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Nasso 18 Mai 2013 9 Sivan 5773 |
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Pour une vie de couple réussie (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Le Temple a toujours été le lieu de résidence de la sainte Chekhina. Depuis qu’il a été détruit par nos fautes, la présence divine réside dans les maisons d’Israël : chaque foyer est un Temple en miniature, un lieu de résidence de la Chekhina. Lorsque la paix règne au sein d’un couple, la présence divine repose sur eux, comme l’ont dit nos Sages (Sota 17a) : « Si un homme et une femme sont méritants, la présence divine se joint à eux. » Voici ce que dit le Midrach (rapporté dans le livre « Chibolei Haléket », lois sur l’intimité) : Hachem a créé une femme pour Adam, mais cela n’a pas bien fonctionné. Qu’a-t-Il fait ? Il a placé les lettres de Son nom (youd et hé) entre eux : Il a donné le « youd » à l’homme et le « hé » à la femme, et leur deuxième union a eu du succès. C’est pourquoi le verset dit : « Celle-ci, cette fois, est un os de mes os et la chair de ma chair ; celle-ci sera nommée icha (femme), parce qu’elle a été prise de ich (homme). » Et l’on sait que si l’on ôte les lettres « youd » et « hé » des mots « ich » et « icha », il restera le mot « ech (feu) ». Ainsi, puisque l’établissement d’un foyer d’Israël ressemble à la construction du Temple, chaque couple devrait observer la manière dont les bnei Israël ont construit le Sanctuaire et en retirer des principes pour fonder son propre foyer. Voici donc pourquoi le passage sur la Sota est juxtaposé à celui qui concerne le Sanctuaire. En effet, construire une maison dans laquelle règnent l’amour et la fraternité n’est pas chose facile. On a déjà vu des gens construire une maison merveilleuse vue de l’extérieur, un palais paré des plus beaux objets, mais aussi rempli d’intrigues et de disputes, donc privé de sérénité. En l’absence de la paix, tout a été détruit, et certains ont même perdu tous leurs biens, car c’est la femme qui apporte la bénédiction dans la maison (comme il est rapporté dans le Traité Baba Metsi’a 59a). Un jour, un homme est venu me raconter qu’il s’était marié pour la cinquième fois, car ses quatre premières unions avaient échoué. Or je l’avertissais à chaque fois de changer sa nature et son attitude. Et il s’est séparé de la dernière pour la même raison pour laquelle il avait divorcé de ses premières femmes, … mais en vain, car il n’avait pas travaillé son caractère et son mariage n’avait donc pas mieux fonctionné. Ainsi, chacun doit briser ses mauvaises midot s’il veut que la paix règne chez lui. L’inauguration du Sanctuaire mentionnée dans notre paracha nous délivre encore quelques enseignements importants quant à la vie de couple. Nos Sages ont dit (rapporté par Rachi) au sujet du verset (Bemidbar 7, 1) « Or, le jour où Moché eut achevé de dresser le Sanctuaire » : Et il n’est pas dit « au jour où il dressa », ce qui nous apprend que, pendant tous les sept jours d’inauguration, Moché n’avait cessé de monter et de démonter le Sanctuaire. Ce jour-là cependant, il l’a monté et ne l’a pas démonté. Nous apprenons d’ici que dans la vie de couple, tout ne se passe pas aisément et facilement non plus. En effet, les caractéristiques de l’homme ne sont pas semblables à celles de la femme, et tout comme leurs visages sont différents, leurs dispositions le sont également. Ceci est encore plus vrai au début du mariage, où il y a des hauts et des bas, et il faut se relever après chaque chute, comme il est dit « Car le juste tombe sept fois et se relève ! » (Proverbes 24, 16). C’est ainsi qu’on explique le verset « Qui s’élèvera sur la montagne de Hachem ? » : le service divin et la construction d’un foyer juif sont comparables l’ascension d’une montagne. Une ascension n’est, par nature, jamais aisée