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paracha de la semaine

Vayétsei

3 DECEMBRE 2011

7 KISLEV 5772

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

La valeur d’une Torah acquise par le labeur

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Il eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des anges y montaient et en descendaient. » (Béréchit 28 12)

Le Midrach Tan’houma explique que les anges apparus dans le rêve de Ya’akov étaient les princes des nations du monde. D. lui a montré que tout comme ces princes s’élèvent, ils finiront par tomber. Puis Il a demandé à Ya’akov de monter également sur l’échelle en lui promettant que lui, ne redescendrait pas. Mais il a refusé d’y croire et est resté en bas. Hachem a alors déclaré : « Puisque tu n’as pas eu confiance en Ma promesse, tes descendants seront frappés par ces princes des nations. » Ya’akov a demandé si cette punition serait éternelle mais D. lui a répondu : « « Mon serviteur Ya’akov, ne crains rien; ne sois point alarmé, ô Israël ! Car Mon secours te fera sortir des contrées lointaines » : tous les exils et toutes les souffrances auront une fin et Je serais amené à délivrer les bnei Israël, aussi loin soient-ils ! » Pourquoi Ya’akov a-t-il refusé de s’élever vers le ciel ? D. lui avait pourtant assuré que cette ascension serait parfaite et non suivie d’une chute ! Quelle était la véritable appréhension qui l’a rendu sceptique au point d’ignorer les paroles rassurantes de D ? En effet, les nations du monde perdent leur grandeur à cause de leur impiété, et de ce fait, leur décadence est irrémédiable. Mais Ya’akov, qui était fidèle à D., ne devait pas craindre ce même sort : il aurait pu entendre la promesse de D. qui lui assurait une progression sans risque ! La question se renforce encore davantage lorsque Hachem le punit à cause de son refus de monter : il lui annonce que ses descendants seront victimes des princes des nations. Comment comprendre que Ya’akov ait préféré le poids des exils à une élévation vers le ciel ? Tout s’explique par le fait qu’il était le symbole vivant de la Torah, comme il est dit : « un homme intègre, vivant dans les tentes. » Il incarnait l’étude de la Torah dans l’effort et la ténacité. Par ce refus, il a cherché à tracer un chemin pour les générations à venir : il voulait transmettre la notion que la Torah n’est pas offerte gratuitement à l’homme et que son acquisition exige application et labeur. Si nous voulons nous élever et améliorer notre crainte de D., nous devons persévérer dans l’étude et approfondir la Torah sous tous les angles. C’est seulement après nous y être entièrement consacrés que nous mériterons d’en acquérir toutes les richesses.

Un message pour toutes les générations

Lorsque Ya’akov a fait son rêve et que D. lui a demandé de monter sans devoir redescendre, il a refusé, sachant que seule la Torah acquise par l’effort est la plus authentique et la meilleure.

Or par cette proposition, Hachem voulait la lui accorder sans fatigue. Il a décliné cette offre car elle s’opposait à la nature même de son être : un homme qui s’investit corps et âme pour la Torah. Par ailleurs, Ya’akov a admis que lui, peut être, ne retomberait pas mais en serait-il de même pour ses descendants ? Or il tenait à leur transmettre que les efforts sont indispensables pour mériter la Torah, c’est pourquoi il n’a pas répondu positivement à la sollicitation de D. et a préféré rester sur terre pour acquérir la Torah par lui-même, dans la peine, plutôt que de la recevoir « gratuitement ».

C’est d’ailleurs exactement pour ce même motif qu’il a préféré l’exil pour ses enfants. En effet, grâce au joug de la servitude, ils acquerront la Torah par le labeur : les difficultés et les souffrances les amèneront à étudier avec plus de vigueur ! Leur Torah, obtenue alors dans la difficulté, multipliera leurs mérites, les délivrera finalement de l’exil et les projettera de l’obscurité vers la lumière. Combien était grande la capacité d’abnégation de Ya’akov pour la Torah : il a préféré que ses descendants soient exilés afin que leur Torah soit authentique et qu’elle résulte d’efforts et de travail, la Torah la meilleure et la plus louable qui soit !

Elles sont menaçantes mais pleines de bénédictions

A présent, il nous reste à savoir si Hachem a approuvé ou non le choix de Ya’akov. Apparemment oui, puisqu’Il ne l’a pas puni directement mais a demandé des comptes aux générations suivantes seulement.

De plus, bien qu’à première vue, les exils soient sévères et effrayants, sources de souffrances et de douleurs, nous ne pouvons pas nier leur côté bénéfique. En effet, ils ont entraîné une grande élévation au sein du peuple d’Israël : l’exil d’Egypte a engendré les miracles de la sortie, ainsi que la fête de Pessa’h, fête de la foi.

L’exil de Babylonie, quant à lui, a donné naissance au Talmud de Babylone. Grâce à l’exil de Perse et de Médie, les bnei Israël ont accepté la Torah avec amour, comme il est dit « Ils ont accompli et ils ont accepté. » L’exil de Grèce est à l’origine de la célébration de ‘Hanouka, fête de louange et de remerciement à D. Enfin, l’exil d’Edom a fait éclore les Tannaïm et Amoraïm, qui ont illuminé le peuple d’Israël dans l’étude de la Torah, en rédigeant la Michna et la Guemara.

HISTOIRE VECUE

Qu’en pensent donc les riches ?

Les commentateurs et les collecteurs de tsedaka, qui connaissent bien la segoula de la mitsva de tsedaka, interprètent la promesse de Ya’akov par allusion : « Tout ce que tu me donneras, j’en prélèverai le dixième pour toi. » Qu’est-ce qui est à moi ? « J’en prélèverai le dixième pour toi », le ma’asser, c’est pour moi, et le reste ? Ce n’est pas vraiment à moi, la tsedaka, c’est cela qui me reste !

Le machguia’h Rabbi Dan Segal chelita a dit un jour à quelqu’un : Vous avez dit : « Je gagne cinq mille chékels, je donne le cinquième à la tsedaka, c’est-à-dire mille chékels, donc il ne me reste que quatre mille chékels », mais c’est le contraire qui est vrai. En effet, c’est seulement les mille chékels qui sont véritablement à vous ! A vous, il vous reste seulement mille chékels, vous ne savez tout simplement pas parler.

J’ai connu, raconte le Maguid Mecharim Rabbi Réouven Karlenstein chelita, un juif extrêmement riche, non pas millionnaire mais vraiment milliardaire (on évaluait ses biens à deux ou trois milliards de dollars). Mais il menait une vie difficile, m’a raconté le tsaddik Rabbi Ezra Barzel, qui avait eu l’occasion d’être présent à la prière à la synagogue en même temps que ce riche. L’homme était constamment entouré de quatre gardes du corps armés, et pourquoi ? Parce qu’il avait perpétuellement peur pour sa vie, peur qu’on l’attaque pour hériter de son argent. « D. merci, me suis-je dit », raconte Rabbi Ezra, « combien je suis plus heureux que lui, je n’ai besoin de personne pour me protéger ! Je n’ai pas besoin de gardes du corps de tous les côtés. Grâce à lui, j’ai appris combien je suis heureux. Bref, les pauvres, ils ont une vie difficile. »

Que reste-t-il des milliards ?

Et à ce propos, quelle a été la fin de ce respectable riche ?

Il est mort dans la terreur de la mort. (Il est inutile de s’attarder sur les détails de l’histoire, mais on peut la raconter brièvement à cause de la leçon qui s’en dégage.) Un incendie a éclaté chez lui. On lui a parlé au téléphone dans la chambre où il se trouvait. Son épouse a aussi parlé avec lui au téléphone en lui demandant d’ouvrir la porte de sa chambre personnelle, « car le feu va bientôt arriver et tu risques d’être brûlé. » La police a aussi essayé de le convaincre par le téléphone intérieur de la maison de sortir rapidement. Mais il avait peur, il refusait de sortir de la pièce parce qu’il soupçonnait que les coups de téléphone affolés pourraient être une ruse de brigands qui obligeaient la famille à les donner, et peut-être même s’étaient-ils déguisés en policiers pour lui dire de sortir… et c’est ainsi qu’il a perdu la vie, il a été étouffé par la fumée et il est mort. Que restait-il de tous ses milliards ? Rien, rien, absolument rien. Ce qu’il avait effectivement donné à la tsedaka, D. merci, lui restait pour l’éternité. Et le reste ? Plusieurs tuteurs non-juifs sont venus et ont pris possession de la plus grande partie de son argent et de ses biens.

Le Maguid Rabbi Réouven a raconté en plusieurs occasions ce qu’il avait eu la chance d’entendre du gaon Rabbi Ya’akov Galinsky chelita. Dans sa jeunesse, celui-ci avait été incarcéré par les Bolcheviks, et s’était trouvé en prison avec un homme très riche. Un beau jour, un autre riche qui était lui aussi dans la prison a tout à coup ouvert la bouche pour dire au jeune Ya’akov Galinsky, avec des larmes ruisselant de ses yeux :

« Nous sommes ici dans une grande souffrance en prison chez les Bolchéviques, sache qu’il y a deux personnes au monde à qui je ne pardonne pas, je ne pardonne pas ! Ni dans ce monde ni dans le monde à venir !

– Qui cela ? – Le Rav de Kovno (le gaon auteur de « Devar Avraham »), et le Rav de Poniewitz », fut la réponse surprenante.

– Qu’est-ce qu’ils vous ont fait, qu’est-ce que vous racontez ! s’étonna le jeune homme. Quel mal vous ont fait ces rabbanim pour que vous parliez avec une telle rancœur ?

– Je vais te le raconter. Ils avaient l’habitude de venir chez moi demander de l’argent pour leur yéchivot. Et comment est-ce qu’ils entraient ? Comme quand on va chez un riche, ils demandaient qu’on les aide à sauver leurs yéchivot en parlant poliment et calmement. Et je leur donnais effectivement de l’argent, mais combien est-ce que je faisais sortir de ma poche ? Est-ce que c’étaient des sommes fabuleuses ? Je donnais des petits sous… une miette de ce qu’il y avait dans mes trésors. »

– Alors qu’est-ce que vous leur voulez ? dit le garçon en le regardant.

– Ce que je leur veux ? Pourquoi ne m’ont-ils pas obligé à donner plus ! Regarde ce qui se passe aujourd’hui avec mon argent : je suis ici en prison, les bolcheviks se sont emparés de mes biens, il n’en reste absolument rien, hélas !

– Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire, est-ce que c’était de leur faute ?

– Pourquoi est-ce qu’ils ne sont pas venus chez moi avec des revolvers en disant : « Donnez-nous l’argent, ou sinon ! » S’ils s’étaient conduits ainsi, au moins ils auraient sauvé mon argent de force en me le prenant, il en serait resté quelque chose, et il m’aurait au moins servi de défenseur dans le monde à venir… » Puis le riche éclata en amers sanglots.

Voilà à quoi ressemble celui qui mérite d’avoir le cœur brisé de voir de ses yeux qu’il ne reste rien de son argent. Vous entendez ? Il y a deux sortes de revolvers, l’un pour préserver la vie et l’argent, comme ceux qui entouraient ce riche à la synagogue, et l’autre pour le juif qui pleurait en prison en demandant pourquoi on n’était pas venu avec des revolvers pour lui prendre son argent pour la tsedaka.

C’est ce que nous disions : « Tout ce que Tu me donneras, j’en prélèverai le dixième pour Toi », le ma’asser est à moi, et tout le reste ? Ce n’est pas vraiment à moi ; la tsedaka, c’est ce qui me reste pour l’éternité.

GARDE TA LANGUE

Un proche ou un étranger

Sache de plus qu’il n’y a pas de différence dans l’interdiction de dire des médisances, que le locuteur soit un homme ou une femme, un proche ou un étranger. Et même s’il l’a entendu d’un autre, s’il dit des paroles négatives sur son père ou sa mère, et qu’il le révèle fût-ce pour défendre leur honneur, cela fait aussi partie de l’interdiction de la médisance.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Il a résisté à l’épreuve pendant soixante ans

« Ya’akov sortit de Beer Chéva et se dirigea vers ‘Haran. » (Béréchit 28, 10)

Voici une explication de ce verset que j’ai entendue au nom de notre maître Rabbi Yossef ‘Haïm Zonnenfeld, le Rav de Jérusalem. Il demande pourquoi le titre de « plus parfait des Patriarches » a été attribué à Ya’akov et non à notre père Avraham qui a pourtant été le seul à surmonter dix épreuves. Il répond que Ya’akov a dû faire face à une épreuve plus difficile que toutes celles affrontées par Avraham. Laquelle ? Celle d’avoir grandi avec Essav l’impie et d’avoir vécu à ses côtés pendant soixante-trois ans. Cette épreuve était quotidienne, permanente ! Elle était d’autant plus grande que leur père Yitz’hak, le tsaddik de la génération, aimait Essav, et cela pouvait lui laisser croire que le chemin de son frère était le bon. Mais malgré tout, Ya’akov ne s’est pas laissé dévoyer dans cette direction et s’est maintenu dans la voie de la vérité.

Dans le cas d’Avraham, les épreuves étaient ponctuelles : il lui suffisait de les surmonter une seule fois. Voilà pourquoi Ya’akov a été appelé « le plus parfait des patriarches ».

Ainsi, le Rav nous enseigne que Ya’akov a enduré une très grande épreuve en vivant si longtemps aux côtés d’Essav à Beer Chéva, mais ce n’était qu’un apprentissage pour pouvoir ensuite aller chez Lavan l’araméen sans se laisser influencer par sa conduite.

Le verset « Ya’akov sortit de Beer Chéva » nous dit par allusion : puisqu’il quittait Beer Chéva où il s’était habitué à ne pas se laisser influencer par Essav, alors « il se dirigea vers ‘Haran » ; le plus parfait des Patriarches était prêt à aller à ‘Haran chez Lavan l’araméen et à y fonder la famille qui engendrera la maison d’Israël.

A LA SOURCE

 « Il arriva dans un endroit où il dormit » (28, 11)

Le terme « vayifga’ » (traduit par « il arriva ») signifie ici « faire une prière. » Pourquoi le texte n’a-t-il pas dit tout simplement « il pria », plutôt que « vayifga’ » qui signifie généralement « porter atteinte » ?

Rabbi David de Lelow répond : la Torah veut nous enseigner que lorsque l’on prie et qu’on adresse ses requêtes à D., on doit adopter face au Créateur l’attitude d’un fils face à son père. Plus un enfant désire une certaine chose, plus il insistera auprès de son père pour l’obtenir, au point de véritablement déranger ce dernier, qui, voyant jusqu’où les supplications de son fils peuvent arriver, satisfera alors sa demande.

C’est de cette manière que nous, les bnei Israël, nous devons prier D. : avec une telle intensité et tant d’insistance que nous devenions comme un poids pour notre Père miséricordieux. Pour nous transmettre cet enseignement, la Torah a choisi d’utiliser le mot « vayifga’ » : porter atteinte.

« Je te servirai sept ans pour Ra’hel, ta plus jeune fille. » (29, 18)

« Sept ans » et non six, pour que Lavan ne cherche pas à lui donner le statut d’esclave hébreu pour qui la règle est : « il restera six années esclave et à la septième il sera remis en liberté gratuitement (…) Si son maître lui a donné une femme, laquelle lui ait enfanté des fils ou des filles, la femme, avec les enfants, appartiendront à son maître et lui se retirera seul. »

Ainsi, Rabbi Chalom HaCohen de Zarziss en Tunisie écrit dans son livre « Nahar Chalom » : Ya’akov craignait de proposer à Lavan de travailler pour lui durant six années, car celui-ci en aurait profité pour lui appliquer la règle de l’esclave hébreu. Or il voulait servir Lavan en échange de sa jeune fille Ra’hel. Il a donc demandé à le servir durant sept ans, sachant que Lavan n’aurait pas accepté une durée inférieure à six ans.

« Donne-moi des enfants, autrement j’en mourrai ! » (30, 2)

Dans son ouvrage « ‘Homat Anakh », le ‘Hida livre une explication magnifique de ce dialogue entre Ya’akov et Ra’hel :

Lorsque Ra’hel a vu qu’elle était stérile, elle a pensé que c’était dû à la transgression de l’interdiction d’épouser deux sœurs. C’est ce que signifie la phrase « Ra’hel envia sa sœur » : en réalité, les ‘kidouchim’ de Ra’hel avaient précédé ceux de sa sœur, et finalement dans les faits, les choses se sont inversées et Léa est devenue permise tandis que Rah’el serait devenue interdite.

