La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

ARCHIVES

paracha de la semaine

CHEMOT

5 JANVIER 2013

23 Tévèt 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

16:50

17:59

Lyon

16:52

17:58

Marseille

16:58

18:02

ARCHIVES DE L'ANNEE 2002 A 2012 ARCHIVES

LE SECRET DU ROLE DE LA RANCUNE

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Et Moché dit à D. : qui suis-je pour aller trouver Par’o et faire sortir les bnei Israël d’Egypte ? » (3, 11)

Rachi explique qu’il proteste sur deux points : quelle importance ai-je pour parler avec les rois, et même si j’étais important, en quoi les bnei Israël ont-ils mérité que leur soit fait un miracle et que je les fasse sortir d’Egypte ?

La deuxième protestation de Moché est extraordinairement étonnante. Hachem s’adresse à lui et lui annonce que le moment est venu de délivrer le peuple d’Israël de l’Egypte, comme Il l’avait promis à Avraham dans l’alliance entre les morceaux, et Il lui ordonne de le faire sortir d’Egypte. Et Moché s’étonne et demande : mais ils n’en sont pas dignes, alors comment un tel miracle va-t-il se produire ? Est-ce qu’après des paroles claires provenant de Hachem, selon lesquelles la fin de l’exil est arrivé et avec lui le moment de la délivrance, il y a lieu de poser une pareille question ?

Et il y a quelque chose d’encore plus difficile : pourquoi est-ce que Moché s’esquive avec des excuses diverses et refuse de prendre sur lui le rôle de sauveur d’Israël ? Lorsqu’il était encore en Egypte, quand il grandissait dans la maison de Par’o, il avait rejeté le palais royal et tous ses plaisirs pour partager la souffrance de ses frères écrasés par les Egyptiens, et il les encourageait de son mieux. Il souffrait de toutes leurs souffrances, vivait leur douleur et les aidait dans les durs travaux qui leur étaient imposés. Et lorsqu’il a vu un Egyptien frapper un Hébreu de ses frères, il s’est immédiatement porté à son secours en se mettant lui-même en danger, comme on le sait. Par conséquent, maintenant que Hachem lui donne une occasion d’alléger le fardeau du peuple d’Israël et de le délivrer de la servitude, il semble qu’il aurait dû s’en réjouir, accepter ce rôle volontiers et avec joie et réaliser cette mission le plus rapidement possible. Alors pourquoi se cache-t-il à présent derrière divers prétextes, par exemple « je ne suis pas assez important pour parler avec des rois », ou « quels mérites ont-ils » ou « peut-être ne me croiront-ils pas » ?

Nous allons tenter de l’expliquer. Commençons par citer le Midrach (Tan’houma Chemot 21) sur le verset « D. vous visitera certainement et vous fera partir d’ici. » C’était un signe pour Israël que tout sauveur qui viendrait avec ce signe, « pakod pakadeti » (Je vous ai certainement visités), serait le véritable sauveur. En effet, Yossef leur avait dit « D. vous visitera certainement » (pakod yifkod). Le Midrach Rabba (Chemot 73, 11) rapporte également sur le verset « Va rassembler les anciens d’Israël (…) Je vous ai certainement visités », que D. a dit à Moché : « Ils ont une tradition depuis Yossef que Je les délivrerai en utilisant ces termes, donne-leur donc ce signe.

Il faut réfléchir en quoi ces mots du sauveur représentent un signe véritable, puisque c’est un secret connu de tout le monde, et que peut-être un faux sauveur va se lever et proclamer « pakod pakadeti », et alors comment les bnei Israël pourront-ils savoir s’il a vraiment été envoyé par Hachem pour les sauver ?

Il faut expliquer que l’expression « pakadeti » signifie que Hachem se souvient pour le bien et pour la délivrance, ainsi qu’il est écrit « Hachem visita (pakad) Sarah », et aussi plus loin « Je vous ai visités et J’ai vu ce qui vous a été fait. » Et il est dit à propos de Chimchon (Choftim 15, 1) : « Chimchon rendit visite (vayifkod) à sa femme en apportant un jeune chevreau ». Dans tous ces cas, bien qu’il y ait eu une raison à une réalité désagréable, la « visite » vient faire du bien et transformer la réalité de mauvaise en bonne. Pour ainsi dire, on fait abstraction de la raison du mal et on procède à faire le bien.

Et c’est cela le signe que possédait le peuple d’Israël. Quand seraient-ils délivrés ? Quand le sauveur viendrait avec le signe « pakod pakadeti », c’est-à-dire qu’il y aurait « pakod » de la part du peuple d’Israël, et « pakadeti » de la part de Hachem. Cela signifie que lorsque le peuple serait uni et que les bnei Israël s’intéresseraient les uns aux autres pour le bien, en faisant abstraction du mal qu’il y a chez le prochain, en se concentrant uniquement sur le bien et en louant Hachem, alors Lui aussi, mesure pour mesure, ferait abstraction des fautes et des manques du peuple d’Israël et le visiterait avec miséricorde pour le délivrer de l’esclavage de l’Egypte.

On peut dire que c’est la raison pour laquelle Ya’akov a donné ce signe à ses enfants justement par Yossef, pour l’encourager à pardonner ses frères de l’avoir vendu et lui ôter du cœur toute trace de rancune envers eux. En effet, toute leur délivrance d’Egypte dépendait du « pakod », de l’unité et de l’amour réciproque à l’intérieur du peuple, en faisant abstraction du mal, qui est une cause de dispersion.

Nous comprenons à présent en quoi cela constitue un signe. Lorsque le peuple d’Israël se perfectionnera dans l’amour du prochain, en regardant les qualités des autres et en les mettant en valeur, alors il sera prêt à être délivré, et le sauveur qui viendra à ce moment-là sera le véritable sauveur. Ce qui explique le doublet « pakod yifkod ».

Or quand Hachem S’est révélé à Moché, lui a dit que le moment de la délivrance était arrivé et lui a ordonné de l’annoncer aux anciens d’Israël et à Par’o, Moché s’en est étonné et a demandé : le peuple d’Israël n’est pas encore arrivé au niveau de « pakod ». Quand Moché était en Egypte, il était sorti voir la souffrance de ses frères pour les aider, et il avait vu deux Hébreux qui se disputaient. Lorsqu’il avait réprimandé le méchant en lui disant « pourquoi frappes-tu ton ami », celui-ci avait répondu « est-ce que tu voudrais me tuer comme tu as tué l’Egyptien », alors Moché avait eu peur et s’était dit « la chose est connue ». Rachi explique qu’il était soucieux d’avoir vu des juifs méchants et délateurs. Il s’était dit : ils ne sont donc peut-être pas encore dignes d’être délivrés. « La chose est connue », la chose sur laquelle je m’étonnais, quelle est la faute d’Israël entre les soixante-dix nations pour qu’ils soient persécutés et asservis, mais maintenant je vois qu’ils l’ont mérité.

C’est pourquoi quand il a entendu de Hachem qu’Il avait l’intention de délivrer les bnei Israël, il a demandé quel mérite ils avaient pour être sauvés. Il y avait parmi eux des méchants, des délateurs et des calomniateurs, qui étaient allés raconter à Par’o que Moché avait sauvé un juif des mains d’un Egyptien, qu’il avait tué. Et quand il n’y a pas de « pakod », il n’y a pas non plus de « pakadeti », car le signe à leur donner pour une véritable délivrance n’est pas encore arrivé.

Là-dessus, Hachem lui a répondu que le peuple d’Israël avait délaissé ses mauvaises voies et qu’il était digne de la délivrance et prêt à la recevoir. Il le lui a insinué en lui ordonnant de jeter son bâton, qui s’est transformé en serpent, pour montrer à Moché qu’on pouvait modifier la nature et les habitudes, et que de même qu’un objet inanimé pouvait se transformer en serpent, le peuple d’Israël pouvait se repentir et s’améliorer.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Le tsaddik et kabbaliste Rabbi Moché Aharon Pinto s’est une fois rendu du Maroc en Israël. Pendant le voyage, il s’est soudain aperçu que la valise dans laquelle se trouvaient les passeports et son portefeuille avait disparu !

Immédiatement, Rabbi Moché Aharon a supplié Hachem que par le mérite de son père, Rabbi ‘Haïm Pinto, personne ne touche à sa valise. Et c’est ce qui s’est passé : il est revenu sur ses pas et a trouvé la valise à l’endroit exact où il l’avait laissée, sans que personne y ait touché.

Dans le même ordre d’idées, il est arrivé un miracle à notre maître, comme il nous l’a raconté : « Alors que je me rendais à Paris et que je sortais du train, je me suis retrouvé dans une grande foule pressée à proximité de la gare.

Dans l’agitation, ma valise, qui contenait de nombreux divrei Torah et mon passeport, a disparu !

J’ai prié Hachem que, par le mérite du tsaddik, Il m’aide à retrouver mes affaires. Et effectivement, en retournant vers la gare, j’ai aperçu celle-ci qui était restée dans la rue.

Malgré les centaines et les milliers de personnes qui traversent cet endroit, personne n’y avait prêté attention. Plus encore, les mêmes personnes qui étaient venues m’accueillir ont été surprises de me voir revenir ma valise à la main. »

LES PAROLES DES SAGES

Les codes qui ont repoussé les obus

« Parce que je l’ai retiré des eaux » (Chemot 2, 10)

Les bnei Israël acquièrent de nombreux mérites, car ils respectent les mitsvot et tiennent à les accomplir scrupuleusement. Heureux sont les enfants d’Israël qui cherchent à réaliser la volonté du Créateur et qui, à chaque fois qu’il y a une controverse entre les Sages, ont à cœur d’accomplir les mitsvot avec la plus grande exigence en tenant compte de tous les avis et de toutes les opinions, s’efforçant de ne jamais se trouver dans des situations de compromis avec la halakha.

Il va sans dire que D. garde dans Ses réserves ces mérites-là et récompense très largement ceux qui Lui obéissent, dans ce monde-ci et dans le monde à venir.

Ceci est illustré par l’histoire suivante racontée par Rabbi Mordekhaï Nagari, Rav de la ville de Ma’alé Adoumim. Cette histoire a eu lieu juste avant la guerre de Kippour, une période difficile pour les soldats israéliens qui faisaient leur service au-delà de la frontière égyptienne, pour traverser le canal de Suez.

Une nuit, vers la relève de l’aube, le téléphone a sonné chez le Gaon Rabbi Mordekhaï Eliahou. Au bout du fil se trouvait l’agent de liaison d’un bataillon de soldats dans le sud. La soldate a questionné : « Etes-vous bien Rav Mordekhaï Eliahou ? » Il lui a répondu par l’affirmative et lui a demandé en quoi il pouvait l’aider. « Se trouve ici un soldat en poste qui doit poser une question urgente concernant les opérations » a répondu la correspondante. Elle a expliqué que sur les rives du canal de Suez, chaque poste dispose d’une demi-heure par jour pour téléphoner, et que c’était à présent au tour de ce poste. Elle a donc demandé au Rav s’il était disponible pour répondre.

Bien entendu, il a répondu positivement puis a écouté le soldat lui raconter : « La quantité d’eau disponible au poste se réduit peu à peu et elle est limitée. Etant donnée la situation, comment dois-je accomplir la mitsva de netilat yadayim ? Dois-je me laver les mains une seule fois, le matin, ou bien à chaque fois que je mange et que je sors des toilettes ? »

Le Rav lui a répondu : « Vous êtes dispensés de cette mitsva, vous vous trouvez en situation de guerre, c’est une question de survie ! » Mais le soldat a insisté : « Comment me dérober à l’obligation de netilat yadayim ? Il m’est très difficile d’envisager une chose pareille. Peut-on manger un sandwich en l’enveloppant d’une serviette ? Je ne cherche pas d’autorisation particulière, je veux savoir quelle est la loi stricte à ce sujet. »

La recommandation du Rav a donc été la suivante : le matin tôt, le soldat devra se laver les mains une fois en explicitant que cette ablution était pour toute la journée et qu’il ne détournerait pas son attention de cela. De ce fait, il ne se verra pas obligé de se laver à nouveau avant chaque repas. Par contre, en sortant des toilettes, il se contentera de se frotter les mains avec quelque chose qui nettoie.

Au beau milieu de cette discussion halakhique, la soldate qui les écoutait les a interrompus en s’exclamant : « Excusez-moi ! Vous m’avez annoncé qu’il s’agissait d’une question concernant les opérations de guerre, or je vois qu’il s’agit d’une conversation ordinaire qui ne concerne pas du tout les opérations. »

Sans se laisser déstabiliser, le soldat a répliqué : « Nous parlons avec des codes. C’est une conversation très importante pour la réussite du combat... »

Témoin de ce dialogue, le Rav a réalisé que le soldat avait fourni de grands efforts pour téléphoner et poser sa question de halakha, et il n’a pas eu le cœur à raccrocher. Toujours avec le combiné dans la main, il a levé les yeux au Ciel en s’écriant : « Maître du monde ! Regarde quels soldats Tu as, dans quelles conditions ils se préoccupent rigoureusement des mitsvot, même de celles instituées par les Rabbanim. S’il-Te-plaît Hachem, protège-les de tout mal ! »

En entendant cela, la soldate a compris que le lien entre D. et le Rav était direct et a demandé à Rav Mordekhaï Eliahou de la bénir aussi. Celui-ci a accepté et a souhaité une vie emplie de bien et de paix à cette jeune dame qui avait contribué à la communication.

Une vision bouleversante

Bien après cet épisode émouvant, le Rav Mordekhaï Eliahou s’est trouvé être à un colloque dans une école de Richon Letsion. Un des élèves a posé une question concernant les lois de netilat yadayim : « Comment agir si l’on n’a pas d’eau à proximité ? » Le Rav lui a répondu: « Il faut chercher de l’eau jusqu’à quatre miles devant et un mile derrière etc. » Puis en guise d’illustration, il a raconté l’histoire de ce soldat se trouvant au poste du canal de Suez qui lui avait téléphoné pendant la nuit pour savoir comment se conduire en cas de guerre.

Soudain, un des professeurs de l’école s’est approché, saisi d’émotion, et a déclaré au Rav, les larmes aux yeux : « Je suis le soldat qui vous avais téléphoné. » Puis il a décrit devant le Rav et les nombreux disciples présents ce qui s’était passé suite à cette fameuse conversation : « Dès que nous avons raccroché, un lourd bombardement a démarré sur le poste. J’ai été frappé de stupeur face à une vision récurrente et bouleversante : le Rav Mordekhaï Eliahou apparaissait dans le territoire du camp et repoussait de sa main chaque obus provenant du côté égyptien... »

Cela était-il lié à l’accomplissement rigoureux de netilat yadayim ?

GARDE TA LANGUE

De nombreux dégâts

Combien d’hommes ont été maudits parce qu’il était dans leur nature de demander à autrui ce qu’Untel avait dit à leur sujet ! Même si de le savoir n’aura aucun impact sur leur avenir, si l’autre refuse de le leur raconter, ils insistent jusqu’à qu’il finisse par accepter. Si ces paroles, parfois désobligeantes, sont prises pour argent comptant, les deux personnes concernées risquent de devenir de grands ennemis.

Il est impossible de sous-estimer les dégâts causés par quiconque sombre dans cette mauvaise habitude, non plus que d’énumérer les commandement positifs et négatifs transgressés à cette occasion.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

« Bitya » est composé des mêmes lettres que « Téva (berceau) »

« Or, la fille de Par’o descendit, pour se baigner, vers le fleuve, ses compagnes la suivant sur la rive. Elle aperçut le berceau parmi les roseaux et envoya sa servante qui alla le prendre. » (2, 5)

Nos Sages ont affirmé (Méguila 13a) que la fille de Par’o se nommait Bitya. Ils l’ont déduit du verset (I Divrei Hayamim 4, 18) « Sa femme, la Judéenne, enfanta Yéred, père de Ghedor, ‘Héver, père de Sokho, Yekoutiël, père de Zanoa’h. Ceux-là furent les enfants de Bitya, fille de Par’o. » Tous ces noms sont interprétés comme désignant Moché, fils de Yokheved nommée la Judéenne et élevé par Bitya (la Guemara s’étend longuement là-dessus). Nos Sages (Vayikra Rabba 1, 3) expliquent sur ce verset que Rabbi Yéhochoua De Sakhnin rapporte au nom de Rabbi Lévy que D. a dit à Bitya fille de Par’o : « Tu as considéré Moché comme ton fils alors qu’il ne l’était pas, de même Je t’appellerai « Ma fille » même si tu ne l’es pas, ainsi qu’il est dit : « Voici les enfants de Bitya (littéralement, fille de D.). »

D’autre part, j’ai constaté que le prénom « Bitya » est composé des mêmes lettres que le mot « téva » (berceau), ce qui évoque le berceau dans lequel se trouvait Moché et que Bitya a pris pour sauver l’enfant. Elle a mérité de porter ce nom, car elle s’est sacrifiée pour agir si noblement. En effet, elle était la fille de Par’o, qui avait décrété la mort de tous les nouveau-nés garçons, et elle-même ne s’est pas pliée à l’ordre de son père. Or si ce dernier l’avait appris, il l’aurait immédiatement tuée. Elle a également été nommée ainsi parce que par miracle, sa main s’était allongée démesurément de plusieurs coudées pour qu’elle puisse atteindre le berceau.

Il y a lieu d’insister sur la grandeur de ce miracle : Par’o n’a pas su que cet enfant aurait dû, selon son décret, être jeté au Nil, alors qu’il grandissait dans son propre palais ! De plus, le nom même de Moché témoignait de son origine, il avait été appelé « Moché » car Bitya a dit « je l’ai retiré (méchitihou) des eaux. » Malgré tout, Par’o ne s’est pas imaginé qui pouvait être cet enfant et ce qu’il représentait.

A LA SOURCE

« Ôte (Chal) ta chaussure » (3, 5)

L’opération consistant à ôter une chaussure est parfois désignée par le terme « ’halitsa » et parfois par le verbe « chal ».

Rabbi ‘Haïm Kanievski explique que « ’halitsa » veut dire enlever en s’aidant de ses mains, alors que « chal » signifie jeter la chaussure sans la toucher avec les mains.

Ainsi, D. ordonne à Moché d’ôter ses chaussures sans faire usage de ses mains (chal) afin de pouvoir ensuite Lui parler sans nécessiter une ablution des mains.

 « Pour le faire passer de cette contrée-là... dans une terre ruisselante de lait et de miel » (3, 8)

La glorieuse définition de la terre d’Israël comme une terre « ruisselante de lait et de miel » ne s’accorde pas avec les voies préconisées par la Torah qui blâment la poursuite des désirs et du luxe.

Et pourtant, souligne Rabbi Touvia HaLévy dans le livre « ’Hen Tov », la Torah revient à plusieurs reprises sur cette idée. En effet, elle interdit la recherche des plaisirs lors des repas facultatifs, mais pour un repas de mitsva et en l’honneur du Chabbat, la joie et toutes sortes de plaisirs sont recommandés.

 « Tous ceux qui en voulaient à ta vie sont morts » (4, 19)

Le Ran écrit dans le Traité Nedarim (7b) : « Ils ne sont pas réellement morts comme il est écrit plus loin (page 64), à chaque fois que les termes ‘‘natsim’’ et ‘‘nitsavim’’ sont utilisés, il s’agit de Datan et Aviram, comme dans la controverse de Kora’h. » Mais puisqu’ils se sont appauvris, le texte dit « ils sont morts ». En effet, quatre types d’hommes sont considérés comme morts : le pauvre, l’aveugle, le lépreux et celui qui n’a pas d’enfants. Ici, on parle évidemment de la pauvreté.

En effet, on ne peut pas croire qu’ils soient devenus aveugles, car il est écrit au sujet de la controverse de Kora’h (Bemidbar 16, 14) « Crèveras-Tu les yeux à ces hommes ? » Il n’y a pas non plus lieu de dire qu’ils étaient lépreux, car il est écrit (Devarim 11, 6) « parmi tout Israël ». On ne peut pas non plus rétorquer qu’ils ont peut-être guéri lors du don de la Torah, car ils auraient alors retrouvé leur défaut avec la faute du Veau d’or. Enfin, on ne peut pas supposer qu’ils aient été qualifiés de « morts » parce qu’ils n’avaient pas d’enfants : en effet, en quoi cela aurait-il été un argument à l’ordre « Retourne en Egypte » ? Le fait de ne pas avoir d’enfants aurait-il empêché Datan et Aviram d’aller dénoncer Moché à Par’o ? Evidemment pas.

On en déduit que la possible dénonciation n’aurait pas été prise en considération puisque désormais, ils étaient ruinés.

LA VIE DANS LA PARACHA

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar, le saint Or Ha’Haïm

« Ces eaux que tu auras prises du fleuve deviendront du sang de la terre » (4, 9)

Celui qui éclaire le peuple juif, Rachi, nous enseigne que la répétition du mot « véhayou » dans le texte signifie que l’eau n’est devenue sang qu’après avoir touché le sol.

J’aimerais ajouter une nuance qui va dans le sens de cette interprétation de Rachi. En effet, nos Sages expliquent que D. a ordonné à Aharon et non à Moché de frapper le Nil de son bâton (Tan’houma Vaera 14), car ce fleuve avait protégé le nourrisson Moché. Or, dans notre verset, D. ordonne que Moché prenne de l’eau du Nil qui deviendra du sang. Tel est le sens de « véhayou » : l’eau gardera sa nature tant qu’elle sera dans sa main, et deviendra du sang une fois à terre. De cette manière, Moché ne frappera pas les eaux du Nil.

LES CEDRES DU LIBAN

Le saint Gaon Rabbi Matslia’h Mazouz, que D. venge son âme

Le Gaon Rabbi Matslia’h Mazouz était l’homme le plus exceptionnel et le plus éminent de sa génération, un reflet fidèle des personnalités majestueuses des Gueonim de l’heure de gloire de la Tunisie. Tout en étant humble et raffiné, il savait se montrer déterminé et percutant dans le domaine spirituel, sans jamais faire de compromis ni de concessions dans l’accomplissement des mitsvot.

C’était un homme de vérité, qui ne craignait que D., un homme qui œuvrait pour établir solidement la Torah et pour restaurer l’ancienne splendeur de la tradition, un géant en Torah qui a composé des Responsa d’une grande profondeur, qui éclipsait le soleil.

Rabbi Matslia’h Mazouz, président du tribunal rabbinique de Tunis, est né en 1912 sur l’île de Djerba. Il a étudié chez le Rav Ra’hamim ‘Havita HaCohen, chef des juges des tribunaux rabbiniques de Djerba.

Son assiduité et les efforts qu’ils fournissait pour la Torah impressionnaient tous ceux qui le connaissaient. Alors que tous les enfants de son âge passaient leur temps à s’amuser, lui se cachait dans un coin pour étudier la Torah et en puisait des pierres précieuses qu’il partageait ensuite avec ses maîtres et les sages de sa génération.

Dans l’article « Klalei Horaa » écrit par Rabbi ‘Havita HaCohen sur l’étude de la halakha et la rédaction de responsa, voici comment il parle, sans le nommer, de son disciple Rabbi Matslia’h : « Son secret est la persévérance et la meilleure utilisation du temps, afin d’en consacrer davantage à lire des paroles de Torah et en rédiger.

Il ne se lasse pas du grand nombre d’opinions et des paroles des décisionnaires, mais il apprend de chaque avis et écrit sur chaque sujet. » Rav ‘Havita Hacohen poursuit en s’adressant à son élève : « Ecoute ! J’ai étudié pendant trois mois une réponse sur les lois des Kidouchin et j’ai écrit environ une brochure entière à ce sujet.

Un grand Rav, alors qu’il était âgé de seize ou dix-sept ans et qu’il étudiait les Responsa, en a écrit une de 80 pages sur ‘Hochen Michpat et une autre de 150 pages. A présent, il est presque le seul de sa génération à pouvoir produire des décisions halakhiques de valeur, du niveau d’un décisionnaire de grande réputation. Qu’ils soient de plus en plus nombreux comme lui. »

Après son mariage, le Rav Mazouz a commencé à travailler, comme tous les autres Rabbanim de Tunisie, qui apportaient de quoi nourrir leur famille. Mais comme il voulait faire de la Torah son activité principale, il a décidé de choisir un gagne-pain qui demandait peu de temps, afin de pouvoir se consacrer davantage chaque jour à l’étude.

C’est pourquoi il a choisi d’exercer le métier de représentant : il recevait un certain pourcentage du bénéfice rapporté par chaque vente qu’il concluait.

Ainsi, il travaillait quelques heures par jour, de dix heures du matin à une heure de l’après-midi, puis il étudiait la Torah pendant neuf heures, sans interruption. Il a agi ainsi durant trois ans, jusqu’en 5707 où il a été nommé juge rabbinique.

« Lors de mon premier jour de travail en tant que représentant, a-t-il raconté bien des années plus tard à ses enfants en souriant, j’ai rencontré un marchand qui, pour une transaction, m’a déposé entre les mains deux cent mille francs en coupures de cinq mille.

J’ai été complètement décontenancé en voyant la liasse de billets dans mes mains, je ne savais pas à combien de billets correspondait la somme de deux cent mille francs... j’ai eu peur de m’attarder sur le compte et de dévoiler ainsi au commerçant qu’il était face à un ignorant ‘‘qui ne connaît pas la forme d’un sou.’’

Alors j’ai pris un air de connaisseur et d’expert, j’ai compté et j’ai vu qu’il y avait quarante billets. J’ai pris l’argent et après seulement, j’ai fait le calcul... »

Durant son premier mois de travail, pour rétablir rapidement les finances de son ménage, il consacrait la plupart de ses journées à son activité, en étudiant la nuit. A la fin du mois, il avait gagné quarante mille francs !

« Je me suis assis, a-t-il dévoilé plusieurs années plus tard à ses enfants et à ses élèves, et j’ai observé le bilan mensuel, stupéfait de constater que mes gains étaient vingt fois supérieurs aux salaires de l’époque ! Alors j’ai senti que l’amour de la Torah qui avait été gravé en moi pendant vingt-cinq années consécutives s’affaiblissait et s’atténuait peu à peu pour laisser place au goût de l’argent !

Une douleur intense m’a envahi : j’ai compris que si je n’arrêtais pas tout de suite cet engrenage, il s’accélérerait et il ne serait plus possible d’y mettre fin.

J’ai alors immédiatement pris la résolution de travailler uniquement trois heures par jour, de dix heures à treize heures, et de consacrer le reste de la journée à l’étude de la Torah. »

Le 21 Tevet 5731, alors que le Rav rentrait de la synagogue Rabbi David Peretz, située Rue des Protestants, où il avait prié cha’harit, il a été atteint par plusieurs coups de fusil tirés par un terroriste embusqué non loin de son domicile. En chemin vers l’hôpital, il a succombé à ses blessures. Que D. venge son sang.

De nombreuses institutions de Torah en Israël et dans le monde entier portent glorieusement son nom.

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan