D’accord, j’accepte ta proposition ! » Et sur place, il lui prêta la somme demandée, contre laquelle il reçut une reconnaissance de dette qui arborait une seule signature, celle de l’emprunteur, qui n’avait pas la moindre idée de la manière dont il pourrait rembourser cette somme. Le prêteur mit ce papier dans sa poche, dans l’espoir qu’il avait une valeur quelconque…
Quand arriva l’échéance, le prêteur attendit un coup de téléphone de l’emprunteur, mais en vain. Un jour passa, puis deux, puis une semaine, une autre semaine, mais il ne voyait rien venir à l’horizon. N’ayant pas le choix, il téléphona à l’emprunteur pour lui demander avec délicatesse ce qu’il en était du remboursement de sa dette. Mais ce dernier, troublé, se mit à bafouiller : « Je suis désolé, je n’ai pas de quoi te rembourser. » Dans le secret de son cœur il avait toujours nourri cette crainte, c’est pourquoi la réponse de l’emprunteur ne l’étonna pas particulièrement. Malgré tout, cette réponse directe et insolente qu’on lui jetait au visage le bouleversa, et il ne savait que faire. Après s’être calmé, il se mit à réfléchir aux démarches possibles pour essayer de récupérer son argent. Tout à coup, il eut une idée brillante : « Pourquoi me faire du souci, puisque j’ai le garant le meilleur et le plus sûr ? »
Il leva les yeux vers le Ciel et s’adressa au Créateur du monde comme un fils s’adresse à son père : « Maître du monde, quand j’ai accepté de prêter cette somme, c’est parce que j’ai eu confiance en Toi. Je m’adresse à Toi aujourd’hui en Te demandant et en Te suppliant, je sais que Tu es tout-puissant et que Ta main est largement ouverte, c’est pourquoi je Te demande qu’au lieu de cette somme d’argent, Tu me trouves un mari pour ma fille. »
Il avait chez lui une fille depuis longtemps en âge de se marier et qui ne l’était toujours pas, ce qui faisait peser une atmosphère déprimante dans la maison, que la famille ressentait lourdement. Il n’est donc pas étonnant que dans sa demande à Hachem de « rembourser » sa garantie, il ait renoncé à la somme d’argent, si importante qu’elle ait été, en échange du mariage de sa fille qui avait pris de l’âge. Quinze jours plus tard, on célébrait les fiançailles de sa fille !
Plusieurs mois passèrent. Un beau jour, le téléphone sonna. L’emprunteur était en ligne. Le prêteur était totalement surpris. Il n’attendait pas ce coup de téléphone. Il avait complètement oublié la dette. En ce qui le concernait, le « garant » l’avait remboursée. Pas en argent, mais en quelque chose qui valait pour lui toute la fortune du monde. Dès le début de la conversation, le prêteur se répandit en excuses et s’écria avec émotion : « Sache que tu m’as sauvé ! Grâce à D., ton prêt m’a sauvé de la faillite qui me menaçait. Non seulement mes affaires se sont arrangées et j’ai réussi à me remettre sur pied, mais j’ai fait d’excellents bénéfices. Je veux venir chez toi pour te rendre l’argent. »
Le prêteur lui répondit : « Je regrette, mais je ne peux pas le recevoir deux fois. »
L’autre s’étonna : « Qu’est-ce que cela veut dire, « deux fois », je ne t’ai encore rien rendu, même pas une seule fois ! »
« Toi, non, tu ne m’as rien rendu, mais ton garant s’en est chargé, et de quelle façon ! »
« De quel garant parles-tu ? Tu avais accepté de me prêter sans garants ! »
« Tu ne te souviens pas que tu m’as proposé que Hachem soit ton garant ? »
Alors, il lui raconta tout ce qui s’était passé : « D. merci, le Saint, béni soit-Il m’a accordé un bienfait immense. Ma fille s’est fiancée, et le mariage a eu lieu il n’y a pas longtemps. Tu n’as aucune idée combien notre vie a changé depuis. Nous chantons de joie toute la journée… voilà, j’ai reçu ce qui me revenait, tu ne me dois plus rien ! »
Les deux se présentèrent en din Torah, l’un disant « je n’ai pas remboursé », et l’autre disant « le garant m’a remboursé plus qu’abondamment ». Le Rav écouta les deux plaidoiries, les pesa, et finit par leur donner la décision suivante : L’emprunteur donnerait le montant de la somme à la tsedaka. Comme cette année-là était une année de chemita, il fut décidé de donner l’argent à une caisse qui soutenait les agriculteurs qui observaient la chemita.
GARDE TA LANGUE
Colporter une médisance
Si Lévi a raconté à Réouven quelque chose de mal sur Chimon, et que Réouven est allé le dire à Chimon (transgressant ainsi l’interdiction de la médisance), il est interdit à Chimon de revenir dire à Lévi : « Pourquoi as-tu dit cela sur moi ? » Car ainsi, Chimon colporterait une médisance sur Réouven. Et même s’il ne dit pas que c’est de Reouven qu’il l’a entendu, s’il est facile de le déduire, c’est interdit.
(‘Hafets ‘Haïm)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Où est le chemin de Jérusalem ?
« Tu mettras à part trois villes dans le pays que Hachem ton D. te donne en héritage. Tu en faciliteras l’accès et tu diviseras en trois parts le territoire du pays dont Hachem ton D. t’accorde la possession » (Devarim 19, 2-3).
J’ai entendu la question suivante au nom de mon Maître Rabbi Chamaï Zahn zatsal, Roch Yéchiva de Sunderland :
Pourquoi, dans la loi sur le meurtrier involontaire, la Torah nous a-t-elle ordonné d’indiquer le chemin des villes de refuge, ainsi qu’il est écrit (Devarim 19, 3) : « Tu en faciliteras l’accès » ? (Rachi explique : Au croisements de chemins, il était indiqué : « Ville de refuge »), alors que pour la mitsva d’apporter les prémices à Jérusalem et au Temple, nous ne trouvons nulle part que la Torah ait ordonné qu’on indique le chemin, pour que les pèlerins sachent quelle est la route qui mène à Jérusalem. Pourquoi ? Quelle en est la raison ? C’est tout de même très curieux !
Il me semble qu’on peut l’expliquer à la lumière de ce qu’ont dit nos Sages dans le traité Roch Hachana (30a) : « D’où savons-nous que nous faisons des choses qui sont un souvenir du Temple ? Le verset dit : « Je vais te donner un remède et Je te guérirai de tes plaies, parole de Hachem, car on t’a appelée écartée, personne ne recherche Tsion », ce qui indique qu’on devrait la rechercher.
On peut expliquer à partir de là que c’est pour cela que la Torah n’a pas voulu qu’on indique la route de Jérusalem, parce que même à l’époque du Temple, la Torah a éprouvé un besoin particulier qu’on s’enquière de Tsion, et du fait que ceux qui viennent à Jérusalem sont obligés de demander aux gens « Quelle est la route de Jérusalem ? », c’est une façon de rechercher Tsion, et c’est une manière honorable et agréable de le faire.
De la même façon, on peut aussi expliquer le verset (Eikha 3, 40) : « Cherchons nos voies, examinons et revenons à Hachem. » Ce verset évoque la montée vers Jérusalem, puisqu’il y a une importance particulière au fait que l’homme doive chercher et examiner où est la route de Jérusalem, pour revenir à Hachem et rechercher Sa proximité.
A LA SOURCE
Il est considéré comme un cohen
« Tu viendras vers le cohen qu’il y aura à ce moment-là » (26, 3)
C’est ce qu’a dit Rabbi Yossi HaGuelili : Peut-il venir à l’esprit d’aller chez un cohen qui n’est pas de son époque ? Mais tout cohen qui est droit et considéré comme cohen à cette époque, même s’il a épousé une divorcée puis en a divorcé, est casher. Et il est dit : « Ne regrette pas ce qui est passé car les jours d’autrefois étaient meilleurs que ceux-ci » (Kohélet 7, 10).
Un peu du monde à venir
« Un pays où coulent le lait et le miel » (26, 9)
Rabbi Yonathan ben Elazar était assis sous un figuier en été, et le figuier était rempli de belles figues. Ces figues absorbaient du miel et tombaient par terre, et le vent les mêlait à la terre ; est arrivée une chèvre dont le lait a coulé dans ce miel et s’y est mélangé. Il a appelé ses disciples et leur a dit : « Venez voir un exemple du monde à venir ! » Et à cause des libations de vin, la vigne était bénie.
Un certain scribe montait à Jérusalem tous les ans. Les habitants de Jérusalem savaient que c’était un homme grand en Torah. Ils lui dirent : « Prenez cinquante pièces d’or et restez habiter parmi nous. » Il leur répondit : « J’ai une vigne et je l’aime plus que tout ce que vous pourriez me donner, parce qu’elle me donne des fruits trois fois par an, et j’en tire six cents barils tous les ans. Elle en donne trois cents la première fois, deux cents la deuxième et cent la troisième. Je les vends très cher. » Puis il les laissa là et repartit chez lui.
(Midrach HaGadol)
Il ouvre et Il ferme
« Regarde de Ta demeure de sainteté, du Ciel » (26, 15)
Rabbi Yichmaël demande : « Ne sait-on pas que Sa demeure de sainteté est le Ciel ? Pourquoi le préciser ?
C’est que lorsque les bnei Israël ne font pas la volonté de D., Il ferme Son trésor et ils meurent de faim, ainsi qu’il est dit : « Le colère de Hachem se déclenchera contre vous et Il arrêtera le Ciel » (Devarim 11, 17) ; et quand ils font la volonté de D., Il ouvre Son trésor, ainsi qu’il est dit : « Regarde de Ta demeure de sainteté, du Ciel. » »
(Midrach Tannaïm)
Par le mérite de la foi
« En gloire, en renommée et en dignité » (26, 19)
Que les nations du monde se glorifient en toi et aspirent à te servir, ainsi qu’il est dit : « Des rois seront tes hommes de confiance et leurs princesses tes nourrices. »
Quand Adrien est monté à ‘Hamat Guerar, il a trouvé une petite fille juive au sommet. Il lui a dit : « Qui es-tu ? » Elle a répondu : « Je suis une fille d’Israël ! »
Immédiatement, Adrien est descendu de son char et s’est prosterné devant elle.
Tous les grands du royaume se sont fâchés contre lui. Ils lui ont dit : « Pourquoi vous être abaissé à vous prosterner devant cette fille, qui est sale et débraillée ? »
Il a répondu : « Sots ! Tous les peuples sont appelés à se prosterner devant eux, ainsi qu’il est écrit : « Ainsi parle Hachem le sauveur d’Israël, son Saint, à celui qui est un mépris pour les hommes, de répulsion pour les peuples, à l’esclave des puissants : des rois, en le voyant, se lèveront » (Yéchayah 49, 7). Qu’est-ce qui leur a valu tout cela ? La foi qu’ils ont placée en D., ainsi qu’il est dit : « Pour Hachem Qui est fidèle ». »
(Midrach Hagadol)
Faire régner la paix
« Tu construiras avec des pierres intactes » (27, 6)
Rabban Yo’hanan ben Zakaï dit : Il est écrit « Tu construiras avec des pierres intactes », que signifie « intactes (chelemot) » ?
Ce sont des pierres qui font régner la paix (chalom) entre Israël et le Créateur.
C’est un raisonnement a fortiori : si les pierres de l’autel, qui ne voient ni n’entendent ni ne parlent, D. dit d’elles parce qu’elles font régner la paix entre Israël et le Créateur : « Tu ne feras pas passer le fer sur elles », celui qui fait régner la paix entre un homme et son prochain, entre un homme et sa femme, entre une ville et une autre, entre un pays et un autre, entre une famille et une autre, à combien plus forte raison il ne connaîtra pas de catastrophe.
(Mekhilta DeRabbi Yichmaël)
LA PRIERE
Quand on se tient en prière devant Hachem, avait l’habitude de dire notre maître le ‘Hafets ‘Haïm zatsal, on doit Lui demander comme on demande à sa mère, dont on sait qu’elle veut uniquement votre bien. Et elle sait toujours parfaitement où est votre bien, comme le dit le verset : « J’ai apaisé et fait taire mon âme, comme un enfant sevré sur sa mère », c’est-à-dire comme ce bébé qui dépend entièrement de sa mère. Le bébé sait que sa mère ne se fâchera jamais contre lui, même s’il demande beaucoup. Bien que généralement, quand on supplie beaucoup, les gens se fâchent et vous en veulent, le Créateur n’est pas ainsi, mais plus on Le prie plus Il répond aux requêtes de l’homme.
Hachem écoute attentivement la voix de la prière de chaque juif. Certes, « le Saint, béni soit-Il aspire à la prière des justes », et Il ouvre la porte à ceux qui frappent dans un esprit de repentir. Mais Il préfère toujours la prière du pauvre qui de lui-même s’épanche devant Lui, comme le dit le verset : « Hachem entendit la voix du garçon », et Rachi explique au nom du Midrach : « Nous apprenons de là que la prière du malade est préférable à celle des autres pour lui, c’est elle qui est acceptée en priorité. »
Depuis sa jeunesse, le ‘Hafets ‘Haïm avait l’habitude de s’épancher personnellement devant le Saint, béni soit-Il, sans vouloir dépendre des autres en cela. Comme il l’a révélé lui-même : « Quand j’étais enfant, je suis resté orphelin et pauvre. J’ai grandi et Hachem m’a aidé. Quand je manquais de quelque chose, je prenais le livre des Psaumes, je me mettais dans un coin, et le Maître du monde écoutait ma prière.
