Ki Tavo 8 Septembre 2012 21 Elloul 5772 |
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Hachem ne recherche que la sincérité
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre » (Devarim 26, 2)
La joie était grande à Jérusalem lorsqu’on apportait les prémices. La Michna (Bikourim 3, 2) écrit d’ailleurs à ce sujet : « Comment offrait-on les bikourim? Tous les habitants des villages voisins se joignaient à ceux qui offraient les prémices pour dormir dans les rues de la ville. Puis le lendemain matin, le responsable proclamait ‘Levez-vous et montons à Sion vers Hachem notre D.’ afin d’accomplir le verset ‘Quand la nation s’accroît, c’est une gloire pour le roi.’ Le taureau destiné à être offert en sacrifice les précédait, paré, et avec les cornes recouvertes d’or. Un flûtiste marchait en tête de foule, et les accompagnait en musique. Puis tous les habitants de Jérusalem les accueillaient, les saluaient et prenaient de leurs nouvelles. Ainsi ils montaient au mont du Temple dans la joie et la gaieté. Les gens aisés apportaient leurs prémices dans des plateaux d’or et d’argent, alors que les pauvres les offraient dans des paniers en osier. En offrant son panier, chaque personne lisait la section de la Torah relative aux prémices (Devarim 26, 5) : ‘Enfant d’Aram, mon père était errant’, puis concluait par la bénédiction ‘Regarde depuis Ton saint palais céleste, et bénis Ton peuple Israël et la terre.’ »
Je me demande pourquoi la Torah a ordonné d’entourer la mitsva de bikourim de tout cet honneur. Dans quel but tous ces préparatifs autour de cette mitsva ? Pourquoi chaque propriétaire ne prenait-il pas tous ses fruits pour les apporter simplement au cohen ? Pour quelle raison fallait-il embellir cette mitsva, et l’orner de toutes sortes de beaux ingrédients pour les apporter avec gloire et splendeur? De plus, pourquoi faire lire par le propriétaire des prémices la section « Enfant d’Aram, mon père était errant » ? Voici mon interprétation : bien évidemment, le service divin doit provenir du fond du coeur. L’extériorité ne suffit pas. Parfois, nous accomplissons les mitsvot de D., nous étudions même la Torah, mais notre service n’est qu’extérieur et superficiel, dénué de tout sentiment et de tout enthousiasme. Il semble y avoir un élan extérieur pour servir Hachem, mais l’essentiel n’est pas là : il manque le coeur. Or il faut servir D. du plus profond de son coeur, avec une émotion intérieure ! Il faut éprouver un désir et une aspiration à se rapprocher de notre Créateur, et à accomplir les mitsvot avec un amour franc et sincère pour D. Mais si aucun réveil intérieur ne nous anime, tous nos actes ne seront que techniques, et il est dit à ce sujet « il ne me rend hommage que par la bouche, ne m’honore que des lèvres, et il tient son cœur éloigné de moi » (Isaïe 29, 13). Il va sans dire que les mitsvot accomplies alors, ainsi que la Torah étudiée dans cet état d’esprit, n’auront aucun effet positif, et nos Sages ont d’ailleurs déjà dit « D. recherche un coeur sincère » (Sanhédrin 106b), comme il est écrit : « C’est l’intention de l’homme qui compte pour Hachem. » C’est pourquoi, dans notre service divin, nous ne nous suffirons pas du seul accomplissement de la mitsva, mais y ajouterons la bonne intention et la sincérité. Alors nous sentirons s’allumer en nous une flamme pour la mitsva, et nous pourrons mériter la proximité de Hachem.
Telle est l’idée contenue dans la mitsva des bikourim : son but est de nous aider à nous rendre compte que c’est Hachem qui nous donne la force de réussir. Elle doit nous écarter de la pensée que « grâce à ma force et à ma puissance, j’ai acquis ces beaux fruits dans mon champ. » Grâce à elle, nous louerons et remercierons D. pour la belle terre qu’Il nous a donnée, pour tout le bien dont Il nous gratifie, et pour nous avoir permis de moissonner le produit de notre champ. Mais bien sûr, une reconnaissance qui ne serait qu’extérieure et formelle ne suffit pas : il nous faut prendre réellement la mesure de l’immense bonté que Hachem nous accorde en nous faisant vivre, et en nous donnant un héritage dans la terre qui assure la subsistance et la bénédiction. C’est pourquoi la Torah a ordonné d’honorer et de valoriser l’offrande des prémices : en effet, en voyant toute la beauté et la gloire qui entourent cette mitsva, le propriétaire des bikourim va se réjouir et s’emballer d’amour pour D., il va Le louer, Le glorifier et Le remercier. Mais il ne s’agira pas d’une simple formule de remerciement ! Ce sera une réelle reconnaissance provenant des tréfonds de son coeur pour la parcelle de terre que D. lui a donnée, et pour les magnifiques fruits qu’il a mérités. A travers cela, il comprendra pleinement que c’est D. qui dirige tout, qui lui donne tout, et que Sa généreuse et large main est la seule source de bénédiction pour sa terre. Ce remerciement sincère et profond permettra au propriétaire de renforcer sa foi en D. et de se rapprocher encore davantage de Lui.
C’est alors qu’il dira « Enfant d’Aram, mon père était errant » : « Enfant d’Aram (Arami) » se rapporte au mauvais penchant qui est rusé (Ramaï), d’après l’explication du Or Ha’Haïm, et « mon père était errant (oved avi) » signifie que « c’est le mauvais penchant qui m’a poussé à perdre (oved) le lien spirituel que j’avais avec mes saints ancêtres, mais j’exprime à présent mon désir de me rapprocher de Hachem et d’accomplir Sa volonté d’un coeur entier. Alors s’il-Te plaît, maître du monde, ‘Regarde depuis Ton saint palais céleste, et bénis Ton peuple Israël.’ » Cela revient à dire : « Maître du monde, nous T’aimons, recherchons Ta proximité et voulons être abrités sous Ta présence. » Nous savons pertinemment que sans l’aide de D., nous ne pouvons pas affronter le mauvais penchant, et c’est pourquoi nous prions « Regarde depuis ton saint palais céleste, et bénis Ton peuple. » Comment atteindre un tel degré d’amour pour D. ? Par un service intérieur et profond créé par l’offrande des bikourim réalisée avec joie et chant. Cette idée est également valable pour le mois de miséricorde et de pardon. Le gaon Rabbi Ye’hezkel Lewinstein a dit : « Il est vrai qu’en Elloul, nous sommes tous animés d’un éveil plus grand que durant le reste de l’année. Mais il faut faire très attention à éviter un simple éveil qui ne serait qu’extérieur et superficiel ! Il faut créer un élan intérieur provenant du fond du cœur. Tel est le juste service qui s’appelle ‘repentir complet’. Si nous agissons ainsi, nous ressentirons la gravité du jour du jugement, et serons emplis de la crainte de D. »
LA COURONNE DE LA VIE
En l’honneur de sa hilloula le 26 Elloul, voici quelques aperçus de la vie de Rabbi ‘Haïm Pinto le grand (2ème partie)
« Les actes des justes sont grands. » Rabbi David ‘Hanania Pinto, coutumier des miracles par le mérite de ses ancêtres, ne cesse d’éveiller ses adeptes sur le fait que nous sommes tous capable de développer la foi en nos Sages. Quiconque a confiance en la force de la sainte Torah et de ses Sages méritera rapidement la délivrance grâce à cette foi en ceux qui étudient la Torah.
Lors de la hilloula des tsaddikim de la famille Pinto, nombreux sont ceux qui viennent prier et demander le salut, et nous constatons alors concrètement que la force des tsaddikim est encore plus grande après leur mort que pendant leur vie.
Voici une histoire extraordinaire, en rapport avec la hilloula du tsaddik:
En l’an 5763, la situation au Maroc était très tendue et dangereuse. De nombreux kamikazes cherchaient à se faire exploser dans des endroits juifs très peuplés et on attrapait même des terroristes appartenant au réseau Al-Kaïda.
Un vendredi soir du mois de Sivan 5763, dix kamikazes ont décidé d’aller se faire exploser dans dix lieux juifs différents. Ces maudits terroristes avaient prévu de mener leur projet à exécution vendredi soir après le repas. Le moment choisi était en soi un miracle, puisqu’ils n’ont pas cherché à porter atteinte aux juifs pendant le repas même.
Ils voulaient aussi faire un attentat dans le cimetière juif de Casablanca. Ceci est invraisemblable : que cherchaient-ils dans un cimetière ? Tous les présents sont déjà morts ! On a donc pu assister à de grands miracles, car ils se sont à chaque fois fait exploser dans des lieux juifs non peuplés ! Ainsi, environ cinquante personnes ont été tuées, mais pas un seul juif n’a été atteint, grâce à notre D., protecteur d’Israël.
A cause de cette situation dangereuse, la hilloula du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto « le grand » a presque été annulée. Nombreux sont ceux qui craignaient de s’y rendre, et je ne savais pas moi-même s’il fallait ou non l’organiser. Finalement, j’ai décidé de m’y rendre, quoi qu’il advienne.
J’ai donc pris un grand risque, d’autant plus que beaucoup de gens avaient demandé de l’annuler, car cette semaine-là deux juifs avaient été tués au Maroc. Malgré tout cela, on a décidé de fêter la hilloula.
Et effectivement, une hilloula telle qu’elle s’est déroulée en 5763, il n’y en a pas eu beaucoup, au point qu’il est difficile de la décrire. Des milliers et des dizaines de milliers de juifs sont venus prier sur la tombe du tsaddik, à tel point que dans le cimetière il y avait plus de soldats et de policiers que de gens ordinaires, car pour des raisons de sécurité, il y avait trois policiers pour protéger un juif.
Le jour de la hilloula à Mogador a été une extraordinaire sanctification du Nom de D.. Ce qui est intéressant, c’est qu’au moment des seli’hot à côté de la tombe à la sortie du Chabbat, alors que le Maroc est rempli de terroristes suicidaires, on a entendu la voix de la prière dans toute cette surface. Qui aurait pu penser qu’une telle chose se produise au Maroc, où le mouvement islamiste a relevé la tête ces dernières années ?
Il convient de préciser ici la grandeur du mérite du tsaddik. Tous les officiels du gouvernement ou de la municipalité (entre autres le maire de Mogador) qui ont aidé les juifs en cette circonstance ont joui de grandes récompenses. Avec l’aide de Hachem et par le mérite du tsaddik, le roi du Maroc les a élevés à des postes supérieurs avec des salaires correspondants.
De plus, eux-mêmes ont reconnu qu’ils n’avaient jamais eu auparavant d’augmentation ni de promotion, et que c’est seulement maintenant, lorsqu’ils ont rendu service aux juifs venus prier sur la tombe du tsaddik, que D. les a aidés en les élevant tous à des niveaux supérieurs, tout cela par le mérite du tsaddik. Tout le monde l’a vu et s’en est réjoui.
Il y a plus. L’aéroport de Mogador était fermé au trafic aérien, et on ne l’a ouvert que pour la circonstance, afin que trois avions venus du monde entier, contenant des centaines de juifs, puissent venir à la grande hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège. Cela a coûté au gouvernement marocain la somme de dizaines de millions de dollars.
Il faut également remercier le gouvernement marocain d’avoir logé les juifs qui étaient venus à la hilloula. Puisse-t-il continuer toutes ces bonnes actions dans le respect du peuple d’Israël partout où il se trouve.
Et à ce propos, il faut signaler que les habitants du Maroc eux-mêmes affirment sans honte : depuis que les juifs ont quitté Mogador, l’abondance a quitté la ville. Quand ils ont vu les juifs y revenir (pour la hilloula), ils ont dit : l’abondance revient.
Puisse le Nom du ciel être sanctifié en public du fait que le peuple juif suit les voies de Hachem, que les nations du monde nous respectent, et que le Machia’h se révèle et vienne nous délivrer, rapidement et de nos jours, Amen.
Je n’ai pas besoin de vous
Madame Elkaïm était venue au Maroc il y a sept ans pour prier sur les tombes des tsaddikim. Le chauffeur de taxi qui l’avait amenée lui a demandé : « Pourquoi allez-vous rendre visite à des morts ? Est-ce que vous n’avez rien d’autre à faire ? Allez donc voir des gens qui sont en vie ! »
Madame Elkaïm lui a répondu : « Dans ce cas, demain je n’aurai pas besoin de vous. »
– Pourquoi ? demanda le chauffeur ?
– Parce que demain, j’ai l’intention d’aller à Mogador sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto le grand. Et je vois que vous n’aimez pas les voyages vers ces endroits-là. Je préfère donc y aller avec un autre chauffeur, qui sache apprécier et respecter ces tsaddikim, qui même dans leur mort sont appelés vivants.
Il continua à se moquer de Madame Elkaïm, qui perdait son temps et son argent pour visiter les tombes de gens qui étaient morts. Et tout en parlant, tout à coup il s’est trouvé paralysé du visage, sa figure s’est tordue et il n’était plus capable de faire sortir un son de sa bouche.
A ce moment-là lui est venue en tête la conscience que c’était le résultat direct de ses paroles contre les grands du peuple juif et son mépris des tsaddikim, qui après leur mort sont appelés « vivants ». Il s’est mis à regretter sa conduite, et a immédiatement amené à Madame Elkaïm des bougies pour qu’elle les allume sur la tombe du tsaddik en lui demandant pardon en son nom. Elle s’est empressée de partir prier sur la tombe de Rabbi ‘Haïm le grand pour sanctifier le Nom de D. en public, et effectivement, elle a réussi : au moment même où elle priait du fond du cœur à côté de la tombe du tsaddik, elle a appelé le chauffeur sur son portable pour lui dire qu’elle était en train de prier pour lui à cet endroit.
Un grand miracle s’est produit : pendant la conversation, la paralysie qui l’avait assailli a complètement disparu, et il s’est mis à parler aussi normalement qu’avant… Naturellement, il a remercié Madame Elkaïm de ses prières, a remercié Rabbi ‘Haïm Pinto le tsaddik, que son mérite nous protège, ainsi que le Créateur du monde, et il a pris sur lui de veiller désormais au respect dû aux tsaddikim, grands dans leur mort plus encore que dans leur vie.
Tirage au sort
Notre maître chelita veille chaque année à organiser la hilloula en l’honneur des tsaddikim de la famille Pinto, à raconter la grandeur des tsaddikim et les miracles qu’ils ont accomplis, et à renforcer la foi dans le Créateur du monde. Une année, il lui est arrivé une histoire merveilleuse, que nous avons eu la chance d’entendre de sa bouche :
« Il y a une trentaine d’années, alors que j’étais en France, mon père, qui était à ce moment-là en Erets Israël, m’a téléphoné pour m’ordonner d’aller à la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto au Maroc. J’ai fait ce qu’il désirait et je suis parti au Maroc. Le moment de la hilloula approchait, et je n’avais pas d’argent du tout pour les frais de la hilloula. Je me suis adressé à Rabbi Yossef Knafo et je lui ai raconté que je n’avais pas d’argent.
Il m’a demandé : « Combien d’argent vous faut-il pour la hilloula ? »
Je lui ai répondu que j’estimais le total des frais à environ cinq mille dollars.
Il m’a fait une proposition, qui ne m’a pas plue au début, j’hésitais à l’adopter, et en fin de compte j’ai demandé que par le mérite de mon saint grand-père nous trouvions toute cette somme.
Le même soir, me dit Rabbi Yossef, il y avait un tirage de loterie de dix mille dollars. « Achetons ensemble un billet de loterie et partageons les bénéfices. Chacun recevra cinq mille dollars, et ainsi vous aurez l’argent pour les frais de la hilloula ! »
J’ai écrit cinq chiffres pour Rabbi Yossef, et il est parti au bureau de loterie pour remplir le billet d’après les chiffres que j’avais écrits. Quand il est revenu, j’ai compris que les chiffres qu’il avait notés n’étaient pas dans l’ordre où je les avais donnés. Je lui ai demandé d’acheter un autre billet, dans lequel il ferait attention à l’ordre des chiffres.
Effectivement, il a acheté un billet de loterie supplémentaire, en faisant cette fois attention aux chiffres, et le soir, on nous a annoncé que les billets que nous avions acheté en commun avaient gagné et que nous avions gagné la somme de dix mille dollars ! Et ainsi, avec l’aide du Ciel, nous avons pu organiser la hilloula avec tout l’éclat qui convenait, comme il sied à l’honneur du tsaddik Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège. »
Soulignons que notre maître chelita a de nouveau précisé que bien qu’il ait gagné à la loterie, cela ne lui a pas fait perdre la tête, et que depuis jusqu’à maintenant, il n’a jamais réessayé d’acheter des billets de loterie. « A partir du moment où le Saint, béni soit-Il veut donner à l’homme la richesse, il a des quantités de moyens de l’enrichir. »
LES PAROLES DES SAGES
Servir Hachem dans la joie
« Parce que tu n’as pas servi Hachem ton D. avec joie et d’un cœur content dans l’abondance » (Devarim 28, 47)
Quels sont les jours les plus heureux de l’année, à signaler dans votre calendrier ? Le machguia’h Rabbi Yé’hezkel Lewinstein zatsal nous donne la réponse, dans une lettre à l’un de ses élèves : « Les jours les plus heureux (les jours redoutables d’Elloul et les dix jours de techouva) ne vont pas tarder à arriver. »
Sur quoi porte en fait le bonheur qui se cache dans ces jours ? L’explication en est claire et simple : Nous sommes heureux d’avoir mérité que nous soit donnée la possibilité de nous laver de nos impuretés, des fautes dans lesquelles nous sommes plongés, d’avoir mérité de nous rapprocher ainsi du Créateur du monde, ce que nous n’avons pas la possibilité de faire pendant l’année. Plus exactement, cette possibilité existe aussi pendant l’année, mais en Elloul, nous pouvons nous rapprocher du Roi des rois beaucoup plus facilement, parce qu’Il Se trouve parmi nous. « Recherchez Hachem lorsqu’Il est là, appelez-Le quand Il est proche », le roi Se donne la peine de se rapprocher de nous, cela doit nous réjouir et nous devons chanter de bonheur et en éprouver un plaisir immense. Vivre ce sentiment merveilleux que le grand Roi, le Roi des rois, le Saint, béni soit-Il, Qui tient entre Ses mains toutes les clefs de toutes les requêtes et de tous les désirs, ce Roi, Qui et aussi notre père, se trouve en ce moment bien plus proche de nous, que nous avons la possibilité de Lui demander tout ce que nous voulons, et que grâce à Sa grande proximité en ces jours-là, Il répondra plus favorablement à nos supplications.
Peut-il y avoir plus grand bonheur que cela ? Nous avons la possibilité de demander pardon à notre Père, car voici qu’Il Se rend Lui-Même présent.
Le secret de la vie
Le livre « Pnei Méïr » (une biographie de Rabbi Méïr Feist des Etats-Unis) raconte : A l’âge de quatre ans, Rabbi Méïr se trouva totalement paralysé des deux jambes, et depuis lors, il ne pouvait plus faire fût-ce un seul pas. Toute sa vie, il l’a passée dans un fauteuil roulant. En plus de sa paralysie, il souffrait encore d’autres problèmes de santé, et c’était un homme solitaire, sans parents ni famille.
Pendant des dizaines d’années, les grands noms de la médecine ont exprimé leur émerveillement de la façon dont il conduisait sa vie. L’un des médecins avait décrété que médicalement parlant, il n’y avait absolument aucune possibilité qu’il dépasse l’âge de quarante ans. Mais Rabbi Méïr a vécu vingt-huit ans de plus, et il est mort d’une maladie qui n’avait aucun rapport direct avec son état général.
Bien qu’un homme dans sa situation risque de se sentir malheureux et de tomber dans l’amertume, situation qui s’exprime par la dépression et le désespoir, la jalousie des autres, l’absence de tout désir de vivre et l’espoir de voir la fin arriver, Rabbi Méïr a réagi de façon exactement inverse ! Il était plein de joie et de bonheur, tolérant et serein, rempli d’espoir et d’encouragements, heureux du bonheur des autres comme si c’était le sien, et il avait un immense amour de la vie !
Son visage rayonnait constamment de bonheur, et la joie ne le quittait pas. Il en était rempli en toutes circonstances et en tous temps, ainsi que de courage et de satisfaction. Comment a-t-il mérité d’arriver à de telles hauteurs ?
Il est écrit (Téhilim 84, 11) : « Meilleur est un jour dans Tes parvis que mille », et Rachi explique : « Un seul jour dans Tes parvis et mourir le lendemain vaut mieux que de vivre mille ans en un autre endroit. »
Rabbi Méïr a passé toute sa vie dans le bonheur et la bénédiction, tous ses jours ont valu plus de mille ans de la vie de celui qui n’est pas un ben Torah, et c’était cela le secret de sa vie : la joie et le bonheur de celui qui mérite d’étudier la Torah et de prier jour et nuit, en laissant derrière lui toutes les affaires de ce monde. Il se trouve dans le Gan Eden sur terre ! Et comme il l’a dit un jour, il ne pouvait pas imaginer un Gan Eden plus merveilleux que celui d’étudier à la yéchiva de Lakewood.
Rendre à la vie un esprit abattu
On raconte sur Rabbi Nathan Tsvi Finkel dans le livre « HaMeorot HaGuedolim » qu’il prenait conseil de Rabbi Israël Salanter, et dans l’une des entrevues qu’ils ont eu en tête-à-tête, il lui a demandé comment il fallait se comporter aujourd’hui dans l’éducation des élèves. Rabbi Israël lui a répondu : « Il faut rendre à la vie les esprits abattus et faire revivre les cœurs accablés ! »
Rabbi Nathan Tsvi s’efforçait de faire régner entre les élèves un bon esprit et une atmosphère de gaieté. Et pendant la période des fêtes en particulier, l’allégresse atteignait son comble. Dans ces moments-là, les murs de la yéchiva étaient constamment témoins de chants joyeux et de danses animées. Beaucoup de gens venaient pour voir l’entrain de la yéchiva et y participer. Rabbi Nathan Tsvi encourageait cette joie. Le Chabbat aussi, on entendait des chants monter des dortoirs des élèves et de son appartement.
Pendant la semaine aussi prévalait toute l’année à la yéchiva une humeur de gaieté et de joie. Ce phénomène était naturel, à cause du feu et de la sagesse de la Torah, qui ranime l’âme et réjouit le cœur, lesquels emplissaient sans cesse l’espace de la yéchiva. Rabbi Nathan Tsvi voyait en cela aussi la véritable voie de la Torah et estimait que cela faisait partie de l’éducation. Quand il voyait un élève triste ou déprimé, il s’efforçait de le faire changer d’humeur.
Dans cet esprit, il grondait les élèves qui avaient l’air sombre. Un jour, un élève d’une autre yéchiva, qui passait par Slobodka sur son chemin de Lituanie en Pologne, lui rendit visite à la maison. Rabbi Nathan Tsvi lui fit remarquer plusieurs fois qu’il avait l’air trop sérieux, et tenta de lui faire monter un sourire aux lèvres. Mais lui, qui avait été éduqué toute sa vie à être sérieux et tendu, ne pouvait pas changer ses habitudes, et il ne sourit pas.
Rabbi Nathan Tsvi y vit un grand défaut, et en tira des conclusions qui allaient loin. Au début, il avait été décidé que son petit-fils irait avec ce garçon à la yéchiva de Mir et qu’ils essayeraient ensemble de passer la frontière entre la Lituanie et la Pologne. Mais après cette conversation, il annula ce programme car il ne voulait pas que son petit-fils soit accompagné par ce garçon, dont il doutait qu’il ait des mérites, si bien qu’il craignait les dangers de la route.
Un jeune homme vint un jour le trouver dans la ville de ‘Hevron pour lui annoncer ses fiançailles. Rabbi Nathan Tsvi s’aperçut qu’il était trop sérieux et lui reprocha de ne pas avoir un visage souriant. Il ajouta qu’un visage souriant est un grand devoir, et à plus forte raison lorsqu’on a une fiancée, on doit se comporter convenablement avec elle.
GARDE TA LANGUE
Cela leur déplaira certainement
Sache de plus qu’il n’y a aucune différence dans l’interdiction de la médisance entre raconter à Réouven ce qu’Untel a dit de lui ou le raconter à la femme ou aux proches de Réouven, car cela leur déplaira certainement et ils en voudront à Untel à cause de cela. C’est pourquoi même si on les a mis en garde de révéler quoi que ce soit, cela fait partie de la médisance.
(‘Hafets ‘Haïm)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
L’âme et les fruits, la terre et les mitsvot
« Tu prendras des prémices (réchit) de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que Hachem, ton D., t’aura donné » (Devarim 26, 2)
Le mot « réchit » désigne la Torah (Béréchit Rabba 1, 1) : ainsi, nous devons accomplir la Torah et les mitsvot afin que Hachem nous accorde un salaire dans le monde à venir. Or les fruits représentent ce salaire, comme il est dit (Péa 1a) : « Voici les choses dont l’homme récolte les fruits dans ce monde-ci. » Grâce à l’accomplissement de la Torah, nous mériterons une récompense.
On utilise ici le verbe « Tu prendras (Vélaka’hta) », terme qui est également relatif au mariage, puisqu’il est dit « Quand un homme aura pris (yika’h) une femme » (Devarim 24, 1). La seule véritable acquisition est le mariage (Kidouchin 4b). Ainsi, en nous sacrifiant pour la Torah qui est appelée « épouse », nous mériterons les fruits. Or l’âme ne peut accomplir la Torah et les mitsvot que lorsqu’elle est habillée par le corps matériel et terrestre, et les mitsvot ne se réalisent que dans ce monde-ci. De surcroît, la plupart des commandements concernent des domaines matériels comme la chemita, le jubilé, l’enfantement, la circoncision etc. alors que seule une minorité concerne le domaine spirituel, comme par exemple la prière.
De même lorsqu’un homme meurt, il devient quitte de l’accomplissement des mitsvot. Ainsi D. récompense l’âme pour le corps qui a respecté Ses commandements dans ce monde-ci. C’est pourquoi il nous est ordonné « Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays » : ces fruits-là ne proviennent que de la terre, de ce monde matériel. Mais lorsque nous disparaissons, nous n’emportons avec nous ni l’argent ni l’or, uniquement la Torah et les mitsvot accomplies durant notre vie.
L’âme est comme un gage déposé entre nos mains, et il nous faut la préserver du mauvais penchant afin que ce dernier ne la souille pas par les fautes, comme il est dit « Béni sois-tu à ta venue, et béni sois-tu à ta sortie » (Baba Metsi’a 107a) : que ta sortie du monde soit à l’image de ton entrée (tu y es arrivé sans aucune faute, alors que tu le quittes également pur de toute faute). L’âme est destinée à être reprise par D., mais nous ne savons pas quand le propriétaire viendra récupérer son gage. C’est pourquoi nous devons veiller à ce qu’elle soit apte à repartir à tout moment, et que le propriétaire ne soit pas fâché en retrouvant son gage abîmé.
Ainsi il est dit « que Hachem, ton D., t’aura donné en héritage » : tout comme la terre d’Israël est un héritage et un gage pour le peuple d’Israël sous condition (il est dit dans Sifri Devarim 38b « Si vous vous soumettez à la volonté de D., la terre de Kena’an sera la vôtre, et sinon, vous en serez exilés »), l’âme nous a été confiée et il faut veiller sur elle afin de ne pas la perdre.
Mais comment la préserver de l’influence dommageable du mauvais penchant? Par notre présence à la yéchiva, et en étudiant la Torah, car on ne peut réellement étudier qu’à la yéchiva!
Il est dit dans la Guemara (Yoma 28b) : « Durant leur vie, nos ancêtres ne se sont jamais séparés de la yéchiva. Quand ils séjournaient en Egypte, une yéchiva les accompagnait. Dans le désert, ils en ont aussi établi une. Même dans sa vieillesse, Avraham étudiait dans une yéchiva, et il en a été de même pour Yitz’hak et Ya’akov. »
A LA SOURCE
« C’est en pierres intactes (chlemot) que tu bâtiras » (27, 6)
Rabban Yo’hanan ben Zakaï s’interroge sur le sens du terme « chlemot », traduit ici par « intactes ». Il répond qu’il s’agit de pierres qui établissent la paix (chalom) entre le peuple d’Israël et le Créateur.
Ainsi, au sujet des pierres de l’autel qui ne voient pas, n’entendent pas, et ne parlent pas, D. a dit « le fer ne les touchera point », car elles permettent d’établir la paix entre les bnei Israël et leur père. Alors a fortiori, quiconque instaure la paix entre deux hommes, entre un mari et sa femme, entre deux villes, entre deux peuples, entre deux états ou entre deux familles ne sera atteint d’aucun malheur (Mekhilta DeRabbi Yichmaël).
« Toutes ces malédictions se réaliseront contre toi et seront ton partage » (28, 15)
On pose la question : pourquoi les consolations ne sont-elles pas mentionnées avec les malédictions dans la parachat Ki Tavo, comme c’est le cas dans la parachat Be’houkotaï?
Voici la réponse du Radbaz (Responsa du Radbaz 5769) : « D’après moi, la consolation n’est pas nécessaire dans la parachat Ki Tavo, car il y est fait allusion en même temps. En effet, chaque verset mentionne le nom de D. relatif à la miséricorde (Youd-Ké-Vav-Ké), comme dans ‘Il frappe, et Ses mains guérissent.’ Il n’existe pas de plus grande consolation que celle-ci.
Plus encore, ajoutons : nous pouvons aussi remarquer que la parachat Nitsavim, qui évoque l’alliance, suit directement la parachat Ki Tavo, et cite toutes les consolations. Ainsi, elle est entièrement consolation.
« Ton bœuf sera égorgé sous tes yeux, et tu ne mangeras pas de sa chair. Ton âne sera enlevé devant toi, et ne te sera pas rendu. Tes brebis tomberont au pouvoir de tes ennemis, et nul ne te sauvera. » (28, 31)
Comme nos maîtres l’ont dit dans le saint Zohar, tous les reproches cachent des bénédictions.
Le ‘Hida écrit dans son livre « Na’hal Kedoumim » que ce verset, lu dans le sens inverse, devient une bénédiction :
« On te sauvera, et tes ennemis n’auront rien. Tes brebis te seront rendues, et ton âne ne sera pas enlevé devant toi. De sa chair tu mangeras, et ton boeuf ne sera pas égorgé sous tes yeux. »
La lumière du Zohar
« Et parce que tu n’auras pas servi Hachem, ton D., avec joie » (28, 47)
Rabbi Yossi a dit : il est écrit « Servez D. dans la joie, venez vers Lui avec allégresse. » Mais que fera quelqu’un qui est dans la misère et la nécessité, qui est incapable de se réjouir, mais qui doit quand même implorer la miséricorde de D. ? Ne priera-t-il pas du tout, si bien qu’aucune tristesse ne s’éveillera en lui, puisqu’il ne peut pas se réjouir et aller vers D. dans la joie ? Quelle est la solution pour une telle personne ? Il est enseigné : toutes les portes du Ciel ont été verrouillées, sauf celles des larmes. Or les larmes proviennent de la souffrance et de la tristesse. Tous les responsables des portes brisent les murailles de fer et les verrous, et introduisent les larmes. Puis cette prière arrive chez Hachem, et la Chekhina est affligée par la tristesse et le besoin de cette personne, comme il est dit : « Toutes leurs douleurs Le fait souffrir », et D. la protège.
Heureux est l’homme qui verse des larmes devant D. dans sa prière.
SUR LA VOIE DE NOS PERES
Le coeur de la guerre
Dans les mêmes versets où sont énoncées les 98 malédictions, on trouve des recommandations de comportement et des paroles de morale que chacun doit respecter afin de ne pas subir ces malédictions. Il est écrit par exemple (28, 58) « Oui, si tu n’as soin d’observer toutes les paroles de cette doctrine, écrites dans ce livre, de révérer ce nom auguste et redoutable » : dans cette guerre, la guerre de l’accomplissement de la Torah et de son étude, le mauvais penchant envoie le meilleur des combattants au front. Le Admour Rabbi Issakhar Dov de Belz dit (Responsa « ’Havatselet Hacharon », Introduction) : « Le yester hara dépense moins d’énergie pour nous décourager d’agir avec ascétisme et piété qu’il n’en déploie pour nous éloigner avec ruse de l’étude de la Torah. »
Le gaon Rabbi El’hanan Wasserman a témoigné (Kovets Maamarim Page 88) : « J’ai entendu le saint ‘Hafets ‘Haïm dire ‘Il importe peu au mauvais penchant qu’un ben Israël se mortifie, pleure et prie toute la journée. L’essentiel est de l’empêcher d’étudier la Torah.’ »
On raconte également que le gaon de Vilna disait : « Pas un jour ne passe sans que le mauvais penchant soit plus virulent que la veille » (Toldot Rabbi Yossef Zoundel de Salant, Page 113).
Le directeur de la yéchivat Poniewitz, le gaon Rabbi Chemouël Rozovski, avait l’habitude de dire : « Il est impossible de mériter la Torah sans mener un combat. En effet, pour pouvoir accumuler des connaissances en Torah, il faut, en plus des efforts à fournir pour les acquérir, lutter contre la paresse et nos désirs qui vont à contre-courant. Chaque parole de Torah que nous méritons d’acquérir est comparable au « butin de la guerre », comme cela est écrit dans « Echet ‘Hayil », interprété comme une métaphore se rapportant à la Torah : « Son mari a confiance en elle, le butin ne manquera pas. »
Dans le même esprit, le machguia’h Rabbi Chelomo Wolbe écrit dans l’ouvrage « Alei Chour » : « Il est bien connu, et c’est une idée rapportée dans tous les livres, que l’objectif principal du yetser hara est de nous empêcher d’étudier la Torah. Tout son but est de perturber notre étude, car c’est pour cela qu’il a été créé pour être le Satan. »
Le « Hazon Ich » a d’ailleurs confié qu’il a combattu durant toute sa vie le penchant de l’oisiveté ! Que pourrions-nous dire face à une telle affirmation ?
Un repas de braises
Un jour, alors que Rabbi Baroukh Halberstam de Gourlitz étudiait une souguia, un de ses disciples est entré et l’a interrompu dans son étude. Alors, Rabbi Baroukh s’est exclamé : « Je t’invite à manger ! » L’élève ne comprenant pas les paroles de son maître, celui-ci lui a expliqué que la Guemara dit : « Quiconque délaisse son étude de la Torah pour une discussion profane devra manger des braises. Je t’invite donc à les manger ! » (« Miguedolei HaTorah VeHa’hassidout », Vol. II, p. 115).