Ra’hel a dit à Ya’akov « Donne-moi des enfants » : je t’ai fait confiance en pensant que tu te conduisais selon la halakha, mais je constate à présent que notre mariage est peut-être illégal. C’est pourquoi, prie pour que D. nous donne des enfants, et ainsi je saurai que notre union n’est entachée d’aucune faute.

Alors, « Ya’akov se fâcha contre Ra’hel » : car elle l’avait soupçonné d’avoir fauté en épousant deux sœurs. Il a dit « Suis-je à la place de D. ? », voulant signifier : « Est-ce que, D. préserve, je transgresserais un interdit divin ? Il va de soi que je me suis comporté selon la parole de Hachem ! »

« Ya’akov dit en les voyant » (32, 3)

L’auteur du « Ahavat ‘Haïm » trouve une allusion extraordianire dans la phrase « Ya’akov dit en les voyant (Vayomer Ya’akov Kaacher Raam) » : les initiales de ces mots forment le verbe « Vayakirem (il les a reconnus) ». Cela veut dire que Ya’akov a reconnu ces anges qui lui étaient apparus en rêve, qui montaient et descendaient sur l’échelle.

De plus, les lettres du mot « Raam » (Rech, Aleph, Mem) sont respectivement les initiales des prénoms des anges « Rephael », « Ouriel » et « Mikhael ».

De même, les lettres du nom de l’endroit (« Ma’hanayim ») sont les initiales des mots de la phrase « De ces soldats, Ya’akov a fait des anges (Méotam ‘Hayalim Natal Ya’akov Malakhim) ».

La lumière du Zohar

« Il eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel » (28, 12)

Rabbi Yitz’hak s’interroge : Ya’akov, le plus parfait des Patriarches, ne voit-il Hachem qu’en rêve ? Pourquoi dans ce lieu si saint, D. ne s’est-Il dévoilé à lui qu’à travers un songe ?

C’est parce qu’à ce moment, Ya’akov n’était pas marié, Yitz’hak son père étant encore en vie. Pourtant, même après son mariage, il est écrit : « Je suis apparu en rêve » ! En cette circonstance, c’était à cause du lieu et de plus, Yitz’hak était encore vivant. Mais une fois qu’il s’est installé en terre sainte avec les tribus, il est marqué tout simplement « D. est apparu à Ya’akov »

SUR LA VOIE DE NOS PERES

Le superflu entraîne de l’inquiétude

« S’Il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir » (28, 20)

Notre père Ya’akov a révélé à ses descendants la manière de servir D. : tout un chacun doit se satisfaire de ce que D. lui accorde et s’en réjouir, même s’il ne s’agit que de « pain à manger et de vêtements pour se couvrir ». Notre maître, auteur du ‘Hovot Halevavot explique et développe cette idée dans Chaar Habe’hina (chapitre 5). Il écrit : « car telle est la demande que les justes adressent à D. Ils ne souhaitent pas les choses superflues. Ils ne désirent que le nécessaire, les biens indispensables à la vie de l’homme. Nous savons bien que la soif de richesses est source de nombreux problèmes. C’est pourquoi toute personne craignant D. se doit d’être satisfaite de son sort, de se suffire de peu, de ne pas convoiter les choses luxueuses et d’être en état de joie à cause de sa crainte de D. »

On raconte qu’un philosophe, sage des nations, était très pauvre. Un jour, le roi lui a offert une importante somme d’argent et d’or afin de le sortir de sa misère.

Mais le lendemain matin de bonne heure, l’indigent s’est muni de sa nouvelle richesse et s’est rendu auprès du roi en déclarant : « Reprenez s’il-vous plaît le bien dont vous m’avez fait don. Je n’en veux pas. » Stupéfait, le roi s’est exclamé : « Mais…pourquoi rejetez-vous mon cadeau ? » Le philosophe a répondu :

