La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

paracha de la semaine

TETSAVEH

3 MARS 2012

9 ADAR 5772

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

18:18

19:26

LYON

18:11

19:16

Marseille

18:11

19:14

     

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

La force de pureté face à celle d’impureté

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« L’un des agneaux tu l’offriras le matin et tu offriras le second vers le soir » (Chemot 29, 39)

Rabbi Yossef H’aïm, le Ben Ich H’aï, nous livre le sens des holocaustes quotidiens : celui du matin expiait les fautes de la nuit et celui de l’après-midi expiait les transgressions du matin. Le sacrifice quotidien étant acheté avec l’argent du public, il avait le pouvoir d’expier les fautes du peuple dans son intégralité. Le Ben Ich H’aï ajoute que le terme « Olat » (holocauste) est proche du mot « Tolé’a » (ver de terre) : il existe des anges mauvais qui proviennent des forces du mal et ressemblent à un ver qui aime dévorer et grignoter tout ce qui se présente à lui. En offrant le sacrifice quotidien, nous affaiblissons ces anges et nous les empêchons de nous atteindre et de nous détruire.

D. les a créés l’un en contrepartie de l’autre : de même qu’il existe un ange de châtiment nommé « Tolé’a », il y a un ange de pureté également nommé « Tolé’a », dont l’objectif est de diminuer les forces du mauvais ver pour l’empêcher de concrétiser ses mauvaises intentions. D’où le bon ver puise-t-il sa force pour contrer le mauvais ver ? Du sacrifice des holocaustes quotidiens du matin et de l’après-midi offerts par le peuple. C’est par le mérite de l’offrande de ce sacrifice que le bon ver obtient la capacité d’annuler les forces de son adversaire. C’est dans cette optique que D. S’est tourné vers Ya’akov pour lui dire « N’aie crainte, ver (tola’at) de Ya’akov » (Isaïe 41,14), verset qui signifie : « N’aie crainte du ver des forces de l’impureté, car chez toi aussi il existe un ver capable d’anéantir tes ennemis. »

Cependant, une question se pose : Comment les nations du monde ont-elles réussi à détruire la terre d’Israël ? La question est d’autant plus pertinente qu’à Jérusalem vivaient d’éminents sages, dotés d’esprit prophétique et dont la hauteur peu commune était incommensurable. Ces mêmes sages faisaient prêter serment aux anges du service de combattre la force destructrice et d’empêcher les peuples de détruire la terre d’Israël. Ainsi, comment cela a-t-il pu se produire ? Cette question a été posée par les Sages et les prophètes sans qu’ils puissent y répondre, jusqu’à ce que D. dans toute Sa gloire vienne répondre : « Parce qu’ils ont abandonné Ma Torah » (Nedarim 81a), en d’autres termes « ils ont arrêté d’apporter en sacrifice l’holocauste quotidien. » Puisque ce sacrifice venait expier les fautes du jour et de la nuit, ils se sont retrouvés sans protection. Le peuple d’Israël pouvait surpasser ses ennemis uniquement lorsqu’il offrait l’holocauste quotidien, symbole de l’élévation et du dépassement, qui octroyait alors de la force au ver de sainteté. Il est nécessaire qu’il y ait dans le concept de l’holocauste quotidien une élévation quotidienne. Ainsi, lorsque le peuple d’Israël a cessé d’offrir ce sacrifice quotidien, le ver de sainteté n’a plus eu la force de surpasser l’écorce d’impureté, et par conséquent les peuples ont pu détruire Jérusalem.

Eveil au repentir

C’est le jour du 17 Tamouz que le peuple d’Israël a cessé d’offrir le sacrifice quotidien, car il ne leur restait plus d’agneaux, comme il est expliqué dans le traité Ta’anit (26b). Cependant, au lieu de se soucier du manque d’agneaux et d’analyser leur situation, ils sont restés passifs et n’ont pas perçu le signe divin les appelant à réparer leurs actes. Expliquons ceci par une parabole : Lorsqu’une mère s’aperçoit que son jeune fils ne grandit pas et ne se développe normalement, qu’il tend à dormir bien au-delà des heures conventionnelles ou qu’il ne mange pas correctement etc., elle craint automatiquement l’existence d’un dysfonctionnement chez son fils et elle consulte des médecins pour dévoiler la source du problème. De même, lorsque quelqu’un sent qu’il ne s’élève pas spirituellement, ou au contraire piétine et même chute un tant soit peu de son niveau, il est de son devoir de s’en inquiéter et de ne pas se tranquilliser avant d’avoir trouvé une solution à son problème.

