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Pin'has 29 Juin 2013 21 Tamouz 5773 |
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Les progrès technologiques au service de l’impie Bilam (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Attaquez les Midianim et taillez-les en pièces ! » (25, 17) Bien que Bilam ait atteint un degré élevé de prophétie et de compréhension et qu’il ait reconnu la grandeur du Créateur, il était impie et a enraciné en lui-même toutes les mauvaises midot. Son impiété ne connaissait pas de limites, il était enveloppé d’une grande impureté et son esprit était entièrement occupé par des désirs de débauche et d’abomination. Or il a voulu transmettre cette impureté aux bnei Israël, comme on le voit dans son conseil à Balak : « Leur D. a horreur de la débauche et les bnei Israël ont besoin de lin (pour la mitsva de tsitsit). Viens, je vais te donner un conseil : fabrique-leur des tentes et place y des prostituées qui vendront du lin. Mets des femmes âgées à l’extérieur et des jeunes à l’intérieur. » Son idée a été mise en application et de nombreux bnei Israël sont tombés dans le piège du mauvais penchant en fautant avec les filles de Moav, comme le dit le verset (Bemidbar 25, 1) : « Israël s’établit à Chitim. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav. » La colère d’Hachem S’est alors enflammée contre eux et une terrible épidémie les frappa : « Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille. » De nos jours, il est vrai que les filles de Moav n’existent plus. Pourtant, à notre grand désespoir, la débauche continue de nous envahir et de détruire les meilleurs de nos jeunes gens. En effe les progrès technologiques actuels représentent une véritable catastrophe spirituelle. Même un regard furtif sur Internet ou sur des téléphones portables non-cachers a le pouvoir de détruire et d’anéantir toute bonne velléité de notre âme, et je sais clairement qu’ils « ont fait tomber beaucoup de personnes ». Quiconque a un quelconque lien avec ces technologies ou possède un téléphone portable non-cacher sait très bien qu’il porte la responsabilité d’une catastrophe spirituelle dont personne ne peut évaluer l’impact. De même, tout parent qui autorise ses enfants à regarder des films (même autorisables) ou qui leur permet d’utiliser un téléphone portable non-cacher doit savoir qu’il creuse un puits sous eux et les précipite dans un gouffre. Il porte, en agissant ainsi, une lourde faute. Inutile de se justifier par des prétextes comme « J’ai besoin d’Internet pour mon travail, la source de ma subsistance. » En effet, aujourd’hui nous l’utilisons pour le travail, mais demain le mauvais penchant nous détournera et nous incitera à l’utiliser pour d’autres choses. Ainsi nous irons de mal en pis, comme l’ont dit nos Sages (Chabbat 105a) « Telle est la façon d’agir du mauvais penchant : aujourd’hui il te dit ‘‘agis ainsi’’, le lendemain ‘‘agis ainsi’’ jusqu’à nous recommander ‘‘va adorer une idole’’. » C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec les bnei Israël suite au complot de l’impie Bil’am : au début, ils sont sortis pour acheter du lin afin d’accomplir la mitsva de tsitsit et leur intention était donc de servir D. Mais finalement, le mauvais penchant les a entraînés en les faisant tomber dans la débauche, faute la plus grave de toutes, car « il n’y a pas de gardien pour la débauche » (Ketoubot 13b), le yetser hara est extrêmement fort et redoutable dans ce domaine. Nous devons donc nous en éloigner à mille lieues, faute de quoi, nous n’aurons pas seulement fait preuve de légèreté, mais nous sommes assurés de chuter spirituellement et de déchoir jusqu’au niveau le plus bas. A cause de nos fautes, de nombreuses souffrances frappent le monde. Certaines personnes meurent dans leurs meilleures années par toutes sortes de maladies terribles, des