![]() |
|||
![]() |
- | ![]() |
![]() |
Michpatim 9 FEVRIER 2013 29 CHEVAT 5773 |
|
|||||||||||||||
L’homme est maître de lui-même (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Dans le passage sur l’esclave hébreu, voici ce qu’écrit le Abrabanel : « Il travaillera pendant six ans et la septième année il sortira libre gratuitement » – L’Ecriture nous annonce que si au moment où il a volé il avait l’intention de gagner en se débarrassant du poids d’avoir à gagner sa vie et celle de sa femme et de ses enfants, il ne lui restera en main absolument rien d’autre que la honte d’avoir travaillé pendant six ans comme esclave et de finir par sortir gratuitement, sans rien d’autre que sa personne, son travail ne lui ayant servi en rien. Et s’il a une femme et qu’il pensait rejeter les dépenses pour elle sur son maître, en fin de compte sa femme sortira avec lui et il se retrouvera avec les mêmes difficultés de subsistance qu’au départ, c’est cela « sa femme sortira avec lui ». Nous tirons de là une leçon extraordinaire. Bien que la Torah se soit montrée sévère envers cet esclave qui a volé en s’imaginant se débarrasser ainsi du devoir de gagner sa vie, elle a tout de même eu pitié de lui et n’a pas voulu qu’il reste avec la honte d’avoir été vendu comme esclave, car rien que cela est déjà un grand déshonneur. Malgré tout, la Torah a ordonné à son maître de se conduire envers lui avec respect et miséricorde, au point que les Sages ont dit (Kidouchin 20a) : Quiconque acquiert un esclave hébreu s’acquiert un maître à lui-même, car il faut le traiter exactement comme soi-même dans tous les domaines, la nourriture, la boisson, le sommeil, et ainsi de suite, et si le maître n’a qu’un seul oreiller, il doit le donner à l’esclave. Nous voyons également qu’il est interdit de le traiter avec mépris, puisqu’il y a également une mitsva de lui accorder, quand il quittera son maître, quelque chose de toutes les bénédictions que lui a envoyées Hachem. Tout cela pourquoi ? Parce qu’il est dit (Devarim 15, 15) : « Tu te souviendras que tu as été esclave en pays d’Egypte », c’est-à-dire que tu dois te comporter avec ton esclave de la même façon que Hachem S’est comporté avec toi, avec miséricorde, lorsque tu es sorti d’Egypte. Il t’a accordé de grands biens, ainsi que le butin de la mer. Et de plus, le but est également de ne pas en venir à s’habituer à mépriser d’autres hommes libres, par le biais d’un raisonnement a fortiori : s’il est interdit de mépriser ton esclave, à plus forte raison un homme qui est ton égal. Mais d’un autre côté, la Torah punit l’esclave qui ne veut pas se mettre entièrement au service du Saint, béni soit-Il. Nous le voyons dans le percement de l’oreille sur la porte ou le linteau. Comme le dit Rachi : cette oreille qui a entendu sur le mont Sinaï « car les bnei Israël sont Mes serviteurs », et qui est allé acquérir un maître, qu’elle soit percée. C’est pourquoi on perce justement l’oreille de l’esclave à côté de la mezouza, car apparemment cet esclave n’aime pas Hachem, il n’aime que sa femme et ses enfants, comme il le dit (Chemot 21, 5) : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants », c’est pourquoi c’est à côté de la mezouza qu’on lui insinue d’aimer Hachem, car il est écrit dans la mezouza « Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur et de toute ton âme », et toi, tu veux rester esclave d’un maître pour être dispensé des nombreuses mitsvot qui sont écrites dans la Torah. Mais il reste une question à poser : pourquoi lui perce-t-on justement l’oreille et non la bouche, qui a dit « nous ferons et nous écouterons », ce qu’il est à présent en train de transgresser ? Effectivement, auparavant, sur le mont Sinaï, il a dit qu’il voulait être le serviteur de Hachem et s’annuler devant Sa volonté, et maintenant il dit : « J’aime mon maître », et il s’asservit à un être humain. On peut expliquer que l’essentiel est l’ouïe, qui mène à l’action, comme il est écrit à propos d’Yitro (Chemot 18, 1) : « Yitro entendit », et les Sages (Zeva’him 116a), cités par Rachi, demandent : « Qu’a-t-il entendu qui l’a fait venir ? » Il semble donc que l’essentiel soit ce qu’on entend, c’est cela qui pousse à venir, car du fait que cet homme a entendu, non seulement d’une audition normale mais aussi d’une audition intérieure, il a quitté toute sa position sociale pour venir à l’ombre de Moché et d’Israël dans un désert inhospitalier. C’est pourquoi chez l’esclave, on perce justement le membre qui a perdu sa capacité d’entendre, l’oreille qui avait entendu « Les bnei Israël sont Mes serviteurs. » Nous voyons quelque chose du même genre aujourd’hui chez beaucoup de gens qui reviennent à D. et à la Torah, parce qu’ils ont entendu des reproches qui sortaient d’un cœur pur et sont rentrés dans leur cœur, au point qu’ils bouleversent totalement toute leur façon de vivre. C’est pourquoi quand l’esclave fait mauvais usage de l’audition, il faut lui percer l’oreille, pour que les autres aussi entendent et voient, et qu’eux aussi réparent ce qui manque à l’audition, mettent un terme à toutes les autres servitudes, ne se soumettent qu’au Saint, béni soit-Il, et soient comme tous les autres bnei Israël qui sont asservis à Hachem, à la Torah et aux mitsvot en se libérant du mauvais penchant. Il faut apprendre une leçon du passage sur l’esclave hébreu. Un homme qui sert Hachem est comme un maître qui domine ses instincts, et il doit acquérir un compagnon d’étude comme un bien précieux, sans lequel il est impossible de vivre. Les Sages ont également dit (Avot 1, 6) : « Donne-toi un Rav et acquiers un compagnon d’étude. » Ce dernier sera comme son bien individuel, il sera attaché à lui tous les jours de sa vie, et non parfois un ami et parfois un ennemi. Et comme tous les bnei Israël sont les serviteurs de Hachem, il est dit « quand tu acquerras un esclave hébreu ». C’est cela « il travaillera pendant six ans » : « Chech » (six) a la même valeur numérique que « kécher » (lien), et c’est aussi une allusion aux soixante années que vit l’homme jusqu’à recevoir l’ordre d’être libéré des mitsvot au jour de la mort, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 90, 10) : « Les jours de ses années sont de soixante-dix ans (…) et tout leur éclat n’est que peine et faute ». Car tout est faute si on n’étudie pas la Torah, si on ne travaille pas à améliorer son caractère et si on n’aime pas le prochain. Il veillera tous les jours de sa vie à être attaché à son compagnon d’étude et à ses autres amis, car il est impossible de compter uniquement sur un seul ami, qui devra parfois le quitter pour aller ailleurs, ou qui en sera séparé pour toute autre raison. Comme le dit le Sage (Miv’har HaPeninim, Cha’ar ‘Haverim) : « Recherche mille amis, et qu’un seul ennemi ne te paraisse pas peu, car plus on a d’amis mieux cela vaut, ainsi qu’il est écrit (Michlei 11, 14) : « Le salut réside dans la multitude des conseillers. » Parfois, l’un n’est pas libre, mais le deuxième ou le troisième le seront, et parfois un seul ennemi peut faire beaucoup de mal, bien qu’étant tout seul. C’est seulement grâce aux amis qu’on peut s’élever et progresser dans le service de Hachem et la crainte du Ciel. C’est l’une des choses par lesquelles la Torah s’acquiert, « s’attacher aux amis ». De même que le don de la Torah s’est passé dans l’unité, d’un seul cœur comme un seul homme, un ami d’étude relie à Hachem. C’est comme cela dans toute la vie de l’homme. HISTOIRE VECUE « Il paiera simplement le chômage, et le frais de la guérison » (Chemot 21, 19) Voici l’histoire passionnante du Rav Ye’hiel Mikhel Stern chelita, qui compte parmi les plus grands décisionnaires de Jérusalem : Mon état de santé était considéré comme grave. La maladie s’était manifestée chez moi dans le colon, et les médecins se montraient pessimistes quant à la possibilité d’un traitement (ou plus exactement, sa quasi-impossibilité). Trois grands spécialistes, très connus dans leur domaine, estimaient que je devais subir une opération compliquée qui, à leur avis, allait totalement modifier ma qualité de vie, parce qu’il était nécessaire d’exciser l’organe atteint. En ce qui me concerne personnellement, c’était une catastrophe. Je ne me voyais pas mener une vie normale après cette opération. Mais par ailleurs, elle était absolument obligatoire, sinon je ne pouvais tout simplement pas continuer à vivre. Quand j’ai compris qu’il n’y avait aucun choix, j’ai pris un rendez-vous pour l’opération. Au fur et à mesure que la date approchait, la tension intérieure allait en grandissant. J’en redoutais terriblement les conséquences… La dernière nuit de Chabbat précédant l’opération, j’ai fait un rêve surprenant, où apparaissait un homme que j’avais vu pour la dernière fois quarante-deux ans auparavant. A cette époque-là, il y a quarante-deux ans, j’avais l’habitude de rendre visite à des vieillards solitaires dans une maison de retraite qu’il y avait alors à Jérusalem. J’étais très proche du tsaddik Rabbi Arié Lévine, que sa générosité a rendu célèbre. J’allais avec lui faire des visites dans des maisons de retraite. Un jour, j’ai remarqué un vieillard assis dont toute l’attitude exprimait une grande souffrance. Je me suis approché de lui et je lui ai demandé si je pouvais l’aider en quelque chose. Il m’a répondu par la négative. Je lui ai demandé : « Tout de même, dites-moi ce qui vous fait mal ? » Il a répondu que depuis quelques jours, il n’était pas allé à la selle, et que cela le faisait souffrir dans tout son corps. J’ai immédiatement interpelé une infirmière qui se trouvait là, et je lui ai dit : « Il y a chez vous un homme qui n’a pas pu aller à la selle depuis plusieurs jours, et vous ne faites rien pour le soulager ? » Elle a répondu que c’était un problème compliqué qu’on ne pouvait traiter qu’à l’hôpital, et que cela entraînerait des dépenses, en ajoutant : « Le problème, c’est que nous nous sommes adressés à ses enfants, nous leur avons dit qu’ils amènent leur père à l’hôpital, où on s’occuperait de lui. Ils ont refusé, en estimant que c’était à la maison de retraite de s’occuper des soins, et au besoin, de financer le traitement à l’hôpital. La direction de la maison de retraite, de son côté, refuse, et le vieux père reste à souffrir. » J’ai décidé de faire quelque chose. J’ai commandé une ambulance et je l’ai emmené à l’hôpital. Les médecins l’ont soigné, et le lendemain il a déjà pu revenir à la maison de retraite. Je me souviens comment, avant notre départ de l’hôpital, le médecin qui l’avait soigné m’a lourdement reproché ma négligence envers « mon père ». « Si vous aviez attendu un seul jour de plus, le cœur aurait été touché, et il serait mort », dit-il sévèrement. Comme je craignais une profanation du Nom de D., je lui ai expliqué que j’étais un volontaire et que cet homme m’était totalement étranger. A cette époque-là, j’étais au kollel, et je recevais 500 lires par mois. L’ambulance et les soins médicaux s’élevaient à 300 lires. Je me suis adressé à la direction de la maison de retraite et j’ai demandé à savoir qui étaient les fils du vieillard. Il s’avéra qu’il s’agissait de quelqu’un d’honorable, père d’une famille connue. Je me suis adressé à ses enfants, je leur ai raconté ce qui s’était passé et je leur ai demandé de me rembourser les frais que j’avais avancés. Ils ont prétendu qu’ils ne comprenaient pas pourquoi je m’étais mêlé de ce qui ne me regardait pas. A leur avis, le rôle de la maison de retraite était de veiller aux soins médicaux, c’est pourquoi ils ne pensaient pas devoir financer mon initiative volontaire. Je leur ai répondu qu’il n’y avait aucun problème, et que pendant le mois à venir je me débrouillerais avec les 200 lires restantes pour faire vivre ma famille. Quelques semaines passèrent. A chaque fois que le Rav Stern rendait visite au vieillard, celui-ci le remerciait du plus profond du cœur de sa générosité envers lui. Pendant l’une de ces visites, raconte le Rav Stern, je me suis aperçu qu’il souffrait de nouveau. Une vérification rapide me confirma que le problème recommençait, ainsi que la discussion entre ses enfants et la direction de la maison de retraite. J’ai décidé de refaire ce que j’avais déjà fait une fois, et de nouveau j’ai commandé une ambulance, je l’ai amené à l’hôpital et j’ai payé tous les frais. On a soigné le vieillard et on l’a ramené à la maison de retraite après l’avoir soulagé. Cela s’est reproduit cinq ou six fois, jusqu’à ce que, la dernière fois, ses enfants envoient l’un des gendres pour me payer les frais de cette fois-là. A partir de ce moment-là, ils ont pris soin de leur père. J’avais complètement oublié toute cette histoire. Et voilà que quarante-deux ans plus tard, l’homme m’est apparu dans un rêve et m’a dit : « J’ai appris le malheur dans lequel vous êtes plongé en ce moment. Je suis allé devant le tribunal céleste pour leur dire : comment est-il possible qu’un homme qui m’a manifesté une générosité véritable et m’a fait du bien soit frappé dans le même organe ? Ils ont reconnu la justesse de ma revendication, et je suis venu vous annoncer que vous allez subir cette opération sans que votre vie en soit affectée. » L’homme a disparu, et je me suis réveillé. Je me souvenais parfaitement de mon rêve et de cette personne, et j’ai senti que ce rêve disait la vérité. J’ai compris que l’opération allait réussir et que je n’aurais pas besoin de changer quoi que ce soit à mon mode de vie. A partir de ce moment-là, une grande paix est descendue sur moi. Mes enfants, qui sont venus quelques heures plus tard, ont trouvé un père totalement différent de celui qu’ils avaient quitté le vendredi soir. J’étais absolument détendu, j’ai chanté les zemirot de Chabbat, et la joie du Chabbat se voyait sur mon visage. Ils m’ont demandé ce qui s’était passé et je leur ai raconté mon rêve. J’ai dit que j’étais certain que tout allait se réaliser. Je leur ai expliqué ce Chabbat-là que c’était le sens de ce qui est dit dans la prière « Qui Te souviens de toutes les choses oubliées ». Même un acte de générosité qui a été oublié par l’homme, le Saint, béni soit-Il en donne la récompense à celui qui l’a accompli. Et même si l’homme n’en voit pas l’effet immédiatement, il en recevra la récompense le moment venu. L’opération fut couronnée de succès, comme il m’avait été promis dans le rêve. Je me souviens des trois médecins qui sont venus me voir après l’opération et ont reconnu qu’un miracle m’était arrivé. Ils m’ont dit qu’ils avaient été stupéfaits de découvrir que malgré la maladie, il n’y avait aucune nécessité d’exciser des organes essentiels, et qu’ils continueraient à fonctionner comme chez tout le monde. Après l’opération, je me suis rendu chez des grands d’Israël, qui m’ont manifesté leur émerveillement de cette histoire, et dit que j’avais le devoir de faire connaître la bonté de Hachem envers Ses créatures, et combien Il les récompense avec fidélité. (Cette histoire a été publiée in extenso dans le journal « Michpa’ha ».) GARDE TA LANGUE Ne pas compter sur les autres Quelqu’un à qui on a causé du tort dans ses affaires par des médisances, et qui a de bonnes raison de croire que c’est Untel qui a fait cela, n’a pas le droit de médire de lui en retour, à moins que cela ne présente l’utilité que celui-ci cesse de médire de lui, et qu’il n’y ait pas d’autre moyen de faire cesser ses médisances. Tout cela à condition qu’il ait constaté par lui-même que c’était celui-là qui avait médit, sans faire confiance à la parole d’autres personnes, et à plus forte raison sans compter sur qui que ce soit. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Il n’y a rien au monde de plus pénible que d’être esclave de l’argent « Voici les lois que tu placeras devant eux. Quand tu acquerras un esclave hébreu, il travaillera pendant six ans, et la septième année il sortira libre, gratuitement. » Au début de ce passage, Rabbeinou Avraham Ibn Ezra explique pourquoi la Torah a commencé le passage sur les lois par celles qui concernent l’esclave. Il dit : « Il n’y a rien de plus pénible au monde que de se trouver sous la domination d’un homme comme lui. » C’est-à-dire que la sainte Torah va du plus difficile au plus facile, et comme il n’y a rien de plus pénible au monde que la servitude, elle a commencé par là. Nous apprenons de là que c’est ce qu’il y a de plus difficile. Et cet esclave a reçu sa punition pendant six ans sous le joug de son maître mais veut néanmoins lui rester asservi, ce qui le place entièrement sous la domination de l’argent. On ne lui perce l’oreille qu’à cause de l’argent, c’est pourquoi on la perce au moment où il demande à rester asservi à son maître, car l’oreille qui a entendu au mont Sinaï « les bnei Israël sont Mes serviteurs » est parti se trouver un maître. C’est pourquoi le passage du don de la Torah est juxtaposé au passage de l’esclave hébreu. Cela nous enseigne qu’il n’y a rien de plus pénible que d’être à la poursuite du moindre sou, mais que la Torah a la force de faire sortir l’homme du piège de l’argent, qui abîme les hommes, et dont ils sont pourtant avides. Pourquoi ? Parce que celui qui étudie la Torah devient un esclave acquis à Hachem, et non un esclave acquis à l’argent, ce qui est de l’idolâtrie. Comme l’écrit Rabbi Elazar zatsal, le fils de Rabbi Elimélekh de Lizensk zatsal (« Iguéret HaKodech », à la fin du livre « Noam Elimélekh ») : « J’ai entendu d’un grand homme qu’il a dit, les hommes de la Grande Assemblée ont tué le mauvais penchant de l’idolâtrie (Yoma 69b), c’est extraordinairement surprenant ; comment est-il possible de tuer un ange, qui est un être pur et spirituel ? C’est seulement qu’ils lui ont enlevé sa tâche initiale. Et donc, quelle tâche accomplit-il maintenant ? Tout ange a été créé pour accomplir une mission ! On lui a donné la tâche de l’argent, de rendre les gens avides de la poursuite de l’argent et de la richesse, ce qui est proche de l’idolâtrie, à cause de nos nombreux péchés ! » Et c’est une très belle idée ! Nos Sages ont déjà enseigné dans le traité Kidouchin (30b) : « J’ai créé le mauvais penchant, et Je lui ai créé la Torah comme antidote. » Donc quand l’homme étudie la Torah, cela le rend libre du mauvais penchant de l’argent, qui est semblable à l’idolâtrie. A LA SOURCE « Et voici les lois que tu placeras devant eux » (21, 1) Cette paracha vient avant la parachat Terouma, pour nous enseigner qu’avant de faire de la tsedaka et de montrer sa générosité, il faut vérifier qu’il n’y a aucun soupçon de vol dans son argent. Car dans le cas contraire, cette tsedaka aurait le même statut qu’un loulav volé, avec lequel on ne peut pas accomplir la mitsva, pare qu’elle provient d’une faute, et elle ne lui servira à rien. Le « Beit Halévi » trouve cette idée dans le verset « observez la justice et faites de la tsedaka, car Mon salut arrivera bientôt. » D’abord la justice, et ensuite la tsedaka. Ici aussi, d’abord les lois, et ensuite les offrandes pour le Sanctuaire, dans cet ordre-là. « Le bœuf sera lapidé et on ne mangera pas sa chair » (21, 28) Le « ‘Hatam Sofer » explique : Pourquoi ne mange-t-on pas sa chair ? Pour que ce bœuf ne mérite pas que sa chair se transforme en la chair d’un juif, étant donné qu’il a provoqué la mort d’un juif ! « Et fausse la parole des justes » (23, 8) Le « Midrach ‘Hasserot Véyéterot » fait remarquer que le mot « tsaddikim » est écrit sans youd dans le Séfer Torah, à l’exception d’une seule fois, dans la parachat Michpatim, dans ce verset. Cela vient nous enseigner que même un juste parfait, lorsqu’il prend un cadeau corrupteur, est enclin à fausser la justice. La vie dans la paracha Selon l’enseignement du saint Or Ha’Haïm « Observez (tichmerou) tout ce que Je vous ai prescris » (23, 13) La raison pour laquelle il est écrit tichmerou et non tichmorou se rapporte à ce que disent les Sages (Makot 23b), que le nombre des mitsvot positives est de 248, qui correspondent aux 248 membres de l’homme, et les 365 mitsvot négatives correspondent aux 365 nerfs (Zohar I 170b). Cela se trouve ici en allusion : on ne doit pas dire « je vais accomplir tant et tant de mitsvot, et il suffira que j’observe celles-là. » C’est pourquoi il est dit « tout ce que Je vous ai prescrit », ce qui signifie que toutes les mitsvot doivent être observées, et s’il en manque une seule, il manque à l’observance, pour le membre qui est concerné. LES CEDRES DU LIBAN Rabbi Nathan Tsvi Finkel, le « Saba de Slobodka » Rabbi Nathan Tsvi Finkel zatsal, connu sous le titre de « Saba de Slobodka », est né à Raseiniai en Lituanie en 5609. Etant encore très jeune, il perdit ses parents et fut élevé chez son oncle à Vilna. Pendant les premières années qui suivirent son mariage, il vécut chez son beau-père, et se fit connaître comme quelqu’un d’extraordinaire dans la Torah, ainsi que comme un penseur original. De temps en temps, il faisait des tournées dans les petites villes environnantes pour donner des sermons. Dans ces périples, il arriva à sa ville natale, Raseiniai, et le Rav de la ville, Rabbi Alexander Moché Lapidot, qui était proche du mouvement du moussar, fut très impressionné par le jeune Rav. Il lui envoya une lettre personnelle pour Rabbi Sim’ha Zissel Ziv, le « Saba de Kelem », dans laquelle il lui demandait de veiller sur cette jeune étoile. Rabbi Nathan Tsvi, qui ne connaissait pas le contenu de la lettre, la remit à Rabbi Sim’ha Zissel, qui à la suite de cela le rapprocha de lui et se mit à le guider dans l’esprit du moussar. En 5642, il entreprit de fonder dans la petite ville de Slobodka une grande yéchivah où il investit la totalité de ses talents. C’est là que se forgèrent sa personnalité d’éducateur et de penseur, et il la dirigea pendant quarante-cinq ans. Rabbi Nathan Tsvi était connu dans sa jeunesse comme un « ilouï », un jeune génie, et par la suite il s’attacha au mouvement du moussar selon les bases établies par Rabbi Israël Salanter. Il se donna pour but de propager le moussar dans toute la Lituanie, et en particulier dans le monde de l’étude. Pour cela, il fonda une grande yéchivah, où étudièrent et enseignèrent des talmidei ‘hakhamim de haute stature, des grands de la génération, en y joignant l’étude du moussar et de la formation du caractère. Bien qu’il ait été la force motrice de toutes les grandes institutions de Torah en Lituanie, il n’accepta jamais de poste officiel, et fuyait les honneurs de toutes ses forces. Le but de sa vie, depuis qu’il était devenu adulte, était d’enseigner la Torah et le moussar, et il œuvrait sans cesse pour l’accomplir, faisant des milliers de disciples, fondant de nouvelles yéchivot, insufflant un esprit de renouveau dans celles qui existaient déjà, et leur donnant un contenu très élevé. Rabbi Nathan Tsvi estimait qu’au lieu de mettre l’élève face à sa petitesse par rapport au Créateur, mieux valait accentuer l’importance de l’homme, qui a été choisi pour servir le Créateur et faire Sa volonté. Cette méthode connut une grande diffusion sous le nom de « la grandeur de l’homme ». A Slobodka, on estimait que l’homme est la créature la plus élevée de l’univers, qui a été choisie pour faire la volonté du Créateur, c’est pourquoi il doit se conduire avec dignité, comme quelqu’un qui se trouve devant le roi. Ses disciples racontent : Le Saba de Slobodka tomba malade, et un spécialiste fut appelé à son chevet. Le médecin prit sa température, évalua le pouls, regarda ses pupilles et dit : « Veuillez ouvrir la bouche et sortir la langue. » Il voulait voir si la gorge n’était pas enflammée. Le Saba ouvrit la bouche, mais ne sortit pas la langue. Le médecin avait du mal à voir, et réitéra sa demande : « S’il-vous-plaît, sortez la langue. » Mais le Saba élevait et abaissait la langue, sans la sortir… Perplexe, le médecin demanda : « Avez-vous une blessure dans la bouche ? Quelque chose qui vous empêche de sortir la langue ? » « Non », répondit le Saba. « Alors, pourquoi est-ce que vous ne sortez pas la langue comme je vous le demande ? » Le Saba frémit : « Comment est-ce que je pourrais tirer la langue à quelqu’un ? Cela comporterait un élément de mépris, un manque de respect envers lui ! Il vaut mieux que je reste malade plutôt que de me conduire avec mépris envers un homme, fait à l’image de D. ! » Dans sa vie personnelle, il s’éloignait de l’argent et des honneurs. Il cachait sa pauvreté et son ascèse même de ses disciples les plus proches, par sa grande sagesse, qui s’exprimait par la richesse de ses pensées et la plénitude de ses sentiments, son visage qui s’éclairait pour tout un chacun, et l’amour d’Israël qui se manifestait chez lui dans chaque mouvement et chaque parole. Un jour, on trouva le Saba en prière à côté du domicile d’un de ses élèves. « Que s’est-il passé ? » demanda un autre élève. Il répondit : « Nous savons que cet élève a des difficultés chez lui, nous le voyons tous les jours à la yéchivah, et alors il est difficile de sentir sa véritable douleur. C’est pourquoi je suis venu à côté de chez lui. Ici, on peut sentir plus intensément. « Porter le joug avec son prochain » a une signification plus profonde. Et ainsi, il est possible de prier du fond du cœur… En 5684, il décida qu’il fallait renforcer la spiritualité en Terre sainte, qui était en train de se construire, et fonda la yéchivah « H’evron » dans la ville de ‘Hevron, qui fut dirigée par son gendre Rabbi Moché Mordekhaï Epstein. Le Saba lui-même monta à ‘Hevron pendant l’été 5685, et il continua à y étudier la Torah dans la discrétion, aimé de tous ses disciples. Au bout d’un certain temps, sa maladie empira et il dut passer à Tel-Aviv où il mourut en 5687. LES HOMMES DE FOI Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto Rabbi Pin’has Abitan a raconté à notre maître, le gaon et tsaddik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, qu’un jour il allait à l’aéroport en taxi avec à la main une valise qui contenait beaucoup d’argent ainsi que des documents importants qui lui étaient indispensables. En arrivant à l’aéroport, il ne trouva plus sa valise, et il était très ennuyé. Il retourna immédiatement vers sa maison dans le même taxi, dans l’espoir de la trouver en chemin. Durant le trajet, il formula la prière que par le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto il retrouve sa valise. Quand il arriva à l’endroit où la valise était posée, il vit plusieurs non-juifs qui se tenaient auprès d’elle. Quand ils le virent, ils s’adressèrent à lui en disant : « Nous vous avons gardé votre valise, prenez-la et partez… »
|
Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan |