La Paracha de la semaine en format PDF

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paracha de la semaine

Behaéalotekha

25 Mai 2013

16 Sivan 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:19*

22:40

Lyon

20:57*

22:00

Marseille

20:47*

21:48

* faire rentrer le chabbat selon votre communauté

ARCHIVES DE L'ANN2E 2002 A 2012 ARCHIVES

La Menora, les sept bougies et leur rôle

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Quand tu monteras pour disposer (béha’alotekha) les lampes, c’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. » (Bemidbar 8, 2)

Le but de notre venue en ce monde est de nous élever et d’achever ce que nous n’avons pas pu faire avant d’y venir, comme il est écrit (Devarim 28, 6) : « Béni sois-tu à ton entrée, et béni sois-tu à ton départ ! » Rachi explique : « Que ta sortie du monde soit sans péché comme l’a été ta venue. » Lorsque nous venons au monde, on nous fait jurer d’être tsaddik, mais notre paracha vient nous ordonner de ne pas nous contenter de cela : « Quand tu monteras pour disposer » signifie que nous devons nous élever et nous améliorer, comme il est écrit « Que ta sortie du monde soit sans péché comme l’a été ta venue. » La lettre « vav » (de « béha’alotekha ») signifie qu’il nous faut aspirer à être constamment dans l’optique d’une élévation. Et si nous n’améliorons pas notre service divin, nous mettons même en danger notre venue au monde, car nous ne sommes pas assurés de rester aussi vertueux que lors de notre arrivée sur terre. Le gaon de Vilna dit d’ailleurs : « Si tu ne t’élèves pas, tu descendras malgré toi jusqu’au plus bas niveau. »

Tel est le sens de « Quand tu monteras pour disposer (béha’alotekha) les lampes, c’est vis-à-vis de la face du candélabre (menora) que les sept lampes doivent projeter la lumière. » Le mot « menora » fait allusion à Hachem, pour enseigner que quiconque veut accomplir de lui-même « Quand tu monteras pour disposer » doit se tenir « vis-à-vis de la face du candélabre ». En d’autres termes, qu’il accomplisse « Je fixe constamment mes regards sur Hachem » en se sentant constamment devant D. Alors son élévation est assurée, avec l’aide divine.

La « menora » fait allusion à Hachem et « les sept bougies » font allusion aux sept jours que D. a créés. « Car pendant six jours Hachem a créé le ciel et la terre et le septième jour Il S’est reposé. » Ainsi, une personne qui travaille dur toute la semaine veut se reposer le Chabbat, car « Quand le Chabbat arrive, le repos vient aussi. » Mais au contraire ! C’est à présent le moment d’étudier la Torah pour réparer tous les jours de la semaine.

Les commentateurs ont déjà développé longuement le gain important obtenu par quiconque étudie pendant le Chabbat. Et même si l’on mérite d’étudier pendant toute la semaine, le Chabbat est le temps de la réparation et de la perfection. En-dehors de ce jour, toute étude pourrait être invalidée si son auteur est entaché d’un défaut, que D. nous en préserve. Comme l’ont dit nos Sages, les Chabbatot et les jours de fête ont été créés uniquement pour que les bnei Israël se plongent dans la Torah. L’étude de la Torah pendant Chabbat nous permet de réparer nos failles et d’élever la Torah des jours de semaine. C’est ce que dit le verset « C’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. » Nos Sages expliquent que toutes les bougies étaient penchées vers celle du milieu qui, comme nous l’avons expliqué plus haut, est mise en parallèle avec le Chabbat. La lumière qui émane de ce jour éclaire les bnei Israël pendant les six jours de la semaine auxquels les six bougies font allusion.

L’influence dont chacun de nous peut bénéficier n’a pas de limites. Un jour, un ben Torah est venu me voir et m’a annoncé : « Vous êtes mon Rav. Je me suis toujours demandé quand je vous rencontrerais et voici qu’à présent j’ai ce mérite. » Je lui ai demandé son nom, mais il m’était complètement inconnu. Je lui ai donc répondu : « Je ne vous connais pas, comment pouvez-vous affirmer que je suis votre Rav ? » Alors il m’a raconté son histoire : « Dans le passé, j’étais totalement éloigné de la Torah et des mitsvot. J’ai une fois pris un taxi dont le chauffeur était un juif pratiquant. Il m’a demandé la permission de mettre une cassette, car il ne pouvait pas écouter de musique. J’ai accepté et la cassette contenait un de vos cours destiné aux ba’alei techouva dans lequel vous rapportiez une histoire semblable à la mienne. En ces instants-là se sont soulevés en moi des aspirations au repentir et j’ai demandé au chauffeur de bien vouloir me prêter cette cassette. Il m’a répondu qu’il en avait besoin pour l’instant, mais qu’il me l’enverrait chez moi. C’est ce qu’il a fait. Et c’est à partir de cette cassette que j’ai entamé le processus de repentir. »