et on peut tomber plusieurs fois. Mais l’essentiel est que l’on finisse par arriver à être celui « qui se tiendra dans Sa sainte résidence », que l’on réussisse à se lever et à se maintenir. Il ne faut pas désespérer des chutes et des désaccords qui existent dans un couple, car c’est une chose naturelle. Mais le principal est de s’armer de patience jusqu’à trouver l’harmonie et atteindre la véritable paix conjugale. Aussi, nous avons vu que Moché n’a pas construit le Sanctuaire lui-même, mais il a confié cette tâche aux bnei Israël. Ceci est également un enseignement pour les générations : il faut laisser le jeune couple s’efforcer de s’arranger seul, et ne pas trop compter sur les membres de la famille, les parents, les frères etc. A l’image de Moché, qui a demandé à ses disciples de construire le Sanctuaire, alors qu’il aurait pu le faire seul. En effet, le couple réussira mieux si l’homme et la femme s’arrangent eux-mêmes et mettent en œuvre leurs dons et leurs capacités. Ainsi, ils mériteront de fonder un merveilleux foyer. Nous apprenons encore un élément de l’inauguration du Sanctuaire : les chefs de tribu ont apporté des cadeaux communs. Chaque prince s’est joint à son ami pour offrir une charrette au Sanctuaire, comme il est dit (Bemidbar 7, 3) « Ils présentèrent pour offrande devant Hachem six voitures litières et douze bêtes à cornes, une voiture pour deux chefs de tribu. » Nous voyons d’ici combien il est important d’être unis. La Torah s’est montrée exigeante même envers les princes des tribus d’Israël et les a obligés à s’unir, puisque toute la réussite dépend de l’unité et de la participation commune, et c’est uniquement sur cela que le Sanctuaire est fondé. Il en est de même pour la construction d’un foyer juif : les membres du couple doivent être unis et parcourir ensemble leur chemin. C’est le secret de leur prospérité. Cette notion extraordinaire est évoquée par allusion dans le terme « dans les charrettes (ba’agalot) », car cela vient du mot « ‘igoul » (cercle). Il est dit dans les livres saints que le cercle symbolise l’unité : il n’a pas de coins, tout est lié en un seul et même bloc. De cette manière, on peut expliquer ce qu’ont dit nos Sages (Tossafeta Ma’asserot) « Tous les actes de D. sont ronds (‘agoulim) » : tout comme Il est Un et Son nom est Un, toutes Ses actions sont unies et c’est pourquoi Il les a créées rondes, en allusion à l’unité. C’est pour cette raison qu’on a pris l’habitude d’épouser une femme en lui donnant une bague ronde, symbole de l’union qui règnera entre les membres du couple. L’union est la racine de la réussite qui est le fondement de toute la vie de couple. Puisse Sa volonté être que nous méritions tous de construire un foyer fidèle en Israël, basé sur la Torah et la crainte de D., dans lequel résideront toujours amour, fraternité, paix et amitié, Amen, Amen. HOMMES DE FOI Histoires des justes de la famille Pinto Reb Yéhochoua Dérhy de Casablanca tenait un petit restaurant de frites et de saucisses. Un jour, de l’huile a pris feu et a provoqué un incendie dans le magasin. Ses habits ont été saisis par le feu et il a commencé à brûler. Terrifié, il s’est mis à crier et a soudain vu face à lui l’image de Rabbi ‘Haïm le petit et il a imploré, avec le peu de force qu’il lui restait, que le mérite de Rabbi ‘Haïm le sauve. Soudain, s’est ouverte derrière lui une porte « cachée » (dont lui-même ne connaissait pas l’existence, car elle était recouverte de plâtre) : il s’est enfui par ce chemin et a été sauvé. Cependant, Reb Yéhochoua a été en grande partie fortement brûlé et a dû rester longtemps à l’hôpital. Mais le mérite de la confiance dans le tsaddik l’a protégé et il a fini par être hors de danger. Cette histoire nous enseigne la force de la foi dans les tsaddikim, car de cette manière le Nom divin est sanctifié publiquement, même parmi les nations du monde. LES PAROLES DES SAGES Une perle déposée à la banque Notre paracha donne la suite de l’ordre divin « Il faut faire aussi le relevé des enfants de Guerchon, par maisons paternelles, selon leurs familles », après que l’instruction générale a déjà été donnée dans la parachat Bemidbar : « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leur maison paternelle. » Dans son ouvrage « ‘Od Yossef ‘Haï », Rabbeinou Yossef ‘Haïm de Bagdad s’intéresse à la précision du langage du verset : « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël. » Le mot « toute » semble ici superflu, puisqu’il est évident que la mitsva de compter inclut tout l’ensemble d’Israël, sans exception. Le texte aurait donc dû dire : « Faites le relevé de la communauté d’Israël », en retirant le terme « toute ». Le Rav explique : comme nous le savons, il faut faire très attention à ne pas accuser les bnei Israël devant D., même les plus impies d’entre eux. Certes, l’homme instruit et érudit a l’obligation de réprimander les mécréants et de leur montrer la bêtise de leur comportement, et il peut leur parler durement afin de les mener au repentir. Mais malgré tout, devant Hachem, il ne les accusera pas, ne les critiquera pas, et parlera au contraire en leur faveur. Une pierre précieuse Le Rav raconte une histoire en guise d’illustration : « Un jour, j’ai entendu un homme critiquer nos frères juifs d’Europe. Il les accusait de profaner le Chabbat publiquement, du plus grand jusqu’au plus petit, de manger des aliments interdits, et de beaucoup d’autres choses encore. Je lui ai dit : ‘‘Pourquoi les critiquez-vous ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Pourquoi agir comme une mouche qui se pose uniquement sur des plaies et non sur des choses propres et pures ? En effet, vous critiquez les gens d’Europe mais vous ne parlez pas de leurs bons aspects et du bien qu’il y a en eux !’’ Il m’a répondu : ‘‘Quelles qualités ont les juifs d’Europe, que je pourrais évoquer ?’’ J’ai répliqué : ‘‘Il y a toutes sortes de personnes. En effet, il se peut que ces mêmes personnes qui profanent le Chabbat et les jours de fête, qui mélangent le lait et la viande, qui mangent des aliments interdits, qui boivent du vin avec les non-juifs et se mélangent avec eux, tiennent au judaïsme, reconnaissent et affirment être juifs. Leur judaïsme n’est pas une honte : au contraire, il est leur honneur et leur gloire. Je vais vous raconter une histoire que j’ai entendue à propos d’un grand riche d’Europe de la génération précédente qui était très respecté par les rois et qui mangeait et buvait avec eux. Une fois, un roi a invité trois autres rois ainsi que cette personnalité juive à prendre un repas dans son palais. Dans son carrosse, alors qu’il était en route vers le palais du roi, le seigneur juif a croisé un groupe de jeunes enfants. Ces derniers ont frappé dans leurs mains en s’écriant « Juif ! Juif ! » Qu’a fait l’homme riche ? Il a retiré de sa pochette quelques dinars d’or et les a lancés aux enfants. Pendant le repas, un des rois qui avait voulu humilier le juif s’est trouvé lui-même gêné. Il lui a dit : ‘‘J’ai eu écho de l’humiliation que vous ont causée les enfants sur le chemin. On aurait dû les soumettre à un jugement, mais puisqu’ils sont petits et ne sont pas encore raisonnables, on ne les punira pas.’’ Mais le riche lui a répondu : ‘‘Pourquoi dites-vous qu’ils m’ont humilié ? Au contraire, ils m’ont fait un grand honneur et procuré beaucoup de satisfaction. Je vais vous illustrer ma pensée par une histoire : Il y a quelques années, un homme très aisé a légué à son fils une grande richesse. Il lui a donné, entre autres, une pierre précieuse de cent carats, sans aucun défaut et dont on a entendu parler dans le monde entier. Le fils de l’homme riche a perdu tous les biens de son père, sauf cette pierre précieuse. Qu’a-t-il fait ? Il s’est rendu à la banque pour emprunter cinquante mille florins et leur laisser la pierre précieuse en gage. Après avoir gaspillé cette somme, il a emprunté à nouveau cinquante mille florins, et il a recommencé ainsi jusqu’à obtenir la somme de deux cent mille florins. Par la suite, quand il a voulu emprunter à la banque d’autres florins, celle-ci lui a refusé. Il avait donc perdu des deux côtés. Alors un courtier s’est adressé à lui : ‘‘Ecoutez mon conseil, vendez la pierre précieuse à la banque pour une somme de cinq cent mille florins ou plus. Ainsi, il vous restera quelques centaines de milliers de florins, et vous pourrez également rembourser à la banque la somme que vous avez empruntée.’’ Le fils s’est moqué de lui : ‘‘Je ne ferai jamais une chose pareille ! En effet, quand la pierre précieuse est déposée à la banque, elle est considérée, aux yeux de tous, comme m’appartenant. Tout le monde dit ‘‘Cette pierre précieuse appartient à Untel’’, et j’en suis honoré. Si je la vends à la banque, cette bonne réputation liée à la pierre précieuse se retirera de moi, or je ne veux pas la perdre, même si je suis aujourd’hui endetté par rapport à la banque, parce que les gens se disent qu’un jour ou l’autre, je rembourserai ma dette.’’ Puis il a conclu : ‘‘Je sais aussi moi-même que je fais partie de la lignée des juifs et que Hachem est le D. Qui nous a donné la Torah de vérité. Et même si maintenant je n’accomplis pas les mitsvot et que je me mêle aux non-juifs, cela me procure beaucoup de peine. Mais aujourd’hui, quand tous les enfants m’ont qualifié de ‘juif !’, j’en ai été très réjoui. En effet, j’ai compris que l’appellation ‘‘juif’’ ne m’avait pas quitté et m’était toujours attribuée. Et puisque j’ai transgressé quelques mitsvot de la Torah, j’ai un paiement à honorer pour me repentir. C’est pourquoi, dans ma grande joie, je leur ai lancé mille florins pour la précieuse nouvelle qu’ils venaient de m’annoncer.’’ » Par leurs maisons paternelles A quoi peut-on comparer cela ? Nous constatons que beaucoup de juifs européens ignorants se mêlent aux goyim, mangent et boivent avec eux, profanent le Chabbat etc. Mais ils ne se défont pas malgré tout du judaïsme et préservent leurs noms pour des générations. Voici deux preuves : l’accomplissement de la circoncision et leur précaution à épouser uniquement des femmes juives, afin de ne pas perdre leur judaïsme et que la religion se poursuive dans leur lignée. C’est donc l’explication du verset « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël ». Le mot « toute » fait référence à l’ensemble des bnei Israël, même ceux qui transgressent la Torah et la transgresseront dans des générations suivantes. Il faut les compter (« lissa et rocham »), c’est-à-dire manifester leur élévation en les louant et en les défendant. Si nous demandons comment trouver des éloges à faire sur ceux qui ne respectent pas Sa volonté, le texte répond « selon leurs familles et leur maison paternelle ». En d’autres termes, leur grand mérite est de veiller à ne pas épouser des femmes non-juives et à rester uniquement « selon leurs familles et leur maison paternelle », c’est-à-dire avec des femmes juives. C’est ainsi qu’ils préservent leur judaïsme, la pierre précieuse qui est en leur possession. Ce mérite est suffisant pour qu’on les complimente et les défende, en manifestant leur élévation, comme dans « Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël. » GARDE TA LANGUE Réprimander tout de suite Quiconque entend son prochain dire une médisance et ne le réprimande pas immédiatement (s’il suppose que son reproche aura de l’effet, ou si c’est du moins possible), transgresse le commandement positif « Tu réprimanderas ton prochain. » A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Dévouement pour Hachem « Il faut faire le relevé des enfants de Guerchon, eux aussi, par maisons paternelles, selon leurs familles. » (Bemidbar 4, 21) Comme on va le voir, la Torah fait ici allusion au travail des midot. En effet, le mot « Guerchon » vient du terme « guirouchin » qui fait référence au rejet (« guirouch ») des mauvaises midot et du mauvais penchant. Tel est le sens de l’expression « eux aussi (gam hem) » qui a la même valeur numérique que « pa’h » (filet), car c’est en nous débarrassant des mauvaises midot que « le filet (pa’h) s’est rompu et nous sommes sains et saufs » (Téhilim 124, 7). C’est-à-dire que tout le mal se retire de l’homme, il en est sauvé et est considéré comme libre. De même, à la fin de la parachat Bemidbar (ibid. Chapitre 4), la Torah évoque le service des fils de Kehat au saint des saints. Il y est indiqué que le nombre des fils de Kehat s’est réduit lorsqu’ils se sont mis à accomplir leur tâche. Le midrach (Béréchit Rabba 5, 1) demande pourquoi, et Rabbi Elazar ben Pedat répond au nom de Rabbi Yéhouda ben Zimra : « Ils devenaient de moins en moins nombreux à cause du feu qui sortait et dévorait les porteurs de l’Arche. Puis chacun courait, l’un prenait la Table, l’autre la Menora etc. » Rabbi Chmouël bar Na’hman a dit : « Que D. préserve ! Les fils de Kehat ne délaissaient pas l’Arche pour courir vers la Table et la Menora. Même s’ils devenaient moins nombreux, ils se sacrifiaient pour elle. » C’est d’ici que nous apprenons le grand dévouement dont faisaient preuve les fils de Kehat : tout en sachant que l’Arche causait leur mort, ils continuaient à la porter avec abnégation. Toutefois, le travail des midot n’en reste pas moins nécessaire : en effet, Kora’h aussi faisait partie des porteurs de l’Arche et il a tout de même provoqué une controverse avec Moché. Ainsi, on constate que le fléau des mauvaises midot peut également toucher les hommes grands et bons, puisque les enfants de Kehat étaient empreints d’enthousiasme pour la Torah au point de faire abstraction du danger et de ne pas se soucier d’eux-mêmes, parce qu’ils ressentaient combien leur service du Sanctuaire était important. Or ils ont mérité d’atteindre ce niveau parce qu’ils ont chassé le mauvais penchant de leur cœur et se sont focalisés sur le service divin et non sur le danger. En réalité, les léviim étaient au service de l’ensemble d’Israël, puisque le service au Temple était pour le peuple d’Israël. Malgré le danger que ce travail comportait, ils l’accomplissaient avec joie et amour, pour les bnei Israël, et tout cela pour la gloire de D. A LA SOURCE « Il s’abstiendra de vin et de boisson enivrante » (6, 3) Rabbi Ovadia Sforno commente : celui qui veut se rendre nazir pour Hachem ne se mortifiera pas par un jeûne qui amoindrit le service divin. Il ne se fera pas non plus souffrir par des flagellations, car c’est une coutume hypocrite. Mais il s’abstiendra de vin, car cela réduit les désirs et soumet le mauvais penchant, sans pour autant affaiblir la personne. « Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël » (6, 23) Selon nos Sages, le passage de la bénédiction des cohanim est juxtaposé à celui du nazir afin d’enseigner que quiconque s’abstient de vin en l’honneur de Hachem bénéficiera de toutes les bénédictions énoncées dans la birkat cohanim. Voici l’explication du Ktav Sofer : de manière générale, un homme rassasié et repu risque de se rebeller tant il se sent bien. Ainsi donc, toutes les bénédictions que la Torah promet dans ces domaines matériels s’avèreront être pour son mal ! C’est ce qu’a dit le plus sage de tous les hommes : « C’est la richesse amassée pour le malheur de celui qui la possède » (Kohélet 5, 12). Par contre, quiconque sait se limiter, se sanctifier par les plaisirs de ce monde et par la richesse dont D. l’a gratifié, accomplit des bonnes actions et fait profiter les autres, ne verra pas sa richesse devenir une source de malheur pour lui. C’est de cela que le midrach parle en disant que « quiconque s’abstient de vin en l’honneur de Hachem bénéficiera de toutes les bénédictions énoncées dans la birkat cohanim. » En effet, s’il s’est avéré être quelqu’un qui surmonte son mauvais penchant face à l’épreuve de la richesse, les bénédictions se révèleront être uniquement pour son bien. « Son offrande était : une écuelle d’argent » (7, 13) Le Steipeler, Rabbi Ya’akov Israël Kaniewski, affirme : « On est obligé de constater que la Torah vient du Ciel et qu’elle a été donnée au temps de Moché. Ce n’est pas dans ces dernières générations que quelqu’un s’est levé et a falsifié la Torah. Celle-ci contient elle-même une preuve qui montre qu’elle n’est pas l’œuvre d’un humain. » En effet, la parachat Nasso relate les sacrifices offerts par les douze chefs de tribu. Or la Torah répète les mêmes versets pour chaque tribu. Quelle personne aurait répété et écrit exactement la même chose douze fois de suite ? La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Que Hachem te bénisse et te protège » (6, 24) Le verset a fait précéder la bénédiction à la protection pour dire que Hachem enverra Sa protection en fonction de la valeur et de la grandeur de la bénédiction. Aussi, il faudrait que la bénédiction soit grande au point que la protection soit nécessaire. Enfin, qu’Il te bénisse et qu’aucun mal n’émane de cette bénédiction. Que Hachem fasse rayonner : qu’il n’y ait pas d’écran séparant Israël de leur père du Ciel. Ainsi, la lumière de Sa Chekhina rayonnera sur le peuple d’Israël. Qu’Il te soit bienveillant : qu’Il te soit favorable. Que Hachem dirige Sa face vers toi : si vos fautes vous séparent de D., Il élèvera ce qui sépare. Qu’Il t’accorde la paix : soit l’inverse de la séparation. Quiconque se penche sur le mot « paix » (chalom) comprendra qu’il s’agit du fondement du monde qui soutient les sphères inférieures et supérieures. C’est le récipient qui contient la bénédiction lorsqu’il n’y a pas d’élément séparateur. Tel est le secret de « Ils imposeront Mon nom sur les bnei Israël », et Il conclut en disant « Et Moi Je les bénirai ». LES CEDRES DU LIBAN Rabbi Nissim Yaguen « Maître du monde ! Je sais pourquoi Tu les reprends, pourquoi Tu retires ces jeunes âmes. C’est à cause de trois fautes : la pureté de la famille, les tefilin et la transgression du Chabbat. Maître du monde, donne les-moi et je Te les rendrai après un repentir complet. Ne les reprends pas, juste confie-les moi et je Te les rendrai repentis… » Oui, voici le monologue que le Rav qui s’occupe de la collectivité, Rabbi Nissim Yaguen, a adressé au Créateur. C’était pendant la guerre de Kippour qui a éclaté au début de l’année 5733 et qui a fait tomber de nombreux soldats. Rabbi Nissim avait aidé à identifier les corps des soldats tombés au combat et, selon les besoins, avait également participé à leur enterrement. Ce travail l’épuisait physiquement et assombrissait son humeur. Une foule de sentiments le traversait intérieurement et il savait identifier la cause exacte de cette « maladie » responsable de ces affreux événements. Il était empli de chagrin et alors, au moment de la prière, il avait levé les yeux au Ciel en implorant : « Maître du monde ! Confie-les moi et je Te les rendrai entièrement repentis. Ne les reprends pas, donne-moi juste du temps ! » Pour la communauté Béni soit celui qui dit, et accomplit. Ce qui était au sommet de ses préoccupations était sans aucun doute d’être au service de la communauté. Pour donner à un juif le mérite de faire une seule mitsva, il pouvait faire de grandes distances. Une fois, il entendit qu’une femme de Beit Shean avait proclamé que si le Rav Yaguen lui apportait de quoi se couvrir la tête, elle se couvrirait la tête. Sans plus tarder, il alla de Jérusalem à Beit Shean pour que la femme se couvre la tête selon la religion juive. Le Rav Yaguen était régulièrement accompagné en tout lieu, en Israël et dans le monde, partout où il arrivait, d’un objet qu’on appelait « la valise des premiers secours ». Elle ne contenait pas de garrots ni de pansements, cela on pouvait se le procurer presque partout. La valise contenait les premiers secours dans un domaine totalement différent, des tefilin, des mezouzot, du matériel pour vérifier les mezouzot, des talitot, des kipot, des rasoirs électriques, des cassettes, des articles qui avaient paru dans les journaux sur la faillite de l’éducation laïque, et d’autres choses. Quand on l’interrogea un jour sur la nécessité de cette éternelle valise à l’époque des envois rapides partout en Israël et dans le monde, il répondit que parfois l’étincelle juive s’allumait, et que dans ce cas la rapidité était indispensable pour profiter de l’occasion qui peut-être ne reviendrait plus. Ses nombreuses préoccupations ne l’empêchaient pas de se plonger dans l’étude. Les heures tardives de la nuit le revivifiaient quand il voguait sur la mer de la Torah. Pendant ses dernières années, il prit sur lui de terminer tout le Talmud en profondeur. Il y consacrait un certain temps tous les jours, et tous les quelques mois il réunissait ses fils et ses gendres pour faire une fête de siyoum d’un traité. Un jour, il partit vérifier des détails sur un certain jeune homme dans l’une des grandes yéchivot. Il vit un avrekh qui étudiait la Torah avec beaucoup de sérieux et d’assiduité. Dès le premier regard, il perçut que les vêtements du avrekh ne convenaient pas à sa position : son veston était usé, ses chaussures déchirées et tout en lui criait une grande pauvreté. Son étonnement grandit considérablement quand il apprit que c’était un talmid ‘hakham extraordinaire dans la Torah et la crainte du Ciel. Il alla se renseigner auprès du Roch Yéchiva, qui lui répondit qu’il connaissait la situation matérielle terrible du avrekh. Le Rav Yaguen ne laissa pas passer. « Demain, je veux vous rencontrer à Gueoula à tel endroit à telle heure », dit-il au avrekh. Le lendemain, ils se rencontrèrent à Gueoula et à la fin de cette rencontre le avrekh s’en alla avec de grands biens : deux complets, un chapeau neuf, des vêtements, des chaussures et tout le reste. Tout cela sur le compte du Rav Yaguen, qu’il ne connaissait absolument pas ! De nombreuses histoires extraordinaires et délivrances sont associées au nom du Rav. Mais toutes symbolisent et renferment la même chose : la foi dans les Sages d’un côté, et un puissant dévouement pour la collectivité de l’autre. En discutant avec Rabbi Eliahou Attias sur la personnalité persévérante de notre maître et ses nombreuses actions pour la collectivité et les particuliers, il a extrait de la bibliothèque le Traité Baba Metsi’a en me citant ce que la Guemara disait : « Si tu extrais ce qu’il y a de précieux de ce qui est méprisable, tu Me serviras encore d’interprète – Hachem émet un décret et l’annule pour lui. » Ceci n’est pas une grande nouveauté. Tout simplement, des choses simples et naturelles selon la vision de la Torah. Un homme qui ramène le cœur des enfants vers leur père, qui rapproche les bnei Israël de leur père du Ciel mérite de voir ses paroles entendues en-Haut au point que Hachem émet même un décret et l’annule pour lui… Quand il tomba malade et dut s’aliter en pleine force de l’âge, il souffrit beaucoup de ne pas pouvoir continuer son travail sacré et s’exprima plusieurs fois en disant qu’il était « un ouvrier au milieu du jour et n’avait pas encore terminé son travail ». Malgré ses grandes souffrances, il continua son travail et son assiduité dans l’étude de la Torah à la yéchivat Kol Ya’akov, aujourd’hui sous la direction de ses fils, qui prolongent sa voie. Que son mérite nous protège.
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