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Berechit 28 Septembre 2013 24 Tichri 5774 |
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L’orgueil et la jalousie sont à l’origine de toute faute (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita) « Au bout d’un certain temps, Caïn présenta, du produit de la terre, une offrande à Hachem, et Hével offrit, de son côté, des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses. Hachem Se montra favorable à Hével et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande Il ne fut pas favorable. Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu. » (Béréchit 4, 3-5) Nos maîtres ont dit dans le midrach (Béréchit Rabba 22, 5) que Caïn a composé son oblation à partir des plus mauvais fruits qu’il possédait, tandis que Hével a apporté une oblation comportant les premiers et les plus beaux de son troupeau. Ceci pose une question : Caïn a vu clairement que D. Se tournait vers l’oblation de Hével parce qu’il avait apporté ses plus beaux fruits, alors qu’Il ne Se montrait pas du tout favorable à la sienne. Dans ce cas, il aurait dû se rendre compte de son erreur et offrir à Hachem une nouvelle oblation composée de ses meilleurs produits, qu’Il aurait sans doute acceptée avec joie. Mais au lieu de réparer ses actes, Caïn s’est mis en colère contre son frère et lui en a gardé rancune au point de se lever contre lui et d’en arriver à commettre l’acte le plus odieux : le tuer dans le champ. Essayons de résoudre cette difficulté en abordant tout d’abord un autre sujet : nos Sages racontent (Sanhédrin 102a) que D. a saisi Yerov’am ben Nevat par son vêtement et lui a dit : « Repens-toi, et Moi, toi, et le fils d’Yichaï (le roi David) nous promènerons au Gan Eden. » Alors Yerov’am a demandé : « Qui marchera en tête ? » et D. a répondu : « Le fils d’Ychaï. » « S’il en est ainsi, a dit Yerov’am, je ne veux pas me repentir. » C’est très difficile à comprendre : Yerov’am ben Nevat était un pécheur et il faisait fauter la collectivité. Il n’avait donc aucune chance de se repentir, ni que sa techouva soit acceptée. Et malgré tout, Hachem Se tourne vers lui et lui demande de s’éloigner de ses mauvais chemins en lui promettant de Se promener avec lui au Gan Eden. Qu’aurait-il pu espérer de plus important et de plus grandiose ? Mais en dépit de tout cela, il refuse, car le fils d’Ychaï serait en premier. Pourtant, que lui importe ? L’essentiel est qu’il puisse se promener avec Hachem au Gan Eden et que son repentir soit accepté. Mais en réalité, Yerov’am était incapable de s’annuler devant D., et d’annuler sa royauté face à David. C’est pourquoi il n’a ni pu ni voulu renoncer à son orgueil et à son honneur personnel. La même chose est arrviée chez Caïn : la jalousie, la haine et l’orgueil étaient ancrés en lui. C’est pourquoi, même quand il a compris intellectuellement qu’il devait offrir une oblation à Hachem et Le remercier pour tous Ses bienfaits, il a choisi ses plus mauvais fruits. D’un côté, il connaissait la vérité, c’est-à-dire, que tout provient de Lui. Mais d’un autre, il lui était difficile de reconnaître cette vérité, parce que cela l’aurait obligé à s’annuler face à D., ce qui n’était pas chose aisée pour lui. C’est pourquoi même quand Hével a offert de ses meilleurs fruits et que D. S’est montré favorable, Caïn n’en a pas tiré la leçon et il est resté dans son impiété. En effet, il avait du mal à apprendre de son jeune frère, qui venait tout juste de prendre exemple sur lui en offrant une oblation à Hachem. De même, lorsque D. a dit à Caïn « Si tu t’améliores, tu pourras te relever (séet) », en d’autres termes « Si tu t’améliores en te soumettant et en apprenant de ton jeune frère », comme a dit le roi David « J’ai appris de tous mes précepteurs » (Psaumes 119, 99), « tu pourras te relever (titnassé) et devenir un grand homme », Caïn a encore eu du mal à renoncer à son orgueil et à s’annuler pour apprendre du comportement de son frère, réparer ses actes, et apporter une nouvelle oblation composée de ses fruits les plus nobles. La racine de tout cela est la suivante : Caïn n’a pas voulu séparer le mauvais du bon. Renoncer à son orgueil et à son honneur personnel lui était difficile. En effet, lorsqu’une faute est enracinée en l’homme, en particulier s’il s’agit d’orgueil, de jalousie ou de haine, il lui devient compliqué de se débarrasser de ces mauvaises midot. Et même lorsqu’il décidera d’agir positivement, l’orgueil et la jalousie continueront d’entacher ses actions, et il ne pourra s’en défaire qu’avec un grand travail. Or Hachem savait que Caïn avait du mal à se séparer de ses mauvaises midot, c’est pourquoi Il lui a proposé Son aide, car « Sans l’aide de D., l’homme succomberait au mauvais penchant. » Cependant, Caïn aurait pu s’investir dans la Torah appelée « bonne » (tov), comme il est dit (Proverbes 4, 2) « Car Je vous donne un bon (tov) cadeau : n’abandonnez pas Ma Torah », et comme le lui a dit Hachem « Si tu t’améliores (tétiv), tu pourras te relever » signifiant par là « Investis-toi dans la Torah appelée ‘‘tov’’(bonne). » S’il avait agi ainsi, Caïn aurait pu distinguer le mauvais du bon, et agir d’un cœur entier. Il aurait composé son oblation à partir de ses meilleurs produits, et D. Se serait montré favorable. Alors il n’aurait pas été jaloux de son frère Hével, ne l’aurait évidemment pas tué, et tous deux auraient mené une existence heureuse, dans l’amour et la fraternité. De cet épisode, nous pouvons tirer un puissant enseignement : l’importance de nous éloigner et de nous méfier des mauvaises midot, en particulier de l’orgueil et de la jalousie. Un homme empreint de ces mauvais traits de caractère risque de provoquer non seulement sa propre destruction, mais aussi celle du monde entier. Comme nous le voyons, Caïn, qui est resté enlisé dans son impiété, a fini par en venir au meurtre, la terre a été maudite par sa faute, puis en a découlé la génération du déluge et la destruction du monde, tout cela, parce qu’il était orgueilleux et jaloux de son frère. Il se considérait comme le propriétaire de toutes les terres et estimait que le monde entier lui appartenait (kanouï), ce qui est à la racine de son nom : « J’ai acquis (kaniti) un homme. » Il en est même arrivé à penser que « C’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras qui m’a valu cette richesse. » Et ce, au point d’interdire à Hével de marcher sur la terre, dans le monde, en prétendant que toutes les terres étaient siennes. Mais si Caïn avait plutôt pensé au fait qu’il venait de la poussière, qu’il y retournerait et finirait par mourir, il ne se serait certainement pas montré orgueilleux. L’orgueil (gaava) n’appartient en effet qu’à D., comme il est dit (Psaumes 93, 1) « Hachem règne ! Il est revêtu de majesté (gueout). » Nous voyons aussi ce genre de choses de nos jours, à cause de nos nombreuses fautes. Par exemple, un homme se rend au beit hamidrach pour étudier ou à la synagogue pour prier, mais se met à penser à d’autres choses qui n’ont rien à voir avec l’étude ou la prière. En agissant ainsi, il introduit le mal dans le bien et ouvre une porte à la faute. Et à partir de la mitsva qu’il est venu accomplir, il se retrouve attiré vers de mauvaises choses. C’est pourquoi nous devons constamment veiller à bien séparer le mauvais du bon, et à accomplir uniquement des bonnes actions avec perfection. HISTOIRE VECUE Le Roch yéchiva Rabbi Mikhel Yéhouda Leifkovitz allait chaque Chabbat rendre visite à sa vieille mère qui habitait rue Ba’al Chem Tov à Bnei Brak, à quelques centaines de mètres de chez lui. C’était sa visite fixe hebdomadaire. La mère se souvenait qu’il y avait des dizaines d’années déjà, son fils passait tout son temps à étudier la Torah. Elle comprenait donc que ce moment qu’il lui consacrait était un vrai sacrifice qu’il faisait par respect pour elle. Mais une fois, un mardi, la mère a été surprise de voir son fils arriver chez elle pour une visite supplémentaire inhabituelle. Oui, elle a été surprise, car un changement dans l’emploi du temps de son fils était comme un changement de trajectoire du soleil. Cela l’a presque inquiétée : Qui sait ce qui se cache derrière cette attitude ? « Que se passe-t-il ? » a-t-elle demandé, dans une angoisse mêlée de curiosité… Le Roch yéchiva a dû expliquer qu’au contraire, la question était inverse. Elle aurait dû demander pourquoi, jusqu’à présent, il ne lui rendait pas visite plus souvent. C’est en effet une question qu’on aurait légitimement pu poser à son sujet, car il avait l’habitude de dire que le respect des parents est le pilier de la Torah, puisqu’il est basé sur la reconnaissance. Voici d’ailleurs comment le Rav mettait en garde les jeunes bar mitsva qui venaient chez lui recevoir une bénédiction ou des conseils : « Faites très attention à respecter vos parents. C’est une preuve de gratitude, et cette mida est le fondement de la Torah. » « Mais il y a une autre raison qui m’empêchait d’aller plus souvent voir ma mère : le danger qui existe sur tous les chemins. De quel danger s’agit-il ? Les atteintes à la vue ! » Ce danger est toujours présent et menace même un homme vieux, dont le mauvais penchant est affaibli ! Ou cela ? Pas à Tel-Aviv, ni dans une autre métropole, mais à Bnei Brak, à quelques rues de chez lui. Ce danger l’empêchait d’aller rendre visite à sa mère une fois de plus par semaine, même s’il l’avait désiré. Alors que s’est-il passé à présent ? Le danger a-t-il soudainement disparu ? Le Roch yéchiva a été entouré d’une muraille de protection contre les attaques de la rue. Cette muraille n’est faite ni de pierres, ni de métal. Elle porte un nom médical : cataracte. Cette opacification du globe de l’œil protège de toute vision. Ainsi, maintenant que le danger était passé, les chemins vers la maison de sa mère s’étaient ouverts et la mitsva de respect dû aux parents pouvait s’exprimer par une visite supplémentaire… En comprenant ce changement d’attitude, la mère a été submergée de satisfaction et des souvenirs d’antan refirent surface. Elle confia à ses petits-enfants, les enfants de sa fille et de son gendre Rav Chemouël HaCohen Rozovski de Jérusalem : « Je vais vous raconter une histoire qui est arrivé lorsque mon fils était encore jeune et que nous habitions à Volojine. Un jour, j’ai été appelée en urgence à la yéchiva : on me disait que mon fils était blessé. J’ai couru et j’ai appris qu’en chemin pour la yéchiva, une femme non-juive l’avait accosté. Effrayé, il n’avait trouvé d’autre solution que de sauter par la fenêtre du wagon. Il avait donc sauté et s’était cassé les os : il ne lui restait plus qu’à rester couché pendant une longue période pour que les os se reconstituent. Quel sacrifice pour la sainteté… » De cette histoire, racontée par le prédicateur Rabbi Chelomo Lewinstein, a découlé une autre anecdote extraordinaire : Un jour, j’ai questionné le Roch yéchiva sur la visite supplémentaire à sa mère et l’histoire de la cataracte : cela s’était-il vraiment passé comme on le raconte ? Mais il a esquivé la question en répondant « Je ne me souviens pas. » J’en ai tout de suite conclu que c’était là une confirmation de la véracité de cette histoire. En effet, que vient faire ici un « Je ne me souviens pas » ? Mais il a ajouté : « Ceci vous informe que l’intervention pour me faire enlever la cataracte m’a causé un grand dommage… » « Un dommage ? » me suis-je exclamé. « Oui, a-t-il répondu, avant l’opération, je pouvais circuler en ayant la certitude qu’aucune scène interdite ne m’agresserait… » « Alors pourquoi avez-vous accepté de subir cette intervention ? » Le Roch yéchiva a esquissé un sourire timide. « Ah, quand vous marchez dans la rue sans rien voir, vous risquez forcément de rencontrer des gens que vous connaissez qui vous salueront. Mais vous n’y prêterez pas attention puisque vous ne voyez pas. Or, eux ne le savent pas et ils peuvent donc en être vexés ! Blesser autrui est quelque chose que je ne peux pas me permettre, même si cela me permet d’être protégé des scènes interdites… » L’histoire ne s’arrête pas là. Après avoir reçu « confirmation » de l’histoire de la visite supplémentaire, j’ai demandé : « Et avez-vous réellement sauté du train ? » « Cette histoire, a-t-il dit, n’a tout simplement pas existé ! » « Allons, ai-je pensé, nous avons perdu une histoire riche d’enseignement. » Mais sachant que les tsaddikim ont pour habitude de cacher leurs actes, je m’y suis pris de manière plus astucieuse. J’ai dit : « En tant que prédicateur, j’aime bien conclure mes cours par une histoire qui s’est produite. En effet, cela ‘‘signe’’ le cours par une anecdote à forte impression qui reste longtemps dans les esprits. Ai-je le droit pour cela de raconter, en tant que parabole, une histoire qui n’a pas eu lieu… ? » « Non, a répondu le Roch yéchiva, on n’essaye pas de renforcer les gens à l’aide d’un mensonge. » « Et est-ce que je pourrais conclure par l’histoire du train ? », ai-je osé demander. « Oui » a été sa réponse, à ma grande surprise. Plus tard, j’ai édité la haggada de Pessa’h « Matok Haor » et j’y ai inclus l’histoire du train. Et à Pessa’h, j’ai été amené à rencontrer le Rav. J’étais déjà habitué à la bienveillance des gens et aux milliers de compliments au sujet des livres. Cette fois aussi, le Roch yéchiva m’a devancé en me complimentant, mais il a ajouté : « Vous y avez inclus une histoire qui n’a pas existé, l’histoire du train n’a jamais existé » a-t-il dit fermement. J’ai donc tu ma première déduction. Mais alors il a ajouté : « Ecoutez, à Volojine il n’y avait pas de trains. Il n’y avait pas de trains dans cette région… » A ce moment-là j’ai compris que l’histoire n’avait peut-être pas eu lieu avec un train, mais avec une calèche et des chevaux… GARDE TA LANGUE Ce qui entraîne souffrance et dommage Il est interdit de dire au sujet d’une personne qu’elle n’a pas de qualités : par exemple, qu’elle n’est pas intelligente, puissante ou riche… en effet, ce genre de paroles peut lui causer souffrance et dommage. Ainsi, quiconque dit au sujet d’un érudit qu’il n’est pas si grand en Torah ou d’un artisan qu’il n’est pas si professionnel que cela, commet la faute de lachon hara, car cela engendre souffrance et dommage. A LA LUMIERE DE LA PARACHAH Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita Pour engager toute l’élévation spirituelle La continuité dans la progression spirituelle, sans arrêt ni interruption, est une nécessité absolue dans le service de D. Nous l’apprenons du premier homme, qui était l’œuvre des mains du Créateur, et qui est arrivé à des niveaux absolument considérables. Les Sages ont dit (Séfer Avoteinou 22) qu’il se promenait dans le Gan Eden comme l’un des anges du service, et qu’il étudiait la Torah avec le Saint, béni soit-Il, ainsi qu’il est écrit (Béréchit 2, 15) : « Il le plaça dans le Gan Eden pour le travailler et le garder ». De quoi s’agit-il ? D’étudier les paroles de la Torah et de garder le chemin de l’arbre de vie. Il était tellement saint et pur que les autres créatures se trompaient sur lui en le prenant pour un être céleste, et venaient se prosterner devant lui. Il leur disait : « Pourquoi venez-vous vous prosterner devant moi ? Allons, moi et vous, reconnaître la royauté de notre Créateur ! » Adam alla lui-même le premier déclarer roi le Saint, béni soit-Il, et tout le monde répondit après lui « Hachem est roi, Il est revêtu de grandeur. » Or s’il avait un niveau de sainteté tellement élevé, il faut se demander comment il a eu l’audace de transgresser la volonté de D. en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance, ce qui a provoqué un désastre épouvantable pour toute la création. Pourquoi n’a-t-il pas pu se dominer et trouver la force de vaincre son mauvais penchant ? La réponse est qu’il a interrompu la continuité de son ascension spirituelle ainsi que de son étude. S’il avait continué à étudier la Torah qu’il avait étudié avec Hachem dans le Gan Eden même lorsqu’il était chez lui, sans s’interrompre, le mauvais penchant n’aurait certainement pas pu le vaincre. Mais quand il est rentré chez lui après son étude dans le Gan Eden, il s’est immédiatement mis à parler avec ‘Hava son épouse de choses et d’autres, interrompant ainsi la continuité de son étude, si bien qu’immédiatement, le Satan a trouvé l’occasion propice pour le séduire et le pousser à la faute. Les Sages ont dit (Avot 3, 9) que quiconque interrompt son étude… met sa vie en danger, parce que quand il n’y a pas de continuité, la Torah qu’on a étudiée n’a plus aucune utilité et elle descend entièrement aux abîmes. On lit donc cette paracha justement après les jours redoutables, afin d’enseigner à l’homme qu’il lui est interdit de mettre fin à la progression spirituelle qu’il a méritée pendant ces journées saintes. Non seulement il ne doit pas s’arrêter, mais immédiatement après Yom Kippour, il doit ajouter encore plus de sainteté et de pureté dans son âme en se renforçant autant qu’il est possible dans l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot, car s’il a la paresse de se dire : « Je vais faire une petite interruption et ensuite je continuerai ma progression spirituelle », en fin de compte il perdra tout, et qui peut savoir ce qu’il deviendra ? C’est ce qui est effectivement arrivé à Adam. A LA SOURCE « Le ciel et la terre et toutes leurs armées furent terminés » (2, 1) Le Rachba a écrit dans une réponse : « Le Rav demande, si les âmes ont été créées le premier jour, comme il semble ressortir du Midrach sur le verset « Tu m’as formé après et avant » (Béréchit Rabba 1). Il est clair, et cela ressort des paroles de nos Maîtres, que toutes les âmes ont été créées depuis toujours, comme il est dit dans le traité ‘Haguiga (12b) : « Le septième ciel, où se trouvent les trésors de vie, les trésors de paix, les âmes des tsaddikim et les âmes qui seront créées », ou encore : « jusqu’à ce que toutes les âmes soient passées par un corps ». Et cela paraît intrinsèquement nécessaire, car après les six jours de la Création, le Saint, béni soit-Il ne crée plus rien ex nihilo, mais agit à partir de choses déjà existantes, or en ce qui concerne les âmes, cela n’aurait aucun sens de dire qu’elles sont formées les unes à partir des autres. C’est le sens du verset « Le ciel et la terre et toutes leurs armées furent terminés », c’est alors que tout a été terminé au ciel et sur la terre ; et c’est aussi le sens de « que D. a créé pour les faire », Il a donné aux éléments premiers la force d’engendrer des choses semblables à eux-mêmes, contrairement à ce que disent certains illogiquement, que chaque jour Il crée des âmes pour les corps par l’engendrement. » « Elle t’écrasera à la tête, et tu l’écraseras au talon » (3, 15) Les Richonim ont expliqué que si l’homme maîtrise ses pulsions dès le départ, et ne leur donne pas la plus petite chance, il écrase de ce fait le mauvais penchant, qui ne trouvera aucun moyen de triompher de lui. C’est ce que signifie « elle te visera à la tête » : la descendance de la femme t’éliminera totalement dès le début, de façon à ne pas laisser la place fût-ce à une aiguille. Cette idée, écrit le livre « Dérekh ‘Haïm » du Rav ‘Haïm Vital, se trouve en allusion dans le verset « tu la viseras au talon » : si nous nous laissons entraîner à une faute légère, elle finira par nous écraser, car cela ira de mal en pis. « Caïn dit à Hével son frère et ce fut quand ils étaient dans le champ » (4, 8) Le verset ne précise pas ce qu’il lui a dit. Le livre Kol Eliahou explique au nom des Sages (Bemidbar Rabba 22, 8) que Hével était plus fort que Caïn, par conséquent il n’aurait pas pu l’attaquer et le tuer, parce qu’il était plus faible que lui et le craignait. C’est pourquoi il s’est conduit avec ruse, en l’appelant sans cesse « son frère », pour qu’il ne soit pas sur ses gardes et ne se doute de rien. C’est cela « Caïn dit à Hével son frère » : il rusait en l’appelant son « frère », et de cette façon « ce fut quand ils étaient dans le champ », un lieu éloigné de leur père et de leur mère, « Caïn attaqua son frère Hével et le tua. » LA VIE DANS LA PARACHA A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar « L’obscurité sur l’abîme » (1, 1) C’est une allusion à l’exil amer dans lequel nous nous trouvons plongés, dans un abîme sans fond, depuis mille six cent soixante et onze ans. Non seulement cet exil est interminable, mais l’obscurité fait allusion à deux choses, la première est l’asservissement aux autres peuples, et le poids des taxes qu’ils nous imposent au point qu’ils sont d’une noirceur indescriptible, l’un plus tyrannique que l’autre, heureux qui n’a pas vu en particulier ce qui se passe dans notre Maghreb. Et la deuxième est le mauvais penchant qui a obscurci le monde. A cause de nos fautes il y a beaucoup de transgresseurs en Israël, qui se permettent un langage grossier, des serments hors de propos, du lachon hara, du vol, et le mauvais penchant les empêche de se repentir totalement. Quand on constate une telle déchéance, on a l’impression que tout espoir est perdu pour les descendants, mais il n’en est pas ainsi, il faut leur dire « la lumière fut », la lumière de la merveilleuse délivrance à venir. On dit « la lumière fut » de la même façon qu’on dit dans les Tikounei Zohar (Tikoun 21) « Vayéhi raz », « Un secret (raz) fut », car « or » (lumière) a la même valeur numérique que « raz » (secret). Cela signifie que Hachem a décrété que cette lumière du roi Machia’h ne se révèlera pas dans le monde et restera un secret caché en Lui, comme l’ont dit les Sages (Ibid. ) : « Je l’ai révélé à mon cœur, de mon cœur à ma bouche je ne l’ai pas révélé » et sur le verset « l’esprit de D. planait sur les eaux » il est dit dans le Midrach : « C’est l’esprit du Machia’h » qui plane sur les eaux, or il n’y a d’eau que la Torah, de la même façon qu’ils ont dit dans le Zohar que les bnei Israël ne seraient sauvés que par le mérite de la Torah, qui est comparée à l’eau. LES SENTIERS DES JUSTES POUR ACQUERIR LES VALEURS ET LES BONNES MIDOT Chers lecteurs, que Hachem vous bénisse, Le Chabbat Béréchit est un Chabbat de renouvellement. Nous entamons une nouvelle année, une nouvelle saison se profile déjà à l’horizon, et la lecture de la Torah reprend elle aussi un nouveau cycle. Cette notion de renouvellement s’accompagne d’une information. Depuis que nous sommes un peuple, une mitsva de renouvellement particulière a été donnée uniquement au peuple de prédilection, « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois. » La plupart des nations du monde suivent l’année solaire, dans laquelle il n’y a pas de renouvellement, alors que le peuple d’Israël compte les mois lunaires, la lune diminuant puis augmentant de nouveau, et se renouvelant sans cesse. Cette renaissance constante de la lune représente pour Israël le signe qu’il ne sera jamais effacé, mais est appelé à se revivifier inlassablement. Ce mois-ci sera pour vous – ce renouvellement est à jamais votre vigueur et votre gloire. A l’orée de cette nouvelle année, nous allons avec l’aide du Ciel proposer deux nouvelles rubriques à nos lecteurs : nous allons nous efforcer toutes les semaines d’expliquer le fil conducteur qui relie la paracha de la semaine à la haphtara. Et nous examinerons en profondeur les valeurs et les mitsvot des relations entre les hommes qu’elles nous proposent, en jetant un regard sur le monde de nos maîtres, les grands de la Torah, à l’enseignement desquels nous nous abreuvons. Cette rubrique sera consacrée en son commencement à encourager la mitsva d’honorer son père et sa mère, mitsva très grave qui s’accompagne d’une récompense non moins considérable. Elle est si importante que chacun d’entre nous aspire à s’améliorer dans son exécution. Alors, tous ensemble, nous allons nous renouveler et nous renforcer en ce début d’année, dans l’accomplissement des mitsvot envers le prochain, entre nous et nos parents et notre Père du Ciel. C’est également ici le lieu de remercier et de bénir chacun des lecteurs qui expriment leurs sentiments sur ce que nous écrivons, par leurs remarques pleines de sagesse et leurs merveilleuses explications qui enrichissent la grande communauté des lecteurs de cette brochure. Faire le bien envers D. et envers les hommes Il y a deux mitsvot dont le Saint, béni soit-Il nous a révélé la récompense au moment du don de la Torah, l’une parmi les plus faciles et l’autre parmi les plus difficiles. C’est ce que Rabbi Chimon bar Yo’haï enseigne dans le Midrach. La plus facile consiste à renvoyer l’oiseau-mère pour prendre les oisillons, « pour que ce soit bon pour toi et que tes jours se prolongent ». La plus difficile, c’est d’honorer son père et sa mère, « pour que tes jours se prolongent ». Leur récompense est identique en ce monde-ci. Et si le fait de rembourser une dette entraîne la longévité, à combien plus forte raison pour une chose qui épargne à la fois l’argent et les vies ! En effet, l’auteur de « Ets Yossef » explique que tout ce qu’on fait pour son père et sa mère est un remboursement de tout ce qu’ils ont fait pour nous dans notre enfance, quand ils nous ont élevés et éduqués. Or quiconque rembourse une dette fait le bien aux yeux de D. et des hommes, mais une mitsva qui n’est pas le remboursement d’une dette n’est bonne qu’aux yeux de D. Le Midrach continue en citant Rabbi : de même que la récompense est grande, la punition l’est également, ainsi qu’il est dit : « L’œil qui se moque du père et méprise ce que donne la mère, les corbeaux du fleuve le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront » (Michlei 30, 17). Le « Séfer ‘Haredim » de Rabbi Eliezer Azikri écrit qu’à son époque est arrivée l’histoire suivante : quelqu’un nourrissait sa mère, mais en la traitant avec mépris depuis son remariage après la mort de son père. Cet homme a entrepris un voyage en mer et a été tué et jeté à la mer. Les juifs l’ont cherché pour l’enterrer, et l’ont trouvé sur le bord de la mer avec un œil crevé par les corbeaux, en accomplissement de ce verset de Michlei. A un autre endroit, le Midrach commente ainsi le verset « le douzième jour, le chef de la tribu de Naphtali » (Bemidbar 17, 78) : « Rabbi Youdan dit : Le chef de la tribu de Naphtali a offert son sacrifice en fonction de ses aïeux. Pourquoi cela ? Parce que Naphtali portait un respect considérable à son père, qui l’envoyait partout où il voulait. Il proclamait sa mission, en était très satisfait et les paroles de son père lui étaient agréables, c’est pourquoi celui-ci lui a donné la bénédiction d’être une « biche qu’on envoie », car il courait à sa mission comme une biche, et il lui a donné la bénédiction de « belles paroles » parce que ce qu’il disait était beau. C’est pourquoi Naphtali a mérité que le Saint, béni soit-Il exerce une vengeance contre Sisra par l’intermédiaire de Barak, qui était de sa tribu. Parce qu’il veillait au respect envers les ancêtres, le chef de la tribu de Naphtali a appris du père de son père, a suivi ses voies et a offert son sacrifice en fonction des aïeux de Naphtali (Midrach Rabba 14, 23). Un fils sage réjouit son père Outre l’éveil et l’encouragement que nous avons à étudier une mitsva positive, il faut par ailleurs examiner la mitsva négative correspondante afin de s’éloigner de la moindre trace d’une conduite qui ne correspondrait pas au respect dû aux parents. Ainsi, l’auteur de Pelé Yoets nous enseigne : « Il y a des fils qui manifestent le plus grand mépris envers leurs parents et leur causent une douleur profonde. Malheur à eux de faire cela à leurs parents, hélas, malheur à eux, qu’ils craignent le jour du jugement, car D. exerce Sa justice sur tout. « Chacun doit faire tout ce qui est en son pouvoir, de toutes ses forces, pour ne pas adopter cette conduite suicidaire, car bien que les Sages aient dit « lorsqu’un père renonce au respect qui lui est dû, c’est valide » (Kidouchin 32a), il serait tout de même puni par la justice céleste. On peut l’apprendre de ce qui est arrivé à notre ancêtre Ya'akov à cause des 22 années pendant lesquelles il n’a pas servi son père (Meguila 17a). Yossef a vu sa vie écourtée parce qu’il avait entendu sans protester ce que lui disaient ses frères, « ton serviteur notre père » (Sota 13b). Et même si le père renonce au respect qui lui est dû, cela n’excuse pas la peine et la honte qu’il subit, car on ne peut pas pardonner à l’avance une souffrance. « Par conséquent, chers jeunes gens, vous qui êtes des juifs pieux, respectez votre D. et veillez à l’honneur de vos parents sans vous détourner le moins du monde de tout ce qu’ils vous ordonnent. « Il convient à un talmid ‘hakham de réjouir son père et de désirer qu’il lui ordonne quelque chose afin de pouvoir l’exécuter. Même si ce dernier pèse sur lui, il doit le supporter sans se plaindre, et faire sans tarder tout ce qu’il lui demande de peur qu’un autre n’y parvienne avant lui. Toute l’attitude d’un fils intelligent doit être de savoir ce que désire son père afin de l’exécuter et de se montrer agréable à son Père du Ciel. LES LOIS DE LA VIE Lois et coutumes concernant les mitsvot du respect dû aux parents On ne dit pas de bénédiction sur la mitsva de respecter ses parents. La raison en est son extrême gravité. En effet, on peut s’imaginer avoir accompli cette mitsva, alors qu’en réalité on n’est même pas arrivé à la moitié de ce qu’on doit faire de la Torah, parce que tout le monde ne mérite pas de se rendre quitte de la totalité de son devoir en la matière. (« Cha’arei ‘Hemed »)
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