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paracha de la semaine

Vayéchèv

8 Décembre 2012

24 Kislèv 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

L’étude de la Torah nous préserve des catastrophes

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

Le Midrach se penche sur la juxtaposition des parachiot. L’une finit par « Voici les rois qui ont régné sur le pays d’Edom », et l’autre commence par « Ya’akov s’installa ». C’est comparable à quelqu’un qui était en chemin, a vu une meute de chiens dont il a eu peur et s’est installé parmi eux. De même, quand notre père Ya’akov a vu Essav et tous ses chefs, il les a craints et s’est installé parmi eux.

Dans le livre « Semoukhim La’ad », du saint tsaddik Rabbi Eliahou Hacohen zal, auteur de « Chévet Moussar » et de « Méïl Hatsedaka », celui-ci explique longuement les paroles de ce midrach, qui nous paraît très surprenant, car la parabole ne ressemble pas à la leçon qu’on en tire. En effet, les chiens ont une nature qui leur a été donnée par D., qui fait que lorsqu’un homme s’installe parmi eux, ils ne peuvent pas l’attaquer, ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne l’homme. Dans ce dernier cas, à quoi sert-il de s’installer parmi eux pour qu’ils ne lui causent aucun dommage ?

Il l’explique en se basant sur ce que disent les commentateurs sur le verset suivant de Eikha (3, 30) : « Qu’il présente la joue à celui qui le frappe et se rassasie d’humiliation. » Cela signifie que lorsque l’homme tend la joue à son ennemi pour qu’il le frappe, quand il se livre lui-même entre ses mains et qu’il se rassasie d’humiliation, son ennemi est pris de honte et n’ose plus l’attaquer ni le frapper. Ainsi, , lorsque Ya’akov a vu les chefs d’Essav, il s’est installé parmi eux, c’est-à-dire que c’est comme s’il s’était livré lui-même entre leurs mains, en espérant qu’ils auraient honte de s’attaquer à lui.

Il rapporte aussi l’opinion de l’ouvrage « ’Hessed Chemouël », qui se penche sur cette juxtaposition et s’interroge sur l’explication des Sages (Béréchit Rabba 4, 3) : « Ya’akov a voulu s’installer dans la tranquillité, les malheurs concernant Yossef l’ont assailli. » Pourquoi Ya’akov a-t-il voulu s’installer dans la tranquillité justement maintenant, plutôt qu’auparavant ? De plus, pourquoi les malheurs l’ont-ils assailli justement à propos de Yossef, quelle mesure pour mesure y a-t-il là ?

A mon humble avis, on peut l’expliquer en disant que Ya’akov a voulu s’installer dans la tranquillité maintenant et non auparavant, parce qu’il avait vu les chefs d’Essav et les avait craints, et pour s’en protéger, il a voulu justement s’installer en paix parmi eux, pour qu’ils soient remplis de honte et n’aient aucun pouvoir sur lui.

Mais immédiatement, les malheurs l’ont assailli avec l’histoire de Yossef, car le Saint, béni soit-Il lui a insinué de cette façon que la voie qu’il avait adoptée Lui déplaisait. En effet, ce qu’ont fait les Patriarches est un signe pour leurs descendants, et s’installer en paix parmi les non-juifs est un danger pour les bnei Israël, car ils risquent d’apprendre de leur entourage, et ainsi de négliger l’étude de la Torah et de causer de la douleur à la Chekhina. Ils risquent aussi d’oublier la douleur de la Chekhina du fait qu’eux sont en paix.

J’ai pensé ajouter que c’est justement quand on est installé parmi ses ennemis et qu’on étudie la Torah que les ennemis perdent toute puissance, car tant que la voix est la voix de Ya’akov, les mains d’Essav ne dominent pas. C’est pourquoi quand Ya’akov a vu son frère Essav installé en paix, il a craint et a cherché à s’éloigner de lui et à vivre auprès de lui seulement, car il avait peur que ses fils oublient la condition que la voix devait être la voix de Ya’akov. Il n’a pas voulu s’éloigner complètement de lui, car il voulait justement s’installer à proximité, de façon à ce qu’Essav ait honte s’il faisait du mal à Ya’akov, car il transgresserait ainsi la condition qu’avait fixée leur père Yitz’hak : quand la voix est la voix de Ya’akov, les mains d’Essav ne peuvent pas dominer.

Ya’akov voulait également rappeler à ses fils la condition de se consacrer uniquement à l’étude de la Torah, auquel cas Essav ne pourrait pas les dominer. C’est en effet pour ce dernier comme une drogue soporifique, il deviendra incapable de faire quoi que ce soit, et c’est juste si l’étude s’interrompt que les descendants d’Essav se réveilleront de leur sérénité pour les attaquer. Mais le Saint, béni soit-Il ne désirait pas que cela se passe de cette façon, et Il a rappelé à Ya’akov qu’il fallait d’éloigner d’Essav et de ses descendants, et étudier la Torah dans l’effort, plutôt que d’être installé en paix et d’étudier la Torah tranquillement.

Quelle est donc la bonne façon d’être protégé des chefs d’Essav et de leurs semblables ? S’attacher à D., Qui est le rocher et la forteresse des bnei Israël, et étudier la Torah dans l’effort, car elle est notre vie et la longueur de nos jours. Il faut l’étudier jour et nuit, en se donnant beaucoup de mal.

Si bien que la « mesure pour mesure » concerne Yossef, car il représente la mida de yessod, la préservation de la pureté de l’alliance de la circoncision, qui est l’essentiel de tout juif. C’est en effet la première mitsva qui est donnée à tout juif dès sa plus tendre enfance, pour le protéger des forces impures, comme l’explique mon ancêtre le kabbaliste Rabbi Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège. On doit veiller à cette mitsva pendant toute sa vie, et cela ne peut se faire que grâce à Yossef, c’est-à-dire qu’on doit ajouter (yossif) chaque jour à son étude de la Torah et à ses efforts, exactement le contraire de s’installer en paix.

Le Saint, béni soit-Il a donc insinué à Ya’akov par l’intermédiaire de Yossef que la sérénité mène à l’affaiblissement dans l’étude, comme nous le voyons tous les jours : lorsqu’on prend des vacances pour soi-même, cela entraîne d’autres vacances et un affaiblissement dans le service de Hachem. C’est pourquoi le secret de la réussite pour être préservé des chefs d’Essav tient dans « Yossef », ajouter (lehossif) chaque jour au travail et à l’effort dans l’étude, sans céder aux forces du mal ni avoir l’air de se trouver entre leurs mains. Et quand on s’incline et qu’on se livre à l’effort de l’étude, le Saint, béni soit-Il protège, et ce sont les non-juifs qui finiront par se livrer eux-mêmes entre les mains de ceux qui étudient.

Nous avons déjà vu clairement des choses de ce genre chez les grands tsaddikim du Maroc, à qui des rois et des notables s’efforçaient de plaire, pour qu’ils les fassent profiter de leurs bénédictions et les guident. Il y a des dizaines et des centaines d’histoires connues sur le kabbaliste Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, à qui les rois et les ministres du Maroc offraient des cadeaux de valeur, juste pour trouver grâce à ses yeux saints.

On peut peut-être ajouter que toute la raison pour laquelle Ya’akov, le plus grand des Patriarches, a adopté cette voie de s’installer justement en paix n’avait pour but que d’enseigner à sa descendance que celui qui s’installe en paix finit par être puni et par être livré aux non-juifs. C’est l’inverse de la sérénité qui est le bon chemin : ajouter sans cesse à l’effort dans l’étude de la Torah.

LES PAROLES DES SAGES

Un moment, et faire honte à quelqu’un ?

D’après certains des Richonim, faire honte à quelqu’un est vraiment comme un meurtre, et c’est également inclus dans les fautes qu’il faut se laisser tuer plutôt que de commettre. Cette interdiction prend sa source dans le verset de notre paracha « on la fit sortir et elle envoya dire à son beau-père » (Béréchit 38, 25), sur lequel Rachi explique : « Elle n’a pas voulu lui faire honte en disant : c’est de toi que je suis enceinte, mais elle a dit : de l’homme à qui sont ces objets. Elle a pensé : S’il le reconnaît de lui-même, c’est parfait, et sinon, on me brûlera mais je ne lui ferai pas honte. » C’est à partir de cela que les Sages ont enseigné (Bava Metsia 59a) : « Il vaut mieux pour l’homme qu’on le fasse tomber dans une fournaise ardente plutôt que de faire honte à son prochain en public. »

Rabbi Yéhouda He’Hassid zatsal a écrit dans le Séfer ‘Hassidim (54) : « Quel est le meurtre qui ne se voit pas et dont le châtiment est très grand, alors que la faute paraît légère et est très grave en-haut ? C’est l’humiliation – celui qui humilie son prochain en public ou lui cause de la peine alors qu’il est sensible et se vexe facilement, il vaut mieux encourir la mort que de lui faire honte. »

Il ajoute : « Celui qui humilie ou offense son prochain et le regrette doit demander à un homme pieux de lui trouver une façon de se repentir. Celui-ci lui dit alors : Sache que tu as fait un grand mal, tu as versé le sang de ton prochain, comme Abaya fils de Re’hav’am, qui avait réprimandé Yérov’am en lui faisant honte, à la suite de quoi il est mort. C’est pourquoi va, mon fils, implorer cette personne de te pardonner, et fais très attention à ne plus humilier ni vexer qui que ce soit. »

« Menorat HaMaor » ajoute : « Celui qui de toute sa vie n’a jamais commis la faute d’humilier son prochain, le Saint, béni soit-Il le sauvera de tout malheur, et il engendrera des enfants droits. C’est le cas de Tamar, qui a accepté d’être jetée dans le feu pour ne pas humilier Yéhouda, ce qui lui a valu que sortent d’elle des rois et des prophètes. »

Je me suis tu pour ne pas risquer de l’humilier

Nous rencontrons très souvent ce genre de situation. Il faut faire bien attention à ces petits détails. Un jour, il est arrivé à la synagogue un Chabbat qu’un enfant bar mitsva est monté à la Torah, comme c’est l’habitude. Mais il a lu la haphtara très bas, si bien que certains fidèles ont demandé à Rav ‘Haïm Kaniewsky chelita s’ils avaient accompli leur devoir d’écouter la haphtara. Il a répondu que sans l’humiliation que cela causerait à l’enfant, il aurait ordonné qu’on la relise, mais maintenant, ils étaient quittes a posteriori. La plupart des gens n’avaient rien entendu, mais comme il y avait un mynian de fidèles qui avaient entendu, la mitsva avait été accomplie.

Dans le même ordre d’idées, on raconte sur le gaon Rabbi Ya’akov Yitz’hak Roderman zatsal que lorsqu’il était encore très jeune, il était extrêmement sensible. C’est pourquoi même soixante-dix ans plus tard sa voix tremblait encore d’émotion quand il racontait le spectacle honteux dont il avait été témoin dans sa jeunesse :

Un jour d’« Hochana Rabba », le trésorier (qui était une personnalité connue), a été convié à être chalia’h tsibour pour la prière de Moussaf.

Mais celui qui l’y invitait s’aperçut que le bedeau avait oublié d’apporter à la synagogue le « kittel » qu’on exigeait du chalia’h tsibour. Devant cet incident imprévu, le trésorier fut pris d’une colère terrible et se mit à crier contre le bedeau, en l’humiliant devant toute la communauté.

« Imaginez-vous, gémissait le Rav Ruderman, la faute d’humilier quelqu’un en public dans toute sa gravité ! Et à quel propos ? Porter un kittel n’est jamais qu’une coutume. Seulement une coutume ! Alors qu’humilier quelqu’un devant d’autres personnes, c’est une faute de la Torah ! Celui-ci est venu transgresser une grave interdiction, il a aussi enlevé à l’autre toute la joie de la fête, et tout cela à cause d’un kittel !

Surtout n’humilier personne

On raconte sur Rabbi Heschil zatsal que lorsqu’il s’est fiancé avec la fille d’un personnage important et qu’est arrivé le Chabbat ‘Hatan, le Aufrouf, où le fiancé monte à la Torah, il a logé dans une maison qui était proche de celle de son beau-père. Le vendredi, il a regardé par la fenêtre, et a vu chez son beau-père qu’on avait préparé beaucoup de pâte pour en faire des nouilles, et on l’avait laissé sécher pour pouvoir ensuite la couper en fines lanières.

Et voici qu’il a aperçu une poule venue de la cour, qui était montée sur la pâte et la picorait. La fiancée, qui s’en était aperçue, a rejeté la poule avec colère et l’a lancée contre le mur.

Quand Rav Heschil a vu cela, il s’est dit : est-ce que je vais me marier avec quelqu’une qui a un cœur tellement cruel ? Non ! Ce n’est pas possible ! Mais d’un autre côté, lui faire honte en public, et de plus le Chabbat de la montée à la Torah, cela aussi c’est impossible.

Il a beaucoup réfléchi et a décidé qu’il valait mieux que ce soit le côté de la fiancée qui le renvoie honteusement, ce qui lui permettrait de ne pas humilier la fiancée ! Qu’a-t-il fait ? Il est allé à la synagogue qui était remplie de personnes en train d’étudier, et a fait semblant de vouloir voler de l’argent dans le tronc de tsedaka.

Quand les assistants l’ont vu, ils ont crié : « Au voleur, au voleur ! »

Immédiatement, le bruit s’est répandu dans la ville qu’on avait attrapé dans la synagogue un voleur qui cherchait à voler un tronc.

Or il s’avéra que c’était le gendre de ce personnage honoré. Naturellement, on est allé le lui raconter, pour qu’il ne tombe pas dans ce piège, et le chidoukh a immédiatement été annulé, comme l’avait désiré Rav Heschil.

GARDE TA LANGUE

Il s’appelle un criminel !

Si l’on sait que certaines personnes ont l’habitude de dire du lachon hara, qu’elles désirent sans cesse dire du mal des autres, et qu’on va quand même s’installer parmi eux, même si l’on ne fait rien pour les encourager, on s’appelle tout de même un criminel, parce qu’on a transgressé les paroles des Sages, qui ont ordonné de s’éloigner des choses malhonnêtes. Et à plus forte raison si l’on a l’intention de les écouter, cette faute est intolérable, et elle vaudra d’être inscrit en haut dans le livre des souvenirs.

(‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Un principe éducatif dans les lois de ‘Hanouka

« Si la flamme s’est éteinte, on n’a pas besoin de la rallumer » (Chabbat 21b)

Nous devons apprendre de cette halakha une importante leçon dans le service de Hachem, qui est qu’il nous est interdit de désespérer de quelque âme juive que ce soit, de dire qu’il n’y a plus rien à attendre d’elle et que cette personne n’a pas la moindre chance de revenir à la Torah et aux mitsvot.

En vérité, même si ce juif s’est considérablement éloigné du droit chemin et que la flamme spirituelle qui se trouve en lui s’est éteinte, malgré tout on ne doit pas le laisser pour compte, il y a encore un espoir, car l’étincelle juive qui est en lui existe, elle est cachée dans les profondeurs de son âme, et si un esprit de pureté le traverse et avive cette étincelle, la flamme de la sainteté recommencera certainement à brûler en lui et il reviendra certainement à une vie droite.

C’est donc un principe éducatif important dans le service de Hachem que nous enseignent les Sages, justement au moment de la fête de ‘Hanouka, qui est fondée sur l’éducation, en disant : « si elle est éteinte, on n’est pas obligé de la rallumer », car a priori son âme se remettra à briller et à flamber comme autrefois.

A LA SOURCE

« Il lui fit une tunique rayée » (37, 3)

Le Midrach Rabba explique de plusieurs façons les mots « koutonet passim » (une tunique rayée) :

Cette tunique lui arrivait jusqu’aux mains (« ad pass yado »). Elle était extrêmement fine et légère et pouvait être cachée dans sa main (« pass yado »). Ils avaient tiré au sort pour savoir lequel d’entre eux l’amènerait à leur père, et le sort tomba sur Yéhouda.

Autre explication : elle représente les malheurs qui sont arrivés à Yossef : le mot « passim » est formé des initiales de Putiphar, So’harim (les marchands), Yichmaélim, Midianim.

« Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère » (37, 27)

Le Saraph de Kotzk expliquait :

« Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère et à couvrir son sang » : quel intérêt présente un acte, même une mitsva, qu’il est nécessaire de couvrir et de cacher ?

Un acte qu’il est nécessaire de cacher, c’est un signe qu’il vaut mieux ne pas le commettre…

« Voici ce que nous avons trouvé, reconnais, je te prie, si c’est la tunique de ton fils ou non » (37, 32)

Rabbi Yitz’hak Zéev de Brisk s’étonne :

A quoi cela a-t-il servi aux tribus d’annoncer à Ya’akov le prétexte qu’il bête sauvage l’avait dévoré, est-ce que cela allait diminuer sa douleur ?

Voici ce qu’il explique :

Les tribus de D. savaient que leur père, Israël, s’ils ne lui prouvaient pas qui avait tué Yossef, les soupçonnerait de l’avoir fait, et sa douleur serait encore plus grande à la pensée que c’étaient ses fils qui avaient tué, bien plus encore que la douleur du fait de la mort de Yossef…

« Le maître de Yossef le prit et le jeta en prison » (39, 20)

Est-ce là la Torah et est-ce sa récompense ? Après la grande épreuve dont Yossef était sorti vainqueur, était-ce sa récompense de rester douze ans en prison ?

Eh bien oui, explique le gaon Rabbi Yéhouda Tsadka zatsal, Roch Yéchiva de Porat Yossef : Etant donné que le moment n’était pas encore venu pour Yossef de régner, il y avait un risque que s’il restait dans la maison de Par’o, la femme de Putiphar se remettrait à le persécuter, et alors il devrait lutter constamment contre son mauvais penchant et vivre dans une épreuve perpétuelle. C’est pourquoi la sagesse divine a décrété qu’il n’y avait pas de meilleur endroit pour préserver Yossef spirituellement que la prison.

Mais pour qu’il ne vive pas dans la peine, « Hachem était avec Yossef et lui attirait la bienveillance. » Yossef sentait que Hachem était avec lui, et ne ressentait aucune peine de son séjour en prison.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar, le saint Or Ha’Haïm

« Yossef a été mis en pièces (tarof toraf) » (37, 33)

Il y a ici deux fois la notion d’être déchiqueté :

La première, pour indiquer qu’une bête féroce l’a déchiré et tué, et la deuxième pour dire qu’elle a déchiré son corps dans sa tanière, si bien qu’il n’y avait plus d’espoir de retrouver ses ossements pour les enterrer.

Sans cela, il est difficile de comprendre pourquoi Ya’akov n’a pas cherché les ossements de Yossef, pour accomplir la mitsva de l’enterrer.

Et eux, les frères, ont usé de ruse en disant « voici ce que nous avons trouvé ». Cela implique seulement cela, sans qu’il y ait des ossements, et de là il a senti qu’une bête l’avait traîné dans sa tanière, c’est pourquoi il n’a pas pris la peine de chercher les ossements.

LES CEDRES DU LIBAN

Rabbi ‘Hizkiya da Silva

Le Gaon Rabbi ‘Hizkiya da Silva, auteur du « Peri ‘Hadach » sur le Choul’han ‘Aroukh, est né en l’an 5419 à Livourne. Dans sa jeunesse, il est allé s’installer à Jérusalem, où il a étudié à la yéchiva de Rabbi Moché Galanti (HaMaguen), puis il a épousé la fille de Rav Raphaël Malakhi. Après son mariage, il a continué d’étudier à la yéchiva, où il s’est adonné jour et nuit à l’approfondissement de la Torah et de la halakha. Suite au décès de son maître, il a été nommé Roch Yéchiva à sa place, et s’est appliqué à rédiger des ouvrages tant dans le domaine des commentaires que dans celui de la halakha.

Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar a écrit le livre « Peri Toar » dans le but de défendre notre maître le Beit Yossef face aux critiques du Peri ‘Hadach. En effet, dans son ouvrage « Chem HaGuedolim », le ‘Hida affirme : « Rabbeinou ‘Haim Ben ‘Attar a écrit le ‘Peri Toar’ sur le Yoré Dé’a pour s’opposer au Peri ‘Hadach. Dans mon enfance, j’ai eu la chance d’accompagner le Rav et ses disciples en pèlerinage sur les tombes des tsaddikim de Jérusalem. Devant la pierre tombale du Peri ‘Hadach, j’ai vu le Rav se tenir debout et chuchoter pendant plus d’un quart d’heure. J’ai compris seulement plus tard qu’il s’était excusé et avait affirmé avoir agi uniquement pour l’amour du Ciel. »

Le ‘Hida décrit aussi la grandeur de Rabbi ‘Hizkiya. Lors de sa visite à La Haye, il s’est assis en compagnie d’un des maîtres d’Amsterdam qui était de passage pour célébrer le mariage de sa fille, et rencontrer le Rav par la même occasion. Cet homme-là a raconté l’extraordinaire histoire de Rabbi ‘Hizkiya, qui avait refusé la fonction de Rav de la ville d’Amsterdam. Cette anecdote a fortement impressionné le ‘Hida, qui l’a inscrite dans le journal de ses pérégrinations:

Lorsque le Peri ‘Hadach s’est rendu pour une sainte mission à Amsterdam en 5451, la communauté sépharade lui a proposé le poste de rabbin de la ville. Il leur a répondu que ceci était envisageable à deux conditions : tout d’abord, qu’il soit rémunéré honorablement afin de pouvoir mener une vie paisible, car il ne voulait pas recevoir de présents comme il était de coutume à l’époque. Et en second lieu, qu’il ne soit pas soumis à la contrainte des dirigeants de la communauté en ce qui concerne les procès rabbiniques. Les notables de la ville ont accepté les conditions sans discuter. Cependant, même après cela, le Rav n’a pas donné son accord : il a affirmé avoir besoin d’un temps de réflexion avant de répondre.

Quelques jours plus tard, Rabbi ‘Hizkiya a déclaré à la députation de la communauté qu’après avoir longuement réfléchi, il avait décidé de ne pas accepter la place de Rav de la ville. Face à ce refus, les notables de la communauté ont tenté de le persuader, mais en vain : il campait sur ses positions. Il a justifié sa décision face aux habitants de la ville, et a agi comme s’il avait pris sur lui la fonction de rabbin de cette communauté, en prenant la parole pendant Chabbat, et dimanche, « comme si son règne avait déjà débuté ». Il a incité les dirigeants de la communauté à se repentir et à s’éloigner de leur mauvais chemin. Il a parlé ainsi : « Je réprimande tel notable au sujet de la pudeur, et tel notable dans un autre domaine etc. Je cherche à me protéger (car un Rav qui ne réprimande pas les membres de sa communauté est puni pour eux). Or vous êtes noyés dans la fange de graves transgressions ! Si j’ai voulu faire un procès sans subir l’influence des dirigeants, c’était pour purifier cette communauté de toute faute, et réprimander les pécheurs... »

Puis il a alors expliqué pourquoi il avait refusé leur proposition : « Si les dirigeants voient qu’ils ne peuvent pas supporter mes réprimandes, ils s’uniront contre moi pour me renvoyer. » Il a ensuite ajouté : « Mais si votre cœur tend vers le repentir, et que vous respectez les paroles des Sages, un souffle nouveau émanera de mon cœur et je serai honoré d’accomplir une si grande mitsva. Je pourrai alors étudier à ma guise et avec tranquillité. Les communautés environnantes vous observeront, prendront exemple sur vous, et le mérite de la collectivité vous reviendra ».

Enfin, il a conclu : « Or je constate que vous souhaitez ma présence uniquement pour acquérir un bon renom, et non pour l’amour du Ciel. Vous voulez suivre vos envies, sans que personne puisse vous le reprocher. »

Les notables ont reconnu la justesse de ses paroles et ont accepté que Rabbi ‘Hizkiya ne devienne pas leur Rav. Il est alors retourné en Erets Israël, où il a fondé la yéchiva « Beit Ya’akov », où ont étudié les grands érudits de Jérusalem de cette génération.

Après avoir rapporté dans son journal tous les éléments de cette histoire sur le « Peri ‘Hadach », le ‘Hida a écrit avec émerveillement : « J’ai beaucoup profité de la lecture des paroles du Peri ‘Hadach. Heureux est-il d’avoir su résister à la tentation de l’honneur apparent et repérer le comportement de ceux qui ne se détournent pas de la transgression. Il a eu le mérite de les réprimander. Que son mérite nous protège. »

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Quelqu’un est un jour venu me voir, la main dans le plâtre suite à un grave accident. Il était en très grand danger, et les médecins voulaient l’amputer de la main. En prise à une grande détresse, il est venu me demander en sanglotant : « Comment vais-je vivre sans main ? »

Un peu apaisé, il m’a demandé une bénédiction, et j’ai répliqué : « En quoi ma bénédiction peut-elle vous être utile ? »

« Vous êtes le petit-fils du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto ! » s’est-il exclamé.

« Certes, mais je ne suis pas Rabbi ‘Haïm Pinto », ai-je répondu.

« Vous êtes son petit-fils, et je suis convaincu que D. me fera un miracle par son mérite », a-t-il dit simplement.

Je lui ai dit : « Si vous y croyez, le miracle se produira. »

Nous nous sommes quittés, et avant de partir il m’a dit : « J’espère que la prochaine fois que nous nous verrons, j’aurai la main en bonne santé. »

Un an plus tard alors que je donnais un cours, j’ai eu besoin d’un stylo pour noter un verset, et j’ai demandé à l’assemblée de m’en prêter un. Un homme, qui avait une grande cicatrice sur la main, est venu me donner un stylo.

Je l’ai questionné : « Qu’avez-vous à la main? », et il a évoqué un souvenir :

« J’étais venu l’année dernière vous demander une bénédiction par le mérite de votre grand-père, car on voulait m’amputer. Voici ma main, elle n’a pas été coupée finalement ! Je vous donne ce stylo en souvenir ! Je suis sûr qu’elle est toujours là uniquement grâce au mérite du tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto. En effet, même les médecins ne comprennent pas qu’elle ait pu guérir naturellement. »

 

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