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Houkat 15 Juin 2013 7 Tamouz 5773 |
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La loi du début (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Voici la loi de la Torah » (Bemidbar 19, 2) Le Or Ha’haïm se demande pourquoi il est dit « la loi de la Torah » et non « la loi concernant la vache rousse ». En effet, dans Chemot (12, 43) il est écrit « Ceci est la règle de l’agneau pascal » et non « Ceci est la loi de la Torah. » Et le Rav répond par un développement merveilleux et profond. Pour ma part, j’aimerais rapporter les saintes paroles du Ba’al Chem Tov, afin qu’on s’en souvienne et qu’on les intègre. Il s’étonne que, malheureusement, nous constatons parfois un grand manque de crainte divine même chez ceux qui étudient la Torah. Comment est-ce possible ? Il explique que tout dépend du début de la journée. Dès le réveil, il faut commencer par des activités spirituelles, se lever avec zèle pour servir D., prononcer « Modé Ani » avec une grande concentration et remercier Hachem du fond du cœur pour Sa merveilleuse création puis se hâter à la prière du matin. Quiconque agit ainsi et débute sa journée par de bonnes actions pour la gloire de D. et des mitsvot verra celle-ci influencée par ce bon départ et son visage reflètera la crainte divine. Mais quiconque se lève tout doucement, n’est préoccupé que par les futilités de ce monde, débute sa journée par des activités matérielles comme prendre une cigarette et boire un café tout en téléphonant à ses connaissances et amis et qui, après seulement, se souvient de D. et va prier, ne sera évidemment pas empreint de crainte divine, car il a commencé sa journée en s’occupant de ses besoins égoïstes et des activités matérielles. Ainsi, il est à craindre que la présence divine ne réside pas en lui. Allons un peu plus loin. Comme nous le savons, le Ari zal explique que si un individu est vertueux, pendant son sommeil son âme se promène dans le Gan ‘Eden et mérite d’entendre les cours de Torah qui y sont prononcés. Ainsi, même lorsqu’il dort, il est lié à la Torah. Et à son réveil, Hachem insuffle en lui une nouvelle âme pure. Il était semblable à un homme mort pendant la nuit : en effet, comme nous le disons dans les bénédictions du matin, D. « rend les âmes aux corps inanimés », mais cette âme qu’Il rend dans Sa grande bonté est comme une nouvelle âme qui n’habitait pas cet individu la veille. Dans toute Sa splendeur, Hachem insuffle en l’homme cette âme à partir de Lui-même, car « Celui qui a insufflé une vie, l’a insufflée à partir de Lui. » S’il en est ainsi, dès notre réveil nous sommes liés à D. par un lien indissoluble grâce à ce souffle saint qu’Il a introduit en nous. C’est pourquoi quiconque débute sa journée par des activités spirituelles et se sanctifie par la Torah et la prière et en remerciant Hachem, prolonge ce lien étroit avec Lui, lien qui était né alors qu’il dormait encore et que son âme se délectait des paroles de Torah dans les mondes supérieurs. Mais quiconque entreprend des activités matérielles dès son réveil rompt et détruit ce lien et cela le mène à un manque de crainte divine. C’est le sens du verset « Voici la loi, lorsqu’il se trouve un mort dans une tente » : l’essentiel de la Torah dépend du début de la journée, lorsqu’un individu qui dormait, tel un homme « mort dans une tente », se réveille de cette mort-là. S’il se lève avec zèle pour le service divin et que cette attitude est pour lui comparable à une « loi de la Torah », à une loi incontournable, qu’il respectera sans questions ni prétextes en tous genres comme « Je suis fatigué » ou « Je suis faible », s’il se lève toujours avec l’envie et la joie de servir D., il a alors accompli l’essentiel de la Torah. En effet, puisque la journée entière dépend de son commencement, il ne fait aucun doute que la Torah sera sa priorité et qu’il sera empreint de la crainte divine. En revanche, si ce