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paracha de la semaine

Tsav - Chabat Ha-Gadol

23 Mars 2013

12 Nissan 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

18:48

19:55

Lyon

18:37

19:42

Marseille

18:34

19:37

ARCHIVES DE L'ANN2E 2002 A 2012 ARCHIVES

L’humilité et l’effacement devant les grands de la Torah

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Moché fit approcher Aharon et ses fils et les lava avec de l’eau » (Vayikra 8, 6)

En observant les versets, on constate que le Saint, béni soit-Il a ordonné à Moché de rassembler toute la communauté des bnei Israël à l’entrée de la tente d’assignation, pour que tous puissent voir comment il lavait les cohanim, puis leur faisait revêtir les vêtements de la prêtrise. Rachi explique que cette réunion du peuple d’Israël à l’entrée de la tente d’assignation est l’un des endroits où le contenu était plus grand que le contenant, ce qui nous enseigne la grande élévation spirituelle de ce rassemblement.

Mais il faut se demander pourquoi Moché a dû laver les cohanim et les vêtir, est-ce qu’Aharon et ses fils ne pouvaient pas le faire eux-mêmes ? Et plus encore, pourquoi fallait-il que ce soit aux yeux de tout Israël ?

On peut dire qu’on apprend de là l’extrême importance que la Torah accorde au vêtement, car le vêtement extérieur enseigne ce qu’est le vêtement intérieur de l’homme. Ce verset vient donner une leçon à l’homme, en lui disant que de même qu’il faut vêtir le corps, il faut aussi faire un vêtement spirituel à l’âme. De plus, de même que le prix du vêtement témoigne de sa beauté, la gloire du vêtement spirituel dépend de la beauté et de la perfection des mitsvot et des bonnes actions accomplis par l’homme.

Nous avons déjà dit que le vêtement est un enseignement sur le vêtement spirituel, comme le dit le prophète Zekharia (3, 3) : « Yéhochoua portait des vêtements souillés et se tenait devant l’ange. » Les Sages ont expliqué (Sanhédrin 93a) que ces vêtements souillés sont ses fils qui ont épousé des femmes interdites aux cohanim. Et lorsque les bnei Israël étaient en Egypte, il est dit d’eux (Yé’hezkel 16, 7) : « Tu étais nue et dénudée », ce qui nous enseigne qu’ils étaient dépouillés de Torah et de mitsvot, sans aucun vêtement spirituel, c’est-à-dire qu’il leur manquait la sainteté et la pureté.

Et comme les vêtements symbolisent la spiritualité et l’intériorité de l’homme, Moché, le Rav d’Israël, est celui qui a revêtu Aharon et ses fils. C’est une allusion au fait que de même qu’Aharon et ses fils se sont faits petits devant Moché, qui a lavé leur corps avec l’eau qui fait allusion à la Torah, de même tout homme qui cherche à mériter un vêtement spirituel doit s’incliner devant ses maîtres, qui symbolisent l’avis de la Torah. En allant chez son Rav, l’élève se purifie et nettoie son corps dans les eaux de la Torah, et ainsi il méritera un vêtement spirituel. Par conséquent, le moyen d’acquérir un vêtement spirituel est de s’effacer devant ses maîtres et devant l’avis de la Torah. De même, la sainteté et la pureté s’acquièrent par l’étude et l’accomplissement de la Torah, qui est comparée à l’eau vive.

On voit mieux d’en haut

Au début du livre de Vayikra (Vayikra 1, 1), il est écrit « Il appela Moché », et le aleph du mot Vayikra (Il appela) est petit. Comme on le sait, la lettre aleph fait allusion au Dirigeant (aloupho) du monde. Et de là, on apprend que Moché se sentait lui-même tellement insignifiant par rapport au Dirigeant du monde qu’il se sentait mal à l’aise que le Saint, béni soit-Il l’appelle en lui manifestant de l’affection. Il ne voyait là qu’un « hasard » (ce qui se serait écrit « vayiker » au lieu de « vayikra »), car lui-même ne s’en sentait pas du tout digne.

J’ai vu quelque chose du même genre dans l’un des livres du Admor d’Alexander, qui dit que plus l’homme s’abaisse et se sent petit, plus il mérite de voir la grandeur de Hachem et la puissance de Sa présence. A l’inverse, plus l’homme se considère lui-même comme grand et élevé, plus la gloire de Hachem et Sa Présence lui paraissent petits. La raison en est que seule sa gloire personnelle le remplit, au point qu’il ne lui reste plus de place pour reconnaître la grandeur du Créateur. Cela signifie que pour mériter un vêtement spirituel, la Torah et la crainte du Ciel, l’homme doit se rabaisser devant le Maître du monde, ainsi que devant les rabbanim et les grands de la génération qui représentent l’avis de la Torah.

La Torah continue en disant (Vayikra 1, 2) : « Un homme d’entre vous qui offre un sacrifice à Hachem, des bêtes, du gros et du petit bétail vous offrirez votre sacrifice. » Cela signifie que l’essentiel du sacrifice doit venir de vous, que l’homme s’offre lui-même en sacrifice à Hachem et donne tout ce qu’il possède pour Lui. Des bêtes (behema) : qu’il offre ses désirs bestiaux, ses volontés et ses aspirations sur l’autel de la Torah.

Du gros bétail (bakar) : cela nous enseigne que dès que l’homme se lève le matin (boker), il doit sacrifier tout son être devant son Créateur, ne pas s’occuper de ses affaires personnelles en premier, mais commencer par aller à la synagogue et se tenir en prière en face du Créateur, et ensuite seulement se libérer pour ses besoins personnels. C’est ce qu’a dit le Ba’al Chem Tov : parfois, on étudie la Torah et on pratique les mitsvot, tout en manquant malgré tout de crainte du Ciel et sans ressentir d’élévation dans son service de Hachem. Il fait dépendre cela du fait qu’en se levant le matin, on place ses besoins et ses désirs personnels avant la volonté de D. Quand on entame la journée par des considérations matérialistes, on n’a pas la force de revêtir un vêtement spirituel, qui est la crainte du Ciel intérieure.

Dans le même ordre d’idées, le roi David a dit dans les Psaumes (73, 28) : « Et moi, la proximité de D. (kirvat Hachem) m’est bonne ». Le tsaddik Rav Messod Zohar zatsal (que j’ai connu lorsque j’étais à la yéchiva de Fublaines à l’âge de douze ans) expliquait là-dessus que le roi David ne demande rien à Hachem, ni honneurs ni grandeur ni royauté, mais uniquement Sa proximité. C’est cela l’aspiration de sa vie, c’est ce à quoi son âme aspire. Et comment mérite-t-on d’acquérir la proximité de Hachem et de revêtir un vêtement spirituel ? En sacrifiant son être même, ses volontés et ses désirs devant Hachem. Celui qui réfléchit verra que le mot « kirvat » fait allusion au mot « korban » (sacrifice), pour nous enseigner que la proximité de Hachem s’acquiert par un sacrifice, c’est-à-dire en se sacrifiant soi-même.

Il s’ensuit que nous devons tirer la leçon des cohanim : de même qu’ils s’étaient faits petits devant Moché, l’envoyé de Hachem, et ont mérité un vêtement spirituel, nous aussi, pour mériter un vêtement spirituel, nous devons nous abaisser devant D., en nous sacrifiant nous-mêmes devant Lui.

Sujet d’actualité

Le discours de Chabbat Hagadol de Rabbi Yossef Dov Halévy Soloveitchik

La communauté de Sloutzk, qui était l’une des plus importantes de la ville de Minsk, se distinguait à cette époque par la présence d’érudits et d’habitants empreints de la crainte divine, qui accomplissaient rigoureusement les mitsvot, de la plus légère à la plus sévère. Mais il y avait malgré tout quelques personnes riches « évoluées » de la communauté qui offraient leurs enfants en « holocauste » sur l’autel de la Haskala, en tournant le dos à la yéchiva pour inscrire leurs enfants au lycée municipal, qui, au moment de sa création, promettait encore des faveurs et dispensait les élèves des cours le jour du Chabbat. Cependant, quand les élèves juifs se sont faits plus nombreux, ils ont été contraints de participer à tous les cours du Chabbat sauf à celui d’écriture, et quelques années plus tard même cette faveur a fini par disparaître.

