Tazria Metsora 28 Avril 2012 6 Iyar 5772 |
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Ceux qui sèment dans les larmes méritent l’aide du Ciel
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
La différence qu’a établie la Torah entre la parachat Tazria et la parachat Metsora nous interpelle : le sujet principal traité dans la parachat Tazria est celui des plaies dans tous leurs détails, sur les vêtements, le corps et la maison, et c’est seulement le passage de la purification du lépreux et de ses sacrifices qui est inclus dans la parachat Metsora. Et effectivement, la plupart des années, à l’exception des années embolismiques, les parachiot Tazria et Metsora sont lues ensemble, parce qu’elles parlent de la même chose. Mais en fin de compte, elles ont chacune un nom séparé. Pourquoi ?
On peut l’expliquer en disant que les premières lettres de Tazria et Metsora forment le mot « Met » (mort). C’est pour insinuer à l’homme de fixer des moments d’étude pour la Torah, et de se « tuer » uniquement pour la Torah. Comme l’ont dit les Sages sur le verset « Voici la loi [la Torah], quand un homme meurt dans la tente » : « La Torah ne se maintient que chez celui qui se tue pour elle. » Cela signifie que lorsque vient le moment qu’on a fixé pour l’étude de la Torah, on se détache de toutes les futilités de ce monde, on s’écarte de toutes ses affaires et tous ses intérêts, et on s’installe pour étudier dans le cadre qu’on a fixé.
Ainsi, dans les noms des parachiot de Tazria et Metsora, la Torah a voulu faire allusion au fait de se fixer des moments d’étude de la Torah. Effectivement, le premier sujet de la parachat Tazria fait également allusion à cela : le verset « quand une femme engendre et enfante un mâle » peut s’expliquer, par allusion, comme désignant celui qui a étudié la Torah et mérité d’y trouver de nouvelles explications, ce en quoi il engendre, car ces nouvelles explications lui permettent, ainsi qu’à ceux qui viendront après lui, d’ajouter encore d’autres explications. Il est semblable à celui qui plante une petite graine en terre, d’où va pousser un grand et bel arbre. Combien de quantités d’explications nouvelles ont été ajoutées à une petite explication de Rachi ou du Rambam ! Et parfois même, à partir d’une explication qu’on a entendue d’un petit enfant, on peut trouver beaucoup de nouvelles choses.
Quand on y regarde de près, ce message est particulièrement fondamental dans le cadre du deuxième sujet des parachiot Tazria et Metsora, qui traitent de la lèpre qui atteint ceux qui disent du lachon hara. Le lachon hara et les paroles futiles sont le contraire absolu de l’ensemencement de la Torah, car le contraire de la fertilité de la Torah et de la sainteté, ce sont les paroles mauvaises, c’est pourquoi la Torah a pris les devants en disant qu’il faut veiller soigneusement à fixer des temps d’étude, et à habituer ses descendants à semer dans le domaine de la Torah, ce qui leur permettra de s’éloigner du lachon hara, ainsi ils ne seront jamais frappés de lèpre.
Il faut expliquer de cette façon le rapprochement entre la parachat Chemini et ces parachiot. En effet, « Chemini » est formé des mêmes lettres que la racine de « nechama », et le chiffre « chemonè » (huit), comme on le sait, représente ce qui est au-dessus de la nature et fait allusion au monde à venir. Cela nous enseigne que celui qui veut mener son âme au monde à venir doit fixer des temps d’étude de la Torah, se tuer pour elle et semer des paroles de Torah.
On en trouve un exemple instructif dans le sens inverse, chez Chelomit bat Divri, dont les Sages ont interprété le nom « Divri » en disant qu’elle était bavarde (dabranit) ; il est évident que c’est à cause de cela qu’elle a fait trébucher plusieurs personnes, et mesure pour mesure, en fin de compte elle a été rendue impure par un Egyptien. Cette caractéristique d’être « bavarde » et de tenir des propos futiles, elle l’a léguée à son fils, au lieu de l’élever de façon à ce qu’il sème des paroles de Torah.
En fin de compte, son fils a lui aussi suivi ses traces, a maudit Hachem et a été lapidé. Tout cela est provoqué par le fait de ne pas consacrer ses paroles à la Torah, si bien qu’on tombe dans le lachon hara et les propos oiseux, et que parfois même on s’en prend à Hachem, qu’Il nous en préserve. C’est là-dessus qu’il est dit « Il ne rendra pas sa parole profane. » Le talmid ‘hakham ne doit pas jamais tenir de propos profanes et futiles. Comme l’ont dit les Sages, même une conversation ordinaire entre des talmidei ‘hakhamim doit être étudiée et contient un message.
Le dévoilement du Maharcha
Dans son oraison funèbre sur le gaon Rabbi Nissim Rebibo zatsoukal, le Richon LeTsion, le Rav Chelomo Amar chelita, a parlé d’un grand gaon qui vivait au Maroc, Rabbi Eliezer Di Avila zatsoukal. Dans sa jeunesse, il éprouvait beaucoup de difficulté à comprendre le Maharcha, et il le regrettait amèrement, au point que cela l’empêchait de dormir, c’est pourquoi il continuait à étudier ses textes la nuit aussi. Tout à coup, quelqu’un est entré au beit hamidrach et lui a demandé pourquoi il avait l’air triste. Rabbi Eliezer a répondu qu’il avait une question sur ce que disait le Maharcha, et cela ne lui donnait aucun repos. L’homme s’est mis à discuter avec lui des propos du Maharcha, jusqu’à ce qu’il lui résolve sa question très clairement, puis il a immédiatement disparu. Le Richon Le Tsion voulait montrer par là l’aide du Ciel que reçoit celui qui se consacre à l’étude.
A la fin de l’oraison funèbre, un juif qui faisait partie de la famille de Rabbi Nissim, le Rav Kakoun, qui avait étudié avec Rabbi Nissim dans sa jeunesse, vint le trouver. Et il raconta que Rabbi Nissim lui avait confié que lorsqu’il était jeune, à la yéchivah de Sunderland, il avait un jour éprouvé des difficultés avec un passage du Maharcha, ce qui lui avait causé beaucoup de peine. Pendant toute cette nuit-là, il s’était penché sur son étude, et tout à coup un homme était entré au beit hamidrach, ce qui arrivait parfois même la nuit. Il s’était mis à discuter avec Rabbi Nissim jusqu’à ce qu’ils en arrivent au Maharcha qui lui était difficile, et dans son discours il avait résolu la question de façon parfaitement claire. Rabbi Nissim était émerveillé de cette merveilleuse solution, et lui avait demandé son nom, mais il avait tout de suite disparu. Rabbi Nissim avait demandé au Rav Kakoun de ne raconter cela à personne, mais maintenant, après l’oraison funèbre, ce vieil homme sentait qu’il devait faire sortir cette histoire de son cœur. C’est donc la même histoire merveilleuse à un siècle de distance : celui qui se donne du mal pour la Torah et se tue pour elle mérite une aide du Ciel particulière.
LES HOMMES DE FOI
Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto
Il lavera ses vêtements
Le tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, avait l’habitude, comme on le sait, de parcourir les rues pour donner aux gens l’occasion de manifester leur générosité en donnant de la tsedaka pour les pauvres et les nécessiteux.
Il avait l’habitude de ranger l’argent qu’il recevait dans un foulard qui était spécialement destiné à cette mitsva. Après avoir fini son travail, avant même de s’installer pour étudier, il avait l’habitude de laver ce foulard. Quand ses élèves lui demandèrent ce que cela signifiait, il leur expliqua : « Je lave mon foulard pour le débarrasser des « kelipot » d’impureté et de la saleté de ce monde-ci. La plus grande saleté en ce monde est l’argent, c’est pourquoi une fois que j’ai terminé de distribuer la tsedaka, je lave le foulard.
Et on sait parfaitement chez les juifs du Maroc que Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, lavait de temps en temps le foulard dans lequel il ramassait les pièces d’argent.
C’est réservé pour les pauvres
A ce même propos, une certaine nuit, Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège, n’arrivait pas à s’endormir. Il se leva immédiatement et alla demander à sa femme : dis-moi, as-tu pris de mon argent ? Elle lui répondit : Oui, j’ai pris de l’argent qui était déposé pour les pauvres, pour acheter ce qu’il fallait pour Chabbat.
Rabbi ‘Haïm lui expliqua sans ambigüité qu’il n’était pas content de ce qu’elle avait fait : « parce que tu as pris de l’argent des pauvres, un esprit de la saleté de ce monde-ci est entré à la maison, et cette odeur m’empêche de dormir. »
Le tsaddik reprit immédiatement l’argent à la rabbanit et le cacha pour les pauvres, ensuite de quoi il s’endormit immédiatement.
LES PAROLES DES SAGES
Un rappel du Ciel
« Il enverra l’oiseau vivant » (14, 7)
Dans le processus de purification du lépreux détaillé dans la paracha de cette semaine, nous lisons sur la mitsva de la purification : « Le cohen ordonnera que celui qui se purifie prenne deux oiseaux vivants purs » (14, 4), et Rachi précise : « Purs, ce qui exclut un oiseau impur, parce que les plaies viennent à cause du lachon hara (Traité Arakhin 16b), qui est semblable à un pépiement, c’est pourquoi pour la purification il faut des oiseaux qui pépient constamment. »
Nous entendons parfois à propos d’une histoire quelconque quelque chose de peu banal qui est arrivé dans notre entourage, quelque chose qui contient une allusion du Ciel, et nous ne savons pas toujours comment la relier à nos actes. Les Sages nous enseignent comment aborder chaque incident de notre vie quotidienne en ce monde.
Ainsi, voici ce que raconte l’auteur du livre « Barkhi Nafchi » : Un avrekh est venu me trouver dans un état de grand trouble, pour me raconter quelque chose qui s’était produit chez lui quelques jours auparavant. Cet étrange phénomène lui avait causé une grande frayeur, à lui et à sa famille, et ils n’y trouvaient aucune solution.
Un grand oiseau est entré dans notre salon, raconta-t-il. Quand nous le chassons il s’en va, mais une minute ou deux plus tard il revient. Nous le chassons de nouveau et il revient encore. Ainsi pendant un jour, deux jours, trois jours et plus.
Ce n’est pas l’oiseau lui-même qui nous fait peur, dit l’avrekh, mais il nous semble qu’il nous est envoyé du Ciel pour nous insinuer quelque chose. Et nous ne savons pas le moins du monde quelle est l’allusion ou le signe qu’il nous apporte dans ses ailes.
A un certain moment, continue-t-il fébrilement, nous avons cru qu’il fallait peut-être le tuer et ainsi se débarrasser de lui, et de la tension qu’il provoque dans la maison. Quand j’ai entendu ces mots sortir de la bouche du avrekh, je lui ai dit : C’est vous-même qui avez dit qu’il vous semblait que cet oiseau était envoyé du Ciel, alors comment pouvez-vous envisager de le tuer ? Est-ce que le tuer va vous délivrer de lui et des allusions qu’il apporte dans ses ailes ?
Une lumière rouge
A quoi est-ce que cela ressemble ? A quelqu’un qui roule en voiture, et tout à coup une lampe rouge s’allume au tableau de bord. Etant donné qu’il y a seulement une semaine ou deux qu’il a acheté cette voiture, il ne connaît pas encore très bien toutes les lumières et ne sait pas exactement quelle partie du moteur risque de s’abîmer, ni ce qui a provoqué l’allumage de la lumière rouge. Il continue à rouler, et cette lumière s’éteint et s’allume sous ses yeux encore et encore, de plus en plus souvent, ce qui signifie que le problème du moteur est en train de s’aggraver. Cela irrite le chauffeur, et l’empêche de conduire tranquillement.
Maintenant, arrêtons-nous un instant et réfléchissons : si le chauffeur prend un marteau, casse la lampe et la détruit complètement, est-ce que cela va résoudre le problème de sa voiture ? Sans aucun doute, la situation va continuer à empirer ! Le moteur risque de chauffer, par exemple, jusqu’à ce que la voiture s’arrête complètement et qu’il ne puisse plus continuer son voyage. De plus, cela va mettre les passagers dans un grand danger. Toute la raison d’être de cette lumière est d’avertir le conducteur que quelque chose est arrivé dans le moteur, et la seule et unique solution est d’arrêter la voiture au bord de la route et de vérifier l’état des éléments du moteur. S’il ne sait pas le faire lui-même, il doit chercher un professionnel ou appeler une dépanneuse pour emmener la voiture au garage, où l’on s’occupera de la panne.
Le pépiement de l’oiseau
L’oiseau est un rappel, même dans le cas de cet avrekh. Il semble que cet oiseau lui ait été envoyé du Ciel pour indiquer un problème spirituel quelconque qui existe dans la maison. Par conséquent, il est évident que de tuer l’oiseau ne va aider en rien.
« Alors, que dois-je faire ? » demanda l’avrekh, le visage couvert d’un nuage de souci.
La solution du mystère qui se cache derrière les visites de l’oiseau qui rentre sans cesse dans la maison se trouve dans le Targoum de Yonathan ben Ouziel. Sur le verset 13, le saint Tanna Yonathan ben Ouziel a des difficultés à expliquer le fait que la Torah a ordonné pour le lépreux d’envoyer le deuxième oiseau sans l’égorger, comme on l’a fait pour le premier oiseau. Et il explique que comme le lépreux est puni à cause du lachon hara qu’il a dit, renvoyer le deuxième oiseau est destiné à lui rappeler sa faute ; s’il récidive et continue à dire du lachon hara, le deuxième oiseau reviendra vers lui pour lui rappeler le grand traumatisme qu’il a vécu au moment où il était lépreux. Quand il s’en souviendra, il y a de grandes chances qu’il s’améliore et cesse de mal parler des autres. L’oiseau vivant sert donc de rappel : s’il retombe dans le lachon hara, il reviendra chez lui pour le lui rappeler.
L’avrekh entendit cela, et après avoir fait chez lui un examen de conscience approfondi, il tomba d’accord sur le fait qu’effectivement, chez lui on disait du lachon hara. Il prit sur lui de se renforcer là-dessus et l’oiseau ne revint plus chez lui.
GARDE TA LANGUE
Une grande utilité
Il est d’une grande utilité de s’habituer à « se montrer souple », car outre le fait que c’est en soi une belle qualité, qui vaut que du Ciel on se montre souple avec toutes les fautes qu’on a commises, comme l’ont dit nos Sages, c’est également d’une grande utilité pour ne pas en arriver à la colère et à la dissension.
(‘Hovat HaChemira)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
Il y a différentes sortes de plaies
Il est dit dans le verset (Vayikra 14, 34) : « Quand vous viendrez dans le pays de Canaan (…) Je mettrai la plaie de la lèpre dans la maison du pays que vous posséderez. » Rachi écrit (au nom du Midrach Rabba) que c’est pour vous une bonne nouvelle que les plaies vous attaquent, parce que les Emoréens ont caché des trésors en or dans les murs de leurs maisons pendant les quarante ans au cours desquels les bnei Israël étaient dans le désert, et grâce aux plaies, on démolit la maison et on les trouve.
Apparemment, ce sont des choses surprenantes. Si les plaies viennent à cause de la faute du lachon hara et de la médisance, pourquoi va-t-on recevoir une récompense et mériter des trésors cachés dans les murs de la maison ? On devrait plutôt être puni de sa faute, il n’y a pas ici matière à recevoir une récompense !
Il me semble qu’on peut l’expliquer en disant qu’il y a deux sortes de plaies. Il y a les plaies des maisons qui viennent en conséquence du lachon hara, et celles qui viennent pour le bien de l’homme, pour lui faire mériter des trésors ; c’est le cohen qui décide et qui tranche.
Celui qui voit une plaie dans sa maison doit aller chez le cohen, et c’est lui qui décidera, en fermant la maison et en détachant les pierres. Si c’était dû au lachon hara et à la médisance, naturellement, la lèpre de la maison vient en punition de sa faute, et naturellement, la personne en question ne méritera pas de trouver un trésor, mais sera punie par la lèpre de la maison et perdra ses biens et son argent quand il faudra démolir la maison, pour expier sa faute. Mais si on a démoli la maison, qu’on a trouvé un trésor et qu’on s’est enrichi, c’est une preuve qu’on n’est pas frappé de la maladie de la langue, qu’on n’a pas commis la faute de lachon hara, et que bien au contraire, on garde sa bouche et sa langue.
C’est pourquoi le Saint béni soit-Il donne une récompense parfaite en faisant trouver un trésor, et dans ce cas, il est certain que la destruction de la maison constitue une récompense d’avoir réussi à garder sa langue de dire du mal.
A LA SOURCE
« Il est lépreux, il est impur, le cohen doit le déclarer impur, sa tête est le siège de la plaie » (Vayikra 13, 44)
Le saint Or Ha’Haïm objecte : pourquoi est-il dit ici « il est lépreux », et non, comme il avait été dit jusqu’à présent, « c’est une lèpre » ?
Il explique que le qualificatif de « lépreux » est un adjectif qui s’attache à la personne elle-même, elle est plus méprisable et vile que si la Torah avait témoigné qu’elle « a une lèpre ». De cette façon, la Torah vient nous enseigner que cet homme, par ses mauvaises actions, est dédaigné par Hachem, au point qu’Il a amené sur lui une lèpre.
Les autres plaies viennent à des endroits cachés de l’homme, car Hachem protège l’honneur des gens, et même quand ils méritent des châtiments, Il les punit de telle façon qu’ils ne soient pas méprisables aux yeux des autres.
Mais comme cet homme est tellement en horreur à Hachem, Il amène sur lui la lèpre à un endroit que tout le monde peut voir : le devant ou le derrière d’une tête chauve, et il devient évident aux yeux de tous qu’il est en horreur à D. et aux hommes.
« Le jour de sa purification il sera mené au cohen » (14, 2)
On peut faire remarquer, écrit le ‘Hida dans son livre ‘Homat Anakh, que le mot « véhouva » (sera mené) est formé des mêmes lettres que « véahouv » (est aimé).
Cela contient une allusion à ce que dit le Rambam : le pénitent était auparavant haï de D., méprisé, éloigné et en horreur, mais une fois qu’il s’est repenti, il est aimé, apprécié, proche et ami.
On trouve cette idée en allusion dans le verset : « Le jour de sa purification il sera mené au cohen », c’est-à-dire que dès qu’il s’est repenti, alors en plus de la purification, « il est aimé », aimé par D., comme le cohen, car immédiatement, dès qu’il se repent, il est aimé par D.
« Le cohen sortira en dehors du camp et verra que la plaie de la lèpre a guéri chez le lépreux » (14, 3)
Etant donné que tout dépend de ce que dit le cohen, la Torah a ajouté une mise en garde particulière : « Observe avec un soin extrême et exécute les prescriptions relatives à la lèpre : tout ce que les cohanim, descendants de Lévi, vous enseigneront d’après ce que Je leur ai prescrit, vous vous appliquerez à le faire » (Devarim 24, 8). On tire de là une halakha : un lépreux qui enlève les signes de l’impureté devient pur, mais il transgresse l’interdiction de « observe (…) les prescriptions relatives à la lèpre ».
Le gaon Rabbi Mordekhaï Epstein a dit : on peut en apprendre la gravité de la faute. D’après les lois concernant le lépreux, il doit être à l’écart en dehors du camp. C’est un décret très difficile à supporter, car on est séparé de sa famille et de ses proches, éloigné de ses amis et connaissances, isolé et solitaire. Cela en plus de la souffrance due aux plaies elles-mêmes. Or il existe un moyen de sortir de cette solitude et de cette souffrance : il suffit d’arracher simplement les signes de l’impureté et de se purifier immédiatement ! C’est là son épreuve : va-t-il résister à la tentation et préférer souffrir dans une terrible solitude, pour une période indéterminée, peut-être même pour le restant de ses jours, pour ne pas enfreindre une interdiction de la Torah ? Car toutes les terribles souffrances qu’il endure à cause des plaies et de la solitude n’approchent pas de ce qu’il devrait souffrir dans le monde à venir s’il transgressait une interdiction.
LA LUMIERE DU ZOHAR
« Quand vous entrerez dans le pays de Canaan que Je vous donne » (14, 34)
Rabbi Abba a dit : est-ce cela la récompense, que l’on trouve des plaies chez ceux qui méritent de rentrer dans le pays ? Mais il a déjà été répondu que c’est pour qu’ils trouvent les trésors qu’ils avaient cachés dans leurs maisons, afin que les bnei Israël en profitent. Heureux êtes-vous, bnei Israël, qui êtes attachés à Hachem, et qui êtes aimés de Hachem, ainsi qu’il est dit : « Je vous ai aimés, dit Hachem. »
Et par amour, Il les a fait rentrer en Terre sainte pour faire résider Sa Chekhina entre eux, que Son Sanctuaire soit en eux et que les bnei Israël soient les humains les plus saints.
Quand ils sont entrés en Erets Israël, le Saint béni soit-Il a voulu les purifier, sanctifier la terre et faire de la place à la Chekhina, pour qu’elle ne repose pas dans un endroit impur. C’est pourquoi grâce aux plaies, on démolissait des maisons de bois et de pierre qui avaient été construites dans l’impureté. Si cet acte de destruction des maisons était uniquement destiné à faire découvrir des trésors, les pierres et la terre seraient revenues à leur place, telles quelles, après la destruction, mais le verset dit : « on détruira les pierres », et aussi « on prendra de l’autre terre ». C’est nécessairement dans le but de chasser complètement l’esprit d’impureté, que la terre soit sanctifiée comme auparavant, que les bnei Israël résident en sainteté et que la Chekhina repose parmi eux.
(Tazria 50a)
SUR LA VOIE DE NOS PERES
Ne pas perdre le monde à venir…
Quand une dissension éclata dans la yéchivah de Radin à propos du machguia’h, Rabbi Yérou’ham zatsal, la moitié des élèves de la yéchivah le soutenaient, et la moitié exprimaient leur désapprobation.
Quand cette situation arriva aux oreilles du ‘Hafets ‘Haïm, cela le brisa. Il rentra tout de suite fébrilement dans la grande salle de la yéchivah, et là, dans son amertume, il donna un discours de deux heures sur la faute de la dissension et du lachon hara dans lesquelles les élèves de la yéchivah étaient tombés. Entre autres choses, il évoqua ce que dit le Rambam dans Hilkhot Deot, à savoir que le groupe de ceux qui disent du lachon hara n’a pas de part dans le monde à venir. Il leur dit qu’il s’était délibérément abstenu de mentionner cette loi dans son livre sur l’interdiction du lachon hara, en justifiant cette décision de la manière suivante : « Je n’ai pas voulu m’adresser aux gens avec une « bombe ». Il n’en reste pas moins que c’est le din… »
Dans ce même discours, le ‘Hafets ‘Haïm cita l’enseignement des Sages selon lequel un jour, les premiers Tannaïm se rassemblèrent et décidèrent de compter le roi Chelomo aussi parmi ceux qui n’ont pas de part au monde à venir (parce que le verset dit de lui qu’il a fait le mal aux yeux de Hachem). Et voici que tout à coup un feu est sorti et a brûlé les bancs où ils étaient assis, ce qui leur a montré que du Ciel, on n’était pas d’accord avec eux. Et pourtant, ils n’y ont pas prêté attention, se sont de nouveau rassemblés pour arriver à une décision, et de nouveau du Ciel on les en a empêchés au moyen d’une voix céleste.
Apparemment c’est étonnant. Le ‘Hafets ‘Haïm demande (cité dans le livre « Dougma MiSi’hot Avi ») : quelle importance cela a-t-il en haut ce que les hommes disent et décident, et pourquoi a-t-on pris peur au point de les déranger ? La vérité est que depuis le jour où la Torah a été donnée aux hommes, la permission a été donnée au tribunal d’en bas, et ce sont ses décisions qui seront appliquées par le tribunal d’en-haut, la Torah n’étant pas dans le Ciel. S’ils avaient par malheur décidé que le roi Chelomo n’avait pas de part au monde à venir, il n’y aurait eu aucune possibilité de l’y faire entrer, bien qu’il y ait de nombreux arguments pour justifier sa conduite. Et le ‘Hafets ‘Haïm concluait :
« Il en va de même en ce qui nous concerne. Dans une dissension, chacun des deux partis se dit : je fais cela par amour pour la vérité, et de plus j’étudie la Torah avec assiduité, alors comment pourrait-il être possible qu’on m’écarte du monde à venir ? Mais il faut bien connaître cette halakha du Rambam [que ceux qui disent du lachon hara n’ont pas de part au monde à venir], et aucun mérite n’y changera rien. Que croyez-vous, que moi aussi je vais me joindre à leur groupe ? Sachez que malgré tout l’amour que je porte à ceux qui étudient la Torah, je leur dis : je préfère que soient perdues fût-ce soixante-dix yéchivot plutôt que de rentrer dans la compagnie de ceux qui disent du lachon hara… »
Jusqu’à ce qu’il se réveille
Le gaon Rabbi Avraham Gan’howski chelita, qui fait partie des Rachei Yéchivot de Tchibin à Jérusalem, a raconté une ruse qui avait pratiquée pour éviter d’entendre du lachon hara :
Un jour, l’un des rabbanim des Etats-Unis avait rendu visite au gaon de Tchibin, Rabbi Dov Berish Weinfeld zatsal. Au cours de la conversation, l’invité s’était mis à raconter les ennuis que lui faisaient des personnes de sa communauté ainsi que leurs nombreux défauts. Seulement à ce moment-là, le Rav de Tchibin s’était endormi pendant la conversation.
L’invité pensa que le Rav s’était endormi pour un instant, et allait immédiatement se réveiller, c’est pourquoi il se mit à attendre. Longtemps après, voyant que Rabbi Dov Berish ne se réveillait pas, il dit aux proches qui se trouvaient sur place : « Je comprends que le Rav est âgé et faible, et je n’ai pas la possibilité d’attendre qu’il se réveille »… Et sur ces mots, il quitta la maison.
Or qu’immédiatement après sa sortie, Rabbi Dov Berish se « réveilla ». Il s’avéra alors qu’en fait, le Rav de Tchibin ne s’était jamais endormi, mais qu’il ne voulait pas entendre de lachon hara, et il avait espéré de cette façon que le visiteur s’en irait en pensant qu’il était endormi…