accidents de la route effrayants se produisent souvent etc. Or il nous faut savoir que la racine et la cause de tous ces malheurs est le manque de respect des principes de la pudeur. En effet, Hachem S’éloigne de quiconque se livre à des unions interdites et ne se préserve pas des images odieuses et pleines de débauche que la technologie offre à nos yeux. Il le laisse dans la misère et l’abandonne face aux malheurs du monde, ainsi qu’il est dit : « Il ne faut pas que D. voie chez toi une chose déshonnête, car Il Se retirerait d’avec toi. » Chacun de nous doit donc avoir constamment en tête la phrase de Bil’am : « Leur D. a horreur de la débauche. » Même nos chers bnei Torah qui étudient et sont loin de toutes ces abominations doivent savoir qu’eux aussi doivent redoubler de prudence et se préserver. Le mauvais penchant est embusqué à la porte de la maison d’étude, et dès qu’ils quittent le beit hamidrach, il peut les faire trébucher par une vision interdite qui souillera leurs yeux et entachera leur âme pure de manière irréversible. Ainsi, il nous faut fréquenter constamment les cours de la maison de D. et visiter Son sanctuaire, car là-bas, le mauvais penchant ne peut exister, il est annulé et n’a pas le pouvoir de dominer, comme ont dit nos Sages (Kidouchin 30b) : « Si ce méprisable (le yetser hara) s’attaque à toi, amène-le à la maison d’étude. S’il est de pierre, il sera pulvérisé. S’il est en fer, il explosera. » Cependant, cette faute mérite d’être expliquée. Il s’agissait de la génération du désert qualifiée de « génération de sages » et composée d’hommes saints et purs. Comment ont-ils pu arriver à une telle bassesse ? La réponse est la suivante : ils étudiaient certes la Torah et accomplissaient les mitsvot, mais ils le faisaient sans plaisir ni joie. Ainsi, la douceur de la Torah leur manquait. Nous demandons dans les bénédictions du matin « S’il-Te-plaît Hachem, notre D., rends-nous agréables les paroles de Ta Torah », car l’essentiel de l’étude est qu’elle nous soit plaisante, agréable et qu’elle nous réjouisse. Mais cet élément manquait aux bnei Israël : or, quand il n’y a pas de douceur et que l’étude est faite avec paresse et insensibilité, on risque de chuter spirituellement et d’arriver jusqu’à servir Baal Peor. C’est le sens du verset « Israël s’établit à Chitim. » Les bnei Israël se sont installés sans mérite et n’ont pas fourni d’efforts pour la Torah. Ils étudiaient, mais sans amour ni joie, et sans s’émerveiller de la valeur de la Torah qu’ils avaient mérité de recevoir. C’est pourquoi elle ne les a pas aidés à se préserver du mauvais penchant, ce qui les a amenés rapidement à une chute spirituelle vertigineuse. SUJETS D’ACTUALITE Une mise à jour importante dans le calendrier Après avoir été libéré des camps d’extermination nazis, l’Admour de Kloïzenbourg a confié que les rescapés étaient profondément déçus : « Nous étions convaincus que c’est le Machia’h qui nous sauverait, pas les Américains… » Autrefois, chacun se consolait de ses souffrances en se réfugiant dans l’espoir de la venue du Machia’h. De nos jours, à notre grande tristesse, nous nous sentons libres et nous avons l’impression de ne manquer de rien. Tous les plaisirs de ce monde, estampillés des meilleurs hekhcherim, volent et tournoient autour de nous comme en nous suppliant : « Prenez-moi s’il-vous-plaît vers vous, faites-moi rentrer chez vous, goûtez et voyez comme c’est bon… » La douleur de la Chekhina ? L’absence de l’autel ? La lumière de la menora ? Nous n’avons presque pas le temps d’y penser. Le calendrier quotidien ne mentionne pas ces notions, même légèrement. Dans le calendrier annuel de nos Sages, en revanche, ces jours-là ont été fixés comme des moments de pause dans la vie, durant lesquels nous devons nous remémorer la destruction du Temple et la tristesse de la sainte Chekhina. Le prophète Yéchayah nous appelle : « Parlez au cœur de Jérusalem ! » Explication : nous pensons être incapables de pleurer pour la destruction du Temple. Mais ce sentiment est fondé sur une erreur ! C’est le manque d’intérêt pour la chose qui nous empêche de pleurer ! Mais quand on pense à la destruction de notre sanctuaire, qu’on en parle, qu’on en prend la mesure, on finit non seulement par comprendre la douleur, mais également par la ressentir, comme peut en témoigner quiconque a déjà essayé. Dans un de ses cours (paroles rapportées dans le fascicule « Parlez au cœur de Jérusalem ! », recueil de cours prononcés par des Rabbanim et des avrekhim de la yechivat Mir pendant les trois semaines séparant le 17 Tamouz du 9 Av), le gaon Rabbi Avigdor Nebenzahl a émis certaines idées pour éveiller notre mémoire au sujet de la destruction du Temple. Nous savons qu’il a été détruit à cause de trois fautes, si bien que sa reconstruction est entre nos mains. Comment cela ? En réparant ces transgressions. Pour concrétiser son idée, le Rav Nebenzahl a donné un exemple de la vie de tous les jours : « Comment réparer la faute d’effusion de sang ? » a-t-il demandé. « Une des façons est de réfléchir quand on marche ou qu’on prend la route en étant prudent pour ne pas tomber, que D. préserve, dans la faute du meurtre. On peut en effet se souvenir du Temple à chaque panneau de signalisation ou à chaque feu rouge, en se disant : ‘‘Je ne passe pas au feu rouge afin de ne pas causer la destruction du Temple.’’ » En analysant le nom des mois de l’année, on s’aperçoit qu’ils sont tous d’origine babylonienne sauf celui d’« Av ». C’est le seul qui a une signification en hébreu et qui exprime le lien profond qui nous attache au Créateur : il rappelle que « nous avons un Père (av). » Il nous enseigne notre devoir de rendre de l’amour à notre Père, justement pendant ce mois, malgré les souffrances éprouvantes qu’Il nous a envoyées à cette période et peut-être grâce à elles. En effet, c’est par amour pour nous qu’Il a déversé Sa colère sur les bois et les pierres. Les différentes sortes de relations qui existent (entre un père et son fils, un Rav et son élève, un mari et sa femme, entre des frères ou des amis) ne sont qu’un pâle reflet du véritable lien qui existe entre D. et nous, au point qu’un cohen gadol non marié n’a pas le droit d’entrer dans le saint des saints à Yom Kippour, car hormis la Torah, il s’y trouve les chérubins, qui symbolisent un type de relation. Or quiconque n’a pas l’expérience de cette catégorie de liens ne peut pas comprendre la réelle signification de l’amour que D. porte à Israël. Un homme qui n’a pas d’enfant ne peut pas faire partie du Sanhédrin. En effet, comment jugerait-il des affaires criminelles s’il ne connaît pas l’amour d’un père pour son fils ? C’est un amour extraordinaire qui lie un père à son fils. Quand l’enfant est encore petit, il ne perçoit qu’un seul côté de la relation avec son père : il s’appuie sur lui, cherche sa proximité et sait que chez lui, il pourra obtenir tout ce qu’il désire. Puis en grandissant, il doit commencer à comprendre l’autre côté de la relation et accepter que ce n’est pas uniquement l’enfant qui cherche la proximité de son père, mais que le père cherche aussi à être près de lui. Il souhaite que son fils essaye de le sonder et comprenne ce qu’il attend de lui. Satisfaisons-nous la volonté de notre Père ? Est-ce que nous Lui permettons de « compter » sur notre amour ? Il nous recherche et S’attendrit à notre sujet. Or combien d’enfants n’ont même pas conscience de Son existence ? Combien d’enfants Lui sont arrachés chaque jour ! Pensons-nous à ce sens de la relation ? Combien Il désire faire résider Sa présence divine parmi nous ! Hachem aime plusieurs choses : Il aime la Torah, le Temple, les tsaddikim, et malgré tout, Son amour pour Son peuple Israël est au-dessus de tous les autres. Il est prêt à renoncer à toutes ces attaches, sauf à l’amour pour « Son cher fils Ephraïm, l’enfant de Ses délices ». Il aspire à avoir une véritable satisfaction de la part de Ses enfants et peut-être nous envoie-t-Il de temps en temps un rappel : une petite déception liée à notre enfant, afin que nous percevions ce qu’Il ressent par rapport à nous. Avons-nous déjà pensé que cet amour unilatéral était injuste ? Il nous comble pourtant chaque jour d’une profusion de bontés, mais nous, nous soucions-nous de Lui être reconnaissants ? Nous comportons-nous comme des frères, les fils d’un même Père, en réduisant la haine gratuite ? Citons en exemple deux sujets qui nous sont particulièrement douloureux : ceux qui ont du mal à se marier et les difficultés actuelles à trouver un logement. Avons-nous pensé au fait que notre Père Se trouve, depuis deux-mille ans, sans même une maison provisoire, sans tente ? N’aspire-t-Il pas à retrouver Sa grande demeure ? Nous sommes en chidoukh avec D. et ce chidoukh est déjà bloqué depuis plus de mille-neuf-cent-quarante ans. Et Il déclare à notre égard « Mes yeux et Mon cœur seront là-bas tout le temps. » Depuis ce jour cruel où la Chekhina s’est retirée, Il nous observe et souhaite voir si quelque chose bouge chez nous. Quand pourra-t-Il à nouveau installer Sa résidence parmi nous, quand pourra-t-Il construire à nouveau Sa maison dans laquelle Il pourra sentir le parfum agréable, l’odeur de l’encens ? Tel est peut-être le message que nous sommes censés intégrer pendant ces jours-ci. GARDE TA LANGUE Même quand on insiste Il nous est interdit de prononcer du lachon hara, que ce soit de notre plein gré ou pour céder à des insistances. Même si celles-ci proviennent de notre père ou de notre Rav, nous devrons nous abstenir si nous savons que nos propos contiendront de la médisance ou de la poussière de médisance. Nous devrons refuser de parler même en sachant que ceci pourrait nous causer une grande perte financière, comme provoquer notre licenciement avec des difficultés à retrouver un travail. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Le nom d’un homme peut être effacé La fin de la parachat Balak relate l’épisode de la terrible faute que Zimri fils de Salou, prince de la tribu de Chim’on, a commise avec la Midianite Kozbi fille de Tsour. La Torah rapporte l’événement en ces termes : « Cependant, quelqu’un des Israélites s’avança, amenant parmi ses frères la Midianite, à la vue de Moché » (Bemidbar 25, 6). Leurs noms ne seront précisés que plus tard, dans la parachat Pin’has, lorsque ce dernier les tuera par l’épée au péril de sa vie, méritant ainsi les louanges de la Torah. Mon cher fils Rabbi Mikhaël m’a demandé pourquoi la Torah a attendu ce moment-là pour donner leurs noms et ne l’a pas fait plus tôt. Le prénom d’une personne renseigne sur ses racines et la nature de son âme pure provenant des sphères supérieures. Chaque prénom attribué par des parents à un enfant du peuple d’Israël est inspiré par la providence divine en fonction de son lien et de son attachement aux mondes suprêmes. C’est pourquoi nos Sages (Yoma 83a) ont dit que Rabbi Méïr vérifiait le nom des personnes auxquelles il avait affaire, car de cette manière il connaissait les qualités et la nature de cette personne. Notre prénom nous relie à la racine de notre âme. Mais en fautant, et plus particulièrement en commettant des fautes graves, nous rompons le lien avec les mondes supérieurs et avec la sainte Chekhina et détruisons, que D. nous préserve, notre racine qui se trouve dans le monde de la vie. Le lien ainsi annulé, le prénom disparaît également, car il permettait d’associer l’homme à sa racine et celui-ci devient alors anonyme. Nous pouvons à présent comprendre pourquoi la Torah n’a pas tout de suite explicité le nom de Zimri ben Salou : par sa grave faute préméditée, il s’est détaché de Hachem, ce qui l’a rendu étranger à la Torah, lui faisant perdre de ce fait le nom qui le liait à l’origine de son âme, enracinée sous le Trône divin. Or nous savons que Zimri ben Salou n’était pas un homme quelconque, il ne faisait pas partie du bas peuple. D’après le midrach (Bemidbar Rabba 21), il était appelé « Chloumiel ben Tsourichadaï », il était un géant en Torah, c’était le prince de la tribu de Chim’on et il a mérité d’occuper la fonction de juge dans le tribunal de Moché. Par cet acte méprisable, il s’est détaché de D. et de sa Torah. De plus, sa racine liée au monde de la vie a été rompue et il a perdu son nom au moment de la transgression. Mais une fois que Pin’has s’est levé et a « vengé » l’honneur de D. en tuant Zimri, l’âme de celui-ci a, si l’on peut dire, été réparée. En effet, sa mort a été son expiation. De plus, puisque l’acte de Zimri a engendré une grave épidémie parmi les bnei Israël, ceux-ci ont ressenti une crainte de la faute et se sont rendus compte à quel point la débauche était haïe de D. Puisque finalement le nom de D. a été sanctifié suite aux actes méprisables de Zimri, le mérite lui en a été attribué, et son âme a été réparée et s’est à nouveau rattachée à sa racine. De ce fait, il a retrouvé son nom et la Torah le désigne maintenant clairement en l’appelant : Zimri ben Salou. Même s’il était animé d’une mauvaise intention, il a servi d’intermédiaire pour la sanctification du nom divin et a permis aux bnei Israël de se rapprocher de D. et de s’emplir de la crainte de la transgression. Cela lui a donc été comptabilisé comme un mérite, et le lien auparavant rompu a été rétabli, lui permettant de retrouver son nom. A LA SOURCE « Or le nom de l’Israélite frappé par lui, qui avait péri avec la Midianite » (25, 14) Il est surprenant que lorsque le texte mentionne Zimri, il est dit « qui avait péri avec la Midianite », alors que pour Kozbi bat Tsour il est seulement dit « et la femme qui avait été frappée, la Midianite, était Kozbi bat Tsour » sans ajouter « qui avait péri avec l’Israélite ». Le ‘Hida explique que Zimri a été tué parce que Pin’has l’a trouvé avec la Midianite pendant qu’il transgressait l’interdit. Si Pin’has l’avait trouvé après, il n’aurait pas pu le tuer. Ainsi, la précision « qui avait péri avec la Midianite » explique en quelque sorte pourquoi il a été tué. Pour Kozbi bat Tsour en revanche, seul son nom est mentionné, car il aurait été permis de la tuer même après la transgression puisqu’elle avait fait fauter de nombreuses personnes. « Tu iras rejoindre tes pères, toi aussi, comme l’a fait Aharon ton frère. » (27, 13) Au commentaire de Rachi « Ici l’on apprend que Moché enviait la mort d’Aharon », le Ktav Sofer ajoute : à cause du principe énoncé par nos Sages : « Quiconque laisse un fils comme lui est considéré comme s’il n’était pas mort », puisqu’il a une part et un mérite dans les mitsvot de son fils, même après sa mort. Or Aharon a eu le mérite que sa couronne soit transmise à son fils, encore de son vivant, alors que Moché n’a pas mérité que son fils lui succède. C’est pourquoi il s’est montré « envieux », car il voulait rester « vivant » par le fait que ses enfants dirigent le peuple à sa place et portent la couronne de la Torah. Mais en réalité, Moché n’avait pas besoin de cela puisque le mérite d’Israël dans le monde entier lui revient : c’est en effet par son intermédiaire que nous avons reçu la Torah et il n’est donc pas considéré comme mort. Tel est le sens de ce que D. a dit à Moché « Tu iras rejoindre tes pères toi aussi » : même si tu n’as pas d’enfant qui va prendre ta place, tu mourras « comme l’a fait Aharon ton frère », car le mérite de tout Israël t’est attribué à jamais. « C’est pour son péché qu’il est mort » (27, 3) Ceci est étonnant : pourquoi les filles de Tselof’had donnent-elles tant de précisions ? Elles ont commencé par souligner qu’il ne faisait pas partie de la faction de Kora’h, puis à la fin elles précisent que « c’est pour son péché qu’il est mort. » Quel est le sens de tout cela ? Si leur père était décédé sur son lit, n’auraient-elles pas pu réclamer d’héritage ? Dans son livre « Torat Netanel », le gaon Rabbi Natanel Weil livre une réponse instructive. Il est écrit dans le traité Sanhédrin (34b) « Les fils d’une personne qui meurt dans la nuit n’auront pas d’héritage », car le verset « Le jour où il partagera l’héritage » ne s’accomplit pas ici. Mais à la fin, la Guemara déduit du verset « Ce sera pour les enfants d’Israël une règle de droit », cité après le jugement rendu aux filles de Tselof’had, que même un individu qui meurt pendant la nuit laisse un héritage à ses enfants. Ainsi, avant l’apparition de cette nouvelle loi, une personne décédant durant la nuit ne léguait rien à ses enfants. C’est pourquoi les filles de Tselof’had, qui étaient intelligentes, ont précédé Moché qui risquait de leur dire « Votre père est peut-être mort pendant la nuit auquel cas vous ne pouvez pas prétendre à un héritage. » Elles ont tout de suite précisé que leur père était décédé « pour son péché » : il avait coupé du bois pendant le Chabbat et était donc passible de lapidation. Or les condamnés à mort ne meurent que le jour, ce qui leur accordait, de droit, un héritage. La vie dans la paracha A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Fils d’Issakhar, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes » (26, 23) On a vu précédemment qu’Issakhar était un ben Torah. Ceci est inscrit en allusion dans son nom « Issakhar » : « yech » (il y a) « sakhar » (un salaire). Que retire un homme de tout le labeur qu’il fournit hormis celui qu’il consacre à la Torah ? C’est ce qui est dit dans le traité Berakhot (Chapitre Tefilat Hacha’har 28b) : en quittant la maison d’étude, nous devons dire la bénédiction « Je suis reconnaissant devant Toi etc. Je me fatigue et les autres aussi, je me fatigue et je reçois une récompense alors qu’eux se fatiguent sans rien recevoir en retour etc. » Explication : une acquisition imaginaire ne subsiste pas, et même si elle subsiste, elle n’est que futilité. Le nom Issakhar fait également allusion au fait que dans l’avenir (comme il est mentionné à la fin de Oktsin), D. procurera à chaque tsaddik 310 mondes : « yech » (valeur numérique de 310) « sakhar » (récompense). LES CEDRES DU LIBAN LE GAON RABBI CHEMOUËL ROZOVSKY זצ''ל En bonne place dans le trésor des livres étudiés à la yéchiva, on trouve la série « Chiourei Rabbi Chemouël », où est exposée la méthode du Roch Yéchiva le gaon Rabbi Chemouël Rozovsky זצ''ל, qui a dirigé la yéchivat Ponniewitz, où il a éduqué toute une série de grands de la Torah. « Rabbi Chemouël », comme tout le monde l’appelait, est né à Gironde en Lituanie de Rabbi Mikhel David Rozovsky, l’un des décisionnaires de la ville. Il a acquis l’essentiel de sa Torah chez le gaon Rabbi Chimon Schkop זצ''ל à la yéchiva « Cha’ar HaTorah », qui l’a beaucoup influencé dans sa façon d’étudier. En 5695, il a immigré en Erets Israël. Sa renommée l’a conduit à la yéchiva de Lomza à Peta’h Tivka, où il a transmis sa Torah. En 5704, à la fondation de la yéchivat Poniewitz par le gaon Rabbi Yossef Chelomo Cahneman זצ''ל, il fut appelé à le seconder dans la direction de la yéchiva, et c’est dans cette position honorable qu’il est resté jusqu’à sa mort. Son amour de la Torah ne connaissait aucune limite. Aux élèves qui se tenaient stupéfiés devant cet immense amour pour l’étude, il citait l’expression audacieuse du roi Chelomo dans Chir HaChirim : « Il m’a conduite dans le cellier, et son étendard sur moi est l’amour ». Il suffit à quelqu’un qui aime le vin de se trouver dans le cellier et de le respirer, cela provoque déjà chez lui une ivresse et le désir de rester là. Tout un chacun, criait Rabbi Chemouël des profondeurs de son cœur, doit être comme « ivre » de la Torah, et se trouver ainsi attiré vers le beit hamidrach au moins autant que l’ivrogne vers le cellier. Rabbi Chemouël fuyait les nouvelles interprétations, il n’aimait pas le brio intellectuel. Il investissait tout son génie et toutes ses forces dans sa Torah, et luttait avec dévouement pour la vérité de toute opinion, la droiture de toute démarche et la clarté de la compréhension d’un problème en profondeur. Dans sa sagesse, il savait détailler les moindres petits fragments les plus délicats des hypothèses, et savait dans toute problématique, établir parfaitement la voie centrale vers la compréhension des paroles des Richonim et des A’haronim, d’une façon vraie et droite. Un jour, il a dit à quelqu’un qui lui insinuait que son intelligence était innée : « Non, ma Torah coule de mon cœur dans mon sang, avec un travail et des efforts énormes pour chaque élément d’une hypothèse exacte. » L’un de ses anciens élèves a raconté : « C’était un Roch Yéchiva à l’image des grands Rachei Yéchivot de la génération précédente. Un Roch Yéchiva qui faisait acquérir à ses élèves non seulement les connaissances en Torah, en profondeur et en étendue, mais qui savait aussi leur transmettre l’expérience même de ce qu’il ressentait dans l’étude. Il enseignait non seulement comment étudier, mais aussi comment se sentir quand on étudie. » « Par l’étude, on voyait sa joie dans la Torah et le lien d’amour qui l’unissait à elle par tous les sens. Il enseignait comment ressentir la jubilation de la créativité dans l’étude de la Torah par une compréhension pénétrante et un émerveillement devant une nouveauté. Il a élevé non seulement des gens qui étudient la Torah, mais aussi des enseignants de Torah. Il a formé les grands rachei yéchivot de la génération suivante, et a épanché sur eux de son intelligence et aussi de la noblesse de son âme. » Outre toutes ces merveilleuses qualités, Rabbi Chemouël possédait un extraordinaire art d’expliquer. Cela a attiré à ses cours de nombreux jeunes, captivés par la magie de ses explications, et sa capacité particulière d’arriver à une pensée totalement claire. Lorsqu’il s’est trouvé aux Etats-Unis pour des raisons médicales, le professeur Fenton lui a adressé une série de questions sur ses sensations et son état de santé. Ses proches avaient mis à sa disposition un interprète pour traduire ses réponses en anglais. Le professeur Fenton interroge et Rabbi Chemouël répond. Le traducteur ouvre la bouche, et tout à coup le professeur l’interrompt : « Il n’y a pas besoin de traduire. J’ai déjà tout compris. Par l’intonation et la façon dont il a répondu. » Et il ajoute avec émerveillement : « Où donne-t-il des cours, ce Rav ? Il y a certainement beaucoup de gens qui viennent l’écouter, il a un pouvoir d’explication extraordinaire. » Il se conduisait comme un prince dans le royaume de la Torah, son intériorité et son aspect extérieur impressionnaient quiconque se trouvait près de lui. Ainsi, par exemple, ses élèves se souviennent qu’à l’époque où le chemin de la yéchiva était couvert de poussière et de sable et où tous les élèves arrivaient en cours avec des chaussures poussiéreuses, le seul qui n’en avait pas la moindre trace était Rabbi Chemouël. L’un de ses élèves, Rabbi Ben Tsion Bamberger, a raconté : « Un des élèves les plus âgés de la yéchiva s’était écarté du bon chemin et avait même cessé d’observer les mitsvot. Au bout d’un certain temps, sa conduite s’est améliorée. Un de ses amis de la yéchiva lui a demandé : « Qu’est-ce qui t’a fait changer de direction ? » Il lui a répondu : « La première chose a été les cours de moussar que j’ai entendus à la yéchiva. La deuxième chose est lorsque je me suis rappelé sans arrêt le personnage de Rabbi Chemouël. C’est vrai que je n’ai jamais parlé avec lui, mais sa personne même, son aspect impressionnant, qui manifestait entièrement la sanctification du Nom de D., j’avais cela devant les yeux, et c’est par là que j’ai reconnu la vérité de la voie de la Torah. » Le gaon Rabi Yéhouda Adès שליט''א, Roch Yéchiva de « Kol Ya'akov », a raconté : « Pendant un certain temps, il déjeunait à la yéchiva. Un jour, je suis allé le trouver à midi et je me suis aperçu qu’il n’avait rien mangé, et que le repas était posé intact sur la table. Quand je lui ai demandé pourquoi il n’avait pas mangé, il a répondu que tous les jours, immédiatement dès qu’il rentrait dans son bureau, des élèves de la yéchiva entraient pour parler longuement avec lui de sujets d’étude, et ensuite le repas avait refroidi et était devenu immangeable. « Je lui ai demandé pourquoi il ne disait pas à ces garçons de revenir plus tard, parce qu’il devait prendre son repas ? Il m’a répondu : J’ai du mal à repousser un garçon qui vient parler avec moi d’un sujet d’étude. Je lui ai dit : Je peux en faire la remarque aux élèves, et il m’a répondu qu’il ne le voulait en aucun cas. En fin de compte, au bout de plusieurs semaines, je me suis donné la permission de parler à ces élèves, malgré son opposition… » Son élève Rabbi Ya'akov Eidelstein, le Rav de Ramat Hasharon, a observé : « Il y a eu une période pendant laquelle nous avons étudié dans le beit hamidrach Heiligman, avant que la yéchiva soit construite, il y avait une grande pauvreté à la yéchiva et il n’y avait pas d’argent pour l’entretien. Un jour, j’ai vu Rabbi Chemouël qui attendait que tous les élèves aillent déjeuner pour sortir un balai et nettoyer lui-même le beit hamidrach… LE « SIYOUM HACHASS » Le billet pour toutes les guérisons Il y avait à Jérusalem un homme pieux qui aimait la Torah et le ‘hessed. Il s’appelait Rabbi Mikhel Gottfarb. C’était un associé fidèle des merveilleux actes de ‘hessed du gaon Rabbi ‘Haïm Kreuzwirth זצ''ל. Quand il fut frappé par la terrible maladie, il posa au Av Beit Din de Jérusalem, le gaon Rabbi Ya'akov Israël Fisher זצ''ל, une question pesante : « Etant donné que je reçois une dose de morphine pour calmer les douleurs, il y a un moment pendant lequel les douleurs s’atténuent un peu, et alors j’ai la possibilité d’arriver au beit hamidrach. Que faire pendant cette heure-là, est-ce que je dois prier avec la communauté ou peut-être participer à un cours de « daf hayomi » régulier au beit hamidrach ? » Il expliqua sa question en disant que cette heure d’étude lui donnait joie et goût à la vie pendant toutes les autres heures de la journée, ce qui lui donnait la possibilité de continuer à souffrir de toutes ses douleurs. Le Rav Fisher, après une longue hésitation, lui dit qu’il vienne étudier pendant le cours de « daf hayomi ». Le Rav Gottfarb avait aussi envoyé quelqu’un chez le Rav Eliashiv זצ''ל, qui au début se demanda comment il était possible de lui permettre de ne pas prier avec la communauté, et qui plus est, régulièrement ! Mais quand il entendit qu’il était question véritablement d’un élixir de vie et que de participer à ce cours lui donnerait une grande joie de vivre, il fut lui aussi d’accord avec cette décision. Après le décès du Rav Gottfarb, il est apparu en rêve à son ami le messager, et ce dernier a raconté au Rav Zilberman שליט''א, qui l’a raconté dans son livre « Aleinou Lechabea’h » : Je lui ai demandé ce qui se passait pour lui, et il m’a répondu qu’il se trouvait à la porte des guérisons dans le Gan Eden. J’ai continué à l’interroger : comment avait-il mérité cela ? Et le défunt avait répondu : parce que dans le ciel, on a vu combien il m’était difficile de me lever de mon lit de douleur pour arriver au cours de « daf hayomi », c’est pourquoi on m’a accordé une telle récompense. »
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