Il conseillait également à tous ceux qui s’adressaient à lui de tous les coins du monde pour lui demander de prier pour eux : « Que puis-je, moi un juif simple, pour vous sauver, seul Hachem dans Son immense bonté peut vous sauver, et c’est uniquement à Lui que vous devez adresser vos supplications ! » A ce propos, on raconte encore que pendant le mois d’Elloul 5684, le ‘Hafets ‘Haïm se trouva de passage à Grodno. Naturellement, à ce moment-là aussi beaucoup de gens se rassemblèrent de près et de loin pour profiter de sa sainteté et de sa prière en leur faveur. Mais lui restait indifférent à l’enthousiasme de cette grande foule. Il s’adressa à elle en disant :
« Mes chers frères ! Il semble que vous ayez besoin que je présente des demandes de votre part à notre Père des cieux ! Ne savez-vous donc pas qu’un père n’est pas satisfait de ce qu’un de ses enfants vienne lui demander un service pour les autres ? Il souhaite que chacun de ses enfants s’adresse à lui personnellement dans sa requête.
« Il en va de même en ce qui concerne les enfants de votre Père des cieux. Le Maître du monde souhaite que chacun de Ses enfants s’adresse à Lui personnellement pour lui présenter ses demandes et ses supplications, mais certains d’entre vous sentent peut-être que leur Père est un peu fâché contre eux, c’est pourquoi nous pouvons vous promettre que Hachem souhaite beaucoup être en paix avec vous, beaucoup plus que vous ne le souhaitez envers Lui. Il attend seulement que vous veniez vers Lui seul.
Mes frères fidèles, tout d’abord vous devez ouvrir la porte tout seuls, comme l’ont dit les Sages : « Pratiquez pour Moi une ouverture grosse comme le chas d’une aiguille, et Je vous pratiquerai des ouvertures où des chars pourront passer. » »
On oublie de prier pour eux
Le grand gaon Rabbi Mikhel Yéhouda Levkowitz zatsal a eu le mérite d’enseigner la Torah à trois générations, pendant plus de soixante ans. Des milliers d’élèves ont été éduqués par lui, et parfois même trois générations ont étudié chez lui.
Voici ce qu’il a dit une fois :
« Souvent, j’ai vu des élèves qui au début étaient considérés comme peu doués, et à la fin ont magnifiquement réussi.
Quelle en est la raison ?
Ce sont justement ceux pour qui, parce qu’ils ne réussissaient pas, leurs parents ont prié et supplié en versant des larmes dans leur prière, ont dit des psaumes et ont donné de la tsedaka pour eux, qui grâce à tout cela se sont élevés du plus bas et sont devenus grands dans la Torah. Mais parfois les enfants doués, on « oublie » de prier pour eux et de supplier, c’est pourquoi leur réussite n’est pas toujours permanente. »
LES HOMMES DE FOI
Extraits de la vie des tsaddikim de la famille Pinto
Le monde à venir lui est promis
Au moment de la grande guerre entre l’Espagne et le Maroc, Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège, avait 78 ans. Un jour, le tsaddik se mit devant la porte qui menait à la rue des juifs à Mogador, et il dit : « Celui qui me sauvera et me fera sortir de la ville pour échapper à la guerre, le monde à venir lui est promis. »
Auprès du Rav se tenait un juif du nom de Ouzi Aukha. Il entendit ces paroles, et dit immédiatement à Rabbi ‘Haïm :
« Ce que le Rav désire, je le ferai immédiatement. »
Et effectivement, ce juif prit le Rav avec lui et le conduisit en dehors de la ville, à un endroit sûr. Ainsi le Rav fut épargné, alors qu’il y eut beaucoup de victimes dans le voisinage immédiat.
Après avoir conduit le Rav, Ouzi Aukha sortit vers le puits pour boire de l’eau. Quand il descendit au puits, il y trouva un trésor d’argent, d’or et de pierres précieuses. C’était l’un des trésors que les habitants avaient jetés à ce moment-là dans les puits pour pouvoir les récupérer après la guerre, afin de pouvoir continuer à gagner leur vie honorablement à ce moment-là.
Ouzi se réjouit beaucoup d’avoir trouvé ce trésor précieux, et il l’emmena là où se trouvait Rabbi ‘Haïm pour lui raconter ce qu’il avait trouvé. Quand il arriva, le tsaddik lui dit :
« C’est ta récompense en ce monde-ci, mais cela ne s’arrête pas là, car comme tu m’as sauvé, le capital t’est gardé dans le monde à venir, comme je te l’ai promis. »
Et effectivement, ses descendants racontent qu’il s’est beaucoup enrichi à partir de là, et s’est accompli en lui le verset « Il élève le pauvre des détritus », ainsi que « le capital lui est gardé pour le monde à venir ». Il a aussi vécu très vieux, tout cela par le mérite de cette mitsva qu’il avait faite, de sauver Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, des menaces de la guerre.