La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

paracha de la semaine

NOAH

5 Octobre 2013

1er Hechvan 5774

deux nerot HORAIRES DE CHABBAT

DEBUT

FIN

Paris

19:05

20:08

Lyon

18:57

19:58

Marseille

18:56

19:55

 

ARCHIVES

L’éducation est à la base de l’existence du monde

 (par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)

 « Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération, Noa’h marchait avec D. Et Noa’h engendra trois fils, Chem, ‘Ham et Yéfet » (Béréchit 6, 9, 10)

Il faut se poser la question suivante : si la Torah commence par « Voici les engendrements de Noa’h », elle aurait dû écrire immédiatement « Noa’h engendra trois fils, Chem, ‘Ham et Yéfet », car ce sont eux ses engendrements, sans intercaler « Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération », puisque cela n’a aucun rapport avec les fils qu’il a engendrés.

Certes, Rachi a senti cette difficulté, qu’il résout ainsi : « Comme on a parlé de lui, on raconte ce qu’il a fait de bien, ainsi qu’il est dit (Michlei 10, 7) « Le souvenir du tsaddik est une bénédiction. » Autre explication, pour nous enseigner que l’essentiel des engendrements du juste sont les bonnes actions (Béréchit Rabba 30, 6). » Mais dans ce cas il reste une difficulté, puisqu’à la fin de la parachat Béréchit (5, 32) Noa’h et ses descendants sont évoqués, ainsi qu’il est dit : « Noa’h avait cinq cents ans et Noa’h engendra Chem, ‘Ham et Yéfet. » Par conséquent, pourquoi là-bas le verset parle-t-il de lui sans raconter ce qu’il a fait de bien, sans tenir compte de la notion « le souvenir du tsaddik est une bénédiction » ?

Voyons comment on peut l’expliquer. Si Noa’h a réussi à sauver le monde en étant à l’origine de son renouvellement après la destruction, c’est nécessairement qu’il faisait de bonnes actions, et élevait aussi ses enfants dans les voies de Hachem en leur apprenant à bien se conduire, parce qu’il sentait que le rôle de l’homme en ce monde est d’éduquer ses enfants dans les voies de D. afin qu’ils ne soient pas influencés par le mal qui est à l’extérieur, de planter et d’enraciner dans leur cœur la foi dans le Créateur du monde, afin qu’ils ressentent la providence divine individuelle en tout ce qu’ils voient à l’extérieur de la maison.

C’est pourquoi quand la Torah a voulu évoquer les engendrements de Noa’h, qui sont Chem, ‘Ham et Yéfet, elle a commencé par parler favorablement de lui, afin de nous enseigner pourquoi ses descendants ont été des justes. En effet, c’est d’eux, de ces fils-là, que la création a été renouvelée après que le Saint, béni soit-Il a effacé l’univers. Quelle en est la raison ? C’est que Noa’h avait des « descendants » très spéciaux, qui étaient les mitsvot et les bonnes actions. Cela signifie qu’il s’efforçait d’être un juste afin d’engendrer une génération d’hommes droits, c’était pour lui l’essentiel et le but primordial, il ne s’agissait pas de se marier et d’avoir des enfants sans se préoccuper de leur donner une éducation juive et de leur inculquer de bonnes et nobles midot.

L’éducation est le but ultime

Nous retrouvons cette idée dans la suite des parachiot chez Avraham, dont Hachem fait l’éloge en disant (Béréchit 18, 19) : « Car Je l’ai distingué, afin qu’il ordonne à ses fils et à sa famille après lui d’observer les voies de Hachem en se conduisant avec droiture et justice. » En effet, l’essentiel et le but de l’homme est d’avoir une descendance de justes, afin de donner de la satisfaction à Hachem, or pour avoir une descendance de justes, on doit constituer un exemple personnel et un symbole de ce qu’il faut imiter, on doit soi-même avoir un caractère perfectionné et agir noblement, autrement qu’est-ce que les enfants et les petits-enfants auraient à apprendre de nous ?