Dès sa première visite à Sloutzk, le « Beit Halévy » a appris que certains membres importants de la communauté envoyaient leurs enfants au lycée, mais il n’a pas imaginé qu’ils profanaient le Chabbat. Ses doutes s’amplifiant, il a éclairci la question et a été choqué de découvrir la triste réalité. Cette nouvelle l’a profondément affecté, mais il a préféré ne pas réagir avant d’être installé dans la ville. Roch ‘Hodech Nissan 5625, le nouveau Rav est arrivé à Sloutzk, où on lui a réservé un accueil impressionnant. Dès ses premiers jours de fonction, il est intervenu auprès de nombreux parents, mais sans réussir à les faire changer de chemin. Il a donc décidé de consacrer le « discours du prochain Chabbat Hagadol » à ce sujet.

Voici comment le Rav ‘Haïm Karlinsk a décrit l’atmosphère qui a précédé ce discours historique : « C’était l’après-midi de Chabbat Hagadol. La grande synagogue était remplie d’un bout à l’autre. J’étais un des premiers arrivés et je me tenais debout près du Aron. Puis j’ai vu un homme grand de taille, enveloppé dans son talit, avec une petite barbe mais de très longues peot, aux grands yeux noirs pétillants. Il portait un long vêtement de soie. Il est monté sur le saint Aron, a embrassé avec amour le Parokhet (rideau), s’est tourné vers la foule qui l’observait bouche bée avec vénération, puis une voix triste et fascinante s’est faite entendre… »

Il a commencé son discours par les paroles de la michna « Une veuve se nourrit des biens des orphelins », c’est-à-dire des biens de son mari qu’il a légués à ses héritiers. Voici la halakha telle qu’elle a été fixée par le Rambam et le Tour. Mais il est précisé sur cette michna que si la femme s’est détournée de son mari pour en épouser un autre, elle n’y aura plus droit.

Voici à quoi cela fait allusion : la veuve représente le peuple d’Israël qui a été exilé de sa terre. Tant que le souvenir de D. reste présent dans son cœur, cette veuve, (c’est-à-dire nous), peut profiter de Ses richesses. Mais puisqu’elle a retiré les saints habits qu’elle portait au mont Sinaï et a commencé à s’intéresser à des sciences étrangères que nos maîtres ne lui ont pas enseignées, la veuve a perdu tous ses droits ! Puis le Beit Halévy a poursuivi en s’écriant : « Ah, chers frères, nos Sages ont expliqué que les bnei Israël ont été sauvés d’Egypte parce qu’ils n’ont pas changé leurs noms, leur langue et leurs vêtements, et parce qu’ils respectaient le Chabbat, que Moché avait institué alors qu’ils étaient encore en Egypte. Mais si au lieu d’éduquer nos enfants ‘‘près des huttes des bergers’’, nous les envoyons dans les ‘‘écoles’’ et les lycées où ils troquent leurs noms, leur langue et leurs vêtements contre des noms non-juifs, une langue étrangère et des habits de gala avec des boutons brillants, comme les nations du monde, et profanent le Chabbat de surcroît, nous sommes semblables à cette veuve qui a commencé à se parer pour s’intéresser aux autres ! Dans ce cas, comment pourrions-nous ouvrir la bouche pour demander à notre Maître, notre Roi, de nous envoyer la subsistance et de nous délivrer de la servitude ? » Puis il a éclaté en sanglots, rejoint par de nombreux membres de l’auditoire, en particulier des femmes. Quelques-unes d’entre elles ont même déclaré à haute voix que désormais, leurs enfants cesseraient d’aller au lycée public. Suite à ce bouleversant discours de Chabbat Hagadol, près de la moitié des élèves juifs ont cessé de fréquenter le lycée tant qu’ils n’étaient pas dispensés des cours le Chabbat et les jours de fête.

Apparemment, ce discours a eu un grand écho, puisque déjà à ‘Hol Hamo’ed, le Rav s’est vu convoquer chez le gouverneur pour faute de « rébellion ». Le gouverneur lui a demandé de prendre à nouveau la parole le Chabbat suivant pour annuler le « discours de Chabbat Hagadol ». Autrement, il se verrait obligé de le faire arrêter et de l’envoyer enchaîné à la capitale. Le gouverneur a précisé que selon la loi, il aurait dû l’arrêter immédiatement, mais qu’étant donné son statut de nouveau Rav, il avait agi avec indulgence.

Mais le Rav ne s’est pas laissé déstabiliser. Avec sagesse et intelligence, il a expliqué au gouverneur qu’il n’avait pas interdit d’aller au lycée, mais seulement de s’y trouver pendant Chabbat. Il lui a expliqué avec une grande clarté : « Vous savez certainement que ceux qui se rebellent contre notre empereur et cherchent à le destituer ne croient pas non plus en D., Qui est le Roi de tous les rois. Seul celui qui croit en Hachem et a foi en la religion de ses pères a également confiance en notre roi et en ses lois. » A la fin, le gouverneur s’est tourné vers son adjoint et lui a dit : « Je ne suis pas convaincu par la véracité de ses paroles. Mais il s’est défendu comme un avocat diplômé et expérimenté, et je n’ai plus l’intention de l’accuser ni de le faire comparaître en justice. »

A l’issue des vacances de Pessa’h, de nombreux élèves ayant annoncé ne pas poursuivre leurs études au lycée sans être libérés des cours le Chabbat et les jours de fête, le directeur, sur l’ordre du gouverneur, a répondu favorablement à leur requête.

Avec un peu de recul, il s’est avéré que le « discours de Chabbat Hagadol » avait certes atteint son objectif, mais que sur le moment beaucoup avaient été « déçus ». Certains savants éminents s’attendaient à entendre un beau raisonnement dialectique (pilpoul) de celui qui avait la réputation d’être un homme vif et perspicace, à la compréhension profonde… ils ne s’attendaient pas à un discours de sensibilisation digne d’un prédicateur.

Lorsque le Beit Halévy eut fini de secouer et de réveiller l’assemblée, ils s’attendaient à un raisonnement construit sur une question épineuse du Rambam, par exemple, au lieu de quoi il s’est lancé dans un discours sur la charité et la bonté…

Puis il a regardé autour de lui favorablement et avec un sourire paternel, avant de dire incidemment : « Savants éminents et hommes honorables de la ville de Sloutzk, je vois sur nombre de vos visages une expression de déception et d’étonnement, et je vous comprends. Jamais un Rav n’a évoqué dans son discours de Chabbat Hagadol uniquement des sujets relatifs à la charité, sans donner une nouvelle explication ou une halakha concernant les mitsvot de la fête. Alors prêtez attention, car je conclurai mon discours par un magnifique commentaire sur le sujet actuel afin d’accomplir le principe ‘‘On étudie les halakhot de Pessa’h avant Pessa’h.’’ »

Puis il a expliqué en profondeur et s’est lancé dans un raisonnement complexe (pilpoul) à partir duquel il a pu conclure que « tout comme il existe une loi de bedikat ‘hametz (vérification qu’il n’y a plus de ‘hametz), il y a une obligation de bedikat matsa, c’est-à-dire s’assurer que tous les juifs de la ville aient des matsot pour célébrer le séder… »

Garde ta langue

Il pense être quelqu’un de sage et d’accompli

Quiconque raconte des médisances transgresse l’interdit « Garde-toi de peur que tu oublies Hachem ton D. » C’est une mise en garde contre l’orgueil, car quiconque se moque de son prochain pense forcément qu’il est lui-même sage et accompli. A fortiori si, par ses paroles, il se rehausse en dégradant son prochain.

A la lumière de la parachah

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La joie d’un ben Israël

Un de mes fils a suggéré deux raisons pour lesquelles Hachem a ordonné d’offrir des sacrifices :

Tout d’abord, pour que les cohanim puissent se nourrir de la viande de ces bêtes, et deuxièmement, parce que les animaux coûtent cher et que personne ne s’empresse de commettre un acte qui le mènerait à une dépense. Ainsi avant de fauter, chacun réalisera que cette transgression le contraindrait à offrir un sacrifice qui lui coûtera de l’argent, et cette considération l’éloignera de la faute.

Pour ma part, je trouve que ces deux arguments sont contradictoires : en effet si les bnei Israël songent à s’éloigner de la transgression, ils n’apporteront plus de sacrifices. Et dans ce cas, de quoi les cohanim se nourriront-ils ? On pourrait répondre : « des offrandes volontaires et des sacrifices de reconnaissance », mais cette réponse n’est pas satisfaisante puisqu’on n’apporte pas ce type de sacrifice quotidiennement ! On les offre uniquement après avoir été sauvé d’un malheur.

En réalité, chaque personne qui se détournera de la faute se sentira heureuse et sereine de pouvoir mener une vie de sainteté éloignée de toute transgression. Elle remerciera alors D. chaque jour pour cela, et Lui offrira des sacrifices volontaires et de reconnaissance. C’est de ces offrandes que les cohanim se nourriront.

Ainsi, le roi David a dit (Psaumes 100, 1-4) : « Psaume pour sacrifice de reconnaissance. Acclamez (hari’ou) Hachem, toute la terre ! Adorez Hachem avec joie, présentez-vous devant Lui avec des chants d’allégresse… Entrez dans Ses portes avec des actions de grâce, dans Ses parvis avec des louanges. »

Mais quel est le lien entre servir Hachem avec joie et le sacrifice de reconnaissance ?

« Hari’ou (Acclamez) » peut s’apparenter au mot « ra’ (mauvais) » : lorsque la matérialité devient mauvaise aux yeux d’un homme et qu’il s’en détache, il atteint immédiatement la joie. Il se rend alors au Temple pour offrir un sacrifice de reconnaissance et de remerciement à D. qui lui a permis de s’éloigner de la faute et de Le servir dans la joie.

A la source

« On mangera des matsot en un lieu saint » (6, 9)

Rabbi ‘Haïm Meïr de Vijnitz a expliqué :

Les matsot de Pessa’h doivent être mangées dans un lieu saint, c’est-à-dire dans une bouche sainte. Il faut les consommer dans une bouche propre de paroles vaines et interdites, dans une bouche qui n’est pas avide d’une nourriture de désir…

 « Si c’est par remerciement qu’il l’offre » (7, 12)

Il faut apporter un sacrifice si on a bénéficié d’un miracle, comme un voyageur qui a traversé sans dommage une mer ou un désert, comme la libération de détenus en captivité ou encore en cas de guérison, situations pour lesquelles il est écrit qu’il faut remercier : « Qu’ils rendent des grâces à Hachem pour Sa bonté, pour Ses miracles en faveur des hommes, qu’ils immolent des sacrifices de remerciement ! » (Téhilim 107).

Chacun de nous devrait ancrer en lui les paroles instructives de Rabbeinou Yitz’hak Abouhab rapportées dans le livre « Menorat Hamaor » :

« Dans les quatre cas mentionnés ci-dessus, il est obligatoire de remercier D. en public, comme le texte le demande.

Mais nous devons constamment Lui être reconnaissants en privé pour les bontés qu’Il nous accorde à chaque instant, et prendre conscience qu’Il nous protège de tous les malheurs susceptibles de survenir dans le monde. Il faut également implorer Sa miséricorde pour l’avenir, car ce n’est ni par notre force ni par l’épée que nous serons sauvés. Or toute la protection vient de Lui, et s’Il ne protège pas une ville, le gardien aura monté la garde en vain.

Nous devons donc placer notre confiance uniquement dans le Maître du monde Qui a tous les pouvoirs et L’implorer, car tout dépend de Lui et de Ses ordres. »

 « Voici le cérémonial que Hachem a ordonné d’accomplir » (8, 5)

Rabbi ‘Hanokh Tsvi de Bendin a fait remarquer que le verset ne mentionne pas l’ordre de Hachem. Quel est-il ?

Sa réponse est qu’il est indiqué dans le verset précédent, « Assemble aussi toute la communauté à l’entrée de la Tente d’assignation », sur lequel Rachi explique : « C’est l’un des endroits où un espace réduit a accueilli un grand nombre. »

Pour quelle raison ce miracle a-t-il eu lieu ? Hachem ne réalise pas de miracles en vain !

C’est pour enseigner que tant que les bnei Israël vivent dans l’union et l’amour, même un espace réduit peut accueillir un grand nombre. En effet, chacun s’annule devant son prochain et n’occupe donc plus de place.

Tel est le sens de la phrase de Moché « Voici le cérémonial que Hachem a ordonné d’accomplir » : rester toujours unis et aimer son prochain…

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbenou ‘Haïm ben ‘Attar

« Il y arrangera l’holocauste, y fera fumer les graisses du rémunératoire (chlamim) » (6, 2)

Nos Sages expliquent (Baba Kama 83b) « Tout va selon celui qui humilie et celui qui est humilié », car on ne peut pas comparer un homme honorable qui en humilie un autre à un homme simple qui humilie un homme important. Inutile de citer l’exemple d’un serviteur qui méprise son maître. « Il y arrangera l’holocauste » désigne le peuple juif dans son ensemble ; « Il y fera fumer » signifie qu’Il élèvera les tsaddikim, l’élite d’Israël, « les hommes entiers (chlémim) » qui font monter une odeur d’encens, comme il est dit (Béréchit 27, 27) : « Voyez, le parfum de mon fils est comme le parfum d’une terre favorisée. »

Sachons que quiconque commet une transgression dégage une mauvaise odeur. On raconte en effet que le prophète Elie a vu un impie et s’est éloigné de lui car l’odeur qui en émanait était pire que celle se dégageant d’un cadavre. A l’inverse, un tsaddik fait monter une odeur semblable à celle d’un jardin. C’est pourquoi le verset a mentionné ce souvenir agréable en employant un langage d’encens, et cela signifie qu’Il jugera dans le moindre détail ceux qui ont fait du mal à ceux qui dégagent une odeur agréable.

Les cèdres du liban

Le Gaon Rabbi Chalom Messas

Telle une pierre brillante sertie parmi des joyaux et qui éclaire tous les alentours d’une belle lumière, se détache la figure lumineuse et magnifique du « Rav de Jérusalem » zatsoukal. Outre ses dons extraordinaires dans la Torah et l’enseignement, il était connu pour son immense intelligence et son esprit d’une grande clarté et d’une grande pureté. Mais la plus grande de ses qualités supérieures était sa modestie. De sa maison et de son bureau irradiait une lumière qui a illuminé la ville sainte comme une torche multicolore pendant vingt-cinq ans.

Pendant vingt-cinq ans, Rabbi Chalom a régné sur Jérusalem et porté sur ses épaules la charge de la ville sainte. Pendant tout le temps de sa rabbanout à Jérusalem, sa maison a été un phare pour les habitants de Sion. Il tranchait de nombreuses questions. Ses belles qualités et ses actions magnifiques pour la communauté et pour chaque individu lui attiraient comme par une baguette magique l’amour de tous les habitants du pays, et son nom était dans la bouche de tous.

Pendant les années de sa fonction, Rabbi Chalom imprima le sceau de sa personnalité enthousiaste sur la ville sainte, par sa modestie, sa pudeur et sa façon de vivre, qui était remarquable par la simplicité et la droiture. Rabbi Chalom fut un symbole et un exemple pour son troupeau. Il était installé à Jérusalem, mais sa réputation le précédait dans toute la diaspora.

Descends vers le peuple

Citons un fait qui peut nous concrétiser sa stature, comme l’a raconté notre maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, dans son oraison funèbre :

A Pessa’h il y a quelques années, j’étais avec toute ma famille au Maroc, chez Rabbi Yéchoua Dahan. Un jour de ‘Hol haMoed, je reçus un coup de téléphone de France, du grand Rav ami de la famille Pinto Rabbi Chalom Messas, Roch Av Beit Din de Jérusalem, qui voulait me parler d’urgence.

J’ai pris le téléphone et j’ai commencé à le saluer. Le Rav m’a dit qu’il voudrait une bénédiction pour sa femme qui était malade. On lui avait découvert une maladie grave, et le lendemain elle devait subir une opération. Je lui ai immédiatement exprimé ma grande surprise : Je suis un homme petit, alors que vous êtes un grand Rav, qui suis-je pour vous donner à vous une bénédiction ?

Mais il m’a répondu : « C’est vrai, je suis ce que je suis, mais vous avez le grand mérite de vos ancêtres. Nous savons tous qui était Rabbi ‘Haïm Pinto. C’est pourquoi je voudrais que vous éveilliez la miséricorde du Ciel en faveur de ma femme. Nous croyons dans le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto, dans le mérite de vos saints ancêtres, c’est pourquoi, éveillez le mérite de vos ancêtres et priez pour la guérison totale de ma femme. »

Je lui ai répondu simplement : « Comme le Rav est plus grand et plus âgé que moi, et que malgré tout il s’est abaissé devant moi, c’est un signe qu’il est véritablement beaucoup plus grand que moi. C’est pourquoi, par le mérite du fait que le Rav s’adresse aux petits, Hachem donnera rapidement la guérison à son épouse. Je me souviens, ai-je ajouté, de ce que Hachem a dit à Moché : « descends vers le peuple », c’est une descente nécessaire à la montée. De même, le Rav descend de sa grandeur et demande des choses à des gens plus petits que lui. Par ce mérite, que Hachem vous aide. »

Plus tard, Rabbi Yéchoua m’a raconté qu’il savait effectivement que la femme du Rav Messas était malade. Mais un grand miracle était arrivé. Le lendemain de ce jour, on l’avait effectivement opérée, et à leur grande surprise on n’avait rien trouvé, ceci après que tous les examens avaient prouvé clairement qu’elle avait une maladie grave. Alors tout le monde a compris que sa guérison était venue par le mérite du tsadik Rabbi ‘Haïm Pinto.

Sa vie

Le Rav Chalom Messas est né du gaon Rabbi Maïmon zatsal, auteur de « Otsrot Chamaïm », à Meknès le 22 Chevat 5668.

Dans sa jeunesse, il a étudié la Torah et servi les Sages d’Israël de cette génération. Etant encore jeune, il était connu comme très érudit dans le Talmud et la halakha, et en peu de temps il a été considéré comme l’un des grands décisionnaires. Son maître essentiel dans le Talmud et les décisions halakhiques fut le grand gaon Rabbi Yitz'hak Assabag zatsoukal, que le Rav évoquait en toutes occasions, avec crainte et amour.

Au Maroc, il fonda la société « Dovev Siftei Yéchénim », qui se consacrait à la publication de manuscrits de grands du judaïsme marocain, à cause de l’immense douleur qu’il éprouvait en voyant les manuscrits de grands rabbanim abandonnés sans que personne s’en occupe.

En 5704, après avoir vaincu le typhus, il prit sur lui, comme Rabbi Chimon bar Yo’haï quand il sortit du souterrain, de prendre des mesures importantes pour le bien de la communauté. C’est ainsi qu’il fonda, avec beaucoup de dévouement, avec ses maîtres et ses amis, la yéchivah « Kéter Torah », dont il était l’esprit vivant, matériellement et spirituellement, à Meknès. Elle prépara des rabbanim et des talmidei ‘hakhamim.

A Meknès, il dirigea l’école « Talmud Torah », où étudièrent plus de deux mille élèves. Le Rav, qui était connu pour la douceur de ses manières, était aimé et respecté par ses élèves et par les dirigeants de la communauté.

En 5707, il fut examiné selon les lois de l’état marocain par le Rav Chaoul Ibn Danan, le Grand Rabbin du Maroc, et le Av Beit Din pour les tribunaux d’appel, auteur du livre « Hagam Chaoul », pour devenir dayan de Casablanca.

En 5720, à l’âge de 52 ans, il devint Grand Rabbin et Roch Av Beit Din de Casablanca, et ensuite de tout le Maroc.

En 5734, son cousin le Gaon et tsaddik Rabbi Yossef Messas zatsoukal, qui était Grand Rabbin de ‘Haïfa, mourut. Plus tard, on proposa au Rav Chalom Messas de devenir Grand Rabbi de ‘Haïfa. Cette proposition fut repoussée, entre autres à la suite des pressions du Admor Rabbi Mena’hem Mendel Scheersohn zatsoukal. Mais à la suite de cela commencèrent des négociations pour l’amener en Erets Israël.

En 5738, il arriva à Jérusalem pour y être Grand Rabbin. Le Gaon Rav Ovadia Yossef chelita participa activement à le faire venir du Maroc à Jérusalem, profondément conscient de sa grandeur et de sa capacité d’unir toutes les communautés si diverses de Jérusalem. La condition essentielle que mit le Rav Messas était que sa nomination n’entraîne aucun conflit.

Le « Chabat HaGadol », en Nissan 5763, ayant atteint un âge très avancé mais conservé une lucidité totale, le Rav Chalom Messas mourut chez lui, à 95 ans. Que son souvenir soit béni.

 

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