![]() |
|||
![]() |
- | ![]() |
![]() |
Matot-Massei 6 Juillet 2013 28 Tamouz 5773 |
|
||||||||||||||||||
Se souvenir de la valeur du silence (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Cette paracha (Matot) débute par les lois relatives aux vœux, avec l’interdiction de ne pas accomplir un vœu auquel on se serait engagé. Puis juste après, la Torah évoque la guerre avec Midian, lors de laquelle les bnei Israël ont vengé D. des Midianim qui les avaient fait fauter à Chittim, comme il est dit « Exerce sur les Midianim la vengeance des bnei Israël » (Bemidbar 31, 2). Commençons par une introduction pour expliquer la juxtaposition de ces deux sujets, car celle-ci n’est évidemment pas le fruit du hasard. Comme nous le savons, le monde est composé de quatre domaines : le règne minéral (domem), le règne végétal (tsoméa’h), celui des êtres vivants (‘haï) et celui de l’humain (medaber). L’homme, étant donc un « medaber », se trouve au-dessus de toutes les autres créatures. Or que possède-t-il de plus que l’animal ? La force de la parole, la capacité de parler et de communiquer avec son entourage constitue la particularité de l’humain par rapport au reste des créatures. Il est dit dans Béréchit (2, 7) « Il fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant » et Onkelos traduit par « un esprit parlant ». En d’autres termes, notre capacité à parler provient du souffle de vie que D. a insufflé en nous. Ainsi, si nous sanctifions notre bouche pour ne dire que des choses nécessaires et autorisées, nous nous élevons et nous détachons de notre côté animal pour devenir une nouvelle créature nommée « adam ». Mais si nous négligeons cette disposition qui nous est propre, si nous souillons notre bouche et nos pensées, alors nous ne serons pas supérieurs à l’animal, puisque nous n’aurons pas tiré parti de notre avantage. Au contraire, nous lui serons même inférieurs parce que lui, au moins, ne parle pas du tout, et le silence est d’or ! En qualité d’hommes, nous avons une bouche par laquelle nous pourrions nous sanctifier, mais nous restons, malgré tout, enfoncés dans notre médiocrité : il n’y a pas pire que cela. Dans son livre « Even Chelomo », le Gaon de Vilna explique pourquoi nous aimons et désirons parler de choses futiles et interdites et pourquoi l’on y trouve tant de plaisir et d’intérêt. En réalité, la bouche nous a été donnée pour étudier la Torah, et quand on l’utilise à cet effet, un esprit de sainteté s’éveille pour que nous prononcions des paroles saintes et soyons sanctifiés. Mais si nous n’utilisons pas ce don de la parole pour la Torah, il ne nous quitte pas pour autant : il s’oriente et se dirige vers d’autres horizons, vers des puits cassés qui ne pourraient contenir d’eau. C’est ainsi que nous en arrivons à détourner cette capacité de parler vers des sujets futiles et interdits. On tire d’ici une grande leçon : quiconque possède une certaine mida doit savoir qu’il peut l’utiliser pour son contraire. Par exemple, une personne coléreuse a la possibilité d’être calme et sereine, mais elle peut choisir d’utiliser l’aide venue d’En-Haut pour le bien ou pour le mal. Et il en est de même pour tous les traits de caractère. De nos jours, au nom de la démocratie, on a inventé une nouvelle notion qu’on appelle « la liberté d’expression ». En quelque sorte, elle permet à quiconque de dire tout ce qui lui passe par la tête et qui lui plaît. Ainsi, quiconque désire s’exprimer a l’entière possibilité de le faire, sans aucune limite. Au nom de ce principe, il devient permis d’humilier et de critiquer des gens et même de le publier dans les journaux ou tous les médias. Bien entendu, la Torah prône absolument le contraire : éloignons-nous d’une telle liberté d’expression et ne parlons pas d’autrui sans retenue, car une telle « liberté » nous permettra seulement d’entrer « librement » au Guehinom. Il nous incombe évidemment de trier nos propos, de sanctifier notre bouche et de nous montrer responsables de ce que nous disons. Mon père, mon maître et ma couronne, le tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, avait l’habitude de nous mettre en garde à chaque fois qu’il en avait l’occasion en nous disant que la parole est comparable à un serment. S’il nous arrivait de dire quelque chose que nous ne respections pas par la suite, il nous disait « Mais vous avez juré ! » (même si ce n’était pas le cas). Il agissait ainsi pour nous montrer plus concrètement l’importance de la parole. La parachat Pin’has raconte que les bnei Israël se sont vengés des Midianim qui les avaient fait fauter sur la recommandation de l’impie Bilam, qui avait proposé à Balak : « Viens, je vais te donner un conseil » (Bemidbar 24, 14). Nos Sages expliquent que Bilam a dit à Balak « Leur D. a horreur de la débauche » : ils ont donc suivi ce conseil et livré leurs femmes et leurs filles pour faire trébucher les bnei Israël. C’est pour cette raison que la Torah a juxtaposé le passage des vœux à celui de la vengeance contre Midian. Elle a voulu nous enseigner par là combien la parole peut avoir de conséquences. Considérons le cas de quelqu’un qui en fait un bon usage : s’il a fait vœu de s’interdire une chose, cette dernière devient pour lui comme un interdit de la Torah. S’il a par exemple décidé de s’abstenir d’un certain aliment et qu’il a ensuite transgressé son vœu, c’est comme s’il avait mangé quelque chose de réellement interdit comme un mélange de lait et de viande ou des aliments dont la consommation est interdite par la Torah. Ainsi, la parole a la capacité de créer une situation d’interdit de la Torah. Mais quelqu’un qui ne préserve pas sa bouche, qui néglige l’importance des mots et se laisse aller à parler de tout et de tout le monde, peut descendre jusqu’au niveau de Bilam l’impie. Lui aussi possédait une immense force de parole et pouvait soit bénir, soit maudire. Mais il est resté englué dans son impiété, ne s’est pas élevé au-dessus de son animalité et a détérioré le précieux cadeau dont il a été doté : au lieu de se sanctifier, il s’est souillé, a fauté et a poussé les autres vers la faute. Ainsi, le texte a juxtaposé le passage de Midian à celui des vœux pour que chacun prenne conscience de la valeur et de la force de la parole. Positivement, par les vœux, et négativement, par Bilam, qui possédait ce don-là mais qui l’a abîmé en donnant de mauvais conseils à Balak. Puisque la parole est si puissante, la Torah a ordonné de s’éloigner de Midian dont l’impureté provient du conseil de Bilam prononcé avec sa bouche souillée et qui a fait fauter Israël et fait tomber de nombreuses personnes. C’est une chose dont nous devons nous souvenir constamment, elle fait d’ailleurs partie des dix « souvenirs », comme l’effacement d’Amalek : il nous faut haïr les Midianim, nous souvenir du conseil de Bilam l’impie et savoir combien l’impact de la parole peut être grand, comme nous le disons : « Ce que Balak et Bilam ont comploté contre nos ancêtres afin de connaître la justice de D. » Ainsi, le passage des vœux et celui de la guerre contre Midian ont été juxtaposés pour nous montrer l’impact de la parole. En effet, les paroles et les conseils de Bilam étaient profanes et leurs conséquences se sont avérées graves au point de causer une destruction chez les bnei Israël pour des générations. Et l’on doit s’en souvenir constamment. C’est pourquoi nous devons veiller à ne pas profaner notre parole, et a fortiori nos vœux, ainsi qu’à honorer tous nous engagements. Le silence n’est pas souhaitable en ce qui concerne les paroles de sainteté, de Torah et de prière, mais il est précieux vis-à-vis des paroles profanes où « il vaut alors de l’or ». Puisse Sa volonté être que nous préservions notre bouche et notre langue du mal, et sanctifions la parole uniquement pour la Torah, la prière et la sainteté, Amen, Amen. SUJETS D’ACTUALITE Sur tout cela je pleure Autrefois, la douleur de la destruction du Temple était tellement concrète et proche des cœurs que tout juif ressentait parfaitement le deuil des jours de « bein hametsarim ». L’atmosphère dans les rues de la ville, pendant ces trois semaines et plus encore pendant les 9 jours d’Av, était imprégnée d’obscurité et de peine. La deuil envahissait la vie quotidienne de tous, petits et grands, femmes et enfants. Même les habitants non-juifs sentaient parfaitement cette atmosphère de douleur pour la destruction du Temple, saint pour les juifs. Des gémissements plaintifs et déchirants s’élevaient aux heures où tout le monde était occupé au « tikoun ‘hatsot . D’un côté de la ville on criait et on se répandait en pleurs, « jusqu’à quand serai-je rendu désert par la double destruction, jusqu’à quand n’auras-Tu pas pitié de Jérusalem, jusqu’à quand le reste de Ton troupeau va-t-il se lamenter ? », et de l’autre côté, c’étaient des pleurs et des supplications, « regarde du ciel et vois de Ta sainte et glorieuse résidence… ce sur quoi je pleure… » A ce propos, on raconte sur le Maguid de Doubno qu’un jour, il était arrivé à la ville de Lvov pendant cette période. On lui demanda de faire pour les habitants de la ville un sermon portant sur ce sujet, et le Rav de la ville, le gaon Rabbi Ya'akov Orenstein זצ''ל, auteur de « Yéchouot Ya'akov », voulait également l’entendre. Le Maguid accepta immédiatement, mais demanda que le Rav et les personnes âgées de la ville ne viennent pas l’écouter, parce qu’il allait parler dans un style qui éveillerait les pleurs, le public allait se répandre en larmes, et pour des juifs âgés, cela pourrait vraiment être dangereux… Ceux-ci estimèrent que le Maguid exagérait un peu, et ils vinrent tout de même l’écouter. Au milieu du sermon, on raconte que tout le monde s’est mis à pleurer amèrement, et que le Rav se trouva dangereusement incommodé, au point qu’il fallut l’évacuer de la synagogue pendant le discours ! Levez-vous et crions vers Hachem Le Ari a parlé de notre maître le Rav Avraham Halévi, qui vivait à Tsfat. Il se levait à minuit toutes les nuits pour parcourir les rues de la ville, élevant la voix amèrement en disant : « Frères de la maison d’Israël ! Ne savez-vous pas qu’à cause de nos nombreux péchés, la Chekhina est en exil, notre saint Temple a été brûlé, les bnei Israël sont dans un amer exil et souffrent de grands et amers tourments, et vous êtes couchés dans vos lits en toute tranquillité ? Levez-vous et crions vers Hachem notre D., peut-être entendra-t-Il nos prières et aura-t-Il pitié de Son peuple, ce qui reste des réfugiés d’Israël ! » Et ce ‘hassid criait et ne laissait aucun repos aux habitants de la ville… (Kav HaYachar 93). Tu te soucies des années à venir ? Le saint Rabbi Moché de Kobrin zatsoukal a un jour demandé à un jeune avrekh de quoi il vivait. Celui-ci lui a répondu qu’il avait une promesse que son père le nourrirait pendant cinq ans et son beau-père pendant cinq ans. « Croyez-moi, lui dit le Rabbi, quand je vois celui qui répare la fenêtre de ma maison qui s’est cassée, je m’émerveille de lui… Il sait que D. est proche et que le salut viendra. Et vous, vous vous organisez pour les dix années à venir ? (Imrot Moché p. 103) Hélas, la Chekhina est en exil ! Rabbi Itsele de Volojine est allé une fois en pleine nuit à Saint-Pétersbourg et a entendu des pleurs, mêlés à une voix qui disait : « Hélas, la Chekhina est en exil ! » Il a suivi cette voix et a vu un soldat juif qui montait la garde en disant le « tikoun ‘hatsot ». Rabbi Itsele a éclaté en pleurs et a dit : « Il n’y a aucun doute que cet endroit est sanctifié ! » Et effectivement, plus tard un beit midrach a été construit à cet endroit-là. (Léket Réchimot Beit Hamikdach, p. 88) En quoi avons-nous parlé contre toi ? Je me souviens que dans ma jeunesse, lorsque j’étais petit et qu’entre le 17 Tamouz et le 9 Av j’entrais dans la grande synagogue à minuit, je la trouvais pleine de gens assis par terre en train de réciter le « tikoun ‘hatsot ». Qui étaient-ils ? Des cordonniers, des tailleurs et des menuisiers. Les gens simples savaient qu’il faut faire le « tikoun ‘hatsot » et pleurer sur la destruction du Temple pendant ces trois semaines-là. Aujourd’hui, on ne voit plus cela du tout, en tout cas il se peut qu’en cela, il nous soit dit qu’au moment de minuit, on dise d’autres paroles au lieu du « tikoun ‘hatsot » sur la destruction du Temple, c’est cela « vous avez parlé durement contre Moi » (Malakhi 3, 13) (Lev Eliahou Chemot p. 110). Des larmes sans interruption L’une des fois où le « Vayé’hi Yossef » de Papo était en Israël, il a passé un Chabbat dans la ville de Tibériade, où il a officié pour la prière de min’ha avec une grande concentration, à son habitude. Quand il est arrivé à la bénédiction « Reviens avec miséricorde dans Ta ville de Jérusalem », tout à coup il s’est écroulé, sa tête s’inclinant sur l’Arche alors qu’il éclatait en sanglots déchirants, les larmes coulant de ses yeux comme un fleuve sans interruption, sans qu’il puisse dominer les sentiments qui s’agitaient en lui (Richoumim Bémechekh p. 212). Une question tracassante J’étais un habitué de la maison du Rav de Belz zatsoukal lorsqu’il était voisin de mon père. Quand on rentrait chez lui, il fallait se présenter. Moi, j’étais le petit-fils de Rabbi Ya'akov Rosenheim. A chaque fois qu’il entendait le nom de mon grand-père, il se levait en son honneur. Cela m’étonnait toujours, jusqu’à ce qu’un des ‘hassidim m’en raconte la raison. Le Rabbi de Belz se trouvait un jour en vacances d’été dans une petite ville à côté de Francfort. La veille de Chabbat ‘Hazon, Rabbi Ya'akov Rosenheim était venu lui rendre visite et lui avait dit qu’il avait une question qui le tracassait, pendant toute l’année : comment était-il possible d’accomplir la mitsva de « oneg Chabbat » pendant le Chabbat ‘Hazon, alors que le cœur est rempli de douleur sur la destruction du Temple ? Le Rabbi s’émerveilla de ce souci de Rabbi Ya'akov Rosenheim, et depuis, il ne cessait de le louer. Parlons-en davantage C’est ici le lieu où il convient d’en parler davantage : si nous n’avions que cette faute-là, de ne pas prendre le deuil de Jérusalem comme il convient, cela suffirait à prolonger notre exil, et c’est à mes yeux la raison la plus probable et la plus manifeste et puissante de toutes les grandes et terribles persécutions qui ont été notre lot en exil, parce que ce deuil-là a quitté nos cœurs, nous avons oublié Jérusalem et elle n’occupe plus notre cœur. Comme le montre l’expérience, en particulier le jour de Ticha BeAv. Qui donc est en deuil et soupire pour la destruction du Temple et de notre pays comme il convient, des profondeurs du cœur, combien de larmes sont versées là-dessus… (Sidour de Rabbi Y. Emden). GARDE TA LANGUE La permission devant trois personnes Certains disent que si Réouven a dit du lachon hara devant trois personnes, il est permis à ces trois-là de le raconter à d’autres, parce que de toutes façons la chose est appelée à être connue, à condition qu’ils n’aient pas l’intention de la répandre mais qu’ils le racontent par hasard. Et d’autres disent que c’et permis uniquement si la conversation se met à porter sur ce sujet-là. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Nous vivons tous par le mérite de la Torah « Le meurtrier qui a tué par imprudence s’y enfuira » (Bemidbar 35, 11. Il est dit dans la parachat Vaet’hanan : « Il s’enfuira vers une de ces villes et vivra. » Il semble ressortir du verset que parce que le meurtrier s’est enfui vers une des villes de refuge il vivra, alors qu’il peut mourir de mort naturelle dans la ville de refuge, alors pourquoi dire « et vivra » ? Il aurait mieux valu écrire « Il s’enfuira vers une de ces villes et sera sauvé du vengeur du sang » ! Mais la Torah a écrit « il vivra » pour nous dire que quiconque entre dans le beit hamidrach, qui ressemble à une ville de refuge, il lui est promis qu’il vivra et ne mourra pas sous les coups du mauvais penchant, parce que celui-ci n’entre pas du tout dans le beit hamidrach. Le « vivant » c’est le tsaddik, le « mort » c’est l’impie, ainsi que l’ont dit nos Sages (Berakhot 18b) : Les impies sont appelés morts de leur vivant, les justes sont appelés vivants même dans leur mort. Et Moché leur a également dit : « Ce n’est pas avec nos pères que Hachem a conclu cette alliance, mais avec nous qui sommes ici aujourd’hui, tous vivants. » Que signifie « tous vivants » ? Quand vous entrez au beit hamidrach pour étudier la Torah, vous êtes sauvés du mauvais penchant qui voudrait vous tuer, et vous êtes des tsaddikim vivants, et non des impies morts. Nous allons maintenant également comprendre pourquoi Moché (Devarim 4, 41), au milieu du don de la Torah, se met à parler des villes de refuge. C’est parce qu’il a dit aux bnei Israël : Maintenant que je vous ai ouvert les cieux, que vous savez clairement qu’il n’y a qu’un seul D. et qu’Il vous ordonne la Torah et les mitsvot, et comme vous vous sanctifiez, vous serez protégés du mauvais penchant. Et si vous me demandez comment il est possible de se couper de ce monde-ci, qui est entièrement matériel, voici pour vous les villes de refuge, qui sont une allusion au beit hamidrach, où l’homme rentre pour échapper au mauvais penchant, qui n’a pas le droit d’y pénétrer. Lorsqu’il le fait, il se sépare de ce monde-ci, et de même qu’au mont Sinaï le mauvais penchant a été arraché du cœur des bnei Israël, de même quiconque rentre au beit hamidrach pour étudier la Torah est sauvé des pièges du mauvais penchant, parce que ce dernier n’a pas la permission d’y pénétrer. A LA SOURCE « Il ne profanera pas sa parole, tout ce qui sort de sa bouche, il le fera » (30, 3) Après la mise en garde d’avoir à ne « pas profaner sa parole », n’est-il pas superflu de dire « tout ce qui sort de sa bouche, il le fera » ? Rabbi Yéhouda Elbaz זצ''ל explique dans son livre « Chevout Yéhouda » que le verset parle de deux personnes. La première a fait vœu de donner de la tsedaka à un pauvre, c’est un vœu qui implique une action, et sur lequel on peut ordonner « tout ce qui sort de sa bouche, il le fera ». La deuxième est quelqu’un qui a pris sur lui par vœu de jeûner tant de jours, on ne peut pas parler de « faire » puisqu’il s’agit justement de ne pas faire, et à lui, il est demandé de « ne pas profaner sa parole ». « Nous passerons en armes… de ce côté du Jourdain (Na’hnou… Yarden) » (32, 32) Il convient de citer ici ce que dit le ‘Hida dans son livre « Na’hal Kedoumim » : Certains disent que les versets qui commencent par un « noun » et se terminent par un « noun » sont utiles pour annuler l’effet des maléfices. Et dans le livre de guematriot des disciples de Rabbeinou Yéhouda He’hassid, il est écrit sur un parchemin : certains disent que les versets qui commencent et se terminent par un noun ne contiennent pas de samekh, car celui qui les lit met en fuite le Satan. « Vous choisirez des villes de refuge pour vous » (35, 11) Le mot « rotsea’h » (meurtrier) est cité dix-sept fois dans le passage sur les villes de refuge, et on peut dire que cela correspond aux dix-sept fois dans la Bible où nous trouvons un meurtre délibéré. Presque tous ces meurtriers ont été punis et tués. Le livre « Ta’ama DeKera » les énumère : Caïn a tué Hével, Avimélekh fils de Guid’on a tué les soixante-dix frères, Chaoul a tué à Nov la ville des cohanim, Agag l’Amalécite a tué Chaoul, Rekhav et Baana ont tué Ichbochet, Yoav a tué Avner et Amassa, Avchalom a tué son frère Amnon, A’hav a tué Navot, Izével a tué les prophètes de Hachem, Yéhoram a tué ses frères, Yoach a tué le prophète Zekharia, Yozakhar et Yéhozavad serviteurs de Yoav ont tué Yoach, Menaché a tué Yéchayah, Yéhoyakim a tué le prophète Ouria, Yichmaël ben Netaniah a tué Guedalia ben A’hikam. LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben ‘Attar « Moché écrivit leurs départs pour leurs voyages » (33, 2) Il faut savoir ce que le verset vient nous enseigner par là. Si c’est pour nous dire que Moché les a écrits, Moché a écrit toute la Torah, et les voyages qui figurent dans la Torah en font partie. De plus, il aurait fallu dire « Moché écrivit leurs voyages. » Et pourquoi faut-il encore répéter ensuite « Et voici leurs voyages », alors que cela a déjà été dit ? Pourquoi encore cette modification : au début, il est dit d’abord « leurs départs » et ensuite « leurs voyages », alors que par la suite « leurs voyages » vient avant « leurs départs ». Il semble que le verset veuille nous dire de quelle façon les voyages ont été inscrits. Ils n’ont pas été notés en un seul jour, mais dans l’ordre suivant : Moché a commencé par inscrire dans ses notes sur l’ordre du Roi à partir du jour où ils sont sortis d’Egypte : le jour où ils sont sortis d’Egypte, il a écrit le verset « les bnei Israël sont partis de Ramsès etc. », ainsi que les deux versets suivants jusqu’au mot « chfatim », et quand ils ont campé à Soukot, il a écrit le verset « ils partirent… et campèrent à Soukot » ; quand ils sont partis de Soukot il a écrit « ils partirent de Soukot », quand ils ont campé à Eitam il a écrit « et ils ont campé à Eitam », et ainsi de suite, il écrivait chaque étape au moment où elle se produisait, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans la plaine de Moav, et ensuite Hachem lui a dit de les insérer dans la Torah comme ils étaient écrits chez lui. Et c’est ce que dit le verset « Moché écrivit leurs départs » : cela désigne le jour où ils sont sortis d’Egypte, et il s’agit des deux versets de « ils quittèrent Ramsès » jusqu’au mot « chfatim ». LES CEDRES DU LIBAN Le gaon Rabbi Chim’on Agassi Le gaon Rabbi Chimon Agassi faisait partie d’une famille de commerçants qui avait émigré d’Iran. Il a été l’un des grands sages d’Irak de la dernière génération et a approfondi la Torah du Ari zal et le secret des réincarnations des âmes, comme cela transparaît dans ses célèbres ouvrages « Bnei Aharon », « Chem Michimon », « Yessodé HaTorah » etc. Encouragé par ses parents, le jeune Chimon ne s’est pas associé à l’affaire familiale et s’est tourné vers les études sacrées. Il a mérité d’être le disciple du maître irakien, le gaon Rabbeinou Yossef ‘Haïm, le « Ben Ich ‘Haï ». Dans ses livres, le Ben Ich ‘Haï le mentionne souvent en le surnommant « Maharcha » et il cite les correspondances halakhiques qu’ils échangeaient. En