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paracha de la semaine

Emor

12 Mai 2012

20 Iyar 5772

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:03

22:21

Lyon

20:43

21:57

Marseille

20:34

21:44

     

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Les fêtes répandent une influence de sainteté

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Voici les fêtes de Hachem, convocations saintes » (Vayikra 23, 4)

On trouve dans la paracha le sujet de la sainteté du Chabbat et de la celle des fêtes, et comme on le sait, la différence entre le Chabbat et les fêtes est que le Chabbat existe depuis les six jours de la Création, après six jours de semaine vient toujours le Chabbat, ce qui n’est pas le cas des fêtes. En effet, ce sont les bnei Israël, à savoir le beit din, qui décident de leur date, ainsi qu’il est dit (Roch Hachana 24a) « que vous accueillerez en leur temps », c’est vous qui les accueillerez, c’est pourquoi le Chabbat on termine le kiddouch par la bénédiction « Qui sanctifie le Chabbat », c’est le Saint béni soit-Il seul Qui le sanctifie, alors que pendant les fêtes on le termine par « Qui sanctifie Israël et les temps », c’est-à-dire qu’Il sanctifie les bnei Israël et ce sont eux qui fixent les temps des fêtes.

J’ai vu dans le « Sefat Emet » sur la Torah du Admour de Gour que la différence entre le Chabbat et les fêtes ne concerne pas seulement la détermination du moment de la fête, mais qu’elle a un contenu profond. La sainteté du Chabbat dépasse la compréhension humaine, c’est pourquoi les Sages ont dit : « J’ai un bon cadeau dans Mon Trésor, qui s’appelle Chabbat » (Beitsa 17a). Le Chabbat a été donné aux bnei Israël en cadeau, sans travail et sans effort, c’est pourquoi il faut donner à l’homme une âme supplémentaire pour qu’il puisse recevoir sa lumière. Mais les fêtes s’appellent « convocations saintes », car l’homme doit « convoquer » la sainteté et l’attirer à lui, et cela dépend de la sainteté d’Israël. C’est ce qu’il dit.

Nous apprenons de là que la sainteté de la fête dépend de l’homme, qui doit se préparer à recevoir sa lumière. S’il y est effectivement préparé, il reçoit une abondante influence de sainteté. Mais dans le cas contraire, la fête ne laissera en lui aucune impression ni émotion. Il en va de même pour Chavouot, qui dépend de la préparation de quarante-neuf jours qui la précède, c’est pourquoi on ne la trouve pas dans la Torah sous le nom de « fête du don de la Torah » (‘Hag Matan Torah) mais sous le nom de « fête des semaines » (‘Hag HaChavouot), car il s’agit essentiellement de recevoir la Torah, et cela dépend uniquement de la préparation qui précède.

Il y a un lien étroit entre le passage sur les fêtes et celui qui porte sur le blasphémateur, à la fin de la paracha. Il est dit dans « Torat Cohanim » : pourquoi a-t-il maudit ? Il est venu planter sa tente dans le camp de Dan, et on lui a dit : que fais-tu ici ? Il a répondu qu’il faisait partie de la tribu de Dan. On lui a répondu qu’il est écrit « selon la maison de leur père » (or son père était un Egyptien). Il est allé au tribunal de Moché qui lui a donné tort, alors il s’est mis à blasphémer. C’est tout à fait surprenant : il ne s’est pas contenté de maudire, mais il a délibérément blasphémé contre le Nom de D.. Comment est-il possible qu’un homme qui a vu des miracles en Egypte, qui a vu la mer se fendre, qui a entendu de ses oreilles de la bouche de D. « Je suis Hachem [le Tétragramme] ton D. » etc., et qui n’a certainement pas participé à la faute du Veau d’Or, sans quoi il serait mort avec les pécheurs, se mette tout à coup à sombrer dans un tel excès ? Comment n’a-t-il pas redouté d’évoquer le Nom de Hachem, à plus forte raison pour le maudire ?

Avant de nous pencher sur cette question, étudions la gravité de la faute de la colère. Comme on ne lui avait pas montré de respect, il s’est vexé, et il en est arrivé à la colère. Or les Sages ont dit (Nedarim 22b) : « Quiconque se met en colère ne tient aucun compte même de la Chekhina. » Celui-ci n’a pas tenu compte de la Chekhina et il a blasphémé. Quelqu’un qui est en colère est capable de dire des mots ou de faire des choses qu’il n’oserait jamais dire ou faire autrement, car dans sa colère il ne voit rien en face de lui. Et en y réfléchissant, on s’aperçoit que parfois, on s’irrite pour un rien, pour des futilités. Je me souviens qu’une fois, dans ma jeunesse, un étranger était arrivé à la synagogue et s’était assis à une place qui appartenait à quelqu’un d’autre. Quand ce dernier est arrivé et a vu qu’on s’était assis à sa place, il n’a rien dit jusqu’au moment où l’on fait sortir le séfer Torah et où l’on va à sa rencontre, et alors il a repris sa place. Quand l’autre est revenu et a vu qu’on s’était assis à sa place, il a fait remarquer qu’il était assis là avant, et l’autre s’est mis à crier que c’était sa place pendant toute l’année, simplement aujourd’hui il était arrivé en retard. D’une chose à l’autre, la dispute s’est envenimée, au point que l’un a poussé l’autre alors qu’il tenait le séfer Torah à la main, et le séfer Torah est tombé par terre à la consternation générale. Cette chose terrible est arrivée à cause d’une vétille, une place assise. L’étranger aurait dû aller s’asseoir ailleurs car ce n’était pas sa place, et l’autre aurait pu l’excuser et faire sa prière pour une fois à un autre endroit, mais la colère gâche tout et met l’homme hors de lui. La colère est ce qui permet de mesurer si cela vaut la peine de se lier avec quelqu’un, comme l’ont dit les Sages (Erouvin 65b) : on connaît l’homme à sa colère.

Et effectivement, comment celui qui a blasphémé en est-il arrivé à une situation aussi dégradante, qu’est-ce qui a provoqué cela chez lui ? D’après ce qui a été dit plus haut, on peut penser que comme il a traité les fêtes avec mépris, sans s’y préparer correctement, alors automatiquement elles ne l’ont pas inondé de leur sainteté et ne l’ont pas fait bénéficier de leur lumière et de leur éclat, sans quoi il se serait élevé et renforcé et il les aurait mises à profit pour étudier la Torah. Nous avons un principe selon lequel si l’homme ne s’élève pas, il descend et se corrompt inévitablement. C’est ce qui est écrit dans la paracha (21, 7) : « Ils seront saints pour leur D., et ils ne profaneront pas le nom de leur D. » Si on ne fait pas l’effort d’atteindre le niveau de la sainteté en général, et pendant les fêtes en particulier, on finira par profaner le Nom de D. et par blasphémer. Il n’y a pas de plus grand ‘hilloul Hachem.

Et si l’on perd son temps pendant les fêtes, c’est un signe qu’on ne s’annule pas devant la Torah, et que l’orgueil ne vous permet pas d’apprendre. Comment réparer cela ? En obéissant aux ordres de Hachem, en se mettant à étudier la Torah. Lorsqu’on se soumet aux paroles de la Torah et à Celui qui les a données, le Saint béni soit-Il, on évitera toute négligence. Ici aussi, ce blasphémateur n’avait pas profité des fêtes pour en faire des convocations saintes pour lui-même, c’est pourquoi il est descendu de son niveau de façon abyssale, au point que lorsqu’on lui a donné tort, il en est arrivé au reniement.

HISTOIRE VECUE

« Dix ans à ‘ ‘Had Gadia’ »

« Il doit rester sept jours auprès de sa mère » (Vayikra 22, 27)

Dans le livre « Kol Bidemama Nichma’ » (histoire édifiante d’une famille pratiquante de la Russie communiste), l’auteur, Madame Berg, parle d’une grand-mère qui avait refusé de toucher son petit-fils avant qu’il soit entré dans l’alliance de notre père Avraham.

A cette époque-là, circoncire un bébé de huit jours était considéré selon la loi communiste, qui depuis a disparu, comme un acte de « contrainte religieuse ». En voici la raison : puisque le bébé « impuissant » ne peut s’y opposer, lui faire subir une opération sans lui demander son accord constitue un abus de pouvoir excessif. En revanche, si un adulte raisonnable, qui a son propre avis et n’effectue pas la mitsva par contrainte, décide de se circoncire, il ne transgresse pas en cela la loi car il s’agit d’un problème privé. C’est pourquoi le législateur communiste a tranché qu’il fallait attendre que le garçon atteigne l’âge de dix-huit ans et soit considéré comme une personne indépendante pour l’autoriser à décider si telle est sa propre volonté.

L’auteur se souvient d’une dame âgée qui avait conservé une étincelle de foi en D. et un élan pour les mitsvot. Son fils, qui n’était plus tellement pratiquant, avait eu à son tour un fils. Elle lui avait alors déclaré : « Sache que si tu ne circoncis pas ton enfant, je ne le reconnaîtrai pas comme mon petit-fils. Plus encore, je ne le toucherai même pas, car il est inconcevable que moi, une grand-mère juive, je tienne dans mes bras un petit-fils incirconcis. »

Par respect pour sa vieille mère, le fils, perplexe, avait répondu : « Maman, tu peux agir comme bon te semble, mais je n’y suis pour rien et tu en seras personnellement responsable. »

La grand-mère avait donc attendu un moment favorable, qui s’était présenté rapidement. Quelque temps plus tard, le couple était parti en vacances annuelles en laissant, comme à l’accoutumée, l’enfant chez la vieille mère. Celle-ci, dans sa grande sagesse, savait ce qui lui restait à faire pour mériter de tenir enfin son petit-fils, circoncis comme il se doit. Elle s’est empressée de convoquer un mohel et a organisé la circoncision. Elle s’est attribuée tous les honneurs : être « kwatter », occuper la place du prophète Elie, celle du sandak etc.

En revenant de vacances et en trouvant son jeune bébé circoncis, le fils avait été saisi de frayeur. Peut-être cela serait-il découvert lors des soins courants au dispensaire, et alors l’infirmière rapporterait certainement à la police que cet enfant avait été circoncis par contrainte religieuse ! Qui sait quelle punition on lui infligerait et où on l’enverrait ! Sous le coup de la terreur, il avait pris les devants et s’était rendu au poste de police communiste où il avait accusé sa mère d’avoir agi ainsi contre leur volonté. La vieille dame avait été emprisonnée après avoir été accusée d’avoir commmis un acte de contrainte religieuse sur d’un bébé impuissant.

Par ironie du sort, le juge qui se tenait face à l’accusée était également juif de naissance.

« Comment avez-vous osé infliger à un enfant un défaut si terrible ? » lui avait-t-il lancé, le visage plein de colère.

Sans perdre ses moyens, la vieille dame lui avait répondu sur un ton moqueur : « Vous êtes également juif et vous portez aussi par conséquent un tel défaut... »

« C’est vrai, avait-il admis, mais c’était avant la révolution. De nos jours, avec la police communiste, infliger cela à un bébé est une immense faute. »

La courageuse dame avait continué à défier le juge : « Regardez, le fait d’être circoncis comme un juif ne vous a pas empêché d’être finalement un non-juif comme tous les autres et de vous comporter exactement comme eux dans tous les domaines. C’est pourquoi je vous garantis que mon acte ne gênera pas cet enfant lorsqu’il grandira et que, bien que circoncis, il pourra être un goy aussi parfait que vous et un communiste à part entière ! »

Alors la patience du juge avait atteint ses bornes, et il s’était adressé à elle avec colère : « Pourquoi faites-vous semblant d’être stupide ? Nous vous enverrons pour dix ans à ‘‘Had Gadia’ (prison dans les plaines gelées de Sibérie) et vous constaterez là-bas si votre acte l’a gêné ou non ! »

La vieille femme avait levé les yeux au ciel en s’écriant : « Merci Hachem pour la bonté que Tu m’accordes. Je pensais avoir encore seulement un ou deux ans à vivre, mais voilà que ce juge, qu’il soit béni, me promet dix années supplémentaires dans les plaines de Sibérie ! Un grand merci à vous aussi Monsieur le Juge de me procurer une longue vie… » Tous les assistants, dans la salle du tribunal, avaient éclaté de rire. Même le juge, pourtant insensible, n’avait pu s’empêcher de rire. L’accusée avait un avocat ingénieux, qui avait alors profité de ce moment d’inattention du public pour dire au juge : « Votre Honneur, vous voyez exactement à qui vous avez affaire. Il s’agit d’une vieille femme que l’âge avancé et les malheurs de la vie ont perturbée. Avez-vous déjà rencontré quelqu’un qui se réjouisse qu’on le condamne à dix ans d’emprisonnement ? » L’argument avait porté et elle avait reçu la « punition » qui lui convenait : deux ans de prison avec sursis…

GARDE TA LANGUE

Un conseil efficace

Certains se rendent coutumiers d’une faute en s’imaginant qu’elle est permise : le mauvais penchant les induit en erreur en prétendant qu’il ne s’agit pas du tout de médisance, ou bien que la Torah n’a pas interdit de calomnier un homme de ce genre ou que c’est au contraire une mitsva de le diffamer pour telle et telle raison. En réalité, la plupart des gens tombent dans le piège du lachon hara par ignorance. Il existe un seul conseil pour parer à ce problème : commencer par étudier tous les détails de l’interdit de médisance jusqu’à connaître le sujet à la perfection. Ce conseil est le plus efficace de tous et ne concerne pas spécifiquement la médisance. On peut l’appliquer à toute mitsva que l’on a transgressé plusieurs fois au point d’être possédé par le mauvais penchant dans ce domaine. Il faudra donc bien étudier les lois de la mitsva en question pour se défaire de la domination du yetser hara.

(Cha’ar Hatevouna)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Israël est sauvé uniquement par le mérite de la sainteté

« Parle aux cohanim, fils d’Aharon, et dis-leur : Nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens. »

Pourquoi la Torah a-t-elle utilisé un double langage en répétant « Parle et dis-leur » ? Expliquons, sur le mode de l’allusion, que le mot « Emor (parle) » est composé des mêmes lettres que le terme « Roma (Rome) ». La civilisation impie de Rome va, à l’avenir, s’étendre sur le monde entier et opprimer Israël. Rome n’est autre qu’Edom, comme il est dit dans la Aggada (Eikha Rabba 4, 21) sur le verset « Sois donc gaie et joyeuse, fille d’Edom » (Eikha 4, 21) : il s’agit de César et de Rome. La Torah nous enseigne ici que le seul moyen dont dispose Israël pour sortir de cet exil, qui est celui d’Edom, est de se détacher de l’impureté.

On raconte à ce propos dans la Aggada (Midrach Téhilim 1, 20) : « Dans le monde à venir, tous les princes des nations du monde viendront accuser Israël devant D. et prétendre ‘Maître du monde ! Qu’est-ce qui différencie Israël des autres peuples ? Tous deux sont idolâtres, versent du sang et pratiquent des unions interdites ! Pourquoi certains sont-ils condamnés au Guéhénom et pas les autres ?’

D. leur répondra : ‘S’il en est ainsi, que chaque peuple descende avec son dieu au Guéhénom et y examine son comportement.’ Mais les bnei Israël répliqueront à Hachem : ‘Tu es notre espoir, Tu es notre chance et nous ne pouvons compter que sur Toi. Mais si telle est Ta volonté, passe devant nous.’ Alors, D. conclura ainsi : ‘Ne craignez rien, car vous êtes tous ‘revêtus d’écarlate’ (allusion à la circoncision), comme il est dit ‘Elle ne redoute point la neige pour sa maison, car tous ses gens sont revêtus d’écarlate’ (Michlei 31, 21). » On apprend donc d’ici que le peuple d’Israël sera sauvé de l’exil uniquement en se séparant de l’impureté et en s’attachant à la sainteté.

A LA SOURCE

« Si ce n’est pour ses parents les plus proches : pour sa mère ou son père » (21, 2)

Pour quelle raison, s’interrogent les commentateurs, commence-t-on par citer « sa mère » alors que pour le Cohen Gadol le texte dit d’abord « son père » : « il ne doit se souiller ni pour son père ni pour sa mère » ?

L’ouvrage « Or Torah » apporte une réponse simple :

« Pour sa mère et pour son père » désigne une situation où la mère serait décédée alors que le père était encore en vie. A l’inverse, l’expression « pour son père et pour sa mère » évoque le cas de figure où le père serait mort en premier.

Dans les deux situations, le texte apporte une nouveauté : le cohen simple est autorisé à se souiller pour sa mère, même si son père est encore en vie et peut s’occuper lui-même du mort.

En revanche, le Cohen Gadol n’a pas le droit de se souiller pour sa mère, même si son père est déjà décédé et est donc dans l’impossibilité de s’occuper de son enterrement.

« Quand vous ferez un sacrifice de reconnaissance à Hachem, faites ce sacrifice de manière à être agréés. Il devra être consommé le jour même. » (22, 29)

D’après le livre « Toldot Avraham », ce verset parle de la prière qui doit être faite en son temps, car elle vient en substitution du sacrifice.

Tout comme le sacrifice devait être apporté de manière à être agréé, ainsi la prière devra provenir d’un cœur entier.

Aussi, le principe « au-delà de son temps, le sacrifice ne peut plus être offert » est également de rigueur pour la prière. La phrase « Vous n’en laisserez rien pour le lendemain » nous apprend par ailleurs à ne pas compter sur une prière supplémentaire pour compenser une autre prière oubliée. Enfin, il nous faut être enveloppés de tsitsit et de tefilin pendant la prière du matin, allusion qui figure dans le verset « Gardez Mes commandements (mitsvotaï) » : le mot « mitsvotaï » (Mes commandements) est composé des initiales des termes formant la phrase « Enveloppés (Mé’outafim) des tsitsit et des tefilin (Outefilin) ensemble (Ya’hdav). »

« Vous mortifierez vos personnes » (23, 27)

Dans son livre « Kad Hakéma’h », Rabbeinou Be’hayé explique que le terme « inouï » (mortification) employé par la Torah inclut la souffrance du corps et de l’âme : l’affliction du corps passe par la faim et celle de l’âme provient des mauvaises pensées, car elles ont un impact plus fort sur l’âme que la faute elle-même. Ainsi, si nous mortifions notre corps en nous privant de nourriture mais que nous ne limitons pas les mauvaises pensées, nous commettons une faute sans retirer le mérite de ce jeûne-là.

Sache qu’il en est réellement ainsi, car un malade en danger est dispensé de jeûner tandis qu’une personne qui voudrait réaliser une union interdite en sera empêchée, même au péril de sa vie. Il est alors clair que la mortification du corps associée à celle de l’âme constitue le jeûne le plus agréé et le plus apprécié. Cette souffrance équivaut à un sacrifice et son salaire en est encore supérieur. En effet, le sacrifice affecte l’argent tandis que le jeûne touche à la chair et au sang de la personne.

La lumière du Zohar

« Afin que Je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël » (22, 32)

La kedoucha qui se trouve dans la prière « Ouba LeTsion » est écrite en araméen, et c’est pour cette raison qu’elle peut être récitée par un individu priant seul. Mais la kedoucha en hébreu ne peut être récitée qu’au sein d’un minyan (groupe de dix personnes) car la présence divine s’y associe.

Or la kedoucha du kadich est également en araméen : pourquoi ne peut-elle pas être récitée individuellement ?

Elle n’est pas comme toutes les autres kedouchot triples : elle monte de toutes parts (en haut, en bas et dans tous les recoins de la foi), brise les serrures, les sceaux de fer et les mauvaises écorces afin que la gloire de D. s’élève au-dessus de celles-ci.

Nous devons donc la réciter dans une autre langue et répondre d’une voix forte « Amen Yéhé Chémé Rabba Mevarakh » afin de briser les forces impures et de permettre à D. de s’élever au-dessus de tout. Alors Hachem, dans toute Sa splendeur, Se dressera, Se souviendra de Ses enfants et de Son nom. C’est la raison pour laquelle elle ne peut être récitée que dans un minyan.

(Terouma 129b)

SUR LA VOIE DE NOS PERES

Qu’il ne souffre pas

L’ouvrage « Kol Méheikhal » apporte une jolie précision au nom du Roch Yéchiva de « Beer Ya’akov », le Gaon Rabbi Moché Chemouël Schapira, sur les mots « dans le palais duquel réside la joie », qui ne figurent pas dans l’invitation au Birkat Hamazon du repas qui suit la circoncision, mais que l’on récite en revanche durant les Chiva Berakhot d’un repas de mariage. Pourquoi cette différence de texte ? La halakha attribue cela à la souffrance du bébé qui est affaibli et incommodé par la circoncision. Pourtant lors d’une circoncision, une joie intense emplit les mondes supérieurs, comme il est dit : « La circoncision est d’une telle importance que sans elle, D. n’aurait pas créé le monde », ou encore « La circoncision est si grande que treize alliances ont été conclues grâce à elle. » Le midrach rapporte que la mitsva de circoncision est un autel d’expiation : l’endroit où Avraham s’est circoncis a été fixé comme un autel d’expiation pour les générations à venir. Puisqu’il s’est circoncis le jour de Kippour, nous avons mérité de pouvoir être pardonnés ce jour-là, à jamais. Enfin, le Midrach affirme que le peuple d’Israël sera délivré de l’exil grâce à la mitsva de la circoncision.

Il paraît donc évident, à la lumière de tout ce que nous venons de dire, que le jour d’une circoncision doit être une très grande joie ! Mais malgré tout, on ne peut pas dire « dans le palais duquel réside la joie » lors de l’invitation au Birkat Hamazon : pour quelle raison ? Parce que le bébé de huit jours souffre un peu et en est indisposé. Cette douleur suffit à ce qu’on ne puisse pas dire « dans le palais duquel réside la joie » dans le zimoun.

Cette notion prend tout son sens dans notre paracha, avec l’épisode de celui qui a blasphémé nominativement Hachem. Avant même que D. ne prononce Sa sentence, il est dit « On le mit en lieu sûr, jusqu’à ce qu’une décision intervînt » et Rachi explique : « Lui seul, et non avec le ‘ramasseur de bois’. Or tous les deux avaient agi au même moment et on savait que le ‘ramasseur’ était passible de la peine de mort. Mais en revanche, dans le cas du blasphémateur, il est écrit : ‘pour interpréter pour eux’, car ils ne savaient pas s’il était ou non passible de la peine de mort. » Siftei ‘Hakhamim nous éclaire à ce propos : « Si on les avait laissés ensemble, le blasphémateur aurait pensé être passible de la peine de mort comme le ramasseur de bois. Or le blasphémateur ne l’est peut-être pas et va donc souffrir pour rien ! C’est la raison pour laquelle ils ont été séparés. »

Cette pensée l’a perturbé

Voici le récit d’un des élèves du tsaddik Rabbi Arié Levin : « Quand j’étais petit, j’étudiais au Talmud Torah ‘Ets ‘Haïm’, au centre de Jérusalem.

Un soir, mes parents ont été surpris de trouver mon Rav à l’entrée de notre maison. Que s’était-il passé ? En réalité, l’après-midi de ce jour-là, j’étais allé poser une question à Rabbi Arié qui était alors le machguia’h du Talmud Torah. Il m’avait demandé de patienter un peu car il était plongé dans un autre sujet.

‘Après avoir attendu un long moment et constaté que le Rav était occupé, je suis reparti’ a raconté l’élève à ses parents. Le soir même, nous avons été surpris de voir Rabbi Arié se diriger vers notre maison pour s’enquérir de ce que j’avais à lui dire ! Il avait en fait craint de m’avoir causé du tort en me faisant patienter pour rien. Cette pensée l’avait perturbé alors que je n’étais qu’un petit enfant…

Stupéfaits, mes parents se sont exclamés avec sincérité et pureté : ‘C’est pour cela que vous avez fait l’effort de venir voir notre fils dans la nuit ? Vous auriez pu attendre demain pour vous intéresser à sa question !’

Mais la réponse du tsaddik de Jérusalem a été la suivante : ‘Je voulais rassurer votre fils afin qu’il n’en soit pas troublé, même une seule nuit.’ »

HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

Je n’ai pas demandé pourquoi

Rabbi David ‘Hanania Pinto a une fois raconté : « Lors de l’inauguration de la maison d’un de mes disciples à Ashdod, une des participantes nous a fait part d’une histoire extraordinaire que sa mère, qui habitait à Casablanca, avait vécue. » Comme nous le savons, Rabbi ‘Haïm le petit avait habité à Essaouira avant de déménager, dans ses dernières années, à Casablanca où il a d’ailleurs été enterré. Dans cette ville, qui abritait deux cent cinquante mille juifs, Rabbi ‘Haïm s’est fait connaître pour sa grande sainteté. Par exemple quand il passait dans la rue, tous se précipitaient pour mériter d’embrasser ses mains et lui demander une bénédiction. Il était un symbole de vérité et sa Torah était authentique. C’est pourquoi D. a répandu Sa sainteté sur lui et ses bénédictions étaient fructueuses, ce qui les rendait chères aux yeux de tous.

« Cette femme-là allait tous les jours faire ses courses au marché en passant près de chez Rabbi ‘Haïm pour lui demander une bénédiction. Un jour, le tsaddik lui a demandé : ‘Où allez-vous ?’ et elle a répondu : ‘Au marché, faire les courses comme tous les jours.’ Mais le Rav a répliqué : ‘N’allez pas au marché. Rentrez chez vous et restez-y. Vous pourrez faire vos courses cet après-midi ou demain.’

La femme n’a posé aucune question, convaincue qu’il y avait une bonne raison aux propos du Rav, et elle est rentrée chez elle. Un quart d’heure plus tard, une voisine a frappé à la porte en s’écriant : ‘Dépêchez-vous d’aller chez votre fille ! Elle m’a téléphoné et m’a chargé de vous informer que son mari avait subi un accident cérébral. La situation est critique, il est proche de la mort !’

Alors la femme a compris que le Rav lui avait conseillé de rentrer rapidement afin qu’elle puisse accueillir cette nouvelle. Bien entendu, elles s’est précipitée chez sa fille qui lui a annoncé d’une voix faible : ‘Maman, mon mari agonise !’ Puis quelques minutes plus tard, il a rendu l’âme. Lorsque Rabbi ‘Haïm est venu les consoler pendant les sept jours de deuil, la mère l’a questionné : ‘Rabbi ! Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que mon gendre allait mourir et m’avez-vous juste recommandé de rentrer, sans détails supplémentaires ?’

Le tsaddik a répondu : ‘Vouliez-vous être peinée avant l’heure ? La souffrance actuelle est suffisante !’ » Cette histoire nous permet de réaliser la grandeur et la sainteté du Rav qui avait vu, par esprit prophétique, tout ce qui allait se dérouler mais avait décidé de se taire pour ne pas causer de peine à des bnei Israël. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour amoindrir la souffrance de ses frères.

 

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