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BO 19 JANVIER 2013 8 CHEVAT 5773 |
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Le plaisir que les tsaddikim retirent d’une victoire sur le mauvais penchant (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Viens (Bo) chez Par’o ; car Moi-même J’ai appesanti son cœur » (Chemot 10, 1) Le Zohar explique (2e partie, 34a) que la phrase « Viens chez Par’o » sous-entend : « Allons-y, Moi et toi. » Pourquoi D. devait-Il accompagner Moché ? Parce que ce dernier ne voulait plus se rendre chez Par’o : il s’était tellement sanctifié avec la septième plaie que ses yeux ne supportaient plus de voir la face d’un impie. Tentons d’expliquer cela plus profondément : Par’o a constaté la grandeur de Hachem et a reconnu (Chemot 9, 27) : « Hachem est juste. » Mais au lieu de se repentir, il a endurci son cœur, comme il est dit (ibid. 9, 34) : « Il endurcit son cœur, lui et ses serviteurs. » Comme nous le savons, lorsqu’un homme qui s’est repenti chute à nouveau, il devient encore plus impie. C’est pourquoi Moché a craint de se rendre chez Par’o, sur l’ordre de D., de peur que sa vue ne représente une mauvaise influence pour lui. En effet, nos Sages ont dit (Méguila 28b) qu’il est interdit de regarder un homme impie, et c’est pour cette raison qu’Aharon a également craint d’accompagner Moché chez Par’o. D. a donc dit à Moché « Viens chez Par’o », pour signifier « Allons chez Par’o, Moi et toi. » En d’autres termes, « J’entrerai en premier chez lui et Je supprimerai l’écorce qui l’entoure. Alors, vous pourrez entrer à votre tour sans aucune crainte. » Il est fait allusion à cette idée dans le mot « Bo (beit-aleph) » : la lettre « beit » (de valeur numérique deux) est une allusion à Moché et Aharon, et le « aleph » (de valeur numérique un) est une allusion au Maître du monde. Il faut tout de même comprendre pourquoi le texte a choisi d’employer le terme « Bo ». Même s’il était écrit « Va (lekh) chez Par’o », on aurait compris que D. les accompagnait. Pourrait-on penser, D. préserve, que jusqu’à présent Moché et Aharon partaient seuls sans l’aide de Hachem ? J’aimerais expliquer ce point selon l’explication de Rachi (Béréchit 17, 22) : « Les justes sont comme la ‘‘monture’’ de D. » Ainsi, les tsaddikim ont toujours marché devant Hachem, comme il est dit au sujet d’Avraham (Béréchit 17, 1) : « Marche devant Moi et sois irréprochable. » L’épreuve de « Va pour toi » envoyée à Avraham était pour le bien et le profit de celui-ci, parce que le plaisir éprouvé par les tsaddikim provient de la sanctification qu’ils accomplissent par leurs propres forces, lorsqu’ils marchent devant la Présence divine en lui libérant le passage du fait de leur piété. De cette manière, ils déracinent l’idolâtrie, ce qui est un haut niveau dans le service divin. Dans ce cas, jusqu’à présent Moché se rendait chez Par’o en précédant D. et en Lui frayant le chemin. Mais maintenant, leur humilité leur a fait craindre d’aller seuls chez Par’o, et ils ont signifié à Hachem par allusion qu’ils n’étaient pas sûrs d’être aptes à se rendre chez lui sans subir une mauvaise influence. C’est la raison pour laquelle D. a dit « Viens (Bo) chez Par’o » : en d’autres termes, « J’y vais aussi et Je vous précède. » Le fait que Hachem ait endurci le cœur de Par’o et se soit rendu chez lui avant Moché pour épancher sur lui une abondance de sainteté nous enseigne un grand fondement du service divin. Effectivement, nous pourrions nous demander pourquoi D. a créé le mauvais penchant alors qu’il nous importune ! Hachem doit nous aider à le surmonter, comme il est enseigné (Kidouchin 30b) : « Le mauvais penchant cherche chaque jour à nous vaincre et à nous tuer, et sans l’aide de Hachem, nous ne pourrions pas le vaincre. » Il aurait donc peut-être été préférable que D. ne crée pas du tout de yetser