Vayichlah 1er Décembre 2012 17 Kislèv 5773 |
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Lorsque le Satan monte chanter devant D.
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Un homme lutta avec lui, jusqu’au lever de l’aube » (Béréchit 32, 25)
Ce verset demande à être expliqué : tout d’abord, pourquoi ont-ils dû se battre pendant toute la nuit ? Pourquoi Ya’akov n’a pas tout de suite vaincu l’ange ? De plus, comment l’ange d’Essav a-t-il quand même réussi à atteindre la hanche de Ya’akov au point de le rendre boiteux ?
Nos Sages ont expliqué (Zohar, I, 171a) que la hanche symbolise ceux qui soutiennent la Torah. Quand l’ange d’Essav a compris qu’il ne pourrait pas atteindre ceux qui étudient la Torah, il a décidé de frapper ceux qui les soutiennent, ceux qui les aident. C’est une grave punition : en effet, en quoi ont-ils fauté pour souffrir à cause de ces bnei Torah qui résistent à leur mauvais penchant ? Et enfin, comment ces bnei Torah vont-ils subsister sans ceux qui les soutiennent ?
De surcroît, il est étonnant que le jour même où l’ange d’Essav s’apprête à réciter un chant, il aille lutter contre Ya’akov, le plus grand des Patriarches ! Comment osera-t-il réciter un chant devant Hachem en voyant l’image de Ya’akov gravée sous le trône céleste, et en constatant que ce dernier est aimé de D. ? N’aura-t-il pas honte d’avoir porté atteinte au plus grand des Patriarches ?
J’ai pensé expliquer les choses ainsi : le Satan accomplit aussi la volonté de D. lorsqu’il vient perturber les tsaddikim dans leur service divin. Si ceux-ci surmontent leur mauvais penchant, cela devient une belle sanctification du nom divin, et un grand tumulte se crée à cause du mérite du tsaddik. Dans ce cas, même le Satan vient remercier et louer D. d’avoir créé un tel tsaddik, par le mérite duquel le monde subsiste.
Tel est l’hymne que le Satan chante lui-même devant D., Qui a donné la vie à ce tsaddik qui ne lui a pas cédé. Hormis le chant lui-même, il doit également remercier D. et déclarer devant Lui « kadoch, kadoch, kadoch ». En effet, lorsqu’il constate que même ses ruses spirituelles ne suffisent pas à faire trébucher le tsaddik, il vient louer et chanter D.
Mais en quoi consiste la guerre que mène le Satan ? Lors de son combat avec le tsaddik, il soulève avec ses pieds de la poussière qui monte jusqu’au Ciel. Cette poussière est une allusion à la saleté : en voyant qu’il ne réussit pas à l’emporter sur le tsaddik, le Satan use de ruses et de stratagèmes pour le séduire, pour l’entacher d’une petite poussière : il l’entraîne à commettre une petite transgression pour qu’il s’attache ensuite à lui.
Mais même cette petite salissure n’imprègne pas le tsaddik, soucieux que tout son être (son corps, son cœur, et sa pensée) soit consacré uniquement à D.
L’ange d’Essav, dans le rôle du Satan, n’a éprouvé aucune honte à sortir combattre Ya’akov : son rôle est de chercher à affaiblir les gens dans leur service divin afin qu’ils résistent à la tentation, et qu’ils reçoivent ensuite une grande récompense. Le but est de les propulser du niveau de Ya’akov à celui, bien plus élevé, d’Israël.
Puis l’ange d’Essav est venu louer le Créateur d’avoir créé cette âme pure. C’est pourquoi cette guerre est permanente : elle n’a ni début ni fin, car elle ne cesse que lorsque le plus fort a vaincu.
C’est ce que Ya’acov a insinué à sa descendance : on ne peut pas vaincre le Satan immédiatement. Quand il intervient auprès de nous, c’est pour nous combattre, nous vaincre et nous faire disparaître de ce monde. Il nous envoie de grandes épreuves, mais même s’il échoue, il continue de lutter sans baisser les bras, car c’est un ange, que seuls les tsaddikim plongés dans la Torah peuvent vaincre, et sans l’aide de D., l’homme ne peut jamais le dominer. C’est d’ailleurs ce qui est écrit (Béréchit 32, 32) : « Le soleil commençait à l’éclairer etc. », car la lumière du soleil est une allusion à l’aide de Hachem : celle ci fait fuir immédiatement le Satan.