« Sire, j’ai toujours mené une existence paisible et tranquille car je n’ai jamais été avide d’argent et je me suis toujours contenté de l’indispensable. Tout ce que je possédais me suffisait amplement et j’employais ma sagesse à expliquer et à percer la science de la création car ‘nombreuses sont les œuvres de D. !’ Mais hier, après avoir reçu votre présent, j’étais soucieux et préoccupé car je ne savais pas comment l’investir : acquérir un bien, le livrer à un homme de confiance, acheter un terrain… ? Je n’arrivais plus à trouver le sommeil et mon cœur était agité. J’ai été submergé par des flots de pensées et d’innombrables soucis. C’est pourquoi je ne peux m’engager dans ce chemin et je préfère vous rendre l’argent. »

Le gaon Rabbi Yerou’ham Levowitz rapporte dans son ouvrage « Da’at Torah » (parachat Beha’alotekha) que suite à ce dialogue, le philosophe a poursuivi son existence pauvre et misérable. Puis il ajoute : «  A chaque fois que les philosophes des nations ont goûté aux plaisirs de la sagesse, ils ont renoncé à tous les plaisirs de ce monde-ci et se sont séparés de tout ce qui perturbait leur vie de réflexion. Mais telle n’est pas la vision de notre sainte Torah : celle-ci ne prône pas l’ascétisme. »

En effet, nos Sages affirment (Kidouchin 30b) : « Aussi longtemps que cette compresse (la sainte Torah) reste sur ta blessure, mange ce que tu désires, bois ce que tu désires, baigne-toi indifféremment dans de l’eau chaude ou dans de l’eau froide, et tu n’as rien à craindre. »

Tout doit être fait dans la mesure et à petite dose, dans les normes de : « du pain à manger et des vêtements pour se couvrir. »

Heureux dans sa pauvreté

On raconte que Rabbi Ya’akov Arié de Radzimin vivait dans un extrême dénuement lorsqu’il était Rav à Ritchavel. Mais il était content de son sort. Il était si pauvre qu’il ne pouvait même pas s’acheter un chapeau et se couvrait la tête avec une feuille de chou, comme le faisaient les paysans les plus démunis.

Un jour, un de ses proches l’a rencontré. Il marchait serein et heureux, la tête couverte de cette feuille de chou. Intrigué, il lui a demandé :

« Le Rav de Ritchavel n’a-t-il pas honte de sa pauvreté ? »

Surpris par cette question, le Rav a répondu : « De quoi devrais-je avoir honte ? Je ne l’ai volée à personne… »

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Une double bénédiction

L’histoire suivante a été racontée par une certaine Madame Ohayon à Rabbi David ‘Hanania Pinto : sa mère avait eu plusieurs enfants qui mourraient en très bas âge. Lorsque son troisième fils est né, elle s’est rendue avec son époux sur la tombe de Rabbi ‘Haïm le grand pour prier et faire un vœu : si ce fils vivait, ils lui couperaient les cheveux près du tombeau de Rabbi ‘Haïm à l’occasion de ses trois ans et organiseraient un grand repas de remerciement.

Ce troisième fils a effectivement mérité de vivre, mais lorsqu’il a atteint l’âge de trois ans, les parents avaient déjà oublié la promesse faite auprès sur la tombe du tsaddik. Puis un matin, on frappa soudain à la porte. A l’entrée se tenait Rabbi ‘Haïm Pinto le petit. Il a demandé s’il était bien chez Mme Moyal et on lui a répondu que oui.

« Mon grand-père, a-t-il déclaré, Rabbi ‘Haïm Pinto, m’est apparu en rêve cette nuit et m’a demandé de venir ici car vous vous étiez engagés à couper les cheveux de votre fils près de sa tombe, ce que vous avez apparemment oublié. Il désire donc que vous veniez honorer ce vœu encore aujourd’hui. »

Puis le Rav a ajouté : « Ce fils vivra, il vivra », de manière répétitive.

Les membres de la famille se sont effectivement souvenus de leur promesse et se sont rendus sur le tombeau de Rabbi ‘Haïm le grand où ils ont effectué la ‘coupe de cheveux’ de l’enfant. Cet enfant a bénéficié de la bénédiction du tsaddik durant toute sa vie.

La force de la bénédiction de Rabbi ‘Haïm Pinto le grand et la bénédiction de Rabbi ‘Haïm le petit, qui avait dit ‘il vivra, il vivra’, ont eu effet un effet bénéfique sur ce troisième fils mais aussi sur tous les autres membres de la famille, puissent-ils tous vivre en bonne santé.

 

 
Table de matière
 

 

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