hara, ainsi Il n’aurait pas eu besoin de nous aider à nous en préserver ! En réalité, c’est pour notre bien que D. n’a pas voulu nous faire ce « cadeau », qui se serait apparenté à de l’aumône. Il a créé le mauvais penchant pour qu’il nous importune : de notre côté, nous devons nous éveiller et nous battre contre lui. En voyant cela, Hachem renforce le yetser hara pour qu’il continue à nous contrarier. Mais si nous ne cessons pas de lutter et de nous opposer à lui, Hachem nous devance et détruit l’écorce du yetser hara. En conséquence de l’apparition de la présence divine, nous recevons des forces de sainteté exactement au moment où l’écorce se soumet. Mais ensuite, lorsqu’il a soumis l’écorce et qu’il ne ressent plus la présence désagréable du mauvais penchant, le tsaddik éprouve une certaine douleur puisqu’il n’a plus contre quoi lutter. C’est pourquoi Hachem lui fournit des forces supplémentaires pour qu’il dérange à nouveau le tsaddik, Son seul but étant que l’homme pieux combatte le yetser hara avec plus de vigueur, soumette l’écorce et retire davantage de sainteté. Voilà à quoi j’ai pensé : dans le cadre d’une compétition, le vainqueur est celui qui est arrivé en première place et a donc reçu une médaille d’or. Mais si un autre participant aide le vainqueur à réussir, peut-on dire qu’il a gagné et qu’il a atteint la première place ? Dans le domaine spirituel, quand un individu lutte contre le mauvais penchant, Hachem le devance pour soumettre le yetser hara et alors, par impulsion, l’homme parvient à détruire le penchant. Ainsi, il est dit (Devarim 21, 10) : « Quand tu iras en guerre contre tes ennemis », ce qui désigne en réalité le mauvais penchant, « Hachem les livrera en ton pouvoir. » Mais plus encore ! Tu en retireras une récompense, puisqu’il est marqué « tu leur feras des prisonniers ». LES PAROLES DES SAGES Avez-vous une réponse ? « Et lorsque ton fils, un jour, te questionnera » (Chemot 13, 14) Le problème de l’éducation juive est la préoccupation essentielle de chacun de nous : que transmettre aux descendants ? Quand et comment ? Des questions didactiques et des théories complètes ont été mises en place et développées par les meilleurs spécialistes dans ce domaine, afin d’être prêts à affronter le défi présent dans chacun de nos esprits : « Et lorsque ton fils, un jour, te questionnera. » Le Rav de Poniewitz, Rabbi Yossef Chelomo Cahneman a un jour prononcé un profond discours dans la communauté religieuse de Tsfat au sujet de l’éducation des enfants. Voici ce qu’il a dit : « J’aimerais vous soumettre une question. Dans l’appartement où je vis ici, le réfrigérateur et le four sont branchés sur la même prise. Ainsi, un appareil dégage une forte chaleur tandis que l’autre permet le refroidissement et la congélation des aliments qui s’y trouvent. Je ne comprends pas, l’électricité réchauffe-t-elle ou refroidit-elle… ? Alors, nous devons comprendre que l’électricité est une force merveilleuse ! s’est écrié le gaon de Poniewitz. Tout dépend qui s’y connecte et de quelle manière. On peut enseigner la Bible aux enfants à l’école de manière à ce que les connaissances restent froides et sèches. Mais il est également possible d’y joindre l’éducation religieuse, de réchauffer l’atmosphère et d’y introduire un feu brûlant. » Soumission aux dictats du temps « J’ai connu un jeune homme qui, parce qu’il n’avait pas ‘‘compris’’ un certain verset de la Torah et n’a trouvé personne pour le lui expliquer, en a été troublé et a tout abandonné », a raconté l’éducateur Rabbi Yossef Motsri zatsal, qui a mérité de faire de nombreux disciples au Talmud Torah de Jérusalem « Nezer Aharon » il y a une cinquantaine d’années. La devise éducative du Rav Motsri prônait une soumission absolue à la pure éducation juive classique, telle que nous l’avons héritée de nos pères pendant des milliers de générations, sans changement ni soumission aux impératifs de la mode et du temps. Lors d’un discours prononcé en l’an 5714, il a évoqué ce sujet en ces termes : « Le verset dit : ‘‘Considérez (Habitou) Avraham, votre père, Sarah, qui vous a enfantés.’’ On peut se demander pourquoi le texte a employé le terme ‘‘habitou’’ ? » Voici quelle a été son explication : « Lorsque nous voulons savoir quel chemin adopter pour notre vie, il nous faut toujours observer (léhabit) les actes de nos ancêtres, agir dans le même sens et adopter la même tradition afin de respecter les mitsvot de D. et ne pas tomber dans l’écueil de dire ‘‘La nature a changé’’, ‘‘Nous devons nous adapter à notre époque, suivre l’air du temps (je suis à un bon niveau par rapport à notre génération), etc.’’ Tel est le sens du verset ‘‘Considérez (habitou) Avraham votre père’’. Quiconque agit ainsi et emprunte la voie des Patriarches saura qu’il ‘‘a donné du mérite à ses pères’’ et qu’il bénéficie du mérite de ses ancêtres. » Et il agissait exactement de cette façon : avant de prendre quelque décision que ce soit, il consultait les érudits en Torah afin de savoir ce qu’ils disaient sur ce sujet. Ainsi, le gaon Rabbi Chalom Cohen, directeur de la yéchiva « Porat Yossef », a témoigné sur lui lors de son enterrement : « Il demandait conseil aux Sages pour chaque chose. Je sais qu’il demandait leur avis pour chaque détail, du fait de son immense confiance en eux, de son humilité qui le poussait à ne pas compter sur lui, en dépit de sa riche expérience. » La technologie au service de la Torah Voici un comportement exemplaire qu’il a transmis à tous ses disciples : pendant ses quatre-vingt-dix années de vie, il a été préoccupé par une mission essentielle qu’il accomplissait chaque jour et qui consistait à acquérir la Torah et toutes ses richesses et à se perfectionner dans tous les domaines de la Torah. Dans sa jeunesse, quand les magnétophones n’existaient pas encore, il s’en est procuré un, non sans efforts, avec les longues bandes d’enregistrement de l’époque. Il a enregistré des cours de Torah, de halakha, et des sermons et enseignements de morale de nos Maîtres, pendant plusieurs années. Animé d’un amour ardent pour la Torah, il s’installait avec un saint respect pour écrire ces cours dans tous leurs détails, les triant par sujet. Ses notes ont fini par composer un livre entier manuscrit pour chaque sujet. Il classait les cours par ordre alphabétique avec des index. Ainsi, lorsqu’il nous a quittés, on a retrouvé de nombreux écrits de halakha et de Aggada qui faisaient foi des connaissances qu’il avait acquises par certains maîtres ou lues dans des livres. C’est toujours de cette façon qu’il agissait : il recopiait ou photocopiait toute parole de Torah qu’il lisait, tant dans le domaine de la loi juive que de la Aggada, que cela concerne l’embellissement d’une mitsva, un bon comportement à adopter, un conseil judicieux à appliquer dans le service divin, ou une prière spécifique conseillée par nos maîtres les anciens. Il faisait en sorte d’en garder une trace afin que cela subsiste longtemps. Ses petits-enfants racontent que ces enregistrements lui permettaient de gagner du temps pour l’étude de la Torah. « A plusieurs reprises, nous avons vu notre grand-père étudier à l’aide de ces bandes. Ainsi, il gagnait du temps et en profitait pour étudier même lorsqu’il était très occupé ou qu’il lui était impossible d’ouvrir un livre. Quand nous allions à la mer avec lui pendant les vacances, qu’emmenait-il ? De quel ‘‘jouet (cha’achou’a)’’ pouvait-il se munir ? « Si ta Torah n’avait fait mes délices (cha’achou’aï) ! » Il prenait avec lui son petit magnétophone avec les saints enregistrements. Tel était son plus grand plaisir : se plonger dans la Torah posément et dans le calme. Cet enseignement de « Et lorsque ton fils un jour, te questionnera » est adaptée à la personnalité de Rabbi Yossef Motsri qui a personnifié, par son mode de vie, le service divin parfait, en étant disponible pour répondre à toutes les questions de quiconque voulait savoir quel chemin emprunter dans le service du Créateur. GARDE TA LANGUE Une louange qui mène à la diffamation Il est défendu de louer une personne devant une grande assemblée, même si elle n’est pas constituée d’ennemis de la personne en question. En effet, généralement, là où il y a beaucoup de monde, certains individus parleront en faveur de la personne et d’autres contre elle. D’autres enfin seront jaloux. Ainsi, plus on dira des louanges sur elle, plus cela mènera à la diffamation. En revanche, il est permis de louer quelqu’un qui est connu et réputé comme un homme juste et pieux, et à qui on ne trouve aucun tort. On pourra le complimenter même devant ses ennemis, car il est impossible de le critiquer. Et si quelqu’un le fait, les autres comprendront qu’il s’agit d’accusations mensongères. (‘Hafets ‘Haïm) A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Même cela est pour le bien ! « Par’o se leva la nuit » (Chemot 12, 30) Il est très surprenant que Par’o ait réussi à s’endormir cette nuit-là et à dormir du sommeil du juste, sachant que la plaie des premiers-nés devait avoir lieu au milieu de la nuit et qu’une épée tranchante était suspendue au-dessus de lui, qui était aussi un aîné ! Voici le secret : cela nous enseigne la force de l’entêtement. Par’o avait conscience que sa fin approchait du fait de la plaie des premiers-nés, mais il a malgré tout appesanti son cœur et s’est obstiné dans son refus de laisser partir les bnei Israël. C’est pourquoi il est resté calme et indifférent malgré toutes les fortes plaies qui s’abattaient sur lui. C’est ce qu’on appelle l’entêtement. Mais il faut savoir qu’en parallèle, il existe une obstination dans le bien, qui est pour nous une bénédiction. En effet, le peuple d’Israël est qualifié de « peuple à la nuque raide ». Hachem a ancré en nous cette caractéristique afin que nous puissions accomplir Sa Torah et Ses mitsvot à tout moment, à n’importe quel prix et dans chaque situation. Même pressés et mis à l’épreuve par nos ennemis, nous ne ferons aucune concession sur la Torah et l’accomplirons avec un dévouement sans égal. Comment est-ce possible ? Parce qu’il s’agit d’un « peuple à la nuque raide. » A LA SOURCE « Jusqu’à quand refuseras-tu de fléchir devant Moi ? » (10, 3) Rabbi Moché Sofer de Presbourg explique que bien qu’effrayé par les plaies, Par’o ne s’est pas soumis à D. Il pensait avoir fauté envers ses idoles et croyait qu’elles l’avaient elles-mêmes éloigné de Moché. En réalité, il aurait été prêt à renvoyer les bnei Israël pour être exempté des souffrances, mais Hachem a endurci son cœur pour qu’il finisse par se rendre compte que Hachem est D. Tel est le sens de la phrase rapportée par Moché au nom de D. : « Jusqu’à quand refuseras-tu de fléchir devant Moi ? » En d’autres termes, « Qu’aurai-je gagné si tu renvoies Mon peuple sans te soumettre à Moi ? Plie-toi à Mes ordres, renvoie Mon peuple ‘‘pour qu’il M’adore’’, pour qu’il Me serve justement avec ton accord ! » « On ne se voyait pas l’un l’autre et nul ne se leva de sa place durant trois jours » (10, 23) Rachi écrit selon le midrach : « Il y eut obscurité de ténèbres… trois jours ». « ‘‘Obscurité de ténèbres’’ est un cas construit. Personne n’a pu voir qui que ce soit pendant ces trois jours, auxquels ont succédé trois autres jours de ténèbres redoublées au cours desquels ‘‘nul ne se leva de sa place’’. Celui qui était assis au début de cette seconde période a été incapable de se lever, et celui qui était debout a été incapable de s’asseoir. » L’Admor Rabbi ‘Hanokh d’Alexander a expliqué ce verset à la façon ‘hassidique : puisque « personne n’a pu voir qui que ce soit pendant ces trois jours », que chacun se souciait uniquement de lui-même et ne pensait qu’à sauver sa propre vie et celle des membres de sa maison, ‘‘nul ne se leva de sa place’’ : aucun d’entre eux n’a réussi à s’élever du piètre état où il se trouvait. « Et notre bétail ne nous suivra pas moins ; il n’en restera pas ici un ongle, car nous devons en prendre pour sacrifier à Hachem notre D. » (10, 26) Nos bêtes viendront de plein gré avec nous, car elles aspireront à être offertes en sacrifice devant D. Nos Sages ont raconté que le taureau offert par le prophète Elie avait couru avec joie vers l’autel, alors que le deuxième taureau offert par les prophètes mensongers avait refusé obstinément de se diriger dans cette direction. Le Malbim déduit de la phrase « Nous devons en prendre pour sacrifier à Hachem notre D. » une leçon quant à notre manière de servir D. : si cette bête dépourvue d’intelligence aspire à être offerte en sacrifice à Hachem, à plus forte raison nous, êtres humains dotés d’intellect, devons-nous vouloir intensément accomplir le service divin. La vie dans la paracha « Et se prosterneront à mes pieds en disant » (11, 8) Pourquoi n’est-il pas dit explicitement « Et ils me diront » ? C’est que le simple fait de se prosterner signifie « Sors », car il est leur maître. Ainsi, le maître fera ce que bon lui semble sans qu’on puisse le dominer. De plus, il est de coutume qu’on se prosterne devant le roi lorsqu’on vient lui parler. Ainsi, il comprend qu’on désire lui faire part de quelque chose. En effet, il ne convient pas de parler à un grand roi sans demander la permission. Mais il ne convient pas non plus de demander explicitement l’autorisation. De cette manière, en se prosternant on signifie au roi qu’on doit lui parler et il nous dira « Parle. » Tel est le sens de la phrase « Et se prosterneront à mes pieds en disant » : le prosternement veut dire qu’on cherche à parler, et la chose à dire est « Sors. » Bien que le texte n’ait pas explicité ce détail lors de cette nuit-là, il a abrégé et a dit en gros ce qui est dit ici, que Par’o s’est levé dans la nuit etc. LES CEDRES DU LIBAN Rabbi David de Lelow zatsal Rabbi David Biederman zatsal, l’Admor de Lelow, est né en 5506 de Rabbi Chelomo Tsvi Biederman et son épouse Malka, qui étaient extrêmement pauvres. Dans ce contexte, on raconte qu’un jour, son père réussit à se procurer quelques sous pour acheter à son fils un vêtement chaud pour l’hiver, mais au bout de quelques jours il rentra chez lui sans manteau. Sa mère lui demanda où il était, et l’enfant répondit : « Je ne l’ai pas oublié, mais j’ai vu un enfant pauvre avec des vêtements déchirés et les dents qui claquaient de froid, alors je lui ai donné mon manteau. » Sa mère lui ordonna de rapporter immédiatement son manteau à la maison, avant que son père rentre et le roue de coups. Ces menaces furent tout aussi inutiles que les paroles convaincantes. L’enfant répondit à sa mère avec sang-froid qu’une aussi grande mitsva valait la peine qu’on reçoive quelques coups pour elle… Après son mariage, Rabbi David ouvrit une petite boutique qu’il n’ouvrait que quelques heures par jour. Il avait aussi ordonné à sa famille de n’ouvrir que le temps nécessaire pour gagner sa vie, arguant qu’il ne voulait pas porter atteinte à la subsistance des autres. Pendant toutes les autres heures de la journée et de la nuit, il étudiait la Torah avec une immense assiduité, et on raconte qu’il pratiquait toutes sortes de coutumes ascétiques. L’un des serviteurs de son beau-père lui demanda un jour s’il était un tellement grand pécheur pour avoir besoin de ces mortifications. Il lui répondit : « Certainement pas, je ne fais pas cela pour racheter des fautes, mais qu’y puis-je si je n’ai pas encore réussi à ce que l’amour d’Israël soit gravé dans mon cœur ! » Quand Rabbi Elimélekh de Lizensk commença à être connu, Rabbi David décida d’aller à Lisenzk pour se faire une opinion sur lui. Rabbi Elimélekh commença par le repousser, mais ensuite il l’accueillit avec beaucoup de respect, et Rabbi David devint l’un de ses disciples les plus fidèles. Rabbi Biederman disait que Tou BiChevat était un jour particulièrement propice au délivrances. Et de même que les fruits de l’arbre se multiplient, les fruits de l’homme (ses fils et ses filles) étaient bénis. Pendant les guerres Napoléennes, en 5572, le Rabbi était installé à sa table chargée de fruits des sept espèces qui font la gloire d’Erets Israël. Seuls quelques ‘hassidim se présentèrent, à cause de la guerre et des épidémies qui sévissaient. Et tout à coup rentra un petit enfant, le fils de l’un des fidèles du Rabbi. Ce petit lui raconta en pleurant à chaudes larmes que toute sa famille était alitée, tous étaient extrêmement malades, et que leur vie était en danger. Rabbi David éclata en pleurs et dit : « Maître du monde ! Ma joie de cette fête a disparu. Je t’en prie, mets un terme à nos malheurs ! » Alors son visage mit à rayonner, il tira un fruit du tas qui se trouvait devant lui et dit : « Par le mérite des fruits de Tou Bichevat, que ton père mérite de voir des fruits. » Et les membres de la famille guérirent. En 5574, peu de temps plus tard, il prit avec lui son élève Rabbi Yitz’hak de Worka et ils partirent rendre visite au saint Juif de Peschis’ha. Quand ils rentrèrent chez lui, Rabbi David s’adressa au Yéhoudi HaKadoch et lui dit : « Il fait partie de chez moi », en désignant Rabbi Yitz’hak de Worka. Le saint Juif posa sur lui son regard pénétrant et dit à Rabbi David qu’il le lui envoie pendant le mois de Chevat. Quand arriva Chevat, Rabbi David ouvrit la bouche et se mit à dire des paroles de Torah, après plusieurs années pendant lesquelles il n’avait pas ouvert la bouche. Sa maladie s’aggrava en ces jours-là, et sa situation était désespérée. Rabbi Yitz’hak de Worka ne voulait pas quitter le chevet de Rabbi David, mais celui-ci lui intima l’ordre d’aller à Peschis’ha. A sa dernière heure, Rabbi David était rempli de joie, et au médecin qui lui observait la gorge en disant que la situation était mauvaise, il répondit : « Ma situation est excellente, je vais bientôt rejoindre la maison de mon Père des cieux. » A ce moment même, son âme pure sortit, et monta au Ciel avec une joie immense, le 7 Chevat 5574. Il est enterré à Lelow en Pologne. Rabbi David de Lelow n’a pas écrit de livre, mais des écrits de Torah épars ont été rassemblés par ses élèves, sous le nom de « Migdal Or », « Divrei David », « Likoutei Divrei David », « Kodech Hilloulim », « Peri Kodech Hilloulim », et d’autres. LES HOMMES DE FOI Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, passait souvent dans les rues de la ville. Tous les hommes venait lui embrasser la main et se faire bénir par lui, mais les femmes se tenaient de côté et se couvraient le visage, comme il convient pour respecter la sainteté d’un tsaddik. Et elles aussi méritaient une bénédiction. Une femme vint avec sa fille pour recevoir une bénédiction du Rav. La mère s’était couvert le visage, et Rabbi ‘Haïm lui dit sur sa fille : « Elle grandira, se mariera et elle sera riche. » Et c’est effectivement ce qui se passa plus tard. A ce moment-là arriva une autre femme, qui s’approcha du Rav avec sa fille pour recevoir une bénédiction. Mais le Rav lui dit : « Je ne peux pas bénir votre fille, parce que je vois qu’elle se mariera avec un non-juif. Mais, ajouta-t-il, si dès maintenant vous lui donnez une bonne éducation, cela peut changer et la bénédiction s’accomplira en elle. Malheureusement, la situation ne changea pas, et comme l’avait prédit Rabbi ‘Haïm, elle épousa un non-juif. [Entendu de la fille qui avait reçu la bénédiction et qui vit aujourd’hui à Paris.]
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