Mais quand il est vaincu par la personne en question, il monte au Ciel et loue le Créateur pour la présence de cet homme-là dans le monde. D’ailleurs, l’image de plus en plus resplendissante de Ya’akov est une preuve de sa victoire sur le Satan. Voici donc la louange adressée à D. : avoir dans Son univers un tsaddik qui l’a emporté sur l’ange, et que personne ne peut vaincre.
Dans ce combat, Ya’akov a tracé le chemin pour sa descendance : tout comme il a dominé le combat contre l’ange d’Essav, qui représente le mauvais penchant, il y aura toujours une lutte entre les juifs et le Satan, car quand il perd, ce dernier loue le Créateur et reconnaît les bénédictions reçues par Ya’akov, ce qui élève le statut du juif du niveau de Ya’akov à celui d’Israël. Face à son incapacité à nous affaiblir, il se détache de nous quelque temps avant de revenir avec de nouvelles forces. Mais il voit alors que même D. nous vient en aide.
C’est pourquoi Ya’akov a laissé le Satan atteindre ceux qui soutiennent nos maîtres : ils se sont enrichis grâce aux maîtres, et s’occupent uniquement de fournir l’argent au tsaddik car celui-ci n’a pas le temps de gérer sa richesse. Hachem fait des hommes riches les administrateurs et ceux qui assurent la subsistance des tsaddikim et des bnei Torah qui sont nos maîtres.
Ainsi, il a permis que le Satan les attaque afin que les tsaddikim et les institutions de Torah ressentent également l’épreuve de la subsistance, la surmontent, et continuent de fournir des efforts pour la Torah. S’ils passent cette épreuve avec succès, leur subsistance germera d’un autre endroit, et leur Torah sera complète et fondée sur la sainteté.
LES PAROLES DES SAGES
Comprendre le cœur d’une femme abandonnée
L’un des bagages qu’un juif croyant porte sur son dos est sa foi, une foi dans le bien-fondé du chemin qu’il faut prendre à tous les tournants pour se conduire avec droiture et fidélité, à cause d’une confiance sincère que tout est la volonté du Créateur.
C’est ce que nous avons appris de Ya'akov. Lorsqu’il travaillait pour Lavan, « il travailla pour lui sept autres années supplémentaires. » Les Sages apprennent du mot « a’herot » (supplémentaires) que ces sept années-là étaient semblables aux premières, avec autant de fidélité, bien qu’elles lui aient été imposées par ruse.
Dernièrement ont été publiées dans le livre « Avihen chel Israël » (Le Père d’Israël) certaines histoires concernant des dirigeants du peuple juif qui ont fidèlement suivi cette voie, même face à ce qui nous vient par déloyauté. C’est le cas de l’histoire suivante.
Pendant la période de la révolution qui a eu lieu en Iran est arrivée en Israël une jeune agouna (femme abandonnée par son mari) qui avait fui l’Iran au moment de la révolution, lorsque son mari s’était converti à l’Islam et avait refusé de lui donner un acte de divorce. Sa situation paraissait désespérée, et aucun des beit din qui avaient traité de l’affaire n’y avait trouvé de solution. En effet, le mari ne voulait pas donner de guett, parce qu’il n’y croyait pas. Et qui pouvait l’y obliger, dans l’Iran de Khomeyni ?
Voici donc une femme jeune qui a toute la vie devant elle. Doit-elle rester seule toute sa vie ? N’y a-t-il aucune solution ?
Le gaon Rabbi Mordekhaï Eliahou zatsal, qui à cette époque-là était le Rishon-le-Tsion et le Grand Rabbin d’Israël, reçut le fichier de cette agouna, après qu’il ait passé dans toutes les instances judiciaires possibles qui n’avaient trouvé aucune solution. Le Rav Eliahou ne perdit pas de temps. Il envoya une lettre à Rabbi Yédidia Choffet zatsal, qui était Rav en Iran à l’époque, sur du papier à en-tête de l’Etat d’Israël.
Quand la lettre arriva aux autorités en Iran, ils y virent le symbole de l’Etat d’Israël et la transmirent immédiatement à la censure iranienne. Un traducteur qui fut convoqué révéla que la lettre parlait aussi du président iranien, l’ayatollah Khomeiny, « en personne ». La lettre fut rapidement transmise à Khomeiny, qui lut ce que le Rav Eliahou avait écrit.
Il avait écrit au Rav Choffet les détails du cas de la agouna, et lui conseillait de demander l’aide du président Khomeiny, car lui aussi était un croyant, et il était évident que quiconque croit en D. ne permettrait pas qu’une telle injustice se produise sans réagir. Le Rav écrivait qu’il était certain que le président Khomeiny l’aiderait à obtenir le guett pour cette pauvre femme.
L’ayatollah lut la lettre, avec toutes les louanges qu’elle contenait à son égard, et envoya convoquer le Rav Choffet. Quand les forces de la révolution arrivèrent chez ce dernier pour lui transmettre d’avoir à se présenter devant l’ayatollah Khomeiny, il pensa naïvement que sa fin était arrivée. Il demanda cinq minutes pour s’organiser, revêtit un linceul sous ses vêtements, remit son testament à ses fils et partit avec les soldats de la garde révolutionnaire.
Quand le Rav Choffet arriva devant l’ayatollah, celui-ci lui demanda : « Connaissez-vous le Rav Mordekhaï Eliahou ? » Oui, répondit-il avec hésitation. « Est-ce un grand Rav ? » Oui, répondit le Rav Choffet, sans comprendre où menait cette conversation. Etait-ce bon de reconnaître qu’il connaissait le Rav Eliahou ? Etait-ce dangereux ? En fin de compte, c’était tout de même le Grand Rabbin d’Israël. Il ne pouvait pas dire qu’il ne le connaissait pas. Entre temps, Khomeiny continuait de lui poser des questions : « Est-ce que vous lui obéissez ? » Le Rav confirma que les rabbanim du monde entier lui obéissaient.
« Regardez ce que le Rav écrit sur moi », dit l’ayatollah en agitant la lettre élogieuse à son égard. Il était tellement satisfait qu’il demanda immédiatement au Rav Choffet ce qu’il fallait faire pour libérer la agouna de son mariage. Le Rav lui expliqua qu’il fallait que le mari consente à donner un acte de divorce. Khomeiny fit immédiatement appeler le mari, et lui dit : « Donnez tout de suite un acte de divorce à votre femme ! » Puis, s’adressant à ses soldats : « S’il n’est pas d’accord, vous lui briserez les doigts, son attitude est une calomnie envers nous, comme si nous ne nous conduisions pas avec droiture et justice ! »…
Le Rav Choffet expliqua à Khomeiny que d’après la loi juive, le mari devait donner l’acte de divorce de son plein gré, et non sous la contrainte, et il demanda : « Laissez-le moi pendant quelques minutes et je vais lui expliquer de façon à ce qu’il donne le guett de son plein gré. » Pour toute réaction, Khomeiny dit au mari : « Vous avez cinq minutes. » Entre temps, le mari avait compris que s’il tenait à la vie, il avait intérêt à donner le guett de son plein gré, et il donna son accord.
Le Rav Choffet téléphona en France du bureau de l’ayatollah Khomeiny, et de là obtint une conversation à plusieurs avec le bureau du Rav Eliahou en Israël. En parlant par allusions, il lui raconta toute l’histoire, et le Rav le guida sur la façon correcte de procéder avec le guett.
A ce moment-là, le Rav Choffet fut nommé « chalia’h kabbala » (envoyé habilité à recevoir le guett) de la femme pour recevoir le guett à sa place. Ensuite, le Rav Choffet fit par téléphone, sous la direction du Rav Eliahou, un autre guett destiné à être envoyé en Erets Israël, et il l’envoya.
Est-ce une histoire de miracle ? Est-ce une histoire d’intelligence ? Est-ce une histoire d’attention au prochain ?
Le Rav de Tsfat, le Rav Chemouël Eliahou chelita, estime qu’un Rav doit comprendre l’âme du prochain, même celle de Khomeiny. Si l’on comprend ce qui se passe dans sa tête, on saura comment se conduire avec lui. Apparemment, un Rav doit aussi être rempli d’empathie et ne pas passer à l’ordre du jour. Ne fermons pas les yeux. Exactement comme le Rav Mordekhaï Eliahou zatsal a écrit dans la prière qu’il a composée pour la dire avant de siéger en jugement : « Que notre mauvais penchant ne nous détourne pas et que nous nous gardions bien de toute indifférence ». Car c’est une réaction naturelle de l’homme : pourquoi vais-je me mêler d’un tel cas ? Qu’est-ce que j’y peux ? Non, il faut sentir la douleur de cette femme abandonnée.
GARDE TA LANGUE
Juge ton prochain avec justice
De même qu’il est interdit par la Torah de croire les propos péjoratifs qu’on entend sur d’autres personnes, c’est également interdit même si l’on sait que les choses qu’on vous a racontées sont vraies, mais qu’elles ont plusieurs aspects, et que celui qui les a racontées n’a pas donné le bénéfice du doute. De cette façon, il a rabaissé quelqu’un, et on sait que c’est une mitsva pour celui qui a entendu cela de juger de la meilleure façon possible.
Celui qui transgresse cette loi et qui, sans donner le bénéfice du doute, accepte l’histoire dans son interprétation négative, non seulement a transgressé ‘juge ton prochain avec justice », mais fait également partie de ceux qui acceptent du lachon hara, car du fait qu’il n’a pas donné le bénéfice du doute, les paroles de dénigrement se sont insérées en lui.
(‘Hafets ‘Haïm)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
L’immense bonté du Saint, béni soit-Il
« Il dit : renvoie-moi, car l’aurore est arrivée » (32, 26)
Voici l’explication que donnent les Sages dans la Guemara (‘Houlin 91b) : Ya'akov lui a dit [à l’ange tutélaire d’Essav] : es-tu un voleur, ou un joueur de dés, pour avoir peur de l’aurore ? Il a répondu : Je suis un ange, et depuis le jour où j’ai été créé, mon heure de dire la chira n’était pas arrivée jusqu’à maintenant. »
C’est surprenant ! Habituellement, celui qui attend toute sa vie de voir le roi sans y réussir, si les serviteurs du roi viennent tout à coup lui dire : sois sur tes gardes, demain le roi viendra chez toi, que va-t-il faire ? Prendre une plume et du papier et organiser ce qu’il a à dire, de façon à ce que lorsque le roi arrivera, il sache exactement quoi dire et comment s’exprimer. Est-ce qu’il va s’en aller à un endroit qui est loin de chez lui en se disant : le roi n’est pas encore arrivé ? Il risquerait d’être bloqué par des brigands ou des bêtes féroces sur le chemin du retour.
C’est pourtant ce qu’a fait l’ange tutélaire d’Essav, car il savait qu’il ne pourrait dire la chira que ce jour-là. Dans ce cas, pourquoi est-il parti lutter contre Ya'akov ?
Nous apprenons de là l’immense bonté du Saint, béni soit-Il, car depuis le jour où le monde a été créé, Il savait que l’ange tutélaire d’Essav ne devait dire la chira devant Lui que ce jour-là. Or ce même jour, Il l’a fait descendre sur terre pour lutter avec Ya'akov, et tout cela pourquoi ? Pour qu’il n’ait pas le temps de s’attarder avant de dire la chira et ne puisse pas accuser les bnei Israël !
En effet, s’il avait eu le temps de se préparer, il aurait peut-être accusé Israël, mais comme il est descendu à un moment où on ne lui laissait pas le temps de dire quoi que ce soit, parce qu’il n’avait pas sa prière bien en bouche, ne s’étant pas préparé auparavant, il ne pouvait pas dire autre chose que la chira.
A LA SOURCE
« Quand mon frère Essav te rencontrera et te demandera : à qui appartiens-tu et où vas-tu ? » (32, 18)
Rabbi ‘Haïm de Brisk a expliqué que Ya'akov a dit à son messager : si Essav te rencontre et te demande « à qui appartiens-tu ? », c’est-à-dire à qui, toi-même, es-tu destiné, est-ce que toi aussi tu fais partie du cadeau que m’envoie Ya'akov ?
« Tu répondras : à ton serviteur Ya'akov ». Dis-lui que tu appartiens à Ya'akov et que tu ne fais pas partie du cadeau envoyé à Essav. Ceci parce qu’il est interdit à un juif de vendre son serviteur à un non-juif.
« Il dit : je ne te renverrai pas avant que tu m’aies béni » (32, 27)
C’est surprenant : pourquoi Ya'akov a-t-il besoin de la bénédiction de l’ange tutélaire d’Essav ?
Le livre « Guevourot Ya'akov » l’explique ainsi : quand la bénédiction vient d’un bon ange, il y a de nombreux accusateurs qui demandent qu’elle ne s’applique pas. Mais quand la bénédiction vient d’un ange qui est lui-même accusateur et mauvais, comme l’ange tutélaire d’Essav, cette bénédiction se réalise sans aucun accusateur, parce qu’il n’y a pas qui accuser à propos de cette bénédiction, qui a été donnée par l’ange d’Essav.
C’est pourquoi Ya'akov lui a demandé une bénédiction, une bénédiction complètequi n’entraînera aucune espèce d’accusation.
« Voici les rois qui ont régné au pays d’Edom avant que règne un roi sur les bnei Israël » (36, 31)
Vous devez savoir, écrit Rabbi Ya'akov Kouli zatsal dans « MeAm Loez », que cette paracha est remplie de secrets de la Torah, et tout le Idra Rabba du Zohar, que nous lisons la nuit de Chavouot, est entièrement fondé sur les versets de cette paracha.
C’est pourquoi bien qu’à cause de nos faute nous ne comprenions rien, nous devons lire ces choses, dont l’âme reçoit certainement beaucoup de satisfaction, car elle comprend tout. Et qu’il ne vous vienne pas à l’esprit que c’est un passage historique, car il n’y a aucune différence entre cette paracha et les Dix Commandements, tout ne fait qu’un.
Ailleurs, il écrit :
« Sachez que Rabbi Chimon bar Yo’haï a dit qu’il y a trois cents secrets dans cette paracha, mais il ne les a révélés à personne d’autre qu’à son fils Rabbi Elazar. Nous apprenons de là que toute parole de la Torah est remplie de secrets et d’une sagesse profonde que notre petite intelligence n’est pas capable de supporter. »
LA VIE DANS LA PARACHA
Selon l’enseignement du saint Or Ha’Haïm
« Voici les fils d’Etser » (36, 27)
C’est une allusion, à la façon dont les Sages disent : « La Torah a demandé, pourquoi y a-t-il des pauvres ? Le Saint, béni soit-Il a répondu : « Pour faire hériter ceux qui M’aiment de biens et remplir leurs trésors » (Michlei 8, 21). »
Cela signifie que grâce à leurs épreuves en ce monde, leur trésor s’enrichira dans le monde à venir. C’est cela que signifie « voici les fils d’Etser » : ceux qui veulent amasser un trésor (otsar) éternel doivent subir de lourdes épreuves en ce monde.
L’Ecriture nous enseigne que les épreuves engendrent des trésors remplis de bonnes choses en haut, comme les douleurs de Rabbi Elazar fils de Rabbi Chimon bar Yo’haï, qui disait « venez, mes frères » (Bava Metsia 64b).
Et maintenant, qui est l’homme qui désire la vie céleste et amasser de précieux trésors ? Qu’il renonce à ce monde-ci et à ses plaisirs, et prenne sur lui de subir des épreuves, pour son bien et pour remplir ses trésors éternels.
LES CEDRES DU LIBAN
Le gaon Rabbi Tsvi Pessa’h Frank zatsal
Jérusalem, qui n’avait jamais manqué de glorieuses personnalités de Torah, a mérité au siècle précédent la merveilleuse figure de Maran le gaon Rabbi Tsvi Pessa’h Frank zatsal, le Rav de la ville sainte et le pilier de la halakha à son époque. Depuis qu’il a atteint l’âge adulte, il n’a jamais cessé d’étudier, et il est devenu un exemple exceptionnel d’assiduité dans l’étude de la Torah sans aucune limite, d’amour sans bornes de la Torah, de dévouement unique et de recherche de la vérité dans la Torah, qui a été tout le contenu de sa vie et la joie de son cœur depuis sa naissance jusqu’à son dernier jour.
Son brûlant amour pour chaque parole et chaque signe diacritique de la Torah ont légué aux générations suivantes un immense héritage d’écrits. Rabbi Tsvi Pessa’h a écrit toute sa vie non seulement ses milliers de réponses halakhiques dans tous les domaines du Choul’han Aroukh ainsi que ses commentaires extrêmement étendus, mais également ce qu’il avait entendu de ses maîtres de la génération précédente, de ses amis, les princes de la Torah de la ville sainte, et aussi tout commentaire qu’un ancien élève prenait la peine de lui exposer. Tout cela était écrit dans des carnets, qui sont restés comme un souvenir éternel de son extraordinaire amour de la Torah.
Quand le gaon a quitté ce monde, les grands de la génération ont senti que la gloire et l’éclat de la ville sainte l’avait quittée, car il n’y avait aucune limite à son assiduité dans la Torah. Elle n’avait plus en elle ce symbole éclatant de la Torah qui éclairait la monde d’un bout à l’autre. Comme l’a écrit le gaon Rabbi Eliezer Yéhouda Waldenberg zatsal, auteur de « Tsits Eliezer » : « Il me semble que presque certainement, Rabbi Tsvi Pessa’h était le plus grand de notre époque pour son assiduité dans l’étude, et peut-être même de la génération qui nous a précédés ! »
Pour la génération présente, qui n’a pas mérité de voir de ses yeux la figure coutumière du Rav de Jérusalem se glisser dans les ruelles de la ville vers le beit hamidrach, plongé dans sa Torah, il ne reste plus qu’à s’en faire une vague idée et à s’émerveiller des témoignages de ceux qui ont mérité de le voir.
La « mélodie » du Chabbat
Nous possédons de magnifiques témoignages de la façon extraordinaire qu’il avait de vivre le Chabbat, comme nous l’a transmise son fils Rabbi Yéhouda Leib :
« Mon père zatsal avait l’habitude, dans mes plus lointains souvenirs, immédiatement après le repas du vendredi soir, de prendre une Guemara et de commencer à « savourer le Chabbat » et à voguer entre les pages de la Guemara jusque tard dans la nuit, elles lui étaient totalement familières, et sa voix chantait avec une mélodie captivante. Il continuait de la même manière le lendemain, le jour du Chabbat, et tous les Chabbats il traversait presque tout le traité Chabbat ! »
Le gaon Rabbi Chelomo Min Hahar zatsal, Rav du quartier de Bayit Vagan, a raconté qu’une fois, un vendredi soir, les bougies s’étaient éteintes chez Rabbi Tsvi Pessa’h dans le quartier « Batei Ma’hassé », et il n’avait pas encore terminé l’étude régulière qu’il s’était fixée. Sa tante, qui habitait l’étage en-dessous, s’est aperçue qu’il s’accoudait à la fenêtre et étudiait à la lueur du lampadaire qui se trouvait dans la rue à côté de la fenêtre. Et quelle ne fut pas sa stupéfaction le lendemain matin, quand elle le vit debout dans la même position que pendant la nuit ! Il avait révisé pendant la nuit tout le traité Chabbat…
Pour son honneur
Pendant la période qui a suivi l’Holocauste, des quantités de réfugiés ont commencé à affluer à Jérusalem, pour y trouver un endroit de sainteté. La plupart n’avaient aucunes ressources, et ils étaient dans des conditions terribles de pauvreté et de misère.
Rabbi Tsvi Pessa’h fit tout ce qui lui était possible pour les assister. On trouvait tout le temps chez lui une oreille attentive et un cœur compatissant. Ils lui exposaient leurs questions en halakha et leurs désirs pour tous les problèmes de la vie. Il demandait à ses proches de se procurer des sommes d’argent pour soutenir ces réfugiés qui étaient tombés de bien haut.
Un jour, quelques responsables très actifs dans ce domaine vinrent le trouver. Ils ramassaient de l’argent pour acheter un chapeau en feutre à un grand Rav qui était arrivé en Israël dans le dénuement le plus total.
Quand il les entendit, il alla à l’armoire de sa chambre, et sans dire un mot, en tira son chapeau neuf, qui était réservé aux occasions particulièrement festives. Il le leur tendit d’un visage rayonnant.
Ils refusèrent naturellement de prendre son chapeau personnel, et lui expliquèrent que leur intention était une petite participation financière pour pouvoir acheter un chapeau à plusieurs, mais ils n’étaient pas d’accord pour prendre le chapeau de fête de Rav Tsvi Pessa’h.
Pourtant ce dernier insista, et leur dit avec un sourire : « Tout le monde sait que je suis un Rav, même si je ne porte pas un beau chapeau en feutre, mais ce Rav réfugié a besoin d’un chapeau pour son honneur et pour sa subsistance !
LES HOMMES DE FOI
Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto
Il y avait un enfant ne pouvait prononcer aucune parole. Toutes les tentatives de ses parents de le guérir se soldèrent par un échec. Les parents n’étaient pas encore pratiquants, mais pour obtenir la guérison de l’enfant, sa mère décida de commencer à observer la Torah et les mitsvot, de respecter la pureté familiale et ainsi de suite.
Elle arriva sur la tombe de Rabbi ‘Haïm zatsal, et dit au tsaddik : « Je suis prête à observer la Torah et les mitsvot de tout mon cœur et de toute mon âme, mais s’il-vous-plaît, intercédez pour moi devant Hachem pour qu’Il me fasse un miracle par votre mérite.»
Et effectivement, à la même époque où elle a commencé à pratiquer les lois, la parole de l’enfant lui est revenue et il s’est mis à parler comme tout le monde.
Nous voyons de là que toutes les épreuves que Hachem envoie à l’homme ont pour but de l’éveiller à une techouva totale.