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paracha de la semaine

KORAH

8 Juin 2013

30 Sivan 5773

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

21:33*

22:57

Lyon

21:09

22:27

Marseille

20:58

22:11

* faire rentrer le chabbat selon votre communauté

ARCHIVES DE L'ANN2E 2002 A 2012 ARCHIVES

Certaines richesses s’avèrent être néfastes pour leur propriétaire

(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

« Kora’h, fils d’Yitz’har, fils de Kehat, fils de Lévi prit (laka’h)… » (16, 1)

Le Traité Sanhédrin (109b) demande ce que signifie « Il prit (laka’h) » et Reich Lakich répond : « Il a fait une mauvaise acquisition (méka’h) pour lui-même. » Rachi explique : « Il ‘‘s’est pris’’ lui-même pour passer de l’autre côté, pour se séparer de la communauté et se rebiffer contre la prêtrise. » C’est ainsi que le rend le Targoum Onkelos : « Kora’h ‘‘se sépara’’ de la communauté pour chercher querelle. »

Ceci est vraiment très étonnant. Kora’h n’était pourtant pas un homme simple, nos Sages ont dit de lui dans le Midrach (Tan’houma) « Il était un grand sage et faisait partie de ceux qui portaient l’arche sainte », comme il est dit « Quant aux enfants de Kehat, Il ne leur en donna pas : chargés du service des objets sacrés, ils devaient les porter sur l’épaule » (Bemidbar 7, 9). Le Ari zal a écrit que les dernières lettres des mots du verset des Psaumes « tsaddik katamar yifra’h » (le juste fleurira comme le palmier) forment le nom « Kora’h » : il s’agissait donc d’un tsaddik ! S’il en est ainsi, il faut comprendre comment il en est arrivé à adopter une attitude aussi basse, à constituer un groupe pour s’opposer à D. et à Son élu et à inciter tout le peuple d’Israël à se révolter contre Moché et Aharon. De plus, il ne manquait de rien : il était riche, très respecté, et comme le dit la Guemara dans le Traité Pessa’him (119a), « trois cents mules blanches portaient les clés des coffres-forts de Kora’h. » C’est pourquoi il nous faut comprendre ce qui l’a poussé à calomnier Moché et Aharon et à médire d’eux.

Une autre question se pose également : si l’impiété de Kora’h était telle qu’il a osé se révolter contre D. et Son élu, pourquoi Hachem lui a-t-Il tout de même accordé une si grande richesse ? En vertu de quoi a-t-il reçu tous ces biens ?

Afin de comprendre tout cela, il nous faut savoir d’où provenait l’immense fortune de Kora’h. Dans le traité Pessa’him, la Guemara (119a) dit au nom de Rabbi ‘Hama bar ‘Hanina : « Yossef avait caché trois trésors en Egypte et Kora’h en a découvert un. » D’après moi, Hachem savait que Kora’h était empreint de ce terrible défaut qu’est la jalousie. Afin de l’en débarrasser et de l’aider à corriger ses mauvaises traits de caractère, Hachem lui a procuré de la richesse à partir des trésors de Yossef, afin qu’en observant tous ses biens, il se souvienne de Yossef, de sa piété et de ses bonnes et droites qualités. En effet, bien que ses frères l’aient jalousé, comme il est dit (Béréchit 37, 11) : « Les frères de Yossef le jalousèrent », lui aient rendu la vie amère et l’aient envoyé en Egypte, Yossef ne s’est jamais vengé et s’est conduit avec eux avec bonté et miséricorde. De plus, il ne s’est pas montré envieux de la royauté de Yéhouda alors qu’il était lui-même le plus important et le plus remarquable des fils de Ya'akov. En effet, il était l’enfant le plus aimé de son père et a été imprégné de sa Torah, comme il est dit « parce qu’il était le fils de sa vieillesse » (Béréchit 37, 3), ce que le Targoum traduit par « un fils intelligent ». Il était aussi le fils de Ra’hel, qui est le modèle de la maîtresse de maison. Malgré tout, Yossef était plein d’humilité, il ne cherchait ni grandeur ni honneurs, il restait simple et se comportait avec chacun d’égal à égal, comme il est dit (Béréchit 37, 2) : « Passant son enfance avec les fils de Bilha et ceux de Zilpa, épouses de son père » : il se joignait aux enfants des servantes et s’adressait à eux avec amour, affection et amitié.

Ainsi, Hachem a eu pitié de Kora’h et lui a donné une partie des trésors de Yossef afin qu’il médite sur la piété et l’honnêteté de ce grand tsaddik, qu’il prenne exemple sur ses bonnes midot et chasse la jalousie qui l’habitait pour améliorer ses qualités humaines. Mais malheureusement, Kora’h n’a pas tiré profit de son immense richesse, car la jalousie l’a fait sortir du monde. Comme l’explique Rachi (Bemidbar 16, 1) : « Quelle raison a poussé Kora’h à se quereller avec Moché ? Il a pris ombrage de la nomination d’Elitsafan fils d’Ouziel que Moché avait, sur ordre divin, désigné comme prince sur les enfants de Kehat. » La jalousie lui a donc causé du tort en le menant jusqu’à la tombe. Or nos Sages avaient dit (Traité Avot 4, 21) : « La jalousie, le désir et la gloire font sortir l’homme de ce monde. »

Dans le Traité Sanhédrin (119a), Rabbi Chim’on ben Lakich a attribué à la fortune de Kora’h la notion de « richesse qui s’avère être néfaste pour son propriétaire ». Puisqu’il n’a pas eu l’intelligence de s’inspirer de la conduite de Yossef, de s’éloigner de l’orgueil et de la jalousie, il est descendu jusqu’au plus bas niveau, il s’est détourné et s’est rebellé contre Moché et Aharon. Qu’est-il alors advenu ? « Ils descendirent, eux et tous les leurs, vivants dans la tombe ; la terre se referma sur eux, et ils disparurent du milieu de l’assemblée » (Bemidbar 16, 33).

C’est pour cette raison que nos Sages ont dit que Kora’h a fait une mauvaise acquisition (méka’h) pour lui-même, comme s’il avait pris (laka’h) et volé de l’argent qui ne lui revenait pas. En effet, la richesse qu’il a reçue avait un seul but : l’aider à améliorer et à corriger ses midot en réfléchissant sur la valeur de son ancêtre Yossef. Dans ce cas, cette richesse lui serait revenue de droit. Mais puisqu’il s’est montré envieux de Moché et Aharon et n’a pas combattu sa jalousie, c’est comme s’il avait volé tous ces biens ! Ainsi nos Sages ont dit qu’il a fait une mauvaise acquisition pour lui-même : une acquisition malhonnête et injuste.

Puisse Sa volonté être que nous méritions de corriger notre caractère, de rectifier notre conduite, de nous éloigner de la jalousie, du désir et de la gloire et de nous orner de qualités humaines positives et droites, amen, amen.

HOMMES DE FOI

Histoires des justes de la famille Pinto

Un jour, Rabbi ‘Haïm Pinto a rencontré au Maroc un vieil homme du nom de Moché. Il lui a dit : « Vous avez dans votre poche quatre pièces de monnaie. Donnez-m’en une, et avec le reste, achetez aujourd’hui un billet de loterie et vous gagnerez une somme de 900 pesetas. »

Accompagné de la bénédiction du tsaddik, Moché est allé acheter un billet de loterie à quelques sous et a gagné l’immense somme de 900 pesetas.

Quelques jours plus tard, Moché a de nouveau rencontré le Rav. Celui-ci lui a demandé « Avez-vous acheté le billet ? » « Oui. » « Avez-vous gagné ? » a poursuivi le Rav. « Oui, j’ai gagné. » « Combien ? » « Une grande somme. » Alors Rabbi ‘Haïm lui a dit : « Vous ne voulez pas révéler combien vous avez gagné ! Mais vous avez gagné 900 pesetas, n’est-ce pas ? Que D. vous donne la prospérité. » Quelque temps plus tard, notre ami Moché a appris le décès de Rabbi ‘Haïm Pinto. Voulant absolument accomplir la sainte mitsva de faire descendre le corps dans la tombe, il s’est précipité au cimetière pour essayer d’acquérir cette précieuse mitsva. Mais il était trop tard et le rôle avait déjà été attribué à deux autres personnes.

Très attristé, Moché s’est mis à pleurer.

Comme ce dernier l’a raconté à Rabbi David ‘Hanania Pinto, un des petits-fils du Rav, il a rêvé cette nuit-là qu’il se trouvait sur un toit et que Rabbi ‘Haïm lui disait : « Moché, ne soyez pas triste ! La mitsva vous appartient entièrement, D. considère une bonne intention comme un acte. »

HISTOIRE VECUE

Certaines personnes savent tirer de bonnes leçons

Contrairement à Kora’h, qui a fait une mauvaise « acquisition » pour lui-même, d’autres savent utiliser leurs talents pour faire régner la paix et mettre fin aux disputes et aux querelles. L’histoire suivante, entendue de la bouche du Maguid Rabbi Reouven Carlinstein, illustre cette idée :

J’ai un ami, ‘hassid de Gour, empreint de crainte divine, dont le père a vécu l’Holocauste et est ensuite parti s’installer à Hertzliya. Puis dans sa vieillesse, il a déménagé pour Bnei Brak. Dès le deuxième jour de son arrivée dans sa nouvelle demeure, un homme est venu frapper à sa porte.

« Bonjour ! Bienvenue ! Je suis un voisin, un ancien dans cet immeuble. » Notre ami a fait entrer son hôte et ils se sont installés joyeusement. Puis le voisin s’est mis à raconter : « Vous devez savoir qu’il y a dans cet immeuble un conflit… enfin pas réellement un conflit ni une querelle, mais plutôt un problème. En fait, un des voisins cherche à faire des travaux chez lui et nous ne sommes évidemment pas d’accord puisque cela implique bruit, saleté etc. Mais nous n’avons pas réellement les moyens de l’empêcher d’agir. Par contre vous, en tant qu’homme âgé, vous pouvez vraiment prétendre que la construction vous pose problème. Vous n’êtes tout de même pas venu à Bnei Brak pour souffrir ! De cette manière, nous pourrons peut-être l’empêcher de construire. »

« Qui est ce voisin ? Comment s’appelle-t-il ? » a demandé son interlocuteur. Il lui a donné le nom du voisin et la situation de l’appartement, c’était le voisin du dernier étage. Puis les deux hommes se sont séparés : « Bien, je sais déjà quoi faire, merci beaucoup » a répondu le père de mon ami.

L’invité est parti, puis notre ami, avec ses soixante-quinze ans, a gravi toutes ces marches pour arriver chez l’homme intéressé à construire : « Bonjour, je suis votre nouveau voisin. » « Oh, bienvenue ! Oui, vous êtes arrivé cette semaine d’Hertzliya » lui a-t-il répondu.

Le vieux monsieur lui a dit : « En réalité, c’est vous qui auriez dû venir vous présenter, mais à ce que j’ai compris vous n’avez pas tellement le temps pour ça, alors j’ai dû venir moi-même chez vous, est-il possible d’entrer ? » « Bien sûr, entrez, vous pouvez vous asseoir. »

L’hôte s’est installé : « Puis-je avoir un verre de thé ? »

« Il va bientôt me demander de dormir à la maison ! Que se passe-t-il ici ? » a pensé le voisin en s’empressant de lui servir un thé chaud.

« En tant que nouveaux voisins, j’aimerais vraiment faire connaissance avec vous. » Puis le vieux monsieur a commencé à demander : « Depuis combien de temps habitez-vous dans cet immeuble ? Combien d’enfants avez-vous ? » et il a enchaîné les questions.

Après avoir reçu toutes ses réponses, le nouveau voisin a récapitulé : « D’après ce que je comprends, vous avez dix enfants dont aucun n’est marié, c’est-à-dire douze personnes à nourrir ? » « Oui, grâce à D. » « De combien de pièces disposez-vous ? » « Deux pièces et demi plutôt grandes, on se débrouille comme on peut. Je vais vous dévoiler un secret : je pose même un matelas dans la cuisine et le soir, après avoir nettoyé, on dort aussi là-bas. »

« Et pourquoi ne pas agrandir un peu ? » « Non, ce n’est pas grave. On se restreint un peu et on se serre.  » « Pourquoi donc ? Ne vaut-il pas mieux alléger un peu la souffrance ? »

« En réalité, j’ai voulu faire des travaux, mais un des voisins s’y oppose farouchement. Alors j’ai décidé de renoncer au projet. » « Mais pourquoi ne pas construire ? » a insisté le vieux monsieur. « Je vous ai déjà expliqué, que puis-je faire si on m’en empêche ? » « J’aimerais savoir : si vous voulez malgré tout entreprendre des travaux, comment obtiendrez-vous les fonds nécessaires ? » « A Bnei Brak il n’y a pas de problèmes de guema’h, je me débrouillerai, mais on ne me permet pas de le faire… » « Alors je vais vous dire : j’ai un guema’h. J’en avais aussi un grand à Hertzliya. Allez remplir le formulaire et je vous prêterai trois-mille dollars. »

« Je n’ai pas besoin de guema’h pour l’instant, je vous ai déjà tout expliqué. Le problème est que certains s’opposent à ce que j’entreprenne des travaux. » « Oubliez cela ! Prenez tout d’abord l’argent, que vous ayez de quoi commencer. Engagez trois ouvriers pour trois-mille dollars. J’ai un grand guema’h, quel est le problème ? » et le voisin d’expliquer à nouveau « Ce n’est pas la question etc. »

« Ecoutez bien ce que je vous dis : descendez, prenez un formulaire et vous recevrez les fonds nécessaires. Ensuite, allez à la municipalité et demandez les autorisations pour construire. »

« Mais enfin, que voulez-vous de moi ? » « Je veux exactement ce que je viens de vous dire, a répondu le vieux monsieur. Commencez à vous occuper des travaux et prenez l’argent de mon guema’h. »

« Mais il y a un souci avec… »

« Ne vous inquiétez pas pour cela, laissez-moi m’en occuper. » Et c’est ainsi que la visite s’est terminée.

En attendant, le nouveau voisin s’est rendu chez « l’opposant principal » qui était venu le voir une heure plus tôt pour faire connaissance avec lui : « Combien d’enfants avez-vous ? » « Cinq » « Sont-ils tous mariés ? » « Oui, grâce à D. » « Et combien de pièces y a-t-il dans cet appartement ? » « Il y en avait deux et-demi et j’en ai fait trois. »

« J’aimerais vous poser une question, a dit le père de mon ami : vous n’avez plus d’enfants à la maison et vous avez pourtant agrandi votre maison en passant de deux pièces et demi à trois pièces. Or le voisin d’en-haut a douze personnes à loger, il met même un matelas par terre dans la cuisine et vous n’éprouvez aucune pitié ? Plus encore, vous venez me voir pour m’inciter à fauter avec vous ? » Des larmes sont apparues aux coins de ses yeux âgés pleins de compassion, puis il a poursuivi : « J’aimerais vous dire quelque chose, mon cher voisin. Je ne suis pas jeune et sachez que chacun de nous, dans sa vie, doit savoir éveiller la miséricorde divine. Sans cela, la vie peut être très amère. A mon avis, Hachem a pitié de nous si nous sommes compatissants envers autrui, en particulier envers nos voisins. Dans le cas contraire, malheur à nous… »

Emu par les paroles de l’homme âgé, le voisin a déclaré : « Bien, à partir d’aujourd’hui je ne dis plus rien et ne me mêle plus de cette affaire. En effet, il est vrai que nous avons tous besoin de la miséricorde divine. »

« Attendez, il ne suffit pas de décider ‘‘Je ne dis plus rien’’. Ce voisin n’a pas d’argent pour les travaux, il lui faut des guema’him. Trouvez-lui s’il vous plaît un guema’h qui lui prêterait quelques milliers de dollars. En effet, si vous éprouvez une réelle compassion, vous êtes obligé de l’aider. Acceptez-vous ? » « Que puis-je faire face à vous ? Je n’ai pas le choix, c’est d’accord. »

« S’il en est ainsi, montons… »

Alors le vieux monsieur est passé prendre une bouteille de liqueur chez lui puis ils sont montés ensemble chez le voisin en annonçant : « Nous sommes venus boire lé’haïm pour le début de vos travaux ! »

Heureux le peuple qui se conduit ainsi !

GARDE TA LANGUE

Respecter ses parents

Quiconque médit de son grand frère, du mari de sa mère ou de la femme de son père, transgresse la mitsva de respecter ses parents, puisque tous ceux-là sont inclus dans cette mitsva.

Quiconque médit de son père ou de sa mère directement transgresse non seulement cette mitsva, mais entre aussi dans la catégorie de « Maudit soit qui traite avec mépris son père ou sa mère ! »

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Toutes les controverses ne sont pas de la même nature

Le nom « Kora’h » et le mot « ra’hok (loin) » sont composés des même lettres, et aussi étonnant que cela puisse paraître, la valeur numérique de « Kora’h » est identique à celle du terme « karov » (proche). C’est ce qui va nous permettre de comprendre la caractéristique intéressante de ce personnage. Celui-ci a prétendu (Bemidbar 16, 3) : « C’en est trop de votre part ! Toute la communauté, oui, tous sont des saints, et au milieu d’eux est Hachem ; pourquoi donc vous érigez-vous en chefs de l’assemblée de Hachem ? » Kora’h, qui était l’un des porteurs de l’arche sainte, connaissait le but de la construction du Sanctuaire : « Et ils Me construiront un sanctuaire pour que Je réside au milieu d’eux » (Chemot 25, 8). Il n’est pas dit « en lui », mais « au milieu d’eux » pour nous enseigner qu’il y a en chaque ben Israël un petit sanctuaire. C’est pourquoi Kora’h a prétendu que chaque membre du peuple méritait d’être proche de D., et dans ce cas, « pourquoi donc vous érigez-vous en chefs de l’assemblée de Hachem ? » Mais il s’est fourvoyé car son intention n’était pas pure. Alors il a provoqué exactement le contraire de ce qu’il revendiquait, c’est-à-dire qu’il a causé un éloignement de la présence divine en se prenant lui-même pour passer de l’autre côté et s’opposer. Par sa controverse, il a éloigné D. du sein du peuple d’Israël.

C’est ce que dit la michna « Tes actes te rapprocheront et tes actes t’éloigneront » (Edouyot Chapitre 5, michna 7). Kora’h avait la possibilité de rapprocher le peuple d’Israël de D., car comme nous l’avons dit, il portait l’Arche et reconnaissait que « Toute la communauté, oui, tous sont des saints, et au milieu d’eux est Hachem. » Mais ses actes, au lieu d’être réparateurs, n’ont causé que dégâts et dommages. Au lieu de favoriser la proximité avec D., ils n’ont fait que créer un éloignement. C’est pourquoi il a été puni mesure pour mesure : il a été éloigné du camp et englouti par la terre.

En revanche, Hillel et Chamaï illustrent parfaitement une conduite diamétralement opposée à celle de Kora’h. Leur controverse ne visait que la gloire du nom de D. et avait lieu uniquement dans la maison d’étude. Et malgré tout, les disciples de Hillel, avec humilité, étudiaient les paroles de la maison de Chamaï et les approfondissaient avant d’analyser celles de leur propre maître. C’est pour cette raison que la halakha a été fixée selon Beit Hillel. C’est seulement après avoir conclu qu’elles n’étaient pas conformes à la halakha qu’ils exprimaient leur point de vue avec dignité. Puis, en sortant de la maison d’étude, ils se réconciliaient.

C’est ce que disent nos Sages (Yebamot 14b) : « Même si Beit Hillel et Beit Chamaï s’opposaient au sujet des « tsarot » (co-épouses), cela ne les empêchait pas de se marier entre eux. » Ceci nous enseigne qu’ils se comportaient entre eux avec affection et amitié pour accomplir ce qui est dit « Chérissez la vérité et la paix ! » Ainsi, cette controverse était, du début jusqu’à la fin, pour l’amour du Ciel, et c’est pourquoi elle a subsisté. Ceci n’a pas été le cas de Kora’h, qui ne cherchait que sa propre gloire : sa controverse n’a donc pas subsisté et il est mentionné en opprobre éternel.

A LA SOURCE

 « Kora’h, fils d’Yitzhar, fils de Kehat, fils de Lévi, prit… » (16, 1)

L’argument de Kora’h était le suivant : puisque les enfants d’Amram, l’aîné, occupaient les postes de la royauté et de la grande prêtrise, il considérait normal que le titre de prince lui revienne en tant que fils d’Yitzhar, celui qui suit Amram dans la fratrie.

C’est pourquoi, souligne le ‘Hida, le texte a mentionné dans son ascendance « fils de Kehat » : même si Guerchon était l’aîné, ce ne sont pas ses enfants qui portaient l’Arche, mais ceux de Kehat. Ceci nous enseigne que la grandeur n’est pas accordée en fonction de l’âge.

C’est également pour cette raison que le texte a aussi mentionné Lévi, car il a mérité d’être nommé pour la prêtrise alors qu’il n’était pas l’aîné. En effet, Réouven et Chim’on le précédaient. Ceci est une preuve que tout dépend des ordres divins.

 « Celui qu’Il aura élu, Il le laissera approcher de Lui » (16, 5)

Rabbi Tsadok HaCohen de Lublin s’étonne : pourquoi les cohanim ne prononcent-ils pas chaque jour une bénédiction « qui m’a fait cohen », à la façon dont les juifs ordinaires disent « qui ne m’a pas fait femme » ?

L’Admor Rabbi Avraham Mordekhaï de Gour répond : la Mekhilta nous enseigne qu’avant la faute du Veau d’or, tous les bnei Israël étaient aptes à être des prêtres, comme il est dit « Mais vous, vous serez pour Moi un royaume de prêtres. » Mais suite à la faute, seuls les cohanim ont été choisis pour officier dans le Temple. Ainsi, prononcer une bénédiction « qui m’a fait cohen » reviendrait, de la part du cohen, à s’enorgueillir du déshonneur de son prochain.

(Mais par ailleurs, il se peut que le cohen prononce chaque jour cette bénédiction en disant « qui nous a sanctifiés de la sainteté d’Aharon » [en Erets Israël où la « birkat cohanim » est prononcée tous les jours].)

 « Il s’interposa ainsi entre les morts et les vivants » (17, 13)

Voici comment Baba Salé a interprété l’intervention du Grand Prêtre :

Dans la prière qu’il a adressée à D., Aharon a évoqué la différence entre les vivants et les morts : les vivants peuvent servir Hachem et s’attacher à Ses mitsvot, tandis que « ce ne sont pas les morts qui loueront le Seigneur. »

De cette manière, il est venu plaider en faveur des bnei Israël pour que le décret ne les touche pas. En effet, à quoi bon les faire mourir ? Ils ne pourront alors plus servir D., contrairement aux vivants qui peuvent Le louer et respecter Ses commandements !

Dès qu’Hachem a entendu les arguments d’Aharon, « la mortalité s’arrêta » afin qu’ils puissent se repentir durant leur vie, qu’ils se repentent et soient guéris.

 

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar

« Moché (…) dit à Hachem : ‘‘N’accueille point leur hommage.’’ » (16, 15)

En voyant l’incroyable haine que ces impies lui portaient, Moché a constaté qu’ils étaient empreints du mal le plus absolu qui porte au bien une haine mortelle et gratuite. C’est pourquoi il a demandé à Hachem « N’accueille point leur hommage. »

Expliquons plus profondément : tout homme a des mitsvot et des bonnes actions à son actif et on sait que D. ne prive personne de son juste salaire (Baba Kama 38b), même pas les impies, comme il est dit « D. de vérité, jamais inique » (Devarim 32, 4). On apprend d’ailleurs cela de Nevou’hadnetsar, qui a reçu un mérite pour les quelques pas qu’il a faits en l’honneur de D. (Sanhédrin 96). C’est pourquoi Moché, craignant que le mérite d’une mitsva qu’ils auraient déjà accompli dans le passé ne les sauve maintenant, a demandé à Hachem « N’accueille point leur hommage » : qu’Il ne regarde ni ne Se tourne vers un mérite qui se présenterait aujourd’hui à Lui comme une offrande.

A la question « Comment la mida de D. s’annulerait-t-elle pour faire une entorse à la justice de ces hommes-là ? », la réponse est la suivante : Sache que les tsaddikim ont la capacité de faire expirer un droit qui revient à des impies s’ils les voient complètement plongés dans le mal. Tel est le secret du tsaddik qui « gouverne dans la crainte de D. » (II Chemouël, 23, 3). Ce dernier a la possibilité d’annuler le mérite d’un homme s’il le juge nécessaire, ce que D. Lui-même ne peut pas faire, si l’on peut dire ainsi. D’ailleurs, nous avons une loi qui permet au tribunal humain de laisser les biens d’un mécréant à la portée de tous, comme il est dit (Yébamot 89b) : « Ce que le beit din rend hefker (à la portée de tous) devient hefker. »

LES CEDRES DU LIBAN

Le gaon Rabbi Azriel Hildesheimer

Lors d’un Chabbat, alors qu’il était encore attablé pour le troisième repas, le Rav a appris que la prière d’arvit avait déjà commencé à la synagogue, avant même l’heure de la sortie du Chabbat. Sans attendre, il s’est précipité à la synagogue pour taper du poing sur la bima et proclamer : « Si vous recommencez à prier ne serait-ce qu’une demi-minute avant l’heure autorisée, je prendrai les clés de la synagogue chez moi et je ne l’ouvrirai qu’à la fin du Chabbat. »

Telle était la manière de diriger du gaon Rabbi Azriel Hildesheimer, qui a occupé la fonction de Rav dans la communauté d’Eisenstadt en Hongrie. Il a étendu son influence spirituelle sur de nombreux pays et a formé de nombreux ‘‘soldats’’ pour la Torah et ses mitsvot. Rabbi Azriel Hildesheimer est né à Halberstadt en Allemagne et a étudié chez l’un des grands de la Torah, à la yéchiva du gaon Rabbi Ya’akov Ettlinger, auteur du « ‘Aroukh LaNer », à Altona, près de Hambourg.

En 5611, il a été nommé Rav de la communauté d’Eisenstadt, où il a fondé une yéchiva et une maison d’étude pour les Rabbanim. C’était la première yéchiva de ce genre à proposer à la fois l’étude des langues et des textes sacrés. Le nombre d’élèves augmentait d’année en année et ceux qui ont terminé ce programme ont été nommés Rabbanim dans différentes communautés. Cette démarche a rencontré beaucoup d’oppositions et de critiques, tant de la part des réformés que de certains cercles de la communauté orthodoxe. Mais les grands rabbanim de Hongrie et d’Allemagne ont reconnu la grandeur du Rav et ont approuvé le système de sa yéchiva.

Nous savons par exemple ce qu’a une fois dit le géant en moussar Rabbi Israël de Salant, qui était très proche de Rabbi Azriel : lors d’un séjour à Berlin, il avait assisté à un cours de halakha donné par son ami dans une classe supérieure de filles à l’école juive de sa communauté. A la fin, il a déclaré être jaloux de la part qui reviendrait à Rabbi Azriel dans le monde futur grâce à cette étude.

Le Rav a lutté, à travers des articles de journaux et dans des brochures, contre les « réformés » qui avaient une certaine prise dans la ville. Mais à cause de cette lutte contre les réformés d’une part, et du combat que les ‘hassidim menaient contre lui d’autre part, il s’est expatrié à Berlin. Après de longues négociations avec les administrateurs de la communauté de cette ville, il a réussi à fonder une maison d’étude pour les Rabbanim qui dispensait les enseignements fondamentaux de la yéchiva traditionnelle associés à un programme de langues et de philosophie. Cette maison d’étude, qui symbolisait le verset que le Roch yéchiva avait érigé en principe : « Dans toutes tes voies, connais-Le », a subsisté jusqu’à sa fermeture par les nazis.

Même si Rabbi Azriel était très préoccupé par les affaires de la communauté, il n’a jamais cessé d’étudier le Talmud et les commentateurs à la maison d’étude et de répondre à tous ceux qui, de différentes communautés, lui adressaient des questions. Ses réponses ont été imprimées quelques temps plus tard dans le livre « Responsa de Rabbi Azriel Hildesheimer », parallèlement à l’ouvrage des nouvelles explications sur le Talmud, qui a été publié dans ses dernières années. De même, il a réédité les livres des Richonim qui ont enrichi le monde en Torah et en halakha.

Le Rav de la communauté de Mayence, Rabbi Meïr Lehmann, a témoigné que lorsqu’il a étudié chez Rabbi Azriel à Halberstadt, le Rav donnait un cours sur les décisionnaires tous les matins, de 4h à 6h. Il prodiguait d’autres cours pendant la journée, puis le dernier de 8h à 10h du soir. Au cours du Chabbat, il dispensait des cours pendant tout l’après-midi et même le vendredi soir en hiver.

Malgré la lourde charge de travail qui pesait sur lui, il n’a jamais annulé un seul de ses cours, même s’il avait voyagé pendant toute la nuit précédente pour les besoins de la communauté. Une seule fois, il n’a pas donné de cours pendant deux jours, parce qu’il s’occupait d’une collecte de fonds pour deux orphelines restées dépourvues de tout suite au décès de leur père. Avant d’entreprendre tout déplacement, il calculait le nombre précis d’heures d’étude qu’il manquerait et les rattrapait avant de partir.

La veille de Kippour 5661, il a envoyé des fonds pour les victimes d’un incendie qui avait frappé le quartier juif de Salonique. Il y a joint une lettre dans laquelle il souligne : « Je suis obligé de conclure car nous partons déjà à la synagogue pour ‘‘Kol Nidrei’’. »

Son dévouement, tant pour la collectivité que pour les individus, ne connaissait pas de limites. Rabbi Israël de Salant a raconté par exemple que lors d’une veille de Kippour, alors que tout le monde se rendait à la synagogue pour la prière de « Kol Nidrei », Rabbi Azriel courait dans les rues de Berlin, un livre à la main. Rabbi Israël se trouvait à Berlin à cette période et l’a rencontré en pleine course. Il lui a donc demandé ce qui se passait et Rabbi Azriel lui a expliqué qu’il se précipitait chez un certain général refusant de libérer les soldats juifs pour Kippour. Il s’était donc muni du livre de législation allemande pour lui prouver que la loi l’obligeait à les libérer immédiatement.

Il a consacré le meilleur de ses années pour Sion et Jérusalem. Il a été à l’origine de nombreuses actions importantes pour les habitants d’Israël et leur confort matériel en soutenant des institutions de Torah et de ‘hessed, au point que nombreux sont ceux qui le surnomment « le prince de la terre d’Israël ».

 

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