Il en est de même pour nous qui étudions régulièrement et écoutons des cours. Il est inévitable qu’un changement positif s’opère en nous ! Nous sommes obligés de réagir en progressant et en améliorant notre comportement, comment pourrions-nous rester indifférents ?

Il y a lieu de comprendre quel est le fondement qui nous empêche d’évoluer dans le domaine spirituel. Dans son ouvrage « Kessef Niv’har », mon ancêtre le tsaddik Rabbi Yochiyahou Pinto explique que cela est à l’attirance pour la nourriture. Or il y a une mitsva de manger pendant Chabbat et il ne faut pas non plus jeûner pendant les jours de semaine ! Mais il faut manger avec mesure et veiller à ce que le désir de nourriture ne soit pas notre préoccupation principale. Si nous n’y faisons pas attention, il nous sera impossible de nous élever, car la matière attire vers le bas. Comment alors évoluerons-nous ? Comme nous avons vu, la génération qui était dans le désert était attirée par la nourriture, et avec la décadence, ce désir s’est transformé en médisance sur D. et ils en ont été gravement punis.

Je me souviens de mes maîtres à la yechiva. J’ai mérité de servir mon Rav le tsaddik Rav ‘Haïm Chmouël Lopian : quand je lui apportais son repas de midi, il me rendait le plateau presque intact. Il goûtait un peu de chaque aliment, pas plus. De même pour mon maître Rav Kaufman, qui se suffisait de peu. Mais d’un autre côté, comment étudiait-il ? Il était concentré pendant vingt-quatre heures dans son étude ! C’est ainsi que se conduisaient nos maîtres, qui étaient nos guides. En s’éloignant du désir de nourriture, ils ont grandi dans la Torah et dans la crainte divine et ont pu percevoir la sainteté du Chabbat dans l’étude de la Torah durant toute leur vie. Dans l’optique du verset « C’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. »

Ajoutons qu’il ne s’agit pas uniquement du désir de nourriture, mais de l’ensemble des désirs. Comme l’a dit le Ramban dans la parachat Kedochim « Sanctifie-toi par ce qui t’est permis » : afin de mériter la couronne de la Torah, il faut abandonner tous les désirs. Nos Sages ont dit (Traité Sanhédrin 111a) « Tu ne trouveras pas de vie dans la terre » : tu ne trouveras pas de Torah chez quelqu’un qui étudie avec luxe et gâteries.

Telle est l’explication de « Quand tu monteras pour disposer » : il existe deux sortes d’élévation, une matérielle et une spirituelle. Nous devons nous efforcer de rechercher uniquement la montée qui comporte des mitsvot, comparables aux bougies allumées face à la menora. Que D. nous permette de nous élever dans Sa Torah, constamment, Amen, Amen.

LES PAROLES DES SAGES

C’est la meilleure de toutes les bonnes midot

L’humilité est le but de toutes les midot, car quiconque l’acquiert véritablement estimera et respectera chacun et, de ce fait, se conduira de manière convenable. De plus, pour devenir humble il faut s’annuler face à la vérité. En effet, c’est seulement en sachant devant qui on se tient et ce qu’on représente devant le Créateur que nos actes s’amélioreront jusqu’à devenir parfaits. C’est pourquoi, pour se frayer un chemin, un ben Torah est obligé d’acquérir cette qualité »…

En observant les grands d’Israël dans les détails de leur conduite, il apparaît clairement que leur humilité est à la hauteur de leur grandeur. Avraham était empreint de modestie, comme il a dit « Je suis poussière et cendre. » Moché et Aharon se sont exclamés « Que sommes-nous ? » Et Moché était « le plus humble de tous les hommes. » Le roi David se faisait remarquer par sa modestie, comme il l’a dit : « Je suis un ver et non un homme. » Et le Rambam explique dans son commentaire de la Michna que même si pour toutes les midot, le bon chemin à adopter est celui du juste milieu, il n’en est pas de même pour l’orgueil, dont il faut s’éloigner en allant jusqu’à l’autre extrême. C’est ce que le Tanna a recommandé dans Pirkei Avot : « Sois extrêmement humble. »

Puisque cette qualité est la clé qui permet d’accéder au respect d’autrui et de corriger nos défauts, l’acquérir demande beaucoup d’efforts. Rabbi Lévi Yitz’hak de Berditchev a témoigné que si le mot « orgueil » n’avait pas été mentionné dans la Torah, il n’aurait jamais cru que cela puisse exister dans la réalité. En effet, comment l’être humain, qui n’est que poussière et débris, pourrait-il s’enorgueillir ?

Examen de conscience

Le gaon Rabbi ‘Akiva Eiger a une fois reçu une lettre d’un érudit lui demandant conseil. La lettre commençait par une série de titres élogieux à son égard, du type « Le vrai gaon, le tsaddik pilier du monde, maître de tous les exilés de diaspora » etc.

Le Rav a lu l’introduction, puis l’a lue à nouveau plusieurs fois sans poser la lettre.

Un de ses disciples qui était présent s’est étonné, tel un élève qui analyse le comportement de son maître : « Le Rav nous dirait-il pour quelle raison il relit plusieurs fois l’introduction de la lettre ? »

Rabbi ‘Akiva Eiger a répondu : « Je vais vous dire, Untel a écrit à mon sujet ce que j’aurais pu devenir, et en regardant ces titres dont il me désigne, je réalise combien je suis loin de cela et combien je dois m’élever pour correspondre à ce que l’on pense de moi dans ce monde… »

Plutôt être humilié

Rabbi Eizik Scherr disait dans ses campagnes pour l’amélioration du caractère que la toute première faute d’Adam était le manque de modestie. En effet, s’il s’était annulé devant son Créateur, il n’en serait pas venu à pécher. En y réfléchissant plus profondément, il apparaît clairement que cela provient de l’inaptitude à renoncer au moindre honneur, surtout quand il est mis en concurrence avec l’honneur d’autrui…

Par exemple, Rabbi Ya’akov de Lissa, le Netivot Hamichpat, s’est une fois rendu à Niklesbourg chez Rabbi Mordekhaï Bent, Rav de cet endroit, pour échanger avec lui des paroles de Torah. Rabbi Mordekhaï lui a accordé un grand honneur en lui demandant même de prendre la parole à la synagogue, où il est venu l’écouter avec ses disciples.

Alors Rabbi Ya’akov a entamé son cours avec beaucoup d’érudition et de perspicacité. Soudain, en plein discours du « ‘Havat Da’at », Rabbi Mordekhaï l’a interrompu et lui a posé une question épineuse. Rabbi Ya’acov s’est tu et est descendu de l’estrade.

Après être rentré chez lui, Rabbi Mordekhaï s’est penché sur le sujet et a découvert que Rabbi Ya’akov avait raison ! Il s’est donc précipité à l’auberge du Netivot Hamichpat et lui a demandé : « Le Rav avait raison, alors pourquoi est-il descendu de l’estrade au lieu de me contredire ? »

« Je savais, a-t-il répondu, que j’avais raison. Mais j’ai pensé ‘‘Il est préférable que moi, qui ne suis que de passage dans cette ville, sois humilié plutôt que vous, qui êtes le Rav de cette ville.’’ »

Penché vers la souffrance d’autrui

L’humilité que possédait Rabbi Moché Aharon Pinto rayonnait sur tous ceux qui se trouvaient autour de lui dans un périmètre de quatre amot. Tous sentaient qu’ils étaient en présence d’une grande personnalité plus élevée que le reste du peuple. Il était plus grand que tous et pourtant, il se penchait pour porter le chagrin et les soucis de chacun. Chaque personne qui se rendait chez lui était chaleureusement accueillie à tout moment.

Voici un des comportements qui lui était caractéristique : quand quelqu’un venait le voir, que ce soit un jeune ou une personne plus âgée, le Rav se levait, en signe d’honneur pour son visiteur. Plus d’une fois, on lui a demandé pourquoi il tenait à se lever devant ceux qui venaient le voir, y compris les jeunes. Et voici comment il a expliqué cette habitude :

« Sachez que tout un chacun possède en lui une étincelle divine. Ainsi, je ne me lève pas devant la personne qui est face à moi, mais devant cette étincelle divine que je respecte. Cela correspond à l’enseignement de nos Sages : « Ne regarde pas la cruche, mais ce qu’elle contient. »

Les érudits et les Rabbanim n’ont cessé de s’émerveiller de ce comportement si noble et d’en faire part à leurs disciples après avoir pu constater de leurs propres yeux comment le tsaddik s’annulait entièrement devant ceux qui étudient la Torah et la représentent. Quand ils s’adressaient à lui pour recevoir une bénédiction, il les devançait et leur tendait la main pour les saluer puis retirait rapidement sa main pour qu’ils ne la lui embrassent pas, comme il est d’usage dans les communautés orientales.

LES HOMMES DE FOI

Récits sur les tsaddikim de la famille Pinto

Un juif était venu prier sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, et quand il a voulu commencer à dire des Psaumes, il a cherché dans ses vêtements et ses bagages et n’a pas trouvé ses lunettes de lecture. Cela lui a fait beaucoup de peine, parce que sans lunettes il ne pouvait pas lire, alors comment allait-il pouvoir dire les psaumes qu’il désirait réciter ici, dans cet endroit saint ?

Plus il approchait de la stèle, plus sa peine grandissait. Mais quand il arriva devant, il sentit comme si les psaumes se disaient eux-mêmes par cœur dans sa bouche, sans qu’il ait besoin de regarder dans le livre.

Une autre histoire concerne un juif qui était devenu aveugle, et ne pouvait plus étudier ni prier convenablement. Il demanda à sa famille de l’emmener sur la tombe de Rabbi ‘Haïm, que son mérite nous protège, parce qu’il avait un puissant désir de supplier Hachem, par le mérite du tsaddik, que sa vue lui revienne. Lorsqu’il arriva près du tombeau, il se mit à pleurer amèrement en demandant que sa vue lui soit rendue, par le mérite du tsaddik. A sa grande joie, sa prière porta ses fruits. Quand il se leva le lendemain matin, il sentit qu’il voyait de ses deux yeux, comme quelqu’un de normal. Et tout cela par le mérite du tsaddik.

GARDE TA LANGUE

S’attacher aux talmidei ‘hakhamim

Quiconque se joint à un groupe de personnes oisives qui disent du lachon hara afin d’entendre ou de raconter de la médisance transgresse le commandement positif « A lui tu t’attacheras », qui est l’ordre de s’attacher aux talmidei ‘hakhamim et non aux médisants.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Le plus tôt possible est le mieux

Au sujet du verset « Et ils partirent du mont de Hachem » (Bemidbar 10, 33), Rachi explique que le peuple d’Israël s’est enfui du mont de Hachem comme un enfant fait l’école buissonnière. C’est difficile à comprendre : comment dire une chose pareille sur les bnei Israël alors qu’ils ont été témoins de miracles et de prodiges au mont Sinaï, lorsqu’ils ont vu la fumée, les voix et les éclairs ? Sept cieux se sont ouverts face à eux, ils ont vu des manifestations de D., et à présent une colonne de nuée les devance le jour et une colonne de feu la nuit afin d’aplatir les aspérités et de tuer les serpents et les scorpions. Ce sont des choses qu’on ne voit nulle part ! La main de la Providence et la proximité de D. sont très concrètes : comment donc prétendre que les bnei Israël voulaient fuir tout cela comme un enfant qui se sauve de l’école ?

On peut y répondre selon les paroles du Ben Ich ‘Haï : la présence divine se trouve dans le cerveau (moa’h) et le cœur (lev). Les initiales de « moa’h » et « lev » forment le mot « mal ». Les dernières lettres de « moa’h » et « lev » forment le mot « ‘hav ». Le terme « mal » vient du mot « lamoul » signifiant « circoncire » : il y a une mitsva de retirer la ‘orla, mais il existe aussi une notion de « ‘orla » du cœur. A nous, avec l’intention et la pensée qui remplissent notre cerveau et notre cœur, de circoncire la « ‘orla » de notre cœur. Comme il est dit « Supprimez (oumaltem) l’impureté (‘orlat) de votre cœur » (Devarim 10, 16), afin de réparer les actes, les midot et de purifier les pensées. En effet, si quelqu’un ne purifie pas son cœur, D. sera contraint de le faire, pour ainsi dire. Et dans ce cas, Il enverra à la personne concernée de dures et amères souffrances pour soumettre son cœur jusqu’à qu’elle se repente et se purifie devant son Créateur. C’est pourquoi il vaut mieux le faire le plus tôt possible et se purifier dès le début. Ainsi, on évitera les souffrances et on se présentera pur, sans « ‘orla », devant notre Créateur.

Les dernières lettres des mots « moa’h lev » forment le mot « ‘hav » dont la valeur numérique est dix, parallèlement aux dix sephirot. En d’autres termes, nous devons « circoncire » notre cœur et faire descendre l’abondance des mondes supérieurs créés avec la lettre « youd » vers ce monde-ci créé avec la lettre « hé ». Les Léviïm n’ont pas été asservis par Par’o en Egypte, ils se sont installés en terre de Gochen, ont étudié la Torah, ont circoncis la « ‘orla » de leur cœur et ont réparé leurs actes devant D. C’est précisément pour cette raison qu’ils ont été choisis et jugés plus aptes à servir D.

A LA SOURCE

« Quand vous marcherez en bataille, dans votre pays, contre l’ennemi qui vous attaque. » (10, 9)

Le saint Chlah dit :

La phrase « l’ennemi qui vous attaque » fait également allusion au mauvais penchant, car nous n’avons pas d’ennemi aussi fort que lui. C’est pour cette même raison qu’il est écrit « Quand vous marcherez en bataille » au pluriel et non « Quand tu marcheras ». En effet, le combat que mène l’homme avec le yetser hara est continu et ininterrompu : parfois c’est l’un qui gagne, parfois c’est l’autre. Ainsi, les deux luttent à chaque instant.

« Moché dit à ‘Hovav, fils de Re’ouël le Midianite, beau-père de Moché » (10, 29)

Comme nous le savons, le beau-père de Moché s’appelait Yitro et il a mérité d’être nommé ‘Hovav, car comme l’explique Rachi, il chérissait (‘hibev) la Torah.

D’où sait-on que ce nom lui a été donné parce qu’il chérissait la Torah ? Peut-être chérissait-il d’autres choses !

Rabbi Aharon Leib Steinman délivre ici un enseignement fondamental :

Quiconque aime d’autres choses n’aime en réalité que lui-même. Un homme qui aime le poisson, l’aime-t-il réellement ? Non, il s’aime lui-même et « lui-même » aime le goût du poisson. Il n’en est pas de même pour l’amour de la Torah qui est uniquement tourné vers cette dernière.

Et c’est seulement pour cet amour que l’on peut nommer une personne « ‘Hovav ».

« Moché entendit le peuple gémir, par familles. » (11, 10)

Selon Rachi, par familles signifie pour les affaires de famille, à cause des unions incestueuses qui leur étaient désormais interdites. » Le Maharal s’étonne : pourquoi ceux qui sont sortis d’Egypte ont-ils reçu l’interdiction des unions interdites ? C’est qu’au moment du don de la Torah, ils ont dû se convertir par la circoncision, l’aspersion et l’immersion. Or un converti peut épouser sa sœur, car il est comparé à un bébé qui vient de naître. S’il en est ainsi, on aurait dû leur autoriser aussi les unions interdites.

Il répond qu’on attribue le principe selon lequel il est comparable à un bébé qui vient de naître uniquement à quelqu’un qui se convertit de lui-même, par sa propre volonté. Mais au moment du don de la Torah, Hachem a retourné la montagne au-dessus d’eux comme une cuve et ils ont été obligés de l’accepter. La conversion s’est donc faite contre leur gré, c’est pourquoi ils n’ont pas été considérés comme un « bébé qui vient de naître ».

Rav Naftali Trop répond qu’il existe deux sortes de conversion et que la leur était différente de toutes les autres. En général, la conversion fait entrer l’étranger dans le peuple d’Israël. Mais il en va différemment pour les membres de génération du désert, qui faisaient déjà partie de l’ensemble d’Israël, en tant que descendants d’Avraham, Yitz’hak et Ya’akov. Leur conversion ne venait que leur rajouter la sainteté d’Israël.

Ainsi, la loi selon laquelle « un converti est comparable à un bébé qui vient de naître » s’applique seulement à l’étranger des nations du monde qui a quitté son peuple idolâtre pour entrer au sein du peuple d’Israël. Par sa conversion, il est devenu une nouvelle créature, comme un bébé qui vient de naître.

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar

« Mais pourquoi serions-nous privés d’offrir le sacrifice ? » (9, 7)

Il faut comprendre en quoi consiste la plainte des hommes qui ont dit « Pourquoi serions-nous privés ? » puisque leur réponse est incluse dans leur question ! Demandent-ils une nouvelle Torah ?

En réalité, ils se sont souillés avec l’autorisation de D. puisque c’était consécutif au contact avec un mort (ils étaient les porteurs des ossements de Yossef, Souka 25b). C’est pourquoi ils ont pensé que Hachem les considèrerait comme purs, car Hachem agrée le sacrifice pascal si toute une communauté est impure (Pessa’him 77). C’est pourquoi ils ont réclamé « pourquoi serions-nous privés ? », serions-nous privés du sacrifice pascal, puisque par ailleurs nous avons fait une mitsva ?

Autre explication : ils pensaient pouvoir rattraper le korban pessa’h, comme le korban ‘haguiga que l’on peut offrir pendant les sept jours de la fête. Ainsi il est dit (‘Haguiga 9a) « On peut offrir le korban ‘haguiga durant toute la fête. » De même, ils ont pensé que D. leur ordonnerait d’offrir le sacrifice pascal le lendemain, en s’appuyant sur le terme « bémo’ado (en son temps) » qui désigne toute la période de Pessa’h.

LES CEDRES DU LIBAN

Le gaon Rabbi Mordekhaï Eliahou

Le gaon Rabbi Mordekhaï Eliahou, qui a officié comme Richon Letsion et Rav d’Israël pendant plus de dix ans, est né dans la vieille ville de Jérusalem. Son père, le gaon Salman Eliahou, est l’un des grands kabbalistes de Jérusalem. Il avait quitté Bagdad sur l’ordre de son Rav le « Ben Ich ‘Haï ». La pauvreté de la famille Eliahou n’a pas empêché le jeune Mordekhaï d’étudier la Torah, même s’il le faisait à la lumière d’une bougie près d’une table ou par terre. A l’âge de onze ans, il a perdu son père, qui avait tout de même eu le temps de répandre sur lui son influence et d’implanter en lui l’amour pour la Torah, en particulier pour la Torah cachée. Le Rav Mordekhaï Eliahou a passé sa jeunesse à étudier la Torah et à servir les plus grands sages de la génération, comme le Rav Ezra Attia, Roch Yéchiva de Porat Yossef, le Rav Tsadka ‘Houtsian, un des plus grands maîtres de Jérusalem, et le Rav Avraham Yecha’yahou Karelitz, le « ‘Hazon Ich », qui l’ont guidé dans les chemins de la foi et de la confiance.

Après avoir terminé brillamment ses études à l’école de rabbanim et dayanim du Rav Yitz’hak Nissim, le Rav Eliahou a été nommé comme le plus jeune dayan d’Israël. Au bout de quatre ans, il est passé au tribunal rabbinique régional de Jérusalem, puis, plus tard, il a été nommé membre du grand tribunal rabbinique.

Pendant ces années-là, le Rav a développé un puissant rapport avec le grand public, qui voyait en lui une adresse pour tout problème halakhique ou personnel. Ce lien a même atteint les endroits les plus reculés du monde. Cette relation chaleureuse qu’il entretenait avec les gens de tous horizons, de tous partis et de toutes communautés l’a finalement amené à devenir le candidat idéal à la fonction de Richon Letsion. Cela lui a été imposé par Rabbi Israël Abou’hatseira, qui a déclaré explicitement que sa fonction avait été décidée par le Ciel. La relation qu’entretenaient ces deux grandes personnalités était très forte et de nombreux miracles ont été racontés à ce sujet.

Ainsi, le 4 Nissan 5743, le Rav Eliahou a été élu Richon Letsion, grand rabbin sépharade d’Israël. Son intronisation a eu lieu à la synagogue Rabban Yo’hanan ben Zakaï, dans la vieille ville de Jérusalem. L’activité du Rav comme grand rabbin d’Israël s’est étendue à de nombreux domaines. Il s’est particulièrement attaché à faire des visites et des conférences auprès des gens éloignés de la Torah et des mitsvot, dans des mochavim, des kibboutsim et des écoles gouvernementales non religieuses, afin de les rapprocher de la religion avec douceur.

Il s’est aussi souvent rendu dans les communautés juives à travers le monde pour guider les dirigeants dans le combat contre l’assimilation, le respect du Chabbat, l’éducation des enfants et la pureté familiale. Il les encourageait aussi à appeler les juifs de diaspora à s’installer en Israël. Quand il prenait des décisions halakhiques, le Rav avait l’habitude d’insister sur la nécessité de préserver le caractère éternel de la Torah et d’instituer des règles en accord avec la génération et ses problèmes. Nombre de ses décisions ont été publiées dans les ouvrages « Responsa du grand rabbin ».

De nombreux événements extraordinaires sont associés à la vie de Rav Eliahou, et beaucoup de personnes ayant reçu sa bénédiction ont pu assister à des miracles dévoilés. Ses fils soulignent dans l’introduction du « Livre de souvenirs de ses actions » que la vie du Rav correspondait merveilleusement aux paroles de Rabbi Pin’has ben Yaïr dans sa Baraïta si connue : « La Torah mène à la précaution. La précaution mène au zèle. Le zèle mène à l’intégrité. L’intégrité mène à l’abstinence. L’abstinence mène à la pureté. La pureté mène à la piété. La piété mène à l’humilité. L’humilité mène à la crainte de la faute. La crainte de la faute mène à la sainteté. La sainteté mène à l’esprit prophétique. »

Durant ses dernières années, le Rav Eliahou a énormément souffert. Il a accepté ses souffrances pour le peuple d’Israël. Voici ce qu’a raconté la Rabbanit Tsivia Eliahou sur la prière qu’a faite le Rav la veille d’une de ses opérations délicates qu’il a subie vers la fin de sa vie :

« Je savais qu’à deux heures du matin, la rigueur combattait la miséricorde. Beaucoup de lourds décrets devaient toucher le peuple juif et tuer de nombreuses personnes en Israël. Alors j’ai supplié le Créateur : Maître du monde ! De mon côté, je possède énormément. Ma vie entière n’est que Torah et bonté. Prends donc ce que Tu veux, mais l’essentiel est que Tu annules les décrets. »

J’ai répliqué, poursuit la Rabbanit : ‘‘Comment cela ? Tu viens de donner en un clin d’œil toute l’œuvre de notre vie ?’’ et le Rav m’a répondu : ‘‘Aurais-tu accepté que l’on tue autant de juifs ici, en Israël ?’’ Je lui ai répondu que non, alors il m’a dit : ‘‘Qui peut payer ? Uniquement celui qui a de quoi payer. Je suis prêt à le faire.’’ » Alors qu’il était très malade, l’opération « Plomb durci » a éclaté et Rav Mordekhaï Eliahou s’est rendu en ambulance directement de l’hôpital au tombeau de Ra’hel afin d’implorer la miséricorde divine pour le peuple d’Israël. Et effectivement, dans divers endroits des soldats ont témoigné avoir vu une femme vêtue comme une arabe les avertir de ne pas entrer dans certains endroits qui étaient piégés, en leur dévoilant « Je suis votre mère Ra’hel. » Le Rav Chmouël Eliahou, fils du Rav, a éclairci le sujet avec son père. Il raconte : « Je lui ai dit délicatement ‘‘Papa, tu sais, voilà ce qu’on raconte au sujet de la guerre. Y croire ? Ne pas y croire ? Vérité ou mensonge ?’’ Il m’a regardé puis m’a répondu ‘‘Oui, c’est vrai. J’ai dit à Ra’hel : Il y a la guerre, ne t’abstiens pas de pleurer. Va chez Hachem et prie pour les soldats qui se sacrifient pour le peuple d’Israël. Demande qu’ils puissent attaquer sans être eux-mêmes frappés.’’ Je lui ai dit : ‘‘Alors sache qu’elle y est vraiment allée.’’ Puis il m’a demandé : ‘‘A-t-elle dit qu’elle venait de ma part.. ?’’ »

 

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