C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il a regretté d’avoir créé l’homme (Ibid. 6, 6). Le but de la création était qu’il ait dans le cœur et la tête une foi et un désir ardents de servir D., mais cette génération a fait exactement le contraire et a provoqué un refroidissement autour d’elle et elle s’est corrompue, comme nous l’avons déjà expliqué plus haut, ce qui était dû à une mauvaise éducation et à des influences néfastes.

C’est pourquoi la Torah a dit au début de la paracha (Ibid. 6, 9) : « Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération. » Noa’h était un homme totalement différent, agréable (noa’h) pour D. et agréable (noa’h) pour les autres. Il s’efforçait de ne pas apprendre des mauvaises actions de ses contemporains et de dominer ses pulsions afin de ne pas imiter la génération du déluge. Or nous savons qu’on conduit un homme par le chemin qu’il veut prendre (Makot 10b), ainsi qu’il est dit (Béréchit 6, 9) « Noa’h marchait avec D. » Cela signifie que le Saint, béni soit-Il l’a aidé et soutenu en l’empêchant de se laisser détériorer par l’idée qu’il avait trouvé grâce aux yeux de Hachem.

Ainsi, la Torah nous enseigne que Noa’h était un juste dans sa génération dès sa jeunesse. Il ne s’est pas repenti uniquement dans son vieil âge mais a toujours été tsaddik, que ce soit avant ou après le déluge. Et dès le début, il a inculqué ses bonnes midot à ses enfants en les élevant dans la Torah et les mitsvot.

C’est pourquoi la Torah fait son éloge immédiatement, dès le début, pour nous dire que l’essentiel des engendrements de l’homme est de perfectionner son caractère. Ce sont ces bonnes midot que Noa’h a inculquées à ses fils, en les éduquant uniquement dans le service de D. C’est pourquoi il a mérité de trouver grâce aux yeux de Hachem, et c’est pourquoi la Torah parle dès le début de ses bons « engendrements », qui sont, comme nous l’avons dit, ses bonnes actions.

Des tendances spirituelles

On comprend d’après cela pourquoi la Torah ne fait pas l’éloge de Noa’h à la fin de la parachat Béréchit : c’est que là-bas, elle l’évoque en même temps que sa génération en soulignant la différence entre les deux : ses contemporains étaient des impies, alors que Noa’h avait trouvé grâce aux yeux de D. Ce qui n’est pas le cas ici, dans la parachat Noa’h, où il est question des fautes de la génération du déluge, et où la Torah le complimente de s’être soucié d’avoir une descendance pieuse, grâce aux bonnes midot qu’il y avait en lui et qu’il leur a transmises, ce qui est le but de l’homme, alors qu’à la fin de la parachat Béréchit, il est dit que les bonnes tendances spirituelles que l’homme enseigne à ses enfants sont ce qui les aide dans la suite à servir D., car le père est comme un nourricier, et les enfants grandissent grâce au bon qu’il y a en lui. Ils finissent alors par devenir un grand arbre en spiritualité et en service de Hachem.

Cette idée passe comme un fil conducteur entre le début de la paracha, où la Torah parle du fait que le monde a pu subsister grâce au mérite de Noa’h, qui était un juste dans sa génération, avec ses fils qui n’ont pas été influencés par les défauts de leurs contemporains, totalement impies, et la fin de la parachat Béréchit, où la Torah évoque brièvement les engendrements de Noa’h et de ses fils, grâce à qui le monde a subsisté, comme il est raconté ensuite au début de la parachat Noa’h.

HISTOIRE VECUE

De Jérusalem à Baltimore

L’histoire suivante a été publiée dans le livre « Véha’arev na ». Il s’agit d’un jeune juif américain qui était très loin du judaïsme, et voulait être accepté dans un certain établissement pour faire des études techniques. L’école était dirigée par un prêtre, et quand le garçon s’adressa à lui, il lui demanda s’il était juif. Il prit peur. Que répondre ? S’il disait la vérité, peut-être qu’on ne l’accepterait pas parce qu’il était juif, et s’il mentait, peut-être que la vérité serait découverte. En fin de compte, il décida de dire la vérité.

Quand le prêtre entendit qu’il s’agissait d’un jeune juif, il lui demanda : « Est-ce que tu connais les lettres de l’alphabet hébraïque, le aleph beit ? » « Non, je n’en ai aucune idée », répondit le garçon. Le prêtre lui annonça qu’il était accepté comme élève, mais à une seule condition : « tous les après-midi, après la fin des cours, tu devras venir dans mon bureau et je t’enseignerai les lettres du aleph beit ! » Le garçon, qui désirait ardemment étudier dans cet établissement, fut obligé d’accepter cette condition bizarre.

A la fin de la première année, il avait fini d’étudier avec le prêtre toutes les lettres du aleph beit. Alors, celui-ci le fit appeler et lui annonça : « Si tu veux continuer à étudier ici l’année prochaine, tu dois suivre des cours particuliers avec moi sur le Pentateuque. » Le garçon n’eut pas le choix, et accepta de nouveau cette exigence bizarre. A la fin de l’année, une fois que le garçon eut appris les cinq livres du ‘Houmach, le prêtre l’appela et lui dit qu’il pouvait rester comme élève, mais uniquement à la condition de venir chez lui l’année suivante aussi pour un cours particulier, cette fois-ci de Michna. Le garçon accepta de nouveau, et ainsi pendant cette année-là ils étudièrent des michnaïot.

Au début de la quatrième année, le prêtre appela le garçon et lui dit : « Si tu veux continuer à étudier chez nous, tu dois maintenant apprendre le Talmud. Pas ici, mais à la yéchiva « Ner Israël » (à Baltimore, qui était à proximité). Cette yéchiva est dirigée par Rabbi Roderman, il t’enseignera la Guemara. Une fois que tu auras étudié ainsi pendant quelques mois, tu pourras revenir et continuer tes études chez nous. » N’ayant pas le choix, le garçon accepta cette fois encore, et se rendit à la yéchiva « Ner Israël » chez le gaon Rabbi Ya'akov Yitz’hak Roderman זצ''ל, pour apprendre la Guemara.

Il rentra dans la yéchiva et chercha le Rav Roderman. Quand il le trouva, le Rav lui demanda ce qu’il voulait. « Je suis venu étudier la Guemara », répondit-il. Le Rav fut très surpris, parce que le garçon n’avait pas du tout l’air d’un juif pieux. « Es-tu juif ? » lui demanda-t-il, et il répondit par l’affirmative. Le Rav lui dit qu’il ne pouvait pas lui enseigner la Guemara maintenant, « tu dois d’abord aller apprendre l’alphabet ». « Je le connais déjà », coupa le garçon, « j’ai aussi étudié le ‘Houmach et les michnaïot. » Le Rav l’interrogea, et s’aperçut qu’il avait effectivement des connaissances. « Où as-tu appris la Torah ? Qui t’a envoyé ici ? » s’intéressa-t-il. « Le prêtre de l’école », répondit le garçon.

Le Rav Roderman l’accepta à la yéchiva, et au bout de quelques semaines, le garçon se mit à changer sa façon de vivre. La lumière de la Torah l’influença et le ramena à de meilleures voies. Il s’éleva de plus en plus, au point de devenir un vrai ben Torah. Au bout de six mois d’étude intensive à la yéchiva, il fut interrogé sur tout un traité, et après avoir passé l’examen avec grand succès, il reçut un diplôme où il était écrit qu’il avait passé un examen sur un traité entier. Il courut chez le prêtre, muni de son diplôme.