dépit des souffrances qui l’ont accablé, il ne cessait d’étudier la Torah dans laquelle il trouvait une consolation. C’est ce qui s’est produit lorsqu’il a perdu ses deux fils (Menaché et Meïr Sasson ‘Haï) dans la fleur de l’âge et qu’il a voulu atténuer son chagrin et retrouver un peu de joie en fiançant son fils aîné Rabbi Aharon, alors âgé de seize ans. Voici ce que le Rav raconte à son sujet dans ses mémoires : « A la fin du mois de Chevat, il a été atteint d’une maladie bénigne et nous avons pensé que ce n’était pas grave. Mais au fil du temps, la maladie l’attaquait un peu plus en profondeur chaque jour. J’ai invoqué la miséricorde divine, j’ai déversé des prières, j’ai imploré le pardon et mes amis, les sages de la yechiva, m’ont aidé en déversant prières et supplications sur les tombes de Rabbi Yitz’hak, Rabbi Mordekhaï, Rabbi Sasson et d’autres hommes saints enterrés en Israël. Je me suis roulé dans la poussière, j’ai arrosé la terre avec le flot de mes larmes, j’ai mouillé les montagnes, j’ai invoqué le Ciel avec des prières et des supplications, mais les portes du Ciel sont restées verrouillées et D. a bloqué ma prière. Et à l’entrée de Pourim, son âme est partie dans la pureté avec illumination et son esprit fidèle a quitté son enveloppe corporelle pour retourner auprès de D., Qui nous l’avait confié. Ce terrible moment est gravé dans mon cœur en lettres de sang. Je ne l’oublierai jamais, et à chaque fois que j’en parlerai, mon cœur sera ébranlé, je serai saisi d’effroi et je perdrai toutes mes forces… » Le malheur du décès de son fils Aharon et sa façon d’essayer de comprendre cette tragédie ont mené Rabbi Chimon à un plus grand approfondissement de la Torah cachée, avec son ami le kabbaliste Rabbi Yéhouda Petaya. Le sage Yossef ‘Haïm a trouvé en la réincarnation (guilgoul) la réponse au drame qui avait frappé Rabbi Chim’on, ce qui a poussé ce dernier à approfondir le sujet. Il a composé un vaste commentaire sur l’ouvrage « Cha’ar Haguilgoulim » écrit par Rabbi ‘Haïm Vital, le disciple du Ari. Il a nommé son livre « Bnei Aharon » au nom de son fils, le fiancé, qui n’a jamais mérité de fonder un foyer juif. A cette période-là, on assistait à l’influence grandissante du courant européen de la Haskala. Le gouvernement ottoman a fondé des écoles et l’association « Kol Israël ‘Havérim » a donné naissance à l’Alliance, qui a influencé les membres de la communauté, l’une des conséquences étant le nombre décroissant des étudiants en Torah et des Rabbanim. Mais Rabbi Chimon a résisté et pris l’initiative de plusieurs actions pour mettre un frein aux mauvais courants de pensée qui s’installaient au sein de la communauté. Il a par exemple fait appel à son ami, le notable Meïr Eliahou, en lui demandant de créer une yéchiva pour préparer les Rabbanim à ce poste tout en les rémunérant. Cette même année, la famine sévissait encore une fois, engendrant un grand ralentissement des affaires commerciales. Rabbi Chimon a été sollicité pour annuler le mauvais décret, et le mardi 9 Adar 5673, il a tenu un discours de quatre heures dans la grande synagogue. C’était un discours impressionnant qui a ébranlé la plupart des auditeurs et suite auquel les cœurs se sont ouverts et de nombreux membres de la communauté se sont repentis. Cet éveil a mené à un tournant positif : les cieux se sont ouverts, déversant d’abondantes pluies de bénédiction. Son décès (à la veille de la Première Guerre mondiale) a été une lourde perte pour la communauté de Bagdad et pour l’ensemble du monde juif. Ainsi en témoigne son fidèle ami Rabbi Yéhouda Petaya dans l’introduction de son livre « Beit Lekhem Yéhouda » : « Nous avions, dans notre ville de Bagdad, deux chérubins d’or qui protégeaient la ville de l’intérieur comme de l’extérieur. Ils étaient pour nous comme une muraille et un refuge pour les jours de danger. Le premier était Rabbi Yossef ‘Haïm et le second était le gaon Chimon Aharon Aba bar Aba Agassi. Ces deux hommes justes protégeaient la ville, par leur mérite et leur piété. Déjà quand Rabbi Yossef ‘Haïm a disparu, la ville a commencé à vaciller, à ne plus tenir que sur un seul pied. Puis les malheurs sont survenus : après son enterrement, le roi a enrôlé des jeunes juifs dans l’armée pour les entraîner à combattre. Alors nous avons été consolés par la présence de Rabbi Chimon Aharon et nous prétendions tous ne pas encore avoir perdu espoir. Mais quand lui aussi nous a quittés, la dernière étincelle de la ville s’est éteinte. Yossef n’était plus là, Chimon non plus, c’était un grand moment de détresse pour le peuple d’Israël. En effet, le lendemain matin, juste après la disparition du Rav, des annonces rouges signées par le roi ont été affichées. Elles portaient une épée rouge en signe de guerre d’un gouvernement contre un autre, preuve évidente que ces deux maîtres qui étudiaient la sagesse authentique permettaient, par leurs mérites, de nous protéger de l’attribut de rigueur. LE « SIYOUM HACHASS » Pour la plus grande gloire de la torah Outre le fait qu’elle est l’élément vital du peuple juif, le sang de vie et la loi de vie qui coule dans les artères spirituelles de notre peuple, notre sainte Torah est également l’élément qui unit les habitants de pays différents, de villes différentes ou encore des voisins d’un même immeuble. Le dénominateur commun de tous, ou plus précisément de presque tous, est la Torah et plus particulièrement l’étude du « Daf Hayomi », entreprise à l’initiative de Rabbi Meïr Shapira de Lublin. Tous ensemble ainsi que chacun séparément se délectent de l’arôme agréable des explications d’Abayé et Rava, de la profondeur du commentaire des Ba’alei HaTossefot et de la perspicacité de Rabbi Akiva Eiger. Tout le monde a un sujet commun dont on peut discuter en attendant le bus, dans l’avion, dans la salle d’attente du médecin ou durant la pause au travail, discuter d’étude, s’enrichir mutuellement et ressentir un plaisir du monde à venir en ce monde-ci. Voici ce qu’a raconté sur lui-même un des plus grands machgui’him de notre génération : il fuyait à l’époque le régime communiste et s’était réfugié dans une des villes des républiques asiatiques de l’ancienne Union Soviétique. Bien entendu, il ne comprenait pas la langue du pays, et à cause de la religion musulmane majoritaire dans le pays, il avait du mal à distinguer les juifs des non-juifs. Ils portaient tous un turban, de longues tuniques et laissaient pousser leur barbe. Il n’avait pas de quoi se payer un hôtel, et s’il ne trouvait pas où dormir, la police locale se chargeait de lui trouver un « hôtel » dans une cellule de détention. Il errait dans le marché, sans savoir quoi faire tant il était accablé et tourmenté quand soudain, une idée lui est venue à l’esprit : il a commencé à réciter à haute voix « Chema Israël, Hachem Elokeinou, Hachem e’had » et a répété le verset tout en vagabondant entre les stands. Puis soudain, il a entendu un des marchands répondre « Baroukh chem kevod malkhouto leolam vaed ! » Ils ne pouvaient pas se comprendre l’un l’autre, mais ils avaient un point commun et une langue commune : celle de la Torah et de la prière. C’est ainsi que le machguia’h a trouvé un logis, un abri dans lequel il s’est installé avec son hôte. Ils étudiaient ensemble la Torah dans leur langue commune même si, dans leur langue courante, ils ne se comprenaient pas.
|
Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan |