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Balak 22 Juin 2013 14 Tamouz 5773 |
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La véritable raison de la haine (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple » (Bemidbar 22, 6) Cette paracha décrit comment Bilam a essayé, par tous les moyens, de maudire le peuple d’Israël. Mais il n’y a pas réussi et Hachem, dans Sa grande bonté, a transformé la malédiction en bénédiction comme il est dit (Devarim 23, 6) « Car Il a de l’affection pour toi, Hachem ton D. » Pendant toute cette période, Hachem a, si l’on peut dire, retenu Sa colère et, comme l’a dit Bilam, « Comment maudirais-je celui que D. n’a point maudit ? Comment menacerai-je, quand Hachem est sans colère ? » (Bemidbar 23, 8). Mais il y a tout de même lieu de comprendre pourquoi Bilam voulait attaquer les bnei Israël. Ces derniers ne l’avaient jamais combattu et ne lui voulaient aucun mal ! Plus encore, même Moav n’avait rien à craindre de la part d’Israël, comme il est dit « Ne provoque point une guerre contre eux. » Mais ce peuple n’avait certainement pas connaissance de cette injonction, et après la mort des deux grands rois Si’hon et ‘Og, il s’est senti menacé par Israël, impuissant face à lui. Mais pourquoi Bilam, lui, en voulait-il aux bnei Israël ? Quel mal lui avaient-ils causé ? Nous pouvons répondre à cette question selon le principe énoncé par nos Sages (Pessa’him 49b) : « La haine que portent les ignorants à un homme sage est plus grande que celle que ressentent les goyim envers Israël. » Un homme sage respecte la Torah et les mitsvot, se conduit évidemment selon le principe qui veut que « le savoir-vivre précède la Torah », est empreint de belles qualités et accomplit de bonnes actions : il renvoie donc aux yeux de tous l’image de ce qu’un humain digne de ce nom doit être. Un homme érudit est comme un livre de moussar ambulant, car quiconque le voit se sent obligé de lui ressembler. Quand un ignorant rencontre un homme érudit rempli de qualités et à la conduite droite et juste, il se sent très honteux de ne pas réussir à surmonter lui-même ses mauvais instincts et à se comporter comme ce sage dont les actes et les voies sont agréables. Etant incapable de corriger ses défauts, il ressent alors une haine puissante envers cet homme qui, par sa simple existence, lui rappelle à quel point il a besoin de s’améliorer. Il est donc à présent plus aisé de comprendre pourquoi le camp d’Israël dérangeait tant Bilam et Balak : le fait de les voir camper en face d’eux et d’être confrontés à leur piété était en soi une accusation contre eux, et ils n’ont pas dissimulé leur haine contre Israël. Comme nous le savons, toutes les situations qu’un homme rencontre sur terre ne sont que des épreuves pour lui et l’homme parfait utilise ce monde uniquement en tant qu’aide et appui pour son évolution spirituelle et pour mieux servir Hachem. Dans chaque génération, les tsaddikim ont l’habitude de s’éloigner complètement des richesses de ce monde qui ne leur sont pas indispensables afin de donner l’exemple aux autres. Or non seulement ces impies n’ont pas voulu apprendre des tsaddikim qui campaient non loin d’eux, mais ils ont même cherché à les faire disparaître. On raconte que l’un des élèves de Rabbi Moché Feinstein a voulu lui faire une surprise et lui remplacer tous ses meubles vieux et usés par de beaux meubles neufs. C’est donc ce qu’il a fait : un jour, quand le gaon s’est rendu à la yéchiva pour étudier et enseigner, l’élève a vidé la maison de toutes les tables, les chaises et les bibliothèques vieillies pour les remplacer par un bel ameublement moderne. Le soir, en arrivant sur le seuil de sa porte, le Rav a tout de suite reculé et est parti s’asseoir dans la cage d’escaliers. Puis il a refusé d’entrer chez lui avant que tous ses anciens meubles soient remis en place. En effet, les tsaddikim se satisfont de peu et restent à distance des luxes de la vie. Je me souviens du gaon Rabbi Guerchon Leibman, qui aurait pu devenir éminemment riche avec tous les fonds qu’il gérait, mais qui n’a jamais voulu en tirer le moindre profit personnel. De même, on raconte qu’avant sa mort Rabbi Yéhouda Hanassi a levé ses dix doigts vers le ciel et a dit « Maître du monde ! Tu sais bien que je n’ai pas profité de ce monde fût-ce du petit doigt ! » (Ketoubot 104a) et ce, malgré la grande richesse qu’il possédait. Car telle est la voie qu’empruntent les tsaddikim. Toutefois, nous savons que certains tsaddikim ont vécu dans l’opulence et la magnificence, comme le tsaddik Rabbi Israël de Roujine, comme le roi Chelomo qui jouissait de gloire et de pouvoir, ou d’autres tsaddikim encore…. Mais ceci ne contredit pas ce que nous avons expliqué plus haut, car ces hommes considéraient qu’il fallait épanouir le corps afin qu’il soit au service de l’âme sainte qui l’habite. Mais bien entendu, ils ne s’en sont pas enorgueillis et servaient Hachem d’un cœur entier. Il y a une grande leçon à tirer de la paracha. On peut dire d’un homme qui étudie la Torah avec assiduité et enthousiasme qu’il est comme en train « d’épouser la Torah ». Or, de même que les fruits d’un mariage sont les enfants, ceux d’une union avec la Torah sont les nouvelles explications qu’un homme produit grâce à son labeur et à sa persévérance dans l’étude : elles sont appelées « ses fils ». Puis à la fin de sa vie, ce sont eux qui l’accompagneront à sa dernière demeure : non pas l’argent ni l’or, ni sa femme ni ses enfants, mais ses véritables « fils » (ses explications de Torah) l’accompagneront, ainsi qu’il est dit (Yéchayah 58, 8) « Ta vertu marchera devant toi. » Nos Sages (Pessa’him 50a) expliquent à ce propos : « Heureux est celui qui vient ici avec son étude dans la main », il s’agit des « fils » que sont ses nouvelles explications de Torah. Un homme qui jouait en bourse m’a raconté l’anecdote suivante : il a vu une fois une action qui ne cessait de monter et la décision a alors mûri dans son esprit d’y investir tout son argent, ce qui lui ferait gagner des millions. En voyant l’action continuer à monter, il s’est réjoui et est allé prendre un café avec un gâteau. Mais en revenant, il a regardé l’évolution et a été frappé de stupeur en constatant que l’action avait soudain chuté gravement. Il avait perdu toute sa fortune en un instant… Cet homme-là m’a confié avoir perdu son monde en une seconde ! En l’écoutant, j’ai pensé que ce genre de situation arrivait en fait à chacun de nous. En effet, la prière est une mitsva importante qui nous relie, avec la foi, à notre père qui est dans le Ciel. Mais il se trouve que parfois, nous la négligeons. Or il est possible que ce moment que nous consacrons à des futilités soit justement un moment extrêmement favorable dans le Ciel. Mais nous perdons des « millions » alors que nous aurions pu devenir immensément riches. C’est pourquoi il incombe à chacun de nous de profiter de tous nos instants, car « il n’existe pas de personne qui n’ait de moment (favorable) » et il se peut que l’instant présent soit un temps favorable devant D. LES PAROLES DES SAGES Il y a celui qui sait maudire Le Rav de Loutsk, le gaon Rabbi Zalman Sorotskin, a raconté une histoire au sujet de Rabbi Yitz’hak, le fils de Rabbi ‘Haïm de Volojine, connu comme grand intercesseur pour les juifs. Celui-ci s’est plusieurs fois rendu dans la capitale Saint-Pétersbourg pour faire annuler des mauvais décrets et agir pour le bien du peuple d’Israël. Là-bas, il était fréquemment amené à polémiquer avec les ennemis des juifs et à les soumettre. Une fois, en l’an 5604, alors qu’il assistait à la cérémonie d’investiture de certains ministres du gouvernement de Saint-Pétersbourg, le ministre de l’Intérieur s’est levé et a tenu un discours haineux contre les juifs. Dans ses propos pleins de venin et de malédictions, il a déclamé avec emphase : « Les peuples se demandent pourquoi D. a créé un peuple aussi vil et méprisable qui suce le sang des peuples de bonté en qui il trouve une protection. » Rabbi Yitz’hak l’a interrompu dans son discours en disant : « Un autre impie célèbre vous a déjà devancé avec cet argument il y a des milliers d’années. Il s’agit de Bilam le magicien, peu apprécié également dans votre Bible. Bilam a accepté de nous maudire, mais le Ciel a transformé toutes ses malédictions en bénédictions. Selon nos Sages, ses paroles sont redevenues malédictions lorsque nous avons été exilés et tout ce qu’il avait pensé dire au départ s’est accompli en nous. Par exemple, Bilam a dit ‘‘Ils apprennent à point nommé, Ya’akov et Israël, ce que D. a résolu.’’ L’interprétation positive de ce verset est que les anges, dans le ciel, s’étonnent que les bnei Israël soient plus proches de D. qu’eux-mêmes et puissent pénétrer au-delà du rideau. Mais à cause de nos fautes, ce verset s’est transformé en malédiction pour les bnei Israël. Et il s’agit exactement de votre argument : ‘‘qu’est ce que D. a résolu’’, en d’autres termes ‘‘pourquoi a-t-Il créé une nation si méprisable ?’’ » En l’entendant parler, le ministre, couvert de honte, est devenu livide. En effet, les peuples étrangers n’éprouvent pas non plus de sympathie pour Bilam. Alors le ministre a quitté la salle honteusement, emportant avec lui tous ses projets destructeurs. C’est notre souhait Certains savaient prononcer la malédiction intelligemment, évitant ainsi l’hostilité. C’est ce qui s’est passé à l’époque de Rabbi Na’houmké de Horodna lorsque gouvernait dans leur ville un goy impie connu pour sa grande haine envers les juifs. Il oppressait les bnei Israël et les accablait par tous les moyens. Mais en revanche, cet ennemi d’Israël appréciait Rabbi Na’houmké en qui il voyait un homme juste et de vérité. Un jour, à l’occasion du Nouvel An chrétien, les notables juifs de la ville et Rabbi Na’houmké se sont rendus chez le gouverneur pour lui souhaiter une bonne nouvelle année. Le gouverneur les a accueillis avec un grand honneur et ils lui ont formulé, comme il se doit, leurs bons vœux pour une nouvelle année et un nouveau destin… Puis à l’issue de leur entrevue, le gouverneur a demandé à tous les présents de sortir, à l’exception du Rav avec qui il voulait s’entretenir. Alors il a dit au Rav : « Je sais que les juifs ne m’aiment pas et ne cherchent évidemment pas mon bien, car je ne les aime pas non plus et je ne cherche pas leur intérêt. Je sais aussi que vous et vos amis êtes venus me souhaiter une bonne année par simple esprit de conciliation, car vous vous y sentez obligés. Je suis également conscient que même votre bénédiction est purement verbale : vous avez énoncé une bénédiction alors que, dans votre cœur, vous me maudissez. Je ne suis pas étonné de la part de vos amis, car ce sont des hommes de la rue et je n’attends pas d’eux qu’ils me révèlent leurs sentiments profonds. Mais c’est de vous que je suis surpris ! Comment un homme juste et droit comme vous peut-il se montrer faux et hypocrite en laissant sa bouche bénir tandis que son cœur maudit ? » Rabbi Na’houmké lui a répondu en langage mordant : « Loin de nous de faire une chose pareille ! Notre bouche et notre cœur sont en parfaite harmonie ! En effet, nous vous avons souhaité une bonne nouvelle année avec un nouveau destin. Nous connaissons votre véritable aspiration : que votre destin s’améliore et que vous soyez promu à un nouveau poste, celui de préfet, de ministre. Si votre souhait se réalise et que vous êtes nommé ministre, vous devrez alors quitter la ville de Horodna ! Or, c’est également le souhait de tous les juifs de Horodna, moi inclus… » En entendant ces paroles de sagesse, le gouverneur a décidé d’alléger la souffrance des juifs et a, dès lors, essayé de les aider. Viens me soutenir Au sujet d’une malédiction passionnée nécessaire pour maintenir solidement la religion, on raconte une histoire sur Rabbi Ya’akov David Vilski, le Ridbaz, qui a officié comme Rav de la ville de Sloutzk et se montrait très zélé pour Hachem et pour Sa Torah. Ceci déplaisait à quelques contradicteurs de la communauté. Une fois, cinq membres du comité ont été nommés et ont décidé d’entreprendre une action contre le Rav. Qu’ont-ils fait ? Ils ont décidé, de leur propre initiative, de nommer un juge rabbinique (dayan) sans l’autorisation du Rav. Or ce dayan ne satisfaisait pas le Ridbaz. Alors, le Chabbat matin est arrivé : le Rav se tenait près de l’Arche, et à côté de lui se trouvait Rabbi Chalom Maïchichouk, connu dans le monde de la Torah comme un gaon et un tsaddik, comme l’un des disciples brillants du ‘Hafets ‘Haïm. A ses côtés se tenait aussi le gaon Rabbi Isser Zalman Meltser. Avant la lecture de la Torah, le Ridbaz a gravi les marches de l’Arche puis a proclamé : « On a nommé ici un dayan sans mon autorisation afin de me mettre en colère. Alors je m’écrie ‘‘Maître du monde, si j’avais été Ya’akov David le cordonnier, est-ce que quelqu’un aurait eu une revendication contre moi ? Non ! Que m’aurait-il réclamé ? Si j’avais été Ya’akov David le menuisier, quelqu’un aurait-il eu un grief contre moi ? Non ! Alors, pourquoi ces gabaïm m’en veulent-ils ? Parce que j’étudie Ta sainte Torah ? Maître du monde, s’il en est ainsi, viens me soutenir !’’ » Puis il s’est incliné un instant, s’est redressé et a dit : « C’est pourquoi les cinq membres du comité qui ont agi ainsi ne finiront pas l’année. » Immédiatement, la synagogue s’est remplie d’effervescence : ce n’était pas quelque chose de simple. Une telle malédiction… Rabbi Isser Zalman, qui a rapporté cette histoire, a ajouté : « Certes, ils ont eu grand tort d’agir ainsi, mais prononcer une malédiction passionnée comme celle-là est peut-être encore plus grave. » Entre temps, Rabbi Chalom Maïchichouk s’est approché du Ridbaz alors que Rabbi Isser Zalman réfléchissait : « Dois-je y aller aussi ? Pourquoi me mêler ? Il est certainement en train de lui reprocher la véhémence de ses propos. » Mais finalement il a entendu le Rav lui chuchoter : « Vous avez affirmé qu’ils ne finiront pas l’année, mais que se passera-t-il si ce n’est pas le cas ? Ce sera une grande profanation du nom divin… » Alors le Ridbaz a gravi une seconde fois les marches du Aron et a dit à la communauté : « Certains se demandent ce qui se passera s’ils finissent l’année… Laissez-moi vous annoncer qu’ils ne vivront même pas cinq mois. » Inutile de préciser qu’il en a été ainsi et qu’au bout de cinq mois, il n’en restait même pas un seul… GARDE TA LANGUE Même par hasard L’interdit de médisance est valable également si l’on a parlé par hasard. Quant à ceux qui ont l’habitude de médire régulièrement, ils sont appelés « médisants » et leur punition est encore plus grande. Au sujet de ceux qui se sont habitués à commettre cette faute et ne s’engagent pas à s’en préserver, nos Sages disent qu’ils la payeront dans ce monde-ci et n’auront pas de part dans le monde à venir. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Notre tâche est de nous éloigner de toute laideur Lorsque Bilam a constaté qu’il n’avait pas la possibilité de maudire Israël, il décida au moins de lui nuire, et il a donné à Balak un mauvais conseil en lui disant qu’il savait que leur D. haïssait la débauche. Il a voulu lui donner ce conseil pour les faire tomber dans la débauche avec les filles de Moav. Et effectivement, son funeste projet s’est malheureusement réalisé, et beaucoup de bnei Israël sont tombés dans le piège que leur avait tendu Bilam, ont fauté, et vingt-quatre mille d’entre eux sont morts dans une épidémie. Or c’est très étonnant. Pourquoi le Saint, béni soit-Il n’a-t-Il pas empêché Bilam de donner ce maudit conseil ? Quand il a voulu les maudire, Hachem l’en a empêché, et sa bouche en a été incapable, alors pourquoi, lorsqu’il est venu donner un mauvais conseil pour les faire tomber dans la dépravation, ne l’en a-t-Il pas empêché ? La réponse réside dans cet enseignement des Sages (Berakhot 33b) : « Tout est entre les mains de D. sauf la crainte de D. » Le Saint, béni soit-Il dit à l’homme que s’il s’adresse à Lui pour lui demander sincèrement de l’argent ou un conjoint ou une bonne source de revenus ou une bonne santé, Il peut le lui accorder. Mais en ce qui concerne la crainte du Ciel, il n’en va pas ainsi parce qu’elle ne peut pas être donnée à l’homme comme un cadeau gratuit, il a le devoir de se donner du mal pour le mériter. S’il ne veille pas à se protéger en gardant la pureté de ses yeux et de sa pensée, s’il ne met pas en jeu quotidiennement ses propres forces à tout instant pour faire entrer en son cœur la crainte du Ciel, le Saint, béni soit-Il ne le fera jamais à sa place, car dans ce domaine il n’y a pas de cadeau gratuit. C’est pourquoi bien que lorsque Bilam est venu maudire Israël, le Saint, béni soit-Il ne l’ait pas laissé parler, quand il est venu le faire fauter par la débauche et lui faire rejeter la crainte du Ciel, Il ne l’en a pas empêché, car la chose dépendait des bnei Israël eux-mêmes. C’était leur travail personnel et leur propre responsabilité, car tout dépend du Ciel sauf la crainte du Ciel, et il était du devoir des bnei Israël de faire face et de lutter contre leur mauvais penchant. A notre grand regret, le conseil de Bilam a été totalement couronné de succès, et il sévit jusqu’à notre époque. De même qu’à l’époque beaucoup de bnei Israël sont tombés dans son piège impur, aujourd’hui aussi ce conseil de Bilam, qui arrive à la suite des progrès technologiques modernes comme l’Internet et les téléphones portables non cashers, ont fait beaucoup de victimes, et il est du devoir de chacun de s’en protéger. On doit se donner du mal et être sur ses gardes, car c’est un devoir personnel. Mais il faut savoir que si on s’attelle à cette tâche en s’efforçant de se sanctifier et de purifier son cœur et ses pensées, en s’éloignant de toute laideur, le Saint, béni soit-Il accorde certainement Son aide pour atteindre la sainteté et la pureté, mais c’est à l’homme lui-même qu’incombe la tâche de commencer et de manifester son aspiration à se consacrer à véritablement progresser dans le domaine spirituel et la crainte du Ciel, et alors il lui est assuré que le Saint, béni soit-Il le soutiendra et l’aidera, car celui qui veut se purifier, on l’y aide. A LA SOURCE « Je t’en prie, n’évite pas de venir vers moi » (22, 16). Nous avons un principe bien établi selon lequel « il n’y a pas de messager pour commettre une faute ». Cela signifie qui celui qui envoie n’a pas la responsabilité des actes du messager (parce qu’on peut objecter : « entre les paroles du Rav et celles de l’élève, qui faut-il écouter ? ») L’acte est imputé à l’envoyé, à moins que celui-ci ne soit payé pour sa mission, auquel cas « il y a un messager pour commettre une faute », et la faute est imputée à celui qui envoie, puisque le messager ne va pas pour commettre une faute mais pour recevoir son salaire. C’est à la lumière de cette notion que Rabbi Yéhonathan Eibeschütz זצ''ל explique les paroles de Balak à Bilam « Je t’en prie, n’évite pas de venir vers moi », tu ne dois pas craindre que cela te cause du tort d’être mon envoyé pour commettre une faute, à savoir maudire Israël, puisque « tout ce que tu me diras, je le ferai », je te donnerai un salaire complet pour cette mission, et par conséquent ta mission sera sous ma responsabilité, et ne te nuira en rien… « Et Hachem ouvrit la bouche de l’ânesse » (22, 28) Rabbi ‘Haïm Kaniewsky שליט''א a expliqué que Bilam aurait dû s’évanouir de peur lorsque son ânesse s’est mise à lui parler, alors qu’il s’est mis à discuter avec elle. C’est uniquement parce que son immense orgueil ne lui a pas permis de montrer que cela pouvait avoir une influence sur lui, c’est pourquoi il a répondu à l’ânesse, pour montrer pour ainsi dire qu’il en avait l’habitude. « Est-ce qu’Il parle (amar) et n’agit pas, dit (diber) une chose et ne l’accomplit pas ? » (23, 19) Que signifie ce doublet « parle et n’agit pas », « dit et n’accomplit pas » ? Le Rav Galanti זצ''ל explique que « amar » n’implique pas un serment, comme lorsque Hachem a dit (amar) qu’Il allait tuer le peuple après la faute du Veau d’Or, alors que « diber » implique un serment, comme il s’est effectivement passé avec Yekhonia, dont Hachem avait, pour ainsi dire, juré qu’il mourrait sans enfant, et en fin de compte Il a eu pitié et lui a donné une descendance. C’est ce que signifie ce verset : La parole (amira) de Hachem après la faute du Veau d’Or ne s’est pas réalisée parce que Hachem S’est abstenu, c’est pourquoi le verset emploie l’expression « Il parle et n’agit pas ». En revanche, en ce qui concerne Yekhonia, à qui Il avait juré qu’il mourrait sans descendance alors qu’en fin de compte Il lui en a donné une, pour lui le verset dit « dit et n’accomplit pas ». La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Car je sais que ce que tu bénis sera béni » (22, 6) Les Sages ont dit (Tan’houma Balak 4) que Bilam avait donné à Balak la bénédiction qu’il deviendrait roi, c’est pourquoi il a dit qu’il savait que ce qu’il bénissait était béni, puisque sa bénédiction s’était réalisée. Ce n’était connu que de lui, parce qu’il en avait fait l’expérience, et tout le monde ne savait pas que la bénédiction de Bilam était une bénédiction. Quant à sa malédiction, on le savait du fait qu’il avait maudit Moav pour Si’hon. Il faut remarquer à ce propos qu’il y a deux raisons pour lesquelles les malédictions de Bilam se réalisaient. L’une est qu’il avait un mauvais œil, et l’autre qu’il connaissait l’instant de la colère de D., comme l’ont dit les Sages (Berakhot 7), et il maudissait au moment de cette colère. Mais pourquoi la bénédiction de sa bouche se réalisait-elle ? Il semble que la bénédiction de Bilam ne vaille pas plus que celle d’un âne, mais quand ce méchant voyait dans son astrologie qu’Untel deviendrait puissant ou choses de ce genre, il faisait semblant de le bénir, et quand cela se réalisait, ce dernier pensait que c’était à cause de la bénédiction de Bilam, alors qu’en réalité, c’était son mazal. C’est ce qu’il a fait envers Balak, il avait vu dans son étoile qu’il règnerait sur Moav, et il lui a donné cette bénédiction même, pour lui faire croire que c’est lui qui en était la cause. LES CEDRES DU LIBAN Le tsaddik Rabbi Elazar Abou’hatsira Notre cher peuple a subi une épreuve après l’autre au cours de cette dernière année. Des malheurs sont arrivés en nombre, plus éprouvants les uns que les autres. Des familles entières ont été décimées en un seul instant par des morts effroyables, comme nous n’en avions jamais vues auparavant. Et au-dessus de tout cela plane la disparition tragique de Rabbeinou Elazar Abou’hatsira qui a laissé un immense vide dans le monde. Sa sainteté, sa piété, sa Torah, sa pureté, ses prières et ses délivrances manquent au monde. « A l’annonce de l’assassinat de Rabbi Elazar, chacun de nous n’a pu que trembler et verser des larmes et toute réjouissance s’est transformée en deuil. » C’est vers minuit le 19 Tevet 5708 que tous les habitants de la ville de Rissani, dans la région du Tafilalet au Maroc, se sont réveillés et ont appris la naissance d’un fils chez le tsaddik Rabbi Meïr. Leur joie était immense, d’autant plus que ses parents avaient traversé de grandes souffrances. Les habitants sont montés sur les toits et ont entamé des danses en sautillant sans arrêt. Dans la famille Abou’hatsira, il était de coutume que le grand-père choisisse les prénoms à donner. C’était donc Baba Salé qui décidait des prénoms de ses petits-enfants. On raconte à ce sujet qu’il a vu en rêve Rabbi Chim’on bar Yo’haï qui lui reprochait qu’aucun membre de sa famille ne porte le nom de son fils, Rabbi Elazar. En guise de réponse, Baba Salé lui a promis que le prochain petit-fils à naître s’appellerait Elazar. Lors de la brit mila, le grand-père (il s’avèrera plus tard que la sainteté de l’enfant serait supérieure à celle de son grand père) lui a lu le verset « Jamais œil humain n’avait vu un autre dieu que toi (‘ayin lo raata elokim zoulatekha) » en précisant que les initiales des mots de ce verset forment le prénom « Elazar ». Déjà par ses actions, le jeune homme s’est distingué. Alors qu’il était encore jeune, son entourage le surnommait déjà « Baba » (Rabbi) du fait de son abstinence extraordinaire et de l’importance qu’il accordait à ce qu’il regardait. On peut témoigner, sans aucun doute, que le géant de la génération en ce domaine était Rabbi Elazar et qu’il n’avait pas d’égal. Il se rendait en taxi à la yéchivat Porat Yossef où il étudiait, et en sortant de la voiture, il enroulait un tissu autour de ses lunettes afin de ne pas fauter en voyant des scènes interdites. Lorsque l’un des rabbanim de la yéchiva a voulu lui reprocher cette attitude, un de ses collègues lui a dit : « Allez-vous vous occuper de ce tsaddik ? C’est un descendant de la sainte famille Abou’hatsira et il suit la voie de ses pères Baba Meïr et Baba Salé… » Il est rapporté dans la ‘hassidout que quiconque mérite de préserver sa vue sera doté d’une excellente mémoire. C’est ce qui s’est passé pour Rabbi Elazar : hormis sa puissante érudition dans tous les trésors de la Torah, sa maîtrise extraordinaire de toute la Torah dévoilée et cachée, ses larges connaissances dans tous les détails de halakha, il était doté d’une mémoire hors du commun dans tous les domaines de la vie. Les jeûnes et les mortifications constituaient son quotidien : pendant cinq années consécutives, il a jeûné chaque jour de l’aube jusqu’à la nuit, sans que personne le sache, sans compter son habitude de jeûner chaque année depuis Roch ‘hodech Eloul jusqu’à l’issue de Yom Kippour et tous les lundis et jeudis des semaines où sont lues les sections hebdomadaires de Chemot, Vaera, Bo, Bechalla’h, Ytro et Michpatim (Chovavim). Pendant tous ces jours-là, son programme d’étude et de service divin ne subissait aucun changement et il était en outre disponible pour quiconque voulait une bénédiction ou un conseil. Il recevait ainsi le grand public pendant dix à douze heures consécutives. Il encourageait ses visiteurs, les couvrait de bénédictions et leur redonnait de l’espoir. De même, il les rapprochait de la Torah et des mitsvot et incitait les parents à envoyer leurs enfants dans des institutions religieuses. Son abstinence était exceptionnelle. Il n’a pas goûté à de la viande pendant des dizaines d’années, et même quand il mangeait les repas de Chabbat, il se suffisait du strict minimum indispensable à sa survie. Son fils le tsaddik Rabbi Pin’has a raconté dans le cadre d’une réunion pour des chelochim à la yéchiva « Chem Michim’on » à Beitar Eilit qu’un vendredi soir, son père n’avait pas voulu goûter à son plat de poisson. La Rabbanit s’en était étonnée et il lui avait alors expliqué qu’il était très affligé par le chagrin d’une femme veuve et de ses orphelins. Comment donc se ferait-il plaisir en profitant du repas de Chabbat, alors que cette femme seule était enfoncée dans sa détresse… ? Outre sa grandeur en Torah, il a porté secours à des milliers de personnes par sa piété et sa sainte personnalité. L’esprit prophétique qui étincelait dans sa maison d’étude était miraculeux : sa façon d’attraper le papier qui lui était présenté et sa manière de répondre servaient, pour ses élèves fidèles, de signe à sa réponse. Voici une anecdote parmi tant d’autres : un de ses élèves lui a remis une liste de questions pour lesquelles il voulait l’avis de son maître. En sortant de chez le Rav, il a fouillé dans sa poche pour en sortir… à sa grande stupéfaction, la liste des questions qu’il avait préparées pour Rabbi Elazar ! Le papier qu’il lui avait donné n’était donc autre que la liste des courses que sa femme lui avait remise ! Or, le tsaddik avait répondu à toutes ses questions, sans qu’aucune lui échappe ! Une de ses caractéristiques était l’amour qu’il portait aux juifs. Tous sentaient en lui cet amour envers chaque personne, religieux ou non, ashkénazes ou sépharades. Quiconque venait le voir attristé ressortait de chez lui encouragé et joyeux. Ses saintes mains distribuaient avec honneur et largesse d’énormes sommes qu’il donnait en secret et qui se révélaient peu à peu à travers la communauté. Il y a vingt-huit ans, avant le décès de son père « Baba Meïr », ce dernier l’a appelé pour lui révéler qu’il ne vivrait pas longtemps et décèderait peu après avoir atteint l’âge de soixante ans. Il lui a aussi annoncé que sa mort serait tragique, comme cela avait été le cas pour son oncle Rabbi David, tué pour la sanctification du nom divin au Maroc.
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