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paracha de la semaine

Chabbat Hol HaMoêd Pessah

30 Mars 2013

19 Nissan 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

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FIN

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20:07

Lyon

18:47

19:52

Marseille

18:43

19:46

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(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

La fête de Pessa’h est aussi appelée « fête des matsot », mot qui s’apparente à « mitsvot ». Les bnei Israël sont sortis d’Egypte lors de cette fête afin de recevoir les mitsvot. De même que les matsot sont fines, nous aimons les mitsvot et voulons sentir qu’elles ne sont pas dures. En effet, comme nous le savons, Hachem ne donne aux bnei Israël que des mitsvot qu’ils sont capables de respecter. Même si parfois elles nous semblent trop difficiles, elles sont en fait à notre portée. C’est pourquoi la « fête des matsot » porte également le nom des mitsvot.

Mais elle s’appelle aussi « fête de Pessa’h », de la racine « passa’h » qui signifie sauter, enjamber, passer. En d’autres termes, il faut que chacun saute, oublie le passé et entame une nouvelle page. Tout comme Hachem a enjambé les maisons du peuple d’Israël, nous aussi allons passer sur toutes nos mauvaises actions passées pour nous concentrer sur l’accomplissement des mitsvot à venir.

J’aimerais ajouter quelque chose. De nos jours, la fête de Pessa’h est une fête particulière. Tous s’y préparent, les riches comme les pauvres. Je pense que pendant cette fête, l’âme juive se réveille en chacun d’entre nous. En effet c’est une fête remplie de mitsvot : s’accouder, boire les quatre coupes de vin, manger des matsot, du maror etc. Tout le but de la sortie d’Egypte était de se préparer au don de la Torah, comme Hachem l’a dit à Moché (Chemot 3, 12) : « Quand tu auras fait sortir ce peuple de l'Egypte, vous adorerez D. sur cette montagne même », sans quoi Il n’aurait pas fait sortir les bnei Israël d’Egypte. S’il en est ainsi, tous les miracles qu’Il a réalisés avaient pour but de préparer les bnei Israël à recevoir les mitsvot.

De nos jours, nous ressentons la fête de Pessa’h à travers le nettoyage (il n’existe effectivement aucune maison que l’on ne nettoie pas à cette occasion). Même ceux qui ne restent pas chez eux pour la fête lavent leur maison, car il y a un éveil au nettoyage. Nos Sages ont donc dit que Pessa’h est la fête où l’on se lave de ses fautes, où l’on se détache des transgressions pour atteindre les mitsvot, de la même façon que les bnei Israël ont dû se détacher de l’idolâtrie pour prendre l’agneau à sacrifier pour la mitsva.

Une protection forte et particulière

Or, pour ressentir réellement ce qu’est la fête de Pessa’h, il faut être juif, car seul un juif perçoit la sainteté de Pessa’h. C’est là-dessus qu’il est dit « C’est Pessa’h en l’honneur de Hachem », c’est la fête de D. Il a enjambé (passa’h) les maisons des bnei Israël pendant la mort des premiers-nés et a tué seulement les aînés des Egyptiens : c’est ce que nous devons ressentir pendant la fête.

La « fête de Pessa’h » et la « fête des matsot » sont liées l’une à l’autre : il faut à la fois passer (lifsoa’h) sur les ‘aveirot, et accomplir des mitsvot, en même temps Pessa’h et matsa. Ainsi, nous devons nous préparer et ‘‘sauter’’ sur nos mauvaises actions passées, tout en accomplissant de bonnes actions. Telle est aussi la signification du ménage de Pessa’h : se laver et enjamber les mauvaises choses pour ne plus revêtir que des habits propres.

De plus, le nom de Pessa’h désigne aussi le sacrifice de Pessa’h. Or comme il est expliqué dans la Guemara (Traité Pessa’him 5a), quiconque offre ce sacrifice alors qu’il possède encore du ‘hamets est passible de retranchement. C’est pourquoi il faut ‘‘sauter’’ sur le ‘hamets, comparable aux fautes, et se rapprocher des mitsvot.

Nous pouvons ajouter qu’en Israël, le sentiment de peur est très faible, même dans des périodes critiques. Certes, les juifs ne savent pas ce que les terroristes préparent, et les nations du monde cherchent à se venger des bnei Israël précisément pendant les saints jours de fête. Et pourtant, nous constatons que les juifs en Israël n’ont pas peur ! Comment est-ce possible ? Quelle en est la raison ? C’est parce que Pessa’h est la fête de D. et Il nomme le premier soir « la nuit de garde », pendant laquelle Il protège le peuple d’Israël.

Ainsi, seul celui qui se trouve en cette terre sainte peut sentir la protection particulière de D. Pour percevoir cette présence et y croire, il faut être sur place. Cependant certains craignent de passer la fête de Pessa’h en Israël, mais si nous plaçons notre confiance en Hachem, il n’y a rien à craindre, car Hachem protège Son peuple de tout malheur. Telle est la nuit de garde pour Hachem.

La fête de Pessa’h est si élevée qu’elle influence positivement tout un chacun, même quelqu’un qui est éloigné de la Torah et des mitsvot. En effet, nous respirons un air de sainteté qui provient du Gan Eden, un air de liberté, de protection, de repentir, de mitsvot, que même les plus éloignés sentent sans le vouloir.

Cela ressemble à un homme enrhumé qui ne peut pas sentir et respirer correctement, mais qui pourra sentir une bonne et forte odeur qui se présente à lui. De même, pendant l’année nous ne respirons pas un air de sainteté. Mais à Pessa’h, fête des matsot, fête des mitsvot, fête où l’on enjambe ses fautes, pendant la « nuit de garde », l’atmosphère de spiritualité est si forte que même les gens éloignés la ressentent et accomplissent Pessa’h selon ce qu’ils connaissent.

LES BELLES ACTIONS

Les « miettes » de la table de la fête des grands d’Israël

Selon les explications données par le Ari sur l’ordre du plateau du séder, Rabbi Chimchon Pinkus pense que les matsot doivent être placées dans le même plateau que le karpass (céleri) et le maror (herbes amères) etc., et qu’elles doivent également être devant tous les éléments du séder. Mais est-il possible de se procurer un si grand plateau ? Une année, le jour de la bedikat ‘hamets, Rav Pinkus a traversé le marché arabe de Beershéva et y a remarqué un grand plat ancien en cuivre dans lequel on pouvait poser les matsot, et à côté, au même niveau, tous les autres éléments du séder. Le marchand avait un deuxième plateau semblable. Le Rav en a été très réjoui : « J’en achèterai un aussi pour mon cher ami Avraham Deutsch ! » a-t-il dit. Il est rentré chez lui avec les deux plats, et les membres de sa maison ont passé un long moment à les nettoyer et à les astiquer avant de les cachériser à l’eau bouillante.

A la fin, le Rav a observé les deux plateaux avec les membres de sa maison et a demandé : « Lequel est le plus beau et le plus brillant ? » Tous ont désigné sans hésiter le plus beau des deux, et le Rav a donc dit : « Donnez celui-là à Rabbi Avraham. » Il a saisi cette occasion pour enseigner à ses enfants les paroles du Rambam énoncées à la fin des lois relatives aux interdictions des autels, et sur lesquelles il a basé son cadeau : « Quiconque veut se purifier devra soumettre son mauvais penchant, se montrer généreux et offrir en sacrifice le meilleur animal qui soit. En effet, la Torah dit : « Hevel aussi a apporté… » Il en est de même pour toute chose qui est en l’honneur de D. : elle doit être de qualité. Quiconque construit une synagogue devra la faire plus belle que sa propre demeure. Quiconque nourrit un affamé devra lui donner le meilleur de ce qu’il possède. Quiconque habille un homme nu lui donnera le plus beau de ses vêtements. Quiconque consacre quelque chose pour D. consacrera le meilleur de ses biens, comme il est dit « Toute graisse est pour D. »

Cette année-là, c’était cela les premiers préparatifs pour le soir du séder…

Qu’est ce qui est le plus précieux ?

Le gaon Rabbi Bentsion Aba Chaoul a raconté qu’une fois, il devait s’entretenir avec un homme qui venait de faire techouva, et qui était angoissé par le grand nombre de mitsvot qui incombent à un juif. Le Rav lui a expliqué qu’une mitsva doit être accomplie dans la joie.

Le Rav Bentsion Aba Chaoul a confié que lui-même, dans sa jeunesse, avait été plein d’appréhension face à la cuisson des matsot dans le moindre détail. Mais lorsqu’il avait vu que son père les cuisait avec moins d’exactitude que lui, mais tant de joie d’avoir pu accomplir cette mitsva, il avait appris à ne pas s’inquiéter, même si c’était pour embellir une mitsva, et à toujours tout accomplir dans la joie.

A ce sujet, Rabbi Chelomo Zalman Auerbach nous a décrit deux soirées du séder : la première chez un homme très pointilleux dans les mitsvot. Il cherche absolument à savoir si les matsot ont été cuites dans les meilleures conditions, et émet des doutes sur toutes sortes d’aliments. D’un autre côté, il a décrit le séder du Natsiv de Volojine, qui rayonnait de joie pendant cette soirée. Il comptait les mitsvot : kiddouch, les quatre coupes de vin, la matsa, le karpass, la haggada… il énumérait ainsi une quinzaine de mitsvot accomplies lors du séder de Pessa’h. Alors le Rav nous a demandé : « Qu’est ce qui est plus précieux pour D. ? », et nous avons répondu : « Le premier a agi par crainte, et le deuxième par amour. Or, comme nous le savons, l’amour a un niveau plus élevé que la crainte ! »

Comme un million de dollars

Rabbi Yossef Frankel de Lugano nous a fait part d’une histoire qui lui est arrivée : « En l’an 5715, je suis venu à Pessa’h chez le gaon Rabbi Yitz’hak Zéev Soloveitchik, et j’ai vu dans son bureau une grande boîte en bois, fermée à clef. J’ai demandé à un des fils du Rav ce que contenait cette boîte, car tout le monde savait qu’il s’y trouvait quelque chose de très précieux.

Le fils m’a répondu que le Rav y avait rangé ses matsot…

Je lui ai demandé en plaisantant : « Les voleurs n’ont-ils rien à voler ? Que des matsot ? Pourquoi une si grosse serrure ? »

Il m’a répondu que son père disait toujours : « Le verset dit ‘Vous garderez les matsot’, et c’est pourquoi il faut les garder de la meilleure façon possible… En effet, si quelqu’un possédait un million de dollars, il aurait rangé sa richesse dans un coffre-fort bien fermé. Il faut donc faire de même avec les matsot. »

Etre plus pointilleux envers la paix conjugale

Un jour, un des notables de Jérusalem a mérité de cuire une matsa avec le Rav de Brisk, et celle-ci lui était chère comme la prunelle de ses yeux.

Lors de son ménage de Pessa’h, sa femme a retiré la matsa de l’armoire pour nettoyer l’endroit. Entre-temps, leur petit enfant est entré, a vu une boîte, l’a ouverte et a pris la matsa. En voyant comment son fils s’amusait avec la boîte, ses yeux se sont assombris : qui sait si ses mains étaient propres ? Elle avait peur de le raconter à son mari et de lui causer ainsi un grand chagrin, c’est pourquoi elle a demandé à son beau-frère de lui procurer de simples matsot d’une autre compagnie, et en a mis une dans la boîte qu’elle avait bien nettoyée, sans rien dire à son mari.

La veille de Pessa’h, le mari a pris la matsa pour la poser sur la table du séder, mais il a tout de suite senti que ce n’était pas celle qu’il avait cuite avec le Rav, car il la connaissait déjà par cœur tant il la chérissait. Pour ne pas éveiller de tensions à la maison, il a fait comme s’il ne savait rien, car il avait compris que quelque chose s’était produit avec la première matsa. Il supposait donc que celles-ci étaient kcherot mais pas réalisées avec des précautions particulières, comme il l’aurait souhaité.

De son côté, la femme a été prise de remords comme si elle agissait avec ruse envers son mari. C’est pourquoi le soir du séder, elle s’est armée de courage et lui a tout raconté.

Alors il lui a répondu : « Je l’avais senti, et j’ai pensé qu’il valait mieux se montrer exigeant sur la colère et la paix conjugale qu’envers la qualité de la matsa. »

Cet avrekh avait un fils marié qui, lors de sa première année de mariage, est venu se lamenter chez son père en disant que sa femme venait d’une famille qui ne pratiquait pas beaucoup de ‘houmrot. Elle avait donc acheté pour Pessa’h un produit dont le hekhcher ne convenait pas du tout à son mari : qu’allait-il faire maintenant ? Il était dans tous ses états : comment est-il possible qu’on se comporte ainsi chez moi ?

Afin de l’apaiser, son père lui a fait part de l’histoire des matsot qui lui était arrivée et lui a décrit comment il s’était tu pour éviter de se mettre en colère.

GARDE TA LANGUE

Haine et vengeance

Celui qui médit transgresse parfois l’interdit « Tu ne haïras pas ton prochain dans ton cœur », s’il s’adresse à lui gentiment mais le critique en son absence, et à plus forte raison s’il avertit ceux qui l’écoutent de ne pas le lui répéter. Celui qui médit transgresse parfois l’interdit « Ne te venge pas et ne sois pas rancunier. » S’il raconte pour se venger de quelqu’un qui lui a fait du mal, il transgresse l’interdit « Ne te venge pas », et tant qu’il garde la chose en lui il transgresse l’interdit « Ne sois pas rancunier. »

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

La générosité de D. se manifeste pendant les fêtes

« Parle aux bnei Israël et tu leur diras les fêtes de Hachem que vous devez célébrer comme convocations saintes, ce sont Mes fêtes » (Vayikra 23, 2)

Les Sages ont dit (Talmud de Jérusalem Chabbat 15, 3) : « Les Chabbats et les jours de fête n’ont été donnés que pour qu’on puisse y étudier la Torah. Quand on étudie la Torah pendant les fêtes sans perdre son temps en promenades et en conversations futiles, on mérite immédiatement de jouir de sa lumière, ainsi que d’une âme supplémentaire. En effet, la Torah s’appelle une lampe, comme il est écrit (Michlei 6, 23) : « car la mitsva est une lampe et la Torah est la lumière ». L’âme de l’homme s’appelle aussi une lampe, comme il est écrit (Ibid. ) « L’âme de l’homme est la lampe de Hachem. »

Lorsque quelqu’un est plongé dans l’étude de la Torah et s’attache à ses paroles, il mérite qu’une âme nouvelle entre en lui, l’âme spéciale qui est créée par le mérite de la Torah des fêtes, et qui contient un peu de la sainteté de la fête. Quand quelqu’un étudie la Torah au moment où les autres se trouvent dehors, occupés à bavarder et à mépriser la fête en négligeant l’étude, c’est un signe qu’il le fait vraiment par amour du Ciel, parce que le Saint, béni soit-Il est plus proche pendant les fêtes que pendant un jour ordinaire.

Disons donc que l’âme supplémentaire des fêtes n’est pas la même que l’âme supplémentaire du Chabbat. L’âme supplémentaire du Chabbat pénètre en l’homme qu’il la mérite ou non, mais on ne mérite pas l’âme supplémentaire de la fête si on n’étudie pas la Torah. C’est pourquoi on ne respire pas d’herbes odoriférantes à la sortie de la fête, parce que tout le monde n’a pas à ce moment-là une âme supplémentaire, c’est uniquement l’apanage de ceux qui l’ont méritée en étudiant la Torah de façon désintéressée.

Et je dis que c’est la raison pour laquelle l’Ecriture a juxtaposé les passages sur la sortie d’Egypte et ceux qui portent sur les fêtes : cela signifie que le Saint, béni soit-Il n’a fait sortir les bnei Israël d’Egypte que pour qu’ils prennent sur eux la Torah et les mitsvot. Et comme ils étudieraient la Torah pendant les fêtes et les respecteraient, ils seraient dignes sans aucun doute que la Chekhina réside parmi eux. Mais s’ils perdaient leur temps plutôt que d’étudier la Torah, les fêtes ne seraient plus des « convocations saintes » mais des « convocations profanes », et ce ne serait plus les fêtes de Hachem mais des fêtes qui Lui sont en horreur.

C’est pourquoi la Torah a répété « ce sont Mes fêtes ». Quand est-ce que Je serai sanctifié parmi les bnei Israël ? Quand les fêtes seront Mes fêtes et non vos fêtes, c’est-à-dire des fêtes familiales, des réunions de famille pour manger, boire, prendre un plaisir personnel et évoquer d’une façon ou d’une autre la fête sainte qui est la fête de Hachem. C’est pourquoi la sortie d’Egypte et les fêtes sont juxtaposées, en rappel du fait qu’au moment de la sortie d’Egypte, la Chekhina reposait sur les bnei Israël parce qu’ils avaient pris sur eux, en sortant, d’accepter la Torah et avaient déjà commencé par la fête de Pessa’h pour toutes les générations. Par conséquent, même quand ils recevraient les autres fêtes de Hachem, la Chekhina reposerait sur eux.

Et je me suis dit que la raison pour laquelle le Saint, béni soit-Il a voulu que les bnei Israël aient des fêtes et les appellent les fêtes de Hachem est que les nations du monde faisaient des fêtes pour leurs idoles , ainsi qu’il est écrit que Par’o fêtait son anniversaire, et cela s’accompagnait certainement d’un culte idolâtre. C’est pourquoi Hachem a voulu que les bnei Israël fassent des fêtes qui contiennent pour eux des souvenirs bénéfiques, et que pendant ces fêtes la générosité de Hachem s’éveille pour eux, quand ils les observeront.

Car si les fêtes s’appelaient « les fêtes de l’homme », en souvenir de ce qui leur était arrivé, ces fêtes ne seraient remplies que de vanités du monde profane. Mais comme elles s’appellent les fêtes de Hachem, les hommes ne les négligeront certainement pas, car ce sont des convocations saintes, et elles s’appellent les fêtes de Hachem.

LES CEDRES DU LIBAN

La joie de la fête dans la maison de Rabbi ‘Haïm Pinto

Chaque veille de Pessa’h, Rabbi ‘Haïm Pinto le grand envoyait des émissaires pour déambuler à travers les rues de la ville à la recherche de mendiants, afin de les convier à célébrer avec lui le séder et accomplir la mitsva « Quiconque a faim, vienne et mange. »

Une année, les messagers ont circulé dans tous les quartiers de la ville sans rencontrer de pauvre à inviter chez le Rav. Mais leur démarche a tout de même fini par porter ses fruits : quelques jours avant la fête, ils sont arrivés dans une auberge où se trouvait un juif, assis et pleurant désespérément en se lamentant sur son triste sort.

Les hommes se sont approchés de lui et lui ont dit : « Cher frère, le saint gaon Rabbi ‘Haïm Pinto vous invite à sa table pour Pessah. Venez s’il-vous-plaît passer le séder en sa compagnie. »

A leur grand étonnement, celui-ci a décliné catégoriquement l’invitation et leur a fait part avec amertume de son chagrin : « Je ne me joindrai pas à vous, car pour vous c’est un jour de fête, alors que pour moi cela ressemblera au 9 Av, à un jour de deuil et de lamentation. » Il a ainsi continué à pleurer amèrement et à se lamenter en récitant « Sur les fleuves de Babylonie, nous étions assis et avons pleuré… ».

De retour chez le Rav, les messagers lui ont raconté ce qu’ils avaient entendu de cet homme malheureux. Rabbi ‘Haïm leur a alors répondu : « Retournez le voir et persuadez-le, par des paroles apaisantes et encourageantes, de venir me voir. S’il persiste dans son refus, amenez-le de force ! »

Ils sont donc repartis à l’auberge, et ont trouvé cet homme toujours en sanglots. Ils lui ont renouvelé avec insistance leur invitation chez le Rav, mais il a persisté dans son refus et leur a dit clairement qu’il ne se joindrait pas à eux.

N’ayant plus le choix, les émissaires l’ont fait emmener de force chez Rabbi ‘Haïm en le portant sur leurs épaules. La maison était emplie de lumière et de joie, la table bien disposée et remplie de bonnes choses. Les membres de la maison portaient de beaux habits et rayonnaient de joie, tandis que seul l’invité était submergé de chagrin.

« Pourquoi pleurez-vous ? l’a questionné le Rav. Ne savez-vous pas que c’est Pessa’h ce soir et que nous devons tous être joyeux ? »

« Je vous en prie Rabbi, laissez-moi seul et permettez-moi de retourner à mon auberge. Je ne veux ni vous déranger ni altérer la joie de votre fête. Je suis désespéré. Je ne pourrai pas me réjouir avec vous, je vous supplie de me laisser rentrer à l’auberge ! » a-t-il imploré.

« Que vous est-il arrivé ? » a demandé à nouveau le Rav à cet homme étrange. « Pour quelle raison pleurez-vous ainsi ? Racontez-moi, je vous en prie. Que s’est-il passé ? »

L’homme a tout d’abord refusé mais le Rav l’a convaincu en lui assurant qu’après avoir raconté son malheur, tout rentrerait dans l’ordre. Alors il a commencé à raconter son histoire :

« Je suis natif de Marrakech. Il y a quelques années, je me suis installé en Espagne et j’y ai exercé plusieurs métiers qui m’ont permis d’amasser beaucoup de biens. Lorsque j’ai voulu retrouver ma ville natale, j’ai échangé toute ma fortune contre de belles pierres, des pierres précieuses et des perles en grande quantité.

De plus, avant de quitter l’Espagne, une veuve m’a remis quelques jolies pierres précieuses pour sa fille qui habite Marrakech et qui doit bientôt se marier. J’ai donc emporté tous ces beaux joyaux, les diamants et les pierres précieuses, je les ai rangés dans une malle et j’ai pris le bateau en direction du Maroc.

Mais soudain, la mer s’est déchaînée, le bateau et tout ce qu’il comportait ont coulé dans les profondeurs de la mer.

J’ai réussi à me sauver de justesse au dernier moment en m’agrippant à une planche qui flottait, puis j’ai nagé jusqu’au bord de la mer, ici à Mogador. Je suis donc arrivé sur le rivage démuni de tous mes biens, mais aussi de ces pierres précieuses que m’avait confiées la veuve. Hélas, mon maître, que vais-je dire à cette pauvre jeune fille ? Comment n’aurais-je pas honte ? Malheur, Rabbi ! J’aurais préféré mourir… »

Après avoir écouté attentivement cette histoire, le Rav s’est alors levé, s’est emparé du verre de kiddouch, l’a rempli de vin, a prié silencieusement avec des « kavanot » spéciales. Puis il a interpellé son invité : « Regardez ! » La scène qui s’est présentée à lui était irréelle : le verre de kiddouch s’est agrandi, s’est élargi, s’est approfondi…. puis le vin a été remplacé par des vagues apparues précipitamment. Soudain, du sein de ces vagues, une petite boîte qui reposait paisiblement sur les eaux est apparue avant d’être projetée au milieu de la pièce.

Ce phénomène ahurissant a violemment secoué le voyageur : incapable de se maîtriser, il s’est écrié : « Rabbi ! Voici mon coffret, c’est mon paquet ! »

Le visage de l’invité resplendissait de joie, mais il était impatient de voir le contenu du coffre. Contenait-il vraiment toute sa richesse ?

Rabbi ‘Haïm lui a demandé d’ouvrir la boîte… et ses yeux se sont illuminés : toute sa fortune s’y trouvait, de même que les pierres précieuses que la veuve lui avait confiées. Des larmes de joie ont coulé sur son visage et il a remercié le Rav pour cet immense miracle.

Alors Rabbi ‘Haïm l’a invité à s’installer à table avec eux pour louer le Créateur pour les miracles et prodiges qu’Il accomplit à chaque génération. C’est ce qu’il a fait : il a passé Pessa’h en compagnie de ses hôtes et a célébré le séder dans une grande allégresse.

 

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