C’est pour cela que D. a créé l’homme de sorte que ses cheveux blanchissent en vieillissant. De même, le visage de l’homme ne demeure pas lisse et beau comme au temps de sa jeunesse. Quelle en est la raison ? D. aurait très bien pu créer un état de fait où l’homme quitterait le monde beau et en pleine forme comme au temps de sa jeunesse. Pourquoi devenons-nous vieux et faibles au seuil de la mort ? En réalité, les signes de vieillesse viennent nous rappeler que la vigueur n’est pas éternelle, que nos années de vie sur terre sont comptées et que viendra le jour de quitter le monde et d’être enterré. Il incombe à chacun de nous d’en être conscient et donc de consacrer notre vie à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des mitsvot, car viendra le jour où l’occasion de nous élever spirituellement nous sera retirée et nous serons jugés sur nos actes sans possibilité de les réparer. Ainsi, le peuple d’Israël aurait dû se réveiller et s’interroger sur son impossibilité d’offrir le sacrifice quotidien. En effet, l’absence de menu bétail pour l’offrande du sacrifice témoignait d’un manque vis-à-vis de la Torah, que les bnei Israël n’accomplissaient pas dans son intégralité. Mais comme le peuple d’Israël est resté indifférent et n’a pas cherché de source pour soutenir le ver de sainteté, les forces du mal ont vaincu et Jérusalem a été anéantie.

De nos jours, alors que le Temple est détruit et qu’il nous est impossible d’offrir l’holocauste quotidien, il nous faut nous élever dans la sainte Torah, examiner et analyser nos actes dans le but de les améliorer, et veiller à être dans un état d’élévation permanente. En agissant ainsi, nous transmettons une double force et puissance à la pureté face aux forces de l’impureté. Par allusion, on peut ajouter que le sacrifice quotidien (korban tamid) touche à la notion d’annulation continuelle (temidi) : l’homme s’amoindrit et s’annule face à la Torah. Le mot « Tolé’a » vient, quant à lui, de la même racine que le terme « hit’alout », qui signifie « élévation ». Il y a donc une élévation de sainteté et une élévation d’impureté : en se soumettant, l’homme entraîne l’élévation de sainteté.

HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

Charité par les actes et par l’argent

Rabbi Nissim Abitsrour a raconté à notre maître et Rav chelita que son ancêtre Rabbi ‘Haïm Pinto l’avait souvent convoqué pour aller ramasser de l’argent auprès des habitants de la ville afin de le distribuer ensuite aux nécessiteux. Peu de gens ont eu la chance d’accompagner Rabbi ‘Haïm dans cette récolte d’argent, tant le mérite était grand. Rabbi Nissim en a bénéficié.

Tous les vendredis, Rabbi ‘Haïm sortait pour récolter de la nourriture.

Ce jour-là il ne ramassait pas d’argent, car il savait qu’il était tard et que les pauvres n’auraient pas le temps de l’utiliser pour les achats nécessaires au Chabbat. C’est pourquoi il avait coutume, le vendredi, de ne prendre des gens que des produits alimentaires. Ainsi, il pouvait les redistribuer directement aux pauvres pour subvenir à leurs besoins pendant Chabbat. Par contre, pendant la semaine il récoltait de l’argent et le donnait en tsedaka.

Lorsque Rabbi ‘Haïm se rendait chez les gens pour récolter des denrées alimentaires, il leur parlait avec prophétie et savait dire aux femmes les quantités qu’elles avaient cuisiné le jour même et quelle serait la quantité consommée pendant la semaine, de sorte que le superflu pouvait être donné à la tsedaka.

Rabbi Nissim Abitsrour s’étonnait souvent de la chose : Des hommes dont l’esprit est entièrement dévoué à la Torah, aux commandements, à la sainteté et à la pureté, abandonnent tout et se sacrifient pour le prochain. Telle était la grandeur de Rabbi ‘Haïm.

Au lieu d’étudier la Torah, il se rabaissait et faisait du porte à porte pour récolter de la nourriture pour les pauvres et les nécessiteux.

HISTOIRE VECUE

Consacré à D.

« … et sur laquelle tu graveras comme sur un sceau : ‘Consacré à Hachem’ » (Chemot 28,36)

Le Gaon notre maître Rabbi David Louria, plus connu sous l’appellation de RaDal, est considéré comme l’un des maîtres spirituels les plus saillants d’Israël, dans la génération qui a suivi le Gaon Rabbi Eliahou de Vilna. Rabbi David était un sage accompli, et aucun secret ne lui était méconnu. Il était compétent dans tous les domaines de la Torah : il n’y a pas un sujet ou une notion qu’il n’avait pas traité, et ceci avec une profonde compréhension et une large étendue de connaissances. Ainsi, nous lui trouvons des écrits portant sur les racines du langage sacré, sur les midrachim, sur les Tossefot, sur le Talmud de Babylonie et de Jérusalem, sur le Zohar ainsi que sur d’autres parties de la kabbala.

Son puissant désir d’érudition en Torah ne connaissait pas de limites. On ne peut décrire l’immensité de sa joie lorsqu’un nouveau manuscrit provenant de l’un des Richonim parvenait entre ses mains. Lorsqu’il a mérité de voir pour la première fois l’édition des ‘petits traités’ basée sur un ancien manuscrit, il a récité la bénédiction « Chéé’hiyanou » avec une sainte félicité, puis il s’est immédiatement installé pour composer un joli commentaire. Dans cette même démarche, il a dépensé de grosses sommes pour délivrer des manuscrits de la main des Chrétiens et de leurs bibliothèques, afin de les éditer au profit du grand public. Ses amis qui voyageaient vers des contrées lointaines étaient munis de sommes astronomiques pour qu’ils n’hésitent pas à acquérir les manuscrits de nos maîtres les Richonim, quel que soit le prix proposé.

Il était caractérisé par son assiduité dans l’étude de la Torah. C’est cette qualité qui lui a permis d’obtenir cette immense étendue de connaissances dont il a été gratifié. La grande majorité des histoires parle de cette qualité.

Durant toute sa vie il a été atteint d’une grave maladie des poumons, mais il s’adonnait malgré tout à l’étude de la Torah jour et nuit. Aussi, comme les autres maîtres spirituels, il avait l’habitude de plonger ses pieds dans une bassine d’eau froide pendant les nuits glaciales d’hiver pour ne pas s’endormir.

Pendant la journée, nous ont raconté ses élèves, il dormait un cinquième d’heure et la nuit, il dormait quelques heures au début du premier tiers de la nuit. Puis il se levait, récitait le Tikoun ‘Hatsot et retournait à son étude. Le Radal faisait partie des notables de sa génération et avait donc été convié à d’innombrables réunions entre hommes d’affaires et Rabbanim pour discuter des besoins de l’assemblée. Lors d’une de ces réunions, les participants ont remarqué qu’il s’était soudainement levé, s’était écarté des personnes assises et s’était isolé dans un coin. Au bout d’un certain temps, il s’était approché d’un pas vif vers la place de l’un de ses élèves, lui avait chuchoté quelques mots à l’oreille et s’était de nouveau joint à la discussion.

Le disciple a plus tard fait part de ce qui s’était passé : son maître s’était approché de lui car à ce moment précis, il avait trouvé une explication sur un sujet d’étude de Kiddouchin (6a) traitant des langages de Kiddouchin. A cet instant lui était venue l’idée d’expliquer le sujet d’après la kabbala, et il s’était empressé de la partager avec son élève.

A la fin de sa vie, les Maskilim l’ont dénoncé aux autorités. Pour parfaire leurs médisances, ils ont falsifié un certain nombre d’écrits en son nom ainsi que des passages de son commentaire sur Pirkei DeRabbi Eliezer, où il aurait soi-disant incité à la révolte contre le gouvernement du Tsar de Russie.

Le Radal a été condamné à l’emprisonnement. Il est resté plus de cent jours dans la prison de la citadelle de Chliselbourg, jours qu’il a entièrement consacrés à l’étude de la Torah. Puis son innocence a éclaté au grand jour : les juges non-juifs ont été convaincus de la pureté de ses intentions, l’ont libéré et renvoyé chez lui sur le compte de l’Etat. De grands honneurs lui ont été octroyés sur la route. Lorsqu’on le questionnait sur les conditions de son emprisonnement, il répondait qu’il s’était engagé à n’en parler à personne tant qu’il n’aurait pas terminé quarante fois l’étude du Alfassi, à ajouter aux soixante fois qu’il l’avait déjà étudié en prison. Quatre mois supplémentaires ont donc été consacrés à atteindre cet objectif.

Le récit suivant, qui nous en apprend davantage sur la qualité d’assiduité déjà ancrée en lui dès son plus jeune âge, nous a été racontée par lui-même et nous montre en particulier la bonté du Créateur qui s’est dévoilée à lui dans ce cas précis.

Le Radal était alors âgé de neuf ans. Un jour, le Duc de la ville est venu rendre visite à son père, lui-même Gaon. Le Duc est venu, accompagné d’un enseignant diplômé amené spécialement de France pour être percepteur de ses enfants. La renommée de l’enfant prodige était arrivée jusqu’aux oreilles du Duc, c’est pourquoi il s’était rendu chez le Rav avec le professeur, afin de s’émerveiller de ses connaissances.

Le jeune enfant a impressionné par ses réponses dans les domaines du calcul et de l’ingénierie. Le Duc, dans sa largesse, a annoncé au Rav qu’il accordait à son fils le mérite de venir étudier chaque jour de la bouche du professeur particulier, en compagnie de ses enfants.

Le Duc a donc fixé avec le père du Radal un arrangement permanent : chaque après-midi, l’enfant viendrait au palais du Duc pour apprendre les langues étrangères et d’autres notions des sciences universelles.

Le Radal s’était tu pendant qu’il observait son père et le Duc discuter du sujet. La peur du Duc le poussait à retenir ce qui l’agitait intérieurement. Mais dès le départ de celui-ci, il fondit en larmes déchirantes. L’heure qu’il devait passer chez le Duc était pour lui un moment sacré où il s’adonnait habituellement à la révision de son étude : toute la nuit durant, le jeune a pleuré à cause de ce décret lui imposant de sacrifier cette heure si importante.

Puis le Radal a conclu en racontant qu’à l’aube, après cette nuit de plaintes et de lamentations, une rumeur s’était répandue dans la ville annonçant que le percepteur de la maison du Duc avait disparu dans des conditions mystérieuses. Quel miracle !

GARDE TA LANGUE

Permis et interdit

Voilà comment doit agir celui qui veut se rendre quitte envers le Ciel : Si quelqu’un vient vers lui avec l’intention calomnier son prochain, et qu’il comprend qu’il s’agit de paroles humiliantes, il doit tout d’abord lui demander si le sujet le touche personnellement pour l’avenir ou s’il a la possibilité de réparer la chose par une réprimande ou autre. S’il répond que cela le concerne pour l’avenir ou qu’il peut réparer la chose, on pourra écouter mais sans le croire tant qu’on n’aura pas vérifié les faits. Cependant si l’on comprend de sa réponse qu’il n’en tirera aucun intérêt ou qu’il prépare des accusations sur le mécréant à cause de sa grande haine envers lui, il sera interdit même d’écouter.

(« ’Hafets ‘Haïm »)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La mitsva de la menora annonce le Temple

« Et toi, ordonne aux bnei Israël qu’ils prennent pour toi de l’huile d’olive pure concassée (katit) pour le luminaire, afin de faire monter une flamme perpétuelle » (Chemot 27, 20).

Le Ba’al HaTourim dit que « katit » (concassée) a la valeur numérique de quatre cent dix et quatre cent vingt (selon que le mot est écrit avec ou sans youd), allusion au Premier et au Deuxième Temples, qui sont restés debout le premier pendant quatre cent dix ans, et le deuxième pendant quatre cent vingt ans, et où la menora était appelée à être allumée. Le livre Toldot Yitz’hak ajoute (parachat Tetsavé) que le mot « lamaor » (pour le luminaire) est une allusion au Troisième Temple, qui subsistera à jamais, comme l’insinue la fin du verset, « une flamme perpétuelle ». D’après tout cela, on peut expliquer pourquoi les Grecs ont seulement profané les huiles sans détruire totalement le Temple. Ce qu’ils voulaient vraiment, c’est porter atteinte au Troisième Temple, qui devait durer à jamais. Et comme le Troisième Temple arriverait lorsque se serait écoulé le nombre d’années de « katit » du Premier et du Deuxième Temple, pendant lesquelles on devait allumer la menora, les Grecs ont délibérément rendu la menora impure, ont éteint ses lampes et ont voulu ainsi porter atteinte au nombre « katit », ce qui aurait pour conséquence d’empêcher l’arrivée du Troisième Temple, puisqu’il ne pouvait venir qu’après l’allumage pendant le nombre d’années équivalent à « katit ».

Et c’est cela le grand miracle de la fiole d’huile. Grâce à elle, les bnei Israël ont retrouvé l’allumage de la menora, restituant ainsi le compte de « katit ». Cela a donc sauvé le Troisième Temple, qui en son temps allait pouvoir être construit pour toujours, et demeurer à jamais, puisque le compte de « katit » des deux premiers Temples aurait été respecté.

Cela permet de répondre à la question posée par le Beit Yossef (Orah ‘Haïm 670) : pourquoi célèbre-t-on ‘Hanouka pendant huit jours, alors que le premier jour il n’y a pas eu de miracle, puisque l’huile suffisait pour un jour ; ce n’est que les jours suivants que la menora a brûlé par miracle pendant sept jours supplémentaires. D’après ce que nous avons expliqué, on comprend que le fait même d’avoir trouvé de l’huile pour allumer la menora le premier jour était un grand miracle, qui a sauvé le Troisième Temple, et donné au peuple d’Israël une existence éternelle. Or cela, c’était aussi le premier jour.

A LA SOURCE

« Concassée pour le luminaire afin d’alimenter les lampes en permanence » (27, 20)

Rabbi Ya'akov Yossef Ginz a commenté ce verset comme une allusion : les Sages ont dit (Traité Méguila 6b) : « Si l’on te dit : je me suis donné du mal et j’ai trouvé, crois-le ». En ce qui concerne les paroles de la Torah, si on se donne vraiment du mal pour étudier avec une grande assiduité et un profond désir, alors on arrivera certainement à un résultat et on méritera la lumière de la sainte Torah. Ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne la recherche de la subsistance : il arrive parfois qu’on se donne le plus grand mal du monde, qu’on voyage d’un marché à l’autre pour vendre sa marchandise, et qu’en fin de compte on ne trouve rien de valable et qu’on n’y gagne absolument rien. Or le mot « katit » (concassée) signifie efforts sur efforts, on brise tout son corps avec des mortifications, mais seul le « katit » qui est « lamaor », pour alimenter les lampes, l’effort qui n’est utile que pour le luminaire, peut faire mériter la grande lumière du luminaire de la Torah. Ce n’est pas le cas pour « les offrandes », qui représentent ce qui concerne la subsistance ; pour cela, il ne sert à rien de se broyer avec d’immenses efforts, car cela provient uniquement de Hachem. (Harei BaChamaïm)

« Afin d’alimenter les lampes en permanence » (27, 20)

Ainsi qu’il est écrit : « car la mitsva est une lampe et la Torah est la lumière ». Souvent, l’homme chérit en lui-même l’exécution d’une mitsva, et le mauvais penchant qui est en lui dit : Qu’est-ce que tu as à faire cette mitsva et à t’appauvrir, avant de donner aux autres donne plutôt à tes enfants… et le bon penchant lui dit : Donne pour la mitsva. Il est écrit « car la mitsva est la lampe », de même que lorsqu’elle brûle, on peut allumer à la lampe des quantités de mèches, on y prend de la lumière mais la lampe reste intacte, de même celui qui donne pour une mitsva n’y perd rien, c’est pourquoi il est dit « car la mitsva est la lampe et la Torah est la lumière. » (Midrach Rabba)

« La ceinture (‘hechev) qu'il porte, destinée à le parer (kema’assehou), sera du même travail (mimeino ihiou), fera partie de son tissu » (28, 8)

C’est un principe connu que dans une mitsva, « une bonne pensée se joint à l’acte », et même si pour une raison de force majeure on ne peut pas faire la mitsva, cela vous est compté comme si on l’avait faite. A la lumière de cette idée, le ‘Hida a expliqué au nom de Rabbeinou Ephraïm le verset « la ceinture (‘hechev) qu’il porte, destinée à le parer » – la pensée (ma’hachava) de la mitsva, qui pare l’homme, est « kema’assehou », littéralement « comme l’action », comme s’il avait déjà accompli cette action. Mais de quoi est-il question ? Quand « mimeino ihiou », littéralement cela « proviendra de lui », quand il voudra vraiment faire la mitsva, mais simplement n’en a pas eu la possibilité matérielle…

« Tu feras le premier agneau le matin et le deuxième agneau vers le soir » (29, 39)

Voici comment ce verset est interprété par l’auteur de « HaDrach VéhaIyoun » : Chacun doit s’efforcer de servir Hachem à la fois pendant les années de sa jeunesse, au matin de sa vie, et au temps de sa vieillesse, au soir de ses jours. Dans sa jeunesse, il est en bonne santé et son corps est puissant, mais d’un autre côté son intelligence est encore vacillante. Dans sa vieillesse, son intelligence est parfaitement assurée, mais les forces de son corps vont en s’affaiblissant, et il n’a plus beaucoup de vigueur. Il faut donc apprendre de l’holocauste perpétuel du matin à prendre sur soi le joug du royaume des cieux au moment où le soleil de la vie commence à briller, sans se laisser détourner par les vanités du monde.

Et il faut aussi apprendre de l’holocauste perpétuel du soir que même lorsque le soleil de la vie commence à décliner, il ne faut pas tomber dans la négligence, mais se renforcer dans le service de Hachem.

LA LUMIERE DU ZOHAR

« Tu feras un tsits d’or pur » (28, 36)

Rabbi Yossi a dit : Il a déjà été enseigné que tous les effrontés qui n’ont aucune honte n’ont de part ni dans ce monde-ci ni dans le monde à venir ; tous les effrontés qu’il y avait en Israël, quand ils regardaient le tsits, voyaient leur cœur se briser, et ils faisaient leur examen de conscience.

Parce que le tsits était miraculeux, quiconque le regardait avait honte de ses actes, c’est pourquoi il rachetait les audacieux et les effrontés. Les lettres de Hachem brillaient et étincelaient, quiconque regardait le scintillement de ces lettres était pris de crainte et son cœur se brisait. Et alors, de cette façon, le tsits le rachetait, parce qu’il provoquait sa contrition et sa soumission au Créateur.

SUR LA VOIE DE NOS PERES

Presser avec douceur !

La menora était allumée avec de l’huile d’olive « Katit LaMaor », concassée pour l’éclairage. Les Sages précisent que l’huile devait provenir d’olives concassées pour l’éclairage et non concassées pour les offrandes de farines. De cette loi, le Admour Rabbi Ye’hiel d’Alexander a tiré un principe pour l’éducation en général et la notion de réprimande en particulier : Lorsqu’on veut réprimander autrui et lui donner une directive, il faut s’appliquer à le faire agréablement, avec douceur et de façon honorable, car l’objectif ne pourra être atteint qu’à cette condition. C’est le sens des paroles des Sages : Lorsqu’on réprimande autrui et qu’on cherche à « concasser » son cœur, on doit le faire de façon à ce que ce soit « pour l’éclairage », pour lui enseigner la voie et l’éclairer vers le droit chemin, et non pas « pour les offrandes de farine », pour le jeter et le rabaisser... Il est dit dans le livre Tiféret Chelomo, au nom du saint juif de Pechis’ha, qu’il avait appris du Admour Rabbi David de Lelow à ne pas réprimander les bnei Israël par des remontrances et des admonestations, mais à se comporter avec douceur, à rapprocher les cœurs avec amour et à les éveiller à la crainte divine. Le roi Chelomo nous avait enseigné : «Les paroles des Sages dites avec douceur sont plus écoutées que les cris d’un souverain éclatant parmi les sots » (Kohélet 9,17), ce qui signifie que les paroles des sages exprimées avec délicatesse sont plus écoutées et mieux acceptées que les cris du dirigeant parmi les sots. C’est pourquoi nous devons nous habituer à parler avec douceur.

Rabbi Elimélekh de Lizensk avait différentes pratiques pour éveiller le peuple à écouter les remontrances. Il les a énoncés dans son livre « No’am Elimélekh » (Parachat Emor) : la voie du juste est de se réprimander soi-même à chaque instant et de raconter continuellement aux autres que ses propres actes sont défectueux, puis de détailler devant eux les fautes qu’ils commettent, en leur faisant croire que lui-même les a commises. Par ce stratagème, il fait pénétrer une grande crainte dans leur cœur et les gens se repentent. Ainsi, on joint l’acte à la parole. Il avait également un autre moyen : sermonner en public ses prestigieux élèves et déverser sur eux ‘feu et souffre’ dans une remontrance dévoilée, alors que l’intention de celle-ci n’était dirigée que sur une personne parmi les participants, qui, en fin de compte, comprendra que les paroles n’ont été dites que pour elle. Il avait par ailleurs l’habitude de raconter à l’assemblée une histoire ou une discussion qui semblaient être banales, et de cette façon éveillait les pensées des participants à regretter leurs actes et à se repentir de leurs fautes. Dans le même état d’esprit, le livre « Maor Vachémech » raconte une histoire sur Rabbi Elimélekh : Il se trouvait devant chez lui et les gens l’entouraient en cercle, alors qu’il se tenait debout au centre. Il leur a raconté une histoire. Chacun d’entre eux en a été profondément touché, étant persuadé que l’histoire avait été racontée spécialement pour lui, faisant ainsi allusion à ses mauvaises actions, et il s’éveillait ainsi au repentir.

Qui est capable ?

En hiver 5690, à Varsovie, les gueonim et les justes de Pologne, avec à leur tête le ‘Hafets ‘Haïm, se sont réunis pour une assemblée historique en vue d’annuler le décret pesant sur les ‘Hadarim. L’un des appelés à cette réunion, un des grands de la génération, est arrivé en retard, et lorsque le ‘Hafets ‘Haïm lui a demandé une explication, il s’est justifié par des affaires personnelles qui le préoccupaient. Le ‘Hafets ‘Haïm l’a alors blâmé : « Le maître ne connaîtrait-il pas le verset écrit dans le chant de Devora : « Maudissez Méroz… Car ils ne sont pas venus seconder Hachem, seconder Hachem parmi les braves » (Choftim 5, 23), et il y a une discussion dans la Guemara (Moèd Katan 16a) pour savoir si Méroz est le nom d’un grand homme ou l’ange céleste de Sisra, qui ont tardé à venir aider le peuple d’Israël. On apprend d’ici que même les personnages importants et les anges sont examinés et appelés à être jugés pour cela ! Comme il est raconté dans le livre « Peér Hador », la salle de la réunion s’est emplie d’un silence tendu. C’est alors que Rabbi Méir Chapira de Lublin s’est levé et a tenté par sa sagacité de détendre la pesante atmosphère. Il s’est exprimé avec finesse : « Toute ma vie, je me suis questionné : les gens simples écoutent la morale juive des Rabbanim et des orateurs, les Admourim éduquent leurs ‘Hassidim, mais qui est capable, quand besoin est, de sermonner et d’enseigner la morale juive à ceux qui ont l’habitude de sermonner, soit aux grands d’Israël ? Maintenant, je suis serein, grâce à D. nous avons le ‘Hafets ‘Haïm, le grand parmi les grands, qui ne ménage personne et qui réprimande les grands comme les petits… »

 

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