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paracha de la semaine

Choftim

25 Août 2012

7 Elloul 5772

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Des juges pour les midot et des policiers pour les pensées

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Tu institueras des juges et des policiers dans toutes tes villes » (Devarim 16, 18)

Il y a lieu de comprendre ce que la Torah nous apporte ici de nouveau : il est clair et évident que tout état, pour fonctionner correctement, doit comporter des juges et des policiers pour faire régner l’ordre, et que tous les habitants doivent se plier aux lois et aux règles du pays. Comme l’a dit le Tanna (Avot 3, 2) : « Veillez à maintenir la paix dans le royaume, car sans la crainte de ce dernier, les hommes s’entretueraient. » Ainsi, la logique implique obligatoirement l’institution de juges et de policiers : pourquoi donc la Torah a-t-elle jugé nécessaire de l’ordonner ?

Il me semble que la Torah nous met ici en garde contre notre mauvais penchant. Elle nous demande de fixer des juges et des policiers pour nous-mêmes, pour nous éviter de suivre le conseil de notre yetser hara. En effet, si nous ne plaçons pas de juges pour nos désirs et n’inhibons pas nos plaisirs, nous risquons de nous laisser entraîner par le courant des envies et de tomber au fond de l’abîme.

En effet, le mauvais penchant nous entraîne par la ruse dans le mauvais chemin et introduit en nous le sentiment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter ni de crainte à avoir. Usant de paroles doucereuses, il nous conduit de manière imperceptible à notre perte. Puis lorsque nous émergeons de notre torpeur et voulons nous repentir, il est déjà trop tard : nous sommes déjà enfoncés dans le monde matériel, submergés de désirs dont il nous est difficile de nous séparer. C’est pourquoi la Torah demande « Tu institueras des juges et des policiers » : ils veilleront sur nous et nous aideront à garder la lucidité afin de ne pas tomber dans les filets du yetser hara et de ses stratagèmes.

A présent, nous pouvons également expliquer le verset (ibid. 17, 15) « Tu te donneras certainement un roi. » La sainte Torah est appelée « roi », elle est la couronne de la Création. Hachem exige que la Torah éclaire nos pas : elle devra nous guider dans toutes nos voies, être notre roi et notre gouverneur. Pour cela, il nous faut placer des juges et des policiers et ne pas laisser le mauvais penchant nous approcher. Voici l’interprétation proposée par Rabbi ‘Haïm Vital sur le verset « Tu institueras des juges et des policiers dans toutes tes villes » : « Nous disposons de plusieurs portes ouvertes sur le monde ; celle de la vue qui correspond aux yeux, celle de l’odorat qui correspond au nez, celle de l’ouïe qui correspond aux oreilles et celle de la parole qui correspond à la bouche. Nous devons verrouiller ces portes-là, en y plaçant des « juges et des policiers ». Il nous faut poser des barrières à chacune de nos entrées : que nos yeux ne voient pas de scènes interdites, que nos oreilles n’entendent pas des paroles de colportage et de médisance, que notre nez ne sente pas des  parfums de débauche, et que notre bouche ne profère pas de propos interdits et légers. Enfin, nous devrons surveiller tous nos actes et n’aller à aucun endroit qui puisse entraîner une transgression. Quiconque agit ainsi et place des juges et des policiers pour préserver tous ses membres de la faute sera concerné par le verset « Ouvrez les portes et que vienne un peuple juste. » D. agira mesure pour mesure avec l’homme : tout comme ce dernier a placé des policiers pour contrôler ses entrées, Hachem lui ouvrira les portes du Ciel, les 310 mondes. »

Nous devons également placer des policiers face à nos mauvaises midot afin de ne pas nous enorgueillir ni nous sentir supérieurs, car l’orgueil est honni de D. D’ailleurs, quiconque agit avec suffisance n’est pas accepté parmi les autres, et même ses plus proches ne l’apprécient pas. Il s’agit d’un grand principe dans le domaine de la paix conjugale : si l’homme se sent fier et au-dessus de sa femme, s’il se considère comme un supérieur à qui tout le monde doit obéir, il détériore la paix de son foyer et détruit sa propre personne. Mais s’il a la sagesse de se comporter avec humilité avec son épouse et de lui pardonner même quand elle le blesse, il établit sa demeure et construit sa résidence. Dans ce dernier cas, D. aussi est content et S’installe parmi eux, comme il est dit (Sota 17a) : « Si un homme et une femme sont méritants, la présence divine réside parmi eux et le nom de D. ‘youd-hé’ réside en leur sein. » A ce sujet, au mariage de mon cher fils Rabbi Moché Aharon, j’ai trouvé la réponse à une question que je me posais. Lorsque nous avons récité la bénédiction « dans le palais duquel réside la joie », je me suis demandé : pourquoi se réjouit-on dans le Ciel lorsque quelqu’un se marie ? Pour quelle raison la joie réside-t-elle alors dans la demeure de D. ? Je pense pouvoir répondre qu’il y a réellement de quoi se réjouir : en effet, la nature humaine incite à vouloir gouverner et dominer les autres. Or au moment d’un mariage, lorsque l’homme déclare à sa femme « Voici, tu m’es consacrée par cette bague », elle devient immédiatement soumise à son mari, rentre sous sa protection et lui appartient. A ce moment précis, elle devient interdite à tous les autres hommes pour ne plus appartenir qu’à son mari : il n’existe pas de plus grande soumission et de plus important don de soi que cela. En effet, elle s’annule et se soumet à son époux. De même, lorsque le marié brise le verre et dit « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie », il se souvient de la destruction du Temple causée par la haine gratuite et en tire l’enseignement suivant : s’il veut préserver l’intégrité de son foyer afin qu’il ne soit jamais détruit, il doit adopter envers sa femme une conduite humble et modeste, et s’éloigner de l’orgueil et de la haine. Même s’il arrive qu’elle le blesse, il doit s’efforcer de rester humble, de céder, de pardonner, de se dépasser et de ne garder ni rancune ni haine. Lorsque dans le Ciel on constate que l’un cède devant l’autre, que les deux font des concessions et acceptent de vivre dans l’amour, la fraternité, la paix et l’amitié, une grande joie naît dans les cieux et se multiplie dans les mondes supérieurs... car la paix est essentielle pour D. C’est pourquoi lors d’une ‘houpa on récite la bénédiction « dans le palais duquel réside la joie ».

LES HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

A l’occasion de la hilloula du gaon et tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, que son mérite nous protège.

A l’occasion de la hilloula de Rabbi Moché Aharon Pinto, que son mérite nous protège, le père de notre maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, nous allons citer ici quelques histoires particulièrement frappantes sur les qualités et la conduite du tsaddik, cette fois-ci tirées des cours de notre maître chelita dans lesquels il nous a fait profiter de la lumière de la Torah et des qualités exceptionnelles de son père, que son mérite nous protège.

Du Ciel, on avait décidé que le jour de la hilloula de mon père, Rabbi Moché Aharon Pinto, habitué aux miracles, qui était un symbole et un exemple de l’adage « qui sont les véritables roi ? les rabbanim », ait lieu dans cette paracha. Il savait toujours régner sur ses désirs et les maîtriser parfaitement, et il s’était détaché de toutes les jouissances de ce monde autant qu’il est possible.

La Torah raconte en détail comment doit se conduire un roi juif : « Quand il sera sur son trône, il écrira sur un livre une copie de cette Torah » (Devarim 17, 18). Le mot « véhaya » (quand il sera) est formé des lettres du Tétragramme. Cela signifie que seul le Saint, béni soit-Il a le droit de Se glorifier de Son trône, et non un roi de chair et de sang, qui est aujourd’hui ici et demain dans la tombe.

Et de même que le roi doit servir d’exemple et être un symbole pour son peuple, tout Rav qui dirige sa communauté et tout talmid ‘hakham qui guide ceux qui l’entourent doit représenter pour eux un exemple, par ses manières agréables conformes à la voie de la Torah, et être, par ses qualités élevées, un symbole dont les fidèles s’inspireront pour qu’ils aspirent eux aussi à marcher dans le droit chemin. J’ai entendu sur le saint Admor d’Alexander zatsoukal que lorsque les Allemands l’ont conduit vers les fours crématoires avec ses élèves, il s’est dressé devant eux et leur a parlé avec émotion en leur disant : « Sachez que nous allons à présent sanctifier le Nom de D. dans le monde, c’est pourquoi vous devez vous concentrer en pureté uniquement sur la cause de toutes les causes ; faites très attention à ce que ne rentre dans vos pensées aucune idée étrangère qui les rendrait impropres à être offertes, pour que notre corps monte comme un sacrifice digne d’être en agréable odeur à Hachem… » Et c’est ainsi qu’ils sont allés à la mort avec le Rabbi à leur tête.

Le saint Admor a ainsi dirigé ses fidèles sur la voie de la sainteté. C’est cela « Tu placeras sur toi un roi » : que le roi sache diriger son peuple à tout moment et en tout temps, et qu’il se dresse toujours en tête du camp pour les diriger et leur montrer la voie ; que ce soit en des moments de joie ou en des temps de malheur, tous les yeux de la communauté sont tournés vers lui et tous guettent ses moindres paroles.

Certes, aujourd’hui, à notre grand regret, nous n’avons plus de rois et plus de prophètes, mais dans Sa grande bonté pour nous, Hachem n’a pas abandonné Son héritage. A chaque génération, Il a placé des justes et des hommes pieux d’une grande stature morale dont nous puissions apprendre le droit chemin à suivre. Les talmidei ‘hakhamim sont également appelés des rois, comme le dit la Guemara (Yoma 38b) : « Qui sont les rois ? les rabbanim. » En effet, eux aussi savent régner et gouverner, et cela s’exprime dans le fait qu’ils soumettent leurs mauvais instincts et en sont maîtres. Tout un chacun doit prendre exemple sur eux pour savoir quelle est la voie à suivre pour servir Hachem.

Une réponse de Rabbi Chimon

Mon père, que son mérite nous protège, a vécu toute sa vie dans une grande pauvreté, à tel point que ma grande sœur raconte que dans son enfance, elle se contentait d’une tranche de pain avec un peu de thé, parce que mon père n’avait absolument pas les moyens d’acheter du lait ou des produits laitiers. Un jour où la faim la tenaillait particulièrement, elle a demandé à mon père de la rassasier, alors il l’a envoyée chez la voisine pour lui demander quelque chose à manger. Et malgré toute cette pauvreté terrible, il était toujours heureux de son sort et remerciait Hachem de ce qu’Il lui donnait. Comme on le sait, pendant quarante ans mon père n’est pas sorti de chez lui, se détachant totalement de toutes préoccupations matérielles.

La plus grande de ses qualités était son humilité, qui était véritablement comme un couronne sur sa tête. Mon père, que son mérite nous protège, ne s’est jamais considéré comme ayant une quelconque importance dans le domaine spirituel. Pendant toute sa vie il s’est beaucoup gardé de l’orgueil, et il manifestait une humilité et une modestie envers quiconque, c’est pourquoi il a mérité plusieurs fois de voir le prophète Eliahou et d’avoir l’esprit saint.

En effet, l’humilité a une valeur considérable, et par elle on peut arriver à des sommets, au point d’atteindre l’esprit saint.

Il convient de raconter une histoire qui m’a été rapportée par monsieur Chlomo Weitzman sur mon père zatsal. En 5728 environ, mon père s’est rendu en Israël et il est descendu chez ce monsieur. C’était en hiver. Une nuit, mon père a dit à son hôte : « Je voudrais partir maintenant à Méron pour me rendre auprès de Rabbi Chimon, que son mérite nous protège, car je voudrais lui demander la permission de quitter le Maroc pour venir m’installer en Israël. »

« Mais vous y êtes allé il y a quinze jours », fit observer Weitzman.

« C’est vrai, mais je n’ai pas encore reçu de réponse de Rabbi Chimon, et je dois bientôt rentrer au Maroc, c’est pourquoi je suis pressé de savoir ce que je dois faire ». « La nuit est pluvieuse, peut-être pouvez-vous retarder votre départ jusqu’à demain », proposa monsieur Weitzman. Mais mon père était absolument décidé : « Je dois partir tout de suite. »

Chlomo Weitzman a demandé à son voisin, monsieur Peretz, s’il voulait se joindre au voyage, et quand il a accepté, ils sont partis en taxi à Méron. La question qui restait encore était s’ils allaient trouver les lieux ouverts ou fermés, car à l’époque les portes du mausolée n’étaient pas ouvertes jour et nuit comme à présent. Quand ils arrivèrent, ils trouvèrent les portes fermées. Certes, il était possible de prier autour de l’endroit où la tradition veut que Rabbi Chimon soit enterré, mais mon père voulait rentrer à l’intérieur. Il se tenait à l’extérieur, plongé dans ses pensées, quand tout à coup il s’approcha de son accompagnateur et lui dit : « Je veux aller maintenant au mochav Safsoufa… »

Monsieur Chlomo Weitzman s’étonna : « C’est vrai que ce mochav n’est pas très loin d’ici, mais que voulez-vous y faire ? » Mon père lui répondit : « Il y a quelques années, j’ai donné à un certain Bensoussan la bénédiction qu’il mérite d’avoir un fils, et maintenant je crois que sa femme a accouché et qu’on se prépare à la circoncision. Cela vaut donc la peine d’y aller pour participer à la circoncision, et de là nous verrons ce qu’il convient de faire. « D’accord, mais comment allons-nous aller au mochav ? » Mon père répondit en toute simplicité : « Descendons, et peut-être allons-nous trouver un taxi qui passera par là et s’arrêtera pour nous. »

Ils descendirent donc de la montagne, et voici qu’une Soussita passa par là et s’arrêta à côté d’eux. Le chauffeur leur demanda où ils allaient, et ils répondirent : « Au mochav Safsoufa. » « Montez », leur dit le chauffeur. Quand ils s’approchèrent de leur destination, ils entendirent une mélodie et comprirent que mon père avait eu raison, « on se préparait à la circoncision ». Ils sortirent de la voiture, et voici qu’à leur grande stupéfaction, dès que Chlomo eut lâché la poignée de la voiture, celle-ci disparut tout à coup comme si elle n’avait jamais existé ! Il se mit à crier « Rabbi Chimon bar Yo’haï ! » Mon père se tourna vers lui en lui faisant signe de se taire, et lui dit : « Je vous impose de ne pas raconter ce que vous avez vu tant que je serai en vie, et quand j’aurai quitté ce monde, vous aurez le droit de le raconter. Mais pour le moment, ne me posez aucune question. »

Monsieur Chlomo Weitzman a raconté cette histoire à la fin des sept jours de deuil pour mon père. Et quand j’ai réfléchi sur la profondeur de ce qu’elle renfermait, je me suis demandé pourquoi en vérité mon père avait tout fait pour cacher ce miracle. La réponse est que pendant toute sa vie, il s’est éloigné de l’orgueil autant qu’il est possible, et il a fui les honneurs comme s’il était poursuivi par le feu. C’est pourquoi il craignait que si se miracle extraordinaire était connu, il risque de s’enorgueillir, et il aurait été possible qu’un vague soupçon d’orgueil, qu’il avait en horreur, s’attache à lui, c’est pourquoi il a préféré cacher ce miracle jusqu’à après sa mort.

En fait, c’est cela la voie des justes : « Qui sont les rois ? les rabbanim », qui accomplissent avec une grande minutie les mitsvot de la Torah, dans l’esprit de « tu placeras sur toi un roi », c’est-à-dire qu’ils savent régner sur leurs défauts et gouverner leurs mauvais instincts, domptant ainsi le mauvais penchant en l’honneur de Hachem et en l’honneur de la Torah.

La Torah promet à celui qui se domine « que se prolongent les jours de sa royauté, pour lui et ses enfants parmi les bnei Israël ». Et si quelqu’un sait effectivement régner sur ses mauvais côtés et les dominer totalement, il lui est promis que ses enfants aussi seront rois sur leur mauvais penchant, et qu’eux aussi domineront leurs instincts et leurs défauts. Car la sainte voie adoptée par leurs pères leur sera transmise en héritage.

Puisse la volonté de D. être que Hachem nous fasse mériter de dominer notre mauvais penchant et tous nos désirs personnels, nous et nos descendants après nous, et que tous nos actes soient pour l’amour du Ciel, Amen et amen.

LES PAROLES DES SAGES

Pour que la joie soit entière

« Et tu te réjouiras en présence de Hachem, ton D., toi, ton fils et ta fille, ton esclave et ta servante, le lévi, l’étranger, l’orphelin et la veuve » (Devarim 16, 11)

Il y a un midrach bien connu selon lequel D. a dit : « Il y a quatre personnes à Moi (le lévi, l’étranger, l’orphelin et la veuve), parallèlement aux quatre qui sont à toi (ton fils, ta fille, ton esclave et ta servante). Si tu réjouis les Miens, Je réjouirai les tiens. » La souffrance des orphelins et des veuves n’est pas comparable à celle d’un enfant grandissant dans un foyer où résonnent les voix des parents. Il n’existe aucun moyen au monde capable d’apaiser la douleur et le chagrin de ces familles-là, celles qui ressentent la peine quotidiennement, et en particulier lors des jours de fête lorsque le manque se fait davantage ressentir et perce le cœur. C’est pourquoi D. appelle à réjouir « les Siens ». D’ailleurs, la bénédiction est assurée : « Si tu réjouis les Miens, Je réjouirai les tiens. » L’ouvrage « Roch Devarékha » rapporte l’histoire du Rav Ben Tsion ‘Hevron Lévi : un des élèves de la yéchiva s’apprêtait à se marier, mais malheureusement, il avait perdu son père environ deux semaines avant le mariage. Le directeur de la yéchiva, Rav Shapira, a participé à la fête en restant danser bien plus longtemps qu’à son habitude, afin de réjouir ce marié qui était partagé entre douleur et bonheur. Il l’a donc réjoui et tous ont senti la présence prolongée du Rav. Puis il s’est dirigé vers l’ascenseur et est descendu, mais arrivé à la sortie de la salle il s’est brusquement arrêté et a fait remarquer : « Je n’ai pas souhaité Mazal Tov à la maman ! »

Il est donc revenu sur ses pas, est remonté dans la salle et a fait appeler la maman, à qui on a annoncé : « Le Rav Shapira vous demande. »

Pleine d’émotion, elle s’est présentée rapidement, et souriant et plein de joie le Rav lui a souhaité : « Mazal Tov à la maman, Mazal Tov à la maman... » Il est évidemment impossible de décrire ce qu’ont ressenti ce marié et sa maman veuve ce soir-là, tant ils étaient heureux d’avoir mérité la présence du Rav à leur fête et sa participation personnelle et paternelle.

Mais il est orphelin

Le Rav d’Eilat, Rav Yaïr Hadaï, a été lui aussi témoin d’une situation semblable :

J’ai une fois accompagné notre maître à deux mariages qui se déroulaient le même jour et qui devaient avoir lieu tous deux avant la tombée de la nuit. Le Rav était ennuyé par ces deux mariages qui devaient se dérouler presque au même moment, car cela l’obligeait à courir de l’un à l’autre. Il m’a donc prévenu que dès la fin de la ‘houpa, nous partirions au deuxième mariage sans nous attarder. C’est ce que nous avons fait. Dès la fin de la ‘houpa, nous sommes allés au deuxième mariage, que le Rav a également pu célébrer avant la nuit. Puis il a dansé un peu avec le marié avant de s’apprêter à rentrer chez lui. Mais soudain, il m’a suggéré : « Et si nous retournions au premier mariage ? »

Surpris, j’ai demandé : « Pourquoi ? »

« Pour réjouir le marié, a-t-il répondu. Je n’ai pas eu le temps de le faire correctement. » « Mais le fait même d’avoir célébré sa ‘houpa est extrêmement réjouissant pour lui ! » ai-je répliqué. Alors le Rav m’a regardé et m’a dit avec une pure simplicité qui a clos la discussion : « Mais il est orphelin... »

Encore à ce sujet, on raconte qu’un orphelin qui avait grandi dans la famille d’un érudit était très proche d’un roch yéchiva et allait souvent lui rendre visite. Connaissant sa situation, le Rav l’accueillait toujours avec un visage chaleureux et avenant. Puis lorsque cet homme s’est marié et a eu des enfants, il a pris l’habitude de les amener au Rav et il accompagnait parfois celui-ci dans les bureaux du Grand Rabbinat. Voulant le réjouir, le Rav demandait au chauffeur de prendre les enfants avec eux pour « leur faire faire un tour en voiture »...

Toujours dans le même ordre d’idées, on raconte qu’un jeune homme étudiant à l’institut « Halakha Beroura » est malheureusement décédé. Le jeune étudiant était déjà orphelin de père : ainsi, seule sa vieille mère veuve est restée à pleurer sur son sort, brisée par la perte de son fils unique. Un avrekh s’est dévoué pour s’occuper d’elle et tenter d’apaiser sa douleur, mais elle était inconsolable.

Un jour, pendant la semaine du deuil, l’avrekh en question a reçu un coup de téléphone de la veuve lui disant : « Je vous donne mille dollars si vous devinez qui est venu chez moi. » Il n’a pas trouvé la bonne réponse, alors la dame lui a confié : « Un ange de Hachem, un réel ange de D. est venu me voir : le Rav Avraham Shapira! C’était pour moi comme le monde entier... »

A cette époque, le Rav était dans la dernière année de sa vie et était âgé de plus de quatre-vingt-dix ans. Pourtant, malgré son grand âge, il n’a pas ménagé ses efforts, il s’est déplacé jusqu’à la maison de la malheureuse veuve et a monté les escaliers pour la consoler et lui redonner un peu de courage.

J’ai senti que j’avais un père

Un jour, un disciple orphelin de la yéchiva de Rabbi Aharon Cohen (un des directeurs de la yéchivat ‘Hevron) est venu lui annoncer qu’il se fiançait. Après lui avoir souhaité Mazal Tov, le Rav a appris que son élève se trouvait dans une situation financière très délicate. Alors il lui a demandé : « As-tu déjà offert un cadeau à ta fiancée? » mais l’élève a répondu par la négative.

Le Rav lui a dit clairement : « Va à telle bijouterie, choisis une montre en or, offre-la lui et je m’occupe de payer... »

Plus tard, le marié a confié : « A ce moment-là, j’ai senti que j’avais encore un père... »

GARDE TA LANGUE

Il éloigne le mauvais penchant de toi

Nos Sages ont dit : « Quiconque cherche à se purifier, on l’aide. » Il est donc certain que par la suite, Hachem l’aidera à ne plus être attiré par les propos interdits, de même qu’en tant que juifs, nous ne sommes pas attirés par la consommation du porc. En effet, lorsque nous nous donnons du mal dans un domaine de la Torah, Hachem nous enlève le mauvais penchant pour cette chose-là, comme il est dit dans le midrach (parachat Nasso) : « Si tu fais beaucoup d’efforts pour cela, D. te décharge du mauvais penchant. »

(‘Hovat Hachemira)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Le royaume terrestre comme exemple du royaume céleste

« Tu te donneras certainement un roi, celui dont Hachem ton D. approuvera le choix » (Devarim 17, 15)

Pour quelle raison D. a-t-Il ordonné aux bnei Israël d’instituer un roi ? A la réponse « pour les juger », on rétorquera que la force de justice a été transmise aux juges et aux anciens, mais non au roi. Plus encore, a-t-on déjà vu le serviteur d’un Roi se soumettre à un autre roi ? Quiconque agirait ainsi serait considéré comme rebelle et passible de mort . Pourquoi alors a-t-il été permis au peuple d’Israël de se donner un roi humain, alors que Hachem avait dit « Je suis Hachem ton D., Qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage » (Chemot 20, 2), ou encore « Car c’est à Moi que les bnei Israël appartiennent comme esclaves ; ce sont Mes serviteurs à Moi, Qui les ai tirés du pays d’Egypte, Moi, Hachem votre D. » (Vayikra 25, 55) ? En réalité, la Torah demande ici de faire régner D., et c’est pourquoi elle emploie le singulier « Tu te donneras certainement un roi » : c’est tout un chacun qui doit se donner un maître, en l’occurrence Hachem, et non tout le peuple qui doit se soumettre à un chef différent de D. Hachem a ordonné aux bnei Israël de nommer un roi afin que celui-ci leur serve d’exemple dans ce monde et qu’ils Le craignent comme ils craignent leur maître. Comme avait dit Rabbi Yo’hanan à ses disciples (Berakhot 28b) : « Puissiez-vous craindre le Ciel autant que vous craignez les êtres humains ! » Effectivement, le Ralbag écrit que du temps de Chemouël, Hachem S’est mis en colère contre les bnei Israël parce qu’ils ont voulu se donner un roi qui leur instituerait de nouvelles lois, comme ils le souhaitaient. Voici ce qu’il dit : « Tous les anciens d’Israël se sont réunis, sont allés chez Chemouël à Rama et lui ont demandé de leur donner un roi pour les gouverner, comme en ont tous les peuples. Mais ils ont commis une erreur, car les bnei Israël ne fonctionnent pas comme les autres peuples, gouvernés par des rois qui fixent des règles selon leur bon vouloir. C’est pourquoi la Torah a exigé : ‘Si les bnei Israël tiennent à être gouvernés par un roi comme tous les peuples alentour, qu’ils choisissent un de leurs frères, lié à l’accomplissement de la Torah et qui se comporte en fonction de celle-ci et non selon d’autres normes.’ C’est pourquoi la Torah a ordonné que le roi écrive pour lui un séfer Torah, en plus de celui qu’il avait déjà avant d’être nommé à cette fonction, qu’il l’ait constamment avec lui et qu’il y étudie régulièrement afin de régir son attitude selon les lois de la Torah. C’est pour cette raison que la requête des anciens a déplu à Chemouël et qu’il a fini par leur dire que le peuple d’Israël a un seul et unique roi : D. Même Hachem a confié à Chemouël que les bnei Israël cherchaient par là à s’éloigner des chemins de la Torah et a dit ‘C’est Moi-même dont ils ne veulent plus pour roi.’ »

A LA SOURCE

« C’est sur la déposition de deux ou de trois témoins que sera mis à mort celui qui encourt la peine capitale ; il ne pourra être mis à mort sur le dire d’un seul témoin. » (17, 6)

Dans le Talmud de Jérusalem, il est dit (traité Makot ch. 2, michna 6) : On a demandé à la sagesse « Quelle est la punition d’un homme qui faute ? », et elle a répondu « Que le mal poursuive les fauteurs. » On a posé la même question à la prophétie, qui a répondu « L’âme qui faute mourra. » Puis on a demandé à Hachem, et il a répondu : « Qu’il se repente et il sera pardonné. »

C’est selon cette explication que Rabbi Avraham de Mikalayev a interprété notre verset. « C’est sur la déposition de deux témoins » : selon les deux avis de la sagesse et de la prophétie, ou même selon « trois témoins », c’est-à-dire selon la Torah, « sera mis à mort celui qui encourt la peine capitale » : le fauteur mérite la mort. En effet, même dans le cas où il doit apporter un sacrifice, qu’advient-il de lui lorsque le Temple n’existe pas, ou s’il n’a pas les moyens d’apporter un sacrifice ? Alors, « il ne pourra être mis à mort sur le dire d’un seul témoin » : selon l’avis de Hachem, le fauteur ne doit pas mourir. On lui demande simplement « qu’il se repente, et il sera pardonné... »

« S’il est un homme qui a peur et dont le cœur est lâche » (20, 8)

Dans Hilkhot Melakhim (7, 15), le Rambam encourage ainsi ceux qui partent en guerre pour Israël : « ‘S’il est un homme qui a peur et dont le cœur est lâche’ : textuellement ‘qui n’a pas la force d’affronter les épreuves de la guerre.’ Mais lorsqu’il se sera engagé, qu’il se repose sur D., le sauveur d’Israël, au moment des difficultés, et qu’il sache qu’il combat pour glorifier D., qu’il se renforce, qu’il ne craigne rien, qu’il ne pense ni à sa femme ni à ses enfants, qu’il efface tout souvenir de son cœur et se concentre uniquement sur la guerre.

Quiconque médite sur la guerre en s’effrayant transgresse un commandement négatif, car il est dit ‘Que votre courage ne mollisse point ; soyez sans crainte, ne vous laissez ni déconcerter ni terrifier par eux.’ De surcroît, toutes les vies du peuple d’Israël dépendent de lui. S’il n’a pas gagné, n’a pas mené le combat de tout son cœur et de toute son âme, il est considéré comme ayant versé le sang, ainsi qu’il est dit ‘Pour que le cœur de ses frères ne défaille point comme le sien.’ Mais quiconque lutte de tout son cœur, sans crainte, dans l’unique intention de sanctifier le nom de D., est assuré de n’être touché par aucun dommage et aucun mal et construira un bon foyer en Israël. Lui et ses enfants seront méritants à jamais et jouiront de la vie éternelle. »

« Tu ne dois cependant pas en détruire les arbres » (20, 19)

Le Séfer Ha’Hinoukh (mitsva 529) explique l’essence de cette mitsva. Elle vient « nous apprendre à aimer le bien et l’utilité et à y adhérer. Ainsi, nous nous attacherons au bien et nous éloignerons de toute mauvaise chose et de toute destruction. C’est ainsi qu’agissent les hommes pieux attachés aux bonnes actions : ils aiment la paix, se réjouissent du bonheur des autres et les rapprochent de la Torah. Ils ne laissent pas la moindre graine se gâcher dans le monde, toute perte et destruction les afflige et ils feront tout leur possible pour l’éviter.

En revanche les impies, de même nature que les forces destructrices, n’agissent pas ainsi : ils se réjouissent de la ruine dans le monde et la provoquent même. Mais D. Se comporte avec les hommes selon leur propre conduite, et ceci à jamais, comme il est dit : « Qui se réjouit d’un malheur ne demeure pas impuni, qui cherche le bien et s’en réjouit aura son âme attachée au bien pour l’éternité » (Proverbes 17, 5).

LA LUMIERE DU ZOHAR

« Reste entier (tamim) avec Hachem ton D. » (18, 13)

Rabbi Ilaï a demandé : « Quelle est la différence entre ‘tam’ et ‘tamim’ ? Pour Avraham, il est dit ‘Marche devant Moi et sois tamim (intègre)’ et au sujet de Ya’akov, qui était déjà parfait, il est dit ‘Et Ya’acov était un homme tam (intègre)’. Pourquoi le qualifie-t-on ainsi ? Parce qu’il n’était plus empreint d’aucune trace d’impureté et s’était débarrassé de toute tache.

Le Roch Yéchiva a dit : « A chaque fois que le terme ‘tamim’ est utilisé, c’est inscrit dans la sainte circoncision. Puisque Noa’h a respecté l’alliance, il a été appelé ‘tamim dans sa génération’, ce qui n’était pas le cas de ses contemporains, qui se sont dévoyés. C’est pour cela qu’il est dit ‘Noa’h allait avec D.’ Qui est capable de marcher avec Hachem ? Celui qui garde l’alliance sainte voit la présence divine s’allier à lui et demeurer avec lui. Ainsi ‘Reste entier (tamim) avec Hachem ton D.’ : sois ‘tamim’, et ensuite tu seras uni à Hachem. Puisqu’il observe l’alliance, il sera avec D. et ne se séparera pas de Lui.

SUR LA VOIE DE NOS PERES

La corruption

On rapporte une véritable perle au nom du ‘Hazon Ich : la mise en garde de la Torah contre la corruption ne fait pas partie des « michpatim », les lois sociales aisées à comprendre, comme celles qui portent sur l’argent, dont nous saisissons parfaitement la raison, mais des « ‘houkim », celles dont la raison nous échappe complètement, car en réalité, logiquement parlant, il n’y a pas lieu de soupçonner des gens sages, justes et d’une grande piété d’être disposés à détourner la justice à cause d’un quelconque intérêt financier personnel. Mais il y a ici un « ‘hok », décrété par la Torah à l’encontre des cadeaux corrupteurs, qui ont le pouvoir d’aveugler celui qui les accepte. Et bien que le juge qui accepte des cadeaux ait de très grandes qualités, soit un juste et n’ait certainement pas l’intention de donner un verdict erroné, malgré tout, comme la Torah a décrété que les pots-de-vin ont le pouvoir de déformer et de corrompre, c’est ce qui fait que le juge dévie de la justice. Les commentateurs disent que de même qu’un cadeau corrupteur de quelqu’un d’autre a une influence, l’homme peut aussi se corrompre lui-même par des cadeaux, et quand il a des opinions erronées à cause de ses intérêts personnels, il n’est plus capable de voir la vérité.

C’est ainsi qu’on peut résoudre une grande question du gaon Rabbi El’hanan Wasserman zatsal. Comme on le sait, la science s’est développée de façon extraordinaire, il existe aujourd’hui par exemple des radars qui perçoivent des choses qu’on n’aurait pas pu imaginer, tout cela grâce à des idées de gens instruits et de savants. Et en étudiant le corps humain, on s’est aperçu qu’il comporte vingt-quatre mille millions de cellules, et autres merveilles indicibles dans chaque partie du corps, qui est plus perfectionnée que l’ordinateur le plus complexe du monde. Donc la question se pose de savoir comment il se fait que des savants, devant tout cela, s’avèrent incapables de découvrir la grandeur du Créateur et restent athées. Or d’après ce que nous avons dit, ce n’est pas une question : c’est que ces scientifiques investissent toute leur énergie et toutes leurs pensées uniquement dans des préoccupations matérielles, c’est pourquoi même quand on essaie de les intéresser au judaïsme, ils reculent, et même devant une preuve que le monde a un Créateur, ils découvrent beaucoup de fausses raisons, du genre « ce n’est pas à cela que nous pensions » ou bien « ce n’est pas de cela qu’il s’agit ». Et s’ils croient de plus posséder des preuves contre le judaïsme, ce n’est pas parce qu’ils ont raison, mais parce qu’ils n’ont pas ouvert le Guide des Egarés du Rambam, ni le Devoir des cœurs, ni le Kouzari, ni bien d’autres. S’ils avaient étudié ces livres-là, la vérité leur serait apparue et ils se seraient repentis.

C’est pourquoi dans la prière de la amida nous demandons au Créateur : « Fais-nous revenir, notre Père, à Ta Torah », et ensuite « et mène-nous à un repentir total devant Toi », bien qu’apparemment il aurait fallu commencer par demander le repentir. C’est que l’homme doit d’abord prendre sur lui la Torah, c’est-à-dire accepter que toutes ses pensées portent sur la Torah sans se laisser déformer par d’autres idées, et ensuite seulement on peut demander le repentir.

C’est ce qu’on désire d’En-haut

L’expression la plus haute du règne de la justice dans notre monde est le moment où les juges expriment le désir d’En-haut qui se manifeste sur la terre, et où il s’agit uniquement du jugement de la Torah, pur et dénué de toute corruption et d’intérêt personnel, qui représente la volonté de Hachem en régissant totalement la vie en société.

Un jour, plusieurs élèves se sont présentés au gaon Rabbi Avraham Shapira zatsal pour lui demander d’intervenir dans un conflit qui avait éclaté dans une certaine institution entre deux parties. Les élèves lui ont expliqué de quoi il s’agissait et les divers éléments de la discussion, et le Rav, après les avoir écoutés, a décidé qu’ils devaient aller en « din Torah ». Ils ont de nouveau tenté de lui expliquer qu’en din Torah, un certain côté risquait de gagner, alors que moralement parlant, l’autre côté subirait une injustice, alors qu’avec l’intervention du Rav, ils pourraient arriver à un certain compromis. Mais le Rav a répété brièvement : « Qu’ils aillent en din Torah ». Les élèves ont essayé pour la troisième fois de le convaincre qu’il valait mieux qu’il intervienne, mais là, il les a rabroués en leur disant qu’ils n’avaient pas compris pas son intention.

Car ce qu’il essayait de leur expliquer, c’était que ce qui est décrété par le beit din, c’est ce qui est désiré d’En-haut ! Et il a répété cette phrase : « C’est ce qui est désiré d’En-haut ! »

 

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