CHEMOT 14 JANVIER 2012 19 TEVET 5772 |
|
La promesse de la délivrance et l’importance de la prière
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Les bnei Israël gémirent du sein de l’esclavage et se lamentèrent. Leur plainte monta vers D. du sein de l'esclavage. D. entendit leurs soupirs et il se souvint de Son alliance avec Avraham, avec Yitz’hak, avec Ya’akov. » (Chemot 2, 23-24)
L’épisode de l’esclavage en Egypte avait été décrété par Hachem : Il avait promis aux Patriarches que le peuple d’Israël sortirait de quatre cents ans d’exil la main haute, le bras étendu et dans une grande richesse. C’est pourquoi je suis surpris : les bnei Israël n’auraient-ils pas été sauvés sans leur prière ? La sortie d’Egypte faisait pourtant partie de l’alliance conclue entre D. et les Patriarches ! La délivrance devait automatiquement suivre l’esclavage, sans dépendre d’une quelconque condition comme la prière, par exemple. S’il en est ainsi, pourquoi la Torah a-t-elle précisé que D. a entendu le gémissement et la plainte du peuple d’Israël et que seulement alors, Il a accepté de les sauver ? En réalité, le but même de la délivrance était de créer un lien entre le peuple d’Israël et son Créateur, lien sans lequel la libération n’aurait eu ni but ni sens. Comme nous le savons, la prière permet d’établir une communication entre une personne et son Créateur : en implorant Hachem, le peuple d’Israël a mérité d’être délivré en s’unissant à D. et en Lui appartenant. C’est la prière qui a fourni le contenu et la signification à leur libération. Sans cette supplication, ils n’auraient pas mérité de recevoir la Torah. Evidemment, du fait de l’alliance scellée entre D. et les Patriarches, les bnei Israël auraient été libérés même sans prière. Mais celle-ci a permis une délivrance parfaite, empreinte du sentiment que tout provient de Lui. C’est pourquoi la Torah a pris la peine d’évoquer la plainte du peuple d’Israël avant la libération.
Je connais plusieurs personnes que nous avons aidées à sortir de prison en priant et en suppliant D. à leur insu, mais qui pensent encore aujourd’hui que c’est le destin qui les a guidées vers la liberté, qui n’imaginent pas qui est réellement responsable de cette issue heureuse et ne se montrent donc pas reconnaissantes. Tel est l’objectif de la prière : en priant le Créateur et en déversant notre cœur devant Lui, nous devenons conscients qu’Il est la source de tout, et lorsque nous sommes débarrassés de nos soucis, nous rendons grâce à D. qui nous a aidés et délivrés de notre détresse. Ainsi en a-t-il été pour les bnei Israël : leur prière les a incités à remercier D. et à éprouver de la gratitude envers Lui, car ils ont été exaucés et sauvés de la main des Egyptiens. On rapporte dans la Guemara (Berakhot 10a) l’histoire du roi ‘Hizkiyaou : le prophète Yéchayah est venu lui annoncer que sa fin était proche, mais qu’il perdrait également sa part dans le monde futur car il ne s’était jamais marié, ayant ainsi négligé une mitsva de la Torah. Empli de désespoir, le roi a alors supplié Yéchayah de trouver un moyen de réparer son erreur. Mais le prophète a répliqué qu’il était déjà trop tard et qu’un décret de mort avait été issu à son encontre. Sentant qu’il était sur le point de mourir, ‘Hizkiyaou a demandé à Yéchayah de mettre fin à sa prophétie et de s’en aller. Puis il est monté sur son lit et ne ressentant rien de particulier dans les pieds (nous savons que la mort arrive d’abord à travers les pieds), il a crié vers Hachem et L’a imploré de lui accorder une chance supplémentaire et de prolonger son existence afin qu’il puisse se marier. D. lui a répondu en lui octroyant quinze années de vie supplémentaires afin de réparer sa conduite, constatant que la prière du roi ‘Hizkiyaou provenait des tréfonds de son cœur et émanait d’un sentiment sincère. En effet, même si un glaive aiguisé est posé sur le cou d’un homme, il ne doit pas s’abstenir d’implorer la miséricorde divine. Cette histoire semble difficile à comprendre : le prophète Yéchayah savait que tant que nous sommes en vie les erreurs sont réparables, et que le roi avait donc la possibilité de prier pour que D. annule le mauvais décret. Comme nous l’avons dit, même dans les moments les plus douloureux, nous ne devons cesser d’implorer la miséricorde divine. S’il en est ainsi, pourquoi a-t-il affirmé au roi qu’il était déjà trop tard et qu’il n’y avait plus de moyen de revenir en arrière ? Face au chagrin du roi, nous nous serions attendus au moins à ce qu’Yéchayah prie en sa faveur et ne le décourage pas a priori ! En réalité, la prière que nous faisons pour nous-mêmes n’est pas comparable à celle que d’autres peuvent faire en notre faveur. Yéchayah savait qu’à ce moment-là, une fois la mort de ‘Hizkiyaou décrétée, seule la prière du roi perçant du plus profond de son cœur, récitée dans toute sa puissance et avec de bonnes intentions, aurait le pouvoir de changer la situation. La prière du roi ‘Hizkiyaou aurait une influence beaucoup plus intense que celle du prophète Yéchayah, car la prière que l’on fait pour soi est la plus efficace.
‘Hizkiyaou a mérité que son expérience enseigne un nouveau principe au peuple d’Israël : nous ne devons pas nous abstenir d’implorer la miséricorde divine, quel que soit le moment ou la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Or le prophète Yéchayah n’a pas eu ce mérite car il avait usé d’un mauvais langage en disant : « Je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures » (Yéchayah 6, 5) : puisqu’il a mal parlé des bnei Israël et les a accusés, il n’a pas mérité que sa situation serve d’exemple pour les générations à venir. Ceci a été réservé au roi ‘Hizkiyaou qui, malgré l’épreuve qu’il traversait, ne s’est pas abstenu d’implorer la miséricorde divine et a supplié D. avec le peu de forces qui lui restaient. Je me souviens de mon père qui était constamment occupé à prier et à éveiller la miséricorde divine pour le peuple juif, la terre d’Israël et délivrance ultime. Je suis sûr que si quelqu’un ne méritait pas à lui seul de voir sa requête agréée, le mérite de la pure prière de mon père l’aidait et il pouvait être écouté et exaucé. En nous rendant chez un tsaddik, nous méritons la délivrance, du fait de sa prière et aussi parce que nous nous annulons en venant chez un homme juste.
LES HOMMES DE FOI
Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto
Une bénédiction jusqu’au bout
Monsieur Sami Gabaï de Casablanca tenait à venir tous les ans à la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège. En 5763, il se tenait devant la tombe en pleurant à chaudes larmes, parce qu’il était marié depuis longtemps et n’avait pas d’enfant.
Les fidèles, qui avaient senti sa grande douleur, lui donnèrent la bénédiction qu’il mériterait d’avoir un enfant et que l’année suivante, il viendrait à la hilloula en tant que père. L’année suivante, il arriva de nouveau à la hilloula comme à son habitude, et quand il sortit du cimetière il s’adressa à notre Maître chelita, qui l’accueillit aimablement et lui dit : « D. merci, vous avez une bonne nouvelle. La bénédiction que vous a donnée toute la communauté auprès de la tombe du tsaddik s’est réalisée. » Monsieur Sami le confirma, mais il demanda : « Pourquoi la bénédiction ne s’est-elle pas accomplie dans son intégralité ? J’aurais dû venir ici en tant que père, or ce n’est pas encore arrivé ! » Notre Maître chelita lui a répondu par une autre question : « Connaissez-vous la date hébraïque d’aujourd’hui ? – Oui, répondit-il, aujourd’hui nous sommes le Chabbat 25 Elloul. – Eh bien, qui sait, peut-être que votre femme est en train d’accoucher. Parce que si cette sainte communauté a prié à côté de la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto, sa prière doit se réaliser jusqu’au bout. » Entre temps, les prières de Chabbat continuèrent, puis séouda chelichit. Ses amis parlèrent avec lui de ce que lui avait dit le Rav, et lui dirent aussi « Mazal tov ». A la sortie du Chabbat, la joie grandit chez ceux qui étaient venus à la hilloula, à la nouvelle qui se répandit que la femme de Sami avait accouché d’un fils, exactement à 3 heures de l’après-midi, qui était le moment où tous ses amis lui avaient dit « Mazal tov ». Ce fut un très grand kidouch Hachem, car il s’agissait de juifs simples, apparemment, dont la bénédiction à côté de la tombe du tsaddik s’était réalisée et avait opéré des miracles
LES PAROLES DES SAGES
Un souvenir dupliqué
« Un ange de D. lui apparut dans une flamme de feu du milieu du buisson. Et voici que le buisson était en feu mais ne se consumait point. » (Chemot 3, 2)
Encore des milliers d’années après que D. S’est révélé à celui qui a fait sortir d’Egypte les bnei Israël, nombre de touristes affluent et retournent vers cet endroit extraordinaire où le buisson était en feu, vers cette montagne de D. où la Torah a été octroyée au peuple juif quelques temps plus tard et qui a fait descendre la haine des nations du monde envers Israël. L’attrait vers le mont Sinaï est devenu, ces dernières années, un phénomène. Des milliers de gens se déplacent pour grimper vers la chaîne de montagne du Sinaï afin de contempler une des trouvailles les plus intéressantes : un fait extraordinaire remarqué dans les pierres de la montagne que les chercheurs nomment « Djabel Moussa », la «montagne de Moché ».
Sur toutes les pierres extraites de cette montagne, quelle que soit leur taille, est gravée une image du buisson. Selon les Richonim, il s’agit d’un dessin divin. En effet, même si l’on brise et disloque la pierre en morceaux plus petits, la gravure apparaît à nouveau intégralement sur chaque partie !
Voici ce qu’a écrit Rabbi Chem Tov Haafoudi, commentateur du « Guide des Egarés » du Rambam :
« On a repéré le dessin du buisson sur les pierres du mont Sinaï. Cette montagne a donc été appelée ‘Sinaï’ du nom du buisson (sné) (comme il est écrit dans Pirkei DeRabbi Eliezer Chapitre 41) dans lequel D. S’est dévoilé à Moché. Un notable de Barcelone, de la famille ‘Hasdaï, a rapporté une de ces pierres et j’y ai vu le buisson gravé avec une grande exactitude, et cette gravure était manifestement divine. J’ai cassé la pierre en deux et le buisson était visible sur chaque moitié. Puis j’ai à nouveau brisé la moitié en deux et l’image du buisson était apparente sur chaque partie à l’intérieur et ainsi de suite, j’ai continué jusqu’à obtenir des morceaux de la taille d’une pistache, et l’on distinguait toujours le même dessin. J’en ai été émerveillé et je m’en suis beaucoup réjoui. »
Plus tard on a trouvé des preuves confirmant ce phénomène, dans l’ouvrage « Arvei Na’hal » de Rabbi Chelomo Eibeschütz sur la parachat Chemot.
Il écrit : « On a découvert que la forme du buisson apparaît sur toutes les pierres du mont Sinaï. On a également constaté quelque chose d’extraordinaire : si l’on casse l’une de ces pierres en deux, chaque morceau comporte la même gravure, mais plus petite que dans la première pierre. Si on la brise en dix mille morceaux, le même dessin se trouvera en plus petit sur chaque partie, selon la taille du morceau. Mais l’image sera toujours entière. Il s’avère donc que le buisson appartient à la montagne du Sinaï. » Cette découverte a également été vérifiée scientifiquement à l’Institut de Géologie de Jérusalem. Les chercheurs de cet établissement ont examiné l’extraordinaire pierre du Sinaï : ils ont moulu des extraits de rocher afin de voir si le phénomène se vérifiait aussi sur les parties les plus infimes, et les résultats ont été encore plus surprenants. Stupéfaits, ils ont constaté que ces images d’origine divine étaient présentes même sur des pierres d’une surface de 2000 micromètres (un micromètre est un millième de millimètre). En l’agrandissant six cents fois au microscope, on distinguait clairement la forme du buisson avec ses nombreuses tiges.
Plus profondément, on peut établir un parallèle entre la gravure du buisson sur toutes les parties des pierres, et l’éternité du peuple d’Israël : durant toutes les générations nous avons subi des expulsions, des exils, des pogroms, sans oublier la terrible Shoah. Mais même peu nombreux, nous sommes restés ces juifs entiers et emplis de la crainte de D. Des familles ont été anéanties, des communautés détruites, mais les rescapés ont conservé la même perfection qu’auparavant dans la pratique des mitsvot. Tel est le secret du peuple éternel.
La mémoire de la révélation du Sinaï
Pour des juifs croyants, cette fabuleuse découverte intensifie peut-être ce que disent nos Sages sur le lien entre la discussion qui a eu lieu au buisson où D. S’est dévoilé au mont Sinaï, et notre maître Moché. Voici ce qu’écrit le saint kabbaliste Rabbi Natan Neta Schapira dans son livre « Mégalé ‘Amoukot », où il évoque de nombreuses allusions sur le sujet, la plus simple d’entre elles étant que la valeur numérique du mot « Sinaï » est cent-vingt, tout comme le nombre d’années de la vie de Moché.
Mais en réalité, ces dernières années cette découverte a permis de renforcer la mitsva positive de la Torah consistant à se souvenir de la révélation du Sinaï, comme il est mentionné dans les livres des Richonim. Citons par exemple la remarque du « Maguen Avraham », rapportant au nom des écrits du Ari que l’intention requise en récitant le verset « Tu nous as choisis parmi tout peuple et langue » (bénédiction « Ahavat ‘Olam » dans la lecture du Chéma à Cha’harit) est de se rappeler la révélation du Sinaï et le don de la Torah. Ainsi nous pouvons accomplir cette précieuse mitsva, qui compte parmi les six choses dont nous devons nous souvenir chaque jour.
Récemment, lorsque le sujet a pris de l’ampleur et que de nombreuses pierres ont été transférées du Sinaï vers Israël afin que tous puissent perpétuer la mémoire de la révélation du Sinaï, la force de l’adversaire est soudain apparue : à la frontière de Taba, dans le Sinaï, les Egyptiens ont confisqué de grandes quantités de pierres extraites du « Djabel Moussa » bien que, légalement, ce territoire soit international. Quoi qu’il en soit, la simple connaissance de l’existence de cette image divine va certainement intensifier en nous, chaque jour, le souvenir de la révélation du Sinaï et du don de la Torah.
GARDE TA LANGUE
Louer quelqu’un en public
Quand on raconte à son ami comment quelqu’un a été interrogé sur lui, a répondu : Taisez-vous, je ne veux pas dire ce qui s’est passé, ou ce qui va se passer, ou quoi que ce soit de ce genre, et que dans ce récit on laisse entendre que les paroles de cette personne constituent une allusion péjorative envers l’ami en question, cela fait partie de la « poussière de lachon hara ». De même, faire l’éloge de son prochain en présence d’un ami, de manière à éveiller en ce dernier de l’animosité qui l’inciterait à causer du tort à la personne concernée constitue de la « poussière de médisance ».
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
« Bitya » est composé des mêmes lettres que « Téva (berceau) »
« Or, la fille de Par’o descendit, pour se baigner, vers le fleuve, ses compagnes la suivant sur la rive. Elle aperçut le berceau parmi les roseaux et envoya sa servante qui alla le prendre. » (2, 5)
Nos Sages ont affirmé (Meguila 13a) que la fille de Par’o se nommait Bitya. Ils l’ont déduit du verset (I Divrei Hayamim 4, 18) « Sa femme, la Judéenne, enfanta Yéred, père de Ghedor, ‘Héver, père de Sokho, Yekoutiël, père de Zanoa’h. Ceux-là furent les enfants de Bitya, fille de Par’o. » Tous ces noms sont interprétés comme désignant Moché, fils de Yokheved nommée la Judéenne et élevé par Bitya (la Guemara s’étend longuement là-dessus). Nos Sages (Vayikra Rabba 1, 3) commentent sur ce verset : « Rabbi Yéhochoua De Sakhnin rapporte au nom de Rabbi Lévy que D. a dit à Bitya fille de Par’o : « Tu as considéré Moché comme ton fils alors qu’il ne l’était pas, de même Je t’appellerai ‘Ma fille’ même si tu ne l’es pas », comme il est dit « Voici les enfants de Bitya (littéralement, fille de D.) ». »
D’autre part, j’ai constaté que le prénom « Bitya » est composé des mêmes lettres que le mot « téva (berceau) », ce qui évoque le berceau dans lequel se trouvait Moché et que Bitya a pris pour sauver l’enfant. Elle a mérité de porter ce nom car elle s’est sacrifiée pour agir si noblement. En effet elle était la fille de Par’o, qui avait décrété la mort de tous les nouveaux-nés garçons, et elle-même ne s’est pas pliée à l’ordre de son père. Or si ce dernier l’avait appris, il l’aurait immédiatement tuée.
Elle également été nommée ainsi parce que par miracle, sa main s’était allongée démesurément de plusieurs coudées pour qu’elle puisse atteindre le berceau.
Il y a lieu d’insister sur la grandeur de ce miracle : Par’o n’a pas su que cet enfant aurait dû, selon son décret, être jeté au Nil, alors qu’il grandissait dans son propre palais ! De plus, le nom même de Moché témoignait de son origine : il avait été appelé « Moché » car Bitya a dit « je l’ai retiré (méchitihou) des eaux. » Malgré tout, Par’o ne s’est pas imaginé qui pouvait être cet enfant et ce qu’il représentait.
A LA SOURCE
« Eh bien ! Usons d’expédients contre elle. » (1, 10)
Hormis le sens simple du texte, les érudits du moussar ont expliqué que nous devons nous pencher sur les manières d’agir du mauvais penchant et user d’expédients contre lui, selon le verset « Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis. »
Le Ben Ich ‘Haï nous livre une jolie parabole à ce sujet :
Un marin voulait transporter en bateau une cargaison de chapeaux qui se trouvait sur le bord de mer. Il a alors mis un chapeau et immédiatement tous les singes sont descendus des arbres et s’en sont emparés pour « se coiffer » également avec.
En colère, le matelot a jeté des pierres contre les singes qui, à leur tour, lui ont lancé des fruits de l’arbre. Alors le marin a compris que les singes cherchaient simplement à l’imiter et non à lui voler ses biens.
Avec sagesse, notre ami a donc jeté son chapeau à terre : le voyant faire, les singes ont également lancé leurs chapeaux et il s’est empressé de les charger sur le bateau.
Il en est de même quant à la persévérance contre le mauvais penchant : si nous ne nous rapprochons pas de lui, il s’éloignera de nous…
« Or, Moché faisait paître les brebis d’Yitro » (3, 1)
Le Zohar rapporte au nom de Rabbi Tan’houm qu’Yitro était un idolâtre. Mais puisqu’il avait usé de bonté envers Moché, celui-ci faisait paître son troupeau en bonne et due forme, dans un pâturage bon et gras.
Dans son livre « Me’il Tsedaka », Rabbi Eliahou Hacohen d’Izmir s’étonne, étant donné que nos Sages avaient déjà expliqué le verset « Les bergers survinrent et les repoussèrent » en disant : « car leur père s’était détourné de l’idolâtrie. »
Il répond qu’en réalité, Moché ne savait pas qu’Yitro s’était détourné des chemins de l’idolâtrie, mais il s’occupait malgré tout de son troupeau car ce dernier avait fait preuve de bonté à son égard.
Le Rav en déduit : « Nous apprenons de là la force du ‘hessed : nous devons nous éloigner de l’ingratitude, même vis-à-vis d’un idolâtre, et agir avec bienveillance envers lui. »
« Je ne suis habile à parler, ni depuis hier, ni depuis avant-hier, ni depuis que Tu parles à Ton serviteur, car j’ai la bouche pesante et la langue embarrassée. » (4, 10)
Dans son commentaire sur la Torah, le Rachbam réfute l’explication courante et acceptée, rapportée par de nombreux Richonim, selon laquelle Moché bégayait. Il insiste : « Est-il possible qu’un prophète à qui Hachem S’est adressé face à face et qui a reçu la Torah en mains propres, ait bégayé ? »
Selon le Rachbam, l’expression « j’ai la bouche pesante et la langue embarrassée » signifie « Je ne suis pas expert dans la diction de la langue égyptienne car j’ai fui cet endroit dans ma jeunesse et je suis à présent âgé de quatre-vingts ans. »
Le Rav s’appuie sur les paroles du prophète Ye’hezkel : « Ce n’est pas vers un peuple au langage obscur et à la langue lourde que tu es envoyé, mais vers la maison d’Israël » qui signifient certainement que quiconque n’est pas versé dans le langage de la royauté est appelé « un homme à la langue lourde. »
La lumière du Zohar
« Elle l’ouvrit, elle y vit l’enfant : c’était un garçon vagissant. Elle eut pitié de lui. » (2, 6)
Rabbi Yéhouda a dit que toutes les choses de ce monde dépendent du repentir et des prières que nous adressons à D. A fortiori, aucune porte ne reste fermée face aux larmes qu’une personne verse en priant Hachem, comme il est dit « Elle l’ouvrit, elle y vit l’enfant : c’était un garçon vagissant. »
« Elle l’ouvrit » : il s’agit de la présence divine, qui est pour Israël ce qu’une mère est pour ses enfants et qui se positionne en faveur d’Israël. Puisqu’elle a ouvert ses portes, « elle y vit l’enfant », qui représente le peuple d’Israël, nommé « enfant choyé ». En effet, les bnei Israël fautent devant leur Maître puis se repentent en suppliant et en implorant Hachem tel un fils qui pleure devant son père. Dès lors, tous les mauvais décrets du monde disparaissent, comme il est dit « Elle eut pitié de lui » : l’attribut de miséricorde s’est éveillé et elle a eu pitié de lui.
SUR LA VOIE DE NOS PERES
Pour faire vivre un peuple nombreux
« Les sages-femmes craignirent D. et ne firent pas ce que le roi d’Egypte leur avait dit, elles firent vivre les enfants. » (1, 17)
Les Sages ont expliqué dans le traité Sota (11b) : « Elles ne se sont pas contentées de ne pas les faire mourir, mais elles ont même aidé à les faire vivre. Elles leur donnaient de l’eau et de la nourriture. » Et voici ce que dit le Midrach Rabba : « Est-ce que, comme elles n’avaient pas fait ce qu’il leur avait dit, nous ne savons-pas qu’elles ont fait vivre les enfants ? Pourquoi le verset doit-il encore le préciser ?
C’est qu’il y a ici un compliment à l’intérieur d’un compliment. Elles ne se sont pas contentées de ne pas faire ce qu’il avait dit, mais en plus elles ont prodigué leurs bienfaits aux enfants et à leurs mères. Certaines étaient pauvres, et les sages-femmes allaient ramasser pour elles de l’eau et de la nourriture dans les maisons des riches pour aller les donner aux pauvres, qui pouvaient alors faire vivre leurs enfants, c’est pourquoi il est écrit « elles firent vivre les enfants ». »
Au cours de la génération précédente, Hachem a accordé au monde de la Torah un ange qui a travaillé comme représentant des rescapés de l’Holocauste, et a fait énormément pour susciter des générations de bnei Torah craignant D. Cet ange bien connu était Rabbi Yossef Chelomo Kanheman zatsal, plus connu sous le surnom « le Rav de Poniewitz ». Encore avant d’ériger la yéchivat Poniewitz à Bnei Brak, il a fondé la grande institution « Batei Avot », qui était destinée à accueillir des centaines et des milliers d’orphelins de l’Holocauste qui avaient été amenés en Israël. Le Rav avait investi dans cette institution le meilleur de son cœur et de son âme.
C’était pour lui un immense sacrifice. Imaginez cela : Un Roch Yéchivah célèbre décide tout à coup, dans les années de sa vieillesse, de s’abaisser à assurer l’éducation de petits garçons abandonnés, et d’en porter à lui seul tout le poids et toute la fatigue, prendre dans ses bras et caresser chaque petit comme une mère qui caresse son fils unique. En fait, il savait parfaitement que c’était cela que Hachem exigeait de lui à ce moment-là. Le gaon Rabbi Chemouël Rozovsky zatsal a dit un jour qui quiconque était témoin du rapport merveilleux du Rav de Poniewitz avec les enfants de « Batei Avot » voyait immédiatement qu’il n’était pas seulement le père de l’institution de façon générale, mais était aussi en particulier le père de chaque enfant. Quand quelqu’un lui demanda avec curiosité : « Que pensez-vous faire des enfants réfugiés, puisque étant donné les circonstances cruelles dans lesquelles ils ont grandi, ils ont très peu de chances de faire de la Torah leur occupation principale ? »
Le Rav Kanheman répondit : « Avez-vous jamais vu un père qui projette à l’avance ce qu’il « vaut la peine » de faire de ses enfants ? Est-ce que ce n’est pas le rôle d’un père aimant et dévoué, qui connaît la nature individuelle de chacun de ses enfants, de les diriger en fonction de leurs aptitudes, et de s’efforcer de l’éduquer en fonction de ce qu’il estime être le meilleur pour cet enfant particulier, et non pour lui-même ? »
Il avait ajouté avec l’humilité qui le caractérisait : « Ne sont-ils pas tous mes enfants ? »
Et à la question de son fils, Rabbi Avraham Kanheman chelita, sur la raison pour laquelle il consacrait toute son extraordinaire énergie pour les orphelins, alors qu’il disait sans cesse que le but de sa vie était de construire une yéchivah, il avait répondu brièvement : « Les Sages nous ont enseigné dans la Guemara (Sota 14) que « le commencement de la Torah est le ‘hessed », par conséquent c’est la bonne voie à suivre quand on veut construire la Torah…
Une chaîne de mitsvot
Dans la pièce où étudiait Rabbi ‘Haïm de Zanz zatsal, un indigent s’installa pour lui montrer ses chaussures déchirées. La saison des pluies approchait et il n’avait pas de quoi acheter des chaussures.
A ce moment-là, comme il est raconté dans le livre « BeOholei Tsaddikim », le grand fils de Rabbi ‘Haïm, Rabbi Yé’hezkel de Schinowa zatsal rentra dans la maison. Son père s’adressa à lui et lui dit : « Mon fils, je voudrais connaître la pointure de cet homme. Je te demande donc d’enlever tes bottes pour qu’il puisse les essayer et nous dire s’il a besoin de bottes plus grandes ou plus petites. »
Rabbi Yé’hezkel obéit à son père et enleva ses bottes. Le pauvre les essaya, et dit : « Rabbi, elles me vont exactement ! » Rabbi ‘Haïm en fut très heureux, et dit à son fils : « Tu as mérité une grande mitsva, mon fils ! Mais tu ne peux pas rester pieds nus, rentre donc dans mon lit en attendant… »
Le pauvre s’en alla, et voilà qu’un riche de ses ‘hassidim rentra dans la maison et fut effrayé de voir le fils du Rabbi couché en plein milieu du jour. Il s’approcha de lui et lui demanda s’il était malade. « Certainement pas, répondit Rabbi ‘Haïm de sa place, mais il n’a pas de bottes, et il ne peut pas marcher pieds nus ! » Le riche sortit immédiatement de l’argent de sa poche et envoya acheter une paire de bottes. Très content, Rabbi ‘Haïm dit : « Ha ! Une mitsva en entraîne une autre, toute une série de juifs viennent de former une chaîne de mitsvot ! »