Le garçon reconnut que c’était grâce à lui qu’il était retourné à ses racines et s’était élevé à la yéchiva. « Mais il y a une chose que je voudrais savoir », lui demanda-t-il, « pourquoi avez-vous fait cela pour moi ? »

Le prêtre éclata en sanglots, et quand il se fut un peu calmé, il raconta : Il y a quelques années, j’ai reçu de mon travail une année sabbatique. Je ne savais pas comment la passer. J’ai entendu parler d’un groupe de prêtres qui partait en Erets Israël pour une semaine et j’ai décidé de me joindre à eux.

Le vendredi soir, je suis arrivé au Kotel, et quand j’ai entendu la prière du soir de Chabbat, elle m’a beaucoup plu. J’ai attendu jusqu’à la fin de la prière.

A la fin, un juif s’est approché de moi et m’a demandé si j’avais un endroit où manger pour Chabbat. J’ai répondu négativement, et ce tsaddik m’a emmené chez lui. Après le repas, il m’a demandé si j’étais prêt à l’accompagner à un cours de moussar passionnant du Rav Noa’h Weinberg. J’ai accepté avec joie. Le cours m’a beaucoup impressionné. J’ai décidé que j’avais quelque chose à faire pendant mon année sabbatique : rester à la yéchiva Ech HaTorah, sous la direction du Rav Weinberg. J’ai annoncé à mes compagnons qu’ils pouvaient continuer sans moi, je resterais encore un peu en Erets Israël.

Pendant une année, j’ai réussi à apprendre l’alphabet, le ‘Houmach et les michnaïot. A la fin de l’année, je suis allé trouver le Rav qui m’avait enseigné pour lui annoncer que mon année de liberté était terminée, je devais retourner à mes occupations. Le Rav a essayé de me convaincre de rester, en me disant « maintenant que vous avez appris tellement de choses, c’est dommage que ce soit pour rien », mais sans succès. Il me demanda d’aller avec lui chez le Rav Weinberg pour lui demander conseil. Le Rav Weinberg lui aussi répéta que je devais rester, il était dommage de partir après avoir appris tant de choses pendant l’année.

En fin de compte, j’ai décidé de tout avouer. « Je vais dire la vérité au Roch yéchiva. Je suis un goy, et un prêtre, et maintenant je dois retourner à mon travail. »

Le Rav Weinberg entendit cela bouleversé, et réagit violemment : « Je ne vous pardonne pas toute l’année que vous nous avez fait perdre ! Nous avons tellement investi en vous pour rien ! » J’ai eu peur et je me suis mis à pleurer comme un enfant. Je lui ai demandé de me pardonner, mais il m’a annoncé fermement : « Il n’y a aucun pardon pour vous, ni dans ce monde-ci ni dans le monde à venir ! » A la fin, il a dit : « Peut-être que vous pouvez expier, si un juif se présente à vous et que vous lui transmettez tout ce que vous avez appris à la yéchiva. Alors, il s’avérera rétroactivement que vos études ici n’ont pas été totalement vaines… »

Voilà, termina le prêtre, pendant des années j’ai attendu que se présente un juif à qui je puisse enseigner, finalement c’est toi qui es arrivé ici. Et pour accomplir ma promesse, j’ai fait de grands efforts pour te transmettre tout ce que j’avais appris à la yéchiva… »

GARDE TA LANGUE

Une intention uniquement mauvaise

Il est particulièrement grave de dire du lachon hara sur quelqu’un en racontant qu’il n’est pas intelligent, parce que cela ne peut comporter aucune bonne intention, l’intention ne peut être que mauvaise. De plus, les gens ont plus tendance à croire ce genre de discours que d’autres paroles péjoratives.

A LA LUMIERE DE LA PARACHAH

Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita

Sauver la collectivité en temps de danger

« Noa’h et ses fils et sa femme et les femmes de ses fils avec lui sortirent. » (Béréchit 8, 18)

Les Sages ont dit que lorsque Noa’h et Moché se sont rencontrés au ciel, Noa’h a dit à Moché : « Je suis plus grand que toi, car j’ai été sauvé de la génération du déluge. » Moché lui a répondu : « Je me suis élevé plus que toi, car toi tu t’es sauvé toi-même mais tu n’as pas eu la force de sauver ta génération, alors que moi je me suis sauvé moi-même et j’ai sauvé ma génération quand elle a mérité l’anéantissement après la faute du Veau d’Or. » D’où le savons-nous ? C’est qu’il est écrit (Chemot 32, 14) : « Hachem regretta le mal qu’Il avait pensé faire à Son peuple. »

Nous avons déjà expliqué que Noa’h n’a pas prié pour ses contemporains, et n’a pas imploré la miséricorde divine afin que le monde ne soit pas détruit, c’est pourquoi il n’a pas été sauvé par le mérite de la Torah. C’est ce que Moché lui a objecté : il s’était sauvé lui-même ainsi que tous les bnei Israël par le mérite de la Torah.

Mais d’un autre côté, il y a lieu de se demander si malgré tout, le mérite de l’existence de Moché ne revient pas à Noa’h, puisque si Noa’h n’avait pas persisté dans sa droiture, le Saint, béni soit-Il aurait détruit le monde, et Moché n’aurait jamais été créé. C’est peut-être ce que voulait dire Noa’h par les mots : sans moi, tu ne serais pas venu au monde pour recevoir la Torah. Et qu’est-ce que Moché aurait pu répondre là-dessus à Noa’h ?

Il me semble qu’on peut l’expliquer de la façon suivante. On sait ce qu’ont dit les Sages dans le traité Berakhot (64a) sur le verset (Téhilim 84, 8) « Ils vont avec une force toujours croissante » : les talmidei ‘hakhamim ne connaissent pas de repos, ni dans ce monde ni dans le monde à venir. Les commentateurs ont expliqué que tout tsaddik, dans tout ce qu’il a étudié en Torah et pratiqué en mitsvot et en bonnes actions dans ce monde-ci, c’est de cela qu’il continuera à s’occuper dans le monde à venir, prolongeant ainsi son activité spirituelle.

Dans ce cas, un juste qui a la possibilité de pousser d’autres personnes à aller de plus en plus loin, d’être utile à un grand nombre qui pourra vivre grâce à son mérite, mais ne fait pas l’effort d’utiliser ces forces pour avoir une influence sur les autres, est certes lui-même un grand tsaddik attaché à Hachem, mais c’est aussi ce qu’il fera dans le monde à venir, car là-bas aussi il ne s’occupera que de lui-même et il ne pourra pas aller de l’avant en ayant une influence sur les autres.

Même s’il arrive quelque malheur, un tel homme ne sauve que lui-même. Il ne tient d’ailleurs aucun compte du monde entier et pense que cela ne vaut peut-être pas du tout la peine de sauver les autres ou de prier pour eux, car c’est lui-même qui est l’essentiel. Et par conséquent, même dans le monde à venir il continuera à penser la même chose. C’était cela l’erreur de Noa’h, c’est pourquoi il n’a pas sauvé avec lui tous ses contemporains.

A LA SOURCE

« D. vit la terre, et voici qu’elle s’était corrompue » (6, 12)

Bien que la corruption de la génération du déluge se soit étendue à tous les habitants de la terre, comme le dit le verset « la terre se remplit d’iniquité », il n’y avait absolument personne qui en prenne conscience, seul « D. vit la terre, et voici qu’elle s’était corrompue. » Seul le Saint, béni soit-Il a constaté cette situation épouvantable, alors que comme l’explique le Saba de Kelem, l’ensemble des hommes, étant plongés dans un marécage de perversion, ne s’apercevaient plus de rien.

« Et toi, prends de chaque aliment qui se mange » (6, 21)

Que signifie « de chaque aliment qui se mange », est-ce que je ne sais pas qu’un aliment est fait pour être mangé ? Voici comment Rabbi El’hanan Wasserman l’a expliqué : avant le déluge, la nature de toutes les créatures était plus forte et meilleure qu’après. Leur longévité en témoigne. En témoigne également ce que disent les Sages dans les Midrachim, qu’on ne semait qu’une fois tous les quarante ans, et autres choses de ce genre. Il faut donc croire que la nature des fruits, leur goût et leur odeur, était également de grande qualité, bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

Ceci étant, Noa’h avait une bonne raison d’essayer d’en sauver le maximum et de le garder pendant longtemps. C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il le met en garde et le limite à la quantité de fruits « qui se mange », et pas plus. De peur qu’il ne dise, bon, je ne vais ramasser que cette quantité-là, mais je me retiendrai d’en manger cette année, afin qu’il en reste pour l’avenir, alors le Saint, béni soit-Il l’a mis en garde « et ce sera de la nourriture pour toi et pour eux », elle est là pour être mangée et non pour qu’il en reste.

Pourquoi cela ? Peut-être parce que le monde entier a pris le statut de la ville anathémisée, dont il est interdit de tirer profit, et il n’est resté que ce qui était nécessaire pour l’existence du monde, ou peut-être à cause de ce que les Sages ont dit, que l’homme doit toujours se joindre à la communauté, et ne pas chercher à s’enrichir de la destruction du monde.

« Tout être vivant de toute espèce qui est avec toi, volatile, quadrupède, reptile se traînant sur la terre, fais-les sortir avec toi » (8, 17)

Rachi explique : Il est écrit « hotsé » mais on lit « hayetsé », ce qui signifie : dis-leur qu’ils sortent, alors que « hotsé » signifie : s’ils ne veulent pas sortir, fais-les sortir toi-même. On trouve une question à ce propos dans le livre « Aleinou Lechabea’h » : pourquoi les animaux refuseraient-ils de sortir de l’Arche ? Leur espace vital naturel est le monde, et l’Arche était comme une prison pour eux, elle a été construite uniquement pour servir d’abri et de refuge à cause des eaux du déluge, donc quelle raison pourraient-ils bien avoir de ne pas vouloir en sortir ?

Il est possible que par le mérite de l’immense générosité que Noa’h et ses fils avaient manifestée envers eux, en leur donnant à manger et en veillant à tous leurs besoins, l’Arche est devenue un endroit de sainteté, au point que même Haman l’impie a envoyé des messagers au mont Ararat, où l’Arche reposait après le déluge, en ordonnant d’en ramener de grandes poutres pour y pendre Mordekhaï. Parce que Haman savait que pour être plus fort que Mordekhaï, il avait besoin de forces spirituelles particulièrement puissantes, c’est pourquoi il a voulu utiliser à cette fin le bois de l’Arche, qui avait servi de lieu de résidence à la Chekhina.

Il est donc évident que les animaux, qui avaient senti l’odeur de sainteté absorbée par les poutres de l’Arche, risquaient de refuser d’en sortir. C’est pourquoi Hachem a ordonné à Noa’h de les faire sortir de force.

La vie dans la paracha

A partir de l’enseignement de Rabbeinou ‘Haïm ben Attar

« Car le penchant du cœur de l’homme est mauvais depuis sa jeunesse » (8, 21)

Les Sages ont dit dans le traité Bava Kama (39) : un taureau destiné aux arènes, s’il a encorné, son maître n’est pas coupable, ainsi qu’il est écrit (Chemot 21, 28) « s’il encorne » (spontanément), mais non si on le pousse à encorner.

De la même façon, depuis sa jeunesse, avant qu’il soit capable de haïr le mal et de choisir le bien, le mal vient d’abord chez l’homme, dès qu’il remue dans le ventre de sa mère, et c’est le mal qui dirige son choix. Quand il grandit, le mal s’est déjà ancré en lui, de la même façon que l’instinct d’encorner est ancré dans le taureau destiné aux arènes. Cette raison sert à ce qu’il ne soit pas nécessairement jugé coupable, mais en tous cas il sera certainement puni de ne pas avoir écouté la voix de Hachem.

Et il est différent du taureau à qui on a appris à encorner, car l’homme a sur l’animal la supériorité d’avoir horreur du mal quand il le reconnaît et de choisir le bien, mais le fait qu’il soit mauvais depuis sa jeunesse lui sert à ce que Hachem ne S’irrite pas trop contre lui quand il exagère, parce qu’il a une raison de faire le mal à cause du fait qu’il l’a appris dans sa jeunesse.

LES SENTIERS DES JUSTES

POUR ACQUERIR LES VALEURS ET LES BONNES MIDOT

L’ampleur de la récompense pour celui qui accomplit la mitsva de respecter ses parents est également citée dans le Tanna Debei Eliahou : « On ne doit pas dire : étant donné que mon Père du Ciel m’a précédé, je vais faire la volonté de mon Père du Ciel, je vais Le respecter, et négliger de respecter mon père et ma mère. Il est dit à ce propos « Honore Hachem par ton argent et par les prémices de ta récolte et Je remplirai tes trésors d’abondance », et aussi « Honore ton père et ta mère pour que tes jours se prolongent. »

On ne doit pas non plus dire : Comme mon Père des cieux m’a précédé, je vais faire la volonté de mon Pères des cieux et Le craindre, et je délaisserai la crainte de mon père et de ma mère, car il est dit à ce propos : « chacun doit craindre son père et sa mère. » C’est pourquoi lorsque quelqu’un maudit son père et sa mère ou les frappe, pour ainsi dire le Saint, béni soit-Il replie Ses jambes sous le Trône de gloire et dit : « J’ai rendu Mon honneur l’égal de l’honneur de ceux qui sont comptés comme un seul, si J’étais chez eux, c’est ce qu’ils m’auraient fait. » Cela nous enseigne que quiconque recherche la longévité, la richesse, le respect et une longue vie en ce monde-ci et dans le monde à venir, une vie qui n’a aucune fin, doit faire la volonté de son Père du Ciel et la volonté de son père et de sa mère, et il est dit à ce propos : « Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier, honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent. »

On voit dans le Séfer ‘Haredim comment on doit traiter ses parents : « Ils doivent vous paraître un roi et une reine, et on doit terriblement redouter de leur désobéir. Tout ce qu’ils ordonneront, ensemble ou séparément, que ce soit à tes yeux un ordre royal dont on ne doit s’écarter ni à droite ni à gauche. Car le terme de « crainte » ne s’applique qu’à un seigneur ou un roi vis-à-vis de ses serviteurs, ainsi qu’il est dit : « Si Je suis un Seigneur, où est la crainte de Moi ? » (Malakhi 1, 6), « Crains Hachem, mon fils, ainsi que le roi » (Michlei 24, 21). De façon générale : il faut se conduire avec eux comme on se conduirait avec un roi de chair et de sang dont on redouterait qu’il vous coupe la tête. Et à cause de cette crainte, on ne s’assiéra pas et on ne se tiendra pas à la place habituelle de l’un d’entre eux et on ne les contredira pas même si on sait qu’ils se trompent. Même de décider : « Vous avez raison, mon père ou ma mère », c’est interdit », parce qu’on se compare à D.

Il écrit au début des mitsvot qui dépendent de la parole : « On doit les respecter par la parole, leur parler doucement, avec un langage délicat, avec respect et délicatesse comme lorsqu’on parle au roi. »

Dans son livre « Kiboud Av VéEm » (dont nous avons extrait des enseignements et des coutumes), Rabbi Moché Avidan chelita écrit sur la mitsva de respecter ses parents qu’elle comporte également la prise de conscience chez le fils que son père est quelqu’un d’important et de respectable. Plus l’image du père est considérable dans la pensée du fils, plus sa mitsva de respecter ses parents est grande.

Un père unique dans sa génération

Sur Rabbi ‘Haïm Shmuelewitz זצ''ל, le Roch Yéchiva de Mir, on raconte que lorsqu’il évoquait son père, il passait sur ses lèvres une expression d’estime et de crainte révérencielle, qui en elle-même, se gravaient profondément dans le cœur de ceux qui l’entendaient évoquer le souvenir de son père. Quand il exposait une nouvelle explication de Torah en son nom, ou une histoire sur lui, ou même quand il évoquait des choses que disait son père au nom d’autres grands de la Torah, il soulignait qu’il le faisait « en tant que mitsva de respecter son père ».

Rabbi ‘Haïm avait une façon particulière d’expliquer cette mitsva : « Quand on respecte son père malgré ce qu’il est, on n’a pas accompli son devoir. Il faut respecter le père à cause de ce qu’il est. Le fils doit s’efforcer de rechercher ce qu’il sait de mieux sur la grandeur de son père, de trouver en quoi le père est « unique dans sa génération », et le respecter en fonction de cette prise de conscience. Si on ne trouve pas en quoi respecter le père parce qu’il est « unique dans sa génération » en un point quelconque, on n’a pas accompli son devoir. »

Son père, Rabbi Alter זצ''ל, qui était mort avant la quarantaine, avait laissé derrière lui un trésor de manuscrits et de merveilleuses interprétations de Torah. Rabbi ‘Haïm a travaillé avec amour et dévouement à les rédiger et à les mettre en forme. Dans tous ses voyages, ses mariages, ses exils, ses pérégrinations, il portait sur lui les écrits bien-aimés de son père et les gardait comme la prunelle de ses yeux.

Dans une station de contrôle, au cours de ses pérégrinations en Russie communiste, une partie des écrits fut confisquée. Rabbi ‘Haïm refusa de se consoler. Il s’en lamenta jusqu’à la fin de ses jours, en faisant remarquer que c’était une lourde perte qu’il lui était impossible d’oublier. Un jour, quand il voulut envoyer les écrits de son père à l’étranger, il les confia à un messager.

Il lui donna des directives précises sur la façon de traiter les écrits, et comment les porter sans en détourner son attention. « C’est toute ma vie ! » dit Rabbi ‘Haïm en agitant les feuillets. (Cité dans le livre « Moa’h Vélev » du Rav Réouven Grossmann, 2ème édition, p. 7.)

Ne pas modifier l’ordre

On raconte quelque chose du même genre sur le Maharil Diskin. Quand il déménagea à Jérusalem, il engagea quelqu’un pour porter les manuscrits de Torah dans son nouvel appartement. Ils comportaient deux boites, et il dit à cette personne de tenir les boites l’une au-dessus de l’autre en se gardant bien de changer l’ordre. Pendant tout le chemin, le Maharil disait à l’homme de bien faire attention à ne pas inverser l’ordre des boites. Le porteur eut la curiosité de savoir pourquoi, et demanda ce qui se passerait s’il changeait l’ordre des boites. Le Maharil lui expliqua : « La boite supérieure contient les manuscrits de mon père, et celle d’en-dessous mes propres manuscrits. Il ne convient pas que même un seul instant les écrits de mon père se trouvent en-dessous des miens. » (« Amoud Ech »)

Les fils ont ce devoir envers leurs parents même si leurs parents sont des gens très simples, sans rien qui les fasse apprécier dans la société humaine. C’est ce qui est écrit dans les lois sur le respect dû aux parents, dans le ‘Hayé Adam : « On doit les respecter en soi-même en les trouvant importants, c’est-à-dire qu’on doit avoir l’impression qu’ils sont des gens grands et honorables, même si pour les autres personnes ils n’ont aucune importance. C’est l’essentiel de la mitsva de les respecter, sans quoi cela relève du verset : « Ils m’ont honoré avec leur bouche et leurs lèvres, mais leur cœur est loin de moi. » (‘Hayé Adam 67, 3).

Les lois de la vie

Lois et coutumes concernant les mitsvot du respect dû aux parents

L’homme et la femme doivent respecter et craindre leur père et leur mère dans la même mesure.

Même un roi en Israël doit respecter ses parents, et même dans des choses qui ne conviennent pas à son rang.

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan