La Paracha de la semaine en format PDF

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paracha de la semaine

Vayeitsé

24 Novembre 2012

10 Kislèv 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

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17:53

Lyon

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17:50

Marseille

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17:53

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Lever haut les yeux vers les parents

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Les Sages ont dit dans le Midrach (Béréchit Rabba 68, 2) : « Rabbi Chemouël bar Na’hman a ouvert son discours en disant : « Chir Hama’alot, je lèverai les yeux vers les montagnes (harim) » (Téhilim 121, 1), il faut lire : je lèverai les yeux vers les parents (horim), ceux qui m’ont formé. Ya'akov s’est dit : « D’où viendra mon aide ? » Quand Eliezer est parti chercher Rivka, il est écrit (Béréchit 24) : « Le serviteur prit dix chameaux, etc. », mais moi je n’ai pas un seul anneau ou bracelet.

Rabbi Yéhochoua ben Lévi dit : Il en avait avec lui, mais Essav est venu les lui prendre. Il s’est dit : « Est-ce que je vais perdre ma confiance en mon Créateur, en Hachem ? « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. Il ne permettra pas que ton pied chancelle, celui qui te garde ne s’endormira pas. »

Les Sages expliquent qu’Essav avait envoyé Eliphaz poursuivre Ya'akov pour le tuer, mais quand ils se sont rencontrés en chemin, Ya'akov l’a convaincu de se contenter de prendre son argent, car le pauvre est considéré comme mort (Nedarim 64a), et de le laisser en vie. C’est effectivement ce qu’a fait Eliphaz, et Ya'akov a eu la vie sauve, c’est seulement son argent qui lui a été pris.

Mais lorsqu’il est arrivé dans cette situation-là à ‘Haran, il a hésité un moment et a dit « D’où va venir mon aide ? », c’est-à-dire : Eliezer le serviteur d’Avraham est arrivé ici chargé de toutes sortes de richesses, mais il a eu beaucoup de mal à faire sortir d’ici ma mère Rivka, ce qui veut dire que les gens ici sont uniquement des trompeurs avides d’argent. Alors comment moi, qui ne possède absolument rien, pourrai-je obtenir ici ce que je cherche et y prendre une épouse, surtout quand il s’agit de quelqu’un d’âgé comme moi ?

Mais immédiatement, Ya'akov s’est renforcé dans sa confiance en D., et s’est dit qu’il ne la perdrait aucunement, mais plutôt « je lèverai les yeux vers les montagnes (harim) », « vers les parents (horim) », pour profiter du mérite des saints Patriarches, et par-dessus tout, « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. » C’est-à-dire que de même que Hachem a créé le monde entier ex nihilo, certainement Il pourra me faire sortir de ce mauvais pas et élargir mes horizons.

Ya'akov a légué ce comportement à ses descendants pour toutes les générations du peuple d’Israël. Même quand on se trouve dans de lourds ennuis, au point de ne plus imaginer aucun espoir de pouvoir sortir de cette situation, même alors on doit élever une supplication vers Hachem, et prier sans discontinuer le Créateur du monde, car rien ne Lui est impossible pour sauver un juif de quelque situation que ce soit.

De plus, nous devons toujours nous souvenir des « montagnes », à savoir des parents, les saints Patriarches, qui même dans les situations les plus difficiles et dans toutes les épreuves n’ont pas sombré dans le désespoir, mais ont persévéré dans leurs prières au Créateur. Même lorsqu’ils ne voyaient aucune issue, ils ont eu confiance en Son salut, qui effectivement s’est accompli en eux « Mon aide vient de Hachem, Qui a fait le ciel et la terre. » Et cela s’applique à n’importe quel juif.

Or voici que les Sages nous ont enseigné que le visage de Ya'akov est gravé sur le Trône de gloire. Y a-t-il donc des desseins là-haut dans le ciel ? Pour l’expliquer, rappelons que tout juif est composé, comme on le sait, de deux parties, l’âme qui est une parcelle divine, et le corps matériel. L’âme a son origine dans le monde supérieur, elle est gravée sous le trône de gloire, et elle a été envoyée en ce monde pour revêtir un corps matériel, qu’elle doit purifier et réparer, afin de l’amener à la perfection pour donner de la satisfaction au Créateur.

Mais par ailleurs, le corps nous attire constamment vers la matérialité, il lutte contre l’âme sans lui laisser aucun repos, car il provient de la poussière de la terre, de l’endroit le plus bas du monde, si bien que l’âme, en revêtant ce vêtement corporel, le travaille pour l’améliorer et le compléter en vue de son but ultime.

Et quelle est la différence entre l’âme et le corps ? Quand l’homme quitte ce monde, il y a une séparation entre les deux, l’âme, comme on le sait, monte au Ciel, revient vers son origine céleste, car c’est là son véritable lieu naturel, mais le corps matériel entre dans la tombe, en bas, car c’est de là qu’il vient, il vient de la terre et retourne à la terre. Mais si l’homme a travaillé sur toutes ses actions pendant le temps qu’il a passé ici-bas, en purifiant tellement son corps matériel que même lui est devenu saint comme l’âme, alors ce corps aussi mérite d’être gravée sur le trône de gloire, parce qu’il s’est élevé au point d’être vraiment semblable à l’âme sainte.

C’était cela la spécificité de Ya'akov et c’était sa grandeur. Il avait tellement purifié son corps matériel, en se conduisant avec innocence et une totale confiance en D., qu’il avait ramené sa ressemblance à ses racines en haut lieu, c’est pourquoi il a mérité qu’elle soit gravée sur le Trône de gloire.

De plus, c’était un homme droit, c’est pourquoi il a mérité que sa ressemblance (« temouna », qui évoque « temimout », l’innocence, l’intégrité) soit gravée sur le Trône de gloire. Le mot « temimout » a la même valeur numérique que « temounat Hachem yabit » (il contemplera la ressemblance de Hachem). En effet, seul un homme qui a cette innocence, comme il est écrit à propos de Ya'akov, peut mériter cette grandeur.

Nous apprenons de là que tous les bnei Israël, qui sont les descendants de Ya'akov, quand ils perfectionnent totalement leur corps matériel, méritent également que leur ressemblance soit gravée en haut à l’intérieur de celle de Ya'akov, qui se trouve déjà là, parce que Ya'akov l’a mérité pour toutes les générations. Et lorsqu’un juif purifie son corps et son apparence, elle brille de plus en plus en haut.

Et c’est justement à Ya'akov que nous nous rattachons, parce qu’en Avraham et Yitz’hak, il y avait un défaut, qui s’est manifesté chez Yichmaël et Essav, mais chez Ya'akov on trouve la perfection absolue, un homme droit installé dans les tentes de la Torah. Sa descendance était entièrement pure, ce sont les 12 tribus de Hachem, c’est pourquoi tous ceux qui se purifient méritent de se rattacher à Ya'akov.

(Cette idée m’est venue à l’aéroport de Barcelone, à la suite d’une panne du moteur de l’avion, si bien que j’ai dû attendre le vol suivant, et pendant ce temps-là j’ai écrit cet article.)

LES HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

La tante de Rabbi Avraham Héli zal n’avait pas d’enfant, de nombreuses années après son mariage. Elle vint donc trouver Rabbi ‘Haïm Pinto le petit, que son mérite nous protège, pour recevoir de lui une bénédiction. Le Rav lui demanda : « Qu’est-ce que vous avez dans la poche ? »

« Une pièce », répondit-elle. Le Rav lui demanda de lui donner la pièce. Quand il l’eut en main, il la mit entre ses dents, et au bout de quelques instants il lui dit : « Donnez cette pièce à la tsedaka, et l’année prochaine vous aurez un fils. »

Comme l’a raconté Rabbi Avraham Héli, exactement un an plus tard, sa tante a eu un enfant, selon la bénédiction du tsaddik, que son mérite nous protège.

LES PAROLES DES SAGES

La hauteur des talons de Ra’hel

 « Il leur dit : ‘Est-il en paix ?’ Et ils répondirent : ‘En paix ; et voici Ra’hel, sa fille, qui vient avec son troupeau. » (Béréchit 29, 6)

La réponse des bergers est surprenante : à la question « Est-il en paix ? » (au sujet de Lavan l’araméen), « ils répondirent ‘en paix’ », et tout en parlant ils ont montré du doigt Ra’hel, la fille de Lavan : « Voici Ra’hel, sa fille, qui vient avec son troupeau. » Apparemment ils auraient pu se contenter de répondre uniquement à la question de Ya’akov « Est-il en paix ? » !

Pour tenter de l’expliquer, Rabbeinou Yossef ‘Haïm de Bagdad écrit dans son livre « Od Yossef ‘Haï » de belles paroles et donne un grand principe concernant la pudeur :

Il me semble que l’habitude du berger est de se placer derrière le troupeau pour pouvoir observer tous ses animaux, et que personne ne puisse en voler un. Ainsi il peut bien les surveiller.

Mais à l’inverse des autres bergers, Ra’hel ne se mettait pas derrière le troupeau, mais parmi les animaux, de manière à être entourée de tous côtés par le menu bétail. Ainsi, ses pas étaient cachés par les animaux de toutes parts, et le bas de son corps n’était pas visible par d’éventuels passants. Elle agissait ainsi par souci de pudeur.

Les bergers ont déduit de cette habitude que très certainement, son père était en paix avec les gens de sa ville : en effet, sa fille faisait paître son troupeau en marchant parmi les bêtes, et non derrière elles comme ceux qui craignent qu’on leur vole une bête. Ra’hel, quant à elle, était confiante et convaincue que personne ne lui déroberait un animal ou ne viendrait leur causer du tort, et qu’ils n’avaient donc pas besoin d’une surveillance particulière à l’arrière.

C’est la raison pour laquelle, à la question « Est-il en paix ? », les bergers ont répondu « En paix » : il est en paix avec tous les habitants de la ville. Puis, comme pour appuyer leurs propos, ils ont montré du doigt avec satisfaction « Et voici Ra’hel sa fille qui vient avec son troupeau » : elle marche parmi le troupeau, elle ne craint personne. C’est pourquoi « il est en paix ». A ce sujet, Rav Zilberstein cite dans son livre « Aleinou Léchabéa’h » le commentaire de nos Sages dans le midrach sur notre paracha : il y avait sept bergères (les filles de Yitro), et sept bergers cherchaient à s’unir à elles, comme il est écrit « Les bergers survinrent et les repoussèrent. » et ici, il n’y en avait qu’une (Rah’el) et personne ne l’a touchée, parce que « Un ange de D. est posté près de ceux qui Le craignent, et les fait échapper au danger. »

L’opération a réussi

Rav Zilberstein a également raconté : « Un jour, alors que je circulais dans les couloirs d’un hôpital, s’est approchée de moi une femme qui s’apprêtait à subir une opération délicate, et qui me demandait une bénédiction pour une guérison complète. Ayant entendu qu’elle marchait sur des talons hauts, je lui ai dit que si elle promettait de ne se chausser ainsi, elle guérirait entièrement. Elle s’est engagée à ne plus le faire, et grâce à D., elle est ressortie de l’opération en pleine santé.

Je me suis appuyé sur les paroles du midrach ci-dessus, qui dit que la pudeur apporte à la femme la bénédiction incluse dans le verset ‘Un ange de D. est posté près de ceux qui Le craignent, et les fait échapper au danger.’ Or existe-t-il une bénédiction plus grande que celle-ci ? »

En effet, il y a lieu de sensibiliser la collectivité sur les talons hauts que l’on entend parfois d’un bout à l’autre de la rue. Ces sons sont aussi forts que ceux des trompettes, des tambours et des coups de marteau, au point qu’ils sont audibles jusqu’à l’intérieur des maisons. Qui a permis à ces femmes de se conduire ainsi ? Est-ce convenable pour des femmes d’Israël discrètes de se promener sur des talons provoquant un bruit si fort ?

Il évoque par la suite l’histoire d’une jeune fille originaire de la ville d’Alep en Syrie, qui a traversé la frontière en direction d’Israël par un itinéraire pénible. Elle a subi bien des mésaventure avant de pouvoir atteindre la terre sainte.

A Alep, cette jeune fille avait appris la valeur du pays d’Israël, et avait décidé de s’y rendre, quoi qu’il arrive. Elle a quitté la maison de ses parents pour partir en direction de la frontière. La nuit, elle se cachait dans des champs en Syrie, et elle s’est même parfois retrouvée en danger de mort en étant confrontée à des patrouilles de l’armée syrienne. Elle a finalement atteint la frontière où elle a payé cher les arabes locaux pour qu’ils l’aident à passer.

La première histoire racontée par la jeune fille lorsqu’elle est arrivée à Jérusalem tournait autour du dernier discours qu’elle avait entendu du Rav de la communauté juive d’Alep avant de quitter son domicile familial. De quoi avait parlé le Rav ? Ni plus, ni moins : il avait demandé aux femmes de ne pas rester sur les terrasses des maisons face à la synagogue, lorsque les hommes sortent à la fin de la prière.

Dans les Responsa « Beer Moché », il est écrit : « Les femmes qui restent devant la porte de la synagogue après moussaf de Chabbat et attendent leur mari ou discutent en groupes, commettent une grave faute, et adoptent une très mauvaise habitude. En effet, les hommes sortent aussi à leur tour, ce qui cause une mixité et une excitation du mauvais penchant et plus encore, et le Satan réussit, justement après la prière de Chabbat... »

Il est écrit plus loin : « Ces derniers temps, les femmes montrent leurs vêtements délibérément. Ainsi, sans le savoir, elles se causent du tort, ainsi qu’à leurs maris, leurs enfants et leur entourage. Il est indispensable de faire cesser un tel phénomène. Les chefs de communauté qui mériteront d’annuler cette mauvaise coutume seront bénis, et que mon sort s’associe à eux et à leurs bonnes actions. »

D’ailleurs, il y a lieu de souligner que certaines communautés d’Israël ont décidé que les femmes sortent de la synagogue quelques minutes avant la fin de la prière, pour éviter les situations compromettantes.

GARDE TA LANGUE

Il faut absolument s’en éloigner

Pirkei DeRabbi Eliezer rapporte le testament de Rabbi Eliezer le grand, qui a ordonné à son fils Hourkenous : « Mon fils ! Ne te joins jamais aux gens qui parlent négativement de leur prochain, car lorsque ces paroles montent au Ciel, elles sont inscrites dans un livre, et tous les présents sont comptés dans l’assemblée d’impies et de médisants. C’est pourquoi il faut absolument s’éloigner d’une mauvaise assemblée de ce genre. »

(‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Se considérer comme rien est la condition de l’acquisition de la Torah.

Reouven sortit à l’époque de la moisson, trouva des mandragores dans le champ et les apporta à Léa sa mère. Et Ra’hel dit à Léa : donne-moi, je te prie, des mandragores de ton fils » (Béréchit 30, 14)

Rachi explique : « A l’époque de la moisson – pour nous faire l’éloge des tribus. C’était le moment de la moisson, mais il s’est bien gardé de tout vol en apportant du blé ou de l’orge, il a pris uniquement une chose du domaine publique à laquelle personne ne fait attention.

C’est surprenant. Si Reouven avait trouvé dans le champ des mandragores qui n’appartenaient à personne, pourquoi Ra’hel a-t-elle demandé à Léa de les lui donner ? Est-ce qu’elle n’aurait pas pu sortir elle-même dans les champs pour en ramasser comme l’avait fait Réouven, ou tout au moins sortir en acheter au marché ?

On peut expliquer d’après les paroles de nos Sages (Tan’houma Yachan Bemidbar 6) selon lelsquelles quiconque ne se rend pas soi-même  semblable à un désert ne peut pas acquérir la Torah. C’est la raison pour laquelle Ra’hel voulait mériter ces mandragores-là : elles venaient d’un endroit public et sans importance, pour enseigner aux générations à venir qu’on ne peut mériter la couronne de la Torah ni engendrer les tribus d’Israël à moins de s’annihiler complètement soi-même pour y parvenir. C’est pourquoi elle n’est pas allée les acheter au dehors, et peut-être que quand elle est allée à l’endroit où Reouven les avait trouvées, il n’y en avait plus, c’est pourquoi elle a demandé à Léa de les lui donner.

C’était donc là la façon de procéder de cette tsadéket, qui s’est toute sa vie totalement effacée grâce à sa crainte du Ciel, car lorsque Lavan a fait rentrer Léa à sa place, elle s’est annihilée et lui a donné les signes qu’elle avait convenu avec Ya'akov pour qu’elle ne soit pas humiliée (Meguila 13, 2). Elle n’a pas dit : je ne veux pas donner à ma sœur les signes que j’ai convenus avec le tsaddik. Parce qu’elle craignait que sa sœur soit humiliée, elle s’est comptée pour rien et lui a donné les signes, sans se demander un seul instant ce qu’elle allait devenir, si elle serait ou non l’épouse du tsaddik.

C’est pourquoi Ra’hel a mérité que même les enfants de Léa soient considérés comme les siens, ainsi qu’il est dit (Yirmiyah 31, 14) : « Ra’hel pleure pour ses enfants. » C’est par son mérite que les bnei Israël seront sauvés et reviendront de leur exil parmi les nations, ainsi qu’il est dit (Yirmiyah 31, 15-16) : « Ainsi parle Hachem, retiens ta voix de pleurer et tes yeux de verser des larmes, car il y a une récompense à tes actes, parole de Hachem, et ils reviendront du pays ennemi. Il y a un espoir pour ta descendance, parole de Hachem, et tes fils reviendront dans leurs frontières. » Car si elle n’avait pas donné les signes à Léa, celle-ci n’aurait pas du tout pu épouser Ya'akov, et toutes les tribus seraient venues de Ra’hel, c’est pourquoi tous les enfants se rattachent à elle, et ils seront sauvés par son mérite.

A LA SOURCE

« Tout ce que Tu me donneras, je T’en donnerai le dixième » (28, 22)

Il n’a pas dit « Tout l’argent que tu me donneras », ou « tous les bénéfices », mais « tout ce que tu me donneras », sans exception.

Pour nous enseigner, dit l’auteur de « Netivot Chalom », qu’on doit prendre le maasser non seulement de son argent et de ses gains, mais de tout ce dont on jouit en ce monde, de la plus petite mesure de plaisir, on est obligé d’en offrir le dixième à Hachem, c’est-à-dire de sanctifier son plaisir et d’en élever une odeur agréable à D.

« Elle dit : cette fois-ci, je remercierai Hachem » (29, 35)

En vérité, pour les trois fils précédents aussi, Léa avait remercié le Saint, béni soit-Il, mais, explique le Rav ‘Haïm Kaniewsky chelita dans « Derekh Si’ha », donner un nom c’est déjà un remerciement particulier pour un bienfait particulier.

C’est ce que veulent dire les Sages dans le traité Berakhot (7b) : Depuis que le Saint, béni soit-Il a créé le monde, il n’y avait eu personne qui L’avait remercié, jusqu’à ce que vienne Léa, ainsi qu’il est dit : « Cette fois-ci, je remercierai Hachem. »

« Tu ne me donneras rien » (30, 31)

Lavan a voulu fixé un salaire constant et établi à l’avance, explique Rabbi David Kim’hi, et Ya'akov lui a expliqué : Tu ne me donneras rien, parce que si le salaire est fixé d’avance et assuré, je risque de me détourner de ma confiance en Hachem. Je veux recevoir ma subsistance directement des mains du Saint, béni soit-Il, en fonction de ce qu’Il suscitera, des mouchetés ou des tachetés dans les naissances du troupeau. Je veux que pas un sou ne me soit promis à l’avance, ainsi j’aurai sans cesse les yeux tournés vers Lui, et Il me donnera ma nourriture en son temps. Je ne voudrais certainement pas avoir un salaire fixe !

La vie dans la paracha

Selon l’enseignement du Or Ha’Haïm

« Avons-nous encore une part et un héritage » (31, 14)

« Une part et un héritage » est un terme double qui fait allusion à deux choses :

La première est la partie qui leur revient de l’héritage de leur mère, qui était déjà morte. Et la seconde est l’héritage de leur père. Elles ont décidé qu’aucune des deux ne leur était utile, la preuve en étant « ne nous a-t-il pas considéré comme des étrangères », il nous a déjà « vendues », et c’est une preuve que nous ne sommes plus pour lui comme des fils, et donc de toutes façons il ne nous fera rien hériter du tout.

Même si chez les non-juifs les filles peuvent hériter, et que nous connaissons l’histoire de Rabban Chimon ben Gamliel et de sa sœur (Chabbat 116a), le fait qu’elles aient dit : « il a mangé, il a bel et bien mangé » désigne deux « nourritures » : l’une est l’héritage de leur mère, et l’autre le fait que Ya'akov ait travaillé pour lui pendant quatorze ans pour les épouser.

LES CEDRES DU LIBAN

Le gaon Rabbi ‘Haïm Chemouël Lopian zatsoukal

Le grand gaon Rabbi ‘Haïm Chemouël Lopian zatsoukal a étudié dans sa jeunesse chez son père, le grand gaon Rabbi Eliahou zatsoukal, à la yéchiva « Or Torah » de Kelem. Ensuite, il est passé aux yéchivot de Slobodka et de Telz, où il témoigne sur lui-même qu’il a imité le ‘Hatam Sofer, qui dormait huit heures et ensuite étudiait la Torah pendant quarante heures, habitude à laquelle il reliait le verset : « J’ai dormi, alors (« az », valeur numérique 8) j’ai été reposé (« yanoua’h », valeur numérique 40).

Rabbi ‘Haïm Chemouël était accepté par tout le monde sans aucune exception et se montrait affable avec tout le monde. Dès sa jeunesse, il était déjà connu grâce à ses actes de générosité, dans le respect de l’autre et la discrétion. Il s’éloignait également au maximum de toutes disputes, et même dans des choses capitales, il se conduisait avec une extrême retenue.

En 5689, il s’installa en Angleterre à cause du danger de la conscription dans l’armée lituanienne. En Angleterre fut fondée à cette époque la célèbre yéchiva de Gateshead, et Rabbi ‘Haïm Chemouël fut nommé à la tête de la yéchiva qui fut établie à Sunderland, où il forma de nombreux élèves qui éclairèrent l’Europe de leur Torah et de leur sagesse.

Parmi ses meilleurs élèves, on compte notre maître, auteur de « Pa’had David », le gaon et tsaddik David ‘Hanania Pinto chelita. On peut apprendre combien le Rav Lopian l’appréciait par ce qu’il dit dans sa haskama sur le livre « Pa’had David » : « Je consulte ses beaux livres sur Béréchit presque tous les jours, et j’en tire un grand plaisir. » En 5751, il a donné à notre maître le livre « Reva’ha DeChemateta » avec quelques mots de dédicace : « A mon ancien élève à la yéchiva de Sunderland, le pieux Rabbi David Pinto, qui enseigne la Torah et une pure crainte du Ciel à ses troupeaux en France. »

Notre maître chelita a indiqué dans son oraison funèbre qu’un jour, un de ses élèves étant venu le trouver, Rabbi ‘Haïm Chemouël lui avait demandé comment il allait, et l’élève lui avait répondu qu’il pensait quitter la yéchiva, parce qu’il avait des difficultés à se concentrer dans l’étude de la Guemara. Le Rav lui avait demandé : « Est-ce que tu connais par cœur la prière de Chemonè Esrè ? » L’élève avait répondu : « Naturellement ! » Le Rav avait repris : « Celui qui connaît la prière de Chemonè Esré par cœur peut également connaître une page de Guemara par cœur. Parce que les mêmes facultés qu’on utilise pour se rappeler la prière, on peut aussi les utiliser pour réviser une page de Guemara. »

Il est intéressant que tous les élèves racontent une histoire très caractéristique de lui : lorsqu’il voulait consulter une certaine page de Guemara, la Guemara s’ouvrait exactement à la page qu’il voulait, sans qu’il ait besoin du tout de tourner des pages.

Sur son énorme pouvoir de concentration, Rabbeinou chelita a raconté que souvent, quand il allait de la yéchiva à son domicile à Gateshead, il « oubliait » de descendre chez lui et revenait avec l’autobus à la yéchiva à Sunderland…

En tant que jeune avrekh, il avait édité son livre « Reva’ha Chemateta » sur le « Chav Chemateta » de l’auteur du « Ketsot Ha’Hochen », un livre qui était devenu un bien inaliénable dans le monde des yéchivot. Il a raconté qu’il avait écrit cet opuscule avec dévouement par amour pour la Torah. Ainsi, par exemple, pendant les longues nuits d’hiver, alors qu’il avait des filles petites à la maison, il attachait une ficelle à la poussette et berçait ainsi le bébé qui pleurait, alors que de la deuxième main il écrivait ses commentaires…

Notre maître a encore raconté : Quand un jour je suis allé le trouver dans son modeste logement, il s’est « confessé » à moi de souffrir de toutes sortes de douleurs et de maladies, mais il a ajouté avec simplicité : « D. merci, lorsque je suis plongé profondément dans l’étude de la Torah, je ne ressens plus rien. Mais dès que je m’arrête d’étudier pour manger ou pour régler une affaire quelconque, immédiatement les douleurs se réveillent. »

Terminons par une histoire merveilleuse qu’a racontée l’un de ses voisins à Jérusalem. Quand ce dernier a eu un fils, Rabbi ‘Haïm Chemouël a frappé à sa porte de bon matin pour lui souhaiter mazal tov. Ensuite, il a dit au père : « Je suis déjà vieux, je ne peux pas vous aider. Mais aller à l’épicerie pour acheter du pain et du lait, ça, je le peux. Dites-moi de quoi vous avez besoin. »

Le père était extrêmement embarrassé et essaya délicatement de refuser en disant qu’il n’avait besoin de rien, mais Rabbi ‘Haïm Chemouël s’obstina : « Vous avez beaucoup d’enfants et il vous est difficile de sortir. » c’est seulement après s’être convaincu que son aide n’était pas nécessaire qu’il s’en alla, le cœur plus léger.

Le 10 Kislev 5759, alors qu’il se préparait à mettre ses tefilin, son cœur cessa de battre et son âme monta au Ciel. Que son souvenir soit béni.

 

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