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Chabbat Hol Hamoêd Soukot 21 Septembre 2013 17 Tichri 5774 |
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La nature de la joie à Sim’hat Torah (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) Le jour de Sim’hat Torah porte le nom de « ‘Hag Ha’atséret », ainsi qu’il est écrit (Bemidbar 29, 35) : « Le huitième jour sera une ‘atséret (une fête de clôture) pour vous. » Et alors, chacun se trouve plongé dans une très grande joie, parce qu’il s’arrête (neetsar) un jour de plus devant Hachem. Comme l’ont expliqué les Sages (Sifri ad loc, Rachi sur Vayikra 23, 36), Hachem a dit aux bnei Israël : « Attardez-vous encore un jour, car il M’est difficile de Me séparer de vous. » S’il en est ainsi, il est évident que le Saint, béni soit-Il épanche sur l’homme une abondance de bien pour l’aider à surmonter les forces du mauvais penchant, car ce dernier se nourrit de la sainteté des bnei Israël et cherche à les faire tomber dans ses rets, mais Hachem les aide à le vaincre. Plus encore, au moment de sa joie, l’homme se relie à Hachem, ainsi qu’il est dit (Devarim 16, 15) : « Tu seras uniquement (akh) joyeux. » Le mot akh (uniquement) a la même valeur numérique que le Nom divin e-hyé, ce qui signifie que la joie doit être uniquement et exclusivement pour Hachem. Et alors, malgré toutes les fêtes qu’il vient de traverser, l’homme ne se sent pas fatigué de servir Hachem, mais au contraire, c’est justement le dernier jour qu’il ajoute encore à sa joie et oublie tous ses problèmes et toutes ses épreuves, parce qu’il sent qu’il se tient devant D. Alors il danse en Son honneur en s’annulant totalement. De cette façon, il mérite que D. le rattache à l’âme de Moché, sur laquelle les Sages ont dit dans le Zohar qu’elle s’étend dans chaque génération. Et de même que Moché a étudié la Torah et mérité un grand renouvellement, ainsi l’homme qui se rattache à lui par la Torah se nourrit de sa sainteté et devient une créature nouvelle, au point que le monde entier a été créé pour lui, comme l’ont dit les Sages (Sanhédrin 37a) : « Le monde a été créé pour moi. » Chacun doit savoir que pour se préparer convenablement à Sim’hat Torah, être joyeux pour Hachem uniquement, il doit commencer à faire des efforts pour être une créature nouvelle dès la nuit d’Hochana Rabba. Le mot « Rabba » est l’anagramme de « bara » (créer). Comment est-ce possible ? En se rattachant au roi David, qui est notre « ouchpiz », notre invité, le jour d’Hochana Rabba. Expliquons ce point. Le roi David a témoigné sur lui-même (Téhilim 119, 97) : « Combien j’ai aimé Ta Torah, tout le jour je parle d’elle. » Il a également dit (Ibid. 59) : « J’ai médité sur mes voies, et j’ai ramené mes pieds vers Tes statuts. » Ce qui signifie qu’il dit aux bnei Israël : J’ai examiné toutes les voies qui ne comportent pas la Torah et les mitsvot, pour voir si elles contenaient un quelconque agrément, ou si elles risquaient en fin de compte de mener à la faute, et j’ai vu que toutes les nations se trompent dans leurs voies, parce qu’elles n’ont pas la Torah. La seule façon est « vers Tes statuts », « combien j’ai aimé Ta Torah », il n’y a de valable que la sainte Torah. Et effectivement, le roi David a été un exemple et un symbole pour tous les bnei Israël par son amour de la Torah. Ainsi il a dansé et chanté devant l’Arche sainte, sans prêter attention aux moqueries de son épouse Mikhal, comme il est dit (II Chemouël 6, 16) : « L’Arche de Hachem arriva dans la ville de David, Mikhal fille de Chaoul regarda par la fenêtre, vit le roi David en train de chanter et de danser devant Hachem, et elle le méprisa en son cœur. » Le roi David a également respecté les talmidei ‘hakhamim, et étudié la Torah avec une grande humilité (Moed Katan 16b). De plus, même en n’ayant appris que deux choses d’A’hitophel, il l’appelle déjà son maître (Avot 6, 3). C’est donc bien que toute sa volonté et tout son désir était d’étudier la Torah, c’est pourquoi il a mérité qu’Hochana Rabba porte son nom. Dans l’avenir également, il dira la bénédiction sur la coupe dans le festin des tsaddikim (Pessa’him 119b), car il est le symbole de la Torah et de la joie. Par conséquent, quand on étudie la Torah pendant la nuit d’Hochana Rabba, qui ressemble à Yom Kippour, et qu’on dit des psaumes écrits par le roi David, on est nettoyé de toute faute, comme l’ont dit les Sages (Berakhot 5a) : « Quiconque se préoccupe de Torah et d’actes de générosité, on lui pardonne toutes ses fautes, ainsi qu’il est dit (Michlei 16, 6) : « La faute sera pardonnée par la générosité et la vérité. » Alors, le Saint, béni soit-Il aidera certainement à être comme une créature totalement nouvelle, car « celui qui cherche à se purifier reçoit une aide divine » (Yoma 38b), et c’est cela Hochana Rabba, car Hachem sauve immédiatement l’homme du mauvais penchant, et il devient une créature nouvelle, « rabba » évoquant « bara ». Après ce jour saint, quand on arrive à Sim’hat Torah, on mérite de se tenir à côté du Créateur du monde dans une grande joie. Et alors, à ce moment propice, Hachem épanche sur nous de la puissance du roi David, de la puissance des saints Patriarches et de la puissance de Moché (la Torah se terminant par sa mort), on devient une créature nouvelle pour qui le monde entier vaut la peine d’avoir été créé. Et alors, on reçoit toutes les émanations bénéfiques épanchées par Hachem. C’est pourquoi en vérité à Sim’hat Torah nous ne prenons pas le deuil pour Moché, mais nous nous comportons avec une grande joie, parce que nous méritons de nous rapprocher en ce jour saint de l’âme de Moché, dont la Torah porte le nom, ainsi qu’il est dit (Malakhi 3, 22) : « Souvenez-vous de la Torah de mon serviteur Moché. » Heureux quiconque mérite de se rattacher à l’âme de Moché. C’est la raison pour laquelle on raconte la mort de Moché justement à Sim’hat Torah : enseigner à chacun de se rappeler que la Torah ne s’acquiert que chez celui qui se tue pour elle (Berakhot 63b), comme Moché, qui toute sa vie s’est tué pour la Torah jusqu’à son dernier jour, c’est pourquoi elle porte son nom. Or il n’y a pas de plus grande joie que de se tuer pour la Torah. C’est pourquoi à Sim’hat Torah on prendra soin de prendre sur soi la Torah de Moché, qui porte son nom, et aussi de se tuer pour elle avec joie, comme Moché. Le livre « Beit Aharon » rapporte au nom de tsaddikim qu’à la fête de Chemini Atséret, Hachem arrête toutes les influences bénéfiques pour les empêcher de remonter en haut et les obliger à rester en bas pour le plus grand bénéfice des bnei Israël, parce que le jour de Sim’hat Torah, Hachem épanche Ses bontés sur Israël plus que tous les autres jours de l’année. C’est cela la joie de la fête de Sim’hat Torah. HOMMES DE FOI Histoires des justes de la famille Pinto Cette histoire extraordinaire a été racontée à Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita par l’intéressé lui-même. Il s’agit d’un juif qui avait presque perdu la vue, et le médecin lui a annoncé qu’il devait subir une opération compliquée au laser, et alors peut-être y aurait-il de faibles chances qu’il guérisse. Quelques jours avant l’opération, il participa à la hilloula en l’honneur de Rabbi ‘Haïm Pinto au Maroc, le cœur rempli de joie. Il éclata en chants et en danses, chassant tout souci de son cœur. Sa confiance dans le tsaddik était prodigieuse et il était absolument certain que son immense mérite l’aiderait à être sauvé. Et voilà que lorsqu’il est allé se coucher, la silhouette rayonnante de notre maître lui est apparue, tenant à la main deux bougies allumées. Le tsaddik approcha les deux bougies en face de ses yeux et disparut… Quand il se réveilla le matin suivant, par la miséricorde divine la vue lui était revenue. C’était un miracle ! Plus tard, quand il alla consulter le médecin, celui-ci lui demanda avec stupéfaction chez qui il avait fait l’opération, car il y avait un signe évident dans ses yeux qu’il avait subi l’opération au laser… Il répondit innocemment : « Mon chirurgien était un médecin spécialiste, un juste, saint et homme de D., qui s’appelle Rabbeinou ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège… » HISTOIRE VECUE Un maguid extraordinaire (yotsé dofen) Il y a une centaine d’années, le maguid Rabbi ben Tsion Alfess, que le ‘Hafets ‘Haïm qualifiait de « quelqu’un qui ramène les autres vers la Torah », s’est retrouvé à Soukot à Odessa, ville complètement perdue d’un point de vue spirituel. Le Rav de la synagogue locale a donc fixé avec lui qu’il irait prier et que après le « hallel », il demanderait lui-même au gabaï de laisser parler le maguid pendant une demi-heure, avant la lecture de la Torah ou avant moussaf. Quand Rabbi ben Tsion est arrivé à la synagogue, le chamach lui a tendu un livre pour qu’il étudie, vu qu’il avait déjà prié. Puis à la fin du « hallel », le maguid a vu le Rav demander au gabaï de le laisser prendre la parole, mais celui-ci a refusé vigoureusement : « Ici, il n’y a pas de discours ! » Le Rav a alors insisté pour qu’on fasse une exception, mais le gabaï a expliqué que dans cette synagogue, même les Admourim ne recevaient pas le droit à la parole entre les prières. Alors, le cœur lourd, le Rav est parti annoncer au maguid : « J’ai vraiment essayé, mais je n’ai pas réussi. » Le maguid a été très gêné de l’humiliation qu’il avait causée au Rav, mais il a décidé qu’il était impoli de quitter l’endroit immédiatement et y est donc resté jusqu’à la fin de la prière. Soudain, une idée lui a traversé l’esprit avant « Alénou Léchabéa’h ». Alors que tous les fidèles se préparaient à quitter la synagogue, un grand coup s’est fait entendre : « Mes maîtres ! a proclamé l’hôte, j’ai vu dans le journal quelque chose de très intéressant ! » Ils se sont tous tus, puis se sont retournés pour voir qui parlait et ont découvert le maguid qui poursuivait à voix haute : « Hier est venu ici notre maître le roi, accompagné de six de ses ministres. Personne ne les a reconnus à la gare, sauf moi qui me suis demandé ce que le roi et ses ministres faisaient à Odessa. Et leur réponse a été très intéressante ! » Les fidèles le regardaient, hébétés, tandis que le gabaï, arborant un sourire de vainqueur, se tenait de côté : Quel miracle qu’il ait tenu tête et n’ait pas permis à cet invité illuminé de prendre la parole en plein milieu de la prière ! « Je vais tout de suite résoudre cette énigme, a continué le maguid : il s’agit du roi David qui est venu avec les Ouchpizin Avraham, Yitz’hak, Ya’akov, Moché, Aharon et Yossef. Alors je vous pose la question : qu’y a-t-il de spécial aujourd’hui ? Pourquoi avons-nous mérité que, justement pendant Soukot, les Ouchpizin viennent nous rendre visite ? » Les fidèles ont regagné leur place, attendant la suite du discours de cet invité étonnant. A ce stade, le maguid savait qu’il devait restaurer le respect envers le Rav de la synagogue : « Avant de continuer, je me dois de vous expliquer ma conduite. Vous vous demandez certainement comment un homme peut-il entamer un discours sans que le gabaï l’introduise ? Je vais vous expliquer ce qui se passe : quand je suis entré ici, le chamach m’a tendu un livre à étudier, en l’occurrence le midrach ‘‘Sifra’’ sur Vayikra. Je l’ai ouvert à la paracha d’aujourd’hui, celle du premier jour de Soukot, qui se trouve dans la parachat Emor. Le premier verset dit ‘‘Lorsqu’un veau, un agneau ou un chevreau vient de naître, il doit rester sept jours auprès de sa mère ; à partir du huitième jour seulement, il sera propre à être offert en sacrifice à Hachem’’ (22, 27). Au sujet de l’expression ‘‘vient de naître’’, le Sifra commente ‘‘A l’exclusion d’une naissance par césarienne (yotsé dofen)’’, auquel cas l’animal ne sera pas apte à être offert en sacrifice à Hachem. Mais le Sifra pose une question : pourquoi ce défaut apparaît-il ici et non précédemment, dans les versets qui traitent des autres défauts des sacrifices ? Il répond : à partir des mots ‘‘Lorsqu’un veau vient de naître’’, on déduit ‘‘un veau, et non un homme.’’ En d’autres termes, les défauts mentionnés ici rendent inaptes uniquement les animaux et non les êtres humains. C’est pourquoi un cohen né par césarienne sera autorisé à effectuer son service. J’en ai également tiré une leçon, a conclu le maguid. Malheureusement, on pouvait considérer le gabaï comme ‘‘ayant du mal à donner naissance’’. Toutes les tentatives et insistances du Rav pour me laisser prononcer quelques mots de Torah ont été vaines. J’ai donc été forcé de ‘‘naître par césarienne’’ et de prendre la parole sans autorisation. Or nous avons lu aujourd’hui dans la paracha que pour les hommes, même l’être né par césarienne est casher ! » « Les visages des fidèles brillaient de satisfaction et de désir que le maguid continue et que le gabaï baisse la tête. » L’ensemble des fidèles s’est insurgé contre le gabaï qui ne laissait pas le maguid prononcer un discours à la synagogue, et celui-ci a alors levé les mains en s’écriant : « Je permets ! Je donne mon autorisation ! » Immédiatement, Rabbi ben Tsion a demandé au chamach d’annoncer qu’il donnerait un cours la veille des deuxièmes fêtes, de six heures à sept heures et demi, heure de la prière de arvit. C’est effectivement ce qui se passa. Et comme si cela ne suffisait pas, il a été invité par la communauté à deux reprises pendant les jours de ‘hol hamoed. A ces occasions, le maguid a renforcé son public dans le service divin et le respect de la Torah et des mitsvot. Mais ce n’est pas l’unique fois où il a dû recourir à un stratagème (spécifique aux maguidim) pour adoucir des cœurs insensibles, durant sa visite dans la ville perdue d’Odessa. Pendant cette même fête de Soukot, il est entré dans une autre synagogue de la ville, et lorsqu’il a demandé à prendre la parole, le gabaï s’y est opposé. Justement lui, qui arrivait de la fournaise de Vilna, savait à quel point il était important que les juifs d’Odessa entendent des paroles de Torah. Mais à son grand désespoir, il voyait comment le gabaï était soutenu dans son refus par ceux qui priaient au mizra’h ! Il a donc attendu le moment opportun… qui a fini par arriver. En lisant la Torah, l’officiant a prononcé le mot « laparim (pour les taureaux) » du verset « leurs oblations et leurs libations, pour les taureaux » (Bemidbar 29) avec un accent « milé’el », en appuyant sur la lettre « pé ». A la fin de la prière, le maguid lui a chuchoté à l’oreille « Il me semble que l’accent de ‘‘laparim’’ soit miléra’. » Alors l’officiant a répondu avec colère : « Allez-vous en avec votre grammaire ! » Le maguid a donc conclu : « Maintenant je comprends pourquoi vous vous opposez à écouter des paroles de Torah. C’est parce que, chez vous, les taureaux sont au-dessus (milé’el)… » GARDE TA LANGUE Il est interdit de raconter Il est interdit de raconter à autrui que notre ami ne nous a pas rendu service, même si l’on sait qu’il aurait pu le faire. (Un tel comportement inclut également l’interdiction de « Tu ne garderas pas rancune » et parfois même celle de « Tu ne te vengeras pas ».) Cet interdit vaut même si la personne qui raconte n’est pas directement concernée par l’histoire. Par exemple, Lévi n’aura pas le droit de dire que Réouven n’a pas rendu service à Chim’on. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita L’inauguration du Temple pendant la fête de Soukot La haphtara que nous lisons le deuxième jour de Soukot traite de l’inauguration du premier Temple construit par le roi Chelomo, qui s’est tenue lors de cette fête. Pour quelle raison le roi Chelomo a-t-il inauguré le Temple pendant la fête de Soukot ? Quel est le lien entre celle-ci et l’inauguration du Temple ? Nos Sages établissent un rapport entre le verset « Le lion a rugi : qui n’aurait peur ? » (Amos 3, 8) et le mois d’Elloul, dont le signe du zodiaque est le lion. En effet, les anciens nous enseignent (Chla, début du traité Roch Hachana) que les lettres du mot « arié » (lion) (aleph, rech, youd, hé) sont également les initiales des mots « Eloul, Roch Hachana, Yom Kippour et Hochana Rabba ». Ce rugissement éveille en tout bon juif qui aspire à la vérité et désire retourner vers D. le regret des mauvaises actions et la volonté de se repentir. En effet, qui ne tremblerait pas en entendant le lion ? En ce mois-ci, D. est plus proche de nous que lors de tous les autres mois et il est aisé d’adoucir le roi quand il est proche. Ainsi, durant le mois d’Elloul, Hachem Se rapproche, si l’on peut dire, du peuple d’Israël : tout homme sensé commencera immédiatement à se repentir et s’attachera à accomplir de bonnes actions afin de mériter un jugement favorable à Roch Hachana et à Yom Kippour. Hachem, qui est miséricordieux et longanime, ne siège pas en jugement le moins du monde lors du grand et redoutable jour du jugement. Le texte qualifie ce moment de « la lune cachée (késsé), le jour fixé pour notre solennité » (Psaumes 81, 4) : le Roi des rois Se cache (mitkassé) du Satan afin que celui-ci ne puisse pas venir accuser les bnei Israël. Où va-t- Il pour « Se cacher » ? Lorsqu’Il s’éloigne du Satan, Il s’approche et Se dévoile à nous pour nous accorder Son pardon. Au même moment, le Satan attend que le Roi commence à juger, mais déjà Israël sonne du chofar, l’obligeant alors à fuir. C’est donc de cette manière que l’accusateur est empêché de parler. Mais même s’il n’a pas pu les attaquer à Roch Hachana, il détient le décompte des fautes des bnei Israël. Cependant, dès lors, celles-ci diminuent de jour en jour puisqu’ils se repentent, regrettent leurs erreurs, effacent la majorité d’entre elles et il ne reste alors plus rien pour les accuser, mais tous les arguments sont invalides. Quand le Satan se penche enfin sur les fautes des bnei Israël et espère pouvoir incriminer ces derniers, le saint jour de Kippour arrive. En ce jour le Satan n’a pas le droit à la parole et l’essence même de ce jour est une expiation. Comme nos Sages font remarquer dans la Guemara (Yoma 20a) : le mot « Satan » a une valeur numérique de 364. Une année étant composée de 365 jours, on en déduit que le jour de Kippour il n’a aucun pouvoir ; il n’a pas l’autorisation d’accuser les bnei Israël, à qui D. pardonne toutes les fautes en vertu de la sainteté de ce jour, même si leur repentir n’est pas encore parfait. Le cœur de chacun de nous est empli de crainte durant ces Jours Redoutables, car nous ignorons si nous avons été jugés méritants et inscrits dans le livre de la vie, ou non. Afin d’éviter toute tristesse, car la Présence divine ne réside pas là où il y a de la tristesse (Chabbat 30b), Hachem a fait suivre Kippour de la fête de Soukot, durant laquelle nous devons nous réjouir, manger et boire, car nous sommes confiants que D. n’a rien inscrit de mal à notre sujet et que tout ce qu’Il fait est pour notre bien. Voici donc la grande valeur de la fête de Soukot, que Chelomo a choisi pour inaugurer la construction du Temple, dans la joie et la pureté. A LA SOURCE « Sauve-nous ! L’édifice caché » « L’édifice caché » est le Temple encore inconnu de nous. En effet, dans le monde à venir, un Temple descendra construit d’en-Haut. Or celui-ci est déjà prêt à apparaître à sa place, et en temps voulu. Mais de par nos fautes, il nous est encore invisible. C’est donc pour cela que nous prions : Hocha’ana, sauve-nous (hochi’énou) par l’édifice caché, en nous le dévoilant prochainement. (Beer Moché) « Sauve-nous ! Considère-nous comme du menu bétail égorgé » L’intention des nations du monde est de faire du peuple d’Israël, au moment opportun, un troupeau de menu bétail égorgé. Or d’après la loi qui concerne les goyim, une mauvaise pensée est considérée comme une action. C’est pourquoi notre requête est : « Que nous soyons considérés comme du menu bétail égorgé, et que leur intention ne se concrétise pas. » (Beer Moché) « Sauve-nous ! Que toute discussion porte des fruits et apporte la délivrance » Un individu méritant peut être à l’origine de délivrances et de saluts, même par le biais d’une parole ordinaire. Par exemple, quand il dit au cours d’une discussion « Untel a besoin de guérir », la personne en question guérit instantanément. C’est pourquoi nous prions « Que toute discussion » : que même une simple conversation « porte des fruits et apporte la délivrance. » (Rav Naphtali de Ropshitz) Sauve-nous ! Adoucis les friandises et délivre nous Ceci est étonnant : quel est le sens de cette demande « Adoucis les friandises » ? Ces dernières sont déjà sucrées par nature et n’ont pas besoin d’être adoucies ! En réalité, cela fait allusion aux bienfaits que le Ciel déverse sur nous constamment. Mais parfois, ils nous sont cachés et nous ne pouvons pas les voir. C’est pourquoi nous Te demandons de rendre agréable à notre palais ces délices, c’est-à-dire Tes bienfaits qui sont évidemment plaisants. Fais-en nous goûter pour que nous aussi en sentions la douceur. (Tsema’h David) « Sauve-nous ! J’ai découvert, pendant le jeûne, mes péchés, écoute ma supplication » Pourquoi les Sages ont-il trouvé judicieux d’instituer tant de prières et de hocha’anot pendant Soukot ? La raison est la suivante : puisqu’à Kippour les bnei Israël se sont purifiés de toutes leurs fautes, ils ont à présent une bouche pure dénuée de tout péché. Ainsi, leur prière est écoutée et agréée. On profite donc de ce moment pour le consacrer aux prières et aux supplications. Il y est d’ailleurs fait allusion dans les Psaumes (19, 14) : « Plus encore, préserve ton serviteur des fautes volontaires… Ainsi je me rendrai parfait et pur de grands péchés… Que les paroles de ma bouche soient agréables à Tes yeux » : après l’expiation et une fois que nous nous sommes débarrassés des fautes volontaires et des grands péchés, nos paroles sont agréées. (Imrei Emet) LES CEDRES DU LIBAN Rabbi Yéhouda Moualam Le gaon et tsaddik Rabbeinou Yéhouda Moualam, descendant de grands rabbanim sépharades de la génération précédente, était un vestige de la génération de la connaissance. Il est né à Jérusalem dans la vieille ville, de Rabbi Yitz’hak Moualam, originaire de Bassora en Irak, où il était Rav et dayan. Du côté de sa mère, Madame Sim’ha, il descendait de la famille du kabbaliste Rabbi Yéhochoua Charabi zatsoukal. Dans sa jeunesse, il a étudié au Talmud Torah « Bnei Tsion », et à un très jeune âge il est allé étudier à la yéchiva Porat Yossef en vieille ville, qui a donné une quantité de grands de la Torah du monde sépharade. Pendant la guerre de Libération, quand l’artillerie jordanienne faisait trembler le quartier juif de la vieille ville, le bâtiment de la yéchiva fut totalement détruit par la puissance du feu, et Rabbi Yéhouda réussit, par la bonté de D., à s’enfuir de là peu de temps avant que le bâtiment soit bombardé. A la yéchiva, il a étudié avec un groupe de ‘hakhamim connus, parmi lesquels Rabbi Yéhouda Tsadka et Rabbi Ben Tsion Abba Chaoul. Plus tard, tous sont devenus Roch Yéchiva de Porat Yossef. Son ami d’enfance est le gaon Rabbi Ovadia Yossef chelita. Ils ont passé de très bons moments ensemble à débattre de Torah, et il aimait écouter ses raisonnements astucieux. Plus tard, à la mort du gaon Rabbi Ben Tsion Abba Chaoul, Rabbi Ovadia Yossef s’est plaint en disant : « Qui nous reste-t-il encore dans cette génération, en dehors du ‘hakham Yéhouda Moualam, qui était le dernier vestige de la génération de la connaissance, de ces hommes extraordinaires issus de la yéchivat Porat Yossef, si particuliers par leur simplicité et leur humilité ! » Plus tard, il mérita de faire partie de la série des Rachei yéchivot de Porat Yossef, où il enseigna la Torah à des milliers d’élèves et éleva une génération de bnei Torah et d’avrekhim de très haut niveau. Rabbi Yéhouda était incroyablement ponctuel, et tous les jours de l’année il arrivait à pied à la yéchiva pour enseigner, en été comme en hiver. De même, tous les soirs il donnait à des ba’alei batim un cours de Guemara et de moussar à la synagogue, en leur manifestant un respect considérable, comme à des grands en Torah. Pendant ses dernières années, quand la direction de la yéchiva l’obligea à porter un frac, il soupirait au moment où il était obligé de le revêtir et disait douloureusement : « Que faire, ce sont mes vêtements de travail ! » L’humilité qui était ancrée en lui l’a poussé à décider que chaque jour, en revenant de la yéchiva, il devait se changer pour un veston court. Après sa mort, ses élèves ont raconté quelques magnifiques histoires sur la noblesse de sa conduite et de ses qualités. Sur l’humilité qui le couronnait, comme tout un chacun pouvait le voir de ses yeux, le Rav Abba Chaoul זצ''ל disait toujours : Voulez-vous apprendre ce que c’est que l’humilité ? Allez chez le ‘hakham Yéhouda Moualam, vous verrez chez lui comment il faut se comporter. Son disciple le kabbaliste Rabbi Benayahou Chemouëli chelita a rapporté qu’une fois, Rabbi Ya'akov Yossef chelita lui avait raconté ce qu’il avait vu de ses yeux : « Un jour, je suis arrivé au dispensaire des urgences à Jérusalem. Tout à coup, je m’aperçois que mon maître est là debout en train d’attendre comme tous les autres qu’on s’occupe de lui. J’ai pensé qu’il avait besoin de soins, et je me suis immédiatement approché pour lui demander comment il allait, et alors j’ai appris quelque chose de stupéfiant. Rabbi Yéhouda était arrivé au dispensaire pour un malheureux sans famille qui avait besoin de soins. Il l’avait amené en taxi et l’attendait jusqu’à ce qu’il ait reçu les soins nécessaires afin de le ramener chez lui en taxi. Toujours à ce même propos, un autre élève a raconté : il y a une dizaine d’années ou plus, Rabbi Yéhouda Moualam זצ''ל a été hospitalisé à l’hôpital Hadassa de Har Hatsofim à Jérusalem, parce qu’il s’était cassé la jambe. Rabbi Yéhouda l’assidu n’a pas interrompu son étude un seul instant, même pendant son séjour à l’hôpital. C’était prodigieux de voir la concentration du Rav dans l’étude, sans qu’il prête aucune attention à ce qui l’entourait. Un jour, quand nous sommes arrivés pour l’étude habituelle, nous avons trouvé notre maître dans le hall du service où il se trouvait. Voici le spectacle qui s’offrit à nos yeux : un groupe de personnes regardait un match de football qui était projeté à grand bruit dans les coins du hall, au centre du hall il y avait un groupe de minoritaires qui jouait aux dames en criant à tue-tête, et le Rav était dissimulé à l’arrière du hall, entièrement plongé dans la Michna Beroura, en train d’étudier comme s’il se trouvait au beit hamidrach de Porat Yossef. Un jour, un professeur non pratiquant demanda au Rav : « Dites-moi qui est celui qui vient tous les jours étudier avec vous, un fils ou un petit-fils ? » Le Rav lui répondit : « C’est un ancien élève, il n’y a aucun lien de parenté. » Le professeur était stupéfait : « Quoi, c’est comme ça que chez vous les élèves respectent leurs maîtres ? Chez nous à l’université, il n’y a absolument aucun respect des enseignants, c’est dommage que je n’aie pas étudié dans une yéchiva. » Le Rav vit que son cœur était ouvert envers le judaïsme, et il lui parla de l’importance d’accomplir les mitsvot et de mettre les tefilin tous les jours. Et en effet, ce professeur écouta les paroles agréables du Rav et se mit à mettre les tefilin tous les jours… de même, sur l’initiative du Rav, depuis son hospitalisation il se mit à dire les prières de min’ha et arvit à la synagogue de l’hôpital. Au moment où Hachem est le plus proche de l’être humain, pendant le Chabbat Béréchit, Rabbi Yéhouda rendit son âme en pureté, à la grande douleur de ses élèves et disciples, à un âge très avancé.
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