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paracha de la semaine

Balak

7 Juillet 2012

17 Tamouz 5772

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:37*

23:01

Lyon

21:15*

22:15

Marseille

21:03*

22:15

* On allumera selon sa communauté

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Avec le cœur

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Sur le verset « L’esprit de D. fut sur lui », Rachi écrit : Son cœur l’a poussé à ne pas les maudire (c’est pourquoi il leur a donné la bénédiction « qu’elles sont belles, tes tentes »). Et le Siftei ‘Hakhamim explique : c’est comme s’il était dit : un esprit différent s’est emparé de lui, l’esprit de D. pour les bénir et non les maudire. Jusqu’à présent, tout ce que Bilam faisait sortir de sa bouche ne venait pas de son cœur. C’est dans ce seul verset, la bénédiction de « qu’elles sont belles tes tentes », qu’il a désiré les bénir en son cœur. C’est la première fois que ce cœur a connu un éveil quelconque, lorsqu’il a vu les bnei Israël camper selon leurs tribus, avec leur sainteté et leur pudeur, alors il a parlé du fond de la vérité qui se cachait en lui, et cette bénédiction est montée des profondeurs du cœur, elle n’était pas extérieure comme les autres, c’est pourquoi elle est restée pour l’éternité : elle représentait une vérité pure, car il y avait mis son cœur. C’est ce que veut dire Rachi par « son cœur l’a poussé à les bénir » : cette bénédiction provenait de la vérité intérieure, ce n’était pas seulement du bavardage, c’est pourquoi elle s’est réalisée.

Apprenons de là combien il est important de mettre son cœur dans toute mitsva qu’on accomplit. On peut prier tous les jours, mais d’une prière toute extérieure, sans faire attention, alors le verset crie : « Il m’honore de sa bouche et de ses lèvres, mais son cœur est loin de Moi. » On peut être assis à côté d’un livre et étudier, mais même cette étude se fait sans y prêter attention, et on attend avec impatience de terminer pour pouvoir se lever, comme un enfant qui fait l’école buissonnière. Naturellement, ce n’est pas la voie que Hachem a choisie, car le Saint béni soit-Il ordonne : « Placez Mes paroles sur votre cœur. » En effet, l’essentiel de la Torah est de provenir du cœur, de la vérité intérieure. Chelomo a dit dans sa sagesse (Michlei 23, 15) : « Mon fils, si ton cœur est sage ». Quel rapport y a-t-il entre le cœur et la sagesse ? C’est que si l’homme met tout son cœur dans la Torah, cette Torah est solide, si bien que toute la sagesse se trouve dans le cœur. Inversement, chez Bilam, seule la bénédiction « qu’elles sont belles tes tentes, Ya'akov » est restée pour l’éternité, parce c’est uniquement là qu’il a mis son cœur, or lorsqu’on met tout son cœur, la chose demeure.

C’est le sens du verset (Kohélet 7, 2) : « Les vivants doivent le prendre à cœur. » C’est seulement quand l’homme met toute son attention à la valeur de la vie, au but de l’être humain en ce monde, qu’il peut alors écarter le mauvais penchant, le détruire et s’approcher de Hachem. En effet, c’est uniquement en réfléchissant sur ces notions et en examinant l’intelligence du cœur qu’on se sent poussé à améliorer ses voies et sa conduite.

Quand j’étais à Londres, quelqu’un est venu me trouver pour que je lui donne la bénédiction d’avoir des enfants. Par la grande miséricorde de Hachem, un an plus tard, il a eu un fils et il est venu me remercier. J’ai vu devant moi un homme éloigné de toute trace de judaïsme. Je lui ai dit : « Est-ce que vous pensez que c’est à moi qu’il faut dire merci ? » Il m’a répondu « oui ».

« Réfléchissez mieux, lui ai-je dit. Avez-vous l’impression que vous me devez une reconnaissance quelconque ? » A la fin, il a cédé et m’a dit : « C’est vrai, le Rav a prié pour moi. » Je lui ai immédiatement demandé : « A qui ai-je prié ? » Il m’a répondu avec hésitation : « A D. ». Alors, je lui ai demandé : « Eh bien… où est D. chez vous, comment Le remerciez-vous du merveilleux cadeau que vous avez reçu de Lui ? » Et il m’a répondu : « Je voudrais faire un don important. »

Je ne l’ai pas laissé tranquille et je lui ai demandé : « Mais que donnerez-vous à D. ? » Alors, il m’a demandé innocemment : « Qu’est-ce qu’on peut donner à D., est-ce que je vais Lui faire une offrande ? » J’ai répondu : « Remerciez-Le en observant la Torah et les mitsvot, en mettant les tefilin, en observant le Chabbat. » Tout à coup, il m’a dit : « Je suis un réformé. » Sur le coup, j’ai été décontenancé, mais je me suis immédiatement repris et je lui ai répondu : « Sachez que c’est le Saint béni soit-Il Qui vous a donné un cadeau aussi merveilleux, et non les réformés, qui l’éloignent de Lui. » A ce moment-là, grâce à D., il y a eu véritablement un moment de grande faveur, son cœur s’est ouvert à la Torah et des paroles de vérité y sont entrées ; immédiatement, il a pris sur lui de se repentir totalement… c’est exactement ce qu’a écrit Rachi sur Bilam : son cœur lui a inspiré de bénir les bnei Israël, à un moment de vérité dans une pensée droite avec une grande attention. Et dans ces circonstances, une pensée prend racine dans les profondeurs du cœur et donne des fruits bénis de techouva et de bonnes actions, car quand on y met son coeur, c’est une chose qui perdure.

Celui qui fait attention à ce qui l’entoure demandera pourquoi, ces derniers temps, on utilise tellement dans le monde divers couverts à usage unique, tous faits de plastique fabriqué à partir du pétrole. L’industrie du textile utilise aussi beaucoup le plastique. La raison en est que dans les derniers moments qui précèdent la venue de la délivrance finale, le Saint béni soit-Il veut trier toutes les étincelles de sainteté qui sont dispersées dans le monde, même dans des endroits perdus les plus lointains, jusqu’aux étincelles de sainteté cachées dans les puits de pétrole. C’est pourquoi D. a inspiré la fabrication à partir du pétrole de ces ustensiles à usage unique, ainsi que tout le reste de la production.

Et voici qu’un juif se trouve chez lui et dit la bénédiction « chéhakol » sur ce verre ou utilise cette assiette, que ce soit pour un repas de Chabbat ou tout autre repas, et dit la bénédiction avec la concentration souhaitable. Par ces bénédictions, toutes les étincelles sont triées et rendues à leur véritable situation. Et même les étincelles de sainteté qui se trouvent dans la pierre et sont dispersées dans le monde entier trouvent leur réparation par le fait que du marbre est importé de divers pays du monde entier, et qu’on en construit des synagogues et des maisons d’étude, si bien qu’ainsi toutes ces étincelles sont délivrées. Et c’est justement à présent, au moment de la délivrance, que le Saint béni soit-Il se hâte de libérer ces étincelles.

Par conséquent par l’accomplissement de la Torah et des mitsvot, nous trions et rachetons les étincelles de sainteté qui se trouvent chez les non-juifs. C’est pourquoi nous devons tous nous renforcer dans la Torah et les mitsvot, prendre sur nous le joug de la Torah avec dévouement dans un amour sincère et véritable pour Hachem, et dans chaque mitsva que nous accomplissons, nous efforcer de porter une grande attention à nos actes pour les faire uniquement pour l’amour du Ciel et en l’honneur de Hachem.

HISTOIRE VECUE

Etre reconnaissant pour la vue

« Voyez ! Ce peuple se lève comme un léopard » : « Quand ils se lèvent le matin après avoir dormi, ils sont forts comme une lionne ou un lion pour se hâter d’accomplir les mitsvot, revêtir le talit, lire le chema’ et mettre les tefilin » (Rachi Bemidbar 23, 24).

Voici une histoire extraordinaire racontée par le Maguid Rabbi Chabtaï Youdalevitch : un matin, Ya’akov, employé à l’Agence Juive, se réveille et s’aperçoit qu’il ne voit plus… Il est paniqué, il a perdu la vue.

Le docteur Tikho, un ophtalmologue de renom, a tout de suite saisi la gravité de la situation et a fait entrer Ya’akov dans son hôpital spécialisé pour les déficiences de la vue, l’a soumis à divers examens et lui a prodigué des premiers soins. Après un ou deux jours, le docteur a annoncé à son patient : « Votre place n’est pas dans cet établissement. En effet, votre déficience ne provient pas des yeux mais d’une tumeur qui a touché votre cerveau. La tumeur a atteint les nerfs de la vue, vous privant ainsi de ce sens. »

Sur le conseil du docteur Tikho, Ya’acov a amassé ses économies, a emprunté de l’argent et s’est rendu en Allemagne chez un médecin juif, le professeur Tsoundak.

Celui-ci lui a réservé un accueil chaleureux et s’est occupé de lui avec dévouement. Peu de temps après, il l’a préparé pour une intervention au cerveau : ils lui ont ouvert le crâne afin de lui ôter la tumeur. Ainsi le pauvre Ya’akov est resté couché pendant trois mois, avec une interdiction formelle de bouger. D’après les médecins, n’importe quel mouvement imprudent était susceptible de perturber une zone ou l’autre du cerveau, et d’entraîner une mort immédiate.

En résumé, après trois mois de souffrance permanente, Ya’akov était rétabli et la tumeur qui avait touché son cerveau avait été éradiquée. Au cours de l’opération, on avait implanté dans son cerveau des morceaux de métal (de l’or). Alors le docteur Tsoundak lui avait recommandé sur le ton de la plaisanterie : « Une partie de votre tête est à présent composée d’or, protégez-vous des voleurs… »

Cependant bien qu’il ait été sauvé, puisqu’il était resté en vie, il n’a pas retrouvé la vue, ce qui lui était très pénible.

Le professeur lui a expliqué que pour recouvrer la vue, une opération supplémentaire était nécessaire : Je vais implanter dans votre cerveau une substance visant à établir une sorte de connexion électrique entre le cerveau et les nerfs oculaires, ce qui vous permettra de voir à nouveau comme auparavant. Il est cependant impossible de procéder à cette intervention pour le moment car la greffe demande une grande somme d’argent, et « nous n’avons pas cet argent », ont-ils conclu en chœur, dans un même soupir.

Ya’akov s’est tourné vers des institutions d’aide et s’est adressé à ses coreligionnaires, miséricordieux fils de miséricordieux, qui l’ont aidé à amasser la somme nécessaire à l’intervention salutaire. Avec l’aide de D., il est entré une nouvelle fois à l’hôpital pour une durée de deux mois. Il était impatient et brisé par son handicap qui se prolongeait, mais il continuait à surmonter l’épreuve et à garder espoir en la délivrance. Il m’a décrit en détails ses douleurs et les souffrances qu’il a endurées mais je ne m’étendrai pas sur ce sujet pour l’instant.

Un jour, le professeur Tsoundak a dit à son patient :

« Cher Ya’akov, demain matin on retirera le pansement qui couvre votre visage et vous pourrez enfin voir, si D. veut ! J’aimerais que la première chose sur laquelle vos yeux se poseront soit un objet de mitsva. Que pourrais-je vous montrer… ? a réfléchi le professeur à haute voix. Je vais placer devant vous les tsitsit, au sujet desquels il est dit ‘Et vous les verrez’. Je me tiendrai devant vous au moment où l’on vous retirera le pansement et vous observerez alors le talit katan que je porterai exceptionnellement par-dessus les vêtements. »

En proie à une excitation trop intense, Ya’akov n’a pas réussi à trouver le sommeil toute la nuit. A huit heures le lendemain matin, l’infirmière a retiré le pansement avec précaution et délicatesse, tandis que le patient tremblait de tout son corps tant il était ému. Et le voici transporté dans un rêve : Ya’akov avait face à lui un homme enveloppé d’un talit katan, qui caressait ses tsitsit en les lui montrant.

Ya’akov a éclaté en sanglots, s’est jeté aux pieds du médecin et l’a remercié de s’être donné tant de mal pour le soigner : « Merci ! Merci beaucoup ! » s’est-il écrié avec une émotion indescriptible. Avec des petites tapes dans le dos, le professeur Tsoundak lui a signifié de se redresser. Puis ils ont pris place à une table.

Une fois que Ya’acov a retrouvé son calme et qu’ils se sont tous deux installés paisiblement, le silence s’est installé et le professeur s’est mis à énoncer quelques paroles de sagesse :

« Mon cher Ya’akov, il y a maintenant plusieurs mois, vous vous êtes levé un matin, vous retrouvant hélas dans l’obscurité. Vos yeux ne vous permettaient plus de voir. Vous en avez été effrayé. Vous avez donc consulté des médecins, avez parcouru de grandes distances, avez épuisé vos économies et avez tout mis en œuvre pour amasser des sommes folles. Vous avez été hospitalisé trois fois durant de longues périodes et avez enduré des souffrances physiques et morales qu’il n’est pas nécessaire de détailler. Vous pourriez composer un gros livre uniquement sur vos aventures et vos douleurs. Et maintenant que vous avez recouvré la vue, votre cœur explose de reconnaissance ! Vous êtes bouleversé et ébranlé. Imaginez que les gens se réveillent chaque matin en comprenant que D. leur a ouvert les yeux sans aucune souffrance, et qu’ils voient. Ils voient, ils voient !

Mais à notre grand désespoir, nombreux sont ceux qui récitent la bénédiction ‘Bénis sois-Tu, Hachem notre D., Qui rends la vue aux aveugles’ de manière routinière, rapidement et sans concentration, juste pour se rendre quitte, sans percevoir l’étendue de la signification de ces mots-là. Je vous demande, mon cher ami, de garder toujours ce moment en tête et d’aimer D. de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre être. Plus particulièrement, quand vous réciterez la bénédiction ‘Qui rend la vue aux aveugles’, pensez à ce que vous dites, louez D. et remerciez-Le. »

Heureux, Ya’akov est rentré en Israël et est a réalisé une techouva parfaite. Au fil du temps, il s’est fait connaître pour sa crainte de D. et ses qualités morales. Il a soutenu de nombreuses personnes et a fait grandir une génération d’enfants dans la Torah et les bonnes actions, les menant jusqu’au mariage.

GARDE TA LANGUE

S’efforcer de garder le silence

Une personne de nature triste qui a besoin de parler de toutes sortes de sujets pour se sentir bien et a du mal à se taire devra s’habituer à ne pas parler des gens, quels qu’ils soient. Et s’il arrive qu’elle soit obligée de parler de quelqu’un, elle le fera brièvement, afin de ne pas être amenée à commettre une transgression. J’ai entendu que le gaon Rabbi Raphaël de Hambourg avait démissionné de sa fonction de Rabbin quatre ans avant son décès, et lorsque des visiteurs se rendaient chez lui, il leur demandait de ne parler de personne.

(Cha’ar Hatevouna)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Le temps des rénovations

« Qu’elles sont belles tes tentes, Ya’akov, tes demeures, Israël ! »

Dans la Guemara Sota (48a) Rabban Chim’on ben Gamliel dit au nom de Rabbi Yéhochoua : « Depuis le jour de la destruction du Temple, il n’y a pas de jour sans malédiction. » Plus loin, Rava dit : « Chaque jour, la malédiction s’amplifie, comme il est écrit ‘Tu diras chaque matin ‘Si c’était le soir !’ et chaque soir ‘Si c’était le matin !’’ » (Devarim 28, 67).

Qu’a réellement ajouté Rava aux dires de Raban Chim’on ben Gamliel ? De plus, pourquoi depuis la destruction du Temple ne se passe-t-il pas un jour sans malédiction ? Essayons de répondre à ces questions à la lumière des explications du gaon de Vilna : A l’époque du Temple, on offrait chaque jour le sacrifice permanent, et comme nous le savons, le monde se maintenait par le mérite de ces sacrifices. Par conséquent, depuis que le Temple n’est plus et que l’on n’offre plus de sacrifices, il n’y a plus rien pour faire tenir le monde. Or tout comme un corps humain ne peut subsister sans nourriture, le monde ne peut perdurer sans sacrifices, et c’est la raison pour laquelle pas un jour ne passe sans malédiction.

Nos Sages ont alors institué des prières pour remplacer les sacrifices, en accord avec le verset : « Nous remplacerons les taureaux par cette promesse de nos lèvres. » Mais une question persiste alors : si les prières viennent en lieu et place des sacrifices, pourquoi n’y a-t-il pas un jour sans malédiction ?

En réalité, nos Sages ont dit (Yérouchalmi Yoma 1, 1) : « Toute génération qui ne voit pas le Temple reconstruit, c’est comme s’il avait été détruit à son époque. » Cela nous renseigne sur l’intensité de la souffrance de la Chekhina : malgré notre étude de la Torah et nos prières faites avec application et conviction, l’absence de reconstruction du Temple constitue la plus grande malédiction qui soit. Si nous ne permettons pas sa reconstruction, alors la malédiction s’intensifiera de jour en jour. Or les souffrances ont pour unique but de nous éveiller au repentir et de nous inciter à rénover le Temple. Le mot « bédek » (rénovation) est formé des mêmes lettres que « dévek » (attachement) : il nous faut nous attacher à D. même dans des périodes difficiles comme celle de l’exil. En agissant ainsi, nous contribuerons à la reconstruction du Temple dans toute sa gloire, avec la résidence de la présence divine.

A LA SOURCE

« Il a dit aux serviteurs de Balak : ‘Quand Balak me donnerait…’ » (22, 18)

Les premiers émissaires de Balak, qui étaient des hommes simples, étaient considérés comme des « princes » par Bil’am, alors que les nombreux et honorables messagers que Balak a envoyés par la suite ont été qualifiés de « serviteurs ».

Rabbeinou Bé’hayé nous en donne une explication : Bil’am était cupide et vaniteux. Ainsi il a nommé « princes » les premiers envoyés qui se sont présentés à lui avec soumission et lui ont parlé avec douceur. En revanche, il a qualifié de « serviteurs » ceux qui se sont adressés à lui avec fierté en disant « Ainsi parle Balak, fils de Tsipor : ‘Ne te défends pas, de grâce, de venir auprès de moi.’ »

En effet, ils étaient méprisables à ses yeux et il ne les considérait que comme des serviteurs.

« Comment maudirais-je celui que D. n’a pas maudit ? Comment menacerai-je, quand Hachem est sans colère ? » (23, 8)

Que signifie « Ekov » (‘maudirais-je’) ?

Ce terme est formé des initiales de Amen, Kadich et Barekhou.

Menorat Hamaor explique que Bil’am s’est écrié : « Comment pourrais-je les maudire alors qu’ils prononcent plusieurs fois par jour des Amen, des Kadich et Barekhou ? »

« Il n’aperçoit pas d’iniquité en Ya’akov, il ne voit pas de mal en Israël. » (23, 21)

Le Admour Rabbi ‘Haïm de Tsanz expliquait ainsi la juxtaposition des versets « Il n’aperçoit pas d’iniquité en Ya’akov, il ne voit pas de mal en Israël » et « Hachem son D. est avec lui, et l’amitié d’un roi le protège » : « Il n’aperçoit pas », c’est-à-dire que seul l’homme juste, qui ne voit pas d’« iniquité en Ya’akov » ni de « mal en Israël », qui ne cherche pas les fautes parmi les bnei Israël et juge positivement tous leurs actes et leur façon de vivre, méritera que s’accomplisse en lui le verset « Hachem son D. est avec lui, et l’amitié d’un roi le protège. »

« Fera sa proie d’Edom, sa proie de Séïr, ses ennemis; et Israël triomphera. » (24, 18)

Ce verset est joliment interprété par le gaon Rabbi Yossef de Trani : Israël n’avait pas le droit de conquérir la terre de Moav. C’est seulement lorsque Si’hon l’a conquise de Moav qu’Israël a été autorisé à prendre des mains de Si’hon ce qui avait appartenu à Moav.

C’est ce qui est écrit dans les Psaumes : « Pour donner leur pays en héritage – en héritage à Israël Son peuple » : c’est uniquement après que Si’hon a conquis Moav et que D. a donné à Si’hon la terre de Moav en « héritage » que cela a pu devenir un « héritage » pour Israël.

C’est le sens du verset : puisque le peuple d’Israël n’est pas autorisé à hériter d’Edom, il a fallu qu’« il fasse sa proie d’Edom, sa proie de Séïr, ses ennemis. » Et c’est seulement après que Séïr a hérité d’Edom qu’Israël a eu la permission de triompher et de conquérir Moav.

LA LUMIERE DU ZOHAR

« Alors Hachem a ouvert la bouche de l’ânesse » (22, 28)

Rabbi Abba a dit : le fait que D. ait ouvert la bouche de l’ânesse m’a enseigné trois choses : Bil’am n’est pas digne que l’esprit prophétique repose sur lui. J’ai également compris qu’une ânesse n’a pas la capacité de choisir de bien ou mal agir. Enfin, j’ai appris de cette ânesse que les animaux n’ont pas accès à un savoir intégral.

Bil’am n’a même pas réussi à se mesurer aux paroles et à l’intelligence limitée de son ânesse. Alors a fortiori est-il incapable d’être inspiré par l’esprit suprême !

SUR LA VOIE DE NOS PERES

Ils sont TOUS des tsaddikim

On fait l’éloge de l’extraordinaire qualité du Admor de Belz qui cherchait toujours le moyen de louer et de vanter ses coreligionnaires. Dans chaque situation, il mettait l’accent sur le point positif et le mérite. Il valorisait toute qualité qu’il discernait chez son prochain et l’utilisait comme point d’appui pour plaider en sa faveur. Une fois, par exemple, le Rabbi se promenait dans la rue un Chabbat lorsqu’un homme fumant une cigarette est passé près de lui. Le compagnon de route du Rav l’a interpellé : « Ne savez-vous pas que nous sommes Chabbat aujourd’hui ? » « Oui, je sais ! » a été la réponse du passant. Le Rabbi a alors questionné son assistant : « Qu’a dit l’homme ? » et celui-ci lui a rapporté les propos. Alors le Rav a répliqué : « Tu n’as pas bien entendu, il a répondu ‘Oui, je ne sais pas… »

A ce sujet, voici l’enseignement que le Rabbi de Tsanz tire du verset de notre paracha « Il n’aperçoit pas d’iniquité en Ya’akov, il ne voit pas de mal en Israël : Hachem, son D., est avec lui. » Il s’agit d’une personne qui ne trouve aucun tort et aucun désavantage aux bnei Israël, qui ne s’attarde pas sur leurs fautes ni sur leurs erreurs, mais ne voit que leur grandeur. Un tel individu méritera que « Hachem, son D., soit avec lui », c’est-à-dire que la présence divine s’attache à lui. Le « Michné Halakhot » y ajoute une touche merveilleuse : cet homme-là méritera aussi que « la « teroua » d’un roi le protège », le mot « teroua » étant interprété non dans son sens littéral de « sonnerie », mais comme provenant de la racine « rea », ami, que D. devienne Son ami, Son proche. D. aime celui qui plaide la cause de Ses enfants, du peuple d’Israël.

Le Admor Rabbi Chelomo de Zvhil avait coutume de surnommer chaque juif « tsaddik ». Un jour, quelqu’un est venu lui demander une bénédiction pour que sa fille déjà âgée trouve à se marier. Lorsqu’il a tendu le morceau de papier qui portait sa requête, le Rav lui a demandé comme à l’habitude : « Que voulez-vous, tsaddik ? »

Une idée a alors traversé l’esprit du visiteur qui a déclaré : « Rabbi, le fait que vous soyez un tsaddik est connu de tous. Le fait que je le sois moi-même vient d’être affirmé par le Rav en personne. A présent, j’ai une fille en âge de se marier et vous avez un fils rempli de qualités. C’est vraiment une union qui s’impose ! »

Alors le Rabbi a répondu : « C’est vrai. Vous êtes un tsaddik, et je le suis également. Mais vous vous associerez avec un tsaddik comme vous tandis que je m’unirai avec un tsaddik comme moi… »

Un jour, un collecteur d’impôts, un juif renégat, s’est rendu chez Rabbi Chelomo de Zvhil pour provoquer une querelle en plein jour de Chabbat. Le Rav s’est adressé à lui comme à son habitude : « Que voulez-vous, tsaddik ? »

Très surpris, les présents se sont exclamés : « Rabbi ! Un renégat insolent mérite-t-il l’appellation de ‘tsaddik’ ? » Alors le Rav a expliqué : « Un verset dit ‘Et Ton peuple ne sera composé que de justes’ (Isaïe 60, 21). Ce juif-là nous pose donc un problème de compréhension de ce verset : il vaut mieux avoir une difficulté sur la dénomination de la personne que sur le verset… »

Une telle chose n’existe pas !

Souvent, lorsque des visiteurs se rendaient chez le gaon Rabbi Moché Chemouël Schapira, le Roch yéchiva de Beer Ya’acov, durant son étude, ils devaient rester près de lui pendant quelques minutes avant qu’il remarque leur présence, tant il était absorbé par sa souguia.

Un jour, au milieu d’une étude à la yechiva, le délégué d’une institution est venu ramasser de l’argent. Au bout de quelques minutes, le Rav Schapira a remarqué sa présence et l’a accueilli chaleureusement et avec joie, comme s’il l’attendait depuis longtemps. « Bienvenue ! » s’est-il exclamé en tendant la main à son visiteur avec affection et émotion…

Quelque peu surpris, l’homme était sûr que dans sa concentration intense, le Rav l’avait confondu avec un Roch yéchiva important. Alors il s’est excusé en disant : « Je ne suis qu’un simple juif… »

« Un simple juif est une chose qui n’existe pas ! s’est écrié le Roch yéchiva en tremblant, savez-vous ce que signifie être juif ? Je vais vous montrer ce qu’être juif implique : je me lève en votre honneur car vous êtes un juif ! » Et le Rav Schapira s’est levé de toute sa hauteur et lui a serré dignement la main. Il ne savait plus où se mettre et a quitté la maison d’étude le visage rayonnant.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Le mérite de l’endroit

Chaque année, Rabbi Pin’has Hacohen de Marrakech allait se recueillir sur la tombe de son grand-père notre maître David ben Baroukh, en compagnie d’individus pleins de foi en D. qui se rassemblaient à Mogador.

Une année, alors que tout ce groupe était monté en voiture, celle-ci n’a pas démarré. Alors en bons juifs croyants, ils se sont mis à prier pour que D. leur envoie un miracle par le mérite du tsaddik David ben Baroukh et qu’ils puissent arriver à temps pour sa hilloula.

Encore en pleine supplication, ils ont vu au loin Rabbi ‘Haïm Pinto qui se dirigeait vers le tombeau du saint Rabbi ‘Haïm Pinto le grand. Rabbi Pin’has Hacohen a alors envoyé son assistant informer Rabbi ‘Haïm que leur voiture était en panne : « Nous ne pouvons voyager et la hilloula approche ! » Arrivé près du groupe, Rabbi ‘Haïm a questionné Rabbi Pin’has : « Pourquoi ne m’avez-vous pas fait part de votre présence dans la ville, comme chaque année ? » et son ami a répondu : « Nous sommes arrivés à Mogador tard dans la nuit et je n’ai pas eu le temps de vous prévenir. Maintenant, nous sommes dans l’impossibilité de nous rendre au cimetière. »

Alors le Rav Pinto a demandé à Rabbi Pin’has de l’accompagner pour prier sur la tombe de Rabbi ‘Haïm le grand. Puis ils sont repartis vers la voiture sur laquelle Rabbi ‘Haïm a lancé une pierre en s’écriant : « Que D. te réprimande, Satan ! »

C’est à ce moment-là que le miracle s’est produit : la voiture s’est ranimée et a démarré.

Avant de prendre la route vers le tombeau de Rav David ben Baroukh, Rabbi Pin’has Hacohen a demandé à Rabbi ‘Haïm avec solennité : « Pourquoi n’ai-je pas bénéficié du mérite de mon grand-père le jour de sa hilloula, alors que vous avez pu jouir du mérite de vos ancêtres ? »

« Que D. préserve, a-t-il répondu le visage rayonnant et plein d’une réelle humilité, nous avons tous deux le même mérite. Seulement, je l’ai sollicité dans mon domaine, à Mogador, alors que votre mérite vous profite dans votre domaine, c’est-à-dire à Marrakech et non ici. »

 

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