mode de vie n’est pas le sien, s’il se lève avec paresse, s’occupe de ses propres affaires et que le mauvais penchant lui invente toutes sortes de prétextes, cette paresse lui causera du tort durant la journée et il perdra tout. Voici donc d’où provient le manque de crainte divine. Voici ce que rapporte le Yérouchalmi (‘Haguiga Chapitre 2) au sujet du verset « La fin d’une entreprise est préférable à son début » (Ecclésiaste 7, 8). Rabbi ‘Akiva explique : quand est-ce que la fin d’une entreprise est préférable ? Quand elle découle de son début, c’est-à-dire lorsqu’elle est bonne depuis son début. Ainsi, tout dépend du commencement, et quand celui-ci est bon, la suite l’est également. C’est dans cet esprit que j’aimerais expliquer le verset suivant (Bemidbar 15, 21) : « Des prémices (réchit) de votre pâte (‘arissotékhem) vous ferez hommage (terouma) à Hachem. » Le mot « ‘arissa » fait allusion au lit sur lequel nous dormons. Ainsi, la Torah avertit que lorsqu’on quitte son lit, il faut commencer (réchit) par « faire hommage à Hachem ». Or le terme « terouma » est de la même racine que le mot « hitromemout », qui signifie « élévation » : nous devons nous élever et nous lever pour accomplir avec zèle le service divin. Nos premiers actes seront donc en hommage à Hachem, c’est-à-dire que nos premières activités seront spirituelles, comme la préparation à la prière, ainsi qu’il est dit : « Prépare-toi, ô Israël, à te présenter à ton D. » De cette manière, nous mériterons d’acquérir la crainte de D., car tout est influencé par le début (réchit), et si celui-ci est correct, la suite sera à son image. Il est possible d’expliquer autrement le verset « Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à Hachem » : le terme « ‘arissa » signifie aussi « berceau ». Ainsi, il faut faire de l’enfant, quand il est encore dans son berceau, une « terouma » pour D. En d’autres termes, il faut le renforcer dans la voie de la Torah et des mitsvot sans attendre qu’il grandisse. Tout dépend de la toute première éducation et, s’il est éduqué dans la Torah et la sainteté alors qu’il n’est encore qu’un bébé, il suivra cette voie même en grandissant. Or, cette sainte obligation d’encourager cette voie d’élévation incombe à nous aussi, les bnei Torah. Quand un homme s’installe avec une Guemara, il doit savoir que tout dépend de la façon dont il a entrepris son étude. S’il a démarré avec un saint enthousiasme et a décidé de se plonger dans la Guemara en ne s’intéressant à rien d’autre, il est assuré de s’élever dans le chemin menant vers D. Mais si, en revanche, chaque élément perturbateur attire son attention, qu’il commence à étudier avec paresse et sans conviction et s’interrompt constamment, sa Torah s’effritera, ne portera aucun fruit et ne permettra pas d’acquérir la crainte divine. Ainsi, renforçons-nous dans le labeur de la Torah et plus particulièrement faisons en sorte que notre étude soit entreprise avec enthousiasme, énergie et de manière efficace. Nous serons alors assurés d’en recueillir les fruits, avec l’aide de D. HOMMES DE FOI Histoires des justes de la famille Pinto Rabbi David ‘Hanania Pinto raconte : « J’ai entendu d’une famille au Maroc une histoire redoutable. Une des femmes de la famille avait été atteinte de folie après avoir perdu sa mère. Tous les efforts et les soins médicaux entrepris pour tenter de la guérir s’étaient avérés vains. Face à son état qui s’aggravait, les membres de la famille ont décidé de la conduire sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto et ils l’y ont attachée avec une corde. Alors le miracle s’est produit devant leurs yeux stupéfaits : au bout de quelques minutes, tous les présents ont pu constater un changement significatif dans l’état et le caractère de la femme, qui venait de recouvrer la bonne santé. » LES PAROLES DES SAGES Un cours d’examen de conscience (‘heshbon) et une bonne pensée « C’est à ce propos que les gouverneurs disaient : ‘‘Venez à ‘Heshbon !’’ » (Bemidbar 21, 27) A l’issue de la période de deuil et lors de la clôture de l’étude du Talmud organisée à la mémoire du gaon Rabbi Elazar Mena’hem Man Chakh, Rabbi Ya’akov Hillel, Roch yéchiva d’« Ahavat Chalom », s’est exprimé en ces termes : « Je ne cesse de m’émerveiller de ce saint testament dans lequel le Rav a demandé à toute personne à qui il aurait procuré un quelconque profit spirituel d’étudier pour lui une michna ou de mener une sainte réflexion. Combien d’humilité cela comporte ! Quelle leçon sur la profondeur du jugement et sur l’importance de chaque bonne action ! ‘‘Venez à ‘Heshbon (procéder à un examen de conscience)’’ : le Rav a vécu très longtemps, et depuis son enfance, il était entièrement attaché à D. Il étudiait avec une assiduité et une persévérance hors du commun. L’ampleur de son étude est-elle même accessible à notre rêve ? Il a donné tellement de cours, mené des débats avec sagesse et écrit de nombreux livres porteurs de réflexions profondes et d’une étendue si vaste ! Il a formé un nombre incalculable, inimaginable, d’élèves : des dizaines de milliers de disciples, et disciples de disciples, qui continuent à diffuser sa lumière à travers le monde. Combien de conseils et d’enseignements de Torah il a prodigués, tant aux individus qu’à la communauté ! Combien il a guidé et établi la maison d’Israël ! Il demande qu’on étudie une michna ou qu’on mène une ‘‘réflexion de Torah’’ pour le bien de son âme, alors que depuis les temps anciens, aucun homme de son envergure ne s’était levé sur Israël ! Nous n’avons pas idée de tout ce que notre grand Rav a compris, et à partir de sa demande, nous pouvons prendre conscience de la terrible profondeur du jugement, ainsi qu’il est écrit « Malheur à nous lors du jour du jugement ! Malheur à nous lors du jour de la réprimande ! » Cela nous apprend aussi à mesurer la valeur d’un instant de Torah, d’une seule michna. L’idée nouvelle « d’une pensée de morale », d’une petite méditation, est étonnante de la part de celui qui avait une vaste étendue de connaissances en Torah et qui les maîtrisait profondément. Dans son immense humilité se trouve sa puissance. La façon dont il s’est adressé à nous dans son testament, avec une simplicité extraordinaire, est le prolongement de la grandeur que nous avons déjà pu constater durant sa vie. C’est une chose que nous avons aussi trouvé dans les livres du ‘Hafets ‘Haïm : ils disaient des choses simples et fondamentales avec toute leur grandeur et leur profondeur et transmettaient leur message à tout le peuple. C’est de cette manière que notre Rav a maintenu le peuple d’Israël. Une patience récompensée Un soir de Chabbat, le gaon Rabbi Chalom Schwadron évoquait la michna « Fais aussi attention à une mitsva légère qu’à une mitsva importante et considère la perte d’une mitsva par rapport au salaire qu’elle rapporte et le plaisir d’une transgression par rapport à la perte qu’elle engendre » (Avot 2, 1). Alors, quelqu’un qui l’écoutait est venu lui raconter son histoire personnelle en rapport avec ce sujet : Lorsque les Bolchéviques ont pris le pouvoir en Russie après la Première guerre mondiale, pour la première fois depuis de nombreuses années, les juifs ont pu jouir de la liberté. Ceux qui étaient dans le commerce des diamants et des bijoux se sont particulièrement enrichis. Je travaillais moi-même dans les diamants : tous les matins à huit heures, je me rendais à mon bureau, à la Bourse des diamants, et j’étais occupé toute la journée. Un matin, j’avais décidé d’arriver plus tôt à mon travail. Je marchais avec ma mallette de diamants et de bijoux, comme à l’accoutumée, quand j’ai entendu quelqu’un crier : « On cherche le dixième pour compléter le minyan (quorum de dix personnes) ! On cherche le dixième pour compléter le minyan ! » Je me suis retourné en premier et j’ai vu à la porte d’une petite synagogue un homme qui cherchait une dixième personne crier dans ma direction et m’appeler pour que je vienne compléter le minyan. Pensant avoir un peu de temps devant moi j’y suis allé, mais en arrivant j’ai compris que je n’étais pas le dixième : il y avait seulement trois personnes à part moi et à part celui qui m’avait appelé et qui était encore à la porte en train de chercher un « dixième »… « Qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne suis pas le dixième, je suis le cinquième. Il faudra toute la matinée pour rassembler dix personnes ! » « Ne vous inquiétez pas, m’a-t-il répondu, de nombreux juifs passent dans ces rues-là chaque matin. » Frustré d’avoir été pris au piège, j’ai commencé à lire des Psaumes. Pendant les dix minutes suivantes, il a « recruté » une seule personne. J’étais sur le point de m’en aller, mais il m’a supplié : « Ecoutez, c’est le yahrzeit de mon père. Je suis obligé de dire le ‘‘kaddich’’. Restez s’il-vous-plaît. J’essaye d’organiser un minyan rapidement. » « Je ne peux plus rester, ai-je protesté. Je dois être à mon bureau à huit heures et il est déjà huit heures ! » Dix minutes sont encore passées et il a réussi à entraîner deux personnes supplémentaires. Je m’apprêtais à nouveau à partir, mais cette fois, il m’a pointé du doigt en disant « Ecoutez maintenant : si vous aviez yahrzeit pour votre père, vous auriez voulu que je reste, n’est-ce pas ? Et je serais resté ! Alors maintenant je veux que vous en fassiez de même pour moi ! » Le fait de m’avoir parlé ainsi et l’argument qu’il m’a donné ont changé mon état d’esprit face à la situation : j’avais déjà accepté qu’une partie de la matinée et de mes projets soit perdue, de toutes façons. Je resterais. Vers huit heures et demi, il a fini par rassembler dix personnes. Je pensais qu’il dirait une michna puis le kaddich, mais non. Il a commencé depuis le début de la prière… Impatient, j’ai regardé ma montre en constatant que j’arriverais certainement au travail bien après neuf heures. J’ai vérifié à plusieurs reprises si un autre homme n’arrivait pas, me permettant ainsi de m’en aller tout en leur laissant minyan. Mais je n’ai pas eu cette chance : je suis resté bloqué là-bas jusqu’à la fin de la prière. Puis il nous a remerciés chaleureusement et nous a servis du gâteau et du whisky avant de nous laisser partir. Je me suis dirigé en direction du travail avec ma mallette pleine de bijoux. Puis, alors que j’étais à deux bâtiments de mon bureau, un homme que je connaissais s’est précipité vers moi en agitant ses mains avec panique : « Vite ! Partez d’ici ! » m’a-t-il hurlé sauvagement. « Les Bolchéviques ont fait une descente, certains d’entre eux ont tué des juifs à la Bourse des diamants et ils ramassent maintenant le butin. Sauvez votre peau… » En effet, je me suis caché pendant quelques jours, et comme vous le voyez, j’ai réussi à quitter la Russie. Vous imaginez bien ce qui me serait arrivé si j’avais quitté le minyan plus tôt… GARDE TA LANGUE Equivalente à toutes les fautes Celui qui raconte et celui qui écoute du lachon hara transgressent la mitsva d’étudier la Torah. En effet, au lieu de parler, ils auraient dû étudier la Torah. Et la punition pour la transgression de cette mitsva est équivalente à celle de l’ensemble de toutes les fautes. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Tout ce qu’a mérité le peuple d’Israël – c’est grâce aux Patriarches « Ce puits, des princes l’ont creusé. » Nos maîtres disent (Tan’houma ‘Houkat 21) que ce verset fait allusion au mérite des saints patriarches, qui sont appelés « princes », pour nous enseigner que les bnei Israël ont su leur attribuer le mérite de ce cantique (chira). Il y a lieu de s’interroger : est-ce un homme qui a creusé ce puits ? Il s’agissait d’un puits dans la roche et non d’un trou creusé dans le sol. Que veut donc dire la Chira par la phrase « Ce puits, des princes l’ont creusé » ? Ce chant cherche en réalité à signifier que les bnei Israël ont pu recevoir la prophétie uniquement par le mérite de Moché, qui leur a appris à fournir des efforts pour elle. Moché avait déjà creusé ce puits avec son bâton, c’est-à-dire en fournissant son aide et son soutien. Où cela ? Au premier puits, près de la mer, où il leur a appris à chanter pour D. et à Le remercier pour le miracle qui s’était produit avec l’eau. Par ailleurs, Moché n’a pas répété le Cantique de la mer dans le livre de Devarim, car il y avait dit « Que Tu les aies amenés, fixés, sur ce mont, Ton domaine » (Chemot 15, 17). Puisqu’il avait été l’objet d’un décret lui interdisant d’entrer en Israël, il craignait que le peuple se décourage en affirmant : « Si déjà lui n’entre pas dans le pays, à plus forte raison nous ! » Moché a donc préféré ne pas répéter la phrase « Que Tu les aies amenés, fixés… » afin de ne pas troubler les bnei Israël. Mais ses paroles révélaient effectivement une réalité, comme il est dit dans la Guemara (Baba Batra 119b) : « Il a prophétisé sans le savoir. » En effet, il a dit : « Que Tu les aies amenés » et non « Que Tu nous aies amenés », comme pour signifier que lui-même ne serait pas destiné à rentrer en Israël. Dans le livre de Devarim, Moché a tout de même fait allusion à la Chira de manière voilée, en disant : « J’implorai Hachem à cette époque, en disant » (Devarim 3, 23). Nous ne voyons pourtant nulle part que Moché ait imploré D. à ce moment-là ! En réalité, il faisait ici allusion à la phrase du Cantique de la mer : « Que Tu les aies amenés, fixés.... » Puisqu’il avait été visé par un décret l’empêchant d’entrer en Erets Israël, et que D. lui avait clairement répondu « Assez ! Ne Me parle pas davantage à ce sujet », il n’a pas répété ce chant pour ne pas enfreindre les paroles de Hachem. Il s’est donc contenté de le mentionner par allusion à travers le mot « J’implorai (Vaet’hanan) », qui a la même valeur numérique que « Cantique (Chira) », car il avait supplié D. dans la Chira de mériter d’entrer dans le pays. A LA SOURCE « Or la communauté manqua d’eau, et ils s’ameutèrent contre Moché » (20, 2) La principale revendication des bnei Israël concernait l’eau, car ils ne bénéficiaient plus du puits de Myriam. S’il en est ainsi, pourquoi exigent-ils à présent des choses qui n’ont rien à voir avec l’eau, comme il est dit « Et pourquoi nous avez-vous fait quitter l’Egypte pour nous amener en ce mauvais endroit, qui n’est pas un pays de culture, où il n’y a ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, ni eau à boire ? » Quel est le rapport entre l’absence de fruits et le manque d’eau ? Dans son livre « Melits Yocher », Rabbi Réouven Melamed explique que l’essentiel de la revendication de la communauté ne provenait pas d’un réel manque d’eau. Tout découlait des forces du mal et de la séduction du mauvais penchant : le manque d’eau n’était qu’un simple prétexte à leur réclamation. Une fois que le mauvais penchant s’est emparé de nous, il nous dicte des raisons de nous plaindre même pour des choses qui ne sont pas liées à notre réel besoin. C’est pourquoi lorsqu’ils ont eu l’occasion de se plaindre à cause de la disparition du puits, ils ont su associer à leur plainte des éléments qui n’avaient rien à voir avec le manque d’eau. Telle est la stratégie du mauvais penchant. « Le peuple se plaignit de D. et de Moché » (21, 5) Des actes répréhensibles de la génération du désert, on peut tirer une louange. Un fils qui sait que son père est pauvre et misérable ne lui demandera rien et ne se plaindra pas auprès de lui. Seul un fils qui sait que son père est riche peut se montrer mécontent et prétendre à son père qu’il ne le nourrit pas correctement. Ainsi, il est possible que certains juifs qui vivent parmi nous souffrent de la faim et du manque sans jamais se plaindre de leur situation. Pourtant, cela n’est pas une preuve de sagesse ou de piété. Au contraire, cela témoigne d’une faiblesse dans la foi en notre père riche et tout-puissant. Les hommes de la génération du désert, eux, se sont plaints jusqu’à mériter d’être punis pour cela. C’est ce que disait Rabbi Aharon Bakst : « On tire d’ici une louange pour les bnei Israël, qui ont su à Qui demander et à Qui adresser leurs réclamations. » « Et ce sera ainsi : quiconque aura été mordu, qu’il le regarde et il vivra ! » (21, 8) L’expression « quiconque aura été mordu » inclut même les personnes qui étaient malades par ailleurs et proches de la mort. Si une telle personne était mordue par un serpent, elle pouvait regarder le serpent de bronze et recouvrer la santé ! Elle se réjouissait donc de cette morsure ! Rabbi Meïr Sim’ha Hacohen de Dvinsk explique : c’est pour cela que le texte a employé le mot « Et ce sera (Véhaya) », terme faisant référence à la joie, et non « Vayéhi » qui est un langage de souffrance. La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Dépouille Aharon de son costume » (20, 26) Il est dit « ett Aharon » et « ett béguadav », comme s’il y avait eu deux déshabillages. Même si cela ne correspond pas aux règles du langage, peut-être cela signifie-t-il qu’il ne devait lui retirer que les vêtements de la prêtrise, et non ses habits personnels. On peut aussi expliquer que « Dépouille Aharon » concerne uniquement ses vêtements personnels, comme il est précisé « de son costume ». Mais il a un autre habit qui vient juste après, comme il est dit (Yalkout) : « Aharon se dévêtait et revêtait les nuées de gloire. » Par conséquent, Aharon n’est pas resté dévêtu : pour chaque vêtement que Moché lui retirait, la nuée venait et le remplaçait, recouvrant ainsi progressivement tout son corps. LES CEDRES DU LIBAN Rabbi Yossef Chelomo Dayan Rabbi Yossef Chelomo Dayan, le tsaddik qui a caché à tous sa personnalité exceptionnelle, a une ascendance liée à une somptueuse lignée. Son niveau élevé était connu uniquement des hommes d’exception de sa génération, ce groupe restreint de trente-six tsaddikim cachés qui existe à chaque génération. Dans l’honorable famille Dayan, qui descend du roi David, Rabbi Yossef Chelomo est né en 5684 dans la ville d’Alep en Syrie. En l’an 5694, il va vivre en Israël avec sa famille, qui s’est installée dans le quartier de Re’havia, à Jérusalem. Il étudie avec son père, Rabbi Nissim, la Torah, la Guemara et la halakha, avec approfondissement et persévérance. Puis à l’âge de dix-huit ans, suite au décès de son père, il commence à travailler en tant que transporteur pour subvenir aux besoins de la famille. Plus tard, après avoir été libéré de la prison du gouvernement britannique dans laquelle il avait été enfermé à cause d’une dénonciation mensongère, il décidera de se retirer de toutes les affaires de ce monde-ci pour se consacrer à la Torah. Son assiduité était connue : il étudiait durant huit heures consécutives avec labeur et profondeur, tout en restant discret et sans jamais montrer ses connaissances. Ainsi, il avait l’habitude de se rendre à des cours de Torah avec des hommes qui travaillent et de se présenter comme quelqu’un à la faible compréhension et qui ne connaît pas la forme d’une lettre. Pour lui, l’honneur des érudits qui étudient la Torah et la représentent était inégalable : il s’efforçait, de tout son être, de les respecter et de les servir. C’est ainsi que lorsqu’il a appris qu’un érudit entreprenait la réfection de son appartement, il s’est tout de suite empressé de profiter de ce moment pour accomplir la mitsva du respect des Sages. Après quelques jours de recherche, il rayonnait de bonheur, car on lui avait permis de faire monter toutes les pierres de dallage chez le Rav, qui habitait à un étage élevé. Toutes les insistances et les implorations des voisins n’ont pas réussi à l’en empêcher. « Je veux mériter d’accomplir la mitsva d’honorer les Sages », a-t-il répondu avec simplicité et de manière univoque. Pendant de nombreuses années, Rabbi Yossef a amassé sou par sou, et par la suite, il a pu construire un somptueux « heikhal » dans la synagogue « Nezer Aharon ». Il a fourni beaucoup d’efforts pour construire ce « heikhal » en sainteté et en pureté : il y a investi de nombreuses concentrations, des jeûnes et des isolements pendant lesquels il a prié pour la réussite d’une construction d’excellente qualité. Là aussi, le Rav a réussi à agir discrètement et a affirmé représenter un généreux donateur voulant rester anonyme. Il a appris l’essentiel de la Torah cachée auprès du grand kabbaliste Rabbi Mordekhaï Charabi (qui a témoigné qu’il était l’un des trente-six tsaddikim cachés de la génération) au sein d’un groupe d’hommes de valeur versés dans la kabbala. En même temps, il s’est consacré à l’étude des Tikounei Hazohar, tout en priant et en prenant des mesures d’ascétisme pour grandir encore en sainteté. Il avait l’habitude de lire de nombreux tikounim et de s’isoler longuement autour des tombeaux des tsaddikim. Il ne tarissait d’ailleurs pas d’éloges sur leur valeur : « Une heure de prière et d’étude sur les tombeaux des tsaddikim équivaut à cent heures d’étude. » De plus, même le trajet jusqu’à la tombe, qui est dur et fatiguant, est extrêmement avantageux. En effet, chaque pas fait dans un endroit pareil adoucit les jugements en-Haut, car « le salaire est proportionné à l’effort. » Il avait, en particulier, l’habitude de se rendre sur la tombe du prophète Chemouël et a assuré que quiconque lirait le tikoun sur cette tombe verrait sa prière exaucée par le Ciel, sinon la première fois, tout au moins après la deuxième. Pendant la première guerre du Liban, un groupe de soldats l’a vu, avec son ami le tsaddik caché Rabbi Yossef Valtokh, emprunter les sentiers des villages des profondeurs du Liban et déverser leur prière sur les tombes des tsaddikim qui y sont enterrés. A ce sujet, on raconte que ces deux tsaddikim se sont une fois rendus, avec un avrekh de Jérusalem, sur les tombes d’Elazar et Itamar, les fils d’Aharon, situées dans le village d’Avarta, à l’est de Chekhem. Quand ils sont entrés à l’intérieur du village, les habitants hostiles les ont entourés. Rabbi Yossef Valtokh a immédiatement déclaré n’être pas du tout inquiet, car Rabbi Yossef Dayan avait une grande pureté de mœurs, ce qui le rendait parfait dans la mida du Yessod. Mais voyant les habitants les encercler de manière menaçante, le Rav Dayan a compris qu’il fallait faire « quelque chose ». Alors il a soudain couru en direction de la foule en poussant des rugissements. En voyant le Rav courir vers eux, les habitants, effrayés, se sont enfuis en se dispersant. Puis il est revenu avec simplicité vers ses compagnons, leur a dit que cet endroit était très propice à la prière et a immédiatement commencé les préparatifs pour la prière et les tikounim. A la fin, tous trois se sont dirigés vers la tombe d’Itamar le cohen, située de l’autre côté du village. Depuis là-bas, les habitants observaient les tsaddikim en tremblant. Ses prières portaient des fruits et nombreux sont ceux qui ont pu constater leur puissance et être sauvés par elles de manière extraordinaire. Quand ses proches se rendaient à Netivot chez Rabbi Israël Abou’hatsira (Baba Salé), ce dernier leur disait : « Pourquoi venez-vous recevoir des bénédictions chez moi ? Vous avez déjà à Jérusalem Rabbi Yossef Dayan, dont les bénédictions sont agréées par le trône céleste ! » En 5743, il a annoncé à ses élèves : « Dans deux ans je termine mon tikoun. » Sentant sa fin approcher, il a révélé à son disciple le secret qui permet d’interpréter les rêves et lui a ordonné de poursuivre l’étude des tikounim sur la tombe du prophète Chemouël et de continuer à prier sur les tombeaux des tsaddikim. La veille du Chabbat 9 Tamouz 5745, il a étudié, comme à son habitude, toute la nuit dans la grotte de Chim’on HaTsaddik, puis, peu avant l’entrée du Chabbat, son âme l’a quitté en pureté. Il a mérité d’être enterré quelques minutes avant le début de Chabbat.
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