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paracha de la semaine

Vayigach

22 Décembre 2012

9 Tévèt 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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FIN

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ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

Donner le remède avant la plaie

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Il se jeta au cou de Binyamin son frère et pleura ; et Binyamin aussi pleura sur son cou. » (45, 14)

Rachi explique que Yossef a pleuré sur le cou de Binyamin à cause des deux Sanctuaires qui se trouveront sur le territoire de ce dernier et qui seront tous deux détruits. Quant à Binyamin, il a pleuré sur le cou de Yossef au sujet du Sanctuaire de Chilo, qui se trouvera sur le territoire de celui-ci et sera détruit.

Ce commentaire soulève une grande question : on dit qu’« une souffrance suffit en son temps », c’est-à-dire qu’un moment déterminé est prévu pour pleurer et se lamenter sur chaque malheur. S’il en est ainsi, pourquoi Yossef et Binyamin s’affligent-ils pour une destruction qui n’a pas encore eu lieu ? De surcroît, ils sont à présent confrontés à d’autres épreuves, comme l’exil d’Egypte et le poids de la servitude… ils auraient dû s’attrister pour ces malheurs plutôt que pour une future destruction !

De plus, à ce moment-là, la destruction n’était pas encore certaine. En effet, le Temple devait être détruit à cause de la haine gratuite et comme punition pour les explorateurs et le peuple qui avaient pleuré sans raison au sujet de la terre d’Israël. Puisque ces plaintes étaient vaines, D. leur avait dit « Vous pleurez gratuitement ? Vous finirez par verser des larmes durant toutes les générations pour la destruction du Temple ! » Mais lors de la rencontre entre Yossef et Binyamin, les bnei Israël n’avaient pas encore commis la faute des explorateurs et ce décret n’aurait peut-être jamais été prononcé, car ils auraient pu s’empresser de se repentir. Par conséquent, le projet de destruction n’était pas encore confirmé à cette époque-là. Pourquoi alors les deux frères pleurent-ils sur un malheur hypothétique ?

En réalité, ils ont voulu transmettre aux générations à venir qu’il faut faire précéder le coup par le remède. Ainsi, la simple éventualité d’une destruction du Temple les obligeait à tout faire pour l’éviter. Ce seul risque, même s’il n’était pas confirmé, devait éveiller le peuple à un repentir complet. La dévastation a été causée par la haine gratuite et l’atteinte à l’unité d’Israël, et c’est pour cette raison que les frères ont pleuré. Ils ont voulu enseigner à Israël qu’il allait à présent subir l’asservissement de Par’o pour être ensuite délivré avec miracles et prodiges, puis cette libération le mènerait au don de la Torah. Comme nous le savons, la Torah n’a été donnée au peuple juif que lorsque celui-ci était uni. En effet, la mise en application de la Torah et la présence divine sont conditionnées par l’unité du peuple et son sentiment de coresponsabilité. Dès que des dissensions apparaissent au sein de Son peuple, D. S’empresse d’en détourner Sa présence.

Ainsi, les pleurs de Yossef et de Binyamin sont venus enseigner aux bnei Israël qu’ils doivent donner le remède avant le coup : en étant unis et en harmonie, ils pourraient éviter la destruction du Temple. Mais le peuple d’Israël n’a malheureusement pas tiré leçon de l’attitude des deux frères. Il a fomenté une querelle en se moquant et en calomniant la terre. Ensuite il n’a pas su préserver son unité et a exacerbé l’hostilité des uns contre les autres, ce qui a finalement abouti à la destruction du Temple.

A ce sujet, on raconte l’histoire suivante : une femme âgée avait quitté ce monde en léguant dans son testament la même somme d’argent à tous ses descendants, à l’exception de l’une de ses petites-filles à qui elle attribuait un montant équivalent à la somme des héritages de tous ses autres descendants. Les membres de la famille de la défunte se sont rendus au beit din pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’erreur dans le testament. Les juges ont alors cherché à voir tous les écrits de la disparue. Au fil de la recherche, ils ont trouvé un journal intime dans lequel la vieille dame avait l’habitude d’écrire tout ce qui lui arrivait. Dans l’une des pages, elle racontait qu’elle avait rassemblé tous ses descendants pour leur décrire les sombres jours de l’Holocauste. Elle soulignait dans ses propos que tous ses petits-enfants l’avaient écoutée attentivement mais que l’une de ses petites-filles s’était particulièrement identifiée à ses paroles et que son visage s’était empli de larmes tandis qu’elle écoutait ces effroyables histoires. La vieille dame ajoutait qu’elle était persuadée que cette petite-fille transmettrait aux générations à venir ce qui s’était produit durant ces redoutables années, tant elle s’était sentie concernée par cette histoire.

Face à ce témoignage, les juges ont compris pourquoi la grand-mère lui avait légué une somme plus importante : elle l’avait sentie capable de perpétuer ces récits.

Yossef et Binyamin ont eux aussi fait preuve d’identification et de crainte par rapport au sort du peuple d’Israël, au point de faire abstraction des souffrances présentes et de pleurer pour une destruction éventuelle. Conscients que l’unité était la base et la condition de la continuité du peuple d’Israël et de la présence de D. en son sein, ils ont mis en garde le peuple à ce sujet. En effet, l’harmonie est le remède à la destruction du Temple qui nous manque jusqu’à aujourd’hui. C’est même une des raisons pour lesquelles l’Holocauste a eu lieu.

Les pleurs des frères nous enseignent donc que nous devons prendre le deuil pour la destruction du Temple : si Yossef et Binyamin se sont tant attristés alors que le projet de destruction était encore incertain, a fortiori nous, après la destruction avérée du Temple, devons nous endeuiller et nous repentir afin de mériter de voir sa reconstruction.

Or il est certain que pour remédier aux malheurs qui ont frappé les bnei Israël, il faut utiliser ces mêmes éléments qui ont mené à la destruction du Temple : ainsi, il nous faut renforcer notre unité, rapprocher les âmes et éviter les controverses afin de mériter la venue du Machia’h, rapidement et de nos jours. Amen.

HISTOIRE VECUE

Remercier et diffuser

« Pour vous sauver la vie par une conservation merveilleuse. » (45, 7)

Voici une extraordinaire histoire de providence, qui est complètement imprégnée de l’esprit de la Torah et de l’accomplissement de la volonté de D. Dans cette anecdote incroyable sont mises en évidence bonté, foi pure et sanctification du nom divin. Elle a été diffusée dans cette revue avec l’amabilité du journal religieux « Hamevasser », sous la rédaction de Rav El’hanan Kalar.

Nous nous souvenons tous parfaitement de l’expulsion cruelle qu’ont subie nos frères, habitants du Gouch Katif, il y a environ cinq ans. Lors du démantèlement, certains d’entre eux ont approuvé les opérations d’évacuation et se sont entendus avec le gouvernement pour recevoir un lieu de résidence alternatif. Mais d’autres, qui avaient une idéologie différente, ont refusé d’envisager toute expulsion ou compensation et ne se sont accordés ni pour un dédommagement, ni pour un nouveau lieu d’habitation.

Après la fin de toutes les tergiversations et la réalisation effective du processus redoutable, les habitants de ces localités se sont retrouvés dépourvus de leurs biens personnels, qui avaient été déposés dans des conteneurs quelque part, puis jetés dans des hôtels et des caravanes. C’est alors qu’ont commencé des procès oppressants et épuisants dont certains viennent à peine de prendre fin.

Une des familles a obtenu un logement après de longues et fatigantes négociations. En revanche, elle n’a rien pu obtenir en compensation du petit commerce que le père tenait au Gouch. De ce fait, elle n’a plus été capable de continuer à vivre décemment, et a dû faire appel à des aides extérieures et à des proches généreux.

Un des proches, un homme orthodoxe qui se sentait fortement impliqué dans cette affaire, a essayé d’obtenir des indemnités correctes de l’administration chargée du démantèlement pour permettre à ce pauvre homme de se remettre sur pied, de faire renaître l’activité qui lui avait permis de vivre auparavant et de sortir de cette crise qui l’avait frappé, lui et sa famille. Mais les difficultés qu’il a rencontrées augmentaient au fil du temps à cause de différentes lois et de la bureaucratie complexe, et il ne voyait plus le bout de cette histoire. Voici donc ce qu’il a raconté :

« Après de nombreux débats avec la direction du Gouch Katif, alors que tous les recours étaient épuisés, nous avons émis en privé une proposition à l’officier responsable. Nous lui avons exposé toutes les difficultés et les complications subies par cette famille expulsée et nous avons émis l’idée d’un prêt individuel : ‘‘Je donnerai quelques milliers de dollars de ma poche et vous compléterez le reste de manière personnelle. Ainsi, ce malheureux pourra se rétablir en attendant que les fonds espérés arrivent. Et si jamais il ne reçoit pas les indemnités, il remboursera le prêt de sa poche.’’

L’officier, un homme non pratiquant, n’était pas habitué aux prêts et aux actes de charité et était tourmenté par les craintes de prêter de l’argent à un inconnu. Mais nous n’avons pas abandonné, nous lui avons promis que tout se passerait bien et que nous ferions en sorte qu’il récupère son argent, et lui avons expliqué que prêter à une personne dans le besoin est encore une plus grande mitsva que faire de la charité ! Finalement convaincu, il a accepté de prêter la somme demandée.

Mais le nouveau commerce de notre cher ami n’a pas connu le même succès qu’auparavant et les sommes prêtées ont disparu sans que celui-ci puisse les rembourser... N’ayant aucune idée de la grave crise qui avait touché le commerçant, l’officier de la direction est venu demander son dû. Mais n’obtenant pas de réponse il s’est adressé à un médiateur : bien qu’aucune reconnaissance de dette n’ait jamais été signée, l’officier a expliqué avoir accepté de prêter sous certaines conditions, et a prétendu avoir à présent urgemment besoin de cet argent.

Après maintes discussions et réflexions, nous nous sommes rendus chez un Rav pour savoir si d’après la halakha j’étais obligé de rembourser le montant de la somme pour laquelle je m’étais porté garant. Or puisque nous n’avions pas signé de contrat, je n’étais pas obligé, selon la loi juive, de rendre cet argent. Mais malgré tout, cette affaire continuait de me peser.

Alors je me suis tourné vers un des grands tsaddikim de la génération et lui ai exposé les faits. Il m’a répondu que certes, la loi stricte n’imposait pas de payer le montant du prêt, mais que pour sanctifier le nom divin, il valait mieux faire un emprunt avec des remboursements étalés dans le temps et rembourser à l’officier.

C’est bien entendu ce que nous avons fait : nous avons emprunté avec des échéances espacées et tout est rentré dans l’ordre. L’officier m’a chaleureusement remercié, a fait part à ses proches et à ses connaissances de la notion de prêt et de garantie dans le monde orthodoxe, et a avoué qu’il n’imaginait pas recevoir un jour son remboursement.

Tichri 5772 : un des proches de notre famille devait subir un soin urgent à l’hôpital. Après avoir étudié la question, avoir consulté des Rabbanim et avoir reçu des bénédictions, il a été décidé de faire appel à un certain médecin privé.

Après une attente de quelques semaines qui ont paru une éternité, le jour de l’opération est enfin arrivé. Mais une grève s’est alors déclarée chez les médecins suite à des conflits de travail, et seules les opérations vitales ont été maintenues.

Nous avons malgré tout contacté le centre médical, mais on nous a répondu qu’à cause de la grève des médecins, notre docteur avait annulé toutes ses opérations prévues. Mais miracle ! Environ une demi-heure plus tard, nous avons reçu un appel urgent nous demandant de venir au plus vite pour subir l’opération.

Pleins d’inquiétude, nous sommes arrivés à la vitesse de l’éclair à l’hôpital où nous attendait l’éminent professeur, avec crainte et ferveur, en habits civils. Avant que nous ayons pu comprendre s’il s’agissait d’un cas de survie, le professeur nous a convoqués dans son bureau privé et nous a dit doucement :

‘‘Je n’aurais pas dû être présent aujourd’hui, mais en regardant mon agenda j’ai vu un nom connu. Ce nom m’évoquait quelque chose, sans que je sache quoi. Puis soudain, je me suis rappelé que c’était lié à mon fils qui travaille en tant qu’officier du gouvernement. Je lui ai téléphoné et lui ai demandé s’il connaissait une famille de ce nom et originaire d’un quartier visiblement orthodoxe. Il m’a répondu que oui, qu’il s’agissait du avrekh qui s’était porté garant pour un emprunt puis avait remboursé même la part de l’autre, ce dont il n’avait pas l’obligation ! Vous êtes donc cet homme de si grande qualité ! Je suis là pour vous aujourd’hui, et l’opération sera réalisée gracieusement...’’

Ici est révélée de manière explicite la bonté éternelle de D., et quiconque observe les mitsvot en est bien conscient.

Quelques jours plus tard, je me suis aperçu que le montant de l’emprunt était identique à celui de l’opération, et plus encore, que le dernier remboursement avait eu lieu en Tichri 5772...

Lorsque j’ai raconté cet enchaînement providentiel des événements à un grand maître de la génération, il m’a dit que c’était une mitsva de publier cette histoire, afin de louer D. pour Sa bonté, et de proclamer que les bienfaits d’Hachem n’ont aucune limite. Or quiconque suit le conseil des anciens ne trébuche pas. »

GARDE TA LANGUE

Seulement avec douceur

Il est dit dans le Traité Chabbat (54b) que quiconque est en mesure de réprimander les membres de sa maison, devra, dans le monde à venir, rendre des comptes sur leur conduite. C’est pourquoi nous devons, au sein de notre foyer, nous habituer à toujours faire des remontrances dans ces domaines (éviter la médisance et le colportage), mais uniquement avec douceur, en expliquant la gravité de la punition dans le monde à venir, et l’immensité de la récompense pour ceux qui s’en gardent.

(‘Hafets ‘Haïm)

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La sainteté de Yossef

« Alors Yéhouda s’avança vers lui, en disant : ‘‘De grâce, seigneur !’’ »(44, 18)

Que signifie « De grâce, seigneur ! » ? Yéhouda a parlé ainsi à Yossef : « Mon nom prouve que je ne crains aucun être humain, car le mot ‘‘Yéhouda’’ contient les lettres du nom de D. C’est pourquoi je n’ai pas peur de toi, et je crains uniquement mon Créateur qui me soutient et dont le nom Se trouve en moi. » Que lui a alors répondu Yossef ? Il lui a apporté une preuve en disant « Je suis Yossef » (Béréchit 45, 3).

En d’autres termes, « Si, comme tu le prétends, tu ne crains que ton Créateur, sache que je suis Yossef votre frère que vous avez vendu en Egypte. Si tu L’avais craint au moment de ma vente, celle-ci n’aurait pas eu lieu et mon père n’aurait pas éprouvé tant de chagrin pendant toutes ces années. »

Alors les frères n’ont pas pu résister à cette remontrance et la vérité les a frappés : « Mais ses frères ne purent lui répondre, car il les avait frappés de stupeur » (Béréchit 45, 3).

A ce moment-là, Yossef leur a montré qu’il était circoncis (Béréchit Rabba 93, 3), comme pour leur dire que son nom aussi contenait le nom de D. : en effet, la valeur numérique du mot Yossef correspond à six fois celle du nom de D. (YHVH).

« Tu peux bien dire ‘‘De grâce, seigneur !’’ puisque, même en me trouvant dans un pays plongé dans la débauche pendant toutes ces années-là, j’ai conservé mon comportement et je n’ai pas porté atteinte à mon alliance, car le seul que je craignais était Hachem. Plus encore, j’ai été envoyé en prison précisément à cause de cette chose-là, car j’ai refusé de fauter avec la femme de Potiphar. »

A LA SOURCE

« Yossef dit à ses frères : ‘‘Approchez-vous de moi, je vous prie.’’ » (45, 4)

Au sujet de l’explication de Rachi « Il leur a montré qu’il était circoncis », Rabbi Eliahou Mizra’hi fait remarquer : ils auraient pu croire qu’il était un des descendants de Ketoura, qui avaient, eux, l’obligation d’être circoncis !

Le livre « Gan Ravé » répond selon ce que dit Rachi dans le traité Sanhédrin (59b) que seuls les six fils d’Avraham et de Ketoura avaient le devoir de se circoncire, et non les générations suivantes. C’est pourquoi les frères n’ont pas craint qu’il soit un des descendants de Ketoura.

« Or, vous voyez de vos yeux que c’est bien moi qui vous parle. » (45, 12)

Il est difficile de comprendre l’explication de Rachi : « Je suis votre frère, puisque j’ai été circoncis comme vous. » En effet, Rachi a écrit plus haut que Yossef avait ordonné à tous les Egyptiens de se circoncire : en quoi est-ce donc une preuve qu’il était réellement Yossef ?

Dans l’ouvrage « Derekh Si’ha », Rabbi ‘Haïm Kanievski répond : bien que la « pri’a » (le dernière étape de la circoncision) n’ait pas été ordonnée à Avraham, les Tossefot écrivent (Yébamot 71a) que ce dernier y a procédé. De même, Yossef a pratiqué la « pri’a », car les ancêtres accomplissaient toute la Torah, mais il n’a pas demandé aux Egyptiens de le faire. Ainsi, lui et ses frères avaient la « pri’a » tandis que les Egyptiens et les descendants de Ketoura ne l’avaient pas.

« Je crains le Seigneur » (42, 18)

Le Rav auteur de « Panim Yafot » déduit de là que nous pouvons être fiers de notre crainte divine et qu’il ne faut pas la cacher ou la dissimuler : nous devons la dévoiler !

D’ailleurs, nos Sages avaient déjà enseigné « tout est entre les mains de D. sauf la crainte de D. » : nous pouvons donc nous vanter de la crainte divine que nous avons atteint. C’est ce que Yossef a dit à ses frères : « Faites ceci et vous vivrez ; je crains le Seigneur. »

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar, le Or Ha’Haïm

« Arrivés chez Ya’akov leur père, au pays de Cana’an, ils lui contèrent toute leur aventure en ces termes » (42, 29)

J’aimerais me pencher sur le personnage de Yossef : comment ne s’est-il pas soucié de la détresse de son père durant toutes ces années ? On peut supposer que pendant sa période d’esclavage, il n’a pas eu la possibilité de donner de ses nouvelles à son père. Mais après avoir reçu son poste élevé, pourquoi ne lui a-t-il pas envoyé une lettre pour apaiser son chagrin ? Il était pourtant conscient de l’amour particulièrement fort que son père lui portait ! Ya’akov a pris le deuil pendant si longtemps et Yossef ne lui a pas donné signe de vie... Plus encore, pendant les années de famine, il y avait un grand flux de passagers entre l’Egypte et la terre de Cana’an : comment alors Yossef ne s’est-il pas inquiété de son père ? Enfin, quand ses frères sont arrivés, qui lui a permis de prolonger encore cette période difficile et de ne pas se dévoiler immédiatement ?

En réalité, la véritable raison de Yossef est toute à son honneur : depuis sa descente en Egypte jusqu’à sa sortie de prison, qui l’a mené au poste de vice-roi, il n’a pas pu contacter son père. Mais même s’il avait eu la possibilité de le faire, il aurait craint que ses frères l’apprennent avant, et ne le tuent pour éviter l’humiliation face à leur père. De plus, ce dernier aurait pu les maudire, ce qui les aurait poussés à souhaiter la mort de Yossef. C’est pourquoi il a craint que ses frères apprennent la nouvelle et il ne s’est pas mis en danger. Puis après sa sortie de prison, quand il est devenu vice-roi et que sa crainte première a disparu, il s’est tout de même retenu de contacter son père en vertu du précepte de nos Sages (Berakhot 43b) selon lequel « Il est préférable de se jeter dans une fournaise plutôt que d’humilier son prochain. » Il s’est donc inquiété de préserver l’honneur de ses frères et n’a pas voulu les humilier devant Ya’akov, Yitz’hak et toute la descendance de Ya’akov.

LES CEDRES DU LIBAN

Rabbi ‘Haïm Todros Tefilinsky

Le quartier de Batei Wittenberg à Jérusalem a été habité par des juifs d’un niveau spirituel très élevé, entre autres des tsaddikim et des talmidei ‘hakhamim extraordinaires, qui ne connaissaient au monde que l’étude de la Torah et le service de D.

Parmi les figures glorieuses qui ont habité ce quartier, il y avait un juste caché, un juif sur qui il était difficile d’avoir une opinion, et qui faisait tout pour qu’on ne lui accorde aucune considération : Rabbi ‘Haïm Todros Tefilinsky zatsal.

Rabbi ‘Haïm représente un exemple pour tous ses contemporains de l’attention qu’il faut porter à l’honneur de tout juif, même quand il a l’air par trop simple. En effet, pendant toute sa vie, il a paru à de nombreux juifs comme une énigme intéressante, et il y en avait même qui, faute de le connaître, le méprisaient, mais en réalité c’était l’un des tsaddikim cachés de sa génération. Et même ce qui a été connu de lui représente seulement « un tefa’h découvert pour deux tefa’him dissimulés ».

Rabbi ‘Haïm Todros a grandi entre les remparts de la « Jérusalem céleste », cette Jérusalem remplie de quantités de juifs qui servaient Hachem avec une ferveur extraordinaire, et de talmidei ‘hakhamim de haut niveau. La maison où il a été élevé était une maison chaleureuse, dévouée à Hachem et à Sa Torah, où il a grandi sur les genoux de son père, le tsaddik Rabbi Chemouël Tefilinsky zatsal, auteur de la brochure « Hatsavaah » (Le Testament).

Dès sa prime jeunesse, il avait terminé le Talmud dans sa totalité, et par la suite il était déjà expert dans toutes les arcanes de la sainte Torah, du Choul’han Aroukh, des divers livres de kabbala, du saint Zohar et d’autres.

Quand il grandit davantage, il s’isolait fréquemment, se mortifiait et ne connaissait que l’étude de la Torah et la prière. Il était totalement éloigné des vanités de ce monde. Ceux qui le connaissaient bien savaient qu’un juif de grande stature se tenait devant eux, mais pour des raisons cachées, il se conduisait comme quelqu’un du peuple, et se livrait toutes sortes d’astuces pour que ceux qui le voient s’imaginent qu’un homme brisé et malheureux se tenait devant eux.

Des grands de la Torah et des tsaddikim entretenaient avec lui des liens d’amitié et des échanges de Torah, parmi eux des personnages célèbres, et naturellement des tsaddikim cachés, mais l’appréciation que lui portaient les grands d’Israël et sa grandeur véritable, il prenait soin de les recouvrir d’un masque de coutumes d’une très grande simplicité, au point qu’il était difficile de lui accorder un respect quelconque.

Souvent, Rabbi ‘Haïm était en train d’étudier la Torah avec un grand enthousiasme, mais dès que des gens entraient à l’intérieur de la maison, il fermait rapidement son livre et se mettait à jouer les ivrognes et les fainéants…

Cette façon qu’il avait adoptée de se comporter en se méprisant lui-même, se faisait parfois encore plus aiguë, si bien qu’il était très difficile de savoir ce qui se cachait en lui, car parfois il se conduisait comme un vaurien, ce que n’importe qui n’est pas capable de prendre sur lui.

Un jour favorable, Rabbi ‘Haïm accepta de dire à son élève : « Est-ce que tu crois que cela ne m’est pas difficile de jouer les ivrognes et de m’avilir, et même de pousser les gens à m’humilier ? Mais que puis-je faire, si l’on me découvre, ce sera ma disparition… »

L’un de ses élèves a raconté : un jour, je marchais avec Rabbi ‘Haïm dans les rues de la ville, et tout à coup un vieillard s’est approché de lui et lui a glissé dans la main une demande de prier pour Untel qui avait grand besoin de la miséricorde divine. Rabbi ‘Haïm regarda le papier et le déchira immédiatement en deux. En voyant cela, le vieillard lui dit avec mépris : « Espèce de fou ! » mais Rabbi ‘Haïm lui répondit calmement : « Vous pensez certainement que j’ai été pris d’une crise de folie, sinon pourquoi aurais-je déchiré le billet, mais si vous saviez qu’en déchirant ce billet, j’ai en même temps déchiré le mauvais décret, vous vous comporteriez certainement autrement… »

Un jour, Rabbi ‘Haïm arriva à la ville de Netivot et rentra chez Rabbeinou Israël Abou’hatseira zatsal. A ce moment-là, ce dernier faisait un repas de fête, et beaucoup de gens honorables étaient assis autour de la table. Tout à coup, Rabbi ‘Haïm monta sur la table du tsaddik et se mit à danser et à chanter. L’un des convives crut qu’il était fou, et lui intima l’ordre de descendre de la table par respect pour l’autel et pour le tsaddik, mais alors Baba Salé se mit en colère contre cette personne et la renvoya, tout en ordonnant à Rabbi ‘Haïm de continuer à danser sur la table autant qu’il le voudrait.

Rabbi David Yéhoudayoff, un gendre de Baba Salé, a raconté plus tard que ce dernier lui avait chuchoté à l’oreille : « Sache qu’il y avait un décret très sévère, et que Rabbi ‘Haïm a dansé et dansé jusqu’à ce que le décret soit annulé. » Il s’exprimait avec admiration sur le moindre geste que faisait Rabbi ‘Haïm…

Pendant la dernière période de sa vie, Rabbi ‘Haïm parla beaucoup d’un grand tremblement de terre qu’il voyait arriver, où des milliers et des dizaines de milliers de juifs risquaient de perdre la vie. Alors, il s’adressa à quelqu’un de sa famille et dit : « Je vais m’offrir en expiation, je ne peux pas voir cela. » Et effectivement, quelques jours plus tard, le 7 Tévet, son âme monta au Ciel.

LES HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

Au cours d’une naissance prématurée, on diagnostiqua chez un bébé une lourde malformation cardiaque. Le cœur occupait toute la poitrine, les poumons n’étaient pas encore assez développés, et le bébé souffrait d’un manque d’oxygène au cerveau. Son état fut qualifié de critique.

L’équipe de médecins qui avait été appelée pour faire le diagnostic était d’avis qu’il ne vivrait pas plus de quelques heures, et c’est ce qu’ils dirent aux parents, en ajoutant qu’ils n’avaient rien à espérer et qu’il fallait accepter la décision de D. sans protester.

La tante de l’enfant avait entendu que le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto pouvait être d’une grande aide, et elle décida unilatéralement de donner à l’enfant, encore avant la circoncision, le nom du tsaddik.

Quand les parents l’apprirent, ils exprimèrent leur accord total d’appeler l’enfant ‘Haïm.

Alors, un miracle arriva. Dans les deux jours qui suivirent celui où on lui avait donné le nom de ‘Haïm, un changement se produisit. Jusqu’à aujourd’hui, les médecins ne comprennent pas comment c’est arrivé, et comment ils s’étaient trompés dans le diagnostic. Le cœur reprit une taille normale, les poumons se mirent à recevoir de l’air, et un oxygène pur se mit à irriguer le cerveau, tout cela bien qu’on ait dit aux parents que même s’il vivait, il resterait toute sa vie à l’état de « légume ».

Avec l’aide de Hachem, l’enfant grandit magnifiquement, en parfaite santé dans tout son corps, et sans aucune trace de ces jours-là. [Entendu du père de l